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Europe : des conséquences du marché du carbone

Europe : des conséquences du marché du carbone

Le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MCAF) adopté par le Parlement européen devrait modifier le fonctionnement du marché des quotas d’émission de gaz à effet de serre.. (*) Par Stefan Ambec et Claude Crampes, Toulouse School of

Economics. ( dans l’Opinion)

 

Il est rare qu’un rapporteur s’abstienne lors du vote d’une résolution qu’il a lui-même proposée. C’est pourtant ce qu’a fait le député vert Yannick Jadot lorsque le parlement européen s’est prononcé sur le mécanisme carbone d’ajustement à la frontière (MCAF) alors qu’il avait conduit les débats en commission parlementaire. Par ce geste, il entendait protester contre l’annulation par un amendement de dernière minute de la suppression des quotas gratuits du Système européen d’échange de quotas d’émission (SEQE) de l’Union européenne (UE). Pourtant, cette résolution contient plusieurs avancées dans l’élaboration du MCAF. Elle constitue une feuille de route qui devrait guider les travaux de la Commission en charge de faire une proposition en juin 2021.

Le rapport ne semble pas révolutionner le fonctionnement actuel du SEQE. Sur le fond, il reprend la proposition de la France de faire payer aux importateurs le prix des quotas d’émission correspondant au contenu carbone des produits importés. Il ne s’agit pas de participer directement au SEQE en achetant des quotas sur ce marché. Ni même de créer un marché parallèle, puisque le prix payé est fixé directement par le SEQE. Le mécanisme s’apparente plutôt à une taxe à l’importation (ou un tarif douanier) dont l’assiette est l’empreinte carbone des produits importés. Le taux appliqué à cette assiette varie au jour le jour en fonction du prix de la tonne de CO2 sur le SEQE. Les importateurs ne vont donc pas intervenir directement sur le marché européen du carbone mais ils seront soumis aux mêmes conditions de prix. Néanmoins, la mise en place d’un tel mécanisme nécessite de revoir certains aspects importants du SEQE.

Double protection

Le texte mentionne deux principes qui devraient en toute logique impliquer la suppression des quotas gratuits, lesquels sont en diminution régulière mais, en l’état actuel de la réglementation, doivent perdurer au moins jusqu’en 2030. Le premier est le principe pollueur-payeur. Si un pollueur se voit allouer gratuitement des quotas d’émission, il ne paye pas pleinement le coût social de sa pollution, donc le principe pollueur-payeur n’est pas respecté. Le second principe est celui de l’adéquation avec les règles de l’Organisation Mondiale du Commerce. Les quotas gratuits procurent un avantage concurrentiel aux entreprises européennes par rapport à leurs compétiteurs hors EU qui devront eux s’acquitter du prix des quotas correspondant à leurs ventes dans l’Union. Il y a alors double protection : les industries européennes sont protégées de la concurrence internationale à la fois par les quotas gratuits et par le MACF. Au lieu de rétablir des conditions plus équitables, le MACF combiné à des quotas gratuits renverse l’avantage concurrentiel au bénéfice des entreprises européennes. Il pourrait même favoriser l’exportation des produits intensifs en émissions carbonées, et donc générer des fuites de carbones inversées, c’est-à-dire une délocalisation de la production, non pas de l’EU vers le reste du monde mais dans le sens inverse.

Réduire l’empreinte carbone des produits

L’objectif du SEQE est d’inciter les entreprises assujetties à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Pour que cela fonctionne, il faut que les quotas d’émission correspondent aux émissions réelles, ce qui implique de pouvoir mesurer, ou du moins estimer, ces émissions comme on le fait au sein de l’UE. C’est là une des difficultés du MCAF : comment mesurer l’empreinte carbone d’une tonne d’acier produite sur un site hors UE? Le projet recommande de se baser sur les données européennes, c’est-à-dire de faire payer selon les émissions que générerait cette tonne d’acier si elle était produite en Europe. Cette méthode a le mérite d’une égalité de traitement entre producteurs d’acier de chaque côté de la frontière. Cependant elle n’incite pas les producteurs hors UE à réduire leurs propres émissions puisqu’ils ne récolteront pas les fruits de leurs efforts.

Prenons l’exemple de LKAB, une entreprise suédoise qui investit 40 millions d’euros pour décarboner sa production d’acier en remplaçant le charbon par l’électricité comme source d’énergie. Cet investissement a un intérêt économique si cette baisse des émissions se traduit par une réduction importante des quotas que LKAB devra acquérir et soumettre au régulateur. Le gain économique correspond à la valeur des quotas évités. Ce n’est pas le cas si cet investissement a lieu hors EU même si l’acier est destiné au marché européen puisque le MCAF fera payer les quotas qu’il aurait été nécessaire d’acquérir pour produire cet acier avec la technologie standard et non avec la technologie innovante.

Un nouveau chantier

Afin de pallier ce problème, le rapport « Vers un mécanisme européen d’ajustement des émissions de carbone aux frontières compatible avec l’OMC (2020/2043(INI)) » stipule que « les importateurs devraient avoir la possibilité de prouver [...] que la teneur en carbone de leurs produits est inférieure à ces valeurs, et de bénéficier d’une adaptation en conséquence du montant exigé ». Se faisant il ouvre un nouveau chantier : celui de la création d’un organisme indépendant en charge de collecter, analyser et vérifier ces informations. Il devra être capable de calculer l’empreinte carbone d’une tonne d’acier produite dans un site de production identifié en prenant en compte non seulement le mode de production, mais aussi le bilan carbone des entrants et le prix local du carbone. Le calcul est complexe. Avec des sommes en jeux qui pourraient d’avérer conséquentes, il y a un risque important de capture par les lobbies industriels. Autant dire que les défis à relever sont nombreux avant qu’une telle institution voie le jour.

Même s’il reste à sa périphérie, le projet de MCAF va modifier le fonctionnement du marché du carbone européen. La discussion en cours sur sa conception et sa mise en pratique est une occasion à saisir pour améliorer le marché des quotas d’émission. Mais les remèdes peuvent tuer le malade comme le montre une étude sur les ajustements apportés au marché des permis d’émissions de SO2 aux Etats-Unis.

 

Etats-Unis: conséquences d’un salaire mini à 15 dollars l’heure

Etats-Unis: conséquences  d’un salaire  mini à 15 dollars l’heure

Le relèvement du salaire minimum à 15 dollars de l’heure d’ici 2025 bénéficierait à 27 millions de travailleurs et permettrait à 900 000 Américains de sortir de la pauvreté, mais coûterait aussi 1,4 million d’emplois sur les quatre prochaines années : telle est la conclusion d’une étude réalisée par le bureau du budget du Congrès (CBO), une entité non partisane.(Article du Wall Street Journal)

Affirmant qu’il aiderait les salariés les moins bien rémunérés à mieux vivre et doperait la fiche de paie de ceux qui ont été en première ligne pendant la pandémie (les salariés des commerces alimentaires et des entrepôts et les livreurs), le président Biden et de nombreux démocrates militent pour un quasi-doublement du salaire minimum, actuellement à 7,25 dollars de l’heure. Mais pour les républicains, une partie des entreprises et certains économistes, la mesure pourrait être néfaste pour l’emploi au moment où les Etats-Unis tournent la page des licenciements provoqués par la crise sanitaire.

Si le rapport du CBO confirme l’effet sur la réduction de la pauvreté, il risque aussi de compliquer la tâche de ceux qui veulent convaincre les démocrates modérés et les républicains de voter la première hausse du salaire minimum fédéral pour la première fois depuis 2009.

Une hausse des salaires entraînerait une augmentation des coûts de production que les entreprises répercuteraient sur les consommateurs en relevant leurs prix, ce qui pénaliserait la demande

En effet, le document réaffirme qu’un salaire minimum à 15 dollars serait préjudiciable pour le marché du travail et revoit à la hausse l’estimation réalisée en 2019. Si le coup de pouce bénéficierait à de nombreux Américains, il entraînerait, selon l’étude, une augmentation des prix, un creusement du déficit fédéral et une légère dégradation de l’activité économique sur la prochaine décennie.

Inclure ou pas la mesure au programme d’aide de 1 900 milliards de dollars : telle est la question pour les démocrates qui, dans un Sénat où les deux partis sont à égalité parfaite, ne peuvent pas se permettre de perdre la moindre voix. Joe Manchin, sénateur démocrate de Virginie-Occidentale, a ainsi déclaré qu’il était contre une augmentation du salaire minimum à 15 dollars de l’heure, tandis que d’autres parlementaires plus progressistes s’y sont dits favorables.

