Archive pour le Tag 'contradictions'

Les agriculteurs en face des contradictions de l’union européenne

Les agriculteurs en face des contradictions de l’union européenne

 

L’accord de libre-échange avec le Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay et Paraguay) pourrait être adopté en décembre 2024 par l’Union européenne. En France, les agriculteurs français se mobilisent pour s’opposer à cette décision. Les normes sanitaires et environnementales imposées aux agriculteurs européens ne sont pas respectées par les pays du Mercosur. Cette différence a des conséquences importantes sur les coûts de production. L’Europe envoie donc un message contradictoire, demandant aux agriculteurs de respecter des normes strictes tout en ouvrant ses portes à des produits bien moins contrôlés. L’agriculture française (et européenne) est l’une des plus sûres au monde grâce aux normes sanitaires et environnementales imposées par le régulateur français et européen.

 

par
Bertrand Valiorgue
Professeur de stratégie et gouvernance des entreprises, EM Lyon Business School

Xavier Hollandts
Professeur de stratégie et entrepreneuriat, Kedge Business School dans The Conversation

Une simple comparaison des pratiques agricoles actuelles avec celles des années 1990 permet de prendre la mesure de ce saut qualitatif (abandon de certaines molécules, prise en compte de la biodiversité, qualité de l’alimentation du bétail, par exemple).

On a tendance à oublier que ces démarches d’amélioration ne se réalisent pas sans investissements ni surcoûts. La substitution d’une technique de production par une autre n’est pas qu’un simple changement d’habitude.

Vos dons nous permettent de continuer à produire un contenu de qualité.
C’est un investissement, un apprentissage et un risque nouveau qu’il faut apprendre à gérer.

On oublie aussi régulièrement que ces investissements et surcoûts sont très difficilement répercutés sur les prix, du fait de la structure et du fonctionnement des marchés des matières premières agricoles.

Un agriculteur soucieux de l’environnement et de ses pratiques n’est pas un agriculteur qui est mieux rémunéré. C’est un agriculteur qui doit fournir un effort supplémentaire qui n’est pas intégré dans le prix de vente des denrées alimentaires qu’il produit.

Cette dure loi économique, que l’on retrouve dans le secteur agricole, porte le nom d’« effet tapis roulant ». Elle a été introduite pour la première fois par l’économiste Willard Cochrane.

Pour rester compétitifs et présents sur les marchés, les agriculteurs doivent procéder à des investissements et à l’incorporation de nouvelles technologies qui les rendent plus productifs. Cela engendre une plus grande disponibilité de denrées alimentaires commercialisées sur les marchés des matières premières et une baisse concomitante des prix.

Il faut alors procéder à de nouveaux investissements et à l’incorporation de nouvelles technologies pour rester sur le marché. On a, à l’arrivée, des agriculteurs toujours plus efficients mais dont les rémunérations stagnent. Ils doivent toujours courir plus vite sur le tapis roulant sans que leurs situations économiques progressent pour autant.

Le même effet (tapis roulant) s’observe au niveau de la préservation de l’environnement.

Les agriculteurs incorporent des normes environnementales toujours plus exigeantes sans jamais bénéficier d’augmentation des prix.

L’UE en pleine contradiction
La signature du traité de libre-échange du Mercosur touche directement à cette question en faisant entrer sur le territoire européen et français des denrées alimentaires produites selon des normes bien moins strictes, voire tout simplement interdites aux agriculteurs hexagonaux : utilisation d’antibiotiques comme activateurs de croissance, variétés issues de la transgénèse, farines animales, recours à certaines molécules chimiques, culture de céréales génétiquement modifiées…
Cet accord pourrait contribuer à déverser sur le marché français et européen des matières premières agricoles et des denrées alimentaires moins chères et produites dans des conditions peu soucieuses de l’environnement et dans des proportions très significatives.

Liste des matières premières agricoles concernées par le traité Mercosur :

99 000 tonnes de viandes de bœuf

160 000 tonnes de viande de volaille

25 000 tonnes de viande porcine

180 000 tonnes de sucre

650 000 tonnes d’éthanol

45 000 tonnes de miel

60 000 tonnes de riz

Si le traité venait à être ratifié, les filières et les agriculteurs concernés devront faire face à une concurrence déloyale et un dumping environnemental orchestré par l’Union européenne qui au même moment renforce ses exigences environnementales et sanitaires à l’égard des producteurs agricoles localisés dans la zone Europe.

Cette réalité brutale pousse les agriculteurs français et européens à descendre dans la rue afin de dénoncer une concurrence déloyale, réalisée au détriment de l’environnement et de leurs exploitations. L’Europe envoie un message contradictoire à ses agriculteurs, leur demandant de respecter des normes strictes tout en ouvrant ses portes à des produits bien moins contrôlés.

Elle accélère de la sorte la vitesse de rotation du tapis roulant tout en augmentant les charges que doivent supporter les agriculteurs. Ces derniers progressent de manière continue sur le respect de l’environnement sans que les marchés récompensent les efforts accomplis.

L’opposition des agriculteurs français à l’égard du Mercosur est emblématique d’une inquiétude croissante à l’égard des politiques menées par l’Europe.

La littérature sur le management des paradoxes a montré qu’à partir d’un certain niveau de contradiction, les acteurs exposés à des injonctions paradoxales s’engagent dans des dynamiques de repli et de contestation de l’autorité jugée comme étant à l’origine de la situation dans laquelle ils se retrouvent plongés.

