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Antitrust : « Biden veut réguler la concurrence

Antitrust : « Biden veut réguler la concurrence

 

Parce que la mondialisation et la révolution numérique ont bouleversé la vie des Américains, la politique actuelle menée par Joe Biden vise à ramener les Etats-Unis aux sources de la cohésion sociale, estime le politiste Yannick Mireur, dans une tribune au « Monde ».(extrait)

 

Tribune.

Le décret présidentiel sur la concurrence du 9 juillet 2021 résume le profil politique de Joe Biden, et ouvre un nouveau cycle de l’économie politique américaine, qui alterne depuis plus de cent ans en faveur du marché ou de sa régulation. L’objectif, à travers cet outil typiquement américain de l’antitrust, est de favoriser la compétitivité, mais aussi l’équité dans la poursuite du rêve américain.

Pragmatique, sensible aux réalités économiques, M. Biden n’a pas combattu le tournant libéral du Parti démocrate sous Clinton puis Obama, mais n’a pas rompu avec l’aile proche des syndicats et de la question ouvrière.

Son intuition et la raison sont cependant mieux alignées aujourd’hui autour d’un constat simple : le capitalisme américain a besoin d’être ressourcé et il le sera en stimulant la concurrence ; le pacte social a besoin d’être retrempé et il le sera dans une économie qui n’exacerbe pas les épreuves de la vie.

En favorisant la concurrence au bénéfice du pouvoir d’achat des familles, l’antitrust peut être un instrument de justice sociale. Joe Biden parle de « politique étrangère des classes moyennes » parce que la mondialisation et la révolution numérique suggèrent de lier explicitement la condition sociale des Américains ordinaires à l’environnement international, où le fait majeur des vingt dernières années est l’avènement de la Chine.

C’est cette tension sino-américaine, extériorisée par Trump, plus que les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) et leur emprise sur leurs utilisateurs, qui détermine ce choix de l’antitrust. L’Amérique doit garder la tête du peloton économique pour continuer d’être une grande puissance, or depuis quarante ans la concurrence émulatrice n’a cessé de s’y éroder.

Le document de la Maison Blanche le rappelle en préambule : « Pendant des décennies, les fusions d’entreprises se sont accélérées. Dans 75 % des industries américaines, un plus petit nombre de grandes entreprises contrôlent plus que ce qu’elles contrôlaient il y a vingt ans. (…) Au total, on estime aujourd’hui que des prix plus élevés et des salaires plus bas causés par le manque de concurrence coûtent au foyer américain médian 5 000 dollars par an ».

Alors que Ronald Reagan avait utilisé la dérégulation pour revigorer un marché entravé par la bureaucratie, Biden recourt à l’aiguillon de la concurrence. L’industrie numérique de la tech et ses GAFA en situation de quasi-monopole appellent une régulation, comme on le fit après 1900 pour le pétrole puis les télécommunications

Joe Biden et la concurrence

 Joe Biden et la concurrence 

 

A travers une série de mesures prises depuis l’été, l’administration Biden met en place une politique économique axée sur une régulation plus juste, note l’économiste Anne-Laure Kiechel dans une tribune au « Monde ».

 

 

Tribune. 

 

Réguler la concurrence pour éviter qu’elle ne se dissolve dans le gigantisme d’entreprises toutes-puissantes sur le marché, c’est l’objectif du décret signé le 9 juillet par Joe Biden. Le président américain veut prendre le taureau du capitalisme par les cornes de la concurrence. Le débat est aussi ancien que le libéralisme mais la question de la répartition de la valeur et de la concentration des richesses prend une nouvelle tournure. Le décret de Joe Biden encourage une douzaine d’agences fédérales à ériger cette question de la concurrence en priorité absolue à travers soixante-douze initiatives : favoriser les importations de médicaments moins coûteux, interdire aux fournisseurs Internet les coûts excessifs pour le consommateur en fin de contrat, faciliter les remboursements de billets par les compagnies aériennes ou encore faciliter les changements de banque. Il appelle aussi à mieux faire respecter les lois antitrust existantes, par exemple en contestant certaines fusions d’entreprises. La nouvelle administration américaine ne vise pas seulement les GAFA, mais de nombreux secteurs : transport, agriculture, banques ou encore santé.

 

La concentration des entreprises n’a cessé d’augmenter ces vingt dernières années aux Etats-Unis : dans les trois quarts des secteurs d’activité, un plus petit nombre d’entreprises détient une part plus grande du marché. Une concentration qui coûterait 5 000 dollars par an au consommateur américain médian. Durant sa campagne, Joe Biden l’a répété : « Le capitalisme sans concurrence n’est pas le capitalisme, c’est de l’exploitation. Sans une concurrence saine, les entreprises dominantes peuvent changer les règles, augmenter les prix et vous traiter comme elles le veulent. » Le constat est aujourd’hui largement partagé. Dans son livre The Great Reversal : How America Gave up on Free Markets (« le grand retournement : comment l’Amérique a abandonné les marchés libres », 2019, non traduit), Thomas Philippon mettait déjà en exergue ce recul de la concurrence aux Etats-Unis depuis la fin des années 1990. Il racontait notamment comment certains secteurs américains se sont transformés en cartels, sans que les autorités ne réagissent.

