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Société-Gafam et Apocalypse cognitive : une surinformation accélérée sans contenu

Société-Gafam et  Apocalypse cognitive : une surinformation accélérée sans contenu

 

 

Dans son essai Apocalypse cognitive, le sociologue Gérald Bronner analyse dans l’Opinion les dérives de la dérégulation du marché de l’information associée à la puissance des réseaux sociaux. Au point que nos cerveaux tournent souvent à plein régime mais, surtout, de plus en plus à vide…

Surinformation, puissance des réseaux sociaux, dérégulation du marché de l’information vont croissant. La question, expliquez-vous dans Apocalypse cognitive est de savoir qui, dans cette « lutte finale » pour capter notre attention, va l’emporter. C’est bien l’enjeu ?

Notre temps de « cerveau disponible » (qui reste après le sommeil, le travail, les loisirs, etc) n’a cessé d’augmenter. Il est huit fois supérieur à ce qu’il était en 1800 et cinq fois supérieur à 1900. Mais, aujourd’hui, il est en grande partie capté par les écrans, qui sont consultés, pour le téléphone, en moyenne 221 fois par jour, et qui occupent jusqu’à 6 h 40 de la vie quotidienne des ados. Un chercheur allemand a même montré que nous préférions nous priver de nourriture ou de relations sexuelles plutôt que de notre connexion Internet ! De plus, nous sommes happés par les notifications, les alertes.

Et presque prêts, comme des souris de laboratoire, à recevoir un choc électrique plutôt que de ne rien faire ?

Nous avons effectivement beaucoup de mal à supporter le vide, le silence, auxquels nous substituons la consultation frénétique d’un petit appareil. Plusieurs exemples illustrent ce symptôme. Dans les supermarchés, les chewing-gums et bonbons se vendent beaucoup moins bien parce qu’au lieu de regarder les présentoirs lorsqu’on attend à la caisse, nous avons l’œil sur notre écran. Même chose pour les affiches publicitaires sur les quais du métro : elles ne font plus recette. On leur préfère des panneaux si possible animés dans les couloirs. Et encore ! En Israël, ils en sont arrivés à mettre des signaux sur les trottoirs pour inciter les gens à relever la tête.

Résultat, ce que vous appelez une « cacophonie informationnelle » ?

Nous ne pouvons évidemment pas traiter cette masse d’informations. Les gate keepers (éditorialistes journalistes) jouent moins leur fonction de tri. Dans cette dérégulation du marché de l’information, nous choisissons nous-mêmes ce qui va retenir notre attention.

« La crédulité est très présente sur ce marché cacophonique de l’information, elle part avec un avantage concurrentiel. Le fait d’aller dans le sens de nos intuitions prédispose aux théories du complot »

Et nous sommes « guidés » par des algorithmes qui orientent nos choix ?

Ils « éditorialisent » en effet l’information en fonction des traces numériques que nous laissons. Nous avons nos sujets de prédilection : les conflits, la peur, l’indignation morale, la sexualité, les informations egocentrées. Ils ont toujours existé, mais prennent aujourd’hui une place considérable. L’« apocalypse cognitive », c’est, au sens étymologique du mot, la révélation des obsessions de notre espèce. Nous sommes ainsi beaucoup plus attirés — les volumes de recherche sur Internet le prouvent — par la gifle reçue par Manuel Valls que par son action politique. Ou par les insultes des Gilets jaunes dont a été victime Alain Finkielkraut que par son œuvre. Ou encore par la bagarre à Orly entre Booba et Kaaris que par leur rap. Cette tendance est transculturelle. Ainsi, sur Weibo, le Twitter chinois, les informations les plus virales sont celles assorties de l’émoticône colère. On assiste à une indignation collective sur Twitter tous les deux jours.

Des algorithmes sont aussi conçus pour casser la routine apparente de nos existences. C’est le cas, soulignez-vous, du site de rencontres Tinder ?

Oui, encore une fois dans le but de retenir notre attention. Plutôt que de vous présenter des profils correspondant strictement à votre recherche — une femme de tel âge, dans telle catégorie socioprofessionnelle —, Tinder, qui a parfaitement intégré le fonctionnement de nos cerveaux, introduit une part d’aléatoire, de surprise, de contre-intuitif.

Le besoin de « validation sociale » est également très fort sur les réseaux sociaux. Cette soif de reconnaissance n’a-t-elle pas aussi toujours existé ?

C’est un trait constant de l’humanité. Il est prouvé qu’un médaillé d’argent aux Jeux olympiques, qui regrette la médaille d’or, est plus malheureux qu’un médaillé de bronze, déjà content d’être sur le podium. Aujourd’hui, en s’évaluant sur Facebook ou Instagram, on ressort plus malheureux car les autres vont toujours avoir tendance à poster des images d’eux valorisantes, des situations heureuses. Le taux de frustration, collective comme individuelle, augmente donc.

Quelles sont les principales conséquences de cette dérégulation de l’information ?

La crédulité est très présente sur ce marché cacophonique de l’information, elle part avec un avantage concurrentiel. Le fait d’aller dans le sens de nos intuitions prédispose aux théories du complot. On l’a vu à Washington avec les événements du Capitole, la croyance que les élections étaient truquées, le conspirationnisme de la mouvance QAnon.

Est-ce la raison pour laquelle le discours de Joe Biden lors de son investiture était axé sur le besoin de vérité ?

Il a effectivement cherché à désolidariser les extrêmes du reste de la société américaine. Sinon, la réconciliation qu’il appelle de ses vœux ne peut pas fonctionner, on ne se réconcilie pas avec quelqu’un dont on pense qu’il appartient à des réseaux pédophiles ou sataniques.

Le fait que Donald Trump n’ait pas été réélu ne montre-t-il pas que les contre-vérités, le pouvoir exercé à coups de tweets ne l’emportent pas ?

Je dirais plutôt que Trump n’a pas suffisamment réussi à convaincre pour gagner les élections, mais a quand même emporté quelque 74 millions de voix. Il a déposé des récits qui ne disparaîtront pas avec lui. Certes, cette administration néopopuliste a peut-être été vaincue, mais si difficilement… Il n’est pas du tout impossible que les Etats-Unis traversent encore des moments de violence politique, voire de terrorisme. Mercredi encore, jour de l’investiture, des gens pensaient que le voile allait être levé sur l’imposture de Biden… Une partie d’entre eux ne reviendra pas de son voyage au pays de la radicalité.

« L’indignation, la colère ou l’identité de victimes : tout est fait pour attirer l’attention des autres. Et le statut de “victime” est enviable dans un monde où l’intimidation est permanente »

Face à cette quasi-manipulation de nos cerveaux, faut-il mettre en place des mécanismes de régulation ?

