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Revenir au concept initial d’entreprise pour une transformation durable

Revenir au concept initial d’entreprise pour une transformation durable

La contribution de l’entreprise à la résolution des crises sociale et environnementale nécessite de redéfinir l’« affectio societatis », la volonté d’agir ensemble, des actionnaires, salariés, dirigeants et partenaires extérieurs des entreprises, suggèrent les expertes financières Sandra Bernard-Colinet et Mathilde Lemoine dans une tribune au « Monde ».

Tribune. 

 

La crise sanitaire a renforcé la pression citoyenne pour accélérer la transformation de l’entreprise en acteur responsable des enjeux sociaux et environnementaux. Certains, pour mieux repousser cette pression, mettent en avant la célèbre affirmation de l’économiste américain Milton Friedman selon laquelle la seule responsabilité sociale de l’entreprise consisterait à faire du profit. Mais cette retranscription est tronquée car la phrase se poursuit par « aussi longtemps qu’elle [l’entreprise] respecte les règles du jeu ». Or ce sont précisément les règles du jeu qui ont changé depuis cinquante ans !

Au départ, il n’était pas question pour les sociétés de prendre en considération les enjeux sociaux et environnementaux dans leur gestion. Les règles du jeu s’inscrivaient dans une logique collective de course à la production. Puis cette logique s’est individualisée par la recherche de l’optimisation de la marge bénéficiaire et d’un retour sur capital rapide.

Désormais, les entreprises ont une responsabilité vis-à-vis du monde extérieur. Elle consiste à intégrer volontairement leurs préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et à leurs relations avec les parties prenantes. La transcription qui en a été faite par les acteurs privés fut de traiter ces nouvelles préoccupations comme des risques (industriels, de réputation) ou des opportunités (relais de croissance) pour leur objet social. Même pour ceux qui s’inscrivent dans la lignée friedmanienne, la logique économique et financière doit tenir compte des critères sociaux et environnementaux.

Les crises récentes, celle de 2008 et celle de 2020, ont de nouveau changé les règles du jeu. Il n’est plus question de se focaliser uniquement sur la préservation de la valeur économique de l’entreprise mais de protéger les biens communs, de participer à la restauration, à la préservation et à l’amélioration des socio-écosystèmes. L’entreprise doit définir comment elle contribue de façon active à la résolution des enjeux sociaux et environnementaux dans toute leur complexité. Tel est l’enjeu du débat sur la contribution des entreprises aux objectifs de développement durable définis par les Nations unies, aux objectifs de décarbonation fixés par l’accord de Paris, ou sur la définition de la « raison d’être » des entreprises et du statut d’« entreprise à mission » actés par la loi Pacte d’avril 2019.

Il ne s’agit plus seulement de mesurer les externalités négatives de l’activité de l’entreprise, par exemple en limitant ou en compensant l’impact de la production industrielle sur les émissions de CO2, mais désormais de trouver les méthodes qui permettront de réduire ces émissions quelle que soit l’évolution de l’activité de l’entreprise. Il ne s’agit plus de parler de croissance inclusive tout en délocalisant dans des pays étrangers des activités encore largement bénéficiaires, mais de préserver et développer des filières génératrices d’emplois locaux tout en assurant leur autonomie financière.

Le modèle de l’entreprise ne répond plus uniquement à la logique économique mais s’inscrit dans une dimension plus collective, dont le cœur du réacteur serait les enjeux sociaux et environnementaux. Ce modèle, qui est bien souvent celui d’entreprises familiales indépendantes des marchés financiers, repose sur la volonté implicite ou explicite des partenaires de collaborer sur un pied d’égalité et que les juristes appellent l’affectio societatis, c’est-à-dire l’élément intentionnel indispensable à la formation du lien qui unit les associés. Sa force opérationnelle réside dans sa capacité à fédérer autour d’un projet entrepreneurial les associés mais aussi les salariés, les fournisseurs, les acteurs locaux tout en parvenant à développer une fierté et un sentiment d’appartenance.

L’affectio societatis a perdu de son influence dans les grandes entreprises soumises à la maximisation de leur rentabilité opérationnelle. Il est temps de revenir à l’essence même de la notion d’entreprise : mettre en commun des biens en vue de réaliser et de partager des bénéfices, qui ne doivent plus être seulement économiques, mais aussi sociaux et environnementaux.

Pour y parvenir, le monde de l’entreprise pourrait s’inspirer de certaines pratiques des acteurs du développement et de l’économie sociale et solidaire qui savent donner un sens à leur action, et mener des actions qui ont du sens. Dans son plan-cadre pour l’aide au développement (PNUAD), l’ONU propose ainsi un outil de modélisation de la transformation que l’on souhaite générer sur une population de bénéficiaires et de mesurer la valeur ajoutée de son action. L’objectif est de vérifier le lien de causalité entre l’action engagée et le changement opéré à long terme sur les bénéficiaires.

Par exemple, si l’objectif poursuivi par une entreprise est d’améliorer la santé, il faut d’abord définir les bénéficiaires, c’est-à-dire le pourcentage de femmes ou d’hommes, les classes d’âge, la zone géographique. Il est également nécessaire de choisir l’action à mener : donner des médicaments ? éduquer ? améliorer l’habitat ? la mobilité ? Ensuite, il conviendra de vérifier que les ressources mobilisées sont bien affectées à l’atteinte de l’objectif et à quelle échéance. Une telle méthode a aussi pour vertu de faire reposer l’engagement social de l’entreprise sur une sorte de convention. Entreprendre au-delà de la seule valorisation du capital économique permet de fédérer les différentes parties prenantes pour contribuer à une transformation durable.

Sandra Bernard-Colinet est membre de la Société française des analystes financiers (SFAF) et ancienne conseillère en investissement à impact auprès du haut-commissariat à l’économie sociale et solidaire et à l’innovation sociale.

Mathilde Lemoine est chef économiste du groupe Edmond de Rothschild

Covid-19 : « surveillance renforcée » un concept bidon

Covid-19 : « surveillance renforcée » un concept bidon

En dépit de la longueur de la nouvelle conférence de Premier ministre, rien de significatif n’a été décidé. Pour résumer seul ressort ce concept de surveillance renforcée pour certaines zones très touchées par le virus. Mais un concept vide de sens. En effet, ce n’est qu’ultérieurement après discussion avec les collectivités locales que sera éventuellement envisagée une forme de confinement variant dans l’espace et dans le temps. La vérité sans doute c’est que les pouvoirs publics ne veulent pas pour l’instant décréter un confinement général qui sera rendu indispensable dans les semaines à venir avec la croissance des contaminations notamment via les nouveaux variants.

