Archive pour le Tag 'complète'

Assurance chômage : Une étatisation complète qui va encore augmenter le trou financier

Assurance chômage : Une étatisation complète qui va encore augmenter le trou financier

Si l’État était un bon gestionnaire on le saurait ; témoin la dérive régulière des déficits des budgets et la catastrophe de l’endettement. Même chose pour les institutions et les organisations sous tutelle totale de l’État. En cause d’une certaine irresponsabilité, une insuffisance de compétence et le résultat d’injonctions contradictoires qui déresponsabilisent les dirigeants. Dernière initiative de l’État la volonté de reprendre en main l’ASSEDIC précédemment gérée par les acteurs sociaux.

L’objectif du gouvernement est de réaliser des économies significatives sur le régime d’assurance chômage.

« Nous gardons une durée d’indemnisation la plus longue parmi les pays développés : dix-huit mois. La responsabilité des partenaires sociaux, ce sont les salariés. La responsabilité de l’État, ce sont tous ceux qui sont au chômage. Pour ma part, je considère que l’État devrait reprendre la main sur l’assurance chômage de manière définitive », a indiqué Bruno Le Maire dans un entretien au quotidien Le Monde.

Une option loin de sortir du chapeau puisqu’elle était inscrite dans le programme d’Emmanuel Macron lors de la campagne des élections présidentielle de 2017.

Pour rappel, le régime est actuellement piloté par l’Unedic, un organisme paritaire. Les partenaires sociaux renégocient les règles tous les deux à trois ans pour tenir compte des évolutions du marché du travail, celles-ci étant formalisées dans une convention que l’État valide. Mais depuis 2018, leurs marges de manœuvre sont restreintes car le gouvernement leur adresse en amont une « lettre de cadrage » qui fixe des objectifs (notamment d’économies) à atteindre. Sans accord, l’État reprend la main avec un « décret de carence ».

Le  Premier ministre, Gabriel Attal ,  a déclaré qu’il réunirait « à la mi-mars » un séminaire gouvernemental « dédié à la question du travail » pour notamment « préparer les grandes décisions » à prendre en la matière. Il s’est dit « prêt » à prendre des « décisions difficiles » pour « inciter au travail » et atteindre le plein emploi, c’est-à-dire réduire le taux de chômage à 5% d’ici à 2027, contre plus de 7% aujourd’hui.

Pour Michel Beaugas (FO), « il paraît de plus en plus évident que le gouvernement veut récupérer l’assurance-chômage » et que pour y arriver « il nous imposera des contraintes impossibles à tenir ».

La liste complète d’un gouvernement d’incompétents et d’inconnus

La liste complète d’un gouvernement d’incompétents et d’inconnus

On ne change pas une tradition qui ne marche pas. Ainsi le président de la république a décidé de nommer de parfaits inconnus dans de nombreux postes et nombre d’incompétents évidemment pour garder la main sur le gouvernement y compris le Premier ministre qu’il vient de nommer. Comme d’habitude, Macron ne veut surtout pas de personnalités d’expérience et disposant d’un certain poids politique. Concernant le précédent gouvernement ,les Français ne connaissaient pas plus de cinq ou six ministres sur les 40. Cette fois ils en retiendront sans doute autant sur les 30 qui occupent des fonctions dont certaines d’ailleurs particulièrement ésotériques et qui répondent à des tripatouillages politiques de tendances, de couleurs et de pseudos équilibres.

La liste complète d’un gouvernement de pieds nickelés:

• Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique;

• Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et des Outre-mer ;

• Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités ;

• Nicole Belloubet, ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse ;

• Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire ;

• Rachida Dati, ministre de la Culture ;

• Sébastien Lecornu, ministre des Armées ;

• Eric Dupond-Moretti, garde des Sceaux, ministre de la Justice ;

• Stéphane Séjourné, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères ;

• Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires ;

• Stanislas Guerini, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques ;

• Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques ;

• Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

A cette liste de ministres, s’ajoute celle des ministres délégués, dont de nombreux noms ont été révélés jeudi soir :

• Prisca Thevenot, chargée du Renouveau démocratique, porte-parole du Gouvernement

• Marie Lebec, chargée des Relations avec le Parlement ;

• Aurore Bergé, chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les Discriminations ;

