Le gouvernement veut conjuguer économie, fiscalité et équilibre budgétaire
Le gouvernement français s’engage dans un difficile exercice pour conjuguer à la fois les économies budgétaires, réduire la fiscalité et en même temps mieux rééquilibrer le déficit public. Si les économies budgétaires sont cohérentes avec la recherche d’un meilleur équilibre des déficits par contre la réduction de la fiscalité, elle, constitue une réelle difficulté pour cet équilibre. La baisse de la fiscalité pourrait atteindre environ 10 milliards en 2018. Elle devrait être compensée par des économies budgétaires d’un montant d’environ 20 milliards. Ces deux opérations combinées permettant d’atteindre environ 2,8 % du PIB pour le déficit public. Dans un entretien à paraître mercredi dans Les Echos, le chef du gouvernement confirme en outre la mise en oeuvre dès 2018 des principales mesures fiscales du programme présidentiel d’Emmanuel Macron, dont les réformes de l’ISF (impôt de solidarité sur la fortune) et de la fiscalité de l’épargne. Celle de la taxe d’habitation, que l’exécutif entend supprimer pour 80% des foyers, fera l’objet d’une première étape l’an prochain, pour un coût de trois milliards d’euros. « Nous voulons provoquer un effet de souffle fiscal en faveur de l’investissement, de l’emploi et de la croissance », dit Edouard Philippe aux Echos. »Nous voulons donner confiance aux acteurs économiques, avec de la visibilité et des engagements précis », a-t-il ajouté. Le tout se traduira par une baisse de 11 milliards d’euros de la pression fiscale en 2018, soit plus de 0,5 point de PIB, en tenant compte des mesures déjà prises à la fin du précédent quinquennat, comme la baisse de l’impôt sur les sociétés, sur lesquelles le nouveau gouvernement ne reviendra pas. Pour les financer, il mise sur une croissance économique qui atteindrait 1,6% cette année, se calant ainsi sur la dernière prévision de l’Insee, puis 1,7% l’an prochain, alors que la trajectoire du dernier gouvernement socialiste tablait sur 1,5% en 2017 comme en 2018. S’agissant du déficit public, le ministre de l’Action et des Comptes publics Gérald Darmanin a annoncé mardi 4,5 milliards d’économies nouvelles pour le ramener cette année à 3% du PIB comme la France s’y est engagée auprès de ses partenaires européens. L’objectif de 2,8% affiché par l’ancien exécutif a été battu en brèche par le rapport de la Cour des comptes sur l’état des finances publiques. Le nouveau pouvoir vise maintenant 2,7% à l’horizon 2018. Cela passera par un effort d’ »au moins » 20 milliards d’euros d’économies l’an prochain via une stabilité en volume des dépenses de la sphère publique et en valeur pour ce qui est des seules dépenses de l’Etat, a souligné Edouard Philippe. La nouvelle trajectoire que le gouvernement soumettra aux commissions des Finances des deux chambres du Parlement ce mercredi prévoit en outre une baisse de cinq points sur l’ensemble du quinquennat du ratio dette publique/PIB qui s’inscrivait à 96,3% fin 2016. L’effort demandé parallèlement aux collectivités locales sera discuté lors de la conférence des territoires prévue la semaine prochaine, le Premier ministre évoquant à nouveau sur ce point la suppression possible d’un des trois échelons territoriaux en dessous de la région. Il a encore confirmé que, pour compenser la hausse controversée de la Contribution sociale généralisée (CSG), qui doit permettre de compenser les baisses de cotisations sociales des salariés mises en œuvre dès 2018, des mesures seront prévues à destination des indépendants et des fonctionnaires.