De fait, une hausse des salaires entraînerait une augmentation des coûts de production que les entreprises répercuteraient sur les consommateurs en relevant leurs prix, ce qui pénaliserait la demande, explique le CBO.

« Les employeurs réduiraient donc la production de biens et de services et, par conséquent, le nombre de salariés qu’ils font travailler, tous niveaux de salaire confondus, ajoute le rapport. Les jeunes et les personnes moins diplômées seraient les principales concernées par ces suppressions de postes. »

Plus d’un million d’Américains pourraient ainsi perdre leur emploi, souligne le document, qui précise néanmoins qu’environ 17 millions de salariés, soit quelque 10 % de la main-d’œuvre, verraient leur salaire augmenter. Dix millions de salariés qui gagnent un peu plus de 15 dollars de l’heure pourraient aussi voir leurs fins de mois s’améliorer.

L’étude part de l’hypothèse d’une première augmentation à 9,50 dollars de l’heure au 1er juin, suivie de hausses annuelles permettant au salaire minimum d’atteindre ces fameux 15 dollars de l’heure en 2025. Par la suite, il serait ajusté en fonction de l’évolution du salaire médian.

Après prise en compte des hausses de salaire et des pertes d’emplois, le projet se traduirait par une progression nette des versements aux travailleurs de 333 milliards de dollars entre 2021 et 2031, indique l’étude, ce qui permettrait aux bas salaires de dépenser davantage, mais augmenterait le coût du travail pour les entreprises et engendrerait une augmentation des prix, notamment dans les restaurants. Les pertes d’emplois auraient, elles, un impact négatif modéré sur la croissance économique.

Selon l’étude, les conséquences sur le budget fédéral seraient beaucoup plus limitées : entre 2021 et 2031, le déficit fédéral cumulé augmenterait de 54 milliards de dollars sous l’effet de l’augmentation du prix des biens et des services si le salaire minimum passait à 15 dollars de l’heure, poursuit le rapport. A titre de comparaison, le déficit des Etats-Unis s’est établi à 3 100 milliards de dollars l’an passé, augmentation des dépenses de santé incluses.

L’étude souligne que, d’ici 2025, trois millions de salariés devraient travailler dans les secteurs de la santé à domicile et des maisons de retraite et gagner moins de 15 dollars de l’heure si la loi n’est pas modifiée. Une grande partie de ces salariés sont rémunérés au titre de programmes de type Medicaid et Medicare.

Toujours d’après ce rapport, les dépenses publiques en santé, en assurance chômage et en sécurité sociale devraient augmenter et le nombre de fonctionnaires fédéraux bénéficiant d’une hausse de salaire serait relativement limité. Cet accroissement serait en partie compensé par une réduction des dépenses consacrées aux programmes de nutrition, l’évolution des crédits d’impôt et l’augmentation des impôts payés par les ménages ayant bénéficié des hausses de salaire.

Du côté des entreprises, les avis sont mitigés. Certaines, dont Amazon et Target, ont d’ores et déjà relevé la rémunération minimum à 15 dollars de l’heure. D’autres n’ont pas encore sauté le pas, notamment dans les zones rurales où la main-d’œuvre est souvent moins chère. Chez Walmart, géant de la distribution et premier employeur du pays, le salaire de départ est de 11 dollars de l’heure

Pour les parlementaires qui veulent inclure la mesure au programme d’aide à 1 900 milliards de dollars, les difficultés sont aussi d’ordre technique : les démocrates veulent utiliser la procédure de « réconciliation budgétaire », qui permet de réduire à 51 le nombre de voix nécessaires pour faire passer une loi (contre 60 généralement requises).

Certains démocrates, dont Joe Biden, Nancy Pelosi (la présidente de la Chambre des représentants) et John Yarmuth (le président de la commission budgétaire de la Chambre), ont d’ores et déjà fait savoir que, selon eux, la disposition relative au salaire minimum ne remplissait pas les critères nécessaires pour être adoptée par réconciliation budgétaire, la procédure ne concernant que les mesures ayant un impact direct sur le budget fédéral.

Mais pour Bernie Sanders, chef de la commission budgétaire du Sénat, l’étude du CBO démontre qu’elle pourrait tout à fait relever de la réconciliation budgétaire.

« Le CBO a prouvé que le fait d’augmenter le salaire minimum aurait un impact direct et significatif sur le budget fédéral. Cela signifie que nous pouvons parfaitement porter ce salaire à 15 dollars de l’heure en appliquant les règles de la réconciliation », a-t-il déclaré lundi dans un communiqué.

Du côté des entreprises, les avis sont mitigés. Certaines, dont Amazon et Target, ont d’ores et déjà relevé la rémunération minimum à 15 dollars de l’heure. D’autres n’ont pas encore sauté le pas, notamment dans les zones rurales où la main-d’œuvre est souvent moins chère. Chez Walmart, géant de la distribution et premier employeur du pays, le salaire de départ est de 11 dollars de l’heure.

Des lobbys, dont la Chambre de commerce et Business Roundtable, ont estimé que le salaire minimum actuel est effectivement trop bas, mais qu’il fallait éviter toute augmentation brutale dans une économie dont la reprise reste fragile.

« Les personnes qui seraient les plus directement touchées par une augmentation du salaire minimum sont les petites entreprises, qui sont aussi celles qui ont été le plus durement frappées par la pandémie », a ainsi souligné Joshua Bolten, le président de Business Roundtable, la semaine dernière sur CNBC.

(Traduit à partir de la version originale en anglais par Marion Issard)

Les conséquences juridiques de l’affaire Bolloré en Afrique

Les conséquences juridiques de l’affaire Bolloré en Afrique

 

Le  coup de théâtre dans l’affaire Bolloré pour des faits de corruption au Togo est pourtant porteur de grands bouleversements pour la défense pénale », analyse l’avocat Arthur Dethomas avocat aux barreaux de Paris et de New York.

 

En refusant, le 26 février dernier, d’homologuer l’accord conclu entre les dirigeants du Groupe Bolloré et le parquet national financier (PNF), les magistrats du tribunal correctionnel de Paris ont très largement anéanti les efforts du législateur de développer la justice pénale négociée en France. Encouragé depuis deux décennies, le développement de la justice négociée repose sur les aveux de la personne mise en cause et sa coopération. Le principe est simple : le parquet propose une peine au prévenu en l’échange de sa reconnaissance de culpabilité. Si les deux parties s’accordent sur la peine, l’accord n’a – en théorie – plus qu’à être homologué par le tribunal pour éviter la tenue d’un procès.

Dans cette affaire, deux types d’accords avaient été conclus par le PNF : un premier, une Convention judiciaire d’intérêt public (CJIP), avec la société Bolloré SE et des accords individuels, des Comparutions sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC), avec les dirigeants du Groupe Bolloré (dont Vincent Bolloré). Le tribunal correctionnel de Paris n’avait plus qu’à homologuer ces accords ; il a préféré désavouer le parquet national financier.

Case départ. Alors même que les magistrats du PNF s’étaient déplacés à cette audience pour souligner le succès du consensualisme dans la procédure, la présidente du tribunal a surpris tout le monde en refusant de valider les accords conclus avec les dirigeants personnes physiques du Groupe Bolloré, estimant que les peines convenues étaient inadaptées. Et, par conséquent, qu’il était nécessaire qu’un procès se tienne. Pour les dirigeants du groupe Bolloré, c’est donc un retour à la case départ. La décision de refus d’homologation n’étant pas susceptible de recours, ils seront vraisemblablement renvoyés devant le tribunal pour y être jugés.

Que reste-il des droits de la défense de Vincent Bolloré après qu’il a, lors d’une audience publique amplement relayée dans les médias, répondu par l’affirmative au tribunal qui lui demandait s’il reconnaissait sa culpabilité ?

Au-delà de toute considération propre aux faits du dossier et du cas personnel de Vincent Bolloré, cette décision est un échec de plus pour un PNF déjà passablement éprouvé. Pire, il préjudicie grandement au respect des droits de la défense dont les dirigeants doivent pouvoir bénéficier pour la suite de la procédure. Que reste-il des droits de la défense de Vincent Bolloré après qu’il a, lors d’une audience publique amplement relayée dans les médias, répondu par l’affirmative au tribunal qui lui demandait s’il reconnaissait sa culpabilité ? Quelle valeur faut-il accorder à des aveux donnés publiquement en réponse à une offre de sanction finalement révoquée ?

