Mouvement agricole : Des injonctions contradictoires ?
Routes bloquées, appels médiatiques : alors que les agriculteurs poursuivaient, mardi 23 janvier, leurs actions pour obtenir des « mesures concrètes », après des discussions toujours dans l’impasse avec le gouvernement de Gabriel Attal, le sociologue des mondes agricoles François Purseigle, chercheur associé au Cevipof (Sciences Po Paris) et professeur à l’Ecole nationale supérieure agronomique de Toulouse, estime dans Le Monde que les paysans sont « victimes d’injonctions paradoxales incessantes ».
Comment expliquez-vous cette explosion de colère du monde agricole ?
C’est une colère latente depuis des mois, voire des années. L’Occitanie, où a démarré le mouvement, est une région confrontée à des crises économiques et sanitaires à répétition. Dans certaines zones, le sentiment de déclassement est fort, avec des revenus plus faibles que la moyenne nationale, ce qui complique le renouvellement des générations.
Les agriculteurs et viticulteurs sont en première ligne face au changement climatique et aux difficultés d’accès à l’eau, qui nourrissent des conflits d’usage. Et comme le reste de la profession, ils sont victimes d’injonctions paradoxales incessantes. En Occitanie, ils ont par exemple essayé de répondre aux attentes des consommateurs et sont devenus les premiers producteurs bio du pays. Mais avec l’inflation, ils voient les consommateurs s’en détourner pour acheter des produits non bio car moins chers.
Quels sont leurs autres motifs d’exaspération ?
Ils voient leurs voisins s’opposer à leurs projets d’outils mutualisés, comme des poulaillers partagés, alors qu’ils applaudissent l’ouverture d’un atelier ou d’une usine en zone rurale. Pour ensuite se précipiter chez Franprix acheter du poulet industriel.