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Macron II: Pensée complexe ou floue ?

Macron II: Pensée complexe ou floue ?

Malgré ses intentions de 2017, le président a échoué à déployer la pensée complexe dans son exercice du pouvoir. Ce principe sera-t-il remis au cœur de sa « méthode refondée » promise le 24 avril ? Par Laurent Bibard, ESSEC

Au tout début de son premier mandat, le président de la République Emmanuel Macron rompait avec la tradition de l’interview du 14 juillet. L’explication donnée alors par l’Élysée était que la « pensée complexe du président se prêterait mal à l’exercice  ». Exercice de parler simplement avec les médias – et donc avec le peuple français puisque l’entretien a une vocation publique.

En ce début de deuxième mandat, le président réélu affirme que le résultat des présidentielles, qui a vu la candidate du Rassemblement national obtenir 42 % des voix et l’abstention atteindre son plus haut niveau depuis 50 ans, l’« oblige ». Il l’oblige sur le fond du « respect des différences qui se sont exprimées ces dernières semaines ». Sur le fond du « silence » de celles et ceux qui n’« ont pas voulu choisir ». Sur le fond de celles et ceux qui « ont voté pour Madame Le Pen ». Sur cela, Macron précise que « la colère et les désaccords de ceux qui ont voté pour ce projet (celui du Rassemblement national) doivent aussi trouver une réponse ». Emmanuel Macron veut décidément « œuvrer à cette unité par laquelle seule, nous pourrons être plus heureux en France ».

Le ton est ici autrement différent de ce qu’il a été en juin et juillet 2017. Si l’on en croit notre président, il serait désormais décidé à considérer celles et ceux qui ne lui ont pas fait confiance. Si donc le quinquennat qui vient est appelé à être celui de « l’invention collective d’une méthode refondée … au service de notre pays, de notre jeunesse » qui a peu voté pour lui mais au milieu de laquelle il s’est affiché juste après sa victoire, c’est aussi avec celles et ceux qui ne se reconnaissent pas dans son projet ou sa politique que cela doit avoir lieu.

Si l’on prend le président au mot, c’est donc dans la contradiction qu’expriment les différences qu’il compte gouverner « quand même » avec les oppositions politiques. Si le quinquennat précédent avait parfois montré un gouvernement qui n’était pas celui de tous les Français, mais exclusivement celui des nantis, nous ne serions donc plus désormais cette continuité. Au contraire. Si ce que le nouveau président de la République affirme ici est vrai, alors on est mieux parti qu’en 2017 en termes de « pensée complexe ». Non seulement pour des raisons de méthode, mais aussi pour des raisons de fond.

Capacité d’écoute

Nous vivons dans un monde indéniablement complexe, et qui l’a d’ailleurs toujours été : la notion de complexité renvoie, ne serait-ce qu’indirectement, à la vie humaine qui est irréductiblement une vie collective, une vie « politique ».

Comme disaient les Anciens, nous sommes des « animaux politiques ». Un monde complexe est fait d’incertitude – on ne sait pas à l’avance ce qu’il en est de l’avenir, qui peut toujours être fait du pire, mais aussi du meilleur. Et cela dépend beaucoup de nous.

Un monde complexe est contradictoire : y évoluer harmonieusement demande d’écouter les contradictions sans automatiquement tenter de les réduire. Un monde complexe est fait de plusieurs couches dont certaines sont encore invisibles mais déjà bien réelles, comme une saison qui se prépare « sous » la précédente. Et cela ne se signale qu’au travers de signaux faibles que n’importe qui est susceptible de percevoir.

Ce ne sont pas les compétences déjà en route, les expertises confirmées qui permettent d’identifier les signaux faibles. Mais une capacité fondamentale d’écoute du monde, de soi-même et des autres.

Cependant, la complexité fait peur. Elle dérange par ses contradictions. Elle demande de la patience et de la fraîcheur de regard pour discerner les signaux faibles. Or, pris au jour le jour de nos vies, nous avons un besoin essentiel de simplicité. Sans simplicité, nous ne pourrions pas vivre. Un monde simple serait tout simplement dans l’idéal l’exact contraire d’un monde complexe. Un monde que l’on a sous contrôle, un monde cohérent, immédiatement visible ou transparent. Et où nos compétences sont directement et évidemment applicables.

Notre besoin de simplicité est à la fois irréductible, vital, légitime, et fondamentalement vulnérable à son excès qu’est le simplisme. Le simplisme, c’est la présupposition que le monde pourrait n’être que simple. Que l’on pourrait en éradiquer la complexité. Rêver d’éradiquer la complexité du monde passe par des « solutions » à la complexité qui veulent faire comme si celle-ci n’existait pas. C’est le côté rassurant de tout leader lorsqu’elle ou il affirme disposer des solutions qui vont nous sortir de la crise.

Cela fait évidemment rêver. Mais le rêve devient délétère, voire dangereux, lorsqu’il se complète de l’identification de celles et ceux « à cause de qui » le monde est complexe. De l’identification des boucs émissaires de nos attentes et de nos angoisses.

Notre besoin de simplicité n’a cependant pas le monopole de la vulnérabilité à basculer dans l’excès. À trop insister sur la complexité du monde, en perdant de vue le besoin de celles et ceux qui souffrent dans un monde dont ils n’ont pas les clefs, l’on peut finir par s’y complaire, et en s’en apercevant ou non. Et l’on perd de vue alors la véritable complexité. La véritable complexité tient au fait que le monde est à la fois fait de complexité, et de notre besoin humain, fondamental, de simplicité. C’est cela la vraie complexité. Et elle requiert une véritable écoute.

Les dérives de Jupiter

La raison principale pour laquelle, si notre président réélu dit vrai, la politique du quinquennat à venir a de quoi nous faire espérer, est qu’en affirmant accorder toute leur place à celles et ceux qui ne lui ont pourtant pas fait confiance, Emmanuel Macron affirme qu’il va attentivement à la fois écouter le besoin de simplicité qui s’est exprimé lors des élections présidentielles, et mener la politique de changement que requiert la complexité du monde où nous vivons.

Lors de son premier mandat, s’étant voulu un président « jupitérien », Emmanuel Macron endossait le rôle du chef qui prend en charge la paix et la sécurité de la Cité – celui non seulement qui apporte les solutions aux problèmes complexes du monde, mais qui incarne ces solutions. C’était là de manière problématique, réduire la complexité en s’en voulant l’unique solution.

Au contraire maintenant, vouloir « l’invention collective d’une méthode refondée » semble significativement plus humble. Humble devant la difficulté objective de tout exercice du pouvoir. Humble devant les crises qui s’imposent les unes après les autres. Humble devant le peu de confiance qu’a alimenté sur bien des points le quinquennat précédent, et qui s’est soldé par les élections présidentielles dont nous sortons. Le président sortant, entamant son nouveau mandat, se dit donc être décidé à écouter ce qui se tient dans l’ombre.

À écouter celles et ceux qui ont peur, celles et ceux qui sont en colère, celles et ceux qui souffrent d’un monde en lequel ils ne se reconnaissent pas. Or le président Macron représente tout autant si ce n’est significativement plus le monde de l’économie et de la finance, le monde des nantis indifférents au sort des pauvres. Le monde brillant de celles et ceux qui tiennent les manettes du pouvoir.

Il est significatif que l’on dise, lorsque l’on admire quelqu’un, qu’il ou elle est « brillant » ou brillante ». Un tel compliment qui se veut le plus souvent un très grand compliment est en fait fondamentalement ambigu. Car le risque de toute personne « brillante » est précisément de manquer d’écoute. De manquer de la capacité à tendre l’oreille aux autres, au monde, voire à soi-même. De ne plus faire que « briller ». Et lorsque l’on ne fait plus que briller, c’est là que l’on devient dangereux, car on ne voit plus rien. On ne voit plus les autres, on ne voit plus le monde. On ne voit que ce que l’on projette sur le monde. Car comme le dit Léonard de Vinci, « jamais soleil ne voit l’ombre ».

Il est à espérer que le dirigeant jupitérien qu’avait voulu être le président sortant fasse effectivement place à un soleil capable d’atténuer sa « brillance » pour se mettre comme il dit le souhaiter, à l’écoute de celles et ceux qui sont dans l’ombre. C’est indispensable pour l’avenir de notre pays et de ses habitants. Lorsqu’il était encore ministre de l’Économie et des Finances lors de la présidence de François Hollande, Emmanuel Macron identifiait trois maux bien français : la défiance, la complexité (à l’époque, celle des administrations), et le corporatisme. Maintenant que les cartes ont été rebattues, faisons avec le nouveau président le pari de la confiance, de la simplification des choses, et de l’ouverture à celles et ceux qui sont différents de nous.