Braquer les projecteurs sur la concentration excessive de certains secteurs n’a rien de nouveau aux Etats-Unis. C’est même très ancien, puisque le Sherman Act, la première loi antitrust, date de 1890, dans une période marquée par la formation de nombreuses grandes entreprises industrielles au pouvoir économique jugé alors excessif. Complété au fil des années, cet arsenal législatif a permis aux autorités américaines de démanteler la compagnie pétrolière Standard Oil en 1911, de lancer des procédures contre IBM en 1969 (finalement abandonnée en 1982 par l’administration Reagan), contre AT&T en 1982 ou encore contre Microsoft en 1999. Mais ce mouvement semble s’être tari depuis le début du XXIe siècle.

Concurrence européenne : La SNCF va lancer les TGV Ouigo en Italie

Concurrence européenne : La SNCF va lancer les TGV Ouigo en Italie

En riposte à l’arrivée de Trenitalia en France, la SNCF envisage de lancer des TGV en Italie; en effet depuis décembre 2020, la SNCF doit affronter la concurrence et notamment l’arrivée des trains à grande vitesse de Trenitalia sur l’axe Paris-Lyon-Turin-Milan. La compagnie publique italienne va ainsi tenter de fissurer le monopole de la SNCF en s’attaquant directement à son tronçon le plus rentable, le Paris-Lyon.

Banques: La concurrence va changer la donne

Banques: La concurrence va changer la donne

 

Les deux experts bancaires Julien Briot et Gilles Hilary expliquent, dans une tribune au « Monde » (extrait), qu’avec les nouvelles technologies numériques et le recours aux algorithmes, les banques vont profondément évoluer

Julien Briot, Responsable compliance et expert contre le blanchiment d’argent (LCB) et le financement du terrorisme

Gilles Hilary, Professeur de comptabilité, Georgetown University

 

Tribune.

 

L’évolution de la technologie bancaire peut sembler être un sujet aussi technique qu’aride. Pourtant, si on n’y prête pas assez d’attention, cela pourrait représenter un sujet de préoccupation important pour les citoyens. L’émergence actuelle des algorithmes pour l’accès au crédit ou la reconnaissance faciale automatique pour les paiements et les retraits d’argent pose déjà des questions éthiques importantes. Mais des évolutions plus structurelles apparaissent sous la pression économique.

Les banques de détail, celles du quotidien, sont concurrencées sur leurs quatre fonctions traditionnelles.

 

– En ce qui concerne l’offre des moyens de paiement, de nombreux nouveaux moyens alternatifs émergent. Si les particuliers sont familiers avec des services tels que PayPal ou ApplePay, de nouvelles solutions plus radicales apparaissent.

Par exemple, les « stable coins » [cryptomonnaie stable] sont les monnaies électroniques adossées aux banques centrales qui ne requièrent plus nécessairement d’intermédiaires bancaires. La Banque centrale chinoise a déjà déposé de nombreux brevets sur ce sujet et régule des milliards d’euros de transactions.

– L’offre de crédit demeure, elle, la partie la plus protégée pour les banques car elle est fortement réglementée. Tout au plus le consommateur peut-il espérer à court terme un peu de transparence avec des plates-formes de comparaison en ligne. On note cependant des exemples d’intégration aux Etats-Unis entre des plates-formes immobilières en ligne et l’offre de crédit.

– Pour l’offre des produits d’épargne, les prix des produits financiers sont très élevés en France. Par comparaison, leur achat, leur vente et leur gestion sont essentiellement gratuits pour les clients des leaders américains de la gestion d’épargne en ligne. La concurrence américaine a amené le prix au coût marginal induit par la technologie : zéro. Ces entreprises réalisent leurs profits en prêtant des titres sur les marchés financiers.

– Enfin, en ce qui concerne l’offre de conseil, il existe de plus en plus d’offres en ligne automatisées pour les besoins de base (les « robo-advisors »). Leur introduction est trop récente pour qu’on puisse complètement comprendre leurs avantages et leurs inconvénients, mais les premiers résultats de la recherche académique suggèrent qu’ils créent de la valeur pour les utilisateurs. Naturellement, ces outils peuvent être offerts par les banques dans le cadre d’une offre globale de service mais cela n’a rien d’automatique.

La concurrence mondiale est vecteur de progrès pour l’OCDE

 La concurrence mondiale est vecteur de progrès pour l’OCDE

Mathias Cormann, nouveau secrétaire général de l’OCDE, évoque les ambitions pour l’organisation internationale dont il a pris la tête le 1er juin dernier.

On connaît mal votre parcours en France, qui est pourtant franchement atypique. Vous êtes le seul Belge à avoir été (temporairement) Premier ministre de l’Australie !

J’ai effectivement grandi dans la partie germanophone de la Belgique. J’ai ensuite effectué mon lycée et mes deux premières années de droits en français puis j’ai passé mon diplôme en flamand, à la KU Leuven. Au cours de ma dernière année, j’ai participé à un programme d’échange Erasmus au Royaume-Uni pour apprendre l’anglais, ce qui m’a conduit en Australie. Mon diplôme n’y étant pas immédiatement transférable, j’ai d’abord été jardinier deux mois dans une école. Mon premier vrai job a été chargé de recherche auprès d’un membre du Parlement australien. C’est comme cela que j’ai commencé à m’intéresser à la politique australienne. L’Australie est une nation de migrants qui offre de nombreuses opportunités.

Pourquoi avoir brigué l’OCDE ?

