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Perspectives de conflit social : sur le pouvoir d’achat ou la réforme des retraites ?

Perspectives de conflit social : sur le pouvoir d’achat ou la réforme des retraites ?

Rémi Bourguignon , chercheur et enseignant à l’IAE Paris Est, Université Paris Est-Créteil estime les tensions plus probables sur le pouvoir d’achat sur la réforme des retraites (interview la Tribune).


Les Français se moquent-ils d’un passage de l’âge de départ à la retraite à 65 ans ?

Rémi Bourguignon – Non, mais cela fait tellement longtemps que l’exécutif en parle que finalement, les Français s’y préparent. Il y a une forme de fatalisme, de lassitude, de fatigue sur ce dossier. Et puis la réforme qui va être présentée en janvier par Emmanuel Macron revient à un format assez classique, que les Français connaissent : le décalage de l’âge. Le président a abandonné son grand projet de réforme par points, avec un passage à un système universel de retraite… qui était, au final, bien plus anxiogène. On revient à une réforme paramétrique. Que les syndicats se préparent à combattre cette réforme, est attendu. Mais je ne suis pas sûr qu’ils emporteront avec eux l’adhésion des Français, comme en 2010 par exemple. Les bastions habituels se mobiliseront, notamment les régimes spéciaux. Mais pour le reste, les Français ont la tête occupée à autre chose : maintenir leur pouvoir d’achat. Et, pour ce faire, c’est bien dans les entreprises que les bras de fer vont s’exercer, pour obtenir des hausses de salaires.

On l’a constaté en 2022, il y a eu une hausse des conflits sociaux autour des rémunérations. Il n’y a aucune raison qu’en 2023 cela change, car l’inflation va rester élevée selon les économistes. Surtout, depuis les ordonnances Macron de 2018, la négociation se fait au niveau des entreprises. Il est probable que les salariés des grands groupes s’en sortent mieux, et obtiennent des revalorisations, mais pour les autres, les marges de manœuvre risquent d’être faibles… et donc alimenter la grogne, nourrir du ressentiment.

Les syndicats vont devoir se positionner…
Oui, et d’autant plus que cette année 2023 va être très dense en élections professionnelles. Il va y avoir dans de nombreuses entreprises, les votes pour le renouvellement des CSE, les comités sociaux et économiques. C’est une conséquence directe de la loi de 2018 d’ailleurs. Ils doivent être renouvelés au maximum 4 ans après. Nous y sommes. Le législateur ne l’a pas forcément anticipé, mais là, où auparavant, il y avait des élections professionnelles au fil de l’eau dans le secteur privé, elles vont être organisées quasiment toutes en même temps. Ce qui va générer de la concurrence entre les centrales, des bras de fer. Ce calendrier risque d’accroitre les tensions intersyndicales, et de polariser les différences. De tendre encore le climat social global. Surtout, si les syndicats sont trop occupés à se faire réélire sans obtenir des avancées – de pouvoir d’achat -, les Français les mettront en minorité. Ils s’en détourneront, en se disant, que décidément, « ils ne servent à rien ».

Surtout dans un contexte, où les syndicats se font doubler par des collectifs…
Effectivement ! Les Gilets jaunes restent un véritable traumatisme pour la CGT. Et on l’a vu récemment avec le conflit des contrôleurs à la SNCF, il a échappé aux centrales habituelles… Il est né sur les réseaux sociaux, les contrôleurs ont exprimé leur ras le bol et se sont organisés pour mener des actions. Au final, ils l’ont emporté et ça a payé. De fait, ces expériences mettent en difficulté les organisations classiques. Elles se sentent – à raison – menacées. Le risque de se faire déborder peut donc les amener à vouloir montrer les muscles, alors qu’en d’autres temps, elles auraient plus facilement négocié avec la direction. Auparavant, les organisations auraient évité une grève en période de Noël etc.

Ne croyez-vous pas un mouvement coordonné de grande ampleur ?
Non, on le voit bien : chacun se mobilise pour sa « paroisse ». La CGT a essayé de lancer un mouvement général de grève quand il y a eu le conflit dans les raffineries Total, en octobre dernier, en embarquant la SNCF, ou la RATP. Cela n’a pas pris. On revient de plus en plus au contraire à une approche catégorielle. Les travailleurs se mobilisent métier par métier. Il n’y a pas de solidarité globale. Le rêve de la grève générale de la CGT aura bien dû mal à prendre. Ce qui est plus facile à gérer pour le gouvernement. Ce dernier reste d’ailleurs fidèle à lui-même : c’est, dans l’ entreprise, dans la branche que les problèmes doivent se régler. Pour lui, l’action politique n’a pas à négocier. Le gouvernement amène les syndicats à fournir un avis. Mais au final, c’est bien lui qui tranche.

L’année 2023 va aussi être marquée par le congrès de la CGT..
Oui, mais la succession de Philippe Martinez n’est pas claire. La CGT est en crise depuis longtemps, et n’a pas tranché en termes de lignes à tenir. Ce qui conduit plusieurs candidats à se déclarer. La CGT est tiraillée entre les durs, les radicaux, et ceux qui sont ouverts à la négociation. Avec ce passage de mandat de Philippe Martinez, elle risque de se trouver encore plus affaiblie qu’auparavant. Quant à la CFDT, elle reste assez discrète. Elle va essayer de limiter les dégâts de l’inflation, mais elle ne sera pas en capacité d’obtenir beaucoup d’avancées. Elle n’est pas très écoutée par le gouvernement, y compris sur le sujet des retraites. L’année 2023 prévoit d’être difficile pour ces organisations.

Risque de conflit social : sur le pouvoir d’achat ou la réforme des retraites ?

Risque de conflit social : sur le pouvoir d’achat ou la réforme des retraites ?

Par Rémi Bourguignon est, chercheur et enseignant à l’IAE Paris Est, Université Paris Est-Créteil estime les tensions plus probables sur le pouvoir d’achat sur la réforme des retraites (interview la tribune).


Les Français se moquent-ils d’un passage de l’âge de départ à la retraite à 65 ans ?

Rémi Bourguignon – Non, mais cela fait tellement longtemps que l’exécutif en parle que finalement, les Français s’y préparent. Il y a une forme de fatalisme, de lassitude, de fatigue sur ce dossier. Et puis la réforme qui va être présentée en janvier par Emmanuel Macron revient à un format assez classique, que les Français connaissent : le décalage de l’âge. Le président a abandonné son grand projet de réforme par points, avec un passage à un système universel de retraite… qui était, au final, bien plus anxiogène. On revient à une réforme paramétrique. Que les syndicats se préparent à combattre cette réforme, est attendu. Mais je ne suis pas sûr qu’ils emporteront avec eux l’adhésion des Français, comme en 2010 par exemple. Les bastions habituels se mobiliseront, notamment les régimes spéciaux. Mais pour le reste, les Français ont la tête occupée à autre chose : maintenir leur pouvoir d’achat. Et, pour ce faire, c’est bien dans les entreprises que les bras de fer vont s’exercer, pour obtenir des hausses de salaires.

On l’a constaté en 2022, il y a eu une hausse des conflits sociaux autour des rémunérations. Il n’y a aucune raison qu’en 2023 cela change, car l’inflation va rester élevée selon les économistes. Surtout, depuis les ordonnances Macron de 2018, la négociation se fait au niveau des entreprises. Il est probable que les salariés des grands groupes s’en sortent mieux, et obtiennent des revalorisations, mais pour les autres, les marges de manœuvre risquent d’être faibles… et donc alimenter la grogne, nourrir du ressentiment.

Les syndicats vont devoir se positionner…
Oui, et d’autant plus que cette année 2023 va être très dense en élections professionnelles. Il va y avoir dans de nombreuses entreprises, les votes pour le renouvellement des CSE, les comités sociaux et économiques. C’est une conséquence directe de la loi de 2018 d’ailleurs. Ils doivent être renouvelés au maximum 4 ans après. Nous y sommes. Le législateur ne l’a pas forcément anticipé, mais là, où auparavant, il y avait des élections professionnelles au fil de l’eau dans le secteur privé, elles vont être organisées quasiment toutes en même temps. Ce qui va générer de la concurrence entre les centrales, des bras de fer. Ce calendrier risque d’accroitre les tensions intersyndicales, et de polariser les différences. De tendre encore le climat social global. Surtout, si les syndicats sont trop occupés à se faire réélire sans obtenir des avancées – de pouvoir d’achat -, les Français les mettront en minorité. Ils s’en détourneront, en se disant, que décidément, « ils ne servent à rien ».

Surtout dans un contexte, où les syndicats se font doubler par des collectifs…
Effectivement ! Les Gilets jaunes restent un véritable traumatisme pour la CGT. Et on l’a vu récemment avec le conflit des contrôleurs à la SNCF, il a échappé aux centrales habituelles… Il est né sur les réseaux sociaux, les contrôleurs ont exprimé leur ras le bol et se sont organisés pour mener des actions. Au final, ils l’ont emporté et ça a payé. De fait, ces expériences mettent en difficulté les organisations classiques. Elles se sentent – à raison – menacées. Le risque de se faire déborder peut donc les amener à vouloir montrer les muscles, alors qu’en d’autres temps, elles auraient plus facilement négocié avec la direction. Auparavant, les organisations auraient évité une grève en période de Noël etc.