 

Pour parler clair, Castex a tenté de justifier l’attentisme actuel du président de la république qui en définitive est le seul décideur. L’idée est pour l’instant de passer la patate chaude aux collectivités locales pour ne pas avoir à assumer le mécontentement de l’opinion publique.

 

Les élus locaux risquent de tomber dans le piège en se faisant plus protecteur que l’État. Mais de toute façon ces confinement localisés n’ont guère de sens tant que la mobilité des personnes n’est pas entravée. Ainsi nombre d’habitants s’empressent de partir pour des lieux aux contraintes plus souples. D’une certaine manière peut même dire que reconfinement favorise des formes d’accélération de circulation du virus. Car le virus suit en effet la mobilité des personnes. Conclusion Castex n’a rien décidé et reverra la situation la semaine prochaine des zones suivantes situées dans les départements :

 

Alpes-Maritimes, des Bouches-du-Rhône, de la Drôme, de l’Essonne, de l’Eure-et-Loir, des Hauts-de-Seine, de la Meurthe-et-Moselle, de la Moselle, du Nord, de l’Oise, de Paris, du Pas-de-Calais, du Rhône, de la Seine-et-Marne, de la Seine-Saint-Denis, de la Somme, du Val d’Oise, du Val-de-Marne, du Var, des Yvelines. Ces départements  »cumulent des indicateurs défavorables » à savoir un niveau d’incidence autour de 250 cas pour 100.000 habitants, une part de variant « supérieur à 50% », une pression hospitalière « proche du seuil critique » et « une circulation virale qui commence à s’accélérer sérieusement ». Le niveau d’incidence moyen actuellement en France et de l’ordre de 200 cas pour 100 000 habitants.

 

 

« L’Agisme » ! Nouveau concept de l’obsolescence !

« L’Agisme » !

 

L’« âgisme », qui n’a pas connu la même diffusion que les concepts de racisme et de sexisme, permet pourtant une réflexion sur notre rapport au vieillissement, surtout en ces temps de pandémie, la sociologue Juliette Rennes dans un entretien au « Monde ».

Sociologue et maîtresse de conférences à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), Juliette Rennes travaille sur les questions de genre et de discrimination. L’Encyclopédie critique du genre (La Découverte, 2016), qu’elle a coordonnée et dont elle a écrit l’entrée « âge », reparaît, le 11 mars, dans une version revue et augmentée.

Quelle est la définition de l’âgisme ?

Le mot a été forgé par un psychiatre et gérontologue américain, Robert Butler, en 1969. Il désignait, principalement, les stéréotypes et les discriminations envers les vieilles personnes. Depuis, son sens s’est élargi pour s’appliquer aux préjudices fondés sur l’âge.

Plus précisément, je dirais qu’on tend à qualifier d’âgiste le fait de juger un individu trop jeune ou trop vieux pour accéder à un bien social (une activité, un service, une prestation, un droit…), sans prendre en considération ses aptitudes et ses aspirations.

Y avait-il, à l’époque où le concept a émergé, des mouvements de défense des personnes âgées ?

Il existait des organisations de défense des retraités bien avant les années 1970, mais la nouveauté de cette époque aux Etats-Unis est l’apparition de mobilisations dénonçant les préjudices fondés sur l’âge.

Le collectif des Gray Panthers, lancé en 1970 par des femmes retraitées, s’empare du terme d’âgisme. Ces militantes documentent la maltraitance dans les maisons de retraite, les représentations négatives de la vieillesse à la télévision, s’associent à un collectif africain et américain pour dénoncer les discriminations contre les Noirs âgés dans le système de santé et réclament plus largement une société plus accueillante pour tous les âges, par exemple en matière de transport public. Elles luttaient aussi pour l’instauration d’une sécurité sociale universelle.

Et en France ?

A l’époque, il n’existe pas de collectif de cette ampleur qui fasse entendre des
revendications sur la vieillesse portées par les personnes concernées. Il y a en revanche, dans le sillage de 1968, des professionnels du travail social, de la psychiatrie, de la gérontologie qui sont confrontés à la vieillesse dans leur activité professionnelle et portent un discours critique sur la relégation sociale des vieilles et des vieux – sur l’enfermement, la psychiatrisation, la ségrégation des âges ou encore le culte du productivisme, qui dévalue les retraités.

Le livre La Vieillesse, de Simone de Beauvoir, paru en 1970, fait partie d’une nébuleuse plus large, même si elle demeure marginale, de réflexions critiques et parfois d’expérimentations concrètes pour changer le regard sur la vieillesse et les relations entre générations.

Participation citoyenne : un concept très flou

Participation citoyenne : un concept très flou

Dans une tribune au « Monde », Philippe Audic, président du Conseil de développement de Nantes métropole, plaide pour une clarification du cadre légal de l’intervention citoyenne, ainsi que pour une formation des citoyens aux politiques publiques.

Tribune.

 

Depuis vingt ans, la participation des citoyens à la décision publique est une question récurrente. Figure imposée de toutes les campagnes électorales locales, elle a gagné les sphères de l’Etat, jusqu’à la création d’un ministère. Marc Fesneau en est le titulaire : ministre délégué chargé des relations avec le Parlement et… de la participation citoyenne. Dans une période d’exception qui conduit à prendre des libertés de plus en plus grandes avec la démocratie, le temps du bilan de la participation citoyenne est venu.

Après vingt ans de participation organisée, les citoyens sont-ils moins méfiants, mieux informés, plus tolérants ? Tous ceux qui ont « participé », des conseils de développement jusqu’aux conventions citoyennes, peuvent effectivement l’être. Ceux-là ont été initiés. Souvent avec le sentiment de participer à une animation territoriale plutôt qu’à la décision publique, mais ils ont été intégrés. Leur capacité à intervenir dans la décision s’exerce par la seule influence, ce qui parfois les frustre. Mais ils ont une capacité d’expression et ils peuvent s’en servir.

Pour les autres, le « système » est au mieux lointain, au pire perçu comme hostile. Dès lors, le pouvoir est un prestataire et le citoyen un client… souvent mécontent. Et beaucoup moins solidaire qu’il ne l’affirme. Le bien commun est la formule, la revendication individuelle est la réalité. Les élus sont-ils les coupables ? Non, ce serait trop simple. Ils font ce qu’ils peuvent, notamment à l’échelle locale, où toutes sortes de dispositifs s’ouvrent aux citoyens. Ils sont même dans un certain désarroi en rivalisant d’imagination pour associer les habitants.