Parce que l’OCDE est une organisation importante, à un moment important de l’histoire. Et parce qu’il y a beaucoup à faire. J’ai été ministre des Finances d’une économie du G20 pendant plus de sept ans, j’ai participé à de nombreux forums internationaux, j’ai acquis une grande expérience en matière de pilotage économique, fiscal et politique. Je pense que ma formation européenne combinée à mon expérience et à mes réseaux en Asie-Pacifique pourront être bénéfiques aux membres de l’OCDE. Je suis très heureux que la majorité des membres ait accepté ma nomination.

Au-delà de la crise de la Covid, quels sont les principaux challenges de l’organisation pour les années à venir ?

La coopération internationale et un multilatéralisme efficace seront plus importants que jamais à l’avenir. Pour soutenir la reprise économique, mais aussi pour mener une action ambitieuse et efficace contre le changement climatique et parvenir à une neutralité carbone qui soit économiquement responsable, qui soit soutenue par les pouvoirs publics et qui ne laisse personne sur le bord du chemin. Nous devons également finaliser la réforme de la fiscalité internationale pour s’assurer que les accords internationaux soient efficaces et équitables dans un monde globalisé et de plus en plus numérisé. Par ailleurs, il nous faut mieux gérer les risques et les défis liés à la transformation numérique de nos économies, mais aussi savoir en saisir les opportunités. Enfin, je souhaite renforcer l’engagement de l’OCDE en Asie et dans la région Indo-Pacifique, ainsi qu’en Afrique.

« On peut se protéger de la concurrence et de l’innovation, mais on n’empêchera jamais ces innovations de se produire ailleurs. Ceux qui se retranchent derrière le protectionnisme prendront de plus en plus de retard »

Vous êtes un libéral convaincu. Comment faire vivre le libéralisme face au grand retour des Etats depuis la crise de 2008 et encore plus aujourd’hui après la crise de la Covid ?

Je crois que les principes économiques basés sur le marché fonctionnent. Je crois au pouvoir positif des marchés ouverts et du libre-échange. Comme je l’ai dit dans mon premier discours à l’OCDE, l’optimisation de la concurrence mondiale est un puissant moteur de progrès, d’innovation et d’amélioration du niveau de vie. Mais en tant que décideurs politiques, nous devons également veiller à ce que les marchés et les échanges fonctionnent pour les gens partout dans le monde. Car la concurrence mondiale, en particulier maintenant combinée à la transformation numérique rapide de nos économies, provoque également des perturbations sociales que nous devons mieux gérer.

Comment ?

Nous avons besoin de règles efficaces pour protéger nos valeurs et de garantir les conditions d’une concurrence équitable. Nous devons par exemple garantir l’accès à une éducation de haute qualité, à la formation supérieure et à la requalification pour que chacun puisse participer et bénéficier des opportunités économiques créées par la mondialisation et la numérisation. Les aides sociales sont nécessaires pour ceux qui éprouvent des difficultés. Nous devons veiller à ce que les marchés fonctionnent durablement sur le plan environnemental. Mais en fin de compte, même si c’est parfois inconfortable, la concurrence mondiale est – et doit rester – incontournable. On peut se protéger de la concurrence et de l’innovation, mais on n’empêchera jamais ces innovations de se produire ailleurs. Au fil du temps, ceux qui se retranchent derrière le protectionnisme prendront de plus en plus de retard. C’est une leçon essentielle de l’histoire. Et ce n’est pas ce que nous souhaitons pour les populations de l’OCDE et d’ailleurs.

Le multilatéralisme se porte-t-il mieux depuis le départ de Donald Trump ?

Il ne fait aucun doute qu’avec l’administration Biden, les Etats-Unis se sont réengagés dans un multilatéralisme axé sur des solutions positives. Le fait d’être parvenu à un consensus sur la réforme fiscale internationale au G7 puis au G20 et avec 132 des 139 pays du Cadre inclusif de l’OCDE est une première démonstration de ce qui peut être réalisé lorsque les Etats-Unis s’engagent de manière positive. J’espère que nous pourrons conserver cette dynamique sur les questions de changement climatique ou de commerce par exemple.

Sur le changement climatique, justement. Plus d’une vingtaine d’ONG ont dénoncé votre candidature à la tête de l’OCDE après que vous avez fait part de votre scepticisme sur l’objectif de neutralité carbone en 2050. Que leur répondez-vous ?

Il est inexact de me qualifier de sceptique. Je n’ai jamais été un climatosceptique. Ce que j’ai dit il y a quelque temps, c’est que poursuivre des mesures au niveau national qui, au lieu de réduire les émissions mondiales, ne font que déplacer l’activité économique, les emplois et les émissions vers d’autres parties du monde où, pour le même niveau de production économique, les émissions seraient plus élevées, n’a aucun sens. Prendre des mesures au niveau national qui nuisent à la fois à l’économie locale et à l’environnement mondial n’a aucun sens. Je soutiens depuis longtemps que, pour être vraiment efficace, l’action contre le changement climatique doit être à la fois ambitieuse, mais aussi, et c’est important, correctement coordonnée au niveau mondial. Et qu’en fin de compte, ce sont les résultats vérifiables qui comptent, davantage que les promesses.

Vous soutenez donc l’objectif de neutralité carbone en 2050 ?