• Roland Lescure, chargé de l’Industrie et de l’Energie ;

• Olivia Grégoire, chargée des Entreprises, du Tourisme et de la Consommation ;

• Thomas Cazenave, chargé des Comptes publics ;

• Dominique Faure, chargée des Collectivités territoriales et de la Ruralité ;

• Marie Guévenoux, chargée des Outre-mer ;

• Sarah El Haïry, chargée de l’Enfance, de la Jeunesse et des Familles ;

• Fadila Khattabi, chargée des Personnes âgées et des Personnes handicapées ;

• Frédéric Valletoux, chargé de la Santé et de la Prévention ;

• Agnès Pannier-Runacher ; déléguée auprès du ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire :

• Franck Riester, chargé du Commerce extérieur, de l’Attractivité, de la Francophonie et des Français de l’étranger ;

• Jean-Noël Barrot, chargé de l’Europe ;

• Patrice Vergriete, chargé des Transports ;

• Guillaume Kasbarian, chargé du Logement ;

• Marina Ferrari, chargée du Numérique ;

• Sabrina Agresti-Roubache, chargée de la Ville et de la Citoyenneté ;

• Patricia Mirallès, chargée des Anciens combattants et de la Mémoire ;

• Chrysoula Zacharopoulou, chargée du Développement et des Partenariats internationaux ;

• Hervé Berville, chargé de la Mer et de la Biodiversité.

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• Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique;

• Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et des Outre-mer ;

• Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités ;

• Nicole Belloubet, ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse ;

• Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire ;

• Rachida Dati, ministre de la Culture ;

• Sébastien Lecornu, ministre des Armées ;

• Eric Dupond-Moretti, garde des Sceaux, ministre de la Justice ;

• Stéphane Séjourné, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères ;

• Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires ;

• Stanislas Guerini, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques ;

• Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques ;

• Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

A cette liste de ministres, s’ajoute celle des ministres délégués, dont de nombreux noms ont été révélés jeudi soir :

• Prisca Thevenot, chargée du Renouveau démocratique, porte-parole du Gouvernement

• Marie Lebec, chargée des Relations avec le Parlement ;

• Aurore Bergé, chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les Discriminations ;

• Roland Lescure, chargé de l’Industrie et de l’Energie ;

• Olivia Grégoire, chargée des Entreprises, du Tourisme et de la Consommation ;

• Thomas Cazenave, chargé des Comptes publics ;

• Dominique Faure, chargée des Collectivités territoriales et de la Ruralité ;

• Marie Guévenoux, chargée des Outre-mer ;

• Sarah El Haïry, chargée de l’Enfance, de la Jeunesse et des Familles ;

• Fadila Khattabi, chargée des Personnes âgées et des Personnes handicapées ;

• Frédéric Valletoux, chargé de la Santé et de la Prévention ;

• Agnès Pannier-Runacher ; déléguée auprès du ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire :

• Franck Riester, chargé du Commerce extérieur, de l’Attractivité, de la Francophonie et des Français de l’étranger ;

• Jean-Noël Barrot, chargé de l’Europe ;

• Patrice Vergriete, chargé des Transports ;

• Guillaume Kasbarian, chargé du Logement ;

• Marina Ferrari, chargée du Numérique ;

• Sabrina Agresti-Roubache, chargée de la Ville et de la Citoyenneté ;

• Patricia Mirallès, chargée des Anciens combattants et de la Mémoire ;

• Chrysoula Zacharopoulou, chargée du Développement et des Partenariats internationaux ;

• Hervé Berville, chargé de la Mer et de la Biodiversité.

Société-Emeutes : une perte complète de sens ( Alain Bauer)

Société-Emeutes : une perte complète de sens ( Alain Bauer)


Par Alain Bauer est professeur de criminologie au Conservatoire national des arts et métiers. Il est l’auteur de Au commencement était la guerre, (Fayard, 2023) et de Au bout de l’enquête, ( First, 2023).
intreview dans l’Opinion

Comment expliquer cette flambée de violences urbaines dans un climat qui semblait, selon les spécialistes, plutôt calme ces derniers mois ?

