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L’entreprenariat, la clé des conditions de travail ?

L’entreprenariat, la clé des conditions de travail ?


Une contribution qui mérite d’être lue mais qui constitue un plaidoyer en faveur de l’entreprenariat comme solution aux conditions de travail. Même qu’il ne faut pas rejeter tous les arguments force aussi est de constater que les grandes plates-formes favorisent le développement d’un entreprenariat de sous-traitance dont les conditions de travail- voire la rémunération- est pire que dans le monde du travail classique
NDLR

Selon une récente étude de l’Institut Montaigne [1], ce sont les actifs les plus satisfaits de leur travail qui souhaitent le report de l’âge de départ légal à la retraite. Les Français ne veulent pas travailler plus longtemps dans des activités qu’ils considèrent pénibles. Or, plus de six actifs sur dix considèrent que leur métier est « pénible » [2]. Lorsqu’ils atteignent la retraite, nombre d’entre eux n’auraient plus aucun goût pour leur travail depuis plusieurs années. La clef ne serait-elle pas de trouver des modes de travail qui réduisent la pénibilité, tout en favorisant la réalisation de soi ?

La notion de pénibilité évoquée dans le débat sur les retraites ne comprend pas uniquement les facteurs de risques professionnels liés à des contraintes physiques ou environnementales marquées. Elle sous-tend également le désintérêt et la perte de sens au travail que connaissent les salariés depuis quelques années, durant lesquelles le bore-out s’est installé comme maladie professionnelle aux côtés du burn-out. C’est donc bien cette question du sens qu’il faut poser et une réflexion sur des alternatives pour travailler mieux qu’il faut mener, si nous voulons faire face aux enjeux posés par l’allongement de la durée de vie de la population française [3].

Pour nos jeunes générations, cette question du sens et de l’utilité des missions du quotidien est au cœur de leurs choix professionnels [4]. Tout comme faire évoluer nos comportements de consommation vers des modes plus raisonnables et responsables, la quête de sens professionnel implique de sortir de sa zone de confort, de prendre des risques afin de trouver ce qui est une alternative durable, dans laquelle la réalisation de soi prend le pas sur la pénibilité.

Miser sur les TPE/PME doit faire partie de la solution. Clé de voûte de notre économie locale, elles sont les plus à même de mettre en place ou de poursuivre une stratégie d’impact territorial positif au niveau social, environnemental et économique. Implantées localement, elles connaissent les besoins des populations du territoire, peuvent répondre aux attentes des Français qui cherchent à travaillerlà où ils vivent, développer leur sphère d’influence auprès de partenaires locaux et donc créer un écosystème créateur de valeur au niveau territorial. Nous y trouverons des solutions bénéfiques pour notre économie tout en recréant du lien social et une réponse à cette quête de sens que poursuivent les salariés.

Face aux crises actuelles d’énergie et d’approvisionnement, les pouvoirs publics doivent plus que jamais soutenir les TPE/PME et microentreprises, pour qu’elles puissent maintenir leur activité, créer des emplois locaux et accélérer leur transition environnementale et numérique.

« Les carrières sont aujourd’hui plus fragmentées et l’autonomie comme l’indépendance sont bien plus prisées qu’auparavant »
Redonnons une place de choix aux senior.
Repenser nos modes de travail et travailler mieux, c’est également replacer les seniors au centre de nos organisations. Leur expérience et leurs connaissances doivent être valorisées et combinées aux compétences des jeunes actifs.

De plus, on estime à près de 90 000 le nombre de seniors qui se lancent chaque année dans la création d’entreprise en France, créant ainsi un cinquième des nouvelles entreprises [5]. Ils font davantage ce choix par souci d’épanouissement personnel et de valorisation du capital humain, social et financier accumulé durant leur vie, plutôt que par « nécessité ». C’est ce que confirment ces chiffres : la part de seniors au chômage depuis un an ou au chômage de longue durée lorsqu’ils se lancent dans la création d’entreprise est inférieure à 30 % du total, et 59 % d’entre eux déclarant que le secteur d’activité de l’entreprise créée est identique à celui du métier exercé précédemment [5].

Développons des circuits d’accompagnement efficaces pour les seniors qui créent leur entreprise : c’est une source de reconnaissance et d’épanouissement personnel très forte, qui remet en cause la question de la pénibilité susceptible de repousser l’âge de départ à la retraite. Et cela aura sans aucun doute possible en plus, un effet positif sur la croissance, l’emploi, le pouvoir d’achat, l’innovation et le lien social du pays.

Selon une étude de l’Institut Montaigne, les indépendants sont en moyenne plus satisfaits que les salariés du public ou du privé [6]. Les plus en phase avec leur profession sont en général chefs d’entreprise, artisans ou professions libérales. Orientons donc nos efforts vers ces professions qui ne riment pas avec pénibilité.

Enfin,le numérique a bouleversé nos modes de travail et il faut en tirer parti. Les carrières sont aujourd’hui plus fragmentées et l’autonomie comme l’indépendance sont bien plus prisées qu’auparavant. Le développement du télétravail et de l’autoentrepreneuriat a ouvert de nouvelles possibilités et suscité de nouvelles attentes : choisir son lieu de vie avant son lieu de travail, renforcer la flexibilité sur son temps de travail, retrouver un équilibre avec sa vie personnelle, changer d’activité plus facilement ou encore cumuler plusieurs emplois… Il faut prendre en compte ces changements de paradigme.

Développons ces nouveaux modes de travail au sein des entreprises et encourageons plus largement l’entrepreneuriat dès le plus jeune âge.

Edouard Dumortier est cofondateur d’AlloVoisins.

Les conditions de développement entre l’Afrique et l’Europe

Les conditions de développement entre l’Afrique et l’Europe

Nasser Kamel : « L’Europe doit regarder de près l’idée d’emmener ses centres d’approvisionnement en Afrique »

Nasser Kamel, secrétaire général de l’Union pour la Méditerranée (UpM) qui, dans cet entretien avec La Tribune Afrique, revient sur l’intérêt de dupliquer régionalement les modèles de réussite africaine. Il présente, entre autres, sa vision d’un nécessaire renforcement de la coopération économique et industrielle entre « l’Europe, l’Afrique au sens large et le Moyen-Orient » dans le monde de demain.

LA « TRIBUNE » AFRIQUE – Vous avez eu une présence très marquée à l’Aerospace African Forum. Quel est l’intérêt pour l’UpM de cette rencontre business centrée sur l’industrie aéronautique en Afrique ?

NASSER KAMEL – Cette grand-messe de l’aéronautique africaine a pu réunir plusieurs membres de l’Union pour la Méditerranée dont le Maroc qui en est également l’hôte. Et voir de près la réussite marocaine, comment ce pays a réussi en peu de temps -quatre ou cinq ans- à développer un secteur aéronautique innovant, dynamique, à la pointe de la technologie et parvenant à faire partie des chaînes d’approvisionnement de l’industrie mondiale est tout à fait intéressant. Il était donc important d’apprendre comment la stratégie marocaine est réplicable dans d’autres pays de la zone méditerranéenne.
Par ailleurs, les décideurs et industriels du secteur étaient intéressés à découvrir la vision de l’Union pour la Méditerranée vis à vis de la nécessité d’une intégration économique renforcée entre les deux rives de la Méditerranée -le Sud et le Nord. Il était donc opportun que je sois présent, afin de partager ma vision de ce que nous devrions faire pour mieux coopérer dans la région.