______

Pour Laurent Bibard, Professeur en management, titulaire de la chaire Edgar Morin de la complexité, ESSEC

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Macron : Pensée complexe ou floue ?

 Macron : Pensée complexe ou floue ?

Malgré ses intentions de 2017, le président a échoué à déployer la pensée complexe dans son exercice du pouvoir. Ce principe sera-t-il remis au cœur de sa « méthode refondée » promise le 24 avril ? Par Laurent Bibard, ESSEC

Au tout début de son premier mandat, le président de la République Emmanuel Macron rompait avec la tradition de l’interview du 14 juillet. L’explication donnée alors par l’Élysée était que la « pensée complexe du président se prêterait mal à l’exercice  ». Exercice de parler simplement avec les médias – et donc avec le peuple français puisque l’entretien a une vocation publique.

En ce début de deuxième mandat, le président réélu affirme que le résultat des présidentielles, qui a vu la candidate du Rassemblement national obtenir 42 % des voix et l’abstention atteindre son plus haut niveau depuis 50 ans, l’« oblige ». Il l’oblige sur le fond du « respect des différences qui se sont exprimées ces dernières semaines ». Sur le fond du « silence » de celles et ceux qui n’« ont pas voulu choisir ». Sur le fond de celles et ceux qui « ont voté pour Madame Le Pen ». Sur cela, Macron précise que « la colère et les désaccords de ceux qui ont voté pour ce projet (celui du Rassemblement national) doivent aussi trouver une réponse ». Emmanuel Macron veut décidément « œuvrer à cette unité par laquelle seule, nous pourrons être plus heureux en France ».

Le ton est ici autrement différent de ce qu’il a été en juin et juillet 2017. Si l’on en croit notre président, il serait désormais décidé à considérer celles et ceux qui ne lui ont pas fait confiance. Si donc le quinquennat qui vient est appelé à être celui de « l’invention collective d’une méthode refondée … au service de notre pays, de notre jeunesse » qui a peu voté pour lui mais au milieu de laquelle il s’est affiché juste après sa victoire, c’est aussi avec celles et ceux qui ne se reconnaissent pas dans son projet ou sa politique que cela doit avoir lieu.

Si l’on prend le président au mot, c’est donc dans la contradiction qu’expriment les différences qu’il compte gouverner « quand même » avec les oppositions politiques. Si le quinquennat précédent avait parfois montré un gouvernement qui n’était pas celui de tous les Français, mais exclusivement celui des nantis, nous ne serions donc plus désormais cette continuité. Au contraire. Si ce que le nouveau président de la République affirme ici est vrai, alors on est mieux parti qu’en 2017 en termes de « pensée complexe ». Non seulement pour des raisons de méthode, mais aussi pour des raisons de fond.

Capacité d’écoute

Nous vivons dans un monde indéniablement complexe, et qui l’a d’ailleurs toujours été : la notion de complexité renvoie, ne serait-ce qu’indirectement, à la vie humaine qui est irréductiblement une vie collective, une vie « politique ».

Comme disaient les Anciens, nous sommes des « animaux politiques ». Un monde complexe est fait d’incertitude – on ne sait pas à l’avance ce qu’il en est de l’avenir, qui peut toujours être fait du pire, mais aussi du meilleur. Et cela dépend beaucoup de nous.

Un monde complexe est contradictoire : y évoluer harmonieusement demande d’écouter les contradictions sans automatiquement tenter de les réduire. Un monde complexe est fait de plusieurs couches dont certaines sont encore invisibles mais déjà bien réelles, comme une saison qui se prépare « sous » la précédente. Et cela ne se signale qu’au travers de signaux faibles que n’importe qui est susceptible de percevoir.

Ce ne sont pas les compétences déjà en route, les expertises confirmées qui permettent d’identifier les signaux faibles. Mais une capacité fondamentale d’écoute du monde, de soi-même et des autres.

Cependant, la complexité fait peur. Elle dérange par ses contradictions. Elle demande de la patience et de la fraîcheur de regard pour discerner les signaux faibles. Or, pris au jour le jour de nos vies, nous avons un besoin essentiel de simplicité. Sans simplicité, nous ne pourrions pas vivre. Un monde simple serait tout simplement dans l’idéal l’exact contraire d’un monde complexe. Un monde que l’on a sous contrôle, un monde cohérent, immédiatement visible ou transparent. Et où nos compétences sont directement et évidemment applicables.

Notre besoin de simplicité est à la fois irréductible, vital, légitime, et fondamentalement vulnérable à son excès qu’est le simplisme. Le simplisme, c’est la présupposition que le monde pourrait n’être que simple. Que l’on pourrait en éradiquer la complexité. Rêver d’éradiquer la complexité du monde passe par des « solutions » à la complexité qui veulent faire comme si celle-ci n’existait pas. C’est le côté rassurant de tout leader lorsqu’elle ou il affirme disposer des solutions qui vont nous sortir de la crise.

Cela fait évidemment rêver. Mais le rêve devient délétère, voire dangereux, lorsqu’il se complète de l’identification de celles et ceux « à cause de qui » le monde est complexe. De l’identification des boucs émissaires de nos attentes et de nos angoisses.

Notre besoin de simplicité n’a cependant pas le monopole de la vulnérabilité à basculer dans l’excès. À trop insister sur la complexité du monde, en perdant de vue le besoin de celles et ceux qui souffrent dans un monde dont ils n’ont pas les clefs, l’on peut finir par s’y complaire, et en s’en apercevant ou non. Et l’on perd de vue alors la véritable complexité. La véritable complexité tient au fait que le monde est à la fois fait de complexité, et de notre besoin humain, fondamental, de simplicité. C’est cela la vraie complexité. Et elle requiert une véritable écoute.

Les dérives de Jupiter

La raison principale pour laquelle, si notre président réélu dit vrai, la politique du quinquennat à venir a de quoi nous faire espérer, est qu’en affirmant accorder toute leur place à celles et ceux qui ne lui ont pourtant pas fait confiance, Emmanuel Macron affirme qu’il va attentivement à la fois écouter le besoin de simplicité qui s’est exprimé lors des élections présidentielles, et mener la politique de changement que requiert la complexité du monde où nous vivons.

Lors de son premier mandat, s’étant voulu un président « jupitérien », Emmanuel Macron endossait le rôle du chef qui prend en charge la paix et la sécurité de la Cité – celui non seulement qui apporte les solutions aux problèmes complexes du monde, mais qui incarne ces solutions. C’était là de manière problématique, réduire la complexité en s’en voulant l’unique solution.

Au contraire maintenant, vouloir « l’invention collective d’une méthode refondée » semble significativement plus humble. Humble devant la difficulté objective de tout exercice du pouvoir. Humble devant les crises qui s’imposent les unes après les autres. Humble devant le peu de confiance qu’a alimenté sur bien des points le quinquennat précédent, et qui s’est soldé par les élections présidentielles dont nous sortons. Le président sortant, entamant son nouveau mandat, se dit donc être décidé à écouter ce qui se tient dans l’ombre.

À écouter celles et ceux qui ont peur, celles et ceux qui sont en colère, celles et ceux qui souffrent d’un monde en lequel ils ne se reconnaissent pas. Or le président Macron représente tout autant si ce n’est significativement plus le monde de l’économie et de la finance, le monde des nantis indifférents au sort des pauvres. Le monde brillant de celles et ceux qui tiennent les manettes du pouvoir.

Il est significatif que l’on dise, lorsque l’on admire quelqu’un, qu’il ou elle est « brillant » ou brillante ». Un tel compliment qui se veut le plus souvent un très grand compliment est en fait fondamentalement ambigu. Car le risque de toute personne « brillante » est précisément de manquer d’écoute. De manquer de la capacité à tendre l’oreille aux autres, au monde, voire à soi-même. De ne plus faire que « briller ». Et lorsque l’on ne fait plus que briller, c’est là que l’on devient dangereux, car on ne voit plus rien. On ne voit plus les autres, on ne voit plus le monde. On ne voit que ce que l’on projette sur le monde. Car comme le dit Léonard de Vinci, « jamais soleil ne voit l’ombre ».

Il est à espérer que le dirigeant jupitérien qu’avait voulu être le président sortant fasse effectivement place à un soleil capable d’atténuer sa « brillance » pour se mettre comme il dit le souhaiter, à l’écoute de celles et ceux qui sont dans l’ombre. C’est indispensable pour l’avenir de notre pays et de ses habitants. Lorsqu’il était encore ministre de l’Économie et des Finances lors de la présidence de François Hollande, Emmanuel Macron identifiait trois maux bien français : la défiance, la complexité (à l’époque, celle des administrations), et le corporatisme. Maintenant que les cartes ont été rebattues, faisons avec le nouveau président le pari de la confiance, de la simplification des choses, et de l’ouverture à celles et ceux qui sont différents de nous.