Mais l’offre correspond-elle à la demande ? Pas toujours. Les élus sont-ils à l’aise entre les échelons qu’ils gèrent ? Pas vraiment. Nous votons toujours dans des communes qui délèguent l’essentiel de leurs compétences aux intercommunalités, qui ne sont démocratiques qu’au second degré. La vie des élus locaux n’est pas une sinécure, mais leur défaut a été parfois d’inventer des mots pour le moins interprétables, codécision, coconstruction… et sans vraies bases légales.

Alors, que faire ? D’abord clarifier le droit. Dans une démocratie représentative, la prise de décision est codifiée et il y a peu de place pour une intervention citoyenne organisée autre que consultative. La frustration de certains participants à la convention citoyenne sur le climat découvrant les obstacles se dressant devant leurs propositions est révélatrice. Vie participative et vie légale…

Réconciliation Algérie : un concept douteux

Réconciliation Algérie : un concept douteux

L’historienne fait part de ses divergences, dans une tribune au « Monde », avec les analyses de Benjamin Stora dans le rapport sur « les questions mémorielles » liées à cette période qu’il a remis en janvier au président de la République, Emmanuel Macron.

La commande à Benjamin Stora du rapport sur « les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie » repose sur un présupposé : la « guerre d’Algérie » serait l’objet d’une « guerre des mémoires » qu’une « réconciliation » franco-algérienne devrait apaiser. Il y aurait donc une fracture dans l’approche de ce passé, opposant Français et Algériens.

Ce n’est pas ce que raconte l’histoire de la guerre. En Algérie comme en France, les sociétés ont connu des clivages profonds, parfois violents, qui ont transcendé les appartenances nationales. Cette guerre n’a pas mis en présence des Français et des Algériens unis face à face, ni incapables de converger.

Des « Européens », dans la taxonomie coloniale, ont lutté pour l’indépendance selon une conception de la nation algérienne ouverte à leur égard ; des Français ont dénoncé la torture en invoquant la République et ses valeurs quand d’autres défendaient l’œuvre coloniale ; des anticolonialistes français et des nationalistes algériens ont partagé un idéal révolutionnaire, internationaliste ; des indépendantistes se sont entre-tués. Aucune homogénéité, aucun unanimisme, donc ; cette guerre a mis les nations à l’épreuve. Rien n’est plus faux que de la penser en affrontement de deux blocs nationaux.

Ce n’est pas non plus ainsi que les mémoires individuelles se sont construites. En France, les recherches démontrent la multiplicité des appréhensions de ce passé par les générations postérieures, les témoins disparaissant au fil du temps. Tout est possible : de la réappropriation la plus vive à l’indifférence totale, en passant par une vaste gamme complexe. La remémoration n’est pas toujours douloureuse, ni publique. Elle exprime souvent une demande d’histoire, à des fins de compréhension et non de revanche. La pathologisation systématique des mémoires, dans la société française, est excessive.

Les affrontements ont le politique pour champ de bataille. Ils se cristallisent sur les noms de lieux, les plaques, stèles et autres symboles érigés dans la discorde, parfois vandalisés. En dépit d’une représentativité à questionner, des associations s’arrogeant la parole d’un groupe entretiennent la bataille, sans hésiter à servir des clientélismes électoraux. Il ne s’agit pas d’histoire ni de mémoire, mais d’usages du passé. Celui-ci est d’autant plus polémique qu’il nourrit des argumentaires allant de l’extrême gauche à l’extrême droite sur des thèmes d’actualité (migrations, islam, terrorisme, exception, citoyenneté, nation…).

Le concept de nature est très culturel

Le  concept de nature est très culturel

 

Le philosophe de l’écologie, Frédéric Ducarme,  rappelle dans le Monde que notre rapport à la nature est très marqué par le christianisme et que le concept est apparu au temps des premières civilisations urbaines.

Chercheur au Muséum national d’histoire naturelle, Frédéric Ducarme s’est spécialisé dans la philosophie de l’écologie. En 2020, il a cosigné deux études sur le concept de nature dans l’histoire et dans l’espace, l’une publiée en janvier dans Palgrave Communications (revue dont le titre est désormais Humanities and Social Sciences Communication), l’autre parue le 29 septembre dans Conservation Biology.

En science, on parle beaucoup de nature – et c’est d’ailleurs le titre d’une des plus grandes revues scientifiques. Pourtant il subsiste un grand flou autour de ce mot polysémique…

Le terme de « nature » est passé dans les angles morts de beaucoup de disciplines. Les scientifiques l’utilisent mais ne l’aiment pas trop, disant qu’il n’est pas scientifique. Et, du côté des philosophes, on l’utilise mais on ne l’aime pas plus, en disant que ce n’est pas un concept philosophique. Du coup, personne ne le théorise vraiment alors qu’il est très employé : entre 1990 et 2015, il figure dans le titre de plus de 7 000 articles scientifiques, mais aucun d’eux ne le définit. C’est quasiment le seul concept majeur que personne ne définit.

Vous expliquez que les philosophes grecs de l’Antiquité ont plutôt une vision dynamique de la nature, comme Héraclite, qui y voit un écoulement, mais que tout cela change avec le christianisme…

Dans le dogme chrétien, on a un Dieu « pantocrator », maître de tout, qui, surtout, est au-dessus de la nature, ce qui lui permet d’être parfait. C’est la grande originalité des religions monothéistes, alors que les dieux grecs sont loin d’être parfaits. Dans l’Iliade, ces dieux sont vraiment tous des sagouins : ils sont remplis de passions, ils piquent des crises de colère ou de peur, ils ont des besoins alimentaires, sexuels et peuvent même mourir. Dans les religions polythéistes, les dieux sont soumis à la nature. Dans les monothéismes abrahamiques, Dieu est en dehors de la nature et celle-ci lui est subordonnée. Toute dynamique ne peut venir que de Dieu et la nature est profondément statique : c’est la Création. D’où l’idée, répandue jusqu’au XVIIIe siècle, que la science a pour but de décrypter le plan divin. Ce à quoi Darwin va s’opposer en faisant intervenir l’histoire dans la biologie.

Comment l’homme se situe-t-il dans cette nature ?

L’idée est que l’homme est plongé dans la nature mais n’en relève pas totalement. Il a une âme qui tend vers le royaume de Dieu. Dans l’Evangile selon Matthieu, il est dit qu’il ne faut pas trop investir dans les choses de la Terre, qui sont destinées à être rongées par la vermine. Il existe une hiérarchie stricte entre le monde physique, qui doit être méprisé, et le domaine purement moral, qui relève du divin – un domaine métaphysique au-delà du physique. La nature est certes le fruit de Dieu, mais elle est un peu brute et c’est à l’homme de s’en faire le jardinier. Chez Buffon (1707-1788) existe cette idée que la nature seule tend vers le croupissement, la pourriture, et que seul l’homme peut bien l’ordonner… comme le jardin des Plantes.