C’est un des plus gros chantiers du XXIe siècle, concevoir une ingénierie de cette régulation sans altérer nos libertés individuelles. On a vu la polémique sur l’interdiction du compte Twitter de Donald Trump et de 70 000 comptes plus ou moins liés à QAnon. Il est quand même préoccupant qu’une entreprise privée interagisse sur le bien commun de l’information. Une réflexion devrait être en cours sur l’insertion dans les algorithmes, de normes morales, relatives à la défense du vrai. Les Gafam, bien que s’en défendant, classent déjà l’information. Ils ont donc à se préoccuper de sa régulation, même s’ils prétendent que cela ne les regarde pas. Ce sont des entreprises richissimes qui ne se donnent pas les vrais moyens de l’exercer. Elles embauchent quelques milliers de personnes pour le faire, mais cela reste dérisoire par rapport au flux d’informations.

Et qu’en est-il de notre capacité individuelle de régulation ?

Elle est évidemment essentielle dans la mesure où nous sommes tous devenus des agents du marché de l’information. Cette régulation passe par le développement de l’esprit critique, de la tempérance, du temps accordé à l’analyse. Alors qu’aujourd’hui on se précipite pour partager ou « liker » parce qu’on est d’abord d’accord avec une information, parce que son titre nous plaît, sans se donner la peine d’aller plus loin. On s’enferme de plus en plus dans notre « chambre d’échos ».

Vous évoquez aussi le succès grandissant de la posture victimaire ?

L’indignation, la colère ou l’identité de victimes : tout est fait pour attirer l’attention des autres. Et le statut de « victime » est enviable dans un monde où l’intimidation est permanente. D’une certaine façon, ce statut vous protège.

Les excuses présentées par Le Monde après la publication du dessin de Xavier Gorce ont été très commentées. Le quotidien les a justifiées par le fait de ne pas vouloir choquer les victimes d’inceste ?

Il faudrait plus de quiétude. Le dessin peut-être jugé bon ou mauvais, peu importe, Le Monde a eu peur d’être dans le camp du Mal, de blesser la sensibilité d’une partie de son lectorat. A force, on crée une tétanie collective et de la colère constante.

La crise de la Covid-19 ne comporte-t-elle pas beaucoup d’ingrédients propices à « l’apocalypse cognitive » ?

La période sert effectivement d’accélérateur au phénomène que je décris. Le confinement a donné plus de temps de cerveau disponible, mais cette disponibilité a été en partie cambriolée par la logique du monde numérique. On a vu surgir tant de théories du complot, tant de rage…

 

Le sociologue Gérald Bronner.

Dans son essai Apocalypse cognitive, le sociologue Gérald Bronner analyse les dérives de la dérégulation du marché de l’information associée à la puissance des réseaux sociaux. Au point que nos cerveaux tournent souvent à plein régime mais, surtout, de plus en plus à vide…

Surinformation, puissance des réseaux sociaux, dérégulation du marché de l’information vont croissant. La question, expliquez-vous dans Apocalypse cognitive est de savoir qui, dans cette « lutte finale » pour capter notre attention, va l’emporter. C’est bien l’enjeu ?

Notre temps de « cerveau disponible » (qui reste après le sommeil, le travail, les loisirs, etc) n’a cessé d’augmenter. Il est huit fois supérieur à ce qu’il était en 1800 et cinq fois supérieur à 1900. Mais, aujourd’hui, il est en grande partie capté par les écrans, qui sont consultés, pour le téléphone, en moyenne 221 fois par jour, et qui occupent jusqu’à 6 h 40 de la vie quotidienne des ados. Un chercheur allemand a même montré que nous préférions nous priver de nourriture ou de relations sexuelles plutôt que de notre connexion Internet ! De plus, nous sommes happés par les notifications, les alertes.

Et presque prêts, comme des souris de laboratoire, à recevoir un choc électrique plutôt que de ne rien faire ?

Nous avons effectivement beaucoup de mal à supporter le vide, le silence, auxquels nous substituons la consultation frénétique d’un petit appareil. Plusieurs exemples illustrent ce symptôme. Dans les supermarchés, les chewing-gums et bonbons se vendent beaucoup moins bien parce qu’au lieu de regarder les présentoirs lorsqu’on attend à la caisse, nous avons l’œil sur notre écran. Même chose pour les affiches publicitaires sur les quais du métro : elles ne font plus recette. On leur préfère des panneaux si possible animés dans les couloirs. Et encore ! En Israël, ils en sont arrivés à mettre des signaux sur les trottoirs pour inciter les gens à relever la tête.

Résultat, ce que vous appelez une « cacophonie informationnelle » ?

Nous ne pouvons évidemment pas traiter cette masse d’informations. Les gate keepers (éditorialistes journalistes) jouent moins leur fonction de tri. Dans cette dérégulation du marché de l’information, nous choisissons nous-mêmes ce qui va retenir notre attention.

« La crédulité est très présente sur ce marché cacophonique de l’information, elle part avec un avantage concurrentiel. Le fait d’aller dans le sens de nos intuitions prédispose aux théories du complot »

Et nous sommes « guidés » par des algorithmes qui orientent nos choix ?

Ils « éditorialisent » en effet l’information en fonction des traces numériques que nous laissons. Nous avons nos sujets de prédilection : les conflits, la peur, l’indignation morale, la sexualité, les informations egocentrées. Ils ont toujours existé, mais prennent aujourd’hui une place considérable. L’« apocalypse cognitive », c’est, au sens étymologique du mot, la révélation des obsessions de notre espèce. Nous sommes ainsi beaucoup plus attirés — les volumes de recherche sur Internet le prouvent — par la gifle reçue par Manuel Valls que par son action politique. Ou par les insultes des Gilets jaunes dont a été victime Alain Finkielkraut que par son œuvre. Ou encore par la bagarre à Orly entre Booba et Kaaris que par leur rap. Cette tendance est transculturelle. Ainsi, sur Weibo, le Twitter chinois, les informations les plus virales sont celles assorties de l’émoticône colère. On assiste à une indignation collective sur Twitter tous les deux jours.

Des algorithmes sont aussi conçus pour casser la routine apparente de nos existences. C’est le cas, soulignez-vous, du site de rencontres Tinder ?

Oui, encore une fois dans le but de retenir notre attention. Plutôt que de vous présenter des profils correspondant strictement à votre recherche — une femme de tel âge, dans telle catégorie socioprofessionnelle —, Tinder, qui a parfaitement intégré le fonctionnement de nos cerveaux, introduit une part d’aléatoire, de surprise, de contre-intuitif.

Le besoin de « validation sociale » est également très fort sur les réseaux sociaux. Cette soif de reconnaissance n’a-t-elle pas aussi toujours existé ?

C’est un trait constant de l’humanité. Il est prouvé qu’un médaillé d’argent aux Jeux olympiques, qui regrette la médaille d’or, est plus malheureux qu’un médaillé de bronze, déjà content d’être sur le podium. Aujourd’hui, en s’évaluant sur Facebook ou Instagram, on ressort plus malheureux car les autres vont toujours avoir tendance à poster des images d’eux valorisantes, des situations heureuses. Le taux de frustration, collective comme individuelle, augmente donc.

Quelles sont les principales conséquences de cette dérégulation de l’information ?