Quand le niveau de contradiction est trop fort, la conflictualité devient la seule issue possible afin de retrouver une situation plus équilibrée et cohérente.

La contestation des agriculteurs à l’égard du traité Mercosur est révélatrice d’un niveau de contradiction fabriqué par les politiques de l’Union européenne que les agriculteurs français n’arrivent plus à supporter.

Ce niveau de contradiction est vécu avec intensité par les agriculteurs français qui mettent une pression politique sur leur gouvernement.

Il en va autrement dans les autres pays européens, comme l’Allemagne ou l’Espagne, favorables à l’accord avec le Mercosur. Sans mouvement des agriculteurs à l’échelle de l’Union et sans veto d’au moins 4 pays de l’Union européenne, il est probable que le traité soit validé en décembre prochain.

Cette ratification placerait les agriculteurs français dans un grand désarroi et enclencherait de nouveaux mouvements de contestation susceptibles d’être de plus en plus virulents.

Frédéric Courleux, agroéconomiste et conseiller au sein du Parlement européen, est co-auteur de cet article

Premier ministre : Macron complètement englué dans ses contradictions

Premier ministre : Macron complètement englué dans ses contradictions

 
Macron est évidemment victime de ses propres contradictions. D’abord il y a l’invraisemblable décision de dissoudre l’Assemblée nationale alors qu’il venait déjà de prendre une énorme claque aux européennes. Résultat encore moins de majorité que précédemment. Son deuxième entêtement et non le moindre est celui qui consiste à jouer à un président disposant toujours du pouvoir alors qu’il ne peut plus peser sur l’Assemblée nationale et demain sans doute sur le gouvernement.

 

En attendant, il s’essaye au rôle de Machiavel avec des combinaisons de plus en plus tordues et vouées à l’échec de toute façon concernant la survie d’un gouvernement. L’entêtement du président conduit directement à une crise politique suivie d’une crise institutionnelle qui mettra même en cause le maintien de Macron comme président jusqu’à la fin de son mandat. Édouard Philippe ne s’est d’ailleurs pas privé d’ouvrir cette hypothèse et d’annoncer déjà qu’il est prêt.

La vérité sans doute, c’est que le président ne peut pas s’appuyer ni sur le bloc de gauche ni sur le bloc d’extrême droite et qu’il est même largement contesté maintenant au sein même de son camp.

L’intéressé donne l’impression de ne pas très bien savoir où il va et cela pourrait le conduire vers la porte plutôt qu’il n’y pense non par décision juridique mais par pression politique.

Les contradictions d’un État palestinien maintenant

Les contradictions d’un État palestinien maintenant

 

Alors que Benyamin Nétanyahou s’y oppose, que ses ministres d’extrême droite prônent l’annexion de la Cisjordanie et que l’opinion publique préfère la sécurité à la paix, la proposition de créer aujourd’hui un Etat palestinien manque de réalisme, explique dans une tribune au « Monde », le politiste Samy Cohen.

 

 
Le Hamas est-il sorti vainqueur de sa confrontation avec Israël ? La messe n’est pas dite. Il a subi de lourdes pertes et rien n’indique pour l’instant que le gouvernement israélien soit sur le point de retirer l’armée de la bande de Gaza. Politiquement, c’est tout autre chose. Il a réussi à redonner un nouveau souffle à la cause palestinienne, au point de réveiller un vaste courant d’opinion favorable à la création d’un Etat palestinien. Des appels se font entendre de partout pour que la « communauté internationale » force la main à Benyamin Nétanyahou, en lui imposant des sanctions comme moyen de pression.

Cette option a-t-elle des chances d’aboutir dans un avenir prévisible ? Le manque de réalisme est le principal reproche qu’on puisse lui faire. Elle ne s’intéresse qu’à la ligne d’arrivée, ignorant les obstacles qui entravent sa route. Elle se berce de l’illusion qu’il n’y a rien de plus simple, qu’il « n’y a qu’à »…

Il serait d’ailleurs plus avisé de parler d’illusions, au pluriel. La première est de croire que Nétanyahou détient les clés du succès ou de l’échec de ce projet. Son opposition à la création d’un Etat palestinien est connue, et il fera tout pour torpiller cette idée. Mais « Bibi » [le surnom du chef d’Etat israélien] dépend pour sa survie politique de la bonne volonté des ministres d’extrême droite Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir, partisans de l’annexion de la Cisjordanie. Il préférera cent fois des sanctions à un retrait piteux de la vie politique.
Mais ce n’est pas tout. Derrière eux, se tient le puissant mouvement des colons religieux qui se moque des sanctions. Il ne laissera pas se répéter le scénario qui avait prévalu en 2005, lors de l’évacuation de la bande de Gaza par Ariel Sharon, premier ministre d’Israël de 2001 à 2006. La résistance sera féroce. Beaucoup d’entre eux sont armés plus que de raison, surtout depuis que Ben Gvir, ministre de

Politique-L’Iran piégée par ses contradictions

Politique-L’Iran piégée par ses contradictions

L’Iran vient sans doute de commettre une erreur géostratégique majeure en attaquant directement et massivement Israël. Israël qui en a profité pour montrer l’efficacité de son système de défense puisque 95 % des missiles et autres drones ont été détruits.

La propagande iranienne affirme cependant que les objectifs ont été atteints ! Il s’agit évidemment de donner le change aux plus extrémistes du pays. L’Iran était en effet agitée en ce moment par des contradictions internes au sommet du pouvoir avec d’un côté les plus radicaux et de l’autre des plus modérés y compris dans la hiérarchie religieuse mais aussi militaire.