Un calme relatif dans un univers qui n’est jamais serein. Les micro-événements se succédaient : les refus d’obtempérer, on l’a vu à Nanterre malheureusement, les agressions, les drames familiaux et des règlements de comptes plus fréquents dans une expansion des territoires des trafics. En revanche, les violences dites urbaines restaient contenues. La violence se manifestait davantage dans les mouvements contre les bassines à Sainte-Soline et, évidemment, dans le mouvement social contre la réforme des retraites. Ou avec les Gilets jaunes. Une violence plus générale qui masquait les bouillonnements du quotidien. Personne n’est vraiment surpris par l’intensité de ces émeutes depuis mardi. La diffusion de la rage est extrêmement rapide sur des portions de territoire plus larges qu’à l’habitude.


Quelle est la réponse adaptée ?

D’abord, éviter un deuxième événement tragique. Il vaut toujours mieux une vitrine cassée qu’une vie brisée. Puis il faut tenter de limiter la contagion à l’ensemble du territoire même si, au-delà des cités et des grandes villes, les violences s’étendent à des lieux atypiques. Des tirs de mortiers et des voitures incendiées à Clermont-Ferrand, ville ouvrière, c’est inhabituel. Tout comme l’avait été l’attaque de la préfecture du Puy-en-Velay pendant les Gilets jaunes.

Le dosage est toujours délicat entre l’option d’une imposition de l’ordre absolu « quoi qu’il en coûte » et la gestion optimisée du désordre. Ce débat agite les experts du maintien de l’ordre. En France, on oscille toujours dans cet entre-deux. Y compris dans la parole publique, comme le Président l’a fait en parlant d’abord à Marseille mercredi d’une mort « inexcusable » et « inexplicable » puis, le lendemain, en qualifiant d’« injustifiables » les violences de la nuit. Les deux réactions sont compréhensibles isolément. C’est plus complexe à gérer « en même temps ».

Gérald Darmanin a indiqué jeudi que 40 000 policiers et gendarmes allaient être mobilisés. Après 48 heures où les autorités ont semblé subir les événements, ne vont-elles pas réagir ?
Le dispositif doit être réactif et adapté. Le risque d’une vague d’émeutes version 2005 est tel que l’Etat en a pris la mesure en déployant des forces plus nombreuses sur tout le territoire. Il faut souhaiter que l’effet dissuasif fonctionne pour arrêter la casse des équipements publics. Il faudra bien plus pour établir un ordre juste qui ne soit pas juste de l’ordre.


La comparaison avec les violences urbaines de 2005, nées à Clichy-sous-Bois après la mort des jeunes Zyed et Bouna qui avaient tenté d’échapper à un contrôle de police, est-elle valable ?

Sur le plan des déclencheurs de la crise, pas vraiment. En 2005, un triple mécanisme était à l’œuvre. Il y avait une tension sur le marché des stupéfiants. La posture du ministre de l’Intérieur (Nicolas Sarkozy), ses déclarations sur le Karcher, ont entraîné, dans le « camp » d’en face une volonté de confrontation avec l’Etat avant l’arrivée au pouvoir du futur président. La tragédie de deux jeunes « grillant » dans l’enceinte d’un transformateur électrique à Clichy avaient frappé les esprits, a fortiori parce que les autorités avaient brouillé les informations sur les circonstances. Ce qui n’est heureusement pas le cas aujourd’hui. En revanche, les cibles des deux mouvements se ressemblent : des bâtiments publics, du mobilier urbain, des infrastructures de transport. Un changement de tonalité est toutefois frappant. Sur les vidéos qui circulent, on entend des jeunes joyeux plus que haineux. Ils détruisent, mais en faisant la fête, comme un grand jeu de télé-réalité. Au-delà de la vengeance et du ressentiment, de la confrontation avec cette « autre bande » que serait la police, une transformation de l’approche du bien commun se fait sentir.


Que signifient ces destructions « joyeuses » ?

Incendier des mairies, des écoles, des bus ou des trams, des voitures de voisins, c’est s’attaquer à des services publics qui sont là pour eux, pour leurs parents. Le faire « joyeusement » montre que plus rien n’a de sens, ni d’importance. De ce point de vue, ce nouveau cap éloigne la possibilité d’une compréhension commune de la réalité et surtout de la possibilité durable d’un retour à la paix civile.