Score-carbone, nouveau concept pour réduire la pollution

Score-carbone, nouveau concept pour réduire la pollution

Le concept de score carbone vise à disposer d’un indicateur qui affiche les conséquences d’une activité ou d’un produit sur les émissions de carbone. L’objectif est d’opérer une transparence sur les émissions polluantes voire de prendre des mesures notamment de fiscalité à l’encontre des activités les plus polluantes et dans certains cas même de les interdire.

Mais ces mesures répressives sont contestées par certains et dans la période, le gouvernement ne semble pas prêt de les prendre en compte. C’était en tout cas une des propositions de la fameuse convention dont Macron  a approuvé théoriquement à peu près toutes les conclusions mais dont on voit bien que les mesures ont bien du mal être maintenant retenues et mises en œuvre par le gouvernement.

En cause le fait que nombre de ces propositions étaient utopique voir même contre productives aussi le fait qu’elles se heurtent aussi à la problématique d’une croissance déjà fortement atteinte par la crise sanitaire. Ceci étant un affichage serait de nature à peser sur la consommation des produits trop polluants du fait d’une meilleure information du public.

Il est clair que sur ce sujet il est indispensable pour être efficace de prendre aussi en compte les produits et activités importées. « Le score carbone ne remplace pas d’autres mesures, donner de l’info aux gens ne suffit pas », abonde Benoît Leguet, directeur d’I4CE, Institut de l’économie pour le climat. « Prenez l’exemple du tabac, il y a aussi une incitation fiscale sur le prix, une interdiction liée à l’âge, tout un système de prévention ». « C’est un mix de politiques publiques qui ne sont pas substituables les unes aux autres, le score carbone n’est pas l’alpha et l’oméga, on peut en même temps mettre un « signal-prix ». Et on peut en tirer des co-bénéfices », poursuit cet expert, par ailleurs membre du HCC. Par exemple, la vente de véhicules moins polluants aurait un effet bénéfique sur la qualité de l’air, cause de près de 50.000 décès prématurés par an en France.

Les ONG environnementales sont quant à elles particulièrement méfiantes. « Le score carbone n’est pas du tout la mesure la plus structurante de la Convention », relève Clément Sénéchal, porte-parole Climat Greenpeace. Qui s’inquiète: « Il va servir de joker contre les autres mesures nettement plus structurantes et qui conduisent vraiment à des baisses d’émissions ». « Ca va permettre d’écarter l’interdiction de la publicité ou une fiscalité vraiment dissuasive avec un vrai signal-prix. C’est une manière de se décharger de la responsabilité de la baisse des émissions sur les citoyens sans avoir à canaliser la production », fustige-t-il.

 

Le curieux concept de tenue républicaine à l’école

Le curieux concept de tenue républicaine à l’école

 

 

 

Cette fois encore les valeurs républicaines sont sollicitées dans un domaine bien peu régalien à savoir celui de la mode en vigueur chez les élèves. On peine évidemment à identifier une valeur qui constituerait un critère esthétique ou  moral dans les valeurs républicaines. La question est plutôt celle de la décence en public. Elle relève de l’autorité des familles et non d’une quelconque intervention étatique. On  objectera que cette autorité des familles est bien affectée et que globalement ni les familles, ni l’État, ni même la société n’assurent  leur responsabilité dans ce domaine. On notera que dans nombre de pays d’Afrique et ailleurs,  l’uniforme est obligatoire et constitue en quelque sorte une manière de niveler les différences de niveau social. En France on a renoncé depuis longtemps à cette tenue unique dans le primaire. De la même manière qu’on a renoncé à l’éducation civique.  Le rappel à la décence du ministre de l’éducation nationale est largement justifié mais sa référence à la république est beaucoup plus douteuse.

 

«L’école n’est pas un lieu comme les autres. Vous n’allez pas à l’école comme vous allez à la plage ou en boîte de nuit [...]. Chacun peut comprendre qu’on vient à l’école habillé d’une façon républicaine», a déclaré le ministre de l’Éducation nationale. Ces propos confirment ceux qu’il tenait la semaine dernière lorsqu’il affirmait qu’il «suffi[sait] de s’habiller normalement».

Jean-Michel Blanquer a ajouté que le choix d’une tenue vestimentaire sobre était un «enjeu d’égalité sociale puis de protection», tout en précisant qu’il s’agissait d’une question qui concernait «les filles et les garçons». Il a ainsi affirmé qu’on «ne vient pas au collège en short, sauf pour faire de l’éducation physique et sportive».

La ville intelligente: un concept douteux

La ville intelligente: un concept douteux

 

 Souvent pour masquer le déclin de l’emploi notamment industriel, certaines villes instrumentalisent le concept de ville intelligente pour donner l’illusion de la modernité. La ville intelligente serait un nouveau concept de développement urbain. Il s’agit d’améliorer la qualité de vie des citadins en rendant la ville plus adaptative et efficace, à l’aide de nouvelles technologies qui s’appuient sur un écosystème d’objets et de services. Pour devenir intelligentes, les villes « doivent laisser faire, laisser arriver les opérateurs privés et les réguler en même temps », estime dans l’Opinion  l’économiste Carine Staropoli. D’abord le qualificatif   »intelligente »  pour les villes est très relatif ensuite on peut discuter de la privatisation de certains services. Une interview cependant intéressante qui témoigne de l’enflure sémantique de la smart-city ,de son flou, en tout cas de ses limites ( souvent concernant essentiellement la mobilité).  

 

Intreview:

 

Que sont les smart cities  ?

C’est l’utilisation des technologies de l’information et de données associées à des objets connectés pour améliorer les services publics, l’environnement, réduire les émissions de gaz à effet de serre, améliorer le bien-être des citoyens et les conditions de vie dans la ville. Dans les faits, il y a très peu de smart cities. Les modèles de Masdar à Abu Dhabi ou Songdo en Corée du Sud sont vraiment des cas particuliers, construits de zéro. Dans nos villes européennes, on regarde plutôt comment améliorer nos infrastructures, les rendre intelligentes, investir dans des smart grids (réseaux intelligents), des capteurs, équiper les citoyens et les administrations en objets connectés. Il y a des projets, tantôt une application de mobilité, tantôt un immeuble intelligent ou un éco quartier, mais pas de déploiement à grande échelle. En France, Dijon et Angers plus récemment ont mis en place un centre de pilotage des données à plus grande échelle.