Bien sûr. De plus en plus de pays s’engagent dans cette mission et c’est formidable. Le défi consiste maintenant à transformer ces engagements en résultats et à gérer la transition vers la neutralité carbone d’une manière efficace sur le plan environnemental, responsable sur le plan économique, et que cette transition soit soutenue par les pouvoirs publics et soit inclusive. Nous devons tous poursuivre ce même objectif. Pour cela, nous avons besoin d’une véritable coopération mondiale, qui soit ouverte d’esprit. Nous devons intégrer le fait que différents pays, différentes régions du monde, peuvent avoir des positions de départ et des circonstances différentes. Des pays ou des régions qui ont aussi des opportunités différentes d’apporter leur meilleure contribution possible à notre mission de réduction des émissions mondiales. L’essentiel est que chacun apporte une contribution proportionnée, authentique et vérifiable à l’objectif global. Pour cela, il est essentiel de mieux suivre les résultats, et pas seulement les engagements. C’est pourquoi l’OCDE vient de créer le Programme international pour l’action sur le climat, un outil permettant de suivre les performances des politiques climatiques, avec des données objectives et comparables dans différentes juridictions, y compris sur la tarification implicite du carbone.

Une tarification qui ne fait pas consensus pour l’instant…

En l’absence d’un accord mondial complet et approprié sur le prix des émissions, les pays peuvent et doivent utiliser tous les autres outils politiques disponibles pour maximiser les résultats de la réduction des émissions : incitations à l’investissement, à la production et à la consommation. Qu’il s’agisse d’investissements publics directs par le biais de programmes de subventions concurrentiels, de subventions, de soutien direct à l’innovation technologique ou de normes réglementaires ; tous doivent continuer à jouer leur rôle pour accélérer la transition vers la neutralité carbone. L’OCDE peut également jouer un rôle dans l’établissement de normes et de standards internationaux pour ses membres et au-delà – comme nous l’avons fait pour BEPS [érosion de la base d’imposition et transfert de bénéfices, N.D.L.R.].

Que change l’accord signé en juillet par le G20 prévoyant la mise en place d’une taxation exceptionnelle des 100 plus grandes entreprises du monde ?

C’est une réalisation multilatérale majeure, la plus importante mise à jour des règles fiscales internationales depuis très longtemps. Cette réforme rendra nos accords fiscaux internationaux plus sûrs, plus stables, plus efficaces et plus équitables. Elle se traduira également par une augmentation des recettes pour les gouvernements en France et dans le monde entier, les multinationales payant leur juste part d’impôt dans les pays où elles génèrent des bénéfices pertinents. Cent trente-trois pays et juridictions représentant plus de 90 % du PIB mondial soutiennent cette réforme. Elle doit maintenant être traduite en législation nationale dans les pays du monde entier pour entrer en vigueur. Je suis raisonnablement optimiste. Nous finirons par y arriver.

« Toutes les juridictions des Caraïbes ont adhéré à notre accord. Cela montre qu’elles comprennent parfaitement que l’environnement international a changé et qu’elles doivent s’adapter »

Que va changer l’introduction d’un impôt minimum mondial sur les sociétés ? Est-ce la fin des paradis fiscaux ?

L’accord fiscal mondial garantira que les entreprises paient au moins 15 % d’impôt effectif sur les sociétés. En d’autres termes, toute entreprise cherchant à minimiser ou à réduire à zéro sa dette fiscale en dehors de sa juridiction d’origine sera tenue de payer au moins 15 % d’impôt effectif sur les sociétés dans sa juridiction d’origine. Il est donc clair que cette mesure aura un impact sur les entreprises qui utilisent les paradis fiscaux pour minimiser l’impôt. Par contre, elle n’aura pas d’impact sur les entreprises motivées par des raisons non fiscales pour se baser dans ces juridictions. Toutes les juridictions des Caraïbes ont adhéré à notre accord. Cela montre qu’elles comprennent parfaitement que l’environnement international a changé et qu’elles doivent s’adapter.

La fin de la concurrence fiscale entre les Etats est-elle une bonne nouvelle ?

Ce n’est pas la fin de la concurrence fiscale. Le but de l’accord n’est pas d’éliminer la concurrence mais de la limiter sur la base d’un accord multilatéral qui tient compte des divers intérêts en présence, y compris ceux des petites économies et des juridictions en développement. L’objectif, c’est de faire en sorte que les multinationales paient des impôts là où elles opèrent et réalisent des bénéfices, dans un cadre juridique stable et sécurisé, ce dont le système fiscal international a tant besoin. Les juridictions ont encore la possibilité de se concurrencer sur le plan fiscal en s’appuyant sur une meilleure discipline fiscale ou sur des choix différents en matière de combinaison d’impôts directs et indirects.

Après BEPS, quel sera le prochain sujet « chaud » pour l’OCDE ?

Le prochain domaine dans lequel l’OCDE pourrait jouer un rôle important sera le rapprochement des pays du monde entier en vue d’une approche plus cohérente de la tarification du carbone. Cela pourra commencer par mesurer et déclarer correctement la tarification explicite et implicite du carbone. C’est un domaine auquel nous réfléchissons beaucoup en ce moment.

Société : l’émulation au lieu de la concurrence

Société : l’émulation au lieu de la concurrence

 

Le maire de Saint-Etienne et vice-président Les Républicains propose, dans une tribune au « Monde », « un autre contrat social et républicain aux Français » qui placerait la finance au service du développement social.