Société-Emeutes : rage et perte complète de sens ( Alain Bauer)

Société-Emeutes : rage et perte complète de sens ( Alain Bauer)


Par Alain Bauer est professeur de criminologie au Conservatoire national des arts et métiers. Il est l’auteur de Au commencement était la guerre, (Fayard, 2023) et de Au bout de l’enquête, ( First, 2023).
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Comment expliquer cette flambée de violences urbaines dans un climat qui semblait, selon les spécialistes, plutôt calme ces derniers mois ?

Un calme relatif dans un univers qui n’est jamais serein. Les micro-événements se succédaient : les refus d’obtempérer, on l’a vu à Nanterre malheureusement, les agressions, les drames familiaux et des règlements de comptes plus fréquents dans une expansion des territoires des trafics. En revanche, les violences dites urbaines restaient contenues. La violence se manifestait davantage dans les mouvements contre les bassines à Sainte-Soline et, évidemment, dans le mouvement social contre la réforme des retraites. Ou avec les Gilets jaunes. Une violence plus générale qui masquait les bouillonnements du quotidien. Personne n’est vraiment surpris par l’intensité de ces émeutes depuis mardi. La diffusion de la rage est extrêmement rapide sur des portions de territoire plus larges qu’à l’habitude.


Quelle est la réponse adaptée ?

D’abord, éviter un deuxième événement tragique. Il vaut toujours mieux une vitrine cassée qu’une vie brisée. Puis il faut tenter de limiter la contagion à l’ensemble du territoire même si, au-delà des cités et des grandes villes, les violences s’étendent à des lieux atypiques. Des tirs de mortiers et des voitures incendiées à Clermont-Ferrand, ville ouvrière, c’est inhabituel. Tout comme l’avait été l’attaque de la préfecture du Puy-en-Velay pendant les Gilets jaunes.

Le dosage est toujours délicat entre l’option d’une imposition de l’ordre absolu « quoi qu’il en coûte » et la gestion optimisée du désordre. Ce débat agite les experts du maintien de l’ordre. En France, on oscille toujours dans cet entre-deux. Y compris dans la parole publique, comme le Président l’a fait en parlant d’abord à Marseille mercredi d’une mort « inexcusable » et « inexplicable » puis, le lendemain, en qualifiant d’« injustifiables » les violences de la nuit. Les deux réactions sont compréhensibles isolément. C’est plus complexe à gérer « en même temps ».

Gérald Darmanin a indiqué jeudi que 40 000 policiers et gendarmes allaient être mobilisés. Après 48 heures où les autorités ont semblé subir les événements, ne vont-elles pas réagir ?
Le dispositif doit être réactif et adapté. Le risque d’une vague d’émeutes version 2005 est tel que l’Etat en a pris la mesure en déployant des forces plus nombreuses sur tout le territoire. Il faut souhaiter que l’effet dissuasif fonctionne pour arrêter la casse des équipements publics. Il faudra bien plus pour établir un ordre juste qui ne soit pas juste de l’ordre.


La comparaison avec les violences urbaines de 2005, nées à Clichy-sous-Bois après la mort des jeunes Zyed et Bouna qui avaient tenté d’échapper à un contrôle de police, est-elle valable ?

Sur le plan des déclencheurs de la crise, pas vraiment. En 2005, un triple mécanisme était à l’œuvre. Il y avait une tension sur le marché des stupéfiants. La posture du ministre de l’Intérieur (Nicolas Sarkozy), ses déclarations sur le Karcher, ont entraîné, dans le « camp » d’en face une volonté de confrontation avec l’Etat avant l’arrivée au pouvoir du futur président. La tragédie de deux jeunes « grillant » dans l’enceinte d’un transformateur électrique à Clichy avaient frappé les esprits, a fortiori parce que les autorités avaient brouillé les informations sur les circonstances. Ce qui n’est heureusement pas le cas aujourd’hui. En revanche, les cibles des deux mouvements se ressemblent : des bâtiments publics, du mobilier urbain, des infrastructures de transport. Un changement de tonalité est toutefois frappant. Sur les vidéos qui circulent, on entend des jeunes joyeux plus que haineux. Ils détruisent, mais en faisant la fête, comme un grand jeu de télé-réalité. Au-delà de la vengeance et du ressentiment, de la confrontation avec cette « autre bande » que serait la police, une transformation de l’approche du bien commun se fait sentir.