La crédulité est très présente sur ce marché cacophonique de l’information, elle part avec un avantage concurrentiel. Le fait d’aller dans le sens de nos intuitions prédispose aux théories du complot. On l’a vu à Washington avec les événements du Capitole, la croyance que les élections étaient truquées, le conspirationnisme de la mouvance QAnon.

Est-ce la raison pour laquelle le discours de Joe Biden lors de son investiture était axé sur le besoin de vérité ?

Il a effectivement cherché à désolidariser les extrêmes du reste de la société américaine. Sinon, la réconciliation qu’il appelle de ses vœux ne peut pas fonctionner, on ne se réconcilie pas avec quelqu’un dont on pense qu’il appartient à des réseaux pédophiles ou sataniques.

Le fait que Donald Trump n’ait pas été réélu ne montre-t-il pas que les contre-vérités, le pouvoir exercé à coups de tweets ne l’emportent pas ?

Je dirais plutôt que Trump n’a pas suffisamment réussi à convaincre pour gagner les élections, mais a quand même emporté quelque 74 millions de voix. Il a déposé des récits qui ne disparaîtront pas avec lui. Certes, cette administration néopopuliste a peut-être été vaincue, mais si difficilement… Il n’est pas du tout impossible que les Etats-Unis traversent encore des moments de violence politique, voire de terrorisme. Mercredi encore, jour de l’investiture, des gens pensaient que le voile allait être levé sur l’imposture de Biden… Une partie d’entre eux ne reviendra pas de son voyage au pays de la radicalité.

« L’indignation, la colère ou l’identité de victimes : tout est fait pour attirer l’attention des autres. Et le statut de “victime” est enviable dans un monde où l’intimidation est permanente »

Face à cette quasi-manipulation de nos cerveaux, faut-il mettre en place des mécanismes de régulation ?

C’est un des plus gros chantiers du XXIe siècle, concevoir une ingénierie de cette régulation sans altérer nos libertés individuelles. On a vu la polémique sur l’interdiction du compte Twitter de Donald Trump et de 70 000 comptes plus ou moins liés à QAnon. Il est quand même préoccupant qu’une entreprise privée interagisse sur le bien commun de l’information. Une réflexion devrait être en cours sur l’insertion dans les algorithmes, de normes morales, relatives à la défense du vrai. Les Gafam, bien que s’en défendant, classent déjà l’information. Ils ont donc à se préoccuper de sa régulation, même s’ils prétendent que cela ne les regarde pas. Ce sont des entreprises richissimes qui ne se donnent pas les vrais moyens de l’exercer. Elles embauchent quelques milliers de personnes pour le faire, mais cela reste dérisoire par rapport au flux d’informations.

Et qu’en est-il de notre capacité individuelle de régulation ?

Elle est évidemment essentielle dans la mesure où nous sommes tous devenus des agents du marché de l’information. Cette régulation passe par le développement de l’esprit critique, de la tempérance, du temps accordé à l’analyse. Alors qu’aujourd’hui on se précipite pour partager ou « liker » parce qu’on est d’abord d’accord avec une information, parce que son titre nous plaît, sans se donner la peine d’aller plus loin. On s’enferme de plus en plus dans notre « chambre d’échos ».

Vous évoquez aussi le succès grandissant de la posture victimaire ?

L’indignation, la colère ou l’identité de victimes : tout est fait pour attirer l’attention des autres. Et le statut de « victime » est enviable dans un monde où l’intimidation est permanente. D’une certaine façon, ce statut vous protège.

Les excuses présentées par Le Monde après la publication du dessin de Xavier Gorce ont été très commentées. Le quotidien les a justifiées par le fait de ne pas vouloir choquer les victimes d’inceste ?

Il faudrait plus de quiétude. Le dessin peut-être jugé bon ou mauvais, peu importe, Le Monde a eu peur d’être dans le camp du Mal, de blesser la sensibilité d’une partie de son lectorat. A force, on crée une tétanie collective et de la colère constante.

La crise de la Covid-19 ne comporte-t-elle pas beaucoup d’ingrédients propices à « l’apocalypse cognitive » ?

La période sert effectivement d’accélérateur au phénomène que je décris. Le confinement a donné plus de temps de cerveau disponible, mais cette disponibilité a été en partie cambriolée par la logique du monde numérique. On a vu surgir tant de théories du complot, tant de rage…

 

Gafam et Apocalypse cognitive : une surinformation accélérée sans contenu

Gafam et  Apocalypse cognitive : une surinformation accélérée sans contenu

 

 

Dans son essai Apocalypse cognitive, le sociologue Gérald Bronner analyse dans l’Opinion les dérives de la dérégulation du marché de l’information associée à la puissance des réseaux sociaux. Au point que nos cerveaux tournent souvent à plein régime mais, surtout, de plus en plus à vide…

Surinformation, puissance des réseaux sociaux, dérégulation du marché de l’information vont croissant. La question, expliquez-vous dans Apocalypse cognitive est de savoir qui, dans cette « lutte finale » pour capter notre attention, va l’emporter. C’est bien l’enjeu ?

Notre temps de « cerveau disponible » (qui reste après le sommeil, le travail, les loisirs, etc) n’a cessé d’augmenter. Il est huit fois supérieur à ce qu’il était en 1800 et cinq fois supérieur à 1900. Mais, aujourd’hui, il est en grande partie capté par les écrans, qui sont consultés, pour le téléphone, en moyenne 221 fois par jour, et qui occupent jusqu’à 6 h 40 de la vie quotidienne des ados. Un chercheur allemand a même montré que nous préférions nous priver de nourriture ou de relations sexuelles plutôt que de notre connexion Internet ! De plus, nous sommes happés par les notifications, les alertes.

Et presque prêts, comme des souris de laboratoire, à recevoir un choc électrique plutôt que de ne rien faire ?

Nous avons effectivement beaucoup de mal à supporter le vide, le silence, auxquels nous substituons la consultation frénétique d’un petit appareil. Plusieurs exemples illustrent ce symptôme. Dans les supermarchés, les chewing-gums et bonbons se vendent beaucoup moins bien parce qu’au lieu de regarder les présentoirs lorsqu’on attend à la caisse, nous avons l’œil sur notre écran. Même chose pour les affiches publicitaires sur les quais du métro : elles ne font plus recette. On leur préfère des panneaux si possible animés dans les couloirs. Et encore ! En Israël, ils en sont arrivés à mettre des signaux sur les trottoirs pour inciter les gens à relever la tête.

Résultat, ce que vous appelez une « cacophonie informationnelle » ?

Nous ne pouvons évidemment pas traiter cette masse d’informations. Les gate keepers (éditorialistes journalistes) jouent moins leur fonction de tri. Dans cette dérégulation du marché de l’information, nous choisissons nous-mêmes ce qui va retenir notre attention.

« La crédulité est très présente sur ce marché cacophonique de l’information, elle part avec un avantage concurrentiel. Le fait d’aller dans le sens de nos intuitions prédispose aux théories du complot »

Et nous sommes « guidés » par des algorithmes qui orientent nos choix ?

