SNCF- Brétigny : des conclusions curieusement rapides
D’ordinaire pour ce type d’accident transport, il faut des semaines, des mois pour identifier les causes de l’accident ; cette fois, tout a été bien vite. Presque bâclé en 24 heures (même si les enquêtes continuent). Comme l’impression qu’il fallait dans l’urgence donner une explication et ne pas polluer la conférence de Hollande. RFF (gestionnaire des voies) a déclaré ‘ nous connaissons les motifs, pas les causes » ; cette phrase qui ne signifie strictement rien. Phrase pour éclairer mais qui n’éclaire rien, phrase pour expliquer qui n’explique rien. Et le SNCF qui se déclare immédiatement responsable ! Evidemment l’enquête este loin d’être terminée pour déterminer comment cette pièce s’est retrouvée fichée dans l’aiguillage. Mais on se demande pourquoi il a fallu se précipiter autant pout donner une explication qui n’explique pas la présence d’une pièce pourtant indéboulonnable. Des photos de cette éclisse – pièce métallique de 10 Kg qui relie deux rails pour les maintenir dans l’axe – ont été projetées dimanche lors d’une conférence de presse, la troisième depuis le drame. Les premiers examens menés par la SNCF sur la rame accidentée excluent toute « anomalie mécanique » sur la locomotive et la rame, a détaillé le patron de la SNCF, Guillaume Pepy. « Cette rame Corail était passée en examen le 29 juin 2013″, a-t-il précisé. L’étude des deux trains qui avaient précédé le Paris-Limoges sur cette ligne n’a pas non plus montré d’anomalie. Enfin, des traces ont été relevées sur le dernier essieu de la 3e voiture et confirment l’hypothèse, avancée dès samedi, d’un choc avec l’éclisse dans l’aiguillage comme origine du déraillement du Paris-Limoges, qui a tué six personnes vendredi en fin d’après-midi, a ajouté M. Pepy. Dimanche, 180 agents de la SNCF étaient toujours à pied d’œuvre pour dégager la voie à Brétigny. « L’essentiel est fait, il reste une voiture à remettre sur les rails », a-t-il dit. La circulation des trains ne reprendra « probablement » pas cette semaine, a estimé le patron de la SNCF, ce qui va continuer d’affecter la ligne Paris Austerlitz-Limoges-Toulouse comme le réseau du RER C. La ville a vécu un dimanche au ralenti. Une centaine de jeunes se sont recueillis dans l’après-midi pour rendre hommage à deux des six personnes tuées, Vincent, 23 ans, un surveillant d’un lycée de la ville, et Brandon, 19 ans, un ancien élève de ce même lycée. Quatorze personnes étaient toujours hospitalisées dimanche, dont deux étaient entre la vie et la mort, selon le préfet de l’Essonne, Michel Fuzeau. Quelque 700 agents de la SNCF sont aussi mobilisés depuis dimanche matin pour passer en revue les 5.000 éclisses du même type que celle incriminée dans ce déraillement. Hollande ne privilégie pas la malveillance «Nous connaissons les motifs de l’accident, nous n’en connaissons pas les causes », a déclaré Jacques Rapoport, patron de Réseau ferré de France (RFF). L’une des questions est de comprendre pourquoi cette pièce, tenue par quatre boulons, s’est détachée. Cet aiguillage avait été contrôlé le 4 juillet, selon la SNCF. Le président Hollande a affirmé ne pas privilégier l’hypothèse d’un acte de malveillance pour expliquer le déraillement. « On ne doit rien écarter mais ce n’est pas l’hypothèse que, aujourd’hui, je privilégie. Je pense que nous sommes devant une défaillance matérielle », a-t-il dit lors de son interview du 14 juillet. La veille, le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, avait également écarté un acte de malveillance, évoqué par le président PS de la région Ile-de-France, Jean-Paul Huchon, qui jugeait « bizarre, curieux » que « les boulons aient tous sauté en même temps ». Depuis le drame, la vétusté des infrastructures ferroviaires françaises est soulignée. « Le constat est sévère avec une dégradation ces dernières années, faute de moyens consacrés aux lignes classiques », a relevé le ministre des Transports, Frédéric Cuvillier. Même si, sur la ligne Paris Austerlitz-Toulouse, où s’est produit l’accident, près de 70 millions d’euros ont été investis en 2013, soit le double des investissements de 2012, a-t-il précisé au Journal du dimanche. Les autres pistes semblent écartées, notamment celle d’une fragilisation de la structure liée à des travaux récents et celle de l’erreur humaine. Le train, transportant 385 voyageurs, roulait à 137 km/h, en-deçà des 150 km/h autorisés.