 

Pourquoi un développement si lent  ?

L’explication tient à deux cas de figure. Soit les villes ont peur de perdre le contrôle des services urbains et publics avec l’arrivée de nouveaux acteurs privés du numérique posant un risque d’ubérisation, soit les villes s’engagent dans une course à l’innovation au risque de faire des gadgets sans véritable création de valeur collective et modèle économique pérenne.

Ont-elles raison d’avoir peur  ?

La peur de perte de contrôle est en grande partie fantasmée. On sait depuis longtemps déléguer la gestion d’un service public à une entreprise privée, laisser innover en imposant un cahier des charges. Mais la différence avec les smart cities c’est la gestion des données. Il faut recueillir et partager des données sur les services publics et urbains, délivrés par des opérateurs publics ou privés. Cela demande une agilité réglementaire et une modernisation de la relation entre acteurs publics et privés. L’exemple-type, ce sont les trottinettes en libre-service. Des opérateurs privés arrivent avec quelque chose qui n’est pas non plus révolutionnaire. Les pionniers (Lime, Bird…) n’avaient pas forcément anticipé que les conditions du service dégénéreraient et que les externalités négatives dépasseraient les bénéfices attendus  : l’encombrement des trottoirs, les incivilités des citadins qui jettent les trottinettes dans la Seine ou dans la mer à Marseille, roulent sur les trottoirs sans respecter la sécurité et créent des accidents… A la fin cela crée un problème classique de gestion du bien commun. Les citoyens se retournent vers la mairie et demandent  : que faites-vous  ? L’autorégulation n’a pas suffi et la régulation s’est fait attendre. Résultat : si on enlève les trottinettes maintenant, leurs utilisateurs déjà nombreux ne seront pas contents  ; parallèlement, ceux qui ne les utilisent pas trouvent qu’on est allé trop loin et on les réconciliera difficilement avec ce service. C’est le type de situation qui dessert l’innovation dans la ville.

Comment doivent réagir les villes  ?

Elles sont habituées à décider entre déléguer la gestion d’un service public ou le réaliser en interne, mais dans la smart city, elles doivent laisser faire, laisser arriver les opérateurs privés et les réguler en même temps. Car si elles s’en tiennent à leurs opérateurs classiques, les innovations n’arriveront pas assez vite. Il faut que les villes osent accompagner ces innovations, voire les solliciter, comme la Mairie de Paris sur la gestion des données avec des hackathons à destination des start-up. C’est un nouveau type de rapport avec les acteurs privés.

Par exemple, le prochain développement des applications Mobility as a Service (MaaS) pourront compiler toutes les données de déplacement et y associer un système unique de billettique et de paiement pour avoir en temps réel des informations comme « la ligne de métro n° 13 est congestionnée, trois trottinettes sont disponibles à tel endroit, et coûtent moins cher car elles participent à réduire la congestion du métro », et pouvoir payer via cette application. C’est possible en mettant des systèmes de tarification incitative adaptés, en faisant coopérer la RATP, les opérateurs privés de trottinettes, de VTC, de covoiturage… C’est une application qu’on peut espérer publique, car il ne faut pas la soupçonner de vous indiquer ce qui rapporte le plus, mais plutôt ce qui est le moins polluant, le plus pratique. La puissance publique doit réguler les plateformes et les agréger tout en laissant les acteurs privés prospérer.

Les avantages des smart cities sont-ils documentés  ? Surpassent-ils les inconvénients ? Tous ces capteurs et ces données stockées consomment de l’énergie…

Il serait dommage de ne pas profiter des gains potentiels amenés par les innovations technologiques. L’éclairage public intelligent réduit déjà de 30 % à 40 % la consommation d’énergie. On repère mieux les fuites sur les réseaux d’eau, on répare tout de suite les pannes d’électricité sur les réseaux… Pour la congestion des transports, c’est pareil. Mais c’est vrai que l’on a encore peu de recul sur l’impact écologique, et que la question des data centers n’est pas encore renseignée. L’énorme problème des smart cities est que l’on n’évalue pas assez leur impact, tant ex post qu’ex ante. Avant de lancer le projet, il faudrait lancer des analyses coûts/bénéfices pour objectiver et monétiser la valeur collective créée, montrer que ce n’est pas un gadget.

Tout cela s’accompagne de nouveaux systèmes de tarification et pose la question de savoir qui paye pour les améliorations. Le déploiement des compteurs intelligents comme Linky se retrouvent dans les tarifs de gestion du réseau. A terme les contribuables, pourront en profiter par les économies d’énergie, mais ils payent d’abord les investissements. Comment se partageront les gains d’amélioration de la chaîne de valeur entre les opérateurs, les acteurs publics et les citoyens ? Car quand ces derniers comprendront vraiment ce que l’on fait avec leurs données, ils demanderont une partie des gains, puisque ce sont eux qui génèrent les données et en sont propriétaires. Il faut qu’ils puissent retirer une partie de la valeur ajoutée. Or aujourd’hui, on est loin d’avoir trouvé des modèles économiques satisfaisants.

 

Dette « non remboursable « , la folie du concept

Dette « non remboursable « , la folie du concept

L’expert financier Karl Eychenne analyse dans une tribune au « Monde » les glissements successifs qui conduisent les banques centrales de l’octroi massif de liquidités à la création monétaire, puis à la dette perpétuelle et à son annulation de fait.

« On ne prête pas à n’importe qui et pas à n’importe quelles conditions. » Au départ, il s’agissait d’un simple principe de bon sens, pour qui souhaite récupérer son dû après avoir fait le sacrifice de s’en priver. Mais aujourd’hui ce principe n’opère plus. Il est devenu un axiome bien trop restrictif pour un monde à fleur de peau. On lui préfère le geste solidaire : prêter autant que nécessaire.

Aujourd’hui converties au « quoi qu’il en coûte », nos politiques nous annoncent l’arrivée de « la dette à tout faire » comme moyen ultime d’échapper à la tyrannie d’un présent qui colle aux doigts. Et puisque décidément plus rien n’est comme avant, cette dette de circonstance serait financée à partir de rien (création monétaire), et reconduite éternellement (jamais remboursée) ; deux attributs d’une opération du Saint-Esprit.

Mais un point agace : avec l’arrivée de cette dette XXL, la génération présente se doterait d’une créance exorbitante auprès des générations futures, ces dernières étant alors mises en demeure de faire le nécessaire pour assurer l’intendance.

Pour éviter cela, une solution radicale est alors invoquée : annuler la dette qui sera achetée par la Banque centrale européenne (BCE), sans toutefois retirer du circuit économique la monnaie créée qui permettra de financer cette dette. Hier encore, cette option était rangée au rayon du tragicomique. Mais aujourd’hui, tout le monde en parle.