Tribune.

 

 La fragmentation de la société, constatée quotidiennement par les maires, est le fruit d’un virage libertaire pris, dans les années 1980, par une classe politique séduite, progressivement, par le mirage de l’efficacité absolue du secteur privé par rapport au secteur public. La société de la concurrence est issue de cette logique poussée à son extrême car elle tient pour une évidence l’efficacité du secteur privé par rapport au secteur public sans jamais s’interroger sur les spécificités de deux secteurs. Si le premier obéit à une logique de court terme, donc de maximisation naturelle du profit, le second recherche la mutualisation, à long terme, des risques et des biens publics au profit du plus grand nombre, ce qui n’implique pas obligatoirement la rentabilité.

Des logiques fondamentalement différentes, obéissant à des légitimités propres qui, sans être complètement exclusives l’une de l’autre, sont difficilement conciliables à long terme. Croire que la traque des coûts, devenue le seul credo de l’entreprise privée, serait transposable à l’ensemble du secteur public était une chimère. D’autant plus dangereuse qu’elle touche désormais toutes les politiques régaliennes − santé, sécurité, justice ou éducation −, provoquant et accélérant l’implosion intellectuelle d’une société en perte de repères et prête à emprunter tous les chemins au nom d’une stabilité perdue.

Impasse mortelle

La pandémie actuelle ne fait que révéler l’étendue du désastre et les faiblesses des choix d’Emmanuel Macron, dernier d’une longue liste de responsables politiques aveugles. Voilà comment sombre la liberté.

L’économie, en se financiarisant, perd, elle aussi, ses repères sociaux et environnementaux. Progressivement, la recherche de l’efficacité extrême a ainsi gommé les dimensions de citoyen et salarié, au profit de celles de producteurs et consommateurs. L’utilitarisme a supplanté toute vision collective, faisant de la société le lieu de la concurrence directe entre les individus. Voilà comment sombre l’égalité.

L’Etat moderne, issu des Lumières, fonctionnait en admettant, au nom du compromis social, des équilibres sous-optimaux. Désormais, il repose sur un jeu à sommes nulles où tout ce qui est perdu d’un côté est absorbé de l’autre. La modération salariale ou la faiblesse de l’investissement nourrissent ainsi la rentabilité financière.

 

L’affrontement entre l’Homo economicus et le citoyen favorise la lente montée de la violence des rapports sociaux au moment même où la crédibilité de la parole publique ne cesse de reculer. Comment pourrait-il en être autrement puisque autrui n’est plus un semblable mais un ennemi ? Voilà comment sombre la fraternité. 

 

Electricité : une concurrence encore faible

Electricité : une concurrence encore faible  

 

La concurrence d’EDF  par les autres opérateurs demeure encore marginale et n’atteint que 28 %. En cause sans doute le fait que les avantages tarifaires et commerciaux ne sont pas très significatifs. En outre et surtout le réseau est unique et les concurrents d’EDF ne font que commercialiser le même produit.

 

Sans parler des problèmes de maintenance qui se posent  sérieusement chez certains concurrents d’EDF. La progression de la concurrence est faible en dépit des discours de promotion d’une pseudo électricité verte. Encore une fois le réseau est unique et toute les sources d’énergie sont noyées dans le volume dominant de l’électricité d’origine nucléaire. Sauf exception dans le cas de fourniture directe, l’électricité verte est donc à un leurre voir une escroquerie. Y compris lorsqu’on se réfère à des sources alternatives type éoliennes dont  le caractère intermittent impose la compensation par des sources traditionnelles y compris polluante.

Depuis 2007, tous les consommateurs ont la possibilité de choisir leur fournisseur d’électricité ou de gaz.

Les particuliers peuvent souscrire au tarif réglementé de vente (TRV) d’EDF (pour l’électricité) avec des prix fixés par les pouvoirs publics ou à des offres de marché, à prix libres, vendues aussi bien par l’opérateur historique que par des dizaines de concurrents: Engie, Eni, Total, Vattenfall etc.

Fin décembre, 22,8 millions de clients résidentiels pour l’électricité étaient au TRV, contre 23 millions fin septembre. Parmi les 10,6 millions en offre de marché, 9,4 millions étaient chez des opérateurs alternatifs.

L’association de défense des consommateurs CLCV a récemment déploré «l’échec» de l’ouverture du marché de l’électricité, soulignant l’absence d’innovation et de baisse tarifaire significatives mais aussi la multiplication des pratiques commerciales trompeuses.

 

RATP: une concurrence franco française par des sociétés d’État !

RATP: une concurrence franco française par des sociétés d’État !

 

On ne voit guère l’intérêt d’une concurrence franco-française de la RATP par des sociétés directement liées à l’État comme Transdev ou Keolis. À moins évidemment de s’attaquer indirectement au statut des agents de la RATP puisque les sociétés qui pourraient gagner  les marchés à la place de la RATP dépendront de conventions collectives et non du statut de la régie.

On peut comprendre dans certains domaines économiques y compris un transport que la concurrence puisse avoir des vertus pour secouer les grands monopoles. Reste qu’en transport, surtout ferroviaire, cette concurrence n’a guère de sens à moins qu’il ne s’agisse de faire des conditions sociales une variable d’ajustement.