Les plus modérés dans les rangs militaires savent bien que le pays ne ferait pas le poids dans une guerre directe avec Israël et que l’extension du conflit au Moyen-Orient pourrait se traduire par un affaiblissement du mouvement chiite.

L’erreur stratégique majeure est surtout d’avoir réussi l’exploit de ressouder les pays arabes d’obédience sunnite autour d’Israël pour détruire l’attaque iranienne.

Il y a aussi les contradictions relatives à la société iranienne avec un fort mouvement qui lutte contre les contraintes religieuses. Et la vérité c’est que le pouvoir religieux et militaire est de plus en plus mal supporté par la population. En faisant appel au nationalisme,  le pouvoir iranien pensait  à la fois satisfaire des objectifs de politique interne et des objectifs de politique externe. L’opération est ratée sur tous les plans.

Il faut espérer qu’Israël ne tombera pas dans le piège de l’extension du conflit car les alliances contre l’Iran pourraient alors se défaire.

Politique-L’Iran piégée par ses contradictions

Politique-L’Iran piégée par ses contradictions

L’Iran vient sans doute de commettre une erreur géostratégique majeure en attaquant directement et massivement Israël. Israël qui en a profité pour montrer l’efficacité de son système de défense puisque 95 % des missiles et autres drones ont été détruits.

La propagande iranienne affirme cependant que les objectifs ont été atteints ! Il s’agit évidemment de donner le change aux plus extrémistes du pays. L’Iran était en effet agitée en ce moment par des contradictions internes au sommet du pouvoir avec d’un côté les plus radicaux et de l’autre des plus modérés y compris dans la hiérarchie religieuse mais aussi militaire.

Les plus modérés dans les rangs militaires savent bien que le pays ne ferait pas le poids dans une guerre directe avec Israël et que l’extension du conflit au Moyen-Orient pourrait se traduire par un affaiblissement du mouvement chiite.

L’erreur stratégique majeure est surtout d’avoir réussi l’exploit de ressouder les pays arabes d’obédience sunnite autour d’Israël pour détruire l’attaque iranienne.

Il y a aussi les contradictions relatives à la société iranienne avec un fort mouvement qui lutte contre les contraintes religieuses. Et la vérité c’est que le pouvoir religieux et militaire est de plus en plus mal supporté par la population. En faisant appel au nationalisme,  le pouvoir iranien pensait  à la fois satisfaire des objectifs de politique interne et des objectifs de politique externe. L’opération est ratée sur tous les plans.

Il faut espérer qu’Israël ne tombera pas dans le piège de l’extension du conflit car les alliances contre l’Iran pourraient alors se défaire.

L’Iran piégée par ses contradictions

L’Iran piégée par ses contradictions

L’Iran vient sans doute de commettre une erreur géostratégique majeure en attaquant directement et massivement Israël. Israël qui en a profité pour montrer l’efficacité de son système de défense puisque 95 % des missiles et autres drones ont été détruits.

La propagande iranienne affirme cependant que les objectifs ont été atteints ! Il s’agit évidemment de donner le change aux plus extrémistes du pays. L’Iran était en effet agitée en ce moment par des contradictions internes au sommet du pouvoir avec d’un côté les plus radicaux et de l’autre des plus modérés y compris dans la hiérarchie religieuse mais aussi militaire.

Les plus modérés dans les rangs militaires savent bien que le pays ne ferait pas le poids dans une guerre directe avec Israël et que l’extension du conflit au Moyen-Orient pourrait se traduire par un affaiblissement du mouvement chiite.

L’erreur stratégique majeure est surtout d’avoir réussi l’exploit de ressouder les pays arabes d’obédience sunnite autour d’Israël pour détruire l’attaque iranienne.

Il y a aussi les contradictions relatives à la société iranienne avec un fort mouvement qui lutte contre les contraintes religieuses. Et la vérité c’est que le pouvoir religieux et militaire est de plus en plus mal supporté par la population. En faisant appel au nationalisme,  le pouvoir iranien pensait  à la fois satisfaire des objectifs de politique interne et des objectifs de politique externe. L’opération est ratée sur tous les plans.

Il faut espérer qu’Israël ne tombera pas dans le piège de l’extension du conflit car les alliances contre l’Iran pourraient alors se défaire.

Agriculture : le salon des contradictions

 

Scruté par les commentateurs, redouté par l’exécutif, le Salon de l’Agriculture qui ouvre ses portes samedi est annoncé comme l’acte final de la crise qui secoue depuis un mois le monde agricole. Exercice de communication politique par excellence, les vraies batailles (normes et compétitivité) ne seront pourtant pas visibles. Par Timothée Gaget, Président de l’agence Artcher, spécialiste des questions de souveraineté industrielle et agricole. ( dans le Figaro)

Le passage dans les allées du Salon vaut adoubement ou rejet. Les politiques s’y frottent, un petit godet par-ci, une tranche de cochonaille par-là. Tout l’exercice consiste à montrer, devant les caméras, une connexion réelle au terrain. Car s’il n’y a plus que 400 000 exploitations agricoles, la France garde son imaginaire paysan. Pour le politique, être connecté à ce dernier signifierait donc être connecté à la France. Le SIA est le seul endroit où les élus locaux avec des origines paysannes partent avec un avantage sur les élites parisiennes.