Ne croyez-vous pas un mouvement coordonné de grande ampleur ?
Non, on le voit bien : chacun se mobilise pour sa « paroisse ». La CGT a essayé de lancer un mouvement général de grève quand il y a eu le conflit dans les raffineries Total, en octobre dernier, en embarquant la SNCF, ou la RATP. Cela n’a pas pris. On revient de plus en plus au contraire à une approche catégorielle. Les travailleurs se mobilisent métier par métier. Il n’y a pas de solidarité globale. Le rêve de la grève générale de la CGT aura bien dû mal à prendre. Ce qui est plus facile à gérer pour le gouvernement. Ce dernier reste d’ailleurs fidèle à lui-même : c’est, dans l’ entreprise, dans la branche que les problèmes doivent se régler. Pour lui, l’action politique n’a pas à négocier. Le gouvernement amène les syndicats à fournir un avis. Mais au final, c’est bien lui qui tranche.

L’année 2023 va aussi être marquée par le congrès de la CGT..
Oui, mais la succession de Philippe Martinez n’est pas claire. La CGT est en crise depuis longtemps, et n’a pas tranché en termes de lignes à tenir. Ce qui conduit plusieurs candidats à se déclarer. La CGT est tiraillée entre les durs, les radicaux, et ceux qui sont ouverts à la négociation. Avec ce passage de mandat de Philippe Martinez, elle risque de se trouver encore plus affaiblie qu’auparavant. Quant à la CFDT, elle reste assez discrète. Elle va essayer de limiter les dégâts de l’inflation, mais elle ne sera pas en capacité d’obtenir beaucoup d’avancées. Elle n’est pas très écoutée par le gouvernement, y compris sur le sujet des retraites. L’année 2023 prévoit d’être difficile pour ces organisations.

Russie: Risque de conflit mondial ?

Russie: Risque de conflit mondial ?

par Didier Le Bret, diplomate, membre de Synopia (dans l’Opinion).

Au moment où le conflit semble marquer une « pause opérationnelle », quel premier bilan peut-on faire de cette guerre en Europe et avec quels scénarios de sortie de crise ? Exercice périlleux tantla guerre de Poutine compte de paramètres.

Dans l’absolu, tout devrait inciter le locataire du Kremlin à revoir ses ambitions à la baisse. L’échec militaire est patent. Le changement de régime a échoué. Les armées russes se replient sur leurs bases arrière dans la région du Donbass.

Sur la scène internationale, après une décennie d’efforts gagnants, dans son précarré d’abord, puis au Levant et en Afrique, la Russie semblait de retour. En intervenant militairement en Ukraine, Poutine abîme un leadership chèrement acquis auprès du « sud global ». Ses alliés lui tournent désormais le dos. Au sommet du G20, la Russie a été désavouée, sa guerre en Ukraine fermement condamnée. Pire, l’usage ou la menace d’utiliser des armes nucléaires y a été qualifiée d’inadmissible. La Chine prend également ses distances.

A l’intérieur, le tour de vis sécuritaire achève de vider le pays de ses élites. L’effondrement économique est certes amorti par l’épais matelas de devises accumulées par la Banque centrale russe, le renchérissement du prix des matières premières énergétiques et le contournement de l’embargo pétrolier. Mais la pluie de sanctions et le départ en bon ordre du monde du business privent à terme le pays de ses leviers de croissance.

Et pourtant, aucun de ces paramètres n’est de nature à infléchir la posture belliqueuse de Poutine. Car de son point de vue, il conserve deux cartes majeures : le temps et la fragilité des Européens.
Guerre d’usure. Le temps, Poutine va l’occuper dans une guerre d’usure qui, fidèle à la stratégie déployée à Grozny et à Alep, consiste à rendre la vie impossible en faisant des civils et des infrastructures critiques ses cibles privilégiées, en laissant derrière soi un champ de ruines pour retarder le retour à la normale.
L’Europe, maillon faible, toujours selon la logique de Poutine, finira par céder. Et là encore, il fait le pari que la résilience du peuple russe l’emportera sur les démocraties capricieuses et fragiles.

Vis-à-vis du reste du monde, le maître du Kremlin se sent sans doute là encore relativement assuré. Il tient d’une main ferme la menace de la légitime défense nucléaire en cas d’extension du conflit. Et tout aussi fermement, dans son autre main,le risque de famines, et partant d’embrasements politiques des pays les plus vulnérables. Deux armes de destruction massive !
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Pour Poutine, la guerre d’Ukraine est une guerre existentielle. Non pas que l’Ukraine menace en quoi que ce soit l’existence de la Russie. Dénucléarisée depuis 1994 et le traité de Budapest, délestée de la Crimée, partiellement occupée, l’Ukraine gère une guerre hybride dont elle est la première victime. Mais pour avoir théorisé la non-existence de l’identité ukrainienne, Poutine est désormais dos au mur. Il ne peut ni avancer ni reculer. Un échec militaire le contraignant à négocier équivaudrait à reconnaître un Etat dont il nie la souveraineté. Il devra donc continuer quoi qu’il en coûte. L’Ukraine doit être « prise » à tout prix.

Cette approche purement idéologique pourrait hélas prévaloir et constituer ainsi le plus sombre des cygnes noirs de l’histoire contemporaine, contraignant l’Occident à devoir s’engager de plus en plus, au risque de précipiter le chaos.

Didier Le Bret, diplomate, membre de Synopia.

Conflit Ukraine : les dictatures s’unissent pour fournir des armes à la Russie

Conflit Ukraine : les dictatures s’unissent pour fournir des armes à la Russie

On sait que l’Iran a fourni des armes à la Russie en manque d’équipements, la Turquie également et la Chine en sous-main. Maintenant,c’est la Corée du Nord qui a décidé d’apporter sa contribution d’armement à Poutine.

De toute évidence , les dictatures manifestent une grande inquiètude vis à vis de certaines réactions face aux dégâts des guerres et face aux privations de toutes libertés. Il ne s’agit sans doute pas de l’union des peuples mais de l’union des dictateurs eux-mêmes, pour la plupart des criminels et des mafieux qui s’engraissent sur le dos de leur peuple.La Corée du Nord a en effet commencé à livrer de l’équipement militaire à l’organisation paramilitaire russe Wagner, selon la Maison-Blanche

Depuis plusieurs mois, certaines rumeurs affirmaient que Moscou avait demandé à la Corée du Nord des armes pour poursuivre sa guerre en Ukraine.
La Corée du Nord a effectué «le mois dernier» une livraison d’armement au groupe Wagner et pourrait en prévoir d’autres, a dit jeudi un porte-parole de la Maison-Blanche, mettant en garde contre la montée en puissance de cette organisation paramilitaire russe.

Conflit d’intérêts : La ministre de l’écologie avait oublié de signaler ses intérêts familiaux dans le pétrole

Conflit d’intérêts : La ministre de l’écologie avait oublié de signaler ses intérêts familiaux dans le pétrole

Curieusement, la ministre de l’écologie a été blanchi par la Haute autorité pour la transparence de la vie publique pour n’avoir pas mentionné ses intérêts dans le pétrole. Et le gouvernement a sorti à la un décret au journal officiel pour protéger la ministre.Reste qu’il est pour le moins surprenant qu’on ait choisi comme ministre de l’écologie une responsable qui possède des intérêts financiers familiaux dans le pétrole et en plus dans les paradis fiscaux !

Dans la matinée, un décret paru au Journal Officiel stipulait qu’Agnès Pannier-Runacher ne pourrait plus s’occuper de sujets liés à trois entreprises, Défense conseil international, EP2C et le groupe pétrolier Perenco dont le père de la ministre a été l’un des dirigeants.

Selon la HATVP, ce décret par lequel la ministre n’interviendra en aucune façon dans les dossiers concernant cette société permettra «de prévenir les risques de conflits d’intérêts vis-à-vis de ce groupe». Ces dossiers, s’il y a lieu, seront désormais traités par la Première ministre Élisabeth Borne. En se mettant à l’écart de ces sujets, la ministre entendait «couper court à toute critique», a justifié son entourage auprès de l’AFP.

La HATVP avait lancé le 8 novembre des «vérifications» après des informations du média d’investigation Disclose, affimant que les enfants d’Agnès Pannier-Runacher détenaient des parts dans une société française, non mentionnée sur sa déclaration d’intérêts, et dont les fonds sont en partie domiciliés dans des paradis fiscaux.