 

Dans le métro en particulier on peut se demander quel est le sens de la  concurrence avec une desserte toutes les minutes complètement dépendantes des infrastructures. Dans le nouvel environnement concurrentiel Les heureux lauréats : Transdev (filiale de la Caisse des Dépôts) gardant pour sept ans le réseau de Montmorency (95) et prenant pour quatre celui du Vexin (95) à RATP Dev. Keolis (filiale de la SNCF) récupérant pour cinq ans les lignes de Transdev entre le 78 et le 95 et pour huit ans celles de Poissy-les-Mureaux jusque-là exploitées par Transdev (90%) et RATP Dev (10%). RATP Dev (filiale de la RATP) héritant de Keolis du réseau centré autour de Mantes-la-Jolie (78).

Le plus curieux dans l’affaire c’est que la RATP se met dans les rangs de la concurrence avec sa filiale RATP DEV. Une sorte de détournement du statut et du fonctionnement traditionnel de la RATP et une forme de renoncement à leur évolution. Les instigateurs de cette cacophonie concurrentielle feraient bien de prendre en compte le risque sécuritaire car si par malheur une catastrophe arrivait  cela remettrait en cause bien des convictions managériales à la mode.

TER-SNCF : la concurrence sur le créneau le moins rentable

TER-SNCF : la concurrence sur le créneau le moins rentable

 

 

La concurrence se met place au moins sur trois régions. En fait, le TER constitue le créneau le moins rentable globalement est porté à bout de bras par les régions qui payent les trois quarts des coûts. En outre avec le virus la fréquentation a aussi diminué et pourrait remettre en cause une rentabilité déjà particulièrement défaillante. Reste que la régularité constitue sans doute aussi la seconde priorité. Dans l’ex-région PACA, quelque 33 % de l’offre totale du réseau TER et la moitié de la fréquentation totale pourrait changer d’opérateur, à partir de la fin 2024.

Contrairement à l’ouverture des lignes de TGV domestiques, la crise sanitaire a peu retardé le processus de mise en concurrence des lignes de trains régionaux (TER) de la SNCF, proposé par Bruxelles dès 2013 et codifié par une loi française de 2018. En témoigne la phase de remise des offres des candidats, qui tend actuellement à s’accélérer. Tout au moins pour les trois régions les plus en pointe sur le sujet, qui espèrent gagner en qualité de service avec d’autres opérateurs que la SNCF . Laquelle a néanmoins annoncé par la voix de son PDG Jean-Pierre Farandou qu’elle se présenterait « à tous les appels d’offres, pour espérer conserver le maximum de part de marché ».

Pour le moment, les autorités organisatrices régionales peuvent « tester le marché » sur la base du volontariat, mais à compter de décembre 2023, selon la réglementation européenne, elles devront toutes lancer des appels d’offres à la fin de leurs contrats d’exploitation avec la compagnie nationale. Tour d’horizon des huit lots actuellement convoités sur le territoire, et des négociations concrètes qui s’annoncent.

CONCURRENCE: la grande naïveté de l’Europe

CONCURRENCE: la grande naïveté de l’Europe

Selon la présidente et fondatrice du fonds Korelya, Fleur Pellerin,  l’Europe est beaucoup trop naïve par rapport au protectionnisme des autres zones économiques

Présidente-fondatrice du fonds Korelya, Fleur Pellerin a jugé contreproductive ce jeudi la politique de l’Union européenne en matière de concurrence, lors du débat inédit « Souveraineté numérique européenne: nouveau défi ou fake news? » organisé dans le cadre du World Economic Forum sur BFM Business.

 

Quand d’autres grandes régions du monde sont en réalité extrêmement protectionnistes, la politique de concurrence européenne qui rend très compliquées les fusions, les rapprochements, etc. est une politique qui nous a conduits à nous tirer une balle dans le pied », a expliqué Fleur Pellerin.

Et l’ancienne ministre de la Culture d’illustrer ses propos: « Il y a une quinzaine d’années, l’Europe avait plus de 50% de parts de marché sur les équipementiers de télécoms. On avait Alcatel, Sagem, Nokia, Eriksson. Aujourd’hui, on a quasiment plus rien et c’est lié au fait que des rapprochements entre grandes entreprises n’ont pas été possibles ».

 

Selon elle, les règles européennes « qui finalement obligent à prendre certaines mesures pour favoriser la concurrence » ne sont pas adaptées alors que « d’autres régions du monde sont plus protectionnistes et beaucoup moins frileuses pour favoriser leurs propres acteurs économiques », ce qui « cause un préjudice monstrueux aux Européens ».

 

La stratégie de Facebook: tuer la concurrence

 La stratégie de Facebook: tuer la concurrence

Le professeur de communication Charles Cuvelliez et le cryptographe Jean-Jacques Quisquater analysent, dans une tribune au « Monde », la nouvelle approche de la concurrence que manifeste la plainte déposée par

Tribune. Le 9 décembre, la Federal Trade Commission (FTC), la puissante agence américaine de concurrence et de protection des consommateurs, a déposé une plainte contre Facebook pour atteinte à la concurrence. Elle n’y va pas par quatre chemins : considérant que les réseaux sociaux constituent un nouveau marché, elle déclare Facebook en abus de position dominante. Elle ne réclame rien de moins que le démantèlement de Facebook en lui retirant Instagram et WhatsApp.