En février 2016, le slogan « Je suis éleveur, je meurs » marque les esprits et François Hollande est accueilli dos tourné et sous les huées. 2017, des millions de volailles sont abattues lors du deuxième épisode de grippe aviaire. Les candidats à la présidentielle défilent. Ambiance tendue. Emmanuel Macron y reçoit un œuf sur la coquille. Le SIA 2024 devait être sympathique et s’articuler avec la sortie de la Loi d’Orientation agricole en préparation depuis un an. La fronde paysanne et le blocage des routes en ont décidé autrement. Surtout qu’en coulisse, des syndicats agricoles se jaugent à l’approche des élections des Chambres d’agriculture.

Le Président acculé tentera donc, face aux gilets verts, ce qu’il a fait avec les gilets jaunes : un « grand débat ». On le sait excellent dans l’exercice, si tant est qu’il ait lieu (Les soulèvements de la terre ayant initialement été invités, la FNSEA veut le boycotter). Car s’il est une profession qui n’apprécie guère se faire payer de mots, ce sont les paysans. Et si le maintien du GNR à prix bas est une victoire, il demeure dérisoire face aux problèmes structurels et stratégiques auxquels l’agriculture française fait face.

La bataille est d’abord normative. La stricte application d’Egalim est incontournable, le rabot annoncé de quelques règles est bienvenu, mais c’est le curage de ruisseau qui cache le torrent de normes.

En matière de normes, comme pour les denrées qu’on autorise ou non à entrer dans l’UE, le destin de l’agriculture française se joue en grande partie à Bruxelles. Les Français peinant à citer plus de trois députés européens devraient d’ailleurs s’intéresser aux élections européennes de juin… puisque la proposition sur la future PAC 2028-2034 sera connue à l’automne 2025. Le commissaire à l’Agriculture Janusz Wojciechowski le sait bien: en Pologne, son propre parti appelle à sa démission. Il faut dire que, ne pouvant s’aligner sur les prix bas des denrées ukrainiennes qui inondent leur marché, les agriculteurs polonais en sont les premières victimes.

Toujours sur la règle de Droit, il est facile d’accuser Bruxelles, mais le carcan normatif est aussi français : sans même parler de surtransposition, il n’y a pas que les vaches qui émettent du méthane, le Conseil d’État fustigeait déjà en 1991 « le droit mou, le droit flou, le droit à l’état gazeux ». On passe plus de temps à défricher un texte qu’une bordure de champs. La recette proposée pour simplifier ? Commission, mission-flash, rapport transpartisan, table-ronde, États généraux, mission sur la mission… On se gausse autant qu’on s’étrangle : il y aura bientôt davantage de rapports sur les tables de nos gouvernants que de vaches dans les champs. Le politique doit décider, pas diriger des thèses. Le législateur doit produire une loi simple et claire, tournée vers l’intérêt général. Pas un amas de revendications particulières.
Si le débat s’est focalisé sur les normes, le pouvoir d’achat des agriculteurs est avant tout une question économique. S’agissant de la compétitivité, on aurait là encore tort de reprocher à Bruxelles ce qui incombe à Paris. La concurrence est aussi intra-européenne. Sur les 38 pays de l’OCDE, la France est le pays avec le plus fort taux de prélèvements obligatoires. Or l’agriculture subit les mêmes coûts économiques du travail et de la production que les autres secteurs. Comment un maraîcher français peut concurrencer un maraîcher espagnol, si le coût de la main-d’œuvre y est bien plus élevé en France ? De même, pourquoi une entreprise alimentaire française, elle-même en concurrence avec d’autres entreprises alimentaires européennes ou internationales, achèterait son porc, son lait ou son bœuf plus cher à un agriculteur français quand elle peut l’avoir moins cher auprès d’un Espagnol ou d’un Allemand ? La fraternité résiste hélas peu à l’économie de marché.

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’État a imposé une politique de prix alimentaires bas. Or comme les agriculteurs ne peuvent pas en vivre, il réinjecte (directement ou via la PAC) de l’argent par-derrière pour ne pas que le système s’effondre. On a créé des marchés déconnectés des réalités économiques. Les agriculteurs ne veulent pas vivre de subventions, ils veulent vivre de leur métier, condition d’ailleurs nécessaire au renouvellement des générations. Pour assurer notre souveraineté alimentaire tout en assurant des revenus justes aux paysans, il n’y a que deux options : soit on permet aux agriculteurs de vendre plus cher. Soit on leur permet de produire moins cher. Idéalement, les deux. Pour la deuxième option, le choix n’est pas juridique, il est politique. Moins facile, mais plus impactant que de flatter le cul des vaches le temps d’un week-end.

Salon de l’agriculture : la foire des contradictions

Salon de l’agriculture : la foire des contradictions

Scruté par les commentateurs, redouté par l’exécutif, le Salon de l’Agriculture qui ouvre ses portes samedi est annoncé comme l’acte final de la crise qui secoue depuis un mois le monde agricole. Exercice de communication politique par excellence,  les vraies batailles (normes et compétitivité) ne seront pourtant pas visibles. Par Timothée Gaget, Président de l’agence Artcher, spécialiste des questions de souveraineté industrielle et agricole. ( dans le Figaro)

Le passage dans les allées du Salon vaut adoubement ou rejet. Les politiques s’y frottent, un petit godet par-ci, une tranche de cochonaille par-là. Tout l’exercice consiste à montrer, devant les caméras, une connexion réelle au terrain. Car s’il n’y a plus que 400 000 exploitations agricoles, la France garde son imaginaire paysan. Pour le politique, être connecté à ce dernier signifierait donc être connecté à la France. Le SIA est le seul endroit où les élus locaux avec des origines paysannes partent avec un avantage sur les élites parisiennes.