Le père de la ministre, Jean-Michel Runacher, avait créé en 2016 en France cette société civile, nommée Arjunem, dans le cadre d’une transmission de patrimoine. Quatre de ses petits-enfants en sont les associés, dont les trois enfants d’Agnès Pannier-Runacher qui étaient alors mineurs, et pour lesquels la ministre a signé en tant que représentante légale. Selon Disclose, ce patrimoine provient de fonds spéculatifs, installés dans le Delaware, en Irlande et à Guernesey et dans lesquels Perenco détenait aussi des intérêts financiers.
«cadre de ses fonctions au gouvernement».
À VOIR AUSSI – Conflit d’intérêts: Agnès Pannier-Runacher «est à son travail et pleinement impliquée dans ses dossiers», défend Olivier Véran

Biden et Xi Jinping : Les vrais négociateurs du conflit en Ukraine

Biden et Xi Jinping : Les vrais négociateurs du conflit en Ukraine

Aux États-Unis, le débat est ouvert sur la nécessité de mettre assez rapidement conflit en Ukraine. Les Américains disposent d’un atout considérable puisque ce sont eux qui fournissent 90 % de l’armement à Kiev. Du côté chinois, on dispose aussi d’arguments puisque Poutine met progressivement son pays en tutelle de la Chine. La Chine est en effet désormais le principal débouché des ressources russes mais l’allié le plus significatif a déjà largement pesé pour empêcher l’utilisation de l’arme nucléaire et souhaite maintenant un apaisement en Ukraine car Pékin est aussi touché par le ralentissement économique international. La France ou la Turquie souhaiteraenit bien exercer ce rôle de médiateur mais elles sont bien trop faibles pour influencer les partis, elles jount davantage un rôle d’équilibriste ( pas toujours bien apprécié!) plutôt qu’un rôle d’équilibre.

Aussi bien pour le président chinois que pour le président américain, la priorité est de retour d’une situation géopolitique suffisamment stable pour permettre au business mondial de repartir. Alors que le conflit en Ukraine a agi comme une sorte de détonateur pour détruire la croissance. Même en Chine l’activité générale faiblit de manière très dangereuse.

Du coup, les deux présidents semblent être tombés d’accord pour que cesse enfin le très perturbant conflit en Ukraine. En vérité, les vrais influenceurs sont bien américains et chinois. Ils sont les seuls à pouvoir peser sur les deux belligérants pour les contraindre à s’engager sur le chemin de la paix.

La Chine a déjà fait connaître à la Russie qu’elle condamnerait fermement toute éventualité d’un recours à l’arme nucléaire et défend l’idée d’une stabilité des frontières( Taïwan exceptée évidemment mais qui n’est pas réellement indépendante).

De leur côté, les États-Unis constituent est de très loin le principal soutient militaire à l’Ukraine et ont donc les moyens de peser sur la diplomatie de Kiev.

Le président américain a expliqué que certains malentendus avaient été levés, notamment sur l’épineux dossier du statut de Taïwan qui obsède le régime communiste de Pékin. « Taïwan fait partie des intérêts fondamentaux de la Chine. C’est la première ligne rouge qui ne doit pas être franchie. Quiconque cherche à séparer Taïwan de la Chine violera les intérêts fondamentaux de la Chine et le peuple chinois ne le permettra jamais », avait averti Xi Jinping au début de leurs échanges, dans un hôtel de luxe, barricadé par les forces de sécurité des deux pays.

Notre politique n’a absolument pas changé », l’a rassuré Joe Biden, en affirmant qu’il continuerait de respecter le principe d’une « Chine unique », qui consiste à ne reconnaître qu’une seule Chine dont ferait partie Taïwan. « Je ne vois donc aucune intention de la Chine d’envahir Taïwan », a conclu le dirigeant américain.

Expliquant que d’autres dossiers politiques et économiques allaient encore nécessiter de longs bras de fer, Joe Biden a indiqué que Pékin et Washington s’étaient entendus sur une multiplication des visites ministérielles bilatérales pour « garder les canaux de communication toujours ouverts ». Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, se rendra ainsi très prochainement à Pékin pour poursuivre les échanges, notamment sur les questions internationales où les deux nations pourraient s’entendre pour peser sur le cours du monde. Ce lundi, elles ont, par exemple, mis en garde contre l’utilisation de l’arme nucléaire en Ukraine.

Joe Biden et Xi Jinping : Les vrais influenceurs du conflit en Ukraine

Joe Biden et Xi Jinping : Les vrais influenceurs du conflit en Ukraine

Aussi bien pour le président chinois que pour le président américain la priorité est de retour d’une situation géopolitique suffisamment stable pour permettre au business mondial de repartir. Alors que le conflit en Ukraine a agi comme une sorte de détonateur pour détruire la croissance. Même en Chine l’activité générale faiblit de manière très dangereuse.

Du coup, les deux présidents semblent être tombés d’accord pour que cesse enfin le très perturbant conflit en Ukraine. En vérité, les vrais influenceurs sont bien américains et chinois. Ils sont les seuls à pouvoir peser sur les deux belligérants pour les contraindre à s’engager sur le chemin de la paix.

La Chine a déjà fait connaître à la Russie qu’elle condamnerait fermement toute éventualité d’un recours à l’arme nucléaire et défend l’idée d’une stabilité des frontières( Taïwan exceptée évidemment mais qui n’est pas réellement indépendante).

De leur côté, les États-Unis constituent est de très loin le principal soutient militaire à l’Ukraine et ont donc les moyens de peser sur la diplomatie de Kiev.

Le président américain a expliqué que certains malentendus avaient été levés, notamment sur l’épineux dossier du statut de Taïwan qui obsède le régime communiste de Pékin. « Taïwan fait partie des intérêts fondamentaux de la Chine. C’est la première ligne rouge qui ne doit pas être franchie. Quiconque cherche à séparer Taïwan de la Chine violera les intérêts fondamentaux de la Chine et le peuple chinois ne le permettra jamais », avait averti Xi Jinping au début de leurs échanges, dans un hôtel de luxe, barricadé par les forces de sécurité des deux pays.

Notre politique n’a absolument pas changé », l’a rassuré Joe Biden, en affirmant qu’il continuerait de respecter le principe d’une « Chine unique », qui consiste à ne reconnaître qu’une seule Chine dont ferait partie Taïwan. « Je ne vois donc aucune intention de la Chine d’envahir Taïwan », a conclu le dirigeant américain.

Expliquant que d’autres dossiers politiques et économiques allaient encore nécessiter de longs bras de fer, Joe Biden a indiqué que Pékin et Washington s’étaient entendus sur une multiplication des visites ministérielles bilatérales pour « garder les canaux de communication toujours ouverts ». Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, se rendra ainsi très prochainement à Pékin pour poursuivre les échanges, notamment sur les questions internationales où les deux nations pourraient s’entendre pour peser sur le cours du monde. Ce lundi, elles ont, par exemple, mis en garde contre l’utilisation de l’arme nucléaire en Ukraine.

Conflit Ukraine-Russie :La corruption généralisée responsable de la défaite Russe

Conflit Ukraine-Russie :La corruption généralisée responsable de la défaite Russe

Il y a évidemment plusieurs plusieurs facteurs explicatifs à la véritable défaite de la Russie qui se profile en Ukraine notamment l’exceptionnelle résistance des ukrainiens mais aussi un climat général en Russie complètement infectée par la corruption.

En fait, Poutine a été trahi par ses propres services secrets, par son entourage et par son armée. Tous les responsables finalement sont impliqués à différents niveaux dans le système mafieux de la Russie. Tous les responsables ont des intérêts économiques fondés sur le détournement des richesses du pays et de ce point de vue, ils imitent Poutine.
Même le nouveau chef des armées, ancien bourreau de Syrie dirige de nombreuses affaires économiques au détriment de l’État. De la même manière ,le grand patron du groupe Wagner est plus préoccupé par son business que par les victoires. Ce qui lui importe c’est surtout de développer toutes ses autres activités.

Ce pays pourtant riche potentiellement est littéralement pillé à tous les niveaux de direction du pays. Ainsi par exemple l’armée n’existait que sur le papier et il manquait de l’ordre de 50 % des équipements pourtant répertoriés. On a même manqué d’uniformes et de pelles sans parler des munitions.

Du fait de la répression criminelle qui règne dans le pays, peu de voix osent s’élever. Mais ce régime est en pleine décomposition. Il tombera un jour ou l’autre à la fois pour des raisons politiques mais sans doute surtout économiques . Car dans le même temps la population vit dans un état de misère inadmissible.

Il n’y a que la dictature pour permettre au régime de durer mais même cette dictature commence en sous-main à être sérieusement mise en cause par les oligarques et autres qui constatent un affaiblissement économique qui aura des conséquences sur leur propre business.

La Russie vit une tragédie sociale, démocratique mais aussi économique.

Armée française: les conséquence du conflit en Ukraine

Armée française: les conséquence du conflit en Ukraine. (Alain Bauer)

Quelles conséquences du conflit en Ukraine pour l’armée française interroge le criminologue Alain Bauer . Malgré les nombreux conflits depuis la fin de la Guerre froide, en 1989-1990, aucune révision stratégique en profondeur n’avait remis en question la froide logique comptable qui a transformé l’armée française en outil expéditionnaire et échantillonnaire.