Les Etat-Unis brûlent ainsi les étapes de la politique de la concurrence, passant directement des amendes salées mais sans grand effet au grand soir du démantèlement des monopoles, mesure qui n’a été appliquée que deux fois au XXe siècle, contre le pétrolier Standard Oil (1911) puis contre la compagnie de téléphone AT&T (1984).

Certes, Facebook répondra que rien de ce qu’il fait ne porte préjudice au consommateur puisque son service est gratuit ! Car tout l’arsenal des lois anti-trust repose sur le fait qu’il y ait préjudice pour les consommateurs… Mais la FTC assimile bien le rachat d’Instagram en 2011, et celui de WhatsApp en 2014 comme des initiatives contraires à la concurrence, car n’ayant comme objectif, à une époque où Facebook craignait de rater le virage du mobile, que d’empêcher ces concurrents potentiels d’occuper le terrain.

Une conception élargie des infractions à la concurrence

Aujourd’hui, Facebook les maintient en vie sous son contrôle, dans le même but. Les sévères restrictions imposées aux développeurs qui veulent bénéficier de l’écosystème Facebook complètent le tableau : bannissement des fonctionnalités qui font de l’ombre à Facebook, interdiction de renvoyer à des réseaux sociaux concurrents (s’il y en a). La FTC est ainsi passée des (modestes) amendes infligées pour le mauvais usage des données privées à une conception beaucoup plus large des infractions aux règles de la concurrence.

Le rapport de la Commission anti-trust du Congrès américain aura préparé le terrain. Il identifie bien deux barrières à l’entrée pour des concurrents : les données que Facebook a accumulées, mais aussi le coût social élevé à quitter Facebook. Quitter ce réseau n’est pas juste se priver de ses « amis », c’est se priver de l’accès à des groupes professionnels, et parfois aux administrations pour interagir avec elles.

Or, Facebook ne peut pas sérieusement prétendre que Twitter, Snapchat et Pinterest sont des concurrents, ni même YouTube, pour accéder à de tels services. Passer chez un concurrent est d’ailleurs quasiment insurmontable : les autres réseaux sociaux, quand ils osent exister, ne sont pas interopérables avec Facebook.

 

 

Facebook et Google accusés aux États-Unis d’entrave à la concurrence

Facebook et Google accusés aux États-Unis d’entrave à la concurrence

La  procureur générale de New York, Letitia James. a déclaré que la société Facebook avait utilisé de vastes sommes d’argent pour acquérir ses rivaux avant qu’ils ne puissent menacer sa position dominante sur le marché.

En octobre, le département américain de la Justice et 11 Etats ont déposé plainte contre Google, accusé d’abuser de sa position sur les marchés de la recherche et de la publicité en ligne pour nuire à ses concurrents.

Ces procédures s’annoncent comme les plus importantes dans le domaine de l’antitrust aux Etats-Unis depuis plus de 20 ans et peuvent être comparée à celle qui a visé Microsoft en 1998, voire à celle de 1974 qui a conduit à l’éclatement forcé de l’opérateur de télécommunications AT&T.

Réforme de la PAC : le risque d’une concurrence déloyale

Réforme de la PAC : le risque d’une concurrence déloyale

 

Christiane Lambert, présidente de la FNSEA évoque les risques de concurrence déloyale suite aux orientations de la PAC de financer davantage le bio.(Interview dans France Info)

 

Que pensez-vous des « écorégimes », ce système de primes versées aux agriculteurs qui soutiennent des programmes environnementaux exigeants ?

 

Christiane Lambert : Nous comprenons cette orientation puisque tous les secteurs d’activité sont confrontés à faire plus vert et à introduire de la durabilité dans leur pratique, au regard du changement climatique, notamment. Ce qui est très important pour nous, c’est que ces règles s’appliquent à l’ensemble des pays européens. Puisque nous sommes sur un marché unique, nous devons tous avoir les mêmes règles du jeu. Donc que tout le monde y soit soumis, c’était une absolue nécessité et on va voir maintenant qu’elles sont les modalités de mise en œuvre. Je préfère qu’il y ait 20% (du montant des aides directes) obligatoire pour tous plutôt que 30% que ne respecteront que certains pays, ceux les plus avancés.

 

Craignez-vous une concurrence déloyale de la part de certains États ?

 

Oui, c’est déjà le cas aujourd’hui. La France est toujours mieux-disante pour la mise en œuvre des directives quelles qu’elles soient, sanitaires, environnementales, sociales. Là, ce n’est pas normal que certains pays aient voulu s’exonérer de ce respect. Le fait que tous les pays soient soumis est indispensable. Nous allons veiller à la façon dont cela va se mettre en œuvre.

Les petites exploitations devraient être soumises à des contrôles simplifiés, cela réduirait la charge administrative. Est-ce une bonne chose ?

 

C’est normal, cela existe déjà et il fallait le pérenniser. Les exploitations qui touchent moins de 2 000 euros ne sont pas soumises aux mêmes règles de contrôle. Les contrôles sont très complexes en agriculture et, pour les petites exploitations, c’est difficile à remplir, donc c’est quelque chose que nous avons soutenu. Je trouve assez injuste que les mouvements environnementaux expriment du mécontentement, ils ont fait un lobbying féroce auprès des parlementaires européens, et ils ont tort de critiquer; Nous, nous sommes beaucoup plus modernes, nous avons intégré qu’il faut progresser, qu’il faut une croissance durable, mais il faut des agendas et des accompagnements. Les agriculteurs font énormément d’efforts. Ils produisent l’alimentation, ne l’oublions pas. On a tous mangé pendant le confinement, c’est grâce à la PAC et aux agriculteurs. Donc, la PAC est faite pour verdir et pour produire l’alimentation.