En février 2016, le slogan « Je suis éleveur, je meurs » marque les esprits et François Hollande est accueilli dos tourné et sous les huées.  2017, des millions de volailles sont abattues lors du deuxième épisode de grippe aviaire. Les candidats à la présidentielle défilent. Ambiance tendue. Emmanuel Macron y reçoit un œuf sur la coquille. Le SIA 2024 devait être sympathique et s’articuler avec la sortie de la Loi d’Orientation agricole en préparation depuis un an.  La fronde paysanne et le blocage des routes en ont décidé autrement. Surtout qu’en coulisse, des syndicats agricoles se jaugent à l’approche des élections des Chambres d’agriculture.

Le Président acculé tentera donc, face aux gilets verts, ce qu’il a fait avec les gilets jaunes : un « grand débat ». On le sait excellent dans l’exercice, si tant est qu’il ait lieu (Les soulèvements de la terre ayant initialement été invités, la FNSEA veut le boycotter). Car s’il est une profession qui n’apprécie guère se faire payer de mots, ce sont les paysans. Et si le maintien du GNR à prix bas est une victoire, il demeure dérisoire face aux problèmes structurels et stratégiques auxquels l’agriculture française fait face.

La bataille est d’abord normative. La stricte application d’Egalim est incontournable, le rabot annoncé de quelques règles est bienvenu, mais c’est le curage de ruisseau qui cache le torrent de normes.

En matière de normes, comme pour les denrées qu’on autorise ou non à entrer dans l’UE, le destin de l’agriculture française se joue en grande partie à Bruxelles. Les Français peinant à citer plus de trois députés européens devraient d’ailleurs s’intéresser aux élections européennes de juin… puisque la proposition sur la future PAC 2028-2034 sera connue à l’automne 2025. Le commissaire à l’Agriculture Janusz Wojciechowski le sait bien: en Pologne, son propre parti appelle à sa démission. Il faut dire que, ne pouvant s’aligner sur les prix bas des denrées ukrainiennes qui inondent leur marché, les agriculteurs polonais en sont les premières victimes.

Toujours sur la règle de Droit, il est facile d’accuser Bruxelles, mais le carcan normatif est aussi français : sans même parler de surtransposition,  il n’y a pas que les vaches qui émettent du méthane, le Conseil d’État fustigeait déjà en 1991 « le droit mou, le droit flou, le droit à l’état gazeux ».  On passe plus de temps à défricher un texte qu’une bordure de champs. La recette proposée pour simplifier ? Commission, mission-flash, rapport transpartisan, table-ronde, États généraux, mission sur la mission… On se gausse autant qu’on s’étrangle : il y aura bientôt davantage de rapports sur les tables de nos gouvernants que de vaches dans les champs. Le politique doit décider, pas diriger des thèses. Le législateur doit produire une loi simple et claire, tournée vers l’intérêt général. Pas un amas de revendications particulières.

Si le débat s’est focalisé sur les normes, le pouvoir d’achat des agriculteurs est avant tout une question économique. S’agissant de la compétitivité, on aurait là encore tort de reprocher à Bruxelles ce qui incombe à Paris. La concurrence est aussi intra-européenne. Sur les 38 pays de l’OCDE, la France est le pays avec le plus fort taux de prélèvements obligatoires. Or l’agriculture subit les mêmes coûts économiques du travail et de la production que les autres secteurs. Comment un maraîcher français peut concurrencer un maraîcher espagnol, si le coût de la main-d’œuvre y est bien plus élevé en France ? De même, pourquoi une entreprise alimentaire française, elle-même en concurrence avec d’autres entreprises alimentaires européennes ou internationales, achèterait son porc, son lait ou son bœuf plus cher à un agriculteur français quand elle peut l’avoir moins cher auprès d’un Espagnol ou d’un Allemand ? La fraternité résiste hélas peu à l’économie de marché.

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’État a imposé une politique de prix alimentaires bas. Or comme les agriculteurs ne peuvent pas en vivre, il réinjecte (directement ou via la PAC) de l’argent par-derrière pour ne pas que le système s’effondre. On a créé des marchés déconnectés des réalités économiques. Les agriculteurs ne veulent pas vivre de subventions, ils veulent vivre de leur métier, condition d’ailleurs nécessaire au renouvellement des générations. Pour assurer notre souveraineté alimentaire tout en assurant des revenus justes aux paysans, il n’y a que deux options : soit on permet aux agriculteurs de vendre plus cher. Soit on leur permet de produire moins cher. Idéalement, les deux. Pour la deuxième option, le choix n’est pas juridique, il est politique. Moins facile, mais plus impactant que de flatter le cul des vaches le temps d’un week-end.

Antisémitisme : Macron critiqué par Valls pour ses absences et ses contradictions

Antisémitisme : Macron critiqué par Valls pour ses absences et ses contradictions


D’une certaine manière Valls a voulu se faire le porte-parole de l’opinion à propos du mécontentement concernant les hésitations et contradictions du président à propos du conflit Israël au palestinien. Notons effectivement qu’au départ Macon a clairement affiché sa totale solidarité avec Israël proposant même une alliance internationale contre le amasse. Une proposition qui a fait chou blanc ! Ensuite Macon a réclamé une pause pour des motifs sanitaires. Mais ensuite il a ensuite adhéré au principe d’un cessez-le-feu finalement total contradiction avec sa première posture. Surtout son interview à la BBC en Angleterre a beaucoup choqué.