Présomption d’innocence. Les options dans la stratégie de défense des dirigeants du Groupe Bolloré pour le procès à venir se sont, de fait, fortement réduites et un choix qui consisterait pour le dirigeant à nier sa responsabilité pénale est plus difficile à envisager. La présomption d’innocence, dont chacun doit pourtant pouvoir bénéficier jusqu’à l’issue de la procédure, apparaît n’être plus qu’un concept juridique auquel on est prié de croire. En attendant de connaître l’issue de ce dossier, en raison de l’atteinte aux droits de la défense qui en résulte, cette décision va nécessairement mettre un coup d’arrêt au développement du consensualisme dans la procédure pénale. Dans ces conditions, quel dirigeant pourrait raisonnablement envisager d’engager une discussion avec le PNF ?

Il est évident que le tribunal doit rester souverain pour décider d’homologuer ou non un accord conclu entre un prévenu et le parquet, mais pour que la justice pénale négociée puisse réellement prospérer, en confiance, le parquet devra impérativement s’assurer de proposer des accords dont l’homologation semble acquise. A défaut, il n’y aura jamais de place pour une vraie justice pénale négociée.

Arthur Dethomas est avocat aux barreaux de Paris et de New York. Il n’intervient pas dans le dossier Bolloré

Brexit: le Royaume-Uni et l’Allemagne paye les conséquences

Brexit: le Royaume-Uni et l’Allemagne paye les conséquences

Les deux économistes Dorothea Bohnekamp et Holger Müller constatent, dans une tribune au « Monde », le fort recul des investissements et des échanges entre Berlin et Londres symptomatique de la désintégration des relations économiques entre les deux pays qui s‘accélère depuis cinq ans.

Tribune. 

 

Le refus du transporteur allemand DB Schenker de livrer des marchandises outre-Manche en raison de nombreux obstacles commerciaux et réglementaires apparus malgré le traité de libre-échange passé entre l’Union européenne (UE) et le Royaume-Uni paraît symptomatique de la désintégration des relations économiques entre le Royaume-Uni et l’Allemagne, qui s‘accélère depuis cinq ans.

Il a fallu peu de temps pour que les relations commerciales entre les deux pays pâtissent de l’impact du Brexit : entre 2015 et 2019, les exportations allemandes à destination de la Grande-Bretagne, en baisse de plus de 11 %, ont relégué l’économie britannique de la troisième à la cinquième place dans le commerce extérieur allemand.

L’un de ses acteurs les plus dynamiques, le secteur automobile, dont la vente de voitures et de composantes a enregistré une perte de 23 % en Grande-Bretagne durant cette période, se montre particulièrement vulnérable. Cette tendance baissière est appelée à s’intensifier en raison de la dévaluation de la livre sterling (de 13,5 %) face à l’euro, qui s’avère pourtant impuissante à relancer les ventes de produits britanniques en Allemagne, selon les chiffres fournis par la Chambre allemande d’industrie et de commerce.

Pire encore, la désorganisation plus récente des chaînes logistiques entre les deux pays, emblématique de leur forte imbrication industrielle, touche aujourd’hui plus de 54 % des entreprises allemandes implantées outre-Manche, poussant la moitié d’entre elles à rechercher de nouveaux sites de production, à en croire un sondage mené par la Chambre d’industrie et de commerce britannique.

Actuellement, on recense 2 267 entreprises allemandes, soit plus de 439 000 salariés, implantées au Royaume-Uni, et 79 % d’entre elles jugent la situation préoccupante, persuadées que le Royaume-Uni pourrait se classer parmi les économies peu attractives, juste avant… l’Iran !

Un rapport récent de la société d’audit Deloitte indique que le chiffre d’affaires (CA) de ces entreprises a baissé de 24 milliards d’euros depuis 2015 (– 12 %), en particulier celui des constructeurs automobiles (48 milliards de CA en 2019). Données confirmées par le cabinet KPMG, qui a sondé à l’automne 2020 des entreprises allemandes présentes en Grande-Bretagne : 33 % d’entre elles, touchées par l’effondrement du chiffre d’affaires en 2020 – lié bien sûr au Covid-19 – et les coûts supplémentaires générés par le Brexit, souhaiteraient délocaliser leur production vers l’Union européenne.

Les conséquences des élections américaines

Les conséquences des élections américaines

 

Politologue (CNRS, Institut d’études politiques de Grenoble), Pierre Martin est l’un des meilleurs experts français des élections. Il collabore régulièrement à la revue Commentaire., Il analyse les élections américaines dans une interview à l’Opinion

Joe Biden entame son mandat de président américain ce mercredi. Quel regard portez-vous sur l’élection qui l’a porté au pouvoir ?

La première chose à observer est une augmentation absolument stupéfiante de la participation, à 67%. Plus de 11 points depuis la présidentielle de 2016 ! Du jamais vu, ou alors il faudrait remonter à des époques avec lesquelles la comparaison n’aurait pas beaucoup de sens. Notons que les Américains comptent à partir de l’électorat potentiel et non, comme en France, des électeurs inscrits. Suivant nos critères, ce serait une participation beaucoup plus importante que 67%. C’est une participation de crise. Contrairement à ce que l’on entend souvent, une telle hausse brutale dans un contexte de polarisation n’est pas une bonne chose. Cela ne change pas les équilibres, alors qu’il y a des millions d’électeurs supplémentaires. On a un Donald Trump à 46,9% alors qu’il était à 46,1% il y a quatre ans. Joe Biden fait essentiellement les résultats d’Hillary Clinton, avec la majorité de ceux des autres candidats [comme le libertarien Gary Johnson (3,28%) ou l’écologiste Jill Stein (1,07%)]. Biden bénéficie lui aussi de cette augmentation de la participation. Cette mobilisation dans les deux camps est le résultat d’une polarisation entre les électeurs, les partis, les élites politiques, qui se concrétise là de manière exceptionnelle mais dure depuis longtemps et que des travaux universitaires documentent bien. Ce n’est pas un coup de tonnerre dans un ciel serein ! La haine politique, l’antagonisme entre deux Amérique montent depuis quarante ans. On arrive aujourd’hui à l’aboutissement, au résultat de cette montée incessante d’antagonismes entre deux Amérique. C’est évidemment grave.

Quelles en sont les conséquences ?

On avait déjà vu les blocages au Congrès, les tentatives d’impeachment contre les présidents Clinton et Trump, des refus de reconnaître, dans une partie de l’opinion et des élus, les résultats des élections : après l’élection de Trump en 2016, il y a eu des manifestations démocrates disant « Il n’est pas notre président ». Cette très forte augmentation de participation avec polarisation avait déjà eu lieu lors des midterms de 2018. Du côté démocrate, cette polarisation traduit un vote de peur face à Trump et à sa politique. De l’autre côté, chez les républicains, ce que j’appellerais un vote de haine, d’hostilité à l’égard des élites politiques. De ce point de vue, l’attaque du Capitole est significative. Sans rien vouloir excuser, il faut avoir en tête l’ampleur du discrédit des élites parlementaires aux Etats-Unis. Selon le dernier sondage Yougov avant le 6 janvier, 14% des Américains approuvaient l’action du Congrès et 66% la désapprouvaient. Depuis au moins dix ans, le taux d’approbation est inférieur à 20%. Le Congrès et ses dirigeants sont plus massivement rejetés que le président le plus impopulaire.

Si la victoire de Biden est nette, pourquoi les choses sont-elles plus complexes au Congrès ?

C’est le deuxième point de mon analyse : l’apparente contradiction dans les résultats officiels. On observe une assez nette victoire de Joe Biden : 51,4% contre 46,9% des voix, et une majorité de grands électeurs. Pourtant, les démocrates ont perdu dix sièges sur 435, leur majorité est sensiblement réduite. Ils ont progressé au Sénat, mais de manière moins spectaculaire que ce qu’ils attendaient, avec 50/50. Attention aux comparaisons. Pour la présidentielle, on compare à la précédente, quatre ans plus tôt : l’avantage Biden sur Trump est beaucoup plus important que celui de Clinton et il l’emporte, même si l’électorat de Trump résiste. Pour la Chambre des représentants, le mandat, très court, est de deux ans, donc on compare aux midterms de 2018. Or ces élections intermédiaires sont toujours défavorables au pouvoir. En 2018, il y avait donc un avantage démocrate, supérieur à celui de cette fois-ci, parce que le vote pour le Congrès se recoupe très étroitement avec celui pour la présidence. C’est une conséquence de la polarisation : les électeurs ne font plus la différence entre le candidat à la présidentielle et celui au Congrès. A la Chambre des représentants, les républicains ont redressé la barre depuis deux ans, alors que les démocrates s’attendaient à un rejet massif, que les sondages leur laissaient espérer. Au Sénat, renouvelable par tiers tous les deux ans, il faut comparer par rapport à des résultats il y a six ans : c’était les dernières midterms d’Obama. Les démocrates étaient alors au pouvoir et c’était donc des élections assez favorables aux républicains. Mais encore une fois, les républicains ne se sont pas effondrés en 2020.