« Le regroupement Veolia/Suez tuerait la concurrence »

« Le regroupement Veolia/Suez tuerait la concurrence »

 

Christopher Gasson, éditeur chez la revue spécialisée dans le marché international de l’eau Global Water Intelligence (GWI). Estime que «Si la France veut être le leader mondial de la transition écologique, elle a plutôt besoin de deux concurrents dynamiques, pas d’un détenteur de monopole paresseux», ( interview de la Tribune)

Par cette fusion éventuelle des deux colosses français de l’eau et des déchets, Veolia promet la création d’un « super-champion » des services à l’environnement. Mais sur le marché international, ce rapprochement constituerait-il un véritable avantage ?

Christopher Gasson, éditeur chez la revue spécialisée dans le marché international de l’eau Global Water Intelligence (GWI) - Non. Dans l’ensemble, je ne vois pas la logique industrielle d’une telle opération, et les actionnaires de Veolia, dont le soutien à l’opération déterminera finalement si elle se concrétisera ou non, devraient se méfier. Jusqu’à présent, ces actionnaires semblent enthousiastes. Mais quand vous voyez que cela prendra deux ans, ils devraient se demander si cela correspond à leur intérêt à long terme. Le cours de l’action Veolia a d’ailleurs fléchi depuis l’annonce de l’opération.

Si la France veut être le leader mondial de la transition écologique, elle a plutôt besoin de deux concurrents dynamiques, pas d’un détenteur de monopole paresseux. Le vrai problème est que Veolia et Suez ont besoin d’un meilleur accès au capital pour réaliser leurs ambitions. Mais tous les deux se retrouvent à devoir réduire leurs coûts pour satisfaire leurs actionnaires. Réunir les deux entreprises doublerait le problème et mettrait probablement fin à la domination française dans le secteur environnemental. À bien des égards, c’est un échec du capitalisme français.

Veolia-Suez: un projet : pour tuer le peu de concurrence

Veolia-Suez: un projet : pour tuer le peu de concurrence

Nicolas Lecaussin, directeur de l’Iref (Institut de recherches économiques et fiscales), dénonce dans une chronique à l’opinion le regroupement envisagé de Veolia et Suez destiné essentiellement à tuer le peu de concurrence dans le secteur.

«   Les politiques français cesseront-ils un jour de se mêler de ce qui ne les regarde pas ? En tout cas, on vient d’assister à un épisode supplémentaire de la saga de l’Etat français omniprésent et omnipotent. Lorsque Veolia a affirmé vouloir prendre le contrôle de son rival Suez, le Premier ministre, Jean Castex, a tout de suite soutenu cette initiative car elle « ferait sens » concernant la « pérennité de l’emploi » et la « logique industrielle ». Jean Castex est énarque, il croit que les unions d’entreprises sont toujours nécessaires et forcément utiles. Il ne peut pas penser au consommateur, il réagit en politique qui croit « sauver des emplois ».

D’abord, ce n’est probablement pas le cas ici. Suez est le leader mondial de la distribution d’eau, avec 145 millions d’habitants desservis. C’est une société qui s’est beaucoup modernisée depuis plusieurs années et qui innove beaucoup (smart city, exploitation des données des réseaux d’eau…). Elle est présente dans quatre-vingts pays. Veolia aussi est une grande entreprise présente à l’international, qui emploie plus de 180 000 personnes. Avec cette opération, elle éliminerait purement et simplement son principal concurrent en France, en achetant une grande partie de ses activités dans le pays. C’est un drame à plusieurs niveaux.

Position hégémonique. D’abord, car l’entreprise s’arrogerait ainsi une position hégémonique sur le secteur de l’eau et déstabiliserait grandement le secteur des déchets, ce qui réduirait l’offre et la concurrence sur ces marchés, au détriment de ses clients, les collectivités locales. Ensuite, car la concurrence permet une saine émulation sans laquelle aucune innovation majeure n’est possible. En mettant fin à la concurrence, cette opération accélérera donc l’émergence de concurrents non-européens, plus agiles et plus innovants, voués à reprendre l’ascendant à terme sur le colosse aux pieds d’argile issu de la fusion.

Le Premier ministre devrait avoir deux préoccupations. La première, ce sont les consommateurs français et la concurrence dans notre pays. Celle-ci était déjà a minima, elle sera pratiquement nulle, sauf si les autorités de la concurrence imposent que de nombreuses activités de Suez en France soient cédées à des entreprises tierces. Ensuite, de deux champions mondiaux, reconnus internationalement comme des leaders sur les marchés de la gestion de l’eau et des déchets, la France passerait à un. L’eau est pourtant un secteur d’activité hautement sensible et stratégique, pour le pays comme pour l’emploi.

Bien sûr, c’est aux entreprises de décider. Mais en fait, ce qu’il faudrait, c’est d’autres leaders mondiaux et plus de concurrence. »

Nicolas Lecaussin est directeur de l’Iref (Institut de recherches économiques et fiscales).

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