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Pour Laurent Bibard, Professeur en management, titulaire de la chaire Edgar Morin de la complexité, ESSEC

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Développement durable: Pour une économie de sobriété inutilement complexe

Développement durable: Pour une économie de sobriété inutilement complexe

 

L’économiste et sociologue Pierre Veltz estime, dans une tribune au « Monde », que le « déconfinement » de l’écologie passe par le développement d’une économie socialement juste, et créatrice de valeur et d’emplois de qualité.

 

Tribune. 
Les débats sur la loi « climat » illustrent parfaitement deux des grands obstacles auxquels se heurtent nos politiques écologiques : la difficulté à inclure des politiques sectorielles (habitat, transports, alimentation, etc.) dans une vision systémique ; mais surtout, plus profondément, l’incapacité à les replacer dans une perspective politique globale, dans un nouveau récit positif susceptible de mobiliser l’adhésion des citoyens – et même, plus simplement, leur compréhension. Dans le grand livre des politiques publiques, européennes, nationales et locales, l’écologie reste un chapitre à part. Sa place s’accroît, mais la synthèse nouvelle qui prendra le relais de la modernisation sociale-démocrate, dont le cycle s’achève sous nos yeux, reste à inventer.

L’envol des consommations

Atteindre la neutralité carbone en 2050 est un défi gigantesque. Le constat essentiel est que l’amplitude et l’urgence des mutations nécessaires ne pourront pas se contenter d’une augmentation, même forte, de l’efficacité de nos processus technico-économiques.

Les gains d’efficacité – en termes d’énergie consommée, de gaz à effet de serre (GES) émis, de matières utilisées, etc. – sont en effet systématiquement mangés par l’envol des consommations (l’effet « rebond »). Et ils sont largement absorbés par la « profondeur technologique » croissante, c’est-à-dire la course à la conception d’objets et de services de plus en plus (inutilement) sophistiqués. Il n’y a donc pas d’autre issue que de marier la recherche d’efficacité avec celle de la sobriété.

 

Mais toute la question est là : que faut-il mettre sous ce terme ? On pense en général à des comportements individuels, presque tous restrictifs. Ces comportements ont un impact réel mais limité. Mais le vrai défi est celui de l’invention d’une économie globalement et structurellement sobre, qui soit aussi socialement juste et créatrice de valeur et d’emplois de qualité, condition sine qua non de son acceptabilité.

Il est paradoxal que les résultats d’une convention citoyenne débouchent sur un catalogue de mesures sectorielles (proches de celles que les experts, eux aussi sectoriels préconisent depuis longtemps). On s’interroge, à juste titre, sur l’ampleur des mesures. On se chamaille autour d’une comptabilité boutiquière des mesures retenues ou rejetées. Mais, ce faisant, la question du « quoi produire » est totalement noyée sous les discussions techniques relatives au « comment produire ». Le problème de fond reste : la « décarbonation », surtout découpée en rondelles, ne fait pas un projet politique.

Pour une économie de sobriété inutilement complexe

Pour une économie de sobriété inutilement complexe

 

L’économiste et sociologue Pierre Veltz estime, dans une tribune au « Monde », que le « déconfinement » de l’écologie passe par le développement d’une économie socialement juste, et créatrice de valeur et d’emplois de qualité.

 

Tribune. 
Les débats sur la loi « climat » illustrent parfaitement deux des grands obstacles auxquels se heurtent nos politiques écologiques : la difficulté à inclure des politiques sectorielles (habitat, transports, alimentation, etc.) dans une vision systémique ; mais surtout, plus profondément, l’incapacité à les replacer dans une perspective politique globale, dans un nouveau récit positif susceptible de mobiliser l’adhésion des citoyens – et même, plus simplement, leur compréhension. 

Dans le grand livre des politiques publiques, européennes, nationales et locales, l’écologie reste un chapitre à part. Sa place s’accroît, mais la synthèse nouvelle qui prendra le relais de la modernisation sociale-démocrate, dont le cycle s’achève sous nos yeux, reste à inventer.

L’envol des consommations

Atteindre la neutralité carbone en 2050 est un défi gigantesque. Le constat essentiel est que l’amplitude et l’urgence des mutations nécessaires ne pourront pas se contenter d’une augmentation, même forte, de l’efficacité de nos processus technico-économiques.

Les gains d’efficacité – en termes d’énergie consommée, de gaz à effet de serre (GES) émis, de matières utilisées, etc. – sont en effet systématiquement mangés par l’envol des consommations (l’effet « rebond »). Et ils sont largement absorbés par la « profondeur technologique » croissante, c’est-à-dire la course à la conception d’objets et de services de plus en plus (inutilement) sophistiqués. Il n’y a donc pas d’autre issue que de marier la recherche d’efficacité avec celle de la sobriété.

 

Mais toute la question est là : que faut-il mettre sous ce terme ? On pense en général à des comportements individuels, presque tous restrictifs. Ces comportements ont un impact réel mais limité. Mais le vrai défi est celui de l’invention d’une économie globalement et structurellement sobre, qui soit aussi socialement juste et créatrice de valeur et d’emplois de qualité, condition sine qua non de son acceptabilité.

Il est paradoxal que les résultats d’une convention citoyenne débouchent sur un catalogue de mesures sectorielles (proches de celles que les experts, eux aussi sectoriels préconisent depuis longtemps). On s’interroge, à juste titre, sur l’ampleur des mesures. On se chamaille autour d’une comptabilité boutiquière des mesures retenues ou rejetées. Mais, ce faisant, la question du « quoi produire » est totalement noyée sous les discussions techniques relatives au « comment produire ». Le problème de fond reste : la « décarbonation », surtout découpée en rondelles, ne fait pas un projet politique.

Politique– Macron : pensée complexe ou pensée confuse ?

Politique– Macron : pensée complexe ou pensée confuse ?

 

Il ne manque pas de journalistes complaisants pour vanter la pensée complexe de Macron. Une très longue interview dans l’Express donne encore à des admirateurs zélés d’en faire la démonstration. La vérité sans doute ce qu’ils confondent pensée complexe et pensée confuse. Exemple ce fumeux concept de privilèges de l’homme  blanc sur tous les autres mettant dans le même panier toutes les origines étrangères, comme si on pouvait confondre les conditions d’intégration et d’assimilation des populations asiatiques par exemple avec d’autres.

Essentialiser ainsi relève de la caricature pour faire plaisir à certaines minorités agissantes. Pour appuyer sa démonstration, Macron prend son propre exemple comme s’il était représentatif de la population moyenne française. Il doit sans doute ignorer ce que vivent certains Français dont le ménage doit se contenter d’un revenu au SMIC avec deux ou trois enfants dans un HLM de banlieue. Il y a un monde socio économique entre cette population et le jupitérien Macron dont le seul mérite a été de profiter d’amitiés proches du pouvoir.

Notons que s’il a réussi à l’école normale d’administration ( l’école du bla-bla) il  a par contre échoué à l’école normale supérieure en raison de son insuffisance en lettres !

Autre exemple de la pensée confuse de Macron quand il condamne la société de l’émotion permanente. Lui qui au moindre fait économique, social,  sociétal ou tout simplement divers se précipite sur l’événement pour en rajouter une couche et surtout paraître renforçant ainsi précisément le caractère émotionnel du fait en cause.

Jamais un président de la république n’a été aussi présent dans la sphère médiatique, jamais un président n’a confondu autant sa fonction, avec celle de premier ministre, de ministre et de directeur d’administration. Si Macon a apporté une contribution au domaine intellectuel, c’est avec son fameux en même temps. Une formule qui permet de tout dire et l’inverse. Et qui justifie tout autant son immobilisme politique que sa pensée fumeuse et contradictoire.

 

Macron : pensée complexe ou pensée confuse ?

Macron : pensée complexe ou pensée confuse ?

 

Il ne manque pas de journalistes complaisants pour vanter la pensée complexe de Macron. Une très longue interview dans l’Express donne encore à des admirateurs zélés d’en faire la démonstration. La vérité sans doute ce qu’ils confondent pensée complexe et pensée confuse. Exemple ce fumeux concept de privilèges de l’homme  blanc sur tous les autres mettant dans le même panier toutes les origines étrangères, comme si on pouvait confondre les conditions d’intégration et d’assimilation des populations asiatiques par exemple avec d’autres.

Essentialiser ainsi relève de la caricature pour faire plaisir à certaines minorités agissantes. Pour appuyer sa démonstration, Macron prend son propre exemple comme s’il était représentatif de la population moyenne française. Il doit sans doute ignorer ce que vivent certains Français dont le ménage doit se contenter d’un revenu au SMIC avec deux ou trois enfants dans un HLM de banlieue. Il y a un monde socio économique entre cette population et le jupitérien Macron dont le seul mérite a été de profiter d’amitiés proches du pouvoir.