En clair Alain Bauer met en cause l’état de l’armée française qui serait bien incapable de soutenir un conflit comme en Ukraine du fait du sous dimensionnement du matériel et des effectifs. Une manière aussi peut-être de relancer la problématique du service militaire obligatoire pour éviter ce que subissent notamment les effectifs russes expédiés sur le front sans formation. NDLR

Une force de projection, des investissements réduits sur une large palette d’équipements, aux livraisons étalées dans le temps, et quelques gros programmes structurants comme le Rafale semblaient suffire à notre posture nationale et internationale. L’idée générale était que la guerre était finie et que seuls quelques conflits locaux nécessitaient d’envoyer « des canonnières » pour rappeler les belligérants à la raison.

Le conflit ukrainien a bouleversé cette persistance rétinienne et devrait nous forcer à prendre en considération la « haute intensité » et la longue intensité d’un processus de guerre de terrain qui ressemble de plus en plus à une version du conflit de 1914-1918 ayant rencontré Terminator.

Aide militaire à l’Ukraine: la discrétion française est-elle un «cache-misère» ?
Le président de la République, après une revue nationale stratégique concoctée en interne, va trancher sur une série de programmes et de financements qui valideront la capacité de la France à maintenir sa souveraineté nationale. Avec la prochaine loi de programmation militaire, ce qui est en jeu dépasse largement la question budgétaire (combien ?) et devrait enfin rejoindre la question stratégique (pour quoi faire et comment ?). Cela fait longtemps que la France n’a pas lancé de vrai programme de recherche stratégique et polémologique (Gallois, Poirier, Aron, Duroselle datent) et on se demande toujours s’il faut financer ce que nos industriels savent faire ou s’interroger ce qu’on devrait mettre en œuvre.

La surprise stratégique est le plus souvent née de l’aveuglement : des mouvements tactiques surprenants (Azincourt, Dien Bien Phu, Waterloo….) plus souvent que des révolutions technologiques (arcs, arbalètes, catapultes et trébuchets, feu grégeois, poudre, fusils, canons, bombes et armes nucléaires, et vecteurs pour les transporter). La sophistication de nos armements nécessite de plus en plus de personnels de soutien. Elle entraîne une certaine vulnérabilité logistique et de grandes incertitudes de disponibilité. Au moment de la dronisation du champ de bataille, pour le renseignement comme pour la destruction, avec la reprise d’outils kamikazes, les armées se trouvent dans une situation déjà connue de choix entre un futur désastre industriel (Minitel contre internet, Bi-bop contre smartphone…) et une adaptation accélérée aux réalités nouvelles de la guerre.

Prés carrés. Comme souvent, une bataille de « prés carrés » risque de masquer les enjeux essentiels sur fond de haute technologie et de coûts à l’unité qui empêchent la tenue de stocks décents. Or le conflit ukrainien, dans la durée, montre le besoin de reconstruire aussi une défense opérationnelle du territoire, des moyens résilients et résistants pour la bataille de longue intensité, des outils innovants, flexibles, mobiles et peu coûteux pour ralentir ou fixer l’adversaire.

Nous avons tout à apprendre et comprendre de ce qui se passe en Ukraine, sur tous les terrains. Alors que le ministère des Armées sort enfin de l’espace punitif dans lequel Bercy l’avait cornerisé, l’Etat doit faire le choix de l’avenir. Comme le rappelait le Cardinal de Richelieu : « La politique, c’est l’art de rendre possible ce qui est nécessaire. »

Alain Bauer est professeur au Conservatoire national des arts et métiers, responsable du pôle sécurité-défense-renseignement.

Conflit SNCF : encore une proposition de grève reconductible irresponsable et inefficace

Conflit SNCF : encore une proposition de grève reconductible irresponsable et inefficace

Encore une proposition de grève reconductible irresponsable de la part du syndicat gauchiste »Sud ». On voudrait tuer l’entreprise qu’on ne s’y prendrait pas autrement. Une entreprise contrainte d’abandonner régulièrement nombre d’activités du fait de son manque de productivité, de rentabilité voire de qualité.

La SNCF est engagée depuis des dizaines d’années dans un processus de contraction liée à son environnement économique mais aussi social. En dépit d’une prise en charge de son déficit historique, la société traîne encore un boulet de l’ordre de 40 milliards. Une situation ingérable que veulent complètement ignorer les syndicats gauchistes.

Ainsi non seulement des cheminots vont participer à la grève générale de la CGT de mardi 18 octobre mais pour en rajouter le syndicat gaucho-corpo Sud propose une grève reconductible qui serait décidée par les salariés
.
On voit mal concrètement comment les salariés pourraient voter. Historiquement ils n’ont jamais été consultés pour le lancement d’une grève. Par contre, ce sont des assemblées générales de grévistes très minoritaires qui décident la prolongation ou l’arrêt.

La plupart du temps les grèves s’arrêtent d’elles-mêmes par épuisement des participants. Bref une véritable politique syndicale de suicide. C’est cette politique qui a contribué à l’abandon de nombre d’activités (les envois express, les envois de messagerie, les lignes secondaires, le trafic de marchandises). Cette politique de fuite en avant a aussi provoqué la suppression du statut de cheminot. Bref, un suicide économique et social pour l’entreprise.

Le syndicat Sud-Rail, troisième organisation représentative à la SNCF, va donc proposer aux cheminots de reconduire la grève, alors que les vacances scolaires commencent en fin de semaine prochaine, et qu’elles sont forcément un pic d’activité pour l’entreprise.

« On fera des assemblées générales le mardi 18 octobre un peu partout en France et on posera la question de la grève reconductible », a indiqué dimanche à l’AFP Fabien Villedieu, délégué syndical Sud-Rail, confirmant une information de BFMTV. « Le juge de paix, ce sera le cheminot. Si le cheminot dit « une journée ça suffit », on fera une journée, si les cheminots disent majoritairement « on reconduit », on partira en grève reconductible », a-t-il ajouté. Selon lui, ce mouvement reste conditionné au succès de la grève de mardi, mais il anticipe que le mouvement soit reconduit jusqu’à mercredi. En jeu, comme chez TotalEnergies, une demande de hausse des salaires. Plus précisément, le syndicat demande « 400 euros nets en plus par mois » pour chaque employé.
Déjà deux augmentations concédées par la SNCF en 2022

Si les syndicats obtenaient une augmentation, ce sera la troisième cette année. Le 6 juillet, la direction de la SNCF avait octroyé une augmentation moyenne de 3,7% pour les petits salaires (environ 70.000 employés) et 2,2% pour les cadres (aussi 70.000 employés) à l’issue d’une unique journée de grève qui avait perturbé les départs en vacances d’été. Le mouvement avait été important, suivi par 20% des salariés au niveau national et même jusqu’à plus de 35% parmi les conducteurs.

Puisque les employés avaient déjà obtenu une augmentation de 2,7% en début d’année, la direction de la SNCF rappelait alors qu’elle avait fait « un effort de l’ordre de 5,8% » sur l’ensemble de l’année. Mais malgré ces deux victoires successives, la CGT et SUD-Rail (premier et troisième syndicats) annonçaient dès cet été que pour eux, la revalorisation n’était pas suffisante au regard de l’inflation qui sévit en France.

Comme d’autres salariés en France les cheminots sont évidemment fondés à réclamer des augmentations de pouvoir d’achat compte tenu de la dérive de l’inflation. Ils peuvent aussi bien sûr utiliser le droit de grève mais à condition que cela correspond à la volonté de la majorité du personnel ( et non dans des assemblées dites générales non représentatives.) et à condition contiennent aussi compte de la situation économique de l’entreprise. À moins de vouloir encore accélérer son dépérissement voir un jour sa suppression

Conflit Russie Ukraine : Choisir son camp !

Conflit Russie Ukraine Choisir  son camp !

L’escalade inquiétante du président russe, qui a ordonné, le 21 septembre, la mobilisation de 300 000 hommes et agité de nouveau la menace nucléaire, place désormais les pays qui ont gardé le silence depuis le début de la guerre en Ukraine devant un choix simple : soutenir ou de dénoncer cette agression. ( Édito du Monde)

 

Notons cependant que le « Monde » évite de parler de l’affrontement en France de la realpolitique qui se veut conciliante avec Poutine et de ceux qui estiment qu’il faut au contraire parler fort et clair au dictateur. Rien d’étonnant à cela puisqu’une large majorité du monde politique adhère à cette realpolitik ( extrême droite, mais aussi extrême-gauche et une partie des Républicains et de la majorité) 

 

Vladimir Poutine a pris la mesure des revers essuyés en Ukraine au cours des dernières semaines. A sa manière. En ordonnant, le 21 septembre, la mobilisation de 300 000 hommes et en agitant une nouvelle fois la menace nucléaire, le maître du Kremlin a admis que son « opération spéciale » menaçait en l’état de tourner à la déroute.