Que signifient ces destructions « joyeuses » ?

Incendier des mairies, des écoles, des bus ou des trams, des voitures de voisins, c’est s’attaquer à des services publics qui sont là pour eux, pour leurs parents. Le faire « joyeusement » montre que plus rien n’a de sens, ni d’importance. De ce point de vue, ce nouveau cap éloigne la possibilité d’une compréhension commune de la réalité et surtout de la possibilité durable d’un retour à la paix civile.

Emeutes : rage et perte complète de sens ( Alain Bauer)

Emeutes : rage et perte complète de sens ( Alain Bauer)


Par Alain Bauer est professeur de criminologie au Conservatoire national des arts et métiers. Il est l’auteur de Au commencement était la guerre, (Fayard, 2023) et de Au bout de l’enquête, ( First, 2023).
intreview dans l’Opinion

Comment expliquer cette flambée de violences urbaines dans un climat qui semblait, selon les spécialistes, plutôt calme ces derniers mois ?

Un calme relatif dans un univers qui n’est jamais serein. Les micro-événements se succédaient : les refus d’obtempérer, on l’a vu à Nanterre malheureusement, les agressions, les drames familiaux et des règlements de comptes plus fréquents dans une expansion des territoires des trafics. En revanche, les violences dites urbaines restaient contenues. La violence se manifestait davantage dans les mouvements contre les bassines à Sainte-Soline et, évidemment, dans le mouvement social contre la réforme des retraites. Ou avec les Gilets jaunes. Une violence plus générale qui masquait les bouillonnements du quotidien. Personne n’est vraiment surpris par l’intensité de ces émeutes depuis mardi. La diffusion de la rage est extrêmement rapide sur des portions de territoire plus larges qu’à l’habitude.


Quelle est la réponse adaptée ?

D’abord, éviter un deuxième événement tragique. Il vaut toujours mieux une vitrine cassée qu’une vie brisée. Puis il faut tenter de limiter la contagion à l’ensemble du territoire même si, au-delà des cités et des grandes villes, les violences s’étendent à des lieux atypiques. Des tirs de mortiers et des voitures incendiées à Clermont-Ferrand, ville ouvrière, c’est inhabituel. Tout comme l’avait été l’attaque de la préfecture du Puy-en-Velay pendant les Gilets jaunes.

Le dosage est toujours délicat entre l’option d’une imposition de l’ordre absolu « quoi qu’il en coûte » et la gestion optimisée du désordre. Ce débat agite les experts du maintien de l’ordre. En France, on oscille toujours dans cet entre-deux. Y compris dans la parole publique, comme le Président l’a fait en parlant d’abord à Marseille mercredi d’une mort « inexcusable » et « inexplicable » puis, le lendemain, en qualifiant d’« injustifiables » les violences de la nuit. Les deux réactions sont compréhensibles isolément. C’est plus complexe à gérer « en même temps ».

Gérald Darmanin a indiqué jeudi que 40 000 policiers et gendarmes allaient être mobilisés. Après 48 heures où les autorités ont semblé subir les événements, ne vont-elles pas réagir ?
Le dispositif doit être réactif et adapté. Le risque d’une vague d’émeutes version 2005 est tel que l’Etat en a pris la mesure en déployant des forces plus nombreuses sur tout le territoire. Il faut souhaiter que l’effet dissuasif fonctionne pour arrêter la casse des équipements publics. Il faudra bien plus pour établir un ordre juste qui ne soit pas juste de l’ordre.


La comparaison avec les violences urbaines de 2005, nées à Clichy-sous-Bois après la mort des jeunes Zyed et Bouna qui avaient tenté d’échapper à un contrôle de police, est-elle valable ?