Face à un monde en mutation, une Europe développée et une Afrique du Nord qui progresse, comment une coopération économique efficace -notamment sur le plan industriel- peut-elle s’établir quand l’innovation technologique devient centrale, sur fond de défi climatique ?
A mon sens, il faut d’abord reconnaître qu’on est dans la région la plus affectée par les changements climatiques. En Méditerranée, on se chauffe 20 % plus rapidement que le reste du monde, mis à part l’Antarctique qui est une zone non habitée. Alors on a un défi climatique énorme dans cette région. On a d’une part, l’Union européenne (UE) qui a l’ambition d’arriver à la neutralité carbone en 2030 et à zéro émission en 2050. On a les énergies renouvelables -pour lesquelles il faut énormément de terrain et de main d’œuvre-, la production d’hydrogène vert… Tout cela nous amène à une conclusion très simple: je ne vois pas comment l’Europe va pouvoir arriver à réaliser le New Green Deal sans investir dans le renouvelable au Sud. Et on voit déjà -surtout dans deux pays de la région que sont le Maroc et l’Egypte- le nombre d’accords préliminaires de production d’hydrogène vert est impressionnant. Il reste que ces accords se traduisent par de vrais investissements. Au-delà, il faudrait aussi développer l’infrastructure en matière d’interconnexion électrique pour que le Maroc et l’Egypte et d’autres pays puissent vendre à l’Europe de l’électricité propre.
Les choses commencent à aller dans ce sens. A la COP 27, le Maroc et l’Espagne ont signé la première interconnexion à travers le Portugal, la France, voire même l’Allemagne. J’ai eu l’honneur d’y assister. L’Égypte fait à présent la même chose avec la Grèce pour atteindre le reste de l’UE, de même qu’avec l’Italie. On voit donc bien que le besoin existe et les ressources sont complémentaires. Il faut à présent investir dans la technologie, parce qu’en termes d’espaces, quand on regarde le désert qui s’étend du Maroc à l’Egypte, le potentiel est énorme. Investir dans la technologie favorisera non seulement le transfert technologique vers le Sud, une coopération renforcée et des investissements ciblés.

Le secteur privé est central dans cette démarche, mais quel rôle les gouvernements pourraient-ils jouer afin de renforcer cette coopération économique?
Pour que le secteur privé atteigne son plein potentiel, il faut créer le cadre juridique, légal et institutionnel qui lui permette de travailler et de travailler ensemble. En ce qui concerne l’énergie, il faut travailler pour créer un espace ou un marché d’énergie équitable, soutenable et facile, et qui permette les échanges. C’est le rôle des gouvernements. Il faut arriver à travailler pour une vraie zone de libre-échange commune. Nous avons aujourd’hui des accords de libre-échange entre le Maroc et l’Europe, entre l’Egypte et l’UE, la Tunisie et l’UE … Mais il faut une zone de libre-échange euro-méditerranéenne. Il faut des règles d’origine euro-méditerranéennes. Ce sont autant de chantiers sur lesquels nous travaillons avec les décideurs politiques afin d’amener la région euro-méditerranéenne à s’intégrer davantage.

Lorsque vous évoquez cette intégration, tenez-vous compte des grands projets énergétiques comme le projet de gazoduc Maroc-Nigeria (un pays du Sud du Sahara) et Algérie-Nigeria visant notamment à couvrir d’Afrique de l’Ouest, mais aussi à faciliter les livraisons de gaz vers l’Europe ?
Le gaz reste toujours une énergie de transition parce qu’elle est moins polluante que les autres énergies fossiles. Dans ce sens, ces projets sont très utiles. De plus, ils ont un effet positif par rapport à l’autosuffisance européenne surtout sur fond de guerre en Ukraine. Ces deux éléments sont importants. Il y a également le projet Egypte – Chypre – Israël – Palestine – Liban qui porte également sur le gaz, avec les capacités d’électrification existantes en Egypte et dont l’export a augmenté de manière phénoménale ces derniers douze mois.
Cette source d’énergie qui est moins polluante dans une Europe qui utilisera le gaz jusqu’à 2050 et dans un monde où on voit malheureusement que les investissements dans ce genre de projet ont beaucoup baissé au cours des dix dernières années, provoquant des pénuries énormes, comme constaté ces derniers mois. Je crois que ce projet marocain, ce projet algérien et ce projet à l’Est de la Méditerranée entre cinq pays ont tous un rôle positif dans le renforcement de l’intégration régionale. Ils favorisent la valeur ajoutée économique dans les pays du Sud et rendent l’Europe moins dépendante d’autres fournisseurs d’énergies dont le gaz.

Le financement est une question cruciale en matière de coopération économique. Comment l’abordez-vous à l’UpM?

En matière de financement, il est important de déterminer les secteurs en faveur desquels il faut mobiliser les fonds à moment donné. Au niveau de l’UpM, plusieurs secteurs sont concernés par des projets de soutenabilité (énergies renouvelables, le traitement de l’eau…) Dans ce sens, il suffit de fédérer les différents bailleurs de fonds et nous en avons la capacité. Nous sommes actuellement en train de travailler sur un fonds d’investissement axé sur l’économie bleue: le renouvelable, le transport maritime propre, le traitement des eaux usées, la dépollution de la Méditerranée… Notre ambition est de lancer une plateforme de 1,3 milliard d’euros. Ce n’est pas encore fait, nous sommes en pourparlers avec différents acteurs dont la BERD [Banque européenne de reconstruction et de développement], la BEI [Banque européenne d'investissement], l’Agence française de développement [AFD], l’Agence espagnole pour la coopération internationale au développement (AECID) et les pays du Sud, surtout le Maroc, l’Egypte et la Tunisie. Ces derniers sont -à ce stade- les trois pays bénéficiaires, en espérant que cela s’étende à d’autres pays du Sud, sachant que ceux-ci y mettent également des fonds. L’argent ne viendra donc pas uniquement du Nord, mais aussi du Sud. Il faut savoir que la Méditerranée est une région au sens large qui se porte très bien quand il s’agit de finance climat. C’est une région qui se débrouille mieux que beaucoup d’autres régions du monde.
Quand il s’agit d’investissements industriels et autres, c’est le secteur privé qui doit se mobiliser. Et au regard de l’industrie aéronautique et automobile au Maroc, les industries en général en Egypte ou en Tunisie dans le textile, les engrais, l’acier, l’électroménager…, il y a une montée en puissance des pays du Sud dans la production de ces produits et leur exportation vers le Nord. Mais, il faut beaucoup plus. Dans ce sens, l’Europe doit regarder de près l’idée d’emmener ses centres d’approvisionnement en Afrique du Nord et en Afrique subsaharienne, car un monde où l’on dépend des chaînes d’approvisionnement de 7 000 à 8 000 Km n’est soutenable ni écologiquement, ni économiquement.

