Le profil psychologique des complotistes
Chronique
« Le coronavirus a été créé de toutes pièces en laboratoire ! » « Les vaccins qu’on nous propose sont destinés à nous implanter une puce électronique. » Et pourquoi pas nous connecter à la 5G en même temps ? Les théories du complot sont toutes plus délirantes les unes que les autres et même, parfois, contradictoires. Ainsi, ceux qui prétendaient que la princesse Diana avait été assassinée étaient également les plus enclins à penser qu’elle avait falsifié sa propre mort.
On a souvent avancé que les personnes les plus exposées à ce type de croyances souffraient d’un sentiment de persécution, c’est-à-dire d’une tendance paranoïde. Néanmoins, le nombre important de théories qui émergent régulièrement ainsi que le fait qu’un nombre non négligeable de nos concitoyens y adhèrent suggèrent que ces croyances ne sont pas nécessairement liées à un trouble mental avéré.
Pas de hasard
Sebastian Dieguez et ses collègues de l’université de Fribourg ont, quant à eux, tenté de comprendre si le fait d’adhérer à une théorie du complot était lié à un refus d’accepter le rôle du hasard comme explication possible d’un phénomène. Ces auteurs ont ainsi mené trois études visant à corréler les idées conspirationnistes et l’acceptation du hasard comme cause potentielle d’un événement et n’ont trouvé aucun lien entre ces deux facteurs. Le fait que les complotistes évoquent une théorie pour expliquer des faits en clamant souvent que « de toute façon rien n’arrive par accident » ne recouvre donc aucune disposition particulière vis-à-vis du rôle du hasard.
Très récemment, Nico Pytlik, Daniel Soll et Stephanie Mehl, de l’université de Marbourg, en Allemagne, ont demandé à 519 sujets d’indiquer leur degré de croyance vis-à-vis de 20 théories complotistes. Etait aussi mesurée la propension des participants à tirer des conclusions rapides à partir d’informations communiquées. Les résultats montrent cette fois clairement que le degré de croyance dans une théorie conspirationniste est corrélé à la tendance des participants à tirer des conclusions très rapidement à partir de très peu d’informations.