Cet aveu n’est pourtant pas la première étape d’un retour inexorable à la réalité, celle d’une guerre de choix mené contre un Etat souverain, au mépris du principe de l’intangibilité des frontières. Il annonce au contraire une fuite en avant grosse de tous les dangers, tout d’abord pour les Ukrainiens mais aussi pour le peuple russe. Ce dernier ne s’est d’ailleurs pas particulièrement précipité vers les bureaux de recrutement, après l’annonce de la mobilisation, pour prendre part à ce que Vladimir Poutine n’est pas loin de qualifier de nouvelle grande guerre patriotique.

Si cette escalade inquiétante peut présenter au moins une vertu, c’est bien celle de placer les pays qui ont gardé le silence depuis le début de l’invasion russe devant un choix qui n’a jamais été aussi simple : celui de soutenir ou de dénoncer cette agression, celui de s’accrocher au respect de normes fondamentales, qui préservent tant bien que mal le monde du règne du chaos, ou de reconnaître que la loi du plus fort est désormais la seule valable.

Pendant de longs mois, de grands pays qui ambitionnent de peser sur les affaires du monde ont refusé de trancher sous prétexte que cette guerre ne les concernait pas, ou qu’elle relevait des affaires des Européens, ou qu’elle était avant tout une épreuve pour un bloc occidental sur le déclin. Ce faisant, ils ont nourri le discours du Kremlin et de ses obligés zélés, où qu’ils se trouvent.

La contre-offensive ukrainienne, facilitée par un soutien militaire occidental adossé au droit, a permis de dessiller quelques regards. La Chine, qui figure dans le même camp « révisionniste » que la Russie pour ce qui concerne les affaires du monde, a commencé à donner des signes d’inconfort. Vladimir Poutine n’avait pas terminé son discours de surenchère que Pékin a réitéré sa demande d’un cessez-le-feu, tout en rappelant son attachement à l’intégrité territoriale de tous les pays, et donc de celle de l’Ukraine.

Le médiateur turc a également haussé le ton. Il a condamné par avance les référendums Potemkine que la Russie assure vouloir organiser au pas de charge dans les territoires ukrainiens conquis, pour recouvrir des oripeaux d’une volonté populaire de pacotille leur annexion. En dépit de celui organisé en 2014 en Crimée, dans des conditions également contestables, la péninsule reste de jure un territoire ukrainien.

Ces voix sont les bienvenues, mais d’autres fuient encore leurs responsabilités. Elles contribueraient pourtant utilement, en témoignant d’un plus large consensus international, à montrer à la Russie et à ses dirigeants vers quelle impasse les a conduits cet aventurisme anachronique aux relents impériaux. Il y va de l’intérêt de tous et non pas de celui d’un camp, comme les présidents Joe Biden et Emmanuel Macron n’ont cessé de le marteler à la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies, gardienne impuissante des principes foulés aux pieds par Moscou.

Vladimir Poutine avait le choix après les revers des dernières semaines. Il a tranché en faveur du pire. Qu’attendent donc ceux qui sont restés muets depuis le 24 février ?

Conflit ukrainien: Quels risques nucléaires ?

Conflit ukrainien: Quels risques nucléaires  ?

Les menaces proférées par Vladimir Poutine, ce 21 septembre, ne doivent pas être balayées d’un revers de la main. Aux yeux du Kremlin, l’emploi de l’arme nucléaire en premier n’est pas tabou. Par Cyrille Bret, Sciences Po

 

Ce 21 septembre, Vladimir Poutine a réitéré une menace qu’il avait déjà exprimée fin février, au tout début de l’invasion de l’Ukraine, quand il avait mis en état d’alerte les unités des forces armées russes en charge des armements nucléaires : si l’intégrité territoriale de la Russie est menacée, a-t-il assuré, il n’exclut pas le recours aux armes nucléaires.

Au moment même où, à New York, les chefs d’État du monde entier se succèdent à la tribune de la 77ᵉ Assemblée générale des Nations unies, appelant à la cessation des hostilités, il choisit, lui, de reprendre l’offensive en franchissant un nouveau cran dans la rhétorique très codée de l’arme nucléaire.

Face à ce qu’ils considèrent comme une récidive ou une rechute, les Occidentaux se partagent à nouveau entre incrédulité horrifiée et le scepticisme inquiet. Le sérieux des déclarations du président russe est, comme en février, mis en doute. « Bluff », « dérapage », « outrance », « exagération », etc. : les interprétations visant à minimiser le risque nucléaire vont bon train.

Les sceptiques ont raison de souligner qu’un usage – même circonscrit – de l’arme nucléaire aurait des conséquences dévastatrices pour Vladimir Poutine : il serait immédiatement privé de ses soutiens – déjà réticents – en Chine et en Inde ; il s’exposerait à une très large réprobation interne, à l’heure où l’opposition à la guerre se manifeste dans les rues (quelque 1 300 personnes ont été interpellées au soir du 21 septembre) ; et, surtout, il risquerait une réplique directe de la part des puissances nucléaires qui soutiennent l’Ukraine : États-Unis, Royaume-Uni et France.

Faut-il pour autant congédier comme irréel le spectre d’une attaque nucléaire russe ? Ou bien serait-il plus avisé de considérer ce qui, aujourd’hui, rend la perspective de l’emploi de l’arme nucléaire moins taboue qu’avant le début de la guerre en Ukraine ?

Trois éléments se conjuguent aujourd’hui pour abaisser le seuil nucléaire aux yeux du Kremlin : premièrement, cette menace prend corps dans un contexte où la Russie est largement en échec dans son « opération militaire spéciale » ; deuxièmement, Moscou n’a cessé depuis des années, et plus encore depuis février dernier, de rompre avec les méthodes conventionnelles de la conduite de la guerre ; enfin, à titre personnel, Vladimir Poutine se montre, en brandissant la menace nucléaire, fidèle à l’image qu’il cherche à imposer depuis des années – celle d’un homme qui, au nom de sa vision du monde et de la place que son pays doit selon lui y occuper, est prêt à absolument tout.

Envisagée depuis le Kremlin, la situation militaire oriente le pouvoir russe vers des moyens d’extrême urgence. En effet, la Russie s’est montrée incapable, en plusieurs mois, d’atteindre ses objectifs stratégiques par le moyen d’une campagne militaire conventionnelle.

Malgré la modernisation de ses forces armées depuis une décennie, malgré l’aguerrissement de ses officiers sur le théâtre syrien, malgré la combinaison de cyberattaques et de campagnes de désinformation en complément des opérations militaires classiques, la Russie n’a ni pris Kiev, ni brisé la résistance nationale ukrainienne, ni même conservé ses gains territoriaux face aux contre-offensives déclenchées depuis un mois.

La tentation de recourir à des moyens non conventionnels s’accroît quand la victoire militaire conventionnelle se dérobe et le spectre d’une défaite se profile. De fait, les opérations ukrainiennes menées dans les zones de Kharkiv (au nord-est) et de Kherson (dans le sud) visent explicitement à remporter la « victoire » contre la Russie.

Pour les Ukrainiens, « victoire » signifie une reconquête intégrale du territoire national issu de l’indépendance de 1991, y compris la Crimée annexée par la Russie en 2014 et les régions de Donetsk, de Lougansk, de Kherson et de Zaporojié qui pourraient tout prochainement être annexées à leur tour, des « référendums de rattachement à la Fédération de Russie » y ayant été annoncés pour la fin du mois de septembre, alors même que Moscou ne contrôle pas la totalité de leurs territoires respectifs.

Mais pour certains soutiens de Kiev – avant tout en Pologne, dans les États baltes et aux États-Unis -, la notion de « victoire » implique une déroute militaire de la Russie, suivie d’un bouleversement politique et d’un affaiblissement stratégique durable de ce pays. Ce que redoute le Kremlin désormais, c’est de revenir à l’état d’abaissement international qui fut le sien dans les années 1990.

En somme, la Russie de Poutine considère qu’elle est à présent explicitement passée d’une guerre d’invasion contre l’Ukraine à une guerre de défense contre l’OTAN. Le niveau de menace étant dès lors drastiquement plus élevé, il pourrait être justifié, du point de vue du Kremlin, de recourir à un type d’arme qualitativement différent. En matière d’armes nucléaires, les échelons à franchir sont nombreux et il y a loin des premières annonces à l’usage effectif. Toutefois, à mesure que la crise militaire se précise pour la Russie et à mesure que le risque de défaite se matérialise, la tentation de mettre en œuvre un moyen militaire extrême se renforce.

Aujourd’hui plus que jamais, les fondements de la doctrine nucléaire russe doivent être rappelés. Ils sont en rupture complète avec la doctrine française, par exemple : la vision russe ne repose pas sur le principe de « frappe nucléaire en second », qui consiste à n’employer l’arme nucléaire qu’une fois que le territoire national aura lui-même été soumis à une attaque nucléaire.

Un usage « en premier », dans un cadre « tactique » et pour atteindre des buts militaires, est au contraire régulièrement envisagé par les différents documents stratégiques russes.