Alors, appelons un chat un chat : qu’est-ce que l’on prête et que l’on ne réclame plus ? Un don.

Métaphore freudienne

L’histoire qui nous mène de la dette au don n’a rien d’original. Il s’agit de la métaphore freudienne du chaudron qui est prêté puis rendu, mais avec un trou, et dont l’emprunteur nie en être responsable. Dans le cas de la dette, cela se raconte ainsi : la génération présente a emprunté aux générations futures un chaudron, mais ces dernières accusent la première de lui avoir rendu avec un trou, un trou de la taille de la quantité de monnaie et de dette émises.

« les lieux publics clos » EPR : nouveau concept technocratique

 « les lieux publics clos »EPR : nouveau concept technocratique

 

Il fallait sans douteêter  vraiment tordu concevoir ce nouveau concept compréhensible d’ ERP, endroit clos recevant du public. On sait que le masque y sera obligatoire dans quelques jours =. = c’est encore le flou artistique avec ce concept d’EPR.

= Le problème c’est qu’il n’existe aucune définition claire de ce qu’on entend par lieux publics clos et donc des interrogations sur le champ d’application qui rend le port du masque obligatoire

En France, le port du masque est déjà effectivement obligatoire dans une multitude de lieux comme les transports, les hôpitaux, les cabinets médicaux ou encore les Ehpad.

 

Des protocoles imposent ou recommandent également le port du masque dans les restaurants, les hôtels et les cafés, ainsi que dans les cinémas. Reste donc à définir ce qu’Emmanuel Macron entend par « lieux publics clos ». Selon l’administration, les « établissements recevant du public » (ERP) sont « des bâtiments dans lesquels des personnes extérieures sont admises » et ce « peu importe que l’accès soit payant ou gratuit, libre, restreint ou sur invitation ». Dans cette catégorie pourraient donc entrer tous les services publics, mais aussi les banques, les musées ou les lieux de culte. Et évidemment, cela concernerait également les magasins et les centres commerciaux.

Le port du masque pourrait-il devenir obligatoire dans votre entreprise ? Pas si la définition des ERP reste celle proposée aujourd’hui par l’administration : « une entreprise non ouverte au public, mais seulement au personnel, n’est pas un ERP ». Le gouvernement a toutefois indiqué mener « un travail assez rapide de définition de quels lieux publics on parle, de comment l’obligation s’applique », comme l’a expliqué Gabriel Attal, porte-parole de l’exécutif, invité BFMTV.

Annoncée dans un premier temps pour le 1er août, la mise en place de cette mesure a été avancée. Devant le Sénat Jean Castex a ainsi affirmé jeudi que le port du masque serait obligatoire dès la semaine prochaine. « Le port du masque constitue avec le respect des gestes barrière une mesure de prévention et de protection efficace », a-t-il souligné.

 

 

 

100 km à vol d’oiseau : le concept idiot

100 km à vol d’oiseau : le concept idiot

 

 

 

Il faut sans doute vraiment être technocrate pour établir des concepts de géographie aussi  idiots que celui du département ou encore des 100 km à vol d’oiseau. Pour les départements, le concept est idiot car les départements n’ont aucune existence sauf administrative et ne correspondent plus aux bassins d’emploi et de résidence. Par ailleurs ,il y a une très grande dispersion des moyennes de contamination à l’intérieur même des départements. Évidemment les grandes villes et les métropoles sont très touchées tandis que les zones davantage rurales le sont nettement moins du fait des mesures naturelles de distanciation. On se demande à propos de la limite des 100 km autorisés qui se déplace à vol d’oiseau, à part les avions et encore. Il aurait été tellement simple de retenir un critère de distance routière par l’itinéraire le plus court (ou  le plus long). Bref de choisir une définition compréhensible par le citoyen et le voyageur potentiel. Autre interrogation celle du motif impérieux qui permet de dépasser le vol d’oiseau des 100 km.

Comme l’a expliqué Christophe Castaner, ce jeudi, il faudra donc un « motif impérieux » pour se déplacer au delà de cette limite. Ce « motif impérieux » sera aussi nécessaire en Ile-de-France pour avoir accès aux transports en commun aux heures de pointe.

Ce « motif impérieux » peut tout d’abord être professionnel. En effet, les employeurs peuvent émettre pour leurs salariés des attestations afin de justifier un déplacement. Par ailleurs, le ministre de l’Intérieur a évoqué le cas de professions « qui exigent une mobilité, comme les routiers ». « Un avocat qui doit aller plaider », a ajouté le Premier ministre.

Par ailleurs, un « motif impérieux » peut aussi être familial. Christophe Castaner évoque le cas des deuils ou de l’aide à apporter « à une personne vulnérable ». Mais se rendre dans une résidence secondaire, une location saisonnière, ou en simple visite à un proche ne rentre pas dans cette catégorie. À tout vouloir réglementer, en fait on ne réglemente rien du tout. C’est tout le drame de la bureaucratie  française qui repose sur plus de 10 000 lois, 100 000 décrets sans parler des arrêtés et autres circulaires . Notons qu’à peines 30 % de ces lois sont en faite respectées tellement elles sont confuses et inapplicables.

Le concept de darwinisme social pour liquider la recherche ?

Le  concept de darwinisme social pour liquider la recherche ?

 

 

C’est la question que pose François-Xavier Fauvelle, historien et archéologue spécialiste de l’Afrique, professeur au Collège de France et qui proteste  dans une tribune au Monde contre les propos du patron du   CNRS qui préconise un retour du darwinisme social, un retour approuvé par Macron. Jamais depuis Alexis Carrel un intellectuel n’avait osé reprendre ces thèses eugénistes; Alexis Carrel avait une excuse en quelque sorte, il appartenait au parti français pro nazi et soutenait ses idées. Pour preuve cette citation de Carrel:

« En Allemagne, le gouvernement a pris des mesures énergiques contre l’augmentation des minorités, des aliénés, des criminels. La situation idéale serait que chaque individu de cette sorte soit éliminé quand il s’est montré dangereux »

La référence au darwinisme social s’appuie peut-être sur une conviction mais découle aussi d’  une volonté assez lamentable de certaines élites de plaire au prince pour un maintien en poste voire une promotion. Bref une attitude de courtisan. Le darwinisme social est bien entendu une théorie particulièrement fumeuse dans le domaine de la recherche car  les champs et les compétences se complètent au lieu de se concurrencer et ont peu à voir avec les évolutions aléatoires. Lors de la cérémonie des 80 ans du CNRS en présence de Macron, le patron du CNRS, Antoine Petit, résumait ainsi l’idéologie qui sous-tend la future loi de programmation de la recherche, dont la présentation est prévue pour février 2020 : « Il faut une loi ambitieuse, inégalitaire – oui, inégalitaire, une loi vertueuse et darwinienne, qui encourage les scientifiques, équipes, laboratoires, établissements les plus performants à l’échelle internationale, une loi qui mobilise les énergies. »