Notons que s’il a réussi à l’école normale d’administration ( l’école du bla-bla) il  a par contre échoué à l’école normale supérieure en raison de son insuffisance en lettres !

Autre exemple de la pensée confuse de Macron quand il condamne la société de l’émotion permanente. Lui qui au moindre fait économique, social,  sociétal ou tout simplement divers se précipite sur l’événement pour en rajouter une couche et surtout paraître renforçant ainsi précisément le caractère émotionnel du fait en cause.

Jamais un président de la république n’a été aussi présent dans la sphère médiatique, jamais un président n’a confondu autant sa fonction, avec celle de premier ministre, de ministre et de directeur d’administration. Si Macon a apporté une contribution au domaine intellectuel, c’est avec son fameux en même temps. Une formule qui permet de tout dire et l’inverse. Et qui justifie tout autant son immobilisme politique que sa pensée fumeuse et contradictoire.

 

Mali-La libération de Sophie Pétronin : une négociation complexe

Mali-La libération de Sophie Pétronin : une négociation complexe

 

La libération de Sophie Pétronin, âgée aujourd’hui de 75 ans et enlevée le 24 décembre 2016 dans le nord du Mali, constitue évidemment un énorme soulagement. Cette libération a été permise grâce à des négociations très complexes menées surtout par le Mali et aussi par l’Algérie.

 

Pour apaiser la situation très conflictuelle, la junte militaire du Mali a libéré une centaine de prisonniers dont beaucoup de djihadistes  arrêtés par la force Barkhane. Les communiqués de l’Élysée rendent compte du fait que la libération de Sophie Pétronin est bien  le résultat de l’action diplomatique du Mali. (Les prisonniers ont été libérés près de la frontière de l’Algérie). Du coup, la légitimité du pouvoir militaire au Mali se trouve renforcée.

 

Mais cette opération va sans doute compliquer l’action de la force par Barkhane qui travaille cependant  bonne collaboration avec les militaires au pouvoir au Mali mais qui va  retrouver sur le terrain certains des prisonniers libérés. Il est également probable que l’l'opération n’ait été possible que grâce aussi à une rançon dont le principe est toujours contesté par la France mais qui accompagne chaque opération de ce type.

 

Il se pourrait  aussi que les militaires du Mali ait engagée des négociations avec les rebelles en vue d’une reconnaissance d’une certaine autonomie voire d’une indépendance dune zone  nord du Mali. Politiquement le régime militaire assoit ainsi son autorité et montre son efficacité et sa capacité de négociation.

 

La France par contre se retrouve encore un peu plus coincée dans un environnement politique et terroriste particulièrement délicat. Pour le Mali, comme d’ailleurs sur d’autre théâtres d’expression de la diplomatie française, mieux vaudrait sans doute d’adopter un profil bas plutôt que de grandes déclarations contredites dans les faits ( Liban, Mali, Méditerranée, conflits Arménie Azerbaïdjan etc.).

La libération de Sophie Pétronin : une négociation complexe

La libération de Sophie Pétronin : une négociation complexe

 

La libération de Sophie Pétronin, âgée aujourd’hui de 75 ans et enlevée le 24 décembre 2016 dans le nord du Mali, constitue évidemment un énorme soulagement. Cette libération a été permise grâce à des négociations très complexes menées surtout par le Mali et aussi par l’Algérie.

 

Pour apaiser la situation très conflictuelle, la junte militaire du Mali a libéré une centaine de prisonniers dont beaucoup de djihadistes  arrêtés par la force Barkhane. Les communiqués de l’Élysée rendent compte du fait que la libération de Sophie Pétronin est bien  le résultat de l’action diplomatique du Mali. (Les prisonniers ont été libérés près de la frontière de l’Algérie). Du coup, la légitimité du pouvoir militaire au Mali se trouve renforcée.

 

Mais cette opération va sans doute compliquer l’action de la force par Barkhane qui travaille cependant  bonne collaboration avec les militaires au pouvoir au Mali mais qui va  retrouver sur le terrain certains des prisonniers libérés. Il est également probable que l’l'opération n’ait été possible que grâce aussi à une rançon dont le principe est toujours contesté par la France mais qui accompagne chaque opération de ce type.

 

Il se pourrait  aussi que les militaires du Mali ait engagée des négociations avec les rebelles en vue d’une reconnaissance d’une certaine autonomie voire d’une indépendance dune zone  nord du Mali. Politiquement le régime militaire assoit ainsi son autorité et montre son efficacité et sa capacité de négociation.

 

La France par contre se retrouve encore un peu plus coincée dans un environnement politique et terroriste particulièrement délicat. Pour le Mali, comme d’ailleurs sur d’autre théâtres d’expression de la diplomatie française, mieux vaudrait sans doute d’adopter un profil bas plutôt que de grandes déclarations contredites dans les faits ( Liban, Mali, Méditerranée, conflits Arménie Azerbaïdjan etc.).

Un prêt complexe de 6 milliards pour Fiat Chrysler ?

Un prêt complexe de 6 milliards pour Fiat Chrysler ?

 

Le président du conseil italien Guiseppe Conte s’est voulu rassurant sur la fusion entre Fiat et Chrysler en indiquant que le groupe pourrait bénéficier d’un prêt garanti par l’État ; un prêt qui pourrait être de 6 milliards. Le problème est complexe dans la mesure où cette garantie pour l’instant est seulement promise par l’Italie, un Etat déjà en grande difficulté financière. En outre si nombre d’activités de Fiat sont situés en Italie, le siège de Chrysler automobile, lui, est aux Pays-Bas. Le montage financier risque d’être complexe sans parler des questions de solvabilité du futur groupe et de l’Italie elle-même.

Le syndicat UILM avait déclaré un peu plus tôt dans la journée que FCA avait confirmé avoir demandé au gouvernement italien un prêt sur trois ans avec une garantie de l’Etat, qui fait partie des mesures mises en place par Rome pour soutenir l’économie face à l’impact brutal du coronavirus.

Prié de dire si FCA, dont le siège légal est aux Pays-Bas, pouvait obtenir un prêt garanti, le dirigeant a répondu que le groupe y était éligible.

“On ne parle pas de la maison mère. On parle des sociétés du groupe en Italie qui emploient des milliers de personnes”, a-t-il expliqué.

Reuters a appris vendredi de deux sources au fait du dossier que FCA était en discussions avec Intesa Sanpaolo pour un prêt de plus de 6,3 milliards d’euros garanti afin de l’aider à traverser la crise provoquée par le coronavirus.

FCA possède plusieurs sites en Italie qui emploient 55.000 salariés mais la nouvelle de sa demande de prêt a suscité des critiques.

Le vice-président du parti au pouvoir Andrea Orlando a déclaré samedi sur Twitter que si un groupe sollicitait des financements du gouvernement, il devait rapatrier son siège en Italie.

La complexe problématique de la crise économique (G. Bessay, expert en prospective)

La complexe problématique de la  crise économique (G. Bessay, expert en prospective)