L’ancien premier ministre trouve le président «un peu à côté de la plaque» dans son approche du conflit au Proche-Orient. Il lui reproche aussi son absence à la grande marche contre l’antisémitisme.

L’actualité internationale lui a permis de retrouver une place dans le débat public. Offensif dans son soutien à Israël depuis les attaques terroristes du Hamas le 7 octobre, et mobilisé contre l’explosion des actes antisémites en France, Manuel Valls a eu l’occasion d’aborder ces sujets entre les murs de l’Élysée. Selon nos informations, l’ancien premier ministre a été reçu mercredi par Frédéric Michel, patron de la communication et conseiller en stratégie d’Emmanuel Macron, qu’il connaît de longue date. L’occasion pour lui de faire passer quelques messages sur ses thèmes de prédilection, et de partager son jugement sur l’action du chef de l’État.

Reçu à l’Élysée, valse a très nettement critiqué le président sur ce dossier.
«Je lui ai évidemment dit ce que je pensais des propos tenus par le président sur la BBC (où il a appelé à un «cessez-le-feu» et «exhorté» Israël à stopper ses bombardements tuant «des bébés, des femmes et des personnes âgées», NDLR), ce que je pensais de ses zigzags en matière de diplomatie , et ce que je pensais de l’argument qu’il a invoqué…

Santé-Déserts médicaux : le Sénat pris dans ses contradictions

Santé-Déserts médicaux : le Sénat pris dans ses contradictions

Curieusement, le Sénat qui représente surtout les collectivités locales de province s’est prononcé contre une réglementation visant à contraindre l’installation de généralistes dans les déserts médicaux. Le Sénat est en quelque sorte victime de son idéologie généralement très libérale et de ses contradictions quant à la prise en charge des intérêts des territoires loin de Paris.

En clair, le Sénat a rejoint les positions très corporatistes de la profession. Pourtant ce n’était sans doute pas un drame d’imposer par exemple un séjour de 2 à 3 ans en zone notamment rurale pour apprendre précisément la médecine très généraliste puisque dans ces zones le médecin remplit aussi assez souvent les fonctions de médecine spécialisée, également introuvable. Sans parler de la prise en compte des pathologies psychologiques.

À l’instar de l’Assemblée nationale, le Sénat a donc voté ce mardi 24 octobre 2023 contre plusieurs mesures visant à mieux garnir les déserts médicaux.

La proposition du sénateur Les Républicains Stéphane Sautarel, la plus proche d’être adoptée par la chambre haute, a été écartée par 124 voix pour et 188 voix contre

Déserts médicaux : le Sénat pris dans ses contradictions

Déserts médicaux : le Sénat pris dans ses contradictions

Curieusement, le Sénat qui représente surtout les collectivités locales de province s’est prononcé contre une réglementation visant à contraindre l’installation de généralistes dans les déserts médicaux. Le Sénat est en quelque sorte victime de son idéologie généralement très libérale et de ses contradictions quant à la prise en charge des intérêts des territoires loin de Paris.

En clair, le Sénat a rejoint les positions très corporatistes de la profession. Pourtant ce n’était sans doute pas un drame d’imposer par exemple un séjour de 2 à 3 ans en zone notamment rurale pour apprendre précisément la médecine très généraliste puisque dans ces zones le médecin remplit aussi assez souvent les fonctions de médecine spécialisée, également introuvable. Sans parler de la prise en compte des pathologies psychologiques.

À l’instar de l’Assemblée nationale, le Sénat a donc voté ce mardi 24 octobre 2023 contre plusieurs mesures visant à mieux garnir les déserts médicaux.

La proposition du sénateur Les Républicains Stéphane Sautarel, la plus proche d’être adoptée par la chambre haute, a été écartée par 124 voix pour et 188 voix contre.

Elle consistait à expérimenter pendant trois ans le « conventionnement sélectif » des médecins: les directeurs d’agences régionales de santé (ARS) auraient déterminé des zones en « fort excédent » d’offres de soins, dans lesquelles l’installation d’un nouveau médecin aurait été conditionnée au départ d’un confrère.

Une proposition transpartisane similaire avait déjà beaucoup fait parler à l’Assemblée nationale au mois de juin mais avait été rejetée.

« Croire qu’un médecin de moins en centre ville est un médecin de plus en zone rurale, c’est faux », a insisté la ministre Agnès Firmin Le Bodo qui ui aurait mieux fait de se taire au lieu de de parler pour rien.

Au programme d’Emmanuel Macron en 2022
Les parlementaires étaient particulièrement partagés sur cette régulation, qui séduit globalement à gauche, mais aussi certains au centre et à droite, majoritaires au Sénat.

« Je ne comprends pas que le Sénat, chambre des territoires, soit en retrait par rapport à l’Assemblée sur la défense de l’accès aux soins en zone rurale », a pesté le sénateur Hervé Maurey (groupe centriste).
Le groupe communiste a de son côté fait remarquer que cette mesure figurait au programme d’Emmanuel Macron en 2022. « Ce vers quoi je souhaite qu’on avance, c’est de stopper les conventionnements dans les zones qu’on considère comme déjà bien dotées », avait en effet déclaré le président de la République en campagne.

Le ministre de la Santé Aurélien Rousseau avait lui assuré en début de débat se refuser à de telles « mesures de coercition », jugées « contreproductives ».