En l’occurrence, une attaque contre la Crimée (ou contre tout autre territoire considéré par le Kremlin comme étant « russe ») de la part des troupes ukrainiennes, tout particulièrement à l’aide d’armements de l’OTAN, pourrait justifier, aux yeux du pouvoir russe, le lancement de missiles opérant des frappes nucléaires soit sur le champ de bataille pour briser une avancée, soit contre des infrastructures critiques pour l’organisation des forces armées ukrainiennes.

C’est ce qui avait été déjà mentionné par le président russe, de façon plus indirecte, en février 2022. C’est ce qui est répété aujourd’hui. Il ne s’agit là ni d’une gesticulation militaire ni d’un coup de menton politique. C’est le rappel strict d’une doctrine depuis longtemps connue et diffusée.

Récemment, cette doctrine nucléaire a été influencée par de nombreuses ruptures avec les méthodes conventionnelles de guerre : soupçonnée d’être impliquée dans l’usage d’armes chimiques et bactériologiques en Syrie, coopérant avec des supplétifs mercenaires comme le groupe Wagner ou « ethniques » comme les milices du président tchétchène Kadyrov, conduisant à l’occasion des opérations militaires clandestines, voilà déjà au moins une décennie que l’armée russe ne se contente pas des moyens conventionnels pour remplir ses objectifs.

La Russie de Poutine a franchi bien des Rubicons dans les guerres qu’elle a menées, que ce soit au sein de la Fédération (en Tchétchénie), à ses frontières (en Géorgie) ou dans ses zones d’influence (Moyen-Orient, Afrique centrale). L’invasion de l’Ukraine constitue en elle-même une rupture profonde avec le principe d’intangibilité des frontières issues de la dissolution de l’URSS. À mesure que les tabous militaires et stratégiques sont brisés, les uns après les autres, la possibilité de rompre le dernier d’entre eux, l’usage de l’arme nucléaire, devient moins fantasmagorique.

L’usage de l’arme nucléaire correspondrait également à la posture politique que le président russe a choisie en déclenchant l’invasion de l’Ukraine.

En effet, le choix de l’invasion, en février 2022, répond à deux grandes lignes politiques explicites chez Vladimir Poutine. La première, bien identifiée et depuis longtemps analysée, correspond à sa volonté d’annuler, en partie du moins, la réduction du poids international de Moscou suite à la désintégration de l’URSS. La seconde répond à la conception du pouvoir politique qu’il a imposée à l’intérieur comme à l’extérieur : il souhaite se poser comme celui qui ose ce que personne d’autre n’ose. L’usage extrême de la force et l’usage de la force extrême sont la marque de cette conception hyperbolique du pouvoir. Oser franchir le seuil nucléaire serait, en somme, dans la lignée de ce rapport sans complexe à la force.

Enfin, la posture politique de la Russie de 2022 se précise désormais, avec les autres mesures annoncées le 21 septembre. D’une part, une mobilisation des réservistes a été décrétée : cela souligne que la Russie, sanctionnée de toutes parts, se transforme rapidement, à l’intérieur, en citadelle assiégée et en caserne généralisée. D’autre part, nous l’avons évoqué, des référendums seront organisés dans plusieurs régions d’Ukraine pour élargir le territoire de la Fédération de Russie et consacrer ainsi une nouvelle mutilation du territoire ukrainien.

Ainsi, la Russie se prépare à une longue guerre d’usure pour conserver ce qu’elle considère désormais comme son glacis défensif contre l’OTAN, à savoir la Crimée et une partie du sud et de l’est de l’Ukraine. Brandir une menace nucléaire crédible vise à renforcer encore davantage cette idée que la Russie, assiégée, ne se laissera jamais vaincre.

Lorsqu’il a répété, ce 21 septembre, ses menaces nucléaires, Vladimir Poutine avait assurément à l’esprit les répercussions terribles auxquelles il exposerait la Russie si elle frappe en premier. Nul ne doit en douter. Mais nul ne doit négliger non plus les facteurs qui érodent peu à peu l’impossibilité d’utiliser ces armes.

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Par Cyrille Bret, Géopoliticien, Sciences Po

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Sénégal :Le pouvoir en place première victime du conflit ukrainien

Sénégal :Le pouvoir en place première victime du conflit ukrainien

 

Macky Sall,  président sénégalais et président en exercice de l’union africaine contesté dans les urnes et sans doute aussi première victime du conflit ukrainien.. En effet, la coalition au pouvoir au Sénégal, Benno Bokk Yakaar (BBY), a perdu la large majorité dont elle disposait au Parlement, obtenant seulement deux sièges de plus que deux coalitions d’opposition à l’issue des élections législatives, a annoncé jeudi la commission électorale.

En 2017, lors des précédentes élections législatives, BBY avait remporté 125 sièges. C’est la conséquence d’une gestion très contestée du pouvoir en place à Dakar mais aussi le premier effet de cette guerre en Ukraine qui risque de créer une crise alimentaire. Le président sénégalais a récemment tenté d’aller quémander auprès de Poutine les tonnes de céréales supposées éteindre l’incendie politique dans son pays.

Pour le président sénégalais l’échec est social, économique mais aussi politique. Sans parler de l’hypothèse d’un troisième mandat pour l’intéressé en violation du droit sénégalais.

 

 

 

 

Ne pas faire payer à l’Afrique le conflit en Ukraine

Ne pas faire payer à l’Afrique le conflit en Ukraine

 

Le secrétaire général adjoint des Nations unies aux affaires humanitaires Martin Griffiths  s’inquiète pour le Mali et la Corne de l’Afrique, où les programmes d’aide peinent à être financés.

D’une manière générale toute l’Afrique subit le contrecoup de la guerre en Ukraine qui accélère la croissance de l’inflation. En cause la trop grande dépendance de l’Afrique aux importations. 

 

« Ne pas être les victimes collatérales d’une guerre qui ne nous concerne que de loin », c’est en substance le message relayé par les dirigeants africains qui s’alarment des risques de pénuries de céréales et d’engrais induites par le conflit en Ukraine. En effet, le continent subit de plein fouet le blocus des exportations en provenance de Russie et d’Ukraine. Martin Griffiths, le secrétaire général adjoint des Nations unies aux affaires humanitaires, est l’un de ceux qui tentent de débloquer cette situation.

L’Afrique s’inquiète des conséquences de la guerre en Ukraine, notamment les pénuries de céréales, d’engrais et l’inflation des prix alimentaires. Que peuvent faire les Nations unies dans ce contexte ?

Le secrétaire général [Antonio Guterres] s’est rendu fin avril à Moscou et à Kiev, où il a discuté de ces questions avec les présidents Poutine et Zelensky. A son retour, il a demandé à Rebecca Greenspan, la secrétaire générale de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), de travailler à lever les obstacles aux exportations de céréales et d’engrais russes, qui ne font pas l’objet de sanctions. Un certain nombre de blocages concernent par exemple les transactions bancaires, les polices d’assurance ou le transport.

Le secrétaire général m’a également sollicité pour trouver un accord afin que les navires transportant les céréales ukrainiennes puissent quitter Odessa et les autres ports du pays en toute sécurité. L’Ukraine a environ 20 millions de tonnes de céréales prêtes à être exportées et nous devons les faire sortir avant la nouvelle récolte pour libérer de l’espace dans les entrepôts.

Jusqu’à présent, la réponse au travail de Rebecca Greenspan a été très constructive. L’Union européenne et les Etats-Unis sont favorables à la levée des obstacles pour que tout le monde puisse bénéficier des céréales et des engrais russes. J’ai aussi eu des négociations très positives avec les deux parties et j’espère pouvoir convoquer une réunion à Istanbul d’ici trois semaines pour finaliser un accord sur les exportations ukrainiennes. D’autant que ce n’est pas seulement un problème africain, c’est un problème mondial.


Conflit russo-ukrainien : Redistribution des influences en Afrique ?

Conflit russo-ukrainien  : Redistribution des influences en Afrique ?

Alors que s’intensifie le différend qui oppose, dans la guerre menée contre l’Ukraine, la Russie et l’Union européenne (UE), ces dernières semaines ont été jalonnées par des visites diplomatiques improvisées de délégations européennes sur le continent africain. Une telle frénésie n’est pas innocente. L’enjeu urgent, désormais proclamé, consiste pour les Etats de l’UE à s’affranchir du gaz russe à très court terme. Dans cette perspective, plusieurs pays africains apparaissent comme autant d’opportunités de diversifier leur approvisionnement en gaz. Néanmoins, les Etats africains peuvent-ils devenir autant d’alliés politiques pour l’UE ? Quelles opportunités économiques le développement de l’industrie extractive peut-il représenter pour le continent ? Par Laura Petiot, conseillère juridique, fondatrice et directrice du Cabinet L.P-Consulting.( La Tribune)

 

 

Site dédié au gaz naturel liquéfié (GNL) au Nigéria, près du village de Finima. le Nigéria représente déjà le troisième producteur d’Afrique, et le quatrième fournisseur de gaz naturel liquéfié (GNL) de l’Europe (40% de sa production y est exportée). Le pays a produit près de 50 milliards de m3 de GNL en 2019, mais disposerait en réalité d’une réserve estimée à 5.000 milliards de m3 : de quoi alimenter toute l’Europe sur plus d’une décennie. (Crédits : Reuters)

Dans le conflit qui oppose la Russie à l’Ukraine, les positions publiques exprimées par les Etats africains au sein, notamment, des instances de décision internationales, ont été pour le moins divergentes.