Rien de fondamental ne pourra être résolu sans adhésion  à la complexité de la crise qui est à la fois .une crise, économique, sociétale, environnementale et culturelle. Les aspects socio-économiques sont les plus visibles (processus de production, marché du travail, technologie etc.) mais la crise est tout autant sociétale dans la mesure où elle affecte le rapport des citoyens à la démocratie et plus généralement aux valeurs notamment collectives.  Cette crise est systémique car  les transformations internes interagissent les unes sur les autres. Un des problèmes réside dans le fait qu’il n’existe pas de formation scientifique de type généraliste pour tenter de comprendre et d’expliquer les évolutions du système global dans lequel nous évoluons. D’une certaine façon au contraire,  nous assistons à un éclatement des connaissances qui certes s’approfondissent de façon spectaculaire mais de manière de plus en plus éclatée ; même si certaines découvertes d’un champ peuvent indiscutablement profiter à un autre. Ce qui est en cause, c’est  la nature des changements et aussi leur rythme. Jamais sans doute dans l’histoire humaine les transformations n’ont été aussi importantes et aussi rapides. Les changements ont été plus importants en quelques dizaines d’années que pendant des siècles et des millénaires, ils ont été encore plus rapides au cours de la dernière dizaine d’années. Les changements les plus médiatisées et les mieux connus du grand public concernent les domaines économiques et technologiques  avec leurs conséquences sociales. Les processus de production sont aujourd’hui complètement éclatés dans plusieurs pays qui se spécialisent sur un des éléments de la chaîne. Les grandes marques  se contentent  surtout du montage final voire  seulement du pilotage numérique de l’ensemble du système de production. C’est  valable d’abord évidemment pour l’industrie, mais cela affecte progressivement l’agriculture et surtout les services. Finalement,  le concept de nationalité d’un produit n’a plus beaucoup de sens. Le made in France par exemple est une fiction puisqu’il peut se limiter à l’apposition d’une étiquette ou d’un couverte pour que le produit importé devienne français. Il en est de même par exemple pour l’industrie automobile française  dans la plus grande partie vient de l’étranger. Cet éclatement est surtout le fruit de distorsions de concurrence relatives aux coûts sociaux, à la fiscalité et aux normes environnementales et sanitaires. La recomposition du produit final et sa distribution génèrent évidemment des gaspillages incalculables qui affectent l’environnement. Un simple yaourt peut nécessiter par exemple 1000 km de transport. On ne peut nier cependant certains aspects indiscutables du progrès matériel qui a permis à de plus en plus de populations de mieux se nourrir, se vêtir, s’instruire ,  se loger et vivre plus dignement. Par contre si le niveau moyen de satisfaction matérielle a augmenté, on ne peut contester l’augmentation des inégalités. Avec d’un côté des géants industriels, financiers ou des géants du numérique qui non seulement brassent  des milliards de profits   mais surtout imposent  une domination économique et culturelle. Dans l’agriculture,  l’industrialisation a permis de multiplier par 5 ou par 10 les rendements grâce à la mécanisation mais aussi à l’utilisation de cocktails chimiques dont  on ne pourra mesurer les effets sur la santé que dans des dizaines d’années par exemple concernant le développement des affections neurovégétatives ou des cancers. Concernant les inégalités,  il faut citer l’accès au logement de plus en plus difficile dans les grandes métropoles qui rejette dans les banlieues lointaines ou les zones rurales les catégories les moins favorisés. En France par exemple,  les couches moyennes sont progressivement chassées de Paris où il faut en moyenne 1 million d’euros pour un appartement à peu près décent. C’est un peu le même phénomène dans le monde entier ou dans des métropoles françaises de province. Les inégalités se développent aussi en matière de formation même si globalement les effectifs scolarisés augmentent et vont de plus en plus loin dans les études. Des études très approfondies pour certains ( notamment les écoles d’ingénieurs et certaines disciplines universitaires)  mais des études qui débouchent sur des diplômes fictifs pour d’autres condamnés à des emplois de faible qualification ou au chômage, un phénomène particulièrement français qui culturellement pointe l’apprentissage comme une sorte de tare sociale. D’un point de vue social, il n’est pas admissible que des pays développés comptent autant d’inégalités voire de pauvreté sans parler des gens dans la rue. Le domaine culturel est aussi affecté  avec d’un côté des productions de grande qualité mais de l’autre des productions de masse de type industriel faites  pour abêtir, endoctriner ou endormir. Pour s’en persuader, il suffit  d’analyser le contenu des 200 ou 300 chaînes de télévision disponibles en France. La complexité qui mériterait d’être bien davantage appropriée   crée une sorte de refuge vers  l’individualisme. Faute de réassurance identitaire, nombre de personnes se réfugient  dans le mirage d’un passé illusoire avec le fol espoir qu’il  prendra la place du  futur. Ce qui explique aussi les nouvelles résistances face aux flux migratoires considérés comme des facteurs anxiogènes économiques mais aussi culturels. Cela d’autant plus que les capacités d’intégration se sont considérablement affaiblies pour ne pas dire parfois écroulées dans certaines zones   D’où le développement de formes  de populisme  voire de néopoujadisme  et de nationalisme. Une sorte de reflexe  face à la peur des changements. Ce repli réactionnaire et individualiste remet en cause le ciment et le dynamisme qui fonde uen nation ; une  nation dont l’unité est mise en cause également  par le refuge dans des groupes identitaires religieux autant que civils. Un refuge qui peut se même se réduire à la cellule familiale voire encore moins. En bref,  la dimension collective fout le camp sauf dans quelques cercles très restreints et ou spécialisés. Ceci étant, tout cela se nourrit aussi de l’injustice,  des dysfonctionnements de l’anarchie des marchés et des flux  qui souffrent d’un manque évident de régulation et d’équité ;   Non seulement à  l’échelle européenne mais mondiale. Les facteurs explicatifs de cette crise sont nombreux et complexes, on ne saurait les résumer dans un court papier. Mais la première démarche pour mieux comprendre consisterait d’abord à admettre cette complexité. Cela pour éviter le piège du simplisme qui ne peut conduite qu’à la caricature. Les responsables chacun à leur échelle, tentent  bien de résoudre certains des effets de la crise mais ce sont le plus souvent des actes trop partiels et de court terme là ou il faudrait des orientations plus globales qui s’inscrivent dans le temps. De ce point de vue,  la démocratie en est sans doute encore au stade néandertalien concernant le mode d’élection et les conditions d’exercice du mandat. D’où l’insatisfaction générale et souvent partout dans le monde trop de contradictions entre les intentions affichées et les réalités pouvoir : De quoi nourrir un peu plus le populisme et l’incompréhension de la crise.

Grand débat-Démocratie : quelle évolution dans un monde de plus en plus complexe ?

Grand débat-Démocratie : quelle évolution dans un monde de plus en plus  complexe ?

 

 

Il est clair que les démocraties connaissent une crise existentielle relativement inquiétante quand elle conduit au repli nationaliste sur le plan économique, social et culturel. Tous les conflits, toutes les guerres ont commencé de cette manière. La crise est double, à la fois économique mais aussi identitaire avec une interaction entre ces deux facteurs explicatifs. Le rétrécissement géographique ne peut évidemment constituer une perspective d’évolution sociétale. Pourtant certains prônent un retour au nationalisme et réussissent même à se faire élire sur cette promesse illusoire et dangereuse. En cause sans doute, les difficultés de certains  citoyens et de certaines populations à comprendre les évolutions économiques, technologiques, sociales et culturelles. Des évolutions d’ordre systémique et qui affectent  l’ensemble de la planète. Malheureusement cette incapacité concerne  aussi une grande partie des classes dirigeantes organisées en oligarchie et dont l’accès au pouvoir prime et de loin sur l’objet même du mandat qui devrait normalement exclusivement viser le service de l’intérêt général. Il faut dire que les transformations de tous ordres constituent des éléments anxiogènes pour une grande partie des populations et nourrissent la mélancolie (d’un passé supposé meilleur qu’aujourd’hui)  voire le déclinisme. La frilosité- voire  le refus du changement- peut se comprendre dans la mesure où nos sociétés ont connu davantage de changements en une cinquantaine d’années que pendant des siècles et des millénaires. En outre,  le processus d’évolution s’est encore accéléré au cours des 10 à 20 dernières années. Sur le plan économique,  les changements affectent à la fois la nature des biens mais aussi leur mode de production et de distribution. Témoin, l’évolution des populations actives. En 1800 l’agriculture occupée 75 % des Français, en 1900 autour de 40 %, en 1970, 10 %, aujourd’hui moins de 4 %. Pour l’industrie dans les années 50, le secteur occupait  environ 40 % de la population, aujourd’hui en France c’est environ 10 %. Par contre les services se sont considérablement développés pour représenter à peu près 80 % des emplois aujourd’hui. Des mutations qui bouleversent évidemment les activités, les qualifications les emplois, aussi leur localisation.- D’une certaine façon, l’économie s’est à la fois dématérialisée et internationalisée avec des processus de production et de distribution de plus en plus complexes ;  à telle enseigne qu’il est bien difficile de savoir quelles sont les produits réellement français tellement sont imbriquées les éléments des modes de production. L’autre facteur explicatif marquant, lié aux autres, est l’émergence des pays en développement dont beaucoup étaient condamnés à la quasi famine il y a une cinquantaine d’années et qui commencent à accéder à des niveaux de vie plus décents. Des pays qui deviennent parfois concurrents et qui contraignent les anciens pays occidentaux à se  spécialiser  sur des productions à plus forte valeur ajoutée. Des pays concurrents mais aussi clients qui achètent les biens de l’industrie aéronautique, spatiale, navale, automobile, ferroviaire, nucléaire ou encore du BTP et de l’armement. Progressivement ces pays s’approprient aussi certaines techniques, ce qui contraint les pays occidentaux à de nouveaux progrès technologiques. Finalement ces échanges internationaux participent du progrès économique et social global sous réserve toutefois que les balances commerciales soient équilibrées, ce qui est loin d’être le cas pour la France dont la balance des échanges de biens est dramatiquement dans le rouge. Cela en raison des rigidités structurelles propres au pays. Notons aussi que la financiarisation des économies a largement déplacé les centres de décision et de répartition des richesses. Des mutations qui ont cependant permis un accès beaucoup plus large à des produits et services qui satisfont de nouveaux besoins. Même si on peut –et-on doit- contester l’utilité de certaines productions ou leurs conditions de production et d’utilisation qui portent atteinte à la santé et à l’environnement.  Pour l’avenir 50 % des  emplois pourraient être supprimés ou transformés dans les 30 ans mais en même temps à peu près la moitié des nouveaux produits et services sont aujourd’hui inconnus. Face à toutes ces mutations, trois  grandes perspectives politiques émergent, soit le laisser aller qui laisse au seul marché le soin de réguler, soit le repli sur les frontières intérieures, soit une régulation qui prenne en compte la dynamique des marchés en même temps que l’intérêt général. Un dernier équilibre particulièrement difficile à trouver qui exige une grande compétence socio-économique, aussi du courage. Il faudrait évidemment développer de manière autrement plus complète les phénomènes décrits précédemment (comme l’accroissement des inégalités de concurrence et de revenus). Du coup faute de compréhension, les populations fragilisées se réfugient  dans les discours démagogiques, simplistes, nationalistes voire xénophobes. Dernier exemple en date en Grande-Bretagne avec le vote du Brexit, celui de l’élection de Trump ou la popularité de Poutine en Russie ;  pays pourtant en pleine crise socio économique. En face de ces changements, la démocratie a peu évolué. Elle se réduit essentiellement au dépôt d’un bulletin de vote tous les quatre à cinq ans. Le plus souvent les prétendants au pouvoir ne peuvent évidemment mettre en œuvre leurs programmes démagogiques ce qui nourrit la défiance de l’opinion vis-à-vis des systèmes politiques mais une opinion qui se rabat alors sur les candidats les plus protestataires ;  aux programmes les plus  illusoires engendrant à leur tour de nouvelles désillusions quand ces candidats sont élus. Il est clair qu’une autre forme de démocratie caractérisée par son interactivité reste à mettre en œuvre pour être en adéquation avec l’ampleur des bouleversements en cours et le rythme des changements. Or depuis un siècle les modalités de cette démocratie n’ont pas bougé d’un iota face aux mutations économiques, sociales, environnementales et plus généralement sociétales. La monarchie républicaine constitue le modèle de référence avec sa déclinaison dans les baronnies locales. D’une certaine manière, la démocratie demeure à l’ère  néandertalienne. De nouvelles formes d’évaluation des politiques publiques doivent  être trouvée afin d’associer les citoyens entre deux échéances électorales. Le référendum peut être utilisé dans certaines circonstances mais il faudra mettre en place d’autres outils d’évaluation à chaque niveau de pouvoir dans le but de renforcer le contrôle démocratique et de faire des propositions concernant les orientations. Les mêmes démarches pourraient être entreprises dans le champ économique (via la participation par exemple) et auprès des grandes administrations.