Au-delà de la dimension régionale, comment la Méditerranée se pense-t-elle dans un monde globalisé ?

La globalisation est faite pour rester, mais sous une formule différente. On dit souvent : il faut penser global et acter national, il faut penser régional et acter national, tout en intégrant la globalisation dans le processus. Mais pour que cette grande zone -qu’est l’Europe, l’Afrique au sens large et le Moyen-Orient- puisse devenir un chiffre important dans le monde de demain, elle doit s’intégrer davantage, à l’image que fait notamment la grande Asie ou ce que font les Américains avec le Mexique et le Canada. Et pour y arriver, nous avons un énorme travail à abattre. Il faut de la volonté politique et il faut que les deux rives de la Méditerranée arrivent à la conclusion que leur bien-être et leur futur dépendent d’une coopération beaucoup plus renforcée.
Propos recueillis à Casablanca par Ristel Tchounand.

Quelles conditions à l’élargissement de l’union européenne ?

Quelles conditions à l’élargissement de l’union européenne ?

Olaf Scholz, Emmanuel Macron et Mario Draghi, en visite à Kiev, ont plaidé pour que le statut de candidat à l’entrée dans l’Union européenne soit « immédiatement » accordé à l’Ukraine. Mais une réflexion plus étendue sur l’élargissement de l’UE est nécessaire. (papier du Monde)

 

En se rendant ensemble à Kiev, le 16 juin, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Allemagne, de la France, de l’Italie et de la Roumanie ne voulaient pas seulement rappeler le soutien sans faille apporté par l’Union européenne à l’Ukraine depuis le début de la guerre déclenchée par la Russie, il y aura bientôt quatre mois. L’heure n’est plus seulement aux symboles, alors que continue de retentir le fracas des armes. Les Ukrainiens demandent une aide militaire pour tenir sans rompre face à l’envahisseur. Mais ils ont tout autant besoin d’un horizon politique qui redonne son sens aux énormes sacrifices consentis aujourd’hui au nom de valeurs placées au cœur du projet européen.

Accusés de tiédeur, d’ambiguïté, ou à la tête de pays dont les opinions publiques expriment déjà un début de lassitude de la guerre, Olaf Scholz, Emmanuel Macron et Mario Draghi se savaient tout particulièrement attendus sur cet impératif de cap politique. A la veille d’échéances importantes (la Commission se prononçait sur le sujet le lendemain, avant un Conseil européen déterminant, les 23 et 24 juin, où l’unanimité sera impérative), ils sont allés aussi loin que possible en plaidant pour que le statut de candidat soit « immédiatement » accordé à Kiev. Même si ce statut n’implique aucune disposition relevant de la sécurité, cet engagement ouvre la voie à une percée politique majeure. Il constitue une victoire personnelle pour le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, qui s’est fixé cet objectif.

Si prometteuse soit-elle, cette perspective ne permet pourtant de répondre qu’imparfaitement à l’urgence. La lourdeur et la longueur du processus d’adhésion se heurtent au temps de la guerre et à ses conséquences. Jamais par le passé un pays, réputé bien avant l’invasion russe pour la fragilité et les faiblesses de ses institutions, ne s’est engagé dans un tel marathon au beau milieu d’un conflit qui le ravage et brouille ses frontières.

A Strasbourg, le 9 mai, Emmanuel Macron, en tant que président du Conseil de l’Union européenne, avait esquissé la piste d’une « communauté politique européenne » qui pourrait notamment constituer une antichambre pour les candidats à l’adhésion. Cette idée a été accueillie froidement par ceux, y compris en Ukraine, qui y ont surtout vu une voie de garage.

Une telle structure, discutée et amendée, pourrait pourtant être utile pour permettre d’associer politiquement les Ukrainiens à l’UE sans attendre la fin d’un long processus, qui pourrait courir sur une décennie. A condition cependant qu’elle ne soit pas une solution de rechange, mais bien une piste complémentaire du processus d’adhésion, elle pourrait de surcroît fournir un cadre au soutien européen dont les Ukrainiens bénéficient déjà et qui ne pourra que s’accroître massivement si les Vingt-Sept tiennent leurs engagements pour la reconstruction du pays.

Une réflexion sur l’élargissement est d’autant plus nécessaire que le cas de l’Ukraine n’est pas le seul en jeu. D’autres pays, dont la Macédoine du Nord, le Monténégo ou l’Albanie, l’ont précédée et vivraient difficilement d’être rétrogradés dans l’ordre des priorités européennes. Le statut de candidat « impliquera aussi que soit prise en compte la situation des Balkans occidentaux et du voisinage, en particulier de la Moldavie », a convenu Emmanuel Macron. Ce dernier pays, qui connaît déjà des tensions séparatistes prorusses en Transnistrie, craint d’être déstabilisé par le conflit. La situation impose aux Européens de se montrer inventifs. Dès à présent.

Energie solaire : Des conditions de soutien restrictif ?

Energie solaire : Des conditions de soutien restrictif ?

 

Plus de 300 acteurs économiques et représentants politiques réunis autour de l’association Energie Partagée protestent, dans une tribune au « Monde », contre le contenu restrictif d’un arrêté gouvernemental qui définit les conditions aux projets de toiture photovoltaïque. ( extrait)

Une contribution intéressante mais qui pose la question des limites du financement public vis-à-vis d’énergies peu rentables. NDLR

 

Tribune. 

 

Par l’adoption d’un arrêté censé doper les installations de production d’énergie photovoltaïque, la France vient de porter le coup de grâce aux centaines d’initiatives collectives de production d’énergie solaire, portées par des groupes d’habitants et de collectivités. Cet arrêté transcrit de façon restrictive une disposition européenne et interdit le cumul des aides de l’Etat (le tarif garanti d’achat de l’électricité), d’une part, et des collectivités locales, d’autre part (souvent des subventions régionales).

Pourtant, la combinaison des subventions locales et du tarif d’achat est vitale pour les projets solaires citoyens, installation sur de petites toitures de bâtiments publics impliquant des normes de sécurité (écoles, gymnases, etc.) supplémentaires. Ces aides complémentaires sont d’autant plus indispensables dans la moitié nord de la France et les territoires de montagne : l’équilibre économique des projets y est plus difficile à atteindre du fait du moindre ensoleillement, ce qui pénalise les collectivités souhaitant contribuer directement à une transition énergétique locale, mobilisatrice et durable.

 

Ces installations solaires, développées et financées par des citoyens, des collectivités et des acteurs locaux, ne génèrent pas uniquement une électricité verte, mais aussi des actions pédagogiques sur la transition énergétique, une meilleure compréhension et appropriation locale des énergies renouvelables, un soutien à l’économie locale… autant de retombées positives pour les territoires qui expliquent la volonté croissante de collectivités, toujours plus nombreuses, de soutenir ces démarches.