«Sous Reagan, les élites économiques et financières soutenaient le Parti républicain. Ce n’est plus le cas, parce que ces élites ne sont plus les mêmes: ce sont les Gafa et plus General Motors»

Qu’est-ce que les résultats disent des forces politiques aux Etats-Unis ?

Il faut d’abord analyser ce que sont les élites dirigeantes. Dans les démocraties représentatives et depuis les années 1980, les élites mondialisatrices ont remplacé les élites qui avaient construit les Etats-nations au XIXe siècle. Le cœur de ces élites mondialisatrices, ceux que les conservateurs américains appellent les « globalistes », est aux Etats-Unis,parce que ce pays est le cœur du système. Ce n’est pas une classe dirigeante au sens marxiste, mais un réseau d’élites à la fois cosmopolites – sans connotation péjorative –, sécularisées dans la lignée des évolutions culturelles remontant aux années 1960, et libérales au point de vue économique. Le Parti démocrate correspond à ces élites alors qu’auparavant, le Parti républicain était la force des élites industrielles, intellectuelles, administratives yankee qui ont construit les Etats-Unis à partir du XIXe siècle. Sous Reagan, les élites économiques et financières soutenaient le Parti républicain. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas, parce que ces élites ne sont plus les mêmes. Ce sont les Gafa et plus General Motors. Cela correspond à la sociologie des grandes métropoles, ce que les conservateurs appellent les « élites côtières » : le Nord-Est et le Pacifique. Nous avons là le cœur des centres de production de valeur. Ces milieux soutiennent massivement le Parti démocrate, ce qui explique d’ailleurs qu’il a beaucoup plus d’argent que le Parti républicain.

Et pourtant, le Parti démocrate continue à recueillir les suffrages d’une partie des classes défavorisées…

L’électorat démocrate ne se réduit pas à ces élites. Il y a évidemment une partie des milieux les plus modestes et des classes moyennes, sans lesquels aucun parti ne peut numériquement gagner les élections. Les milieux très modestes sont des soutiens des démocrates. Il y a la communauté noire, soit 13 % du corps électoral : un vote massif, de communauté. Par contre, les communautés d’immigration hispanique et asiatique sont plus divisées, même si elles votent en majorité démocrate. On a trop tendance à insister sur les caractères ethnoraciaux dans les analyses de vote. Hispaniques et Asiatiques sont des immigrants ou des descendants d’immigrants : ce n’est pas du tout la même chose que la question noire.

Quels facteurs déterminent davantage le vote ?

Ce qui joue, c’est la différence entre ceux qui sont dans les grandes métropoles et ceux dans des zones plus déshéritées, comme le sud du Texas ou de la Californie. Ce sont peut-être des gens qui sont en train de rejoindre le vote rural blanc en faveur des républicains, parce qu’ils identifient les démocrates aux élites urbaines. La question culturelle joue également beaucoup avec le phénomène général de sécularisation. Aux Etats-Unis, on part d’une société qui était beaucoup plus religieuse que l’Europe et surtout la France. Chez nous, il y a des affrontements politiques qui ont abouti à un changement de paradigme : aucune force importante qui entend gagner les élections ne peut, par exemple, dire qu’elle veut interdire l’avortement. Aux Etats-Unis, le processus de sécularisation a été important mais il est toujours l’objet d’un conflit avec une minorité importante de l’opinion, hostile à l’avortement ou à l’homosexualité. Depuis les années 1980, deux camps s’opposent et ce sont les républicains qui rassemblent les conservateurs religieux, alors que les démocrates sont le parti des élites sécularisées. Or les conflits d’ordre culturel sont plus difficiles à résoudre, parce que c’est plus compliqué de trouver des compromis.

Un million d’enfants et enseignants testés : quelles conséquences ?

Un million d’enfants et enseignants testés : quelles conséquences ?

 

il se confirme chaque jour dans différentes études que les scolaires constituent des vecteurs privilégiés de diffusion du virus. Certes les enfants sont rarement malades eux-mêmes mais ils transmettent la pandémie.

 

 Ce qu’a montré en particulier une étude anglaise où le virus fait des ravages. Or la France a fait pour l’instant le choix de ne pas fermer les écoles. La mise en place d’un grand plan de détection du virus pourrait amener le gouvernement à revoir sa position

Le gouvernement a annoncé jeudi le dépistage d’un million d’élèves et d’enseignants par mois pour mieux lutter contre le Covid-19. Mais toutes les modalités de l’opération ne sont pas encore connues.

Le JDD a contacté le ministère de l’Education pour obtenir des précisions, tandis que Jean-Michel Blanquer a déjà commencé à livrer jeudi quelques éléments de réponse: 

Où seront effectués les tests? Dès que trois cas de contamination seront identifiés dans un établissement, tous les personnels et élèves se verront proposer un test dans les 48 heures. D’autres établissements se verront proposer un dépistage massif, si l’Agence régionale de santé (ARS) locale le juge utile, par exemple dans un secteur où le virus circulerait particulièrement.

 

Qui sera concerné? Les tests seront réalisés sur la base du volontariat et, concernant les collégiens et lycéens, avec l’autorisation préalable des parents. Olivier Véran a précisé jeudi que les enfants pourront être testés à partir de l’âge de 6 ans (avec accord parental également), mais ils le seront seulement si nécessaire, par exemple dans la situation d’un dépistage massif opéré à l’échelle d’une ville – comme il y a eu cette semaine à Bagneux (Hauts-de-Seine) ou Roubaix (Nord).

Quels types de tests utilisés? Ce seront d’abord des tests antigéniques, mais, dans les zones géographiques où le variant britannique est suspecté de circuler, des tests PCR (nécessaires pour permettre le séquençage) pourront être pratiqués.

Qui va pratiquer ces tests?

C’est la question la plus épineuse. « L’Education nationale, seule, ne peut pas assurer un dépistage aussi massif, assure Philippe Vincent, secrétaire général du syndicat des directeurs d’établissement Snpden-Unsa.

Que se passera-t-il après la campagne de dépistage?

Pour les élèves positifs ou cas contact, la procédure habituelle s’applique.  »Mais, une fois la campagne de dépistage à l’échelle d’un établissement terminée, à quel moment devra-t-il être fermé? », s’interroge la syndicaliste Frédérique Rolet.

 

« Coronavirus : des conséquences politiques (institut et Elabe)

 « Coronavirus : des  conséquences politiques (institut et Elabe)

 

Bernard Sananès, président d’Elabe prévoit des conséquences politiques suite à la crise sanitaire dans une interview des Echos

Après une année 2020 marquée par une crise sanitaire séculaire, quel regard portez-vous sur la société française ?

Elle a été marquée par l’inquiétude pesante née des deux vagues de la crise sanitaire , des deux confinements, et de la crise économique et sociale. Pourtant elle a fait preuve d’une forme de résilience. Mais les signaux d’alerte sur le moral des Français, sur les souffrances vécues par les plus exposés sont réels. Qu’en sera-t-il si une troisième vague épidémique survient et si l’absence de perspectives perdure ? On ne sait pas si les Français pourront encaisser les chocs encore longtemps. Tout cela aura un impact direct sur la séquence 2021-2022.

Quel bilan politique peut-on tirer de 2020 ?

Il y a eu une critique forte de la gestion de la crise, après l’épisode des masques. Mais surtout je note que les Français ont mis la politique à distance. Ils sont d’abord dans le « sortez-nous de là ». C’est comme si le virus avait anesthésié la vie politique pendant un an. Il n’y a pas eu de mouvements marquants dans l’opinion. Ainsi, Emmanuel Macron affichait une cote de confiance de 32 % en janvier 2020 dans notre baromètre et il se situe exactement au même niveau en décembre.

Emmanuel Macron en sort-il affaibli ou renforcé ?

Ni l’un ni l’autre. Il n’a pu compter sur aucun effet d’unité nationale et n’est pas parvenu non plus à la susciter, ce qui est un signe de faiblesse. A l’inverse, les critiques sur la gestion de la crise n’ont paradoxalement pas généré d’impopularité supplémentaire. Le moment de juger la gestion de cette crise n’est pas encore venu car les Français vivent sous inquiétude maximale. Les conséquences politiques n’ont pas encore été tirées.

Qu’en est-il de ses oppositions de droite et de gauche ?

C’est exactement pareil pour les oppositions. Les opposants politiques d’Emmanuel Macron restent dans leur couloir et personne n’a réussi à capter l’attention malgré les critiques, et parfois la colère, sur la gestion de la crise. Aucun leader n’a émergé dans l’opinion ou n’a vu sa cote de confiance progresser. La situation avait été la même pendant la crise des « gilets jaunes », personne n’en avait profité en termes d’opinion.