 

Evolution de la démocratie : pas dévolution sans acceptation de la complexité du monde

Grand débat-  Evolution de la démocratie : pas dévolution sans acceptation de la complexité du monde

 

 

Il est clair que les démocraties connaissent une crise existentielle relativement inquiétante quand elle conduit au repli nationaliste sur le plan économique, social et culturel. Tous les conflits, toutes les guerres ont commencé de cette manière. La crise est double, à la fois économique mais aussi identitaire avec une interaction entre ces deux facteurs explicatifs. Le rétrécissement géographique ne peut évidemment constituer une perspective d’évolution sociétale. Pourtant certains prônent un retour au nationalisme et réussissent même à se faire élire sur cette promesse illusoire et dangereuse. En cause sans doute, l’incapacité des citoyens et des populations à comprendre les évolutions économiques, technologiques, sociales et culturelles. Des évolutions d’ordre systémique et qui affectent  l’ensemble de la planète. Malheureusement cette incapacité concerne  aussi une grande partie des classes dirigeantes organisées en oligarchie et dont l’accès au pouvoir prime et de loin sur l’objet même du mandat qui devrait normalement exclusivement viser le service de l’intérêt général. Il faut dire que les transformations de tous ordres constituent des éléments anxiogènes pour une grande partie des populations et nourrissent la mélancolie d’un passé supposé meilleur qu’aujourd’hui voire du déclinisme. La frilosité voire  le refus du changement peut se comprendre dans la mesure où nos sociétés ont connu davantage de changements en une cinquantaine d’années que pendant des siècles et des millénaires. En outre,  le processus d’évolution s’est encore accéléré au cours des 10 à 20 dernières années. Sur le plan économique,  les changements affectent à la fois la nature des biens mais aussi leur mode de production et de distribution. Témoin, l’évolution des populations actives. En 1800 l’agriculture occupée 75 % des Français, en 1900 autour de 40 %, en 1970, 10 %, aujourd’hui moins de 4 %. Pour l’industrie dans les années 50, le secteur occupait  environ 40 % de la population, aujourd’hui en France c’est environ 10 %. Par contre les services se sont considérablement développés pour représenter à peu près 80 % des emplois aujourd’hui. Des mutations qui bouleversent évidemment les activités, les qualifications les emplois aussi leur localisation.- D’une certaine façon, l’économie s’est à la fois dématérialisée et internationalisée avec des processus de production et de distribution de plus en plus complexes à telle enseigne qu’il est bien difficile de savoir quelles sont les produits réellement français tellement sont imbriquées les éléments des modes de production. L’autre facteur explicatif marquant lié aux autres est l’émergence des pays en développement dont beaucoup étaient condamnés à la quasi famine il y a une cinquantaine d’années et qui commencent à accéder à des niveaux de vie plus décents. Des pays qui deviennent parfois concurrents et qui contraignent les anciens pays occidentaux à se  spécialiser  sur des productions à plus forte valeur ajoutée. Des pays concurrents mais aussi clients qui achètent les biens de l’industrie aéronautique, spatiale, navale, automobile, ferroviaire, nucléaire ou encore du BTP et de l’armement. Progressivement ces pays s’approprient aussi certaines techniques ce qui contraint les pays occidentaux à de nouveaux progrès technologiques. Finalement ces échanges internationaux participent du progrès économique et social global sous réserve toutefois que les balances commerciales soient équilibrées, ce qui est loin d’être le cas pour la France dont la balance des échanges de biens est dramatiquement dans le rouge. Cela en raison des rigidités structurelles propres au pays. Notons aussi que la financiarisation des économies a largement déplacé les centres de décision et de répartition des richesses. Des mutations qui ont cependant permis un accès beaucoup plus large à des produits et services qui satisfont de nouveaux besoins. Même si on peut –et-on doit- contester l’utilité de certaines productions ou leurs conditions de production et d’utilisation qui portent atteinte à la santé et à l’environnement.  Pour l’avenir 50 % des  emplois pourraient être supprimés ou transformés dans les 30 ans mais en même temps à peu près la moitié des nouveaux produits et services sont aujourd’hui inconnus. Face à toutes ces mutations, trois  grandes perspectives politiques émergent, soit le laisser aller qui laisse au seul marché le soin de réguler, soit le repli sur les frontières intérieures, soit une régulation qui prenne en compte la dynamique des marchés en même temps que l’intérêt général. Un dernier équilibre particulièrement difficile à trouver qui exige une grande compétence économique, aussi du courage. Il faudrait évidemment développer de manière autrement plus complète les phénomènes décrits précédemment. Du coup faute de compréhension, les populations fragilisées se réfugient  dans les discours démagogiques, simplistes, nationalistes voire xénophobes. Dernier exemple en date en Grande-Bretagne avec le vote du Brexit, celui de l’élection de Trump ou la popularité de Poutine en Russie ;  pays pourtant en pleine crise socio économique. En face de ces changements, la démocratie a peu évolué. Elle se réduit essentiellement au dépôt d’un bulletin de vote tous les quatre à cinq ans. Le plus souvent les prétendants au pouvoir ne peuvent évidemment mettre en œuvre leurs programmes démagogiques ce qui nourrit la défiance de l’opinion vis-à-vis des systèmes politiques mais une opinion qui se rabat alors sur les candidats les plus protestataires ;  aux programmes les plus  illusoires engendrant à leur tour de nouvelles désillusions quand ces candidats sont élus. Il est clair qu’une autre forme de démocratie caractérisée par son interactivité reste à mettre en œuvre pour être en adéquation avec l’ampleur des bouleversements en cours et le rythme des changements. Or depuis un siècle les modalités de cette démocratie n’ont pas bougé d’un iota face aux mutations économiques, sociales, environnementales et plus généralement sociétales. La monarchie républicaine constitue le modèle de référence avec sa déclinaison dans les baronnies locales. D’une certaine manière la démocratie demeure à l’ère  néandertalienne. De nouvelles formes d’évaluation des politiques publiques doivent  être trouvée afin d’associer les citoyens entre deux échéances électorales. Le référendum peut être utilisé dans certaines circonstances mais il faudra mettre en place d’autres outils d’évaluation à chaque niveau de pouvoir dans le but de renforcer le contrôle démocratique et de faire des propositions concernant les orientations. Les mêmes démarches pourraient être entreprises dans le champ économique (via la participation par exemple) et auprès des grandes administrations.