Un mécanisme de modulation du tarif d’achat photovoltaïque

Avec ce texte, la France interdit aux collectivités d’apporter leur soutien à ces projets territoriaux aux retombées économiques, sociales et démocratiques bien réelles. Cela alors que la communauté scientifique exhorte les acteurs nationaux, mais également locaux, à combiner leurs efforts pour lutter contre le changement climatique et accélérer le développement des énergies renouvelables.

 

Cela alors que la ministre de la transition écologique Barbara Pompili déplorait récemment qu’il y ait encore « trop peu de projets citoyens », impliquant les acteurs locaux, et promettait des moyens pour accompagner les territoires le long de cette nécessaire transition énergétique. Cela alors que le premier ministre, Jean Castex, affirmait le 28 août à Saint-Nazaire que les projets de production d’électricité solaire photovoltaïque « constituent l’axe prioritaire de notre stratégie en matière d’énergies renouvelables électriques ».

Aide à domicile : des conditions sociales souvent inadmissibles

Aide à domicile : des conditions sociales souvent inadmissibles

 

Avec le vieillissement de la population, médias, politiques et experts comptent sur le développement de l’aide à domicile pour rendre acceptable la vie des personnes âgées . Le problème ,c’est que les confusions sociales sont inadmissibles. En effet non seulement les salaires sont assez dérisoires mais les conditions de travail sont particulièrement pénibles. Des tâches souvent ingrates qui demandent beaucoup d’abnégation et même d’amour. Des horaires de travail impossibles : le matin tôt, le soir tard, les samedis dimanches et jours de fête. En outre dans beaucoup de cas des temps d’attentes qui ne sont pas rémunérés et une prise en charge trop partielle des temps et frais de déplacement. Un quart seulement des aides à domicile estiment que leur rémunération est à la hauteur de leurs efforts, contre 35% pour les autres salariées, selon une étude de la Dares publiée vendredi, alors qu’un grand nombre d’entre elles vont voir leur salaire augmenter à partir de ce vendredi.

209.000 aides à domicile du secteur associatif intervenant chez les personnes âgées et handicapées bénéficient vendredi d’une hausse salariale de 13% à 15% (mais pas les 160.000 employés du privé).

Disponibles pour les autres, les aides à domiciles ont, pour la moitié d’entre elles, l’impression de ne pas l’être pour leurs proches, avec des journées longues et des horaires atypiques, selon cette étude sur les « risques pyscho-sociaux chez les salariées de l’aide à domicile ».

Dans ce secteur féminin à 95%, les salariées ont « un temps de travail très morcelé », des temps de repos réduits. Trois-quarts d’entre elles sont à temps partiel. La moitié n’ont pas les mêmes horaires tous les jours et 15% ne connaissent pas leurs horaires une semaine à l’avance. Elles sont davantage amenées à travailler le weekend et les jours fériés, et 29% n’ont pas 48 heures de repos consécutives, selon la Direction de l’Animation de la recherche, des Études et des Statistiques du ministère du Travail.

« Malgré un sentiment d’isolement et une absence de soutien de la part des collègues, les salariées de l’aide à domicile se sentent soutenues par la hiérarchie et reconnues dans leur travail », relève néanmoins la Dares. « Elles reçoivent plus fréquemment que les autres salariées le respect et l’estime qu’elles méritent pour leur travail et se sentent moins souvent traitées injustement ». « La satisfaction dans le métier est très liée à la qualité de la relation qui peut s’instaurer avec le personne aidée ».

Veolia et Suez : un traité de paix sous conditions européennes

Veolia et Suez : un traité de paix sous conditions européennes

Théoriquement les deux groupes ont passé un traité de paix qui doit encore être adopté par les conseils d’administration respectifs de Veolia et de Suez. En gros, Veolia prendra la plupart des activités internationales de Suez surtout confiné désormais dans l’Hexagone.

L’activité de Suez sera divisée par deux environs. Et l’emploi doit être théoriquement assuré pendant quatre ans. Reste surtout maintenant à obtenir l’aval des autorités européennes qui vont examiner les nouvelles conditions de concurrence et pourraient être amenées  à demander des aménagements  notamment le transfert de certaines activités à d’autres opérateurs.

Maintien des régionales : les conditions de la France insoumise

Maintien des régionales : les conditions de la France insoumise

 

La France Insoumise s’inscrit dans le débat pour le maintien des élections régionales et départementales le 13 et 20 juin prochain. A quelques semaines du début de dépôt des candidatures elle plaide pour la mise en place de mesures permettant de « respecter nos principes démocratiques », malgré l’épidémie de Covid-19.

 

Tribune

 

 « En temps de crise, rien n’est plus précieux que le débat argumenté et la souveraineté populaire. Pour agir en bon ordre, la légitimité des pouvoirs est essentielle. La démocratie n’est donc pas un encombrement ou un retardement, mais une exigence morale autant qu’une garantie d’efficacité.

Pourtant, à cette heure, l’incertitude pèse sur les élections régionales et départementales prévues les 13 et 20 juin prochains. Déjà repoussées de trois mois pour des raisons sanitaires, nous ne savons toujours pas, à trois semaines du début de dépôt des candidatures, si les élections seront maintenues ou repoussées. Les allocutions du Premier ministre devant le Parlement le 1er avril nous ont permis d’apprendre qu’il « privilégie » le scénario du maintien des élections départementales et régionales aux dates prévues. Nous en avons pris acte.

Il ne saurait y avoir d’élections sans campagnes électorales et sans la confrontation des idées et des projets politiques proposés aux électeurs et électrices

 

 

Depuis un an maintenant, le mouvement de la France insoumise est porteur de propositions alternatives au confinement. Ainsi, nous considérons que la démocratie ne saurait être mise sous cloche et souhaitons voir organiser ces élections, si l’application de mesures strictes de sécurité sanitaires le permet. D’autres pays l’ont fait. Car sinon quoi? Faudra-t-il aussi repousser les élections présidentielles et législatives? Ce serait inacceptable.

Cela étant, il ne saurait y avoir d’élections sans campagnes électorales et sans la confrontation des idées et des projets politiques proposés aux électeurs et électrices. Mieux vaut donc utiliser les élections de 2021 pour mettre à niveau les conditions d’un débat démocratique en période de crise sanitaire. Plusieurs mesures, permettant de respecter nos principes démocratiques malgré la situation sanitaire, sont à mettre en place. Celles évoquées jusqu’ici nous paraissent en effet insuffisantes.

Pour commencer, le service public audiovisuel doit être mobilisé fortement. Des débats thématiques devraient selon nous être organisés, à des heures de grande écoute et en nombre conséquent sur le service public audiovisuel régional, à la radio et à la télévision, entre les différentes têtes de listes régionales d’une part et entre les candidats aux élections départementales d’autre part.