Ils « éditorialisent » en effet l’information en fonction des traces numériques que nous laissons. Nous avons nos sujets de prédilection : les conflits, la peur, l’indignation morale, la sexualité, les informations egocentrées. Ils ont toujours existé, mais prennent aujourd’hui une place considérable. L’« apocalypse cognitive », c’est, au sens étymologique du mot, la révélation des obsessions de notre espèce. Nous sommes ainsi beaucoup plus attirés — les volumes de recherche sur Internet le prouvent — par la gifle reçue par Manuel Valls que par son action politique. Ou par les insultes des Gilets jaunes dont a été victime Alain Finkielkraut que par son œuvre. Ou encore par la bagarre à Orly entre Booba et Kaaris que par leur rap. Cette tendance est transculturelle. Ainsi, sur Weibo, le Twitter chinois, les informations les plus virales sont celles assorties de l’émoticône colère. On assiste à une indignation collective sur Twitter tous les deux jours.

Des algorithmes sont aussi conçus pour casser la routine apparente de nos existences. C’est le cas, soulignez-vous, du site de rencontres Tinder ?

Oui, encore une fois dans le but de retenir notre attention. Plutôt que de vous présenter des profils correspondant strictement à votre recherche — une femme de tel âge, dans telle catégorie socioprofessionnelle —, Tinder, qui a parfaitement intégré le fonctionnement de nos cerveaux, introduit une part d’aléatoire, de surprise, de contre-intuitif.

Le besoin de « validation sociale » est également très fort sur les réseaux sociaux. Cette soif de reconnaissance n’a-t-elle pas aussi toujours existé ?

C’est un trait constant de l’humanité. Il est prouvé qu’un médaillé d’argent aux Jeux olympiques, qui regrette la médaille d’or, est plus malheureux qu’un médaillé de bronze, déjà content d’être sur le podium. Aujourd’hui, en s’évaluant sur Facebook ou Instagram, on ressort plus malheureux car les autres vont toujours avoir tendance à poster des images d’eux valorisantes, des situations heureuses. Le taux de frustration, collective comme individuelle, augmente donc.

Quelles sont les principales conséquences de cette dérégulation de l’information ?

La crédulité est très présente sur ce marché cacophonique de l’information, elle part avec un avantage concurrentiel. Le fait d’aller dans le sens de nos intuitions prédispose aux théories du complot. On l’a vu à Washington avec les événements du Capitole, la croyance que les élections étaient truquées, le conspirationnisme de la mouvance QAnon.

Est-ce la raison pour laquelle le discours de Joe Biden lors de son investiture était axé sur le besoin de vérité ?

Il a effectivement cherché à désolidariser les extrêmes du reste de la société américaine. Sinon, la réconciliation qu’il appelle de ses vœux ne peut pas fonctionner, on ne se réconcilie pas avec quelqu’un dont on pense qu’il appartient à des réseaux pédophiles ou sataniques.

Le fait que Donald Trump n’ait pas été réélu ne montre-t-il pas que les contre-vérités, le pouvoir exercé à coups de tweets ne l’emportent pas ?

Je dirais plutôt que Trump n’a pas suffisamment réussi à convaincre pour gagner les élections, mais a quand même emporté quelque 74 millions de voix. Il a déposé des récits qui ne disparaîtront pas avec lui. Certes, cette administration néopopuliste a peut-être été vaincue, mais si difficilement… Il n’est pas du tout impossible que les Etats-Unis traversent encore des moments de violence politique, voire de terrorisme. Mercredi encore, jour de l’investiture, des gens pensaient que le voile allait être levé sur l’imposture de Biden… Une partie d’entre eux ne reviendra pas de son voyage au pays de la radicalité.

« L’indignation, la colère ou l’identité de victimes : tout est fait pour attirer l’attention des autres. Et le statut de “victime” est enviable dans un monde où l’intimidation est permanente »

Face à cette quasi-manipulation de nos cerveaux, faut-il mettre en place des mécanismes de régulation ?

C’est un des plus gros chantiers du XXIe siècle, concevoir une ingénierie de cette régulation sans altérer nos libertés individuelles. On a vu la polémique sur l’interdiction du compte Twitter de Donald Trump et de 70 000 comptes plus ou moins liés à QAnon. Il est quand même préoccupant qu’une entreprise privée interagisse sur le bien commun de l’information. Une réflexion devrait être en cours sur l’insertion dans les algorithmes, de normes morales, relatives à la défense du vrai. Les Gafam, bien que s’en défendant, classent déjà l’information. Ils ont donc à se préoccuper de sa régulation, même s’ils prétendent que cela ne les regarde pas. Ce sont des entreprises richissimes qui ne se donnent pas les vrais moyens de l’exercer. Elles embauchent quelques milliers de personnes pour le faire, mais cela reste dérisoire par rapport au flux d’informations.

Et qu’en est-il de notre capacité individuelle de régulation ?

Elle est évidemment essentielle dans la mesure où nous sommes tous devenus des agents du marché de l’information. Cette régulation passe par le développement de l’esprit critique, de la tempérance, du temps accordé à l’analyse. Alors qu’aujourd’hui on se précipite pour partager ou « liker » parce qu’on est d’abord d’accord avec une information, parce que son titre nous plaît, sans se donner la peine d’aller plus loin. On s’enferme de plus en plus dans notre « chambre d’échos ».

Vous évoquez aussi le succès grandissant de la posture victimaire ?

L’indignation, la colère ou l’identité de victimes : tout est fait pour attirer l’attention des autres. Et le statut de « victime » est enviable dans un monde où l’intimidation est permanente. D’une certaine façon, ce statut vous protège.

Les excuses présentées par Le Monde après la publication du dessin de Xavier Gorce ont été très commentées. Le quotidien les a justifiées par le fait de ne pas vouloir choquer les victimes d’inceste ?

Il faudrait plus de quiétude. Le dessin peut-être jugé bon ou mauvais, peu importe, Le Monde a eu peur d’être dans le camp du Mal, de blesser la sensibilité d’une partie de son lectorat. A force, on crée une tétanie collective et de la colère constante.

La crise de la Covid-19 ne comporte-t-elle pas beaucoup d’ingrédients propices à « l’apocalypse cognitive » ?

La période sert effectivement d’accélérateur au phénomène que je décris. Le confinement a donné plus de temps de cerveau disponible, mais cette disponibilité a été en partie cambriolée par la logique du monde numérique. On a vu surgir tant de théories du complot, tant de rage…

 

Le sociologue Gérald Bronner.

Dans son essai Apocalypse cognitive, le sociologue Gérald Bronner analyse les dérives de la dérégulation du marché de l’information associée à la puissance des réseaux sociaux. Au point que nos cerveaux tournent souvent à plein régime mais, surtout, de plus en plus à vide…

Surinformation, puissance des réseaux sociaux, dérégulation du marché de l’information vont croissant. La question, expliquez-vous dans Apocalypse cognitive est de savoir qui, dans cette « lutte finale » pour capter notre attention, va l’emporter. C’est bien l’enjeu ?