Planification écologique : trop de contradictions chez Macron

Planification écologique : trop de contradictions chez Macron

Le président de la République est resté silencieux sur un grand nombre des leviers indispensables à une transition juste, estime, dans une tribune au « Monde », la directrice des programmes du Réseau Action Climat, qui fédère des associations écologistes.

Emmanuel Macron l’a répété à l’issue du très attendu conseil de planification écologique : la France doit aller « deux fois et demie plus vite » dans la baisse de ses émissions de gaz à effet de serre. Pourtant, dans le même temps, il se refuse à engager une réelle transformation des transports, alors que ce secteur est le premier émetteur en France. En l’état de la planification annoncée, les contradictions du président de la République risquent de nous mener à l’échec, alors que nous serons confrontés aux impacts de plus en plus violents du changement climatique et soumis à la volatilité du prix des énergies fossiles.

Le chef de l’Etat a évoqué une écologie « accessible et juste ». Cet objectif est d’autant plus indispensable dans le contexte actuel de prix élevés des carburants et alors que les transports sont toujours trop dépendants d’énergies fossiles importées. Mais le président est resté flou sur les moyens concrets pour permettre à tous les ménages, surtout les plus modestes, d’avoir accès à des mobilités moins polluantes.

Sa promesse de campagne, le leasing social à 100 euros par mois pour un véhicule électrique, ne sera pas mise en place avant 2024 et sera limitée cette première année. Quant à l’accès aux autres modes de transport, le train, les transports en commun ou le vélo, il a été peu évoqué. Seule annonce dans ce domaine : une contribution financière de l’Etat de 700 millions d’euros pour développer des RER métropolitains, mais sans visibilité sur le bouclage du budget total estimé à 10 milliards d’euros.

L’enjeu est pourtant de taille. Le mouvement des « gilets jaunes » a débuté en 2018 parce qu’aucune alternative n’était proposée aux ménages aux bas revenus face à la hausse du prix des carburants, dans des territoires où il est difficile de se déplacer sans voiture. Sans solutions concrètes pour tous, l’accélération de la transition ne se fera pas.

Emmanuel Macron a, par ailleurs, prôné une « sobriété mesurée », sans préciser cette nouvelle notion. Faut-il réduire la consommation, mais pas trop ? C’est pourtant le moyen le plus efficace et rapide pour réduire l’impact de nos modes de production et de consommation sur le climat et la biodiversité.

Construction et bas carbone : Les contradictions des réglementations

Construction et bas carbone : Les contradictions des réglementations


Construction bas carbone, plus de 600 élus, architectes, promoteurs et bailleurs pointent les contradictions de l’Etat dans l’atteinte de ses objectifs en matière de transition écologique. dans le Monde
.

Pour lutter contre le changement climatique, la France s’est donné l’objectif d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. Dans ce contexte, la première ministre, Élisabeth Borne, a récemment placé le bâtiment parmi les chantiers les plus prioritaires de décarbonation. L’effort est considérable, le secteur doit réduire d’au moins 53 % ses émissions de gaz à effet de serre pour y parvenir.

La construction bas carbone est un formidable levier pour améliorer le bilan carbone du pays et le rendre plus résilient aux effets liés au changement climatique. L’usage du bois et d’autres matériaux biosourcés est le meilleur moyen de rendre réelle la transition écologique dans les territoires. Nous en sommes convaincus et c’est pour cette raison que nous, élus, architectes, promoteurs, bailleurs, aménageurs, représentants de la société civile, nous construisons déjà les villes de demain en privilégiant des matériaux qui répondent aux enjeux climatiques.

Pourtant, alors même que l’Etat a adopté une nouvelle réglementation environnementale visant à décarboner le secteur du bâtiment (RE2020), l’administration menace cette grande révolution écologique d’une décision couperet sur la sécurité incendie dans les établissements recevant du public, dans laquelle il est clair que les règles entourant la construction en bois et biosourcés seront considérablement durcies.

À titre d’exemple, l’arrêté prévoit, en substance, l’interdiction du bois apparent dans les bâtiments, de nombreuses restrictions relatives aux modes constructifs, des critères de disqualification du matériau bois par rapport à d’autres matériaux sont autant de points qui représentent une absurdité en termes d’usage ainsi qu’un surcoût financier et environnemental non négligeable à l’heure où la sobriété est érigée en valeur cardinale par le gouvernement lui-même !

Nous voici revenus dix ans en arrière, avec le retour du mythe de la fragilité des matériaux naturels… comme si nos voisins nordiques, qui construisent des immeubles de plus de dix étages à base de biosourcés, prenaient des risques insensés pour leurs occupants.

Retraites et régimes spéciaux : le Sénat pris au piège de se contradictions

Retraites et régimes spéciaux : le Sénat pris au piège de ses contradictions

C’est toute la contradiction de la société française et de son système politique. Les élites proposent des transformations qu’ils refusent de s’appliquer à eux-mêmes. C’est ainsi le cas concernant la réforme des retraites. Le Sénat veut être en pointe sur ce sujet et veut absolument que la réforme du gouvernement soit appliquée. Par contre, il se refuse à supprimer la très avantageuse caisse de retraite des sénateurs. Une position qui discrédite évidemment les sénateurs à légiférer au nom des intérêts collectifs et un scandale démocratique de plus.

Le texte de l’exécutif prévoit bien la suppression de certains régimes spéciaux déficitaires comme celui de la RATP ou de la Banque de France. Mais pour le président du Sénat, Gérard Larcher, le régime du Sénat ne doit pas être logé à la même enseigne, celui-ci étant «autonome» et autofinancé. En fait autofinancé par les finances publiques qui rémunèrent les sénateurs !