Les candidates et candidats doivent avoir la possibilité de se rendre sur leurs territoires, cantons et régions, en respectant les gestes barrières

 

Les candidates et candidats doivent avoir la possibilité de se rendre sur leurs territoires, cantons et régions, en respectant les gestes barrières, munis d’une attestation spécifique dûment remplie qui serait éditée par le ministère de l’Intérieur. Sans cette disposition, une inégalité d’exercice de la campagne existerait entre les candidats et candidates sortants qui bénéficient d’attestations, et celles et ceux qui ne le sont pas.

La tenue de rassemblements en plein air, dans le respect des règles de distanciation et des gestes barrières, doit être autorisée, ainsi que les opérations de diffusions sur les marchés et dans l’espace public, y compris en porte-à-porte sous les mêmes conditions d’existence d’un protocole sanitaire.

Concernant les communications écrites auprès des électeurs, une deuxième profession de foi, en début de campagne officielle, devrait pouvoir être envoyée aux électeurs et prise en charge par l’Etat.

Des incitations à se rendre aux urnes, accompagnées de messages informant des mesures sanitaire prises dans les bureaux de vote, devront circuler sur les panneaux signalétiques des municipalités, des autoroutes et sur les chaînes et stations publiques nationales. Enfin, les mairies devront mettre à disposition les panneaux d’affichage officiels le plus tôt possible.

Cumulées, ces dispositions tendent vers notre objectif d’organiser une campagne électorale et deux élections, en garantissant les meilleurs conditions sanitaires possibles, sans altérer la sincérité du scrutin par une abstention massive ou un déséquilibre entre élus sortants et autres candidats. Nous, chefs et cheffes de file régionaux pour la France insoumise, appelons le gouvernement à prendre en compte, en cas de maintien de ces élections, ces préconisations.

D’autres pistes sont vraisemblablement à étudier et à développer. Nous alertons le Premier ministre sur le fait qu’aucune décision gouvernementale en la matière, sans consultation large et sincère de ses oppositions, ne saurait satisfaire les principes démocratiques fondateurs de notre pacte républicain. »

Les signataires

Les chef et cheffes de file régionaux pour la France insoumise : Gabriel Amard (Auvergne-Rhône-Alpes), Clémentine Autain (Ile-De-France), Sandrine Bataille (Pays de la Loire), Evelyne Becker (Hauts-De-France), Ugo Bernalicis (Hauts-De-France), Manuel Bompard (Occitanie), Jean-Marie Brom (Grand-Est), Pierre-Yves Cadalen (Bretagne), Aymeric Compain (Centre-Val-De-Loire), Maxime Da Silva (Normandie), Marie-Madeleine Dore-Lucas (Bretagne), Caroline Fiat (Grand Est), Karin Fisher (Centre-Val-De-Loire), Clémence Guette (Nouvelle-Aquitaine), Arnaud Guvenatam (Bourgogne-Franche-Comte), Luc Leandri (Provence-Alpes-Côte d’Azur), Myriam Martin (Occitanie), Marina Mesure (Provence-Alpes-Côte d’Azur), Loïc Prud’homme (Nouvelle-Aquitaine), Magali Romaggi (Auvergne-Rhône-Alpes), Emma Salley (Normandie), Matthias Tavel (Pays de la Loire), Paul Vannier (Ile-De-France), Séverine Vezies (Bourgogne-Franche-Comte).

Turquie: les Européens mettent des conditions économiques

Turquie: les Européens mettent des conditions économiques

Il est clair qu’Erdogan est peu sensible aux critiques qui peuvent intervenir sur le terrain démocratique et des libertés par contre son pays est actuellement enfoncé dans une crise redoutable à la fois une crise sanitaire mais aussi et surtout plus durablement dans une crise économique et financière grave. Du coup, Erdogan est condamné à abandonner au moins une partie sa posture d’agitateur international et de rechercher des accommodements avec l’union économique car il a un besoin urgent d’aide financière.

 

Ce qu’a laissé comprendre l’union économique en posant ses conditions. Les dirigeants de l’UE ont laissé entrevoir à Recep Tayyip Erdogan les bénéfices qu’il pourrait tirer d’un climat durablement apaisé – des bénéfices essentiellement économiques. Il s’agit d’une corde sensible pour le président turc, à l’heure où son économie est empêtrée dans l’inflation, le chômage, les difficultés monétaires et l’extrême méfiance des investisseurs étrangers. L’UE se dit prête à moderniser l’union douanière avec Ankara, alors que cette réforme était jugée «inenvisageable» à l’automne 2020. À l’époque, Erdogan envoyait des navires de recherche d’hydrocarbures dans des zones maritimes revendiquées par la Grèce et multipliait les affronts, notamment à l’égard d’Emmanuel Macron. Depuis, ses bateaux sont rentrés au port, le ton est nettement plus cordial, et les discussions ont repris avec Athènes. «Cette désescalade est un développement positif. Elle doit être soutenue et renforcée», a résumé Charles Michel, rappelant l’approche «progressive, conditionnelle et réversible» vis-à-vis d’Ankara. Parmi les mesures d’aide économique figurent aussi le soutien financier européen aux 4 millions de réfugiés installés en Turquie.

Les conditions de Suez pour un dialogue avec Veolia

Les conditions de Suez pour un dialogue avec Veolia

Comme le gouvernement a souhaité un dialogue entre Veolia et Suez, cette dernière société fait preuve de bonne volonté mais en posant des conditions qui ne seront pas forcément du goût de Veolia. Bref quelque chose comme je t’aime moi non plus à commencer par le prix proposé par Veolia pour l’action de Suez, aussi des assurances que Veolia sera bien en peine de tenir.

 

Dans un entretien au Figaro publié sur le site internet du quotidien, Philippe Varin explique que le conseil d’administration de Suez serait prêt à rencontrer Antoine Frérot, le PDG de Veolia, à condition notamment que Veolia remonte le prix de son offre actuellement à 18 euros par action Suez.

Philippe Varin demande aussi à ce que les engagements sociaux pris par Veolia portent sur une durée de quatre ans et concernent aussi les salariés de Suez hors de France.

Le président de Suez exige également que Suez puisse exposer sa réaction au projet devant les administrateurs de Veolia.

« Le conseil de Suez pourrait accepter à sa demande de le recevoir pour parler de cette proposition, à plusieurs conditions », déclare au Figaro Philippe Varin à propos d’une rencontre entre Antoine Frérot et le conseil de Suez.

« Veolia doit offrir un prix bien supérieur à 18 euros par action Suez », dit-il.

Fin février, le conseil d’administration de Suez a rejeté l’offre de rachat de son concurrent Veolia, jugeant entre autres le prix proposé de 18 euros insuffisant.

Suez tente depuis l’été dernier d’échapper à un projet de rachat par son grand rival français, devenu son premier actionnaire après le rachat d’un bloc de 29,9% détenu par Engie.