Notre temps de « cerveau disponible » (qui reste après le sommeil, le travail, les loisirs, etc) n’a cessé d’augmenter. Il est huit fois supérieur à ce qu’il était en 1800 et cinq fois supérieur à 1900. Mais, aujourd’hui, il est en grande partie capté par les écrans, qui sont consultés, pour le téléphone, en moyenne 221 fois par jour, et qui occupent jusqu’à 6 h 40 de la vie quotidienne des ados. Un chercheur allemand a même montré que nous préférions nous priver de nourriture ou de relations sexuelles plutôt que de notre connexion Internet ! De plus, nous sommes happés par les notifications, les alertes.

Et presque prêts, comme des souris de laboratoire, à recevoir un choc électrique plutôt que de ne rien faire ?

Nous avons effectivement beaucoup de mal à supporter le vide, le silence, auxquels nous substituons la consultation frénétique d’un petit appareil. Plusieurs exemples illustrent ce symptôme. Dans les supermarchés, les chewing-gums et bonbons se vendent beaucoup moins bien parce qu’au lieu de regarder les présentoirs lorsqu’on attend à la caisse, nous avons l’œil sur notre écran. Même chose pour les affiches publicitaires sur les quais du métro : elles ne font plus recette. On leur préfère des panneaux si possible animés dans les couloirs. Et encore ! En Israël, ils en sont arrivés à mettre des signaux sur les trottoirs pour inciter les gens à relever la tête.

Résultat, ce que vous appelez une « cacophonie informationnelle » ?

Nous ne pouvons évidemment pas traiter cette masse d’informations. Les gate keepers (éditorialistes journalistes) jouent moins leur fonction de tri. Dans cette dérégulation du marché de l’information, nous choisissons nous-mêmes ce qui va retenir notre attention.

« La crédulité est très présente sur ce marché cacophonique de l’information, elle part avec un avantage concurrentiel. Le fait d’aller dans le sens de nos intuitions prédispose aux théories du complot »

Et nous sommes « guidés » par des algorithmes qui orientent nos choix ?

Ils « éditorialisent » en effet l’information en fonction des traces numériques que nous laissons. Nous avons nos sujets de prédilection : les conflits, la peur, l’indignation morale, la sexualité, les informations egocentrées. Ils ont toujours existé, mais prennent aujourd’hui une place considérable. L’« apocalypse cognitive », c’est, au sens étymologique du mot, la révélation des obsessions de notre espèce. Nous sommes ainsi beaucoup plus attirés — les volumes de recherche sur Internet le prouvent — par la gifle reçue par Manuel Valls que par son action politique. Ou par les insultes des Gilets jaunes dont a été victime Alain Finkielkraut que par son œuvre. Ou encore par la bagarre à Orly entre Booba et Kaaris que par leur rap. Cette tendance est transculturelle. Ainsi, sur Weibo, le Twitter chinois, les informations les plus virales sont celles assorties de l’émoticône colère. On assiste à une indignation collective sur Twitter tous les deux jours.

Des algorithmes sont aussi conçus pour casser la routine apparente de nos existences. C’est le cas, soulignez-vous, du site de rencontres Tinder ?

Oui, encore une fois dans le but de retenir notre attention. Plutôt que de vous présenter des profils correspondant strictement à votre recherche — une femme de tel âge, dans telle catégorie socioprofessionnelle —, Tinder, qui a parfaitement intégré le fonctionnement de nos cerveaux, introduit une part d’aléatoire, de surprise, de contre-intuitif.

Le besoin de « validation sociale » est également très fort sur les réseaux sociaux. Cette soif de reconnaissance n’a-t-elle pas aussi toujours existé ?

C’est un trait constant de l’humanité. Il est prouvé qu’un médaillé d’argent aux Jeux olympiques, qui regrette la médaille d’or, est plus malheureux qu’un médaillé de bronze, déjà content d’être sur le podium. Aujourd’hui, en s’évaluant sur Facebook ou Instagram, on ressort plus malheureux car les autres vont toujours avoir tendance à poster des images d’eux valorisantes, des situations heureuses. Le taux de frustration, collective comme individuelle, augmente donc.

Quelles sont les principales conséquences de cette dérégulation de l’information ?

La crédulité est très présente sur ce marché cacophonique de l’information, elle part avec un avantage concurrentiel. Le fait d’aller dans le sens de nos intuitions prédispose aux théories du complot. On l’a vu à Washington avec les événements du Capitole, la croyance que les élections étaient truquées, le conspirationnisme de la mouvance QAnon.

Est-ce la raison pour laquelle le discours de Joe Biden lors de son investiture était axé sur le besoin de vérité ?

Il a effectivement cherché à désolidariser les extrêmes du reste de la société américaine. Sinon, la réconciliation qu’il appelle de ses vœux ne peut pas fonctionner, on ne se réconcilie pas avec quelqu’un dont on pense qu’il appartient à des réseaux pédophiles ou sataniques.

Le fait que Donald Trump n’ait pas été réélu ne montre-t-il pas que les contre-vérités, le pouvoir exercé à coups de tweets ne l’emportent pas ?

Je dirais plutôt que Trump n’a pas suffisamment réussi à convaincre pour gagner les élections, mais a quand même emporté quelque 74 millions de voix. Il a déposé des récits qui ne disparaîtront pas avec lui. Certes, cette administration néopopuliste a peut-être été vaincue, mais si difficilement… Il n’est pas du tout impossible que les Etats-Unis traversent encore des moments de violence politique, voire de terrorisme. Mercredi encore, jour de l’investiture, des gens pensaient que le voile allait être levé sur l’imposture de Biden… Une partie d’entre eux ne reviendra pas de son voyage au pays de la radicalité.

« L’indignation, la colère ou l’identité de victimes : tout est fait pour attirer l’attention des autres. Et le statut de “victime” est enviable dans un monde où l’intimidation est permanente »

Face à cette quasi-manipulation de nos cerveaux, faut-il mettre en place des mécanismes de régulation ?

C’est un des plus gros chantiers du XXIe siècle, concevoir une ingénierie de cette régulation sans altérer nos libertés individuelles. On a vu la polémique sur l’interdiction du compte Twitter de Donald Trump et de 70 000 comptes plus ou moins liés à QAnon. Il est quand même préoccupant qu’une entreprise privée interagisse sur le bien commun de l’information. Une réflexion devrait être en cours sur l’insertion dans les algorithmes, de normes morales, relatives à la défense du vrai. Les Gafam, bien que s’en défendant, classent déjà l’information. Ils ont donc à se préoccuper de sa régulation, même s’ils prétendent que cela ne les regarde pas. Ce sont des entreprises richissimes qui ne se donnent pas les vrais moyens de l’exercer. Elles embauchent quelques milliers de personnes pour le faire, mais cela reste dérisoire par rapport au flux d’informations.

Et qu’en est-il de notre capacité individuelle de régulation ?

Elle est évidemment essentielle dans la mesure où nous sommes tous devenus des agents du marché de l’information. Cette régulation passe par le développement de l’esprit critique, de la tempérance, du temps accordé à l’analyse. Alors qu’aujourd’hui on se précipite pour partager ou « liker » parce qu’on est d’abord d’accord avec une information, parce que son titre nous plaît, sans se donner la peine d’aller plus loin. On s’enferme de plus en plus dans notre « chambre d’échos ».