 

De son coté Macron a assuré  que les innombrables évaluations auxquelles sont soumis les chercheurs (annuelle, biennale, quinquennale, et lors de chaque publication et projet évalué par les pairs) pourraient diminuer à condition qu’elles permettent une « différenciation » et que les « mauvais » en « assument les conséquences ». Emmanuel Macron a également cité, parmi les « chantiers » de la future loi, la création, à côté des modes de travail statutaires de plus en plus rares, de « CDI de projets », nouvel oxymore désignant des contrats voués à durer le temps d’un projet. Une sorte d’ubérisation de la recherche qui pourrait faire école dans toute l’économie pour éliminer les « mauvais ».

 

 

Tribune.

 

« Antoine Petit, PDG du CNRS, le plus grand organisme français de recherche, a livré à la communauté scientifique et au public sa vision du monde de la recherche et les orientations qu’il compte faire inscrire dans la future loi de programmation [Les Echos du 26 novembre, Le Monde du 18 décembre]. Quelques « petites phrases » savamment dosées et plusieurs fois réitérées ont fait bouillir l’immense majorité de la communauté scientifique. Selon Monsieur Petit, la recherche serait un monde « darwinien » dans lequel les « meilleurs » chercheurs et équipes devraient être favorisés par des lois « inégalitaires », et les autres condamnés à la disparition.

De tels propos reflètent une ambiance politique décidément à la mode, qui aime à se représenter la société comme le théâtre d’un combat à mort dont sortent des « vainqueurs » (winners) et des « perdants » (losers). On croyait à tort ce darwinisme social confiné à certaines marges idéologiques de nos sociétés. Car comment peut-on lucidement plaider pour que des lois naturelles qui expliquent la lutte pour la survie des espèces deviennent des lois normatives s’appliquant à la société ? M. Petit nous dit qu’il aurait été mal compris et que ce darwinisme social serait très éloigné de ses valeurs personnelles [Le Monde du 18 décembre]. Le problème, voyez-vous, M. Petit, c’est que ce sont vos mots et vos formules qui nous permettent de juger de vos valeurs.

Les propos d’Antoine Petit ne sont ni tout à fait neufs ni surtout de nature à améliorer le système français de recherche. Ils s’inscrivent dans une histoire déjà longue de gouvernance managériale du milieu académique, appliquée par tous les gouvernements successifs depuis deux décennies et dont M. Petit est aujourd’hui l’instrument. Le mot d’ordre de cette gouvernance est : soyez plus « compétitifs ». Les moyens pour y parvenir sont la précarisation, l’évaluation, et à présent la sélection darwinienne.

Ce discours n’a cessé de brandir deux instances qui commanderaient une telle orientation. D’une part un supposé « modèle américain » caricaturé, qui garantirait des résultats quantifiables (comme par le classement dit « de Shanghaï ») dans un environnement de compétition internationale. On a donc « américanisé » le système français de recherche. Par l’assèchement des crédits récurrents des laboratoires et des universités, on a jeté chacun contre tous en quête d’un poste salarié, d’un programme financé ; on a multiplié les procédures d’évaluation ; on a diminué le nombre de postes et multiplié les contrats courts. Mais on a oublié de compenser cette pression supposément « vertueuse » par des conditions « américaines » de recherche : la sécurité de l’emploi (dont bénéficient, sauf banqueroute de leur institution, la quasi-totalité des universitaires en poste aux Etats-Unis, universités publiques et privées comprises), les salaires plusieurs fois supérieurs à ceux de la France, les crédits de recherche systématiquement alloués aux chercheurs individuels, l’accès à de multiples agences de financement. »

 

Automobiles autonomes: un concept illusoire

Automobiles  autonomes: un concept illusoire

 

 

 

Le 8 novembre dernier, Waymo, succursale d’Alphabet consacrée aux véhicules sans chauffeur, annonçait la fermeture de ses opérations à Austin (Texas), où l’entreprise avait, en 2015, transporté pour la première fois un paséconomie politique société par Gaston Bessay (voir le blog)

sager à bord d’un de ses véhicules. Elle affirme vouloir ainsi concentrer ses efforts sur la ville de Phoenix, en Arizona, où Waymo fournit un service de taxi autonome intégré à la plateforme Lyft, rivale d’Uber. Difficile, cependant, de ne pas voir dans cette annonce quelque chose de symbolique. Car si les taxis autonomes suscitent depuis plusieurs années de nombreux espoirs, leurs promesses tardent à se concrétiser.

En octobre, les analystes de la banque d’investissement Morgan Stanley ont amputé la valeur estimée de Waymo de 40 %. Motif : la commercialisation de ses taxis autonomes prend plus de temps que prévu, et ces derniers restent dépendants des chauffeurs humains. « Nous avons surestimé l’arrivée des véhicules autonomes », a de son côté avoué Jim Hackett, le directeur général de Ford, à l’occasion du Detroit Economic Club, un symposium qui s’est tenu en avril dans l’ex-capitale américaine.. Le 8 novembre dernier, Waymo, succursale d’Alphabet consacrée aux véhicules sans chauffeur, annonçait la fermeture de ses opérations à Austin (Texas),.

 

On peut se demander si le concept n’est pas une  utopie car il pose d’énormes problèmes de sécurité et de responsabilité. Fortement bousculé par l’affaire des émissions polluantes,  le secteur automobile tente de réagir en soulignant le caractère de modernité de l’automobile future. L’objectif est évidemment de peser pour que l’automobile ne soit pas exclue un jour de la ville. On affirme ainsi que l’automobile sera autonome, électrique et connectée. Le patron de Valeo dans une interview au JDD affirmait que cette voiture autonome et même déjà la. Il est évident que la voiture électrique va se substituer au moteur à combustion et que d’ici une dizaine d’années 80 % des véhicules neufs seront électriques ( à moins que la filière hydrogène !). La connexion, qui existe déjà, va continuer de s’amplifier. Reste la question de l’autonomie et du partage. Contrairement à ce qu’affirme le patron de Valeo l’autonomie totale n’est pas pour demain. Pour des raisons de sécurité, elle nécessite notamment des infrastructures spécifiques finalement un peu comme le métro ou le train. Pour l’instant, les navettes mobiles qui existent fonctionnent sur le mode ferroviaire. Les autres qui circulent sur les voies normales présentent un énorme risque.  Reste aussi la question fondamentale de l’automobile partagée qui constitue aussi un enjeu central pour l’industrie automobile. Sachant qu’un véhicule classique passe plus de 95 % de son temps à l’arrêt, il est évident que des formules de mutualisation sous différentes formes seront mises en place. Mais cette mutualisation aura un impact considérable sur le nombre de véhicules fabriqués. Ceci étant  l’interview de Jacques Aschenbroich, président de Valeo  au JDD  mérite d’être lue.