 Evolution de la démocratie : pas dévolution sans acceptation de la complexité du monde dans politique

Grand débat- Démocratie : quelle évolution dans un monde de plus en plus complexe ?

Grand débat- Démocratie : quelle évolution dans un monde de plus en plus  complexe ?

 

 

Il est clair que les démocraties connaissent une crise existentielle relativement inquiétante quand elle conduit au repli nationaliste sur le plan économique, social et culturel. Tous les conflits, toutes les guerres ont commencé de cette manière. La crise est double, à la fois économique mais aussi identitaire avec une interaction entre ces deux facteurs explicatifs. Le rétrécissement géographique ne peut évidemment constituer une perspective d’évolution sociétale. Pourtant certains prônent un retour au nationalisme et réussissent même à se faire élire sur cette promesse illusoire et dangereuse. En cause sans doute, l’incapacité des citoyens et des populations à comprendre les évolutions économiques, technologiques, sociales et culturelles. Des évolutions d’ordre systémique et qui affectent  l’ensemble de la planète. Malheureusement cette incapacité concerne  aussi une grande partie des classes dirigeantes organisées en oligarchie et dont l’accès au pouvoir prime et de loin sur l’objet même du mandat qui devrait normalement exclusivement viser le service de l’intérêt général. Il faut dire que les transformations de tous ordres constituent des éléments anxiogènes pour une grande partie des populations et nourrissent la mélancolie d’un passé supposé meilleur qu’aujourd’hui voire du déclinisme. La frilosité voire  le refus du changement peut se comprendre dans la mesure où nos sociétés ont connu davantage de changements en une cinquantaine d’années que pendant des siècles et des millénaires. En outre,  le processus d’évolution s’est encore accéléré au cours des 10 à 20 dernières années. Sur le plan économique,  les changements affectent à la fois la nature des biens mais aussi leur mode de production et de distribution. Témoin, l’évolution des populations actives. En 1800 l’agriculture occupée 75 % des Français, en 1900 autour de 40 %, en 1970, 10 %, aujourd’hui moins de 4 %. Pour l’industrie dans les années 50, le secteur occupait  environ 40 % de la population, aujourd’hui en France c’est environ 10 %. Par contre les services se sont considérablement développés pour représenter à peu près 80 % des emplois aujourd’hui. Des mutations qui bouleversent évidemment les activités, les qualifications les emplois aussi leur localisation.- D’une certaine façon, l’économie s’est à la fois dématérialisée et internationalisée avec des processus de production et de distribution de plus en plus complexes à telle enseigne qu’il est bien difficile de savoir quelles sont les produits réellement français tellement sont imbriquées les éléments des modes de production. L’autre facteur explicatif marquant lié aux autres est l’émergence des pays en développement dont beaucoup étaient condamnés à la quasi famine il y a une cinquantaine d’années et qui commencent à accéder à des niveaux de vie plus décents. Des pays qui deviennent parfois concurrents et qui contraignent les anciens pays occidentaux à se  spécialiser  sur des productions à plus forte valeur ajoutée. Des pays concurrents mais aussi clients qui achètent les biens de l’industrie aéronautique, spatiale, navale, automobile, ferroviaire, nucléaire ou encore du BTP et de l’armement. Progressivement ces pays s’approprient aussi certaines techniques ce qui contraint les pays occidentaux à de nouveaux progrès technologiques. Finalement ces échanges internationaux participent du progrès économique et social global sous réserve toutefois que les balances commerciales soient équilibrées, ce qui est loin d’être le cas pour la France dont la balance des échanges de biens est dramatiquement dans le rouge. Cela en raison des rigidités structurelles propres au pays. Notons aussi que la financiarisation des économies a largement déplacé les centres de décision et de répartition des richesses. Des mutations qui ont cependant permis un accès beaucoup plus large à des produits et services qui satisfont de nouveaux besoins. Même si on peut –et-on doit- contester l’utilité de certaines productions ou leurs conditions de production et d’utilisation qui portent atteinte à la santé et à l’environnement.  Pour l’avenir 50 % des  emplois pourraient être supprimés ou transformés dans les 30 ans mais en même temps à peu près la moitié des nouveaux produits et services sont aujourd’hui inconnus. Face à toutes ces mutations, trois  grandes perspectives politiques émergent, soit le laisser aller qui laisse au seul marché le soin de réguler, soit le repli sur les frontières intérieures, soit une régulation qui prenne en compte la dynamique des marchés en même temps que l’intérêt général. Un dernier équilibre particulièrement difficile à trouver qui exige une grande compétence économique, aussi du courage. Il faudrait évidemment développer de manière autrement plus complète les phénomènes décrits précédemment. Du coup faute de compréhension, les populations fragilisées se réfugient  dans les discours démagogiques, simplistes, nationalistes voire xénophobes. Dernier exemple en date en Grande-Bretagne avec le vote du Brexit, celui de l’élection de Trump ou la popularité de Poutine en Russie ;  pays pourtant en pleine crise socio économique. En face de ces changements, la démocratie a peu évolué. Elle se réduit essentiellement au dépôt d’un bulletin de vote tous les quatre à cinq ans. Le plus souvent les prétendants au pouvoir ne peuvent évidemment mettre en œuvre leurs programmes démagogiques ce qui nourrit la défiance de l’opinion vis-à-vis des systèmes politiques mais une opinion qui se rabat alors sur les candidats les plus protestataires ;  aux programmes les plus  illusoires engendrant à leur tour de nouvelles désillusions quand ces candidats sont élus. Il est clair qu’une autre forme de démocratie caractérisée par son interactivité reste à mettre en œuvre pour être en adéquation avec l’ampleur des bouleversements en cours et le rythme des changements. Or depuis un siècle les modalités de cette démocratie n’ont pas bougé d’un iota face aux mutations économiques, sociales, environnementales et plus généralement sociétales. La monarchie républicaine constitue le modèle de référence avec sa déclinaison dans les baronnies locales. D’une certaine manière la démocratie demeure à l’ère  néandertalienne. De nouvelles formes d’évaluation des politiques publiques doivent  être trouvée afin d’associer les citoyens entre deux échéances électorales. Le référendum peut être utilisé dans certaines circonstances mais il faudra mettre en place d’autres outils d’évaluation à chaque niveau de pouvoir dans le but de renforcer le contrôle démocratique et de faire des propositions concernant les orientations. Les mêmes démarches pourraient être entreprises dans le champ économique (via la participation par exemple) et auprès des grandes administrations.

Grand débat- Démocratie : quelle évolution dans un monde de plus en plus  complexe ? dans politique

Démocratie : quelle évolution dans un monde de plus en plus complexe ?

Démocratie : quelle évolution dans un monde de plus en plus  complexe ?

 

 