Aujourd’hui, le régime de retraite des sénateurs est géré par le Sénat lui-même. Concrètement, d’après les comptes du Sénat, 38 millions d’euros ont été versés aux anciens sénateurs en 2021. Sur cette somme, 33% sont financés par les cotisations des sénateurs et du Sénat, et 67% par «des actifs financiers qui ont été constitués afin de consolider les équilibres à moyen et long terme du régime» (l’argent aussi du contribuable) , indique le site du Sénat. Ces actifs ne proviennent pas des impôts des Français mais de «l’excédent des cotisations constitué depuis la création du régime en 1905», explique au Figaro le service de presse de la chambre haute. ( comme si le salaire des sénateurs n’était pas aussi payé par l’Etat.

«Le montant élevé des cotisations salariales, le nombre peu important des pensionnés et leur utilisation sur une durée faible des services de pension» expliquent le montant important épargné, ajoute-t-on. Les sénateurs partent en effet à la retraite plus tard que la moyenne des Français, et ont donc moins recours à leur droit à la retraite que la moyenne des Français. Bien gérée, cette épargne a permis d’équilibrer le régime et d’éviter ainsi d’avoir recours à des subventions de l’État : «Il n’y a ni dotation d’équilibre, ni subvention d’équilibre, ni transfert financier venant de l’extérieur», souligne le Sénat. Parmi les 33% de cotisation, 21% sont des cotisations employeur, comme c’est le cas pour tout régime où l’État est employeur, et sont donc financés par l’État. Ce montant s’élève à 8 millions d’euros. Cependant cela ne relève pas d’une subvention pour équilibrer les comptes. Une vraie explication ésotérique !

nergie :les contradictions de la régulation par les marchés

Energie :les contradictions de la régulation par les marchés

Par Bruno Alomar, économiste, a travaillé au Cabinet du commissaire européen à l’énergie dans La Tribune

Au cours des derniers mois, les limites du marché en matière énergétique ont été mises en lumière. Par la France pour critiquer les modalités de fixation du prix. Par le Portugal et l’Espagne qui ont obtenu d’être provisoirement placés hors des mécanismes de marché européens. Par l’UE elle-même, la très libérale la Commissaire à la concurrence ayant reconnu les limites du tout marché, alors même que le conseil de l’UE adoptait le 26 juillet un accord portant sur la réduction coordonnée de la demande de gaz.

Pour autant, si l’on veut bien considérer la question énergétique, le rapport au « tout marché », même si l’on fait abstraction de ces périodes de crise exceptionnelle, est loin d’être un long fleuve tranquille. Le rapport à l’énergie de l’UE tangente parfois la contradiction. Qu’on en juge.

D’un côté, l’UE, en matière énergétique, comme dans beaucoup de matière, place le libre marché et la concurrence au premier plan. Ainsi, au cours des vingt dernières années, l’UE a adopté une série de normes (les « paquets énergie ») qui ont ouvert les marchés et mis fin aux monopoles légaux qui prévalaient jusqu’à lors. La Commission, s’appuyant sur sa très puissante Direction générale de la concurrence, a mené une action résolue visant à développer la concurrence, qu’il s’agisse des interdictions en matière d’aides d’État, des procédures antitrust, ou du contrôle des fusions.
D’un autre côté, la belle cathédrale intellectuelle que constitue la concurrence par les mérites s’est retrouvée confrontée à des limites récurrentes.

La plus évidente a été que l’instillation au forceps de la concurrence a eu ses ratés. En France, le développement de la concurrence s’est bien produit : il n’a cependant pas – irritant d’ailleurs une Commission peu désireuse d’admettre qu’un ancien monopole peut aussi s’adapter – eu pour effet une fuite massive des clients vers les nouveaux fournisseurs d’électricité. Il a aussi conduit à l’adoption par la loi NOME de 2010 de l’ARENH (accès régulé à l’électricité nucléaire historique), qui permet jusque 2025 aux fournisseurs alternatifs de s’approvisionner auprès de l’opérateur historique aux conditions fixées par l’État. La complexité et les limites de ce système ne sont pas étrangères aux difficultés qui ont conduit aux décisions récentes concernant EDF, dont le moins que l’on puisse dire est qu’elles ne craignent pas de déroger au tout-marché.

Alors que l’UE est confrontée à une crise énergétique majeure, elle ne peut plus – et ses membres qui conservent une part essentielle de responsabilités en la matière – se tromper. Certains de ces États-membres ont d’ailleurs réalisé des voltefaces brutales. Ainsi l’Allemagne qui a décidé le 6 septembre de reporter la fermeture de deux centrales nucléaires. Ainsi la Suède, qui a annoncé le 14 octobre relancer la construction de centrales nucléaires. L’UE, pour ce qui la concerne, doit trouver le juste milieu entre les gains réels que la concurrence apporte, et la nécessité de prendre en compte les multiples objectifs et contraintes que la question énergétique recèle et que le marché ne peut à lui seul satisfaire : indépendance énergétique, coût pour les populations et les entreprises, protection de l’environnement. Et veiller à ne pas changer les règles dans deux, trois ou cinq ans, car l’énergie est une question de temps long, et les industriels doivent pouvoir se projeter à suffisamment long terme.

1234



L'actu écologique |
bessay |
Mr. Sandro's Blog |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | astucesquotidiennes
| MIEUX-ETRE
| louis crusol