 

À quand la première voiture autonome commercialisée?
La première voiture autonome est déjà là. Nous avons pris une participation de 5% dans une start-up qui s’appelle Navya, dont les véhicules électriques et autonomes, des navettes, circulent à Sion en Suisse, à Confluence à Lyon, à La Défense, dans le Michigan ou à Singapour. En revanche, il faudra attendre encore un peu de temps pour que vous et moi puissions acheter une voiture totalement autonome.

 

Ce sera dans cinq, dix ou vingt ans?
Des voitures partiellement autonomes, ce sera dans quelques années. Vous pourrez déléguer leur conduite à certains moments et dans certaines conditions. Une voiture dans laquelle vous n’aurez ni volant ni pédales, cela va prendre plus de temps. Entre cinq et dix ans sans doute.

 

Laisser un véhicule se garer tout seul dans un parking, est-ce déjà possible?
Il y a déjà un modèle de la classe E de Daimler que vous pouvez envoyer se garer tout seul avec votre smartphone. Nous avons développé ce système avec le constructeur allemand. Valeo et Cisco ont développé une technologie qui permet aux voitures de se garer seules dans un parking. Beaucoup de parkings dans le monde sont intéressés par cette nouvelle technologie, mais cela prendra encore quelque temps avant que l’on passe à la phase commerciale.

 

L’automobile autonome sera-t-elle aussi partagée?
Le sujet de la propriété de la voiture versus la voiture considérée comme un service est un changement sociologique profond. Quand vous ou moi possédons un véhicule, il est utilisé 4 à 5% de son temps. Sinon, il dort dans un garage. Partager l’usage de la voiture, c’est ce que l’on fait avec un taxi ou avec les nouveaux services qui sont apparus comme Uber ou Blablacar. La plus grande innovation d’Uber est que le prix dépend du nombre de personnes ou de la demande. Une innovation absolument fabuleuse qui est rendue possible par des systèmes digitaux.

 

 Est-ce qu’un jour, dans les grandes villes, vous cesserez d’avoir votre automobile comme vous avez cessé d’avoir votre vélo pour utiliser un Vélib’?

Personne ne connaît la réponse à cette question. Le frein est que l’on part tous au travail ou en vacances en même temps.

 

La technologie de l’automobile autonome doit-elle encore progresser?
Les bases sont là mais les logiciels qu’il faut embarquer dans la voiture sont d’une très grande complexité. Il faut encore beaucoup travailler. Nous sommes numéro un mondial pour les caméras, les capteurs ultrason, les radars ou les lidars avec tous les logiciels qui permettent d’interpréter les données. Mais il faut encore redoubler d’efforts pour qu’une voiture soit autonome en toutes circonstances. Un exemple de problème à régler : ces capteurs doivent être utilisables tout le temps. Pour que l’automobile ne soit jamais aveugle, il faut les nettoyer, et cela coûte cher.

 

La voiture autonome a fait entrer les Gafa sur le marché de l’automobile. Vont-ils le changer comme Amazon bouscule la distribution?
L’histoire n’est pas écrite. Pour l’instant, les constructeurs et les géants du digital travaillent souvent ensemble. Mais l’important sera de savoir où se trouvera la valeur. Concevoir et construire une voiture, ce n’est pas si facile que ça. Ces deux mondes se développent en essayant d’entrer dans la mobilité digitale avec leurs armes respectives : le combat est ouvert.

Si les véhicules deviennent propres, tout ira bien?
Oui, la voiture électrique sera un des éléments essentiels de la mobilité urbaine en complément des transports en commun.

 

Comment jugez-vous les politiques lorsqu’ils rendent la circulation plus difficile à Paris?
Joker! Ce n’est pas en fossilisant l’espace urbain que vous assurez son développement économique.

 

Black Friday: une illustration du concept d’obsolescence programmée

Black Friday:  une illustration du concept d’obsolescence programmée

 

Le concept d’obsolescence programmée couvre plusieurs dimensions. Une dimension technologique, une dimension environnementale, une dimension liée à la mode enfin une dimension économique. Le Black Friday ,comme d’autres occasions d’encourager le consumérisme, permet d’amalgamer les différents aspects et de leur trouver une légitimité. On ne peut nier que certaines technologies rendent caducs certains produits anciens voire même en créent de nouveaux par exemple en matière d’information et de communication. Par contre, certains intègrent des technologies complètement superfétatoires et n’ont d’autre but  que de renchérir les prix. Le cas par exemple de l’automobile où auprès de 50 % de certaines technologies pourrait être éliminées. La dimension la plus récente concerne les aspects environnementaux. On doit en effet veiller  de plus en plus à l’impact négatif des productions du point de vue énergétique par exemple ou encore concernant  l’impact carbone. Nombre de produits sont effectivement plus écologiques que les précédents mais pour faire une véritable comparaison , il faudrait intégrer les conditions  de production y compris la durée de vie. La troisième dimension et non la moindre tient à l’effet de mode. Il s’agit d’obéir à des critères passagers de références esthétiques . Certains produits dits nouveaux ne sont en fait  que d’anciens produits habilement rhabillés. Enfin le  derniers critère est économique. Il est lié au consumérisme qui nourrit le productivisme. Il faut faire tourner la machine productive ; pour cela, inciter toujours plus les consommateurs à acheter, consommer et souvent à  jeter avant même l’usure du produit.

Le phénomène d’obsolescence programmée est  alimentée par les producteurs mais est aussi entretenu par les consommateurs eux-mêmes qui souvent ont peur d’être esthétiquement déclassés sur le plan social et sociétal s’ils il ne possèdent  pas le dernier produit à la mode. Bref comme d’habitude,  les facteurs explicatifs de l’obsolescence programmée sont nombreux et pour y mettre fin en tout cas en atténuer le rythme la responsabilité incombe aussi bien aux producteurs, qu’aux consommateurs ou encore aux  pouvoirs publics qui doivent  assurer une régulation dans un intérêt général qui prend en compte la dimension environnementale.

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