Comment peut-on interpréter la réticence d’une majorité de Français à se faire vacciner ?

Cette méfiance ajoute à la défiance générale des Français celle liée à la gestion de la crise. La défiance par rapport au vaccin est installée depuis longtemps, après notamment l’épisode de la grippe H1N1. Le doute s’est ajouté tout au long de 2020 et les Français sont nombreux à ne pas avoir encore décidé s’ils se feront vacciner. La campagne vaccinatoire devra donc lever les freins, en s’appuyant notamment sur le rôle central des médecins. La dernière enquête que nous avons réalisée montre que c’est leur avis qui comptera en premier dans le choix de chacun. Cette crise montre plus largement que la parole publique est l’autre victime du coronavirus. Qui croire ? A qui faire confiance ? Ce contexte pèsera sur la campagne présidentielle.

Le populisme a été battu aux Etats-Unis, ne se porte pas bien en Grande-Bretagne. Est-ce ça peut avoir une influence en France ?

Cela n’aura pas forcément d’influence directe sur la France. Mais se consolide un large espace pour un vote protestataire ou pour une prise de distance qui se manifesterait par l’abstention.

Peut-on dire que le Brexit, le Covid et la question du vaccin ont renforcé l’Europe et affaibli les eurosceptiques comme Le Pen ou Mélenchon ?

L’Europe a été jugée sévèrement au début de la crise, moins au cours de la deuxième vague car elle a été considérée comme plus présente. Elle sera jugée sur l’efficacité de la stratégie vaccinatoire et aussi sur celle du plan de relance. Si elle montre qu’elle est capable de protéger les Européens, elle en sortira renforcée.

Les écologistes sont-ils en perte de vitesse après leurs succès électoraux de 2019 et 2020 ou peuvent-ils espérer transformer l’essai ?

Ils ne l’ont pas encore fait. Les polémiques suscitées par certains nouveaux maires, les rivalités internes et les difficultés à se faire entendre sur d’autres sujets que l’environnement ont joué. Ils n’ont pas acquis la centralité qu’ils recherchaient et la recomposition de la gauche ne se fait pas autour d’eux, comme cela avait été dit au lendemain des municipales.

A seize mois de l’échéance, comment se présente l’élection présidentielle de 2022 ?

Il est encore trop pour dire quel sera le contexte et le « momentum » de la campagne électorale. La France sera-t-elle sortie de la crise sanitaire ? Et quelle sera l’intensité de la crise économique ? Se posera alors une question clé. Les Français se demanderont si la crise sanitaire a été une nouvelle preuve du déclin de la France ou si, au contraire, elle a montré la résilience du modèle français. Pour l’instant, il n’y a pas une réponse qui s’impose. Ce sera évidemment important pour Emmanuel Macron car s’il réussit à faire redémarrer le pays, il en sera crédité. Mais si la France s’enfonce dans la récession, le « quoi qu’il en coûte » sera jugé différemment car les Français se diront qu’il aura été une parole forte, mais insuffisamment efficace sur la durée.

Quels seront les thèmes forts de cette campagne ? La crise sanitaire aura-t-elle un impact ?

Emmanuel Macron se positionne depuis plusieurs mois sur des thèmes qui sont importants aux yeux des Français, à commencer par la protection. C’est vrai pour le régalien et aussi la défense de l’environnement. En faisant ainsi, il veut priver d’air la droite et les écologistes en occupant leur espace. Mais sera-t-il perçu comme crédible dans les habits du Président protecteur ? Rien n’est moins sûr.

Quels sont les points forts et les points faibles d’Emmanuel Macron, probable candidat à sa réélection ?

Parmi ses points forts, la stratégie du « qui d’autre que lui » fonctionne à plein sur son socle et sur une partie des électeurs de droite, même si ces derniers émettent des critiques. A noter aussi que s’il est plus populaire parmi les retraités, il l’est aussi chez les jeunes, dont la participation électorale reste plus aléatoire. Enfin, le niveau d’hostilité à son encontre a diminué. Parmi ses points faibles, je note son incapacité à rassembler les Français. Un quart des Français pense qu’il en est capable, ce qui est très faible pour un président sortant. Il doit aussi montrer qu’il peut reprendre le fil de son quinquennat s’il veut faire passer le message qu’il en faut un second pour ancrer les réformes.

Le match retour avec Marine Le Pen est-il écrit d’avance ?

Si cela peut paraître comme le scénario le plus probable, il ne faut pas oublier que rien n’est écrit. Ni la feuille de match ni le résultat de la finale. Emmanuel Macron n’a pas dessiné le chemin de sa réinvention, comme il l’avait promis au printemps. Tout l’enjeu pour lui est de convaincre son socle qu’il n’y a pas d’alternative au premier tour et de contenir le « tout sauf Macron » au second. De son côté, Marine Le Pen, première opposante, n’est toujours pas perçue comme une alternative crédible pour diriger le pays.

Les conséquences graves de l’extraterritorialité des sanctions américaines

 Les conséquences graves de l’extraterritorialité des sanctions américaines 

 

Guillaume Tissier, président de CEIS et co-organisateur du Forum International de la Cybersécurité (FIC) évoque les conséquences considérables de l’extraterritorialité juridique américaine dans la Tribune

 

Dans une recommandation récente (https://home.treasury.gov/system/files/126/ofac_ransomware_advisory_10012020_1.pdf), le Département du Trésor Américain menace de sanctions les entreprises qui paieraient une rançon aux groupes cybercriminels après une attaque en ransomware, ces paiements pouvant être considérés comme un contournement des sanctions US à l’égard de certains groupes cybercriminels.

Cette affaire fait suite à l’attaque ayant visée Garmin, la société étant soupçonnée d’avoir payé une rançon de 10 millions de dollars à des individus supposés être proches de The EvilCorp pour récupérer ses fichiers chiffrés avec WastedLockers. Sont également visés :  Eugene Bogachev, le créateur de Cryptolocker, les deux développeurs iraniens de Samsam, les groupes nord-coréens Lazarus, Bluenoroff et Andariel.

Cette recommandation de l’OFAC (Office of Foreign Access Control), service en charge de l’application des sanctions économiques et commerciales américaines contre les pays et organisations étrangères, représente un vrai risque pour les entreprises non américaines et notamment européennes, qui pourraient se voir sanctionnées par les autorités américaines pour des paiements de rançon passés ou futurs. C’est encore une fois la politique extraterritoriale agressive des autorités américaines qui est en cause. D’autant que l’OFAC recommande en même temps aux entreprises concernées par ces cas de figure de prendre contact avec ses services pour examiner la situation avant paiement de toute rançon, ce qui reviendrait potentiellement à signaler toute négociation à l’administration américaine.

 

Sont d’ailleurs concernés non seulement les entreprises victimes mais également leurs partenaires « cybersécurité ». Notons enfin que la limitation des sanctions à quelques groupes ne limite en rien les possibilités de l’administration américaine : les groupes cybercriminels étant des nébuleuses aux contours très flous, de simples indices pointant vers tel ou tel groupe suffiraient à engager la responsabilité des entreprises concernées.

Il est bien sûr tout à fait déconseillé de payer des rançons, qui financent les groupes cybercriminels et contribuent à l’accélération des attaques par rançongiciel, mais outre le fait que ce n’est pas à l’administration américaine de traiter de cas concernant des entreprises européennes, les entreprises qui subissent des attaques en rançongiciel ne doivent pas être traitées comme des complices des cybercriminels mais bien comme des victimes. Elles doivent être accompagnées comme telles, tant au plan technique que juridique. Et l’on sait bien que lorsque toutes les solutions techniques ont été épuisées sans succès, le paiement est malheureusement parfois la solution de dernier recours pour tenter de retrouver ses données et la maitrise de son système d’information.

La réponse française et européenne face à cette nouvelle menace de l’extraterritorialité américaine doit donc être double : une réponse politique et législative (cf. le rapport de M. Raphaël Gauvain, député de Saône-et-Loire, intitulé « Rétablir la souveraineté de la France et de l’Europe et protéger nos entreprises des lois et mesures à portée extraterritoriale ») pour installer un rapport de force face aux velléités de l’administration américaine ; une réponse opérationnelle, associant les professionnels de la cybersécurité et les assureurs, permettant aux entreprises concernées de bénéficier de toute l’assistance requise dans ce type de situation.

Crise sanitaire : « les conséquences graves chez les élèves »

Crise sanitaire : « les conséquences graves chez les élèves »

La crise sanitaire ne sera pas sans dommage pour l’enseignement et les élèves pour  Andreas Schleicher , à la tête de la direction de l’éducation et des compétences de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Il est également conseiller spécial du secrétaire général, chargé de la politique de l’éducation. Il a notamment lancé le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (Pisa).( Interview dans l’Opinion)

Pendant ce reconfinement, l’école reste ouverte en France. Une décision que vous saluez.

