Avec Trump, la crise de confiance économique
À peine revenu à la Maison-Blanche, Donald Trump fait face à une crise de confiance généralisée, marquée par une instabilité économique, une chute des marchés et une inflation persistante. Son imprévisibilité inquiète autant les entreprises que les ménages, menaçant la croissance et creusant les fractures budgétaires.
par Lucie Robequain dans La Tribune
Donald Trump n’a pas passé cinquante jours à la Maison-Blanche que c’est déjà la douche froide. Élu sur la promesse de faire baisser les prix, de réduire les impôts, d’enrichir les Américains et de forer un maximum de pétrole, le président échoue sur tous les tableaux, du moins pour l’instant.
Les suppressions d’emplois ont plus que doublé en un mois. Les licenciements n’ont jamais autant augmenté depuis la crise financière de 2008. Ils sont nombreux dans la fonction publique, qu’Elon Musk souhaite réduire à la portion congrue. Ils le sont aussi dans les entreprises privées, paniquées par les décisions erratiques de la Maison-Blanche.
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Les économistes de la Réserve fédérale d’Atlanta, qui tablaient sur une croissance de presque 3 % au premier trimestre, ont complètement corrigé leur copie depuis : c’est désormais un recul de 2,8 % qui est anticipé !
Si Donald Trump fait autant de mal à son pays, c’est moins par sa radicalité que par son inconstance. Il l’a encore prouvé ce jeudi : il est capable de renoncer aux taxes douanières quand les industriels lui expliquent tout le mal à en attendre. Mais l’instabilité est un facteur de stress considérable, pour les patrons comme pour les marchés. La preuve : la Bourse de New York a continué à dégringoler jeudi après-midi, quand bien même le président américain a suspendu les surtaxes contre le Mexique et le Canada.
À force de souffler le chaud et le froid, Donald Trump a perdu la confiance des marchés. « C’est la faute des investisseurs mondialistes », a-t-il balayé dans la soirée, ajoutant qu’il « ne regard[ait] pas les marchés ».
Les familles américaines, qui boursicotent plus que les européennes, commencent elles-mêmes à paniquer.
Les baisses d’impôts promises aux entreprises paraissent elles-mêmes très illusoires. Les parlementaires républicains, qui n’ont que peu de leviers d’action face au président, sont tentés d’y faire barrage pour conserver un semblant de sérieux budgétaire – ils l’ont prouvé la semaine dernière en votant une résolution à rebours de ses promesses électorales. Un facteur qui risque de faire encore chuter la Bourse de New York.
Les familles américaines, qui boursicotent traditionnellement plus que les européennes, commencent elles-mêmes à paniquer en voyant fondre la valeur de leur portefeuille. Le moral des ménages chute, particulièrement chez les plus aisés. Les classes moyennes ne sont pas mieux loties. Les prix augmentent dans tous les domaines (+3 %), avant même que les surtaxes douanières n’aggravent la situation.
On se souvient que les démocrates avaient perdu l’élection sur cette fameuse question de l’inflation. Tout porte à croire que Donald Trump fera encore pire : loin de se normaliser, l’inflation risque de rester durablement supérieure à 3 %. Conséquence : la Réserve fédérale ne pourra pas réduire ses taux d’intérêt comme le réclame la Maison-Blanche.
L’Amérique va donc devoir financer ses largesses budgétaires au prix fort. Crise des marchés, crise des ménages, crise de la dette : drôle d’entame pour qui veut rendre son pays plus fort.