Vous évoquez aussi le succès grandissant de la posture victimaire ?

L’indignation, la colère ou l’identité de victimes : tout est fait pour attirer l’attention des autres. Et le statut de « victime » est enviable dans un monde où l’intimidation est permanente. D’une certaine façon, ce statut vous protège.

Les excuses présentées par Le Monde après la publication du dessin de Xavier Gorce ont été très commentées. Le quotidien les a justifiées par le fait de ne pas vouloir choquer les victimes d’inceste ?

Il faudrait plus de quiétude. Le dessin peut-être jugé bon ou mauvais, peu importe, Le Monde a eu peur d’être dans le camp du Mal, de blesser la sensibilité d’une partie de son lectorat. A force, on crée une tétanie collective et de la colère constante.

La crise de la Covid-19 ne comporte-t-elle pas beaucoup d’ingrédients propices à « l’apocalypse cognitive » ?

La période sert effectivement d’accélérateur au phénomène que je décris. Le confinement a donné plus de temps de cerveau disponible, mais cette disponibilité a été en partie cambriolée par la logique du monde numérique. On a vu surgir tant de théories du complot, tant de rage…

 

 

 

 

France: Déficit public « contenu » !

France: Déficit public «  contenu » !

 

 

C’est un nouveau concept que vient de sortir Bercy dimanche en indiquant que le déficit prévu pour 2020 serait un déficit contenu. Tout cela évidemment pour masquer la dérive par rapport aux prévisions initiales. On se souvient que la Cour des Comptes a été critique vis-à-vis des prévisions financières- La Cour des comptes se montrait dubitative sur la capacité du gouvernement à compenser les mesures annoncées par le président de la République fin avril, le rapport préparatoire au débat d’orientation des finances publiques publié dimanche par Bercy ne précise pas les modalités de financement au-delà des pistes déjà évoquées. Au-delà de 2020, ce document amende aussi légèrement la trajectoire de baisse du déficit public pour les années suivantes, avec une cible à -1,7% du PIB en 2021 et -1,3% du PIB en 2022 (contre respectivement -1,6% et -1,2% dans les prévisions d’avril).Le gouvernement tablait encore sur un déficit ramené à 0,3% du PIB en 2022 à l’automne dernier, au moment du début des travaux sur la loi de finances 2019, comme fixé dans la loi de programmation des finances publiques promulguée en janvier 2018. Autant dire que le quasi équilibre prévu d’ici la fin du mandat de Macon est renvoyé à plus tard. Quant aux perspectives de déficit elle se fonde sur d’hypothétiques hypothèses de croissance du PIB. Notons que pour la seule année 2019 ans prévoyait 1,4 % de croissance du PIB et qu’on aura de la peine à atteindre 1,2 %. Bref toujours la bonne vieille technique qui consiste à augmenter les prévisions de recettes et un minorer  les perspectives de dépenses.

Annonces de Macron : les Français approuveraient le report et le contenu !

 

 

Un  curieux sondage du Figaro et de France info qui démontrerait que les Français approuvent à la fois le report des mesures de Macron et même le contenu de ces mesures. Comme déjà souvent indiqué dans ce site, les sondages dans la période électorale actuelle sont à prendre avec des pincettes tellement ils sont instrumentalisés pour donner la tendance à la fois aux médias et à l’opinion publique. En effet, le sondage a été réalisé à partir de mercredi. On peut considérer que mercredi les Français admettaient sans doute le bien-fondé de report. Il n’est pas certain qu’il l’approuve encore puisque les annonces ne seront pas faites avant la semaine prochaine c’est-à-dire avec une dizaine de jours de retard. N’empêche qu’on se servira quand même de ce sondage. Seconde interrogation dans la même enquête, les Français approuveraient le contenu des mesures. En faite ces mesures sont encore tout à fête officieuses. Elles ont filtré à partir du document distribué à certains médias juste avant l’annulation de l’intervention de Macron. Il est fort probable que Macron va modifier sensiblement l’intervention qu’il avait prévue. Enfin les mesures figurant dans le document officieux de l’intervention de Macron n’ont guère fait l’objet d’analyses et de débats parmi les experts, les responsables politiques et sociaux et les médias. C’est surtout du brut de brut qui était livré. Un  sondage sans comme bien d’autres qui sent le bricolage statistique à partir de questions plus ou moins subjectives et de réponses aléatoires faute de clarification sur les orientations. Les Français donneraient raison à 61% à Emmanuel Macron d’avoir différé ses annonces en matière sociale après l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris mais attendent néanmoins du président qu’il prenne la parole, selon un sondage Odoxa-Dentsu Consulting pour Franceinfo et Le Figaro publié jeudi soir. Les annonces que devaient faire le président lundi soir pour clore le “Grand débat” mis en place en réponse à la crise des “Gilets jaunes” ont filtré dans la presse. « Certaine »s sont jugées conformes aux conclusions de la concertation nationale qui a duré trois mois. C’est notamment le cas de la réindexation des retraites sur l’inflation (qui correspond aux attentes pour 74% des sondés) et de la baisse de l’impôt sur le revenu pour les personnes taxées aux premières tranches (77%).En revanche, pour 62% des sondés, la suppression de l’Ecole nationale d’administration (ENA) ne correspond pas aux conclusions du “Grand débat”. Les Français sont partagés (50% pour-49% contre) sur la fin des 35 heures de travail hebdomadaires et résolument contre (70%) le report de l’âge légal de la retraite. Près de 80% des sondés sont contre la suppression d’un ou deux jours fériés. Le fait de ne pas revenir sur la suppression de l’ISF est également mal vu: 76% des Français estiment que ce statu quo ne répond pas aux attentes du “Grand débat”. Et tout le reste ?

L’enquête a été réalisée les 17 et 18 avril via internet auprès d’un échantillon de 1.003 Français représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

Politique : le jeunisme comme contenu programmatique !

Politique : le jeunisme comme contenu programmatique!

 

Pour tenter de masquer l’archaïsme du fonctionnement de la plupart des partis politiques, on se réfugie dans la mode du jeunisme qui fait office de contenu programmatique. Pourtant, cette mode lancée par Macron lui-même n’a encore pas donné les effets escomptés. La nouveauté est surtout dans les intentions mais les actes demeurent assez traditionnels. Du coup, peut-être pour imiter Macron, les organisations politiques ont décidé de placer en tête des listes européennes de jeunes inconnus. Certes la jeunesse n’est pas un soi un handicap, pas davantage que l’âge avancé, mais la responsabilité des plus hautes fonctions pour représenter le pays implique quand même un minimum de maturité personnelle, une certaine expérience politique et un passé social. Cette condition ne légitime pas cependant le retour des vieux crocodiles qui vivent de la politique depuis des années voire des dizaines d’années à droite comme à gauche. Cette mode du jeunisme est aussi la conséquence de la vague de dégagisme qui sévit dans la  politique dans le monde entier. En fait, la démocratie est à la recherche de l’homme providentiel. Il en existe certes mais pas davantage qu’un par siècle en moyenne par pays. Le renouvellement démocratique ne passe pas par l’âge du capitaine mais par une remise en cause d’un système qui réduit la fonction du citoyen au dépôt d’un bulletin dans une urne. Une fois élu, le responsable est pris dans le piège des systèmes politiques et des lobbys sans parler des déviances personnelles. La jeunesse ne change rien à ce phénomène. Pour rendre le citoyen acteur, il conviendrait donc de l’associer régulièrement à l’évaluation des politiques publiques et à l’élaboration des grands projets. C’est le comportement des responsables qu’il convient de changer, leurs méthodes et non uniquement leur âge. De ce point de vue, on pourrait souhaiter,  que les élus soient représentatifs de la démographie (comme de la sociologie).