Oui, tant la fermeture des écoles au printemps a eu des conséquences négatives. A court terme, pour les élèves qui ont « décroché », mais aussi, à plus long terme, sur les apprentissages en général. Il est encourageant de constater que, dans ce nouveau confinement, le maintien de l’ouverture des écoles a désormais la priorité sur celui des bars et des restaurants.

Avec le recul, quels sont les pays de l’OCDE qui se sortent le mieux de cette période ?

Les pays qui ont des systèmes éducatifs misant sur l’innovation et la coopération tirent leur épingle du jeu. Comme le Danemark, l’Estonie, plusieurs régions en Allemagne et une large partie de l’Asie. Ils ont pour caractéristique commune de donner une très large marge de manœuvre aux enseignants, mais aussi aux responsables des établissements. L’autonomie professionnelle, l’éducation collaborative ne sont pas que des mots. Face à une situation de crise, elles permettent d’être plus agile et plus résilient.

« Les professeurs, dans leur grande majorité, travaillent de façon trop isolée, sans coopérer avec leurs collègues, sans être incités à prendre des initiatives »

A cet égard, quelles sont les principales lacunes du système français ?

Les professeurs, dans leur grande majorité, travaillent de façon trop isolée, sans coopérer avec leurs collègues, sans être incités à prendre des initiatives. Bien sûr, des initiatives individuelles formidables existent mais, globalement, le travail en solitaire est ancré dans les habitudes et dans les mentalités. Pour prendre une image, l’éducation pourrait s’inspirer de l’hôpital où les médecins soignent, mais font aussi de la recherche, expérimentent, échangent sur leurs pratiques. C’est ce qui manque au système éducatif français : s’intéresser systématiquement à ce que fait son voisin.

Quelles formes concrètes prend cette collaboration dans d’autres pays ?

L’exemple extrême est celui de la Chine où les enseignants y consacrent la moitié de leur temps. Ils échangent beaucoup avec leurs collègues, discutent avec les parents. Ils ne sont pas seulement des « profs », ils sont aussi des mentors, des coachs, des animateurs et des travailleurs sociaux vis-à-vis de leurs élèves. Cette conception de l’éducation a également cours dans les pays scandinaves comme le Danemark, la Finlande ou l’Estonie. Dans dix ans, ce dont les élèves se souviendront peut-être le plus, c’est l’enseignant qui a veillé sur eux, qui a été à l’écoute et qui les a aidés à aller de l’avant. En période de pandémie, l’école reste souvent un repère de stabilité. L’Espagne s’est bien débrouillée aussi, notamment parce que les partenariats public-privé ont été multipliés et des initiatives très intéressantes pour l’éducation par de multiples canaux, notamment en ligne, à la télévision et à la radio, ont été prises.

« On arrive à un coût stupéfiant à long terme de 2 000 milliards d’euros pour la France » 

L’OCDE a commencé à mesurer les conséquences des pertes dans les apprentissages. Quelles sont-elles ?

Il est naturel qu’une grande partie de l’attention du public se concentre aujourd’hui sur les défis à court terme en matière de santé et d’emploi. Mais les lacunes dans l’apprentissage qui découlent des fermetures d’écoles jetteront une ombre durable sur le bien-être économique des individus et des nations. Les personnes moins qualifiées seront moins productives, moins aptes à participer aux activités économiques et sociales et plus susceptibles de bénéficier de transferts sociaux. Et contrairement à l’impact économique direct de la pandémie, qui sera temporaire, ces effets se feront probablement sentir longtemps. Pour dire les choses simplement, nos écoles d’aujourd’hui sont nos économies de demain. Nous estimons que les élèves peuvent s’attendre à une baisse de revenus de quelque 3 % sur l’ensemble de leur vie. Ce calcul est basé sur des pertes d’apprentissage déjà équivalentes à un tiers de l’année scolaire en moyenne. Projeté sur nos économies, on arrive à un coût stupéfiant à long terme de 2 000 milliards d’euros pour la France. Et ce n’est que la moyenne. Les effets pour les élèves issus de familles défavorisées seront beaucoup plus importants.

Vous échangez souvent avec le ministre Jean-Michel Blanquer. Quelle appréciation portez-vous sur sa gestion de la crise ?

Jean-Michel Blanquer est sans doute l’un des meilleurs experts de l’éducation, et l’expertise est rare parmi les principaux décideurs politiques en Europe. Le problème majeur est le poids de la bureaucratie qui rend très difficile la mise en place de pratiques innovantes dans le système scolaire. L’idéal serait d’inclure les enseignants dans l’élaboration des politiques éducatives. Il n’est pas difficile d’introduire de nouvelles idées à l’école. Mais il est bien plus important de trouver ce qui fonctionne vraiment dans les salles de classe, de les mettre à l’échelle et de les diffuser. Lors d’une crise, la question n’est pas de savoir combien de personnes suivent les instructions, mais plutôt quelle est la qualité de leur collaboration

Incendies en Californie : des conséquences jusqu’en France

Incendies en Californie : des conséquences jusqu’en France

Des fumées « très diluées » provenant des incendies qui ravagent la Californie aux États-Unis depuis plusieurs jours ont traversé près de 9 000 kilomètres en « cinq à six jours » pour arriver dans le nord de la France, a constaté le prévisionniste de Météo France François Jobard samedi 12 septembre sur franceinfo. Ce phénomène est dû à un « courant-jet d’altitude ».

« Selon les premières modélisations, on a pu constater que ces particules de fumée qui sont rejetées en très grosse quantité au-dessus de la Californie ont pu prendre, pour certaines parties, une trajectoire vers l’est, le nord-est, traverser le nord des États-Unis puis finir par traverser l’Atlantique portées par les vents d’Ouest », décrit François Jobard. Ces particules ont poursuivi leur trajectoire « de façon très diluée » en traversant l’Atlantique pour se retrouver à partir de ce vendredi « essentiellement sur les îles britanniques, mais une partie fortement diluée a pu traverser le nord de la France, entre vendredi et ce samedi matin ».

Le prévisionniste estime que ces fumées qui « sont présentes vers six à huit kilomètres d’altitude » ont été prises dans un « courant-jet », c’est-à-dire un courant d’air rapide et confiné en altitude, de vent d’Ouest et allant vers l’Est. Ce phénomène « met en évidence les courants dans l’atmosphère », relève-t-il.

Le coronavirus : conséquences néfastes sur le progrès médical

Le coronavirus : conséquences néfastes sur le progrès médical

 

 

L’attention  majeure concentrée sur le Coronavirus se fait au détriment du traitement d’autres maladies affirme l’organisation mondiale de la santé. En cause, le fait que certaines pathologies lourdes sont décalées dans leur traitement voir ignorées D’après une enquête mondiale de l’OMS,  parmi les services les plus touchés figurent les vaccinations de routine (70%), le planning familial (68%) et le diagnostic et le traitement du cancer (55%), tandis que les services d’urgence ont été perturbés dans près d’un quart des pays ayant répondu.

La région de Méditerranée orientale, qui s’étend jusqu’à l’Afghanistan, la Syrie et le Yémen, a été la plus touchée, suivie par l’Afrique et l’Asie du Sud-Est, selon le rapport. Le continent américain ne fait pas partie de l’enquête.

Depuis que les cas de COVID-19 ont été identifiés pour la première fois en décembre, le SARS-CoV-2 a entraîné la mort de près de 850.000 personnes dans le monde, selon le dernier décompte de Reuters.

Les chercheurs estiment que les décès non liés au coronavirus ont également augmenté à certains endroits, en partie à cause des perturbations des services de santé, bien que celles-ci soient plus difficiles à calculer.

Il est “raisonnable de prévoir qu’une perturbation même modeste des services de santé essentiels pourrait entraîner une augmentation de la morbidité et de la mortalité due à des causes autres que le COVID-19 à court, moyen et long terme”, dit le rapport.

L’impact pourrait perdurer bien après la pandémie, met en garde l’OMS, car en essayant de rattraper le retard dans les services, les pays peuvent se retrouver dépassés par le manque de ressources.

Coronavirus : une des conséquences aussi des atteintes à la biodiversité.

Coronavirus : une des conséquences aussi des atteintes à la biodiversité.

 

Un collectif* de responsables environnementaux met en cause dans le JDD les atteintes à la diversité.