Les lieux et les conditions de contamination ( rapport Fontanet )

Les lieux et les conditions de contamination ( rapport Fontanet )

 

D’après le rapport Fontanet (membre aussi du conseil scientifique. ) que rapporte Europe 1,  le premier enseignement que l’on peut en tirer, c’est que c’est à la maison que l’on se contamine le plus, en général via notre conjoint ou conjointe. Cela représente deux tiers des contaminations exactement. Ensuite à l’extérieur du foyer, les contaminations sont plus nombreuses lors des contacts avec la famille élargie, les collègues sur le lieu de travail, et enfin les amis. Pourquoi ? Lorsque nous sommes avec des proches, nous portons moins le masque, aussi bien la personne contaminée que celle qui va attraper le virus.

Dans le détail, cette étude, menée auprès de 25.000 personnes, nous montre même quelles sont les situations les plus à risque. C’est avant tout les repas qui jouent un rôle central dans les contaminations hors du foyer, vient ensuite la proximité avec les enfants. Une autre variable est importante : le retard à l’isolement. En effet, 94% des malades se sont isolés mais ils l’ont fait trop tard. Seulement 42% des personnes interrogées se sont isolées dès les premiers symptômes. Pendant les premiers jours de la maladie, il est malheureusement possible de contaminer beaucoup de monde.

Selon cette étude, la fréquentation des bars, des restaurants et des salles de sport multiplient les risques d’infections. Cependant, une partie de l’étude a été menée pendant le confinement, ce qui laisse Arnaud Fontanet supposer, dans son rapport, que « beaucoup de contaminations dans les bars et restaurants sont dues à des événements clandestins ». En revanche, se rendre dans les commerces n’augmenterait pas le risque d’attraper la maladie.

Enfin, les professions les plus touchées par le virus sont les commerciaux, les personnels de santé, les cadres administratifs, les ouvriers et les chauffeurs. Les enseignants à l’école et à l’université ont été plus épargnés par le virus.

Crédit immobilier : un peu de mou dans les conditions d’accès

Crédit immobilier : un peu de mou dans les conditions d’accès

 

La durée maximum d’endettement passerait désormais de 25 à 27 ans, et le taux maximum d’endettement serait porté à 35% contre 33% précédemment. En revanche, ces règles qui n’étaient jusqu’alors que des recommandations devraient désormais être suivies obligatoirement par les banques. Concernant le volume de dérogation à ces règles (la marge d’appréciation laissée aux banques), il passera de 15% à 20% de l’ensemble

cet assouplissement devrait satisfaire les professionnels de l’immobilier, qui n’ont cessé ces derniers mois de mettre la pression sur les responsables pour les enjoindre de revoir leur copie, les règles bridant selon eux le secteur immobilier.

Les conditions pour une croissance forte, verte et inclusive»( Philippe Aghion)