Il est clair que les démocraties connaissent une crise existentielle relativement inquiétante quand elle conduit au repli nationaliste sur le plan économique, social et culturel. Tous les conflits, toutes les guerres ont commencé de cette manière. La crise est double, à la fois économique mais aussi identitaire avec une interaction entre ces deux facteurs explicatifs. Le rétrécissement géographique ne peut évidemment constituer une perspective d’évolution sociétale. Pourtant certains prônent un retour au nationalisme et réussissent même à se faire élire sur cette promesse illusoire et dangereuse. En cause sans doute, l’incapacité des citoyens et des populations à comprendre les évolutions économiques, technologiques, sociales et culturelles. Des évolutions d’ordre systémique et qui affectent  l’ensemble de la planète. Malheureusement cette incapacité concerne  aussi une grande partie des classes dirigeantes organisées en oligarchie et dont l’accès au pouvoir prime et de loin sur l’objet même du mandat qui devrait normalement exclusivement viser le service de l’intérêt général. Il faut dire que les transformations de tous ordres constituent des éléments anxiogènes pour une grande partie des populations et nourrissent la mélancolie d’un passé supposé meilleur qu’aujourd’hui voire du déclinisme. La frilosité voire  le refus du changement peut se comprendre dans la mesure où nos sociétés ont connu davantage de changements en une cinquantaine d’années que pendant des siècles et des millénaires. En outre,  le processus d’évolution s’est encore accéléré au cours des 10 à 20 dernières années. Sur le plan économique,  les changements affectent à la fois la nature des biens mais aussi leur mode de production et de distribution. Témoin, l’évolution des populations actives. En 1800 l’agriculture occupée 75 % des Français, en 1900 autour de 40 %, en 1970, 10 %, aujourd’hui moins de 4 %. Pour l’industrie dans les années 50, le secteur occupait  environ 40 % de la population, aujourd’hui en France c’est environ 10 %. Par contre les services se sont considérablement développés pour représenter à peu près 80 % des emplois aujourd’hui. Des mutations qui bouleversent évidemment les activités, les qualifications les emplois aussi leur localisation.- D’une certaine façon, l’économie s’est à la fois dématérialisée et internationalisée avec des processus de production et de distribution de plus en plus complexes à telle enseigne qu’il est bien difficile de savoir quelles sont les produits réellement français tellement sont imbriquées les éléments des modes de production. L’autre facteur explicatif marquant lié aux autres est l’émergence des pays en développement dont beaucoup étaient condamnés à la quasi famine il y a une cinquantaine d’années et qui commencent à accéder à des niveaux de vie plus décents. Des pays qui deviennent parfois concurrents et qui contraignent les anciens pays occidentaux à se  spécialiser  sur des productions à plus forte valeur ajoutée. Des pays concurrents mais aussi clients qui achètent les biens de l’industrie aéronautique, spatiale, navale, automobile, ferroviaire, nucléaire ou encore du BTP et de l’armement. Progressivement ces pays s’approprient aussi certaines techniques ce qui contraint les pays occidentaux à de nouveaux progrès technologiques. Finalement ces échanges internationaux participent du progrès économique et social global sous réserve toutefois que les balances commerciales soient équilibrées, ce qui est loin d’être le cas pour la France dont la balance des échanges de biens est dramatiquement dans le rouge. Cela en raison des rigidités structurelles propres au pays. Notons aussi que la financiarisation des économies a largement déplacé les centres de décision et de répartition des richesses. Des mutations qui ont cependant permis un accès beaucoup plus large à des produits et services qui satisfont de nouveaux besoins. Même si on peut –et-on doit- contester l’utilité de certaines productions ou leurs conditions de production et d’utilisation qui portent atteinte à la santé et à l’environnement.  Pour l’avenir 50 % des  emplois pourraient être supprimés ou transformés dans les 30 ans mais en même temps à peu près la moitié des nouveaux produits et services sont aujourd’hui inconnus. Face à toutes ces mutations, trois  grandes perspectives politiques émergent, soit le laisser aller qui laisse au seul marché le soin de réguler, soit le repli sur les frontières intérieures, soit une régulation qui prenne en compte la dynamique des marchés en même temps que l’intérêt général. Un dernier équilibre particulièrement difficile à trouver qui exige une grande compétence économique, aussi du courage. Il faudrait évidemment développer de manière autrement plus complète les phénomènes décrits précédemment. Du coup faute de compréhension, les populations fragilisées se réfugient  dans les discours démagogiques, simplistes, nationalistes voire xénophobes. Dernier exemple en date en Grande-Bretagne avec le vote du Brexit, celui de l’élection de Trump ou la popularité de Poutine en Russie ;  pays pourtant en pleine crise socio économique. En face de ces changements, la démocratie a peu évolué. Elle se réduit essentiellement au dépôt d’un bulletin de vote tous les quatre à cinq ans. Le plus souvent les prétendants au pouvoir ne peuvent évidemment mettre en œuvre leurs programmes démagogiques ce qui nourrit la défiance de l’opinion vis-à-vis des systèmes politiques mais une opinion qui se rabat alors sur les candidats les plus protestataires ;  aux programmes les plus  illusoires engendrant à leur tour de nouvelles désillusions quand ces candidats sont élus. Il est clair qu’une autre forme de démocratie caractérisée par son interactivité reste à mettre en œuvre pour être en adéquation avec l’ampleur des bouleversements en cours et le rythme des changements. Or depuis un siècle les modalités de cette démocratie n’ont pas bougé d’un iota face aux mutations économiques, sociales, environnementales et plus généralement sociétales. La monarchie républicaine constitue le modèle de référence avec sa déclinaison dans les baronnies locales. D’une certaine manière la démocratie demeure à l’ère  néandertalienne. De nouvelles formes d’évaluation des politiques publiques doivent  être trouvée afin d’associer les citoyens entre deux échéances électorales. Le référendum peut être utilisé dans certaines circonstances mais il faudra mettre en place d’autres outils d’évaluation à chaque niveau de pouvoir dans le but de renforcer le contrôle démocratique et de faire des propositions concernant les orientations. Les mêmes démarches pourraient être entreprises dans le champ économique (via la participation par exemple) et auprès des grandes administrations.

Baisse impôt des PME : le fruit d’une fiscalité trop complexe (Denis Ferrand)

Baisse impôt des PME : le fruit d’une fiscalité trop complexe (Denis Ferrand)

 

 

Le directeur général de l’institut de conjoncture de COE-Rexecode se montre réservée (comme le Medef) concernant la réduction de la fiscalité (IS) pour les PME.

Alléger l’impôt sur les bénéfices des PME, une bonne nouvelle?

Il faut replacer cette mesure dans son contexte. Dans le cadre du Pacte de responsabilité annoncé début 2014, François Hollande avait promis 41 milliards d’allègements de prélèvements pour les entreprises d’ici à fin 2017. Outre le CICE et les baisses de charges, un volet fiscal était prévu avec la suppression progressive d’une contribution sur le chiffre d’affaires, la C3S, et une baisse de 1 point de l’impôt sur les sociétés. Mais fin juin, [dans un entretien aux Echos], François Hollande a déclaré qu’il avait décidé de modifier la répartition des allègements. Tout en respectant l’enveloppe allouée restante, de 5 milliards pour 2017, il a décidé de conserver la C3S, déjà supprimée pour les PME et qui ne concerne plus aujourd’hui que les plus grandes entreprises, pour pouvoir, en contrepartie, relever le Crédit d’impôt compétitivité (CICE), qui s’appliquera donc sur 7% (contre 6% avant) de la masse salariale (jusqu’à 2,5 Smic). Pour l’IS aussi, il a changé les règles, décidant de cibler la baisse sur les PME. C’est cette annonce que précise aujourd’hui Manuel Valls: au lieu de 1 point de moins pour tout le monde, ce sera donc 5 points en moins sur une partie des bénéfices d’une partie des entreprises, c’est-à-dire les PME. Au final, il ne s’agit donc pas d’un nouveau cadeau pour les entreprises mais plutôt d’un réajustement à l’intérieur du pacte de responsabilité.

L’exécutif justifie ces choix par la volonté de muscler les créations d’emplois, qui proviennent surtout des petites entreprises…

Ce clivage entre petites et grandes entreprises, les gentilles qui créeraient des emplois et les méchantes qui délocaliseraient, est une représentation morale de l’économie, assez simpliste. Dans les faits, il y a un continuum d’entreprises des plus petites aux plus grandes et elles fonctionnent dans un écosystème commun. Les PME créent des emplois aussi parce que les grands groupes leur sous-traitent des tâches ou les associent sur leurs gros marchés. Certes, concernant l’imposition des bénéfices, on peut considérer que les multinationales sont mieux armées pour monter des schémas d’optimisation et se retrouver donc avec une facture allégée. Mais si elles peuvent si bien jouer ce jeu, c’est aussi parce que la législation fiscale est d’une particulière complexité.

Vous reprochez donc à cette mesure un manque de lisibilité?

Ces catégorisations par taille, avec les effets de seuil qu’elles induisent, participent au mal français d’un système rendu illisible et même injuste à force de ne s’appliquer à personne pareil. Le cas de l’impôt sur les bénéfices des sociétés est éclairant. Ainsi, la France a le taux d’IS le plus élevé d’Europe, à près de 34% contre plutôt 25% en moyenne européenne. Mais, pour mieux faire supporter cette charge, il existe un maquis d’exemptions, dérogations et niches -dont le CICE. Du coup, le taux effectif acquitté est en fait très sensiblement inférieur au taux facial, et le rendement de l’IS est en France un des plus faibles d’Europe!

Or là, au lieu de baisser le taux d’IS général, une mesure simple et visible de compétitivité, on préfère instaurer une sorte de barème puisque les entreprises de taille modeste paient déjà un taux réduit de 15%  jusqu’à 38.000 euros, puis donc 28% jusqu’à un nouveau plafond non encore défini, puis 34% sur le reste. Avec, à la clé, encore des calculs savants et des effets pervers.

Par ailleurs, cette annonce pose de nouveau la question de la crédibilité et la cohérence de la politique du gouvernement. Le pacte de responsabilité donnait une feuille de route claire, mais si l’enveloppe a bien été allouée, les modalités ont changé. Cela a un impact sur les acteurs économiques, qui ne sont plus les mêmes concernés, et sur les projets d’investissement de long terme, qui sont différemment impactés. De quoi fâcher le patronat et alimenter le premier reproche fait à la France, l’instabilité de son système fiscal.

(Interview le Figaro)

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