 

« Le coronavirus n’est que l’un des symptômes du dysfonctionnement de nos sociétés mondialisées dont l’une des conséquences est la transmission facilitée d’agents infectieux entre les animaux sauvages et l’humain. Même si la littérature scientifique en fait déjà état depuis plusieurs dizaines d’années, il n’est plus possible d’ignorer les liens existants entre déforestation, commerce d’espèces sauvages, agriculture intensive ou artificialisation des sols et incidence de maladies infectieuses chez l’homme. La presse nationale et internationale s’est d’ailleurs très largement faite le relais de ces constats et l’ensemble de la classe politique semble s’être rangé derrière les appels croissants à un changement de société, socialement et environnementalement plus juste. Comment ne pas formuler ce vœu?

Face à cette crise sanitaire, et à la crise économique majeure qui s’annonce, il est frappant de trouver une communauté d’origine avec la crise climatique et le déclin dramatique de la biodiversité. Nous nous devons de profiter du « jour d’après » pour tenter de résoudre transversalement l’équation, d’autant que nos efforts en la matière restent pour le moins insuffisants.

Cette réalité est appréhendée de façon différente selon nos sensibilités mais elle se traduit déjà par des projets de relance de l’économie d’une ampleur jamais atteinte et par des projets de relocalisation massifs. Que notre gouvernement se consacre à cette priorité est tout à fait légitime mais nous croyons qu’il est tout aussi légitime de privilégier dans sa démarche la construction d’une économie résiliente, centrée sur la préservation de la nature et des services qu’elle nous rend.

Ainsi, quel que soit le plan qui sera retenu il est impératif que les États ne privilégient pas des stratégies de relance à court terme au détriment de leurs engagements climatiques et environnementaux. En d’autres termes, le répit que vit la planète pendant que nous sommes confinés ne doit pas se transformer en sursis.

La France est entrée en récession et il nous sera extrêmement difficile de soutenir une économie dont la vulnérabilité est exacerbée par les effets du changement climatique. Nous savons qu’il est déjà impossible à certains territoires d’accueillir de nouvelles entreprises, faute d’une ressource en eau de qualité, en quantité suffisante. L’an dernier, en France, 85 départements faisaient l’objet de restrictions d’usage du fait d’une sécheresse généralisée et les pénuries, qui se multiplient dans un contexte climatique changeant, remettent aujourd’hui en question la pérennité d’activités économiques historiques.

Des territoires vulnérables aux aléas climatiques sont le support d’activités économiques fragiles 

Notre capacité à rembourser la dette que nous allons contracter pour relancer notre économie est fortement conditionnée à la capacité de notre pays à s’adapter au changement climatique. C’est une priorité, car des territoires vulnérables, dont les fonctionnalités écologiques ont été dégradées, sont eux même le support d’un tissu économique fragile.

En toute logique, si nous voulons rebâtir une économie résiliente, nos territoires ruraux et urbains doivent eux aussi êtres résilients aux effets du changement climatique, capables de protéger la ressource en eau (en préservant les stocks naturels et en l’épurant), de conserver leur stock de carbone naturel, de préserver les paysages, les espaces et les espèces, non pas uniquement pour leur intérêt propre mais parce qu’ils sont indispensables à toute vie et à toute activité économique. Il en va ainsi de l’ensemble des écosystèmes et notamment des milieux humides : des marais, des mangroves, des récifs coralliens, des tourbières, des prairies inondables, des lagunes, des mares et des étangs, en passant par l’ensemble des cours d’eau, ruisseaux et chevelus de tête de bassins versants (qui sont les châteaux d’eau naturels de la France).

Depuis des années, nous détruisons nos espaces naturels. 7 m2 de nature sont bétonnés chaque seconde dans le monde. Ce qui est vrai au Brésil l’est aussi chez nous, d’autant que nous contribuons à cette destruction en important des produits issus de la déforestation. Depuis le début du 18e siècle, ce sont 87% des zones humides mondiales qui ont été́ détruites ou dégradées.

Selon le Secrétariat de la Convention de Ramsar*, entre 1970 et 2015, environ 35% des zones humides de la planète ont disparu et le rythme de disparition s’est accéléré depuis 2000. Aucune région n’est épargnée. Nous ne pouvons plus nous permettre l’indécence de détruire notre planète dans une logique de profit à court terme et, avec elle, les services vitaux qu’elle nous rend gratuitement. Il s’agirait d’une perte à moyen-long-terme.

Cette crise nous offre l’opportunité de faire de l’adaptation au changement climatique les nouveaux déterminants de nos politiques publiques

Après la crise sanitaire, il existe un véritable risque pour que la destruction de nos écosystèmes se poursuive dans l’indifférence générale. Les responsables politiques doivent aujourd’hui prendre conscience que la relance de notre économie est illusoire si elle contribue à neutraliser les services que nous rend la nature, et si elle se fait au mépris des solidarités territoriales.

Au-delà de ses multiples conséquences sociales et économiques, cette crise nous offre en effet l’opportunité de faire de l’atténuation et de l’adaptation au changement climatique les nouveaux déterminants de nos politiques publiques, dans lesquelles les zones humides ont un rôle majeur à jouer. Ces terres d’eau sont des territoires pionniers pour la transition écologique et sociale et, comme « solutions fondées sur la nature » (SFN), elles sont plus que pertinentes pour répondre aux grands défis sociétaux : santé, sécurité alimentaire, approvisionnement en eau …

Définies par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), les SFN consistent à protéger, gérer de manière durable et restaurer des écosystèmes pour relever directement les défis de société. Elles sont à ce titre plébiscitées dans les derniers rapports du GIEC, de l’IPBES et des Nations Unies sur l’eau et le changement climatique, comme étant indispensables pour répondre à de nombreux enjeux planétaires relatifs à l’eau, et apporter dans le même temps des avantages dans tous les domaines du développement durable.

Le « jour d’après » doit donc privilégier dès que possible cette approche, dans une logique de maintien de l’approvisionnement en eau douce face à une demande qui risque de croitre rapidement du fait de la relocalisation des filières stratégiques sur le sol français.

Aujourd’hui nous devons enfin faire rimer économie et climat, relance et services écosystémiques, emploi et préservation de la biodiversité. Alors, renonçons à mettre à l’agenda politique des projets de loi qui mettent à mal le droit de l’environnement et, au contraire, mettons à l’honneur l’atténuation et l’adaptation au changement climatique et les solutions fondées sur la nature pour enrayer la lente agonie des terres d’eau, pourtant vitales pour l’humanité. »

*La Convention sur les zones humides, aussi appelée Convention de Ramsar, est le traité intergouvernemental qui sert de cadre à la conservation et à l’utilisation rationnelle des zones humides et de leurs ressources. Adoptée dans la ville iranienne de Ramsar, en 1971, entrée en vigueur en 1975 et ratifiée par la France en 1986, près de 90% des États Membres de l’ONU sont désormais parties à la convention.

Les administrateurs de Ramsar France :

  • Frédérique Tuffnell, Députée de Charente-Maritime
  • Jérôme Bignon, Sénateur de la Somme, Président de Ramsar France
  • Luc Barbier, Président du CEN Nord Pas-de-Calais
  • Laurent Godé, Secrétaire de Ramsar France
  • Olivier Hubert, Directeur de la Maison du lac de Grand-Lieu
  • Jean Jalbert, Directeur général de la Tour du Valat
  • Thierry Lecomte, Docteur en Biologie des Organismes et des Populations
  • Geneviève Magnon, Chargée de mission à l’EPAGE Haut-Doubs Haute-Loue
  • Michel Métais, Président du Conseil de développement Rochefort-Océan
  • Alain Salvi, Président du CEN Lorraine
  • Yves Verilhac, Directeur de la LPO

Autres signataires :

  • Philippe Alpy, Président de l’EPAGE Haut-Doubs Haute-Loue
  • Didier Babin, Président du comité français du programme Man and Biosphere
  • Michèle Bazin, Présidente du Forum des Marais Atlantiques
  • Bernard Cressens, Président du comité français de l’Union internationale de conservation de la nature
  • Jean-Marie Gilardeau, Président de la Fédération Nationale des Associations Syndicales de Marais
  • Christophe Lépine, Président de la Fédération des Conservatoires d’espaces naturels, structure

porteuse du pôle-relais Tourbières

  • Bernard Lenglet et Frédéric Molossi, co-présidents de l’Association Nationale des Elus de Bassin
  • Rémi Luglia, Président de la Société Nationale de Protection de la Nature
  • Charlotte Meunier, Présidente de Réserves Naturelles de France
  • Didier Réault, Président de Rivages de France
  • Michaël Weber, Président de la Fédération des Parcs Naturels Régionaux

Après le Coronavirus: des conséquences économiques et sociales considérables

Après Coronavirus: des conséquences économiques et sociales considérables 

C e qui caractérise la compétence des politiques, c’est leur capacité à anticiper les événements et la pertinence de leurs décisions en cas de crise. De ce point de vue, le gouvernement actuel ne répond à aucun de ces deux critères.