  • Les conditions  pour une croissance forte, verte et inclusive»( Philippe Aghion)
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  •  « La destruction créatrice implique des réallocations permanentes de la force de travail. Elle n’est acceptable que si l’on protège les personnes », souligne l’économiste, professeur au Collège de France.(Interview dans l’Opinion)
  • Philippe Aghion est professeur au Collège de France, titulaire de la chaire « Institutions, innovation, et croissance ». Ses travaux portent principalement sur la théorie de la croissance et de l’innovation. Avec Peter Howitt, il a développé l’approche schumpetérienne de la croissance économique. Il est notamment l’auteur de Endogenous Growth Theory (1998) avec Peter Howitt, Repenser L’Etat, avec Alexandra Roulet (2011), Changer de modèle, avec Gilbert Cette et Elie Cohen (2014), et Repenser la croissance économique (2016). Il vient d’écrire, avec Céline Antonin et Simon Bunel, Le Pouvoir de la destruction créatrice.
  • Vous consacrez 448 pages à l’idée de « destruction créatrice » ! Pourquoi cette notion est-elle si importante à vos yeux ?
  • La force de cette notion est qu’elle permet d’appréhender le processus de croissance, à la fois dans sa dimension historique, et dans l’analyse de ses déterminants et des conflits qu’elle génère. La destruction créatrice est ce processus par lequel de nouvelles activités viennent constamment remplacer d’anciennes activités, de nouvelles entreprises innovantes viennent concurrencer les entreprises existantes, de nouveaux emplois sont créés qui remplacent des emplois existants. Ce processus crée inévitablement des turbulences et des conflits que la société doit maîtriser et gérer. Par ailleurs, la destruction créatrice court toujours le risque de se retourner contre elle-même, dans la mesure où les innovateurs vont vouloir utiliser leur rente d’innovation pour bloquer l’entrée de nouveaux compétiteurs. C’est d’ailleurs un peu ce que l’on voit aujourd’hui avec les Gafam.
    • Vous montrez que le grand décollage économique, au début du XIXe siècle, résulte de la rencontre entre des technologies et des institutions favorables à leur diffusion…
    • Le grand décollage est le résultat d’une alchimie entre plusieurs institutions qui se sont révélées favorables aux innovateurs et aux innovations. Il y a eu d’abord un système de codification des savoirs scientifiques – songeons à l’Encyclopédie – mais aussi de large circulation des idées, qui a permis aux innovateurs de bâtir sans avoir à tout réinventer à chaque fois. La mise en place d’un système de droits de la propriété industrielle a joué également un rôle important, en permettant l’émergence d’un « marché de l’innovation », tout comme le développement d’un système financier organisé, qui permet l’emprunt à grande échelle. Enfin ce décollage a eu lieu en Europe, parce qu’il existait une forme de concurrence entre les pays pour attirer les talents et les savants : cette concurrence a limité la possibilité pour le gouvernement ou les entreprises en place dans un pays d’empêcher certaines innovations, car l’innovateur avait toujours la possibilité d’émigrer dans un autre pays concurrent.
    • Que se passe-t-il lorsqu’un pays a rattrapé ce que vous appelez la « frontière technologique » ?
    • Le concept de frontière est central dans notre analyse : il désigne l’état de l’art de l’innovation, ce qui se fait de mieux dans un domaine. Un pays peut être en rattrapage de la frontière ou bien se trouver à la frontière. Les enjeux pour lui ne sont alors pas les mêmes : imiter dans un cas, innover dans l’autre. Les institutions qui favorisent l’imitation ou l’innovation « à la frontière » ne sont pas les mêmes non plus. Par exemple, la concurrence favorise l’innovation à la frontière : celle-ci nécessite l’entrée sur le marché de nouveaux innovateurs, et la concurrence incite également les entreprises en place à innover pour échapper à leurs rivales. A cet égard, attention à ne pas avoir une vision trop statique de la concurrence, qui se focalise uniquement sur les parts de marché à un moment donné. Il faut accorder une attention plus grande à l’innovation, par exemple lorsque l’on analyse l’impact d’une fusion, et ne pas se focaliser uniquement sur l’impact sur les prix.«Les entreprises qui automatisent le plus sont aussi celles qui créent des emplois. Car ce faisant elles élargissent la taille de leur marché, grâce aux gains de productivité induits par l’automatisation»
    • La destruction créatrice est-elle destructrice d’emplois ? Doit-on choisir entre le robot et l’emploi ?
    • Attention aux idées trop simples : il y a le visible et l’invisible. Les données empiriques montrent que les entreprises qui automatisent le plus sont aussi celles qui créent des emplois. Car ce faisant elles élargissent la taille de leur marché, grâce aux gains de productivité induits par l’automatisation. Opposer le robot à l’emploi n’est donc pas fondé. La solution n’est pas de taxer les robots mais de qualifier davantage la main-d’œuvre, pour qu’elle soit davantage complémentaire du robot.
    • Mais la destruction créatrice entraîne bien une forte turbulence de l’emploi : comment protéger les individus sans bloquer la destruction créatrice ?
    • Oui, la destruction créatrice implique des réallocations permanentes de la force de travail à l’intérieur des secteurs et entre les secteurs. L’Etat a ici un rôle essentiel à jouer pour assurer les individus contre le risque de perte d’emploi, grâce à des garanties de revenus et en les aidant à rebondir sur un nouvel emploi. C’est là que les Danois ont été géniaux, en inventant la flexisécurité. Chez nous, en 2007, la Commission Attali avait émis l’idée d’un « contrat d’évolution » : le salarié demeure toujours un actif occupé, soit avec un emploi, soit avec une formation prise en charge lorsqu’il est en transition entre deux emplois. La destruction créatrice n’est acceptable que si l’on protège les personnes, et une étude récente par Alexandra Roulet et présentée dans le livre montre qu’au Danemark, grâce à la flexisécurité, la perte d’emploi n’a pas d’impact négatif sur la santé.
    • Dans la même veine, la destruction créatrice créée des inégalités de revenus…
    • La destruction créatrice crée de l’inégalité au sommet de la distribution des revenus à cause des rentes de l’innovation, mais en même temps elle stimule la mobilité sociale parce qu’elle permet à de nouveaux individus et de nouvelles entreprises d’émerger. Et également parce que les entreprises innovantes créent davantage de « bons emplois », c’est-à-dire des emplois qualifiants, où l’entreprise investit dans le salarié et lui offre de véritables perspectives de carrière.
    • La destruction créatrice pourrait être mise au service de l’environnement : vous insistez sur le potentiel de croissance de « l’innovation verte ».
    • Notre planche de salut pour réconcilier croissance et maîtrise de l’environnement, c’est l’innovation qui permet de découvrir de sources d’énergie plus propres. Le problème, c’est que, spontanément, l’innovation n’est pas verte : par exemple, nous montrons que les entreprises qui ont beaucoup innové dans les moteurs à combustion dans le passé continuent d’innover dans les moteurs à combustion aujourd’hui. Il faut donc l’intervention de l’Etat pour réorienter le changement technique des entreprises vers les technologies vertes. Le prix du carbone est un levier indispensable, mais il n’est pas le seul. Il y a aussi les investissements ciblés sur les technologies vertes, y compris le nucléaire.
    • Il est justement beaucoup question du rôle de l’Etat dans votre livre…
    • Il faut d’abord souligner que le marché est un instrument crucial pour générer de l’innovation et créer de la richesse. Mais il doit être encadré, régulé, accompagné, guidé par la puissance publique. C’est d’abord un Etat assureur, qui protège les individus, avec des filets de protection dont j’ai parlé plus haut, mais aussi des stabilisateurs automatiques pour assurer les individus et les entreprises contre des chocs macroéconomiques comme celui de la Covid-19. C’est ensuite un Etat investisseur, qui met de l’argent dans des productions à forte externalité comme le système de santé, l’éducation, la recherche et l’innovation. L’Etat est donc incontournable mais il ne suffit pas : encore faut-il qu’il ne soit pas capturé par les intérêts établis et les entreprises en place. D’où l’importance de la société civile comme contre-pouvoir, que ce soit à travers les médias, les corps intermédiaires et le mouvement associatif. Marché, Etat, société civile : tel est le triangle d’or pour que la destruction créatrice puisse générer une croissance à la fois forte, verte et inclusive.
    • Comment est né ce livre, pour vous qui êtes d’abord un chercheur ?
    • Mon cours du Collège de France a constitué le matériau de départ de cet ouvrage, dont l’ambition est de rendre accessible à un large public les recherches menées depuis trente ans sur les questions de croissance et d’innovation. Ce livre doit beaucoup aussi à mes coauteurs, qui l’ont impulsé, enrichi, et m’ont permis de surmonter l’angoisse de la page blanche

Liban : une aide de 250 millions sous conditions

Liban : une aide de 250 millions sous conditions

 

Une aide de 250 millions dont 30 millions d’euros sera fournie au Liban.  Ces aides seront suivies d’autres versements qui seront conditionnés à la mise en oeuvre de réformes institutionnelles, a-t-on précisé. Mais ces soutiens financiers seront obéiront  à des conditions strictes, ils devront atteindre directement la population, en clair sans passer par le gouvernement corrompu et dépendre des réformes structurelles politiques et économiques. Une sorte de nouvelle philosophie de l’aide internationale dont souvent une grande partie finie dans les sables des institutions ou dans la poche d’intermédiaires. Une philosophie qui pourrait être appliquée ailleurs !

Cinq jours après l’explosion sur le port de la capitale, qui a fait au moins 158 morts et 6.000 blessés et creusé le fossé entre une partie de la population et la classe politique, accusée de négligence, d’incurie et de corruption.

Cette Conférence internationale de soutien et d’appui à Beyrouth et au peuple libanais mobilisait les principaux partenaires internationaux du Liban et organiser et coordonner le soutien d’urgence de la communauté internationale.

“Cette assistance devra être coordonnée sous la conduite de l’Onu et livrée directement à la population libanaise avec la plus grande efficacité et en transparence”, dit cette déclaration.

“Les participants sont prêts à soutenir la reconstruction économique et financière du Liban, qui passe par la mise en oeuvre des réformes attendues par la population libanaise.”Dans l’immédiat, l’Office des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (Ocha) estime à près de 120 millions de dollars les sommes nécessaires pour répondre à l’urgence en matière de santé, de relogement temporaire, de protection, d’hygiène, d’éducation, de sécurité alimentaire et de logistique (avec la mise en place d’installations temporaires pour relancer l’activité sur le port de Beyrouth).

Plus de 250.000 personnes sont “hautement vulnérables”, note l’Ocha.

Les dégâts matériels se chiffrent eux en milliards de dollars – une estimation de 15 milliards a été avancé par les autorités -, un montant que le Liban, qui ploie déjà sous une montagne de dette excédant 150% de son PIB, ne pourra financer seul.

Le communiqué diffusé dimanche ne précise pas les montants qui seront mobilisés pour soutenir le Liban, mais la Commission européenne a fait savoir de son côté qu’elle allait immédiatement mettre 30 millions d’euros supplémentaires sur la table.

Cette somme vient s’ajouter aux 33 millions d’euros que l’exécutif européen s’était déjà engagé à verser.