 

Elections européennes : le jeunisme comme contenu politique !

Elections européennes : le jeunisme comme contenu politique !

 

Pour tenter de masquer l’archaïsme du fonctionnement de la plupart des partis politiques, on se réfugie dans la mode du jeunisme qui fait office de contenu programmatique. Pourtant, cette mode lancée par Macron lui-même n’a encore pas donné les effets escomptés. La nouveauté est surtout dans les intentions mais les actes demeurent assez traditionnels. Du coup, peut-être pour imiter Macron, les organisations politiques ont décidé de placer en tête des listes européennes de jeunes inconnus. Certes la jeunesse n’est pas un soi un handicap, pas davantage que l’âge avancé, mais la responsabilité des plus hautes fonctions pour représenter le pays implique quand même un minimum de maturité personnelle, une certaine expérience politique et un passé social. Cette condition ne légitime pas cependant le retour des vieux crocodiles qui vivent de la politique depuis des années voire des dizaines d’années à droite comme à gauche. Cette mode du jeunisme est aussi la conséquence de la vague de dégagisme qui sévit dans le monde politique dans le monde entier. En fait, la démocratie est à la recherche de l’homme providentiel. Il en existe certes mais pas davantage qu’un par siècle en moyenne par pays. Le renouvellement démocratique ne passe pas par l’âge du capitaine mais par une remise en cause d’un système qui réduit la fonction du citoyen au dépôt d’un bulletin dans une urne. Une fois élu, le responsable est pris dans le piège des systèmes politiques et des lobbys sans parler des déviances personnelles. La jeunesse ne change rien à ce phénomène. Pour rendre le citoyen acteur, il conviendrait donc de l’associer régulièrement à l’évaluation des politiques publiques et à l’élaboration des grands projets. C’est le comportement des responsables qu’il convient de changer, leurs méthodes et non uniquement leur âge. De ce point de vue, on pourrait souhaiter,  que les élus soient représentatifs de la démographie (comme de la sociologie).

 

Elections : le jeunisme comme contenu politique !

Elections : le jeunisme comme contenu politique !

 

 

Pour tenter de masquer l’archaïsme du fonctionnement de la plupart des partis politiques, on ce réfugie dans la mode du jeunisme qui fait office de contenu programmatique. Pourtant, cette mode lancée par Macon lui-même n’a encore pas donné les effets escomptés. La nouveauté est surtout dans les intentions mais les actes demeurent assez traditionnels. Du coup, peut-être pour imiter Macron, les organisations politiques ont décidé de placer en tête des listes européennes de jeunes inconnus. Certes la jeunesse n’est pas un soi un handicap, pas davantage que l’âge avancé, mais la responsabilité des plus hautes fonctions pour représenter le pays implique quand même un minimum de maturité personnelle, une certaine expérience politique et un passé social. Cette condition ne légitime pas cependant le retour des vieux crocodiles qui vivent de la politique depuis des années voire des dizaines d’années à droite comme à gauche, à l’extrême droite comme à l’extrême gauche. Cette mode du jeunisme  est aussi la conséquence de la vague de dégagisme qui sévit dans le monde politique dans le monde entier. En fait, la démocratie est à la recherche de l’homme providentiel. Il en existe certes mais pas davantage qu’un par siècle en moyenne par pays. Le renouvellement démocratique ne passe pas par l’âge du capitaine mais par une remise en cause d’un système qui réduit la fonction du citoyen au dépôt d’un bulletin dans une urne. Une fois élu, le responsable est pris dans le piège des systèmes politiques et des lobbys sans parler des déviances personnelles. La jeunesse ne change rien à ce phénomène. Pour rendre le citoyen acteur il conviendrait donc de l’associer régulièrement à l’évaluation des politiques publiques et à l’élaboration des grands projets. C’est le comportement des responsables qu’il convient de changer, leurs méthodes et non uniquement leur âge. De ce point de vue, on pourrait souhaiter,  que les élus soient représentatifs de la démographie (comme de la sociologie).

 

Constitution : un article sur la Corse mais sans contenu

 Constitution : un article sur la Corse   mais sans contenu

Un compromis sans doute sur la forme mais pas sur le fond entre gouvernement et indépendantistes. Il y aura un article sur la Corse dans la constitution mais pas question d’autonomie notamment fiscale.la Corse n’est pas la Catalogne qui est très riche (20% du PIB espagnol) et peut se permettre quelques fantaisies gauchistes irresponsables (la Corse représente 0.4% du PIB en France). Des fantaisies qui auront quand même un coût non négligeable pour  l’Espagne et la Catalogne bien sûr. Il en est tout autrement pour la Corse qui dépend en majorité des ressources de l’État et dont l’économie est structurellement atone. Notons aussi que la grande majorité ne vit pas dans l’ile et que massivement ces populations ne sont pas favorables à l’indépendance.  Signe des réticences  du gouvernement , Edouard Philippe a reconnu lors de l’entretien que “la question corse divisait souvent, que les prises de position étaient transversales à toutes les familles politiques et qu’ils avaient une majorité à essayer de trouver y compris à travers le vote du Congrès”, a fait savoir Gilles Simeoni.“Nous ne sous-estimons pas la difficulté de l’exercice pour le gouvernement mais nous disons que s’il y a une volonté politique clairement affirmée de la part du gouvernement et de la part de la Corse, cela va créer une dynamique politique qui permettra de convaincre un grand nombre de députés ou de sénateurs”, a-t-il ajouté. Reste à savoir ce que contiendra l’article en question. Pour l’heure le gouvernement n’a pas précisé si la question de l’autonomie, comme pour l’outremer,  y figurerait comme le réclament les élus corses. Pour l’instant, le gouvernement est en désaccord avec les principales revendications des indépendantistes.  Par exemple, Le statut de résident réclamé revient à réserver l’exclusivité de l’achat du foncier aux corses, ce qui n’est même pas autorisé en Europe. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas réguler la spéculation foncière. De la même manière le transfert du droit fiscal favoriserait l’établissement de baronnies  et de clans. La cooficialité de la langue corse n’a pas davantage de fondements réalistes et les concepts de prisonniers politiques heurtent la conscience et le droit quand il s’agit de criminels. Ceci étant, il existe de gros progrès à faire en matière de régionalisation et pas seulement pour la Corse. Certaines des questions posées par les nationalistes corses concernent tout autant sinon davantage la plupart des régions françaises à savoir la question de l’élargissement de leurs responsabilités bref une réelle autonomie. Pas sûr que nourris de l’étatisme les responsables du gouvernement saisissent l’opportunité de modifier la constitution dans ce sens pour répondre à la fois à la Corse et aux autres régions mais dans un souci d’égalité de traitement territorial.