Pour la crise sanitaire, il est clair qu’il a toujours environ trois semaines de retard. Pour preuve en est toujours dans l’incapacité dans une situation de guerre de produire et de fournir les masques nécessaires. Pour l’instant à la fin du mois de mars la France peut produire au maximum 8 000 masques  quand il en faudrait près de 40 000 par semaine. Deux mois après le début de la crise sanitaire mondiale, la France ne peut annoncer que des commandes  dont on attend désespérément la venue.

Le Premier ministre s’est  même refusé à toute réquisition. Ne parlons pas de la carence en matière d’appareils respiratoires, de médicaments de traitement et surtout de personnel. Ce que Macron a été capable d’annoncer, c’est une prime et plus tard c’est-à-dire à la saint-glinglin un plan massif pour l’hôpital sans rien préciser de son contenu.

 Sur le plan économique, l’impréparation du gouvernement est peut-être encore plus dramatique. En effet, la France va connaître une dépression inconnue depuis la seconde guerre mondiale voire depuis 1929. Nombre d’entreprises ne pourront pas résister à cette crise en dépit des prêts qu’on leur propose. On va assister à des défaillances massives surtout de PME mais pas seulement ( les dégâts seront terribles dans le transport aérien, dans le tourisme dans la restauration notamment). Les hypothèses de baisse de croissance évoquée par le gouvernement comme par des experts sont ridicules.

 Il y a encore quelques jours, Bruno Lemaire évoquait une baisse du PIB de l’ordre de 1 % annulant ainsi l’objectif de 2020. Ensuite, il a parlé d’une baisse du PIB de 1 %. Certains experts qui ne veulent pas désespérer les acteurs économiques et les ménages ont parlé de 5 %. Des hypothèses complètement fantaisistes et irresponsables car elles ne permettent pas de préparer la sortie de crise.

Sur la tendance nous perdons actuellement environ 3 % de croissance du PIB par mois. Au minimum la baisse sera de 20 % à condition de relancer la dynamique économique à la rentrée. Pour l’instant, il n’y a pas la moindre esquisse d’un plan de sortie. Comme il ne faut pas trop compter sur une reprise à l’identique du commerce international qui va mettre du temps à se restructurer et à se réveiller, il convient évidemment de relancer un plan sans précédent d’investissements en direction des équipements collectifs et des activités de la vie et de l’environnement. Parallèlement, il convient aussi de soutenir le pouvoir d’achat des ménages pour que ce dernier -qui soutient la croissance française- ne s’écoule pas brutalement .

 Pendant la crise en effet nombre de dépenses ont été reportées par les ménages mais beaucoup ont été simplement et purement annulées. La crainte de l’avenir, avec la vague de défaillance d’entreprise et la montée  du chômage, rendra ses ménages encore très prudents. Il faudra aussi prévoir une crise de l’immobilier car nombre de ménages ayant emprunté de manière excessive au regard de l’évolution des revenus ne pourront faire face à leurs charges financières. Bref si l’on veut mieux faire face à la crise économique qu’on a fait face à la crise sanitaire, il est grand temps de s’en préoccuper afin d’essayer de relancer la machine dès la rentrée voir dès l’été si le Coron virus est maîtrisé d’ici là.

Le pétrole à 20 dollars : des conséquences à terme

Le pétrole à 20 dollars : des conséquences à terme

Le cours du baril s’est écroulé tombant même lundi à 20 $. Un baril qui était autour de 60 $ début de l’année. Les conséquences sont pour l’instant bénéfique pour le consommateur qui a vu le prix du carburant baisser de l’ordre de 0,20 €. Les conséquences les plus importants concernent les pays producteurs. En effet, on est engagé dans une véritable guerre énergétique menée en particulier par l’Arabie Saoudite qui veut écraser la concurrence avec les prix. L’Arabie Saoudite a en effet refusé de s’engager dans une politique de restriction de l’offre. Elle espère ainsi asphyxier certains producteurs pour se retrouver dans une position encore plus dominante.

Au-delà de l’objectif économique, il y a aussi la volonté de tarir les revenus de l’Iran, l’ennemi irréductible. L’Iran déjà affectée par les sanctions des pays occidentaux et dont  l’économie et dans un état dramatique, en plus qui malheureusement est l’un des pays les plus affectés par le Coronavirus. En même temps, l’Arabie Saoudite pèse sur les conditions économiques de la production de gaz de schiste et les États-Unis. Un gaz de schiste beaucoup moins compétitif que le pétrole d’Arabie Saoudite.

Pour amortir les investissements spécifiques de ce pétrole aux États-Unis, le coût doit se maintenir autour de 40 à 50 $. . Autre conséquence géopolitique, celle concernant la Russie qui elle aussi a refusé de limiter sa production. En cause a aussi une économie dans un état également assez catastrophique. Pour certains pays dont c’est le revenu essentiel, la baisse du pétrole est dramatique notamment en Algérie.

En Afrique, l’Algérie, le Nigéria ou encore l’Angola pourraient être les victimes collatérales du coronavirus et du conflit entre Riyad et Moscou. L’Irak, l’Iran, la Libye ou encore le Venezuela sont également concernés. Si les cours ne remontent pas rapidement, tous ces pays devront certainement prendre des mesures drastiques d’austérité, qui pourraient se traduire en crise sociale. Voire même en crise politique.

Pour le groupe pétrolier la conséquence sera un ralentissement des investissements et une politique d’attribution de dividendes moins généreuse que précédemment aux actionnaires.

 

Chute des prix pétrole : conséquences très graves (expert)

Chute des prix  pétrole : conséquences très graves (expert)

 

Matthieu Auzanneau, directeur du think-tank de la transition énergétique the Shift Project. S’inquiète de la guerre des prix déclenchés par l’Arabie Saoudite concernant le pétrole (interview France Info)

 

Est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle ?

 

Matthieu Auzanneau : Ça dépend pour qui. Pour l’automobiliste si on regarde à très court terme, on ne va sans doute pas aller vers une augmentation des prix à la pompe, voire même on va avoir une décrue. On peut s’attendre à une décrue des prix à la pompe, si la baisse des cours du brut se poursuit dans les semaines qui viennent. Maintenant, il faut comprendre que le pétrole, c’est un peu le système sanguin de l’économie mondiale et que de violents chocs dans un sens, dans un autre sur l’économie du pétrole, ça a toujours des conséquences qui sont plutôt délétères pour l’ensemble de l’activité économique mondiale.

 

On a vu par exemple l’effondrement d’actions BNP Paribas, Crédit Agricole ou Société Générale. Pourquoi les marchés mondiaux connaissent-ils une telle chute ?

L’industrie pétrolière est la plus grosse industrie du monde et de loin. Donc, ça veut dire beaucoup de capitaux investis. Donc tant qu’on n’a pas appris à se passer de ce pétrole, une industrie du pétrole qui se porte pas bien, ça a des conséquences effectivement sur les banques, sur les financeurs. Et puis il y a tout un volet aussi géostratégique. Là, on a une guerre économique ouverte entre l’Arabie saoudite et la Russie, qui sont les deux plus grands producteurs de pétrole avec les États-Unis. On voit les tensions autour du golfe Persique, qui est déjà chauffée à blanc.

 

En fait, l’Arabie saoudite vient de déclencher une espèce de bataille royale des producteurs pétroliers, une guerre des prix dans laquelle l’Arabie saoudite possède les plus belles réserves de pétrole, le coût de production le plus bas et possède le fonds souverain le plus riche. Elle met au défi non seulement les Russes, mais tous les principaux autres pays producteurs de lui tenir la dragée haute. Elle met au défi Vladimir Poutine de revenir à la table des négociations de l’Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole). Je suis pas du tout certain que M. Poutine se laisse tordre le bras par Mohammed ben Salmane et le clan souverain d’Arabie saoudite.

Ça peut durer combien de temps ce bras de fer ?

Non seulement ça peut durer longtemps, mais en plus la Russie et la sphère d’influence à laquelle appartiennent l’Arabie saoudite se jouent une guerre par ennemi interposé en Syrie. Ça peut très facilement se prolonger, mais aussi s’envenimer. La demande de pétrole mondiale est très basse aujourd’hui à cause du coronavirus. On a vraiment des conditions où un peu tout le monde est dos au mur. On est potentiellement face à une situation comparable à celle qu’on a connue dans les années 80, lors du contre-choc pétrolier, qui est un moment historique. Quelque chose de très grave peut se produire.

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