“Alors que les besoins augmentent, nous apportons une aide humanitaire à des centaines de milliers de personnes parmi les plus vulnérables. En ces heures critiques, l’UE fournit des abris, des soins de santé d’urgence, de l’eau et des installations sanitaires, ainsi qu’une aide alimentaire”, a déclaré le commissaire chargé de la gestion des crises, M. Janez Lenarčič qui représentait la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen à la visioconférence.

“Le nouveau financement humanitaire de l’UE sera acheminé à travers les agences des Nations unies, les ONG et les organisations internationales. Il fera l’objet d’un contrôle strict. Cette aide bénéficiera aux personnes les plus touchées afin de couvrir les besoins essentiels”, a précisé la Commission européenne.

Les conditions de la relance :(Laurence Boone , OCDE)

 

Laurence Boone est la chef économiste de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), elle pose la problématique de la relance.

Qu’est-ce qui pourrait limiter l’impact des plans de relance des économies avancées ?

C’est très bien et important de faire ces plans de relance qui sont nécessaires, et doivent être bien ciblés. On va devoir vivre avec la menace du coronavirus tant qu’il n’y aura pas de vaccin ou de traitement efficace, et il faut que les personnes comme les entreprises puissent reprendre une vie aussi normale que possible. Pour cela, je vois deux défis principaux. D’abord, il faut que les personnes consomment et que les entreprises investissent, et donc qu’elles aient confiance dans la capacité collective à gérer la vie avec le virus. Il faut que les citoyens respectent les mesures d’hygiène, de port du masque et de distanciation physique, mais aussi que les gouvernements aient des stratégies de test, traçage et isolement des malades pour contenir les éventuelles remontées du virus, et des confinements plus locaux si nécessaires.

Et le second défi ?

Il est d’arriver à protéger les personnes les plus vulnérables tout en faisant en sorte que celles travaillant dans les secteurs durablement impactés par le virus puissent retrouver un emploi, et que les capitaux des entreprises de ces secteurs soient réalloués à des domaines plus en croissance. C’est un équilibre difficile à trouver : si on protège trop, on risque de maintenir en vie des entreprises qui ne survivraient pas sans les aides publiques, mais si on ne protège pas assez, on risque de mettre beaucoup de personnes dans une situation précaire. Il faudrait en particulier regarder comment adapter les dispositifs de soutien à l’emploi suivant l’impact de la Covid et l’évolution de la reprise dans chaque secteur. Pour aider à la réallocation de l’emploi, il faut mettre des incitations en place et si nécessaire, prendre les gens par la main pour les aider à trouver un nouveau travail, changer de secteur, recevoir des qualifications et des formations dans le numérique ou la transition énergétique par exemple. Ce n’est pas souhaitable de geler des pans entiers de l’économie pendant un à quatre ans, il faut plutôt aider les personnes et les entreprises à se réinventer ailleurs.

Les échanges commerciaux internationaux sont en baisse. Est-ce que ce sera un frein au rebond des économies ?

Les échanges commerciaux ralentissaient déjà structurellement, avant la crise du coronavirus, à cause des tensions commerciales et de facteurs plus structurels. Mais ce qui a été peut-être plus surprenant avec cette crise, c’est que l’on a vu une grande résilience des chaînes de valeur et de production mondialisées. Elles n’ont pas été si perturbées, ce qui est plutôt rassurant. Il y a très peu d’endroits totalement fermés, où l’approvisionnement n’a pas pu se faire ailleurs. Les pénuries de masques ou de médicaments n’étaient pas dues à un problème de chaîne de production, mais au fait que la demande était massivement supérieure à l’offre, l’épidémie heurtant tout le monde à peu près en même temps. Si désormais les confinements sont plus localisés et moins concomitants, on pourra veiller à ne pas bloquer des nœuds cruciaux des chaînes de production. Il faudrait diversifier les sources d’approvisionnement et, pourquoi pas, développer certaines productions essentielles que l’on n’avait pas.

Les plans de relance des différents pays doivent-ils être synchronisés pour être efficaces ?

A l’OCDE, nous avons toujours plaidé pour la coordination, car il y a de tels effets d’entraînement d’un pays sur l’autre, tellement d’intégration, que si la demande ralentit dans un pays, les effets sur les pays avec lequel celui-ci échange sont importants. C’est particulièrement le cas en Europe : par exemple, un ralentissement en Allemagne a un effet sur les exportations françaises et italiennes, et vice-versa. Plus on s’accorde, mieux c’est calibré, et plus l’impact est important. Quand il y a un effort de coordination des pays du G20, comme à Londres durant la crise financière, cela dope la confiance des entreprises et des personnes, et cela contribue à la vigueur de la reprise. Le plan de relance européen est très positif pour cette raison. Au G20, il y a aujourd’hui un très fort appétit pour bénéficier des expériences des autres et que tout le monde accélère sa reprise en même temps. En outre, il y a eu la décision de reporter le service de la dette des pays pauvres, ce qui revient à une aide fiscale. Ce n’est pas la coordination de la crise financière, mais elle est là néanmoins, et c’est important.

Plan Relance Europe : la Grèce pose ses conditions !

Plan Relance Europe : la Grèce pose ses conditions !

 

 

La Grèce déclare qu’elle veut poser ses conditions quant à l’aide de l’union européenne concernant le plan de relance. Une déclaration qui ne va sûrement pas soulever l’enthousiasme de certains pays du Nord déjà très réticents à aider des pays du Sud  comme trop laxistes. En tout cas , une déclaration qui risque de faire capoter le plan de relance qui devait sortir en juillet. Pas une annulation mais sans doute un report. Cela remettra en effet en question d’une part la partie de la relance européenne sous forme de dotation non remboursable mais aussi la partie des prêts qui eux doivent faire l’objet d’un remboursement. La Grèce n’acceptera pas que l’Union européenne impose des conditions trop restrictives sur l’utilisation des aides versées dans le cadre de son plan de relance, a en effet déclaré dimanche le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis dans une interview accordée au Financial Times.

“Les grecs ont mûri. Nous voulons faire nos propres réformes”, a-t-il déclaré.

Un examen semestriel des performances économiques effectué par la Commission européenne est suffisant et il n’est pas nécessaire d’imposer des “conditions strictes supplémentaires”, a-t-il ajouté.

Le Premier ministre a dit au quotidien que la Grèce avait “un agenda de réformes agressives” qui se concentrerait sur “la transition écologique”, “la transition digitale” et qui encouragerait les investissements notamment via des programmes de privatisations.

Vendredi, Mitsotakis a annoncé de nouvelles mesures d’une valeur de 3,5 milliards d’euros pour soutenir les entreprises pénalisées par le confinement mis en place pour limiter la propagation de l’épidémie de coronavirus.

La Grèce, qui se remettait d’une crise de la dette longue de dix ans en 2018, espérait une forte reprise en 2020, mais le confinement a bouleversé ces prévisions.

L’économie grecque devrait se contracter de 8% à 10% cette année avant une reprise en 2021.

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