La « loi Florange » version très allégée et vidée de son contenu à l’assemblée

La « loi Florange » version très allégée et vidée de son contenu  à l’assemblée

 

Florange résume la politique d’Hollande : on promet et on fait autre chose  La fameuse loi Florange promise par Hollande est en fait vidée de son contenu. On devaiat emp^cher la fermeture dusines, voire les ntionaliser, on se cntenter d’imoser une recherche d’axquéruer ( en faiat une psudo contrainte). Le projet de loi sur l’Economie sociale et solidaire, soutenu par Benoît Hamon quand il était ministre délégué de l’Economie sociale, est examiné en deuxième lecture devant l’Assemblée nationale les 13, 14 et 15 mai.  Ce texte vise à revoir les modes d’entreprendre, en accordant une place centrale aux projets à nature sociale plutôt qu’à ceux privilégiant la simple recherche du profit. Il s’agit aussi de privilégier le réinvestissement des bénéfices et de privilégier la gouvernance démocratique. Les entreprises appliquant ces principes bénéficieront d’un accès plus facile aux financements.  La nouvelle Banque publique d’investissement va ainsi leur consacrer une enveloppe de 500 millions d’euros pour soutenir leur développement. Le gouvernement espère à terme la création de 100.000 emplois dans la sphère de l’économie sociale.  Mais ce texte contient aussi une partie destinée à faciliter la reprise d’entreprises rentables. Ce principe avait était encadré par la loi dite « Florange », en raison de la promesse de campagne faite par François Hollande lors d’une visite sur le site du sidérurgiste Arcelor Mittal. Mais il reste bien peu des ambitions originales du texte, censuré en mars dernier par le Conseil constitutionnel, saisi par l’UMP qui estimait qu’ils portaient atteinte au droit de propriété et à la liberté d’entreprise.  Dans cette nouvelle version examinée par les députés, le principe initial d’obliger tout entrepreneur à rechercher un repreneur s’il souhaite fermer l’un de ses sites rentables demeure. Sur une initiative de François Brottes, le président PS de la commission des Affaires économiques, le respect de ce principe est une condition de l’homologation du plan de sauvegarde de l’emploi par l’administration. Il est également prévu que l’administration puisse demander le versement d’aides versées dans les deux années précédentes si un site venait à fermer alors d’un repreneur était sur les rangs. Mais les dispositions prévoyant une pénalité en cas de non-respect de l’obligation de recherche d’un repreneur ont dû être retirées par le gouvernement. Initialement, les dirigeants d’entreprises de plus de 1.000 salariés étaient obligés de chercher un repreneur pendant trois mois, à un site qu’ils souhaitent fermer. Faute de quoi, ils auraient dû verser une pénalité pouvant atteindre 20 smic mensuels (28.000 euros) par emploi supprimé, dans la limite de 2% de son chiffre d’affaires.

 

Valls : le ton à défaut du contenu

Valls : le ton à défaut du contenu

Objectif impossible sur le fond pour Valls coincé entre les 50 milliards d’économies, le pacte de responsabilité et le pacte de solidarité. En gros moins d’impôt, plus de pouvoir d’achat, moins de déficits et des économies énormes à faire. Du coup c’est la tonalité qui risque de l’emporter sur le fond car Valls sera contraint de jouer sur la forme pour masquer le flou du fond. Mais depuis l’échec des municipales, François Hollande a décidé d’ajouter à ce pacte un « pacte de solidarité » pour bien montrer aux électeurs de gauche qui ont boudé les urnes qu’il se préoccupait bien des Français modestes.  « Au Pacte de responsabilité, doit correspondre un pacte de solidarité dont le premier pilier est l’éducation, et la formation de la jeunesse ; le second, c’est la sécurité sociale avec la priorité donnée à la santé ; et le troisième, c’est le pouvoir d’achat avec une réduction des impôts des Français et une baisse des cotisations payées par les salariés », avait annoncé le chef de l’Etat. Manuel Valls va donc être très attendu en précisant, ce mardi, les contours des trois piliers de ce nouveau pacte. Pourra-t-il annoncer des mesures suffisamment concrètes pour convaincre l’électorat d’une prise en compte de ses aspirations? Et ce, alors qu’il devra dans quelques jours détailler les 50 milliards d’économies liées, elles, au pacte de responsabilité.  Rien de nouveau sous le soleil. L’Education et la Jeunesse sont une priorité depuis le début du quinquennat. Dans le budget 2014, l’Education nationale est restée l’un des secteurs prioritaires alors que des suppressions de postes sont intervenues ailleurs.  Sauf qu’aujourd’hui, Manuel Valls va devoir décider s’il confirme  l’embauche des 40.000 enseignants supplémentaires d’ici 2017 promis par François Hollande (20.000 ayant déjà été recrutés).  En fait, une partie de ces embauches pourrait bien être sacrifiée sur l’autel des économies budgétaires. Fâcheux pour une priorité.  Même ambigüité pour ce second pilier du pacte de solidarité. François Hollande fait de la protection sociale et de la santé une priorité et l’un des moyens de renforcer la solidarité.  Mais le programme de 50 milliards d’économies budgétaires devrait prévoir plus de 20 milliards sur la sécurité sociale et les hôpitaux dans les trois ans à venir. Et plusieurs prestations sociales pourraient être revues à la baisse.  Dans ce contexte, comment Manuel Valls pourra-t-il annoncer des réformes qui ne coûteront rien?  Les charges des entreprises doivent baisser mais celles des salariés aussi, a déclaré François Hollande le 31 mars. Le gouvernement qui veut du concret rapidement sur la feuille de paie devrait limiter la baisse aux salariés modestes. Elle pourrait prendre la forme d’une ristourne de cotisation « en échange » sans doute d’une suppression de la PPE (prime pour l’emploi). Dans ce cas, un peu plus de 9 millions de salariés seulement seraient touchés. Quant à la baisse des impôts des ménages, elle pourrait dans un premier temps se résumer pour 2015 à l’amélioration de la décote qui permet d’éviter aux foyers modestes d’entrer brutalement dans le barème de l’impôt. On sera loin d’une baisse généralisée de l’IR espérée par beaucoup de Français.  Reste « la » question lorsqu’un gouvernement annonce sa volonté de faire un geste en direction des salariés modestes: l’augmentation du Smic. En décembre, le gouvernement Ayrault soutenu par François Hollande avait refusé un coup de pouce en raison de la faible inflation. Manuel Valls pourra-t-il décider autre chose alors que l’une des priorités du gouvernement reste la compétitivité des entreprises?

 




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