À l’occasion du premier vote de l’Assemblée générale des Nations unies (AGNU) pour l’adoption de la résolution condamnant l’agression militaire russe, intervenu le 2 mars dernier, 28 d’entre eux ont voté en sa faveur, 17 se sont abstenus, 8 n’ont pas voté, et 1 pays (l’Érythrée) a voté contre. L’exemple sénégalais constitue, à ce titre, l’exemple parfait de la « balance » vécue par nombre d’entre eux, et donc de leur difficulté à déterminer un positionnement diplomatique ferme.

Le pays, qui s’est abstenu de voter en faveur de la résolution onusienne, préside en ce moment même l’Union africaine (UA) qui a pourtant appelé de ses vœux au cessez-le-feu immédiat des exactions armées, ainsi qu’au respect impératif du droit international.

Dans l’enceinte onusienne toujours, d’autres Etats africains en ont profité pour réitérer leur attachement au « Mouvement des non-alignés » (MNA) émergé dans le contexte de la guerre froide. Refusant à cette époque de prendre parti pour aucun des deux « Blocs », de l’Est ou de l’Ouest, ils refusent désormais de s’aligner, ni derrière l’OTAN, ni derrière la Fédération de Russie, et démontrent le poids politique que peut jouer leur vote, tout en saisissant ainsi l’occasion de réaffirmer leur indépendance.

Le Mali, quant à lui, s’est abstenu de voter à la fois pour l’adoption de cette première Résolution (« Agression contre l’Ukraine ») et, quelques jours plus tard également, pour l’adoption de la Résolution condamnant les « conséquences humanitaires de l’agression contre l’Ukraine ». Et pour cause. Le Mali est au premier plan des pays africains dans lesquels la Russie multiplie ses incursions militaires et économiques. Depuis plusieurs semaines, elle tente notamment à travers son groupe paramilitaire « Wagner », ainsi que l’organisation sur les réseaux sociaux d’une large campagne de désinformation, de décrédibiliser l’opération française « Barkhane » et, globalement, l’entière présence française au Mali. Il y a quelques jours, son homologue malien alors en visite, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov promettait encore un soutien constant dans la formation des militaires et des policiers maliens, de nouvelles livraisons de blé, d’engrais minéraux et de produits pétroliers.

Au Mali, en République Centrafricaine, au Soudan et en République Démocratique du Congo (RDC), le constat est le même : la Russie y multiplie l’implication de ses troupes en soutien aux régimes en place, y compris dans le domaine du renseignement, expliquant toute la difficulté pour ces Etats à choisir leur « allié » dans le conflit opposant la Russie à l’Ukraine.

Pour autant, l’enjeu pour les pays africains d’un positionnement à l’égard du conflit russo-ukrainien est aussi et avant tout philosophique, voire juridique sur le plan du droit international. C’est d’ailleurs là la nature de l’engagement du Kenya qui compte parmi l’un des seuls pays du continent à avoir formulé, avant même le début déclaré de l’invasion russe le 24 février dernier, une condamnation publique forte et courageuse à l’encontre de la Fédération de Russie. En établissant une comparaison non détournée avec l’expérience africaine du colonialisme, l’ambassadeur du Kenya au Conseil de Sécurité des Nations unies (CSNU) formule l’importance historique que peut revêtir le respect du droit international et, notamment, du principe coutumier de « non-ingérence » ou de « non-intervention » dans les affaires intérieures et extérieures d’un Etat. Cette maxime peut, et doit, être élargie non seulement à l’interdiction de recourir à la menace ou à l’emploi de la force, mais également à l’interdiction pour tout Etat de s’ingérer dans les affaires intérieures et internationales d’un autre Etat par des moyens de pression politique et/ou économique. En appelant la Russie à respecter le droit international, il s’agit alors aussi pour les pays africains de réaffirmer leur attachement à l’interdiction de toute forme d’interventionnisme, y compris même de la part des pays occidentaux.

De son côté, l’enjeu  politique pour l’UE et ses Etats membres est de parvenir à rassembler des alliés dans les instances de décision internationales.

Au sein de l’Organisation des Nations unies d’abord, lorsque le Conseil de Sécurité, bloqué par le vote négatif de l’un de ses cinq membres permanents, est incapable de s’acquitter de sa responsabilité en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales. Défaillant, l’Assemblée générale peut alors prendre le relai, sous forme de recommandations non contraignantes, notamment à l’occasion de la convocation d’une Session extraordinaire d’urgence, comme ce fût le cas pour l’adoption des trois résolutions intervenues dans le cadre du conflit russo-ukrainien, respectivement les 2 et 24 mars, puis le 7 avril pour la suspension du droit de la Fédération de Russie de siéger au Conseil des droits de l’Homme des Nations unies.

Bien que ces résolutions ne soient, par définition, pas contraignantes, leur adoption peut revêtir une charge politique et diplomatique avérée pour le pays concerné par la « condamnation » internationale, et, à l’inverse, un soutien de taille dans la démarche de celui ou de ceux des Etat(s) à l’origine de sa présentation devant l’Assemblée générale.

Dans ces circonstances, chaque vote compte.

Le même raisonnement s’applique dans d’autres instances de décision internationales dans lesquelles siègent l’ensemble de ces Etats, comme ce peut être le cas au sein de l’Organe de règlement des différends de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Ce dernier, composé des représentants de tous les membres de l’Organisation, est donc un organe politique, qui n’en est pas moins responsable de la supervision de l’ensemble du processus de règlement des différends, lui-même pouvant aboutir à l’autorisation de mesures de rétorsion pour l’Etat qui a méconnu les règles du commerce mondial.

L’UE est membre à part entière de l’OMC, et soumise comme telle à son mécanisme de règlement des différends. Depuis plusieurs semaines, les désaccords qui l’opposent à la Fédération de Russie ne cessent de prendre de l’ampleur sur le plan économique. Un nombre important de mesures de rétorsion ont été prises pour affaiblir la Russie, qui consistent notamment en : le gel des avoirs et la restriction à l’entrée sur le territoire de l’UE de personnes physiques d’intérêt russes, la restriction à l’accès aux marchés européens de capitaux, plusieurs interdictions d’importer et d’exporter certains produits, l’exclusion du système bancaire « SWIFT » de plusieurs banques russes et le gel des avoirs de la Banque centrale russe, la fermeture de l’espace aérien européen à l’aviation russe, la fermeture des ports et des routes, l’embargo sur le charbon russe, etc.

La semaine dernière la Commission présidée par Ursula von der Leyen a imposé un embargo sur les importations de pétrole russe.

Et, à l’heure où l’UE refuse désormais de reconnaître à la Russie le statut de la « Nation la plus favorisée », à savoir, de lui reconnaître l’application du principe de non-discrimination économique de base du droit international économique défendu par l’OMC, certaines de ces sanctions commerciales, normalement destinées à n’être que temporaires, semblent vouées à devenir définitives.

Dans cette perspective, la naissance d’un différend entre l’UE et la Fédération de Russie devant l’OMC n’est pas à exclure dans les prochains mois. L’Union des Etats membres devra alors s’attacher à réunir tous les soutiens possibles au sein de l’Organe de règlement des différends.

Néanmoins, l’implication de la Russie en Afrique rend cette quête de soutiens de plus en plus difficile, et sur la scène internationale, nombre de pays africains pourraient alors traduire diplomatiquement la balance vécue entre engagement philosophique (ou position à l’égard du droit international) d’un côté, et intérêts militaires, logistiques, voire économiques de l’autre. Pour toutes ces raisons, ils ne peuvent dans tous les cas constituer un front commun allié de l’Otan et de l’UE.

Pourtant, si l’UE ne parvient pas à faire des Etats africains autant d’alliés politiques sur le plan international, elle doit tout du moins réussir à en faire des partenaires économiques pérennes. À cet égard, l’enjeu le plus urgent consiste à s’affranchir du gaz russe qui représente 45% de ses importations de gaz naturel (environ 155 milliards de m3 par an).

Ces dernières semaines, l’Organisation s’attèle ainsi à déployer un certain nombre de mesures destinées à réduire sa dépendance à l’égard du gaz et des combustibles fossiles russes. La Commission Européenne les a formulées dans son plan baptisé « REPowerEU » qui repose sur trois piliers principaux : diversifier l’approvisionnement en gaz, accélérer massivement le déploiement des énergies renouvelables, et faire d’importantes économies d’énergie. La quête de partenariats en Afrique coïncide avec le premier de ces piliers. Sur le terrain, il s’agit en réalité pour les Etats membres de l’UE, soit de développer des partenariats existants avec des pays africains déjà considérés comme d’importants producteurs de gaz naturel (le Nigéria, l’Algérie, l’Egypte, l’Afrique du  Sud), soit d’investir avec d’autres de ces Etats dans d’ambitieux projets d’extraction et/ou d’acheminement du gaz naturel en réponse à de récentes découvertes.

À titre d’exemple, le Nigéria représente déjà le troisième producteur d’Afrique, et le quatrième fournisseur de gaz naturel liquéfié (GNL) de l’Europe (40% de sa production y est exportée). Le pays a produit près de 50 milliards de m3 de GNL en 2019, mais disposerait en réalité d’une réserve estimée à 5.000 milliards de m3 : de quoi alimenter toute l’Europe sur plus d’une décennie. En juin 2021, le président nigérian a d’ailleurs officiellement lancé le coup d’envoi des travaux de construction du « Train 7 »  de liquéfaction de l’usine de production nationale « Nigeria LNG ». Pour un coût total de 10 milliards de dollars, le projet devrait permettre d’augmenter la capacité de production du site de 35%. Compte tenu de ses nouvelles capacités de production en devenir, le Nigéria, à travers son ministère des Ressources pétrolières, a déjà déclaré être prêt à devenir un fournisseur alternatif de GNL pour l’UE. En contrepartie, les compagnies pétrolières et gazières européennes (Shell, ENI, Total) sont invitées à accroître leurs investissements dans le secteur gazier national, condition posée par les autorités nigérianes.

Dans la région, d’ailleurs, le projet de gazoduc « transsaharien » devant s’étendre du Nigéria jusqu’en Algérie, en passant par le Niger pour connecter les champs de production et d’extraction nigérians aux réseaux de pipelines algériens, et donc au marché européen, peine depuis plusieurs années à trouver des financements. Pensée sur 4.400 kilomètres, l’installation permettrait au Nigéria de fournir par ce biais 30 milliards de m3 de GNL supplémentaires. En parallèle, un projet « concurrent » voit progressivement le jour entre le Nigéria et le Maroc : il s’agit du « Nigeria-Morocco Gas Pipeline » qui doit relier le producteur ouest-africain au Maroc le long de la côte atlantique, sur plus de 3.000 kilomètres, connectant au total 11 pays de la zone en cours de route. Le Nigéria a récemment appelé les investisseurs à se déclarer, et ne cache pas l’intérêt porté par la Russie pour ce projet.

Avec le Nigéria, les géants européens du secteur ont donc un coup à jouer, mais aussi à perdre s’il advenait qu’ils se manifestent trop tardivement.

En outre, dans d’autres pays voisins, de récentes découvertes alimentent également la course aux accords gaziers. Entre 2014 et 2016, d’importantes quantités de pétrole et de gaz ont notamment été découvertes au large du Sénégal, à cheval sur la frontière maritime sénégalo-mauritanienne, dont celle du champ dénommé « Grand Tortue Ahmeyim » (GTA). Les réserves de ce dernier seraient estimées à 1.400 milliards de m3 de GNL, faisant de lui l’un des plus importants gisements d’Afrique de l’Ouest. Le Sénégal et les compagnies partenaires sur le projet, BP (UK) et Kosmos Energy (États-Unis), ont récemment annoncé que les travaux d’installation des infrastructures seraient bientôt terminés, rendant l’exploitation possible à partir de 2023.

À quelques kilomètres, la Côte d’Ivoire n’est pas en reste. En septembre dernier, le géant italien des hydrocarbures ENI a annoncé la découverte du gisement offshore « Baleine » qui recèlerait, outre une manne pétrolière conséquente, jusqu’à 67 milliards de m3 de GNL. Grâce à son expérience de la région et aux installations déjà existantes dans le pays, ENI prévoit de faire entrer le nouveau gisement en service dès le milieu de l’année 2023, et planifie de procéder à de nouveaux forages pour révéler de nouvelles réserves.

Au-delà des solutions à court terme que peuvent proposer les gros producteurs africains, toutes ces découvertes laissent donc entrevoir le potentiel gazier africain, à moyen, et à plus long terme, dont l’UE peut chercher à se saisir dans sa course à la diversification de ses approvisionnements.

Néanmoins, plusieurs obstacles pourraient entraver ces perspectives de développement. Parmi eux, les problèmes logistiques régulièrement rencontrés par ces pays, y compris par les plus gros producteurs d’entre eux, et qui découlent, souvent, du défaut d’investissement structurel accordé à l’industrie. L’instabilité politique apparaît en outre comme la plus grosse préoccupation. Le cas du Mozambique suffit à s’en convaincre. Après d’importantes quantités de GNL découvertes dans le bassin de Rovuma en 2010, les autorités du pays se sont accordées avec différents acteurs du secteur (ExxonMobil, ENI, China National Petroleum Corporation et Total) pour le développement de projets d’exploitation et de production de GNL. Mais la dégradation de la situation sécuritaire dans le nord du pays et l’insurrection islamiste qui s’est manifestée à travers des dizaines d’attaques (l’émergence de cette menace étant aussi a priori en réaction à l’euphorie gazière) ont poussé ces derniers à réviser leur feuille de route et à ralentir leurs investissements, voire à suspendre totalement leur intervention (à l’image de Total devant déclarer, en avril de l’année dernière, une situation de « force majeure »).

Pour autant, dans une perspective où ne comptent que les intérêts africains, le développement de l’industrie gazière et la fourniture aux pays membres de l’UE peut-elle constituer une source pérenne de contribution aux budgets des Etats du continent ? Plus concrètement, quelle est la part que ces derniers veulent accorder au secteur extractif dans leur économie, donc dans leur PIB ?

En pleine récession, notamment liée aux conséquences de l’épidémie de Covid-19, le Rapport 2020 de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique insiste sur la nécessité pour les Etats africains de parvenir à réduire les problèmes d’endettement et à assurer un processus de reprise de l’économie. Elle les encourage à redoubler leurs efforts de mobilisation des ressources intérieures pour augmenter leurs revenus et investir dans les secteurs productifs de leurs économies.

Dans cette perspective, le développement de l’industrie extractive peut apparaître comme la solution toute trouvée. Et c’est sur le gaz naturel, bien plus que sur le pétrole, que les économies africaines ont intérêt à se concentrer sur le long terme, dans la mesure où les conséquences écologiques de son exploitation, de son acheminement et de sa consommation (mis à part le cas du gaz de schiste), sont bien plus mesurées que le sont celles du pétrole et du charbon (le gaz naturel émet notamment 25% de mois de dioxyde de carbone que le pétrole et 50% de moins que le charbon). L’Agence internationale de l’énergie (AIE) privilégie à ce titre l’inclusion du gaz naturel dans le mix énergétique mondial et le considère comme un bon complément aux énergies vertes, dans l’attente de technologies permettant de stocker l’électricité verte de façon plus efficace.

Plusieurs questions demeurent néanmoins s’agissant du développement de cette industrie. Les économies africaines parviendront-elles à transformer le potentiel d’extraction en potentiel de création d’emplois dans ce secteur, ou dans ceux, indirects, qui interviennent localement ? Elles devraient, pour ce faire, chercher à limiter l’influence des acteurs économiques privés étrangers en augmentant l’implication des acteurs nationaux, notamment dans la sous-traitance et la fourniture de biens et de services en lien avec l’industrie extractive.

L’enjeu est colossal, car la récession, entamée avec la pandémie de Covid-19, risque sans conteste de s’aggraver avec les conséquences de la guerre entre la Fédération de Russie et l’Ukraine. Le choc sur le prix des produits de base – dont le blé et le coton – qu’elle provoque risque d’entraîner des effets encore plus terribles pour certains pays d’Afrique qu’elle ne le fait pour l’Europe. La hausse des prix d’importation, notamment des denrées alimentaires, exerce déjà une pression sur l’inflation de certaines de ces économies, et la plus grosse difficulté résidera certainement dans l’augmentation du prix du pain, à l’origine déjà de troubles sociaux dans le passé. Dans un contexte où la sécurité alimentaire n’a cessé de se détériorer du fait des conflits, des phénomènes météorologiques extrêmes, puis finalement, des conséquences économiques de la pandémie (voir en ce sens le Rapport « Vue d’ensemble régionale de la sécurité alimentaire et de la nutrition en Afrique 2020 », FAO, CEA, CUA), la guerre entre la Russe et l’Ukraine pourrait déclencher une crise alimentaire aux conséquences humanitaires terribles.

Les potentiels revenus générés par la production et la fourniture du gaz ouvrent à ces Etats de nouvelles perspectives, qu’ils devront être capables de mobiliser pour leur propre indépendance alimentaire, et donc en gardant à l’esprit l’urgence écologique, dans le financement de leur secteur agricole, pour les infrastructures, l’irrigation, l’électricité et les routes, ainsi que la recherche et la vulgarisation agricoles

 

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