Sur le plan des déclencheurs de la crise, pas vraiment. En 2005, un triple mécanisme était à l’œuvre. Il y avait une tension sur le marché des stupéfiants. La posture du ministre de l’Intérieur (Nicolas Sarkozy), ses déclarations sur le Karcher, ont entraîné, dans le « camp » d’en face une volonté de confrontation avec l’Etat avant l’arrivée au pouvoir du futur président. La tragédie de deux jeunes « grillant » dans l’enceinte d’un transformateur électrique à Clichy avaient frappé les esprits, a fortiori parce que les autorités avaient brouillé les informations sur les circonstances. Ce qui n’est heureusement pas le cas aujourd’hui. En revanche, les cibles des deux mouvements se ressemblent : des bâtiments publics, du mobilier urbain, des infrastructures de transport. Un changement de tonalité est toutefois frappant. Sur les vidéos qui circulent, on entend des jeunes joyeux plus que haineux. Ils détruisent, mais en faisant la fête, comme un grand jeu de télé-réalité. Au-delà de la vengeance et du ressentiment, de la confrontation avec cette « autre bande » que serait la police, une transformation de l’approche du bien commun se fait sentir.


Que signifient ces destructions « joyeuses » ?

Incendier des mairies, des écoles, des bus ou des trams, des voitures de voisins, c’est s’attaquer à des services publics qui sont là pour eux, pour leurs parents. Le faire « joyeusement » montre que plus rien n’a de sens, ni d’importance. De ce point de vue, ce nouveau cap éloigne la possibilité d’une compréhension commune de la réalité et surtout de la possibilité durable d’un retour à la paix civile.

Autonomie stratégique de l’Europe : l’illusion complète de Macron

Autonomie stratégique de l’Europe : l’illusion complète de Macron

La proposition d’autonomie stratégique de l’Europe proposée par macron n’est pas pour demain ni même après-demain. On peut le regretter mais la politique implique de prendre en compte davantage les réalités que les rêves. Il est clair que cette autonomie stratégique de l’Europe concerne surtout la défense. Or dans ce domaine l’Europe serait bien incapable de se passer du soutien de l’OTAN et derrière des États-Unis. Pour preuve l’exemple de l’Ukraine qui ne peut résister face à la Russie que grâce à l’appui déterminant des États-Unis mais aussi de la Grande-Bretagne.

L’europe n’a même pas été incapable de définir une politique commune de présence et de développement en Afrique. Pire la France s’est ridiculisée avec ses 5000 hommes de la force barkhan e contrainte de reculer et de se retirer à la fois du Mali et du Burkina Faso.

L’Europe ne dispose pas d’une véritable puissance militaire et même la France n’a à sa disposition qu’une micro armé qui ne tiendrait pas un mois face à la Russie d’après les experts eux-mêmes.

En dehors des questions de moyens il y a les différences fondamentales d’analyse et de stratégie.. D’abord avec l’Allemagne qui ne coopère qu’au compte goutte pour réserver surtout son industrie militaire très exportatrice. Ensuite avec les pays de l’Est et du Nord qui n’entretiennent pas les mêmes visions vis-à-vis de la Russie par exemple. Sans parler des oppositions récentes à la position de Macron sur le problème de Taiwan plus généralement de la Chine.

Réouverture des écoles : le conseil scientifique en complète contradiction avec la position du chef de l’État

Réouverture des écoles : le conseil scientifique en complète contradiction avec la position du chef de l’État 

 

 

On sait que le conseil scientifique constitué pour une grande part de chapeaux à plumes est surtout une institution instrumentalisée par le gouvernement pour justifier sa politique. Ainsi ce conseil scientifique a-t-il dans une note du 20 avril fortement déconseillé la réouverture des écoles et autres lycées avant le 1er septembre. Or le gouvernement s’appuie sur ce conseil scientifique pour donner une légitimité à la reprise des cours  en mai.

Aujourd’hui le conseil scientifique acte la décision du gouvernement et mange son chapeau. Mais dans une note  , qui n’avait donc pas été rendu public jusqu’ici, le conseil scientifique constate que « le risque de transmission est important dans les lieux de regroupement massif que sont les écoles et les universités, avec des mesures barrière particulièrement difficiles à mettre en œuvre chez les plus jeunes ». Et « propose de maintenir les crèches, les écoles, les collèges, les lycées et les universités fermés jusqu’au mois de septembre ».

En complète contradiction avec la position du chef de l’État qui, le 13 avril, avait surpris tout le monde en annonçant la réouverture des établissements. Le conseil scientifique avait été installé par Macron lui-même, le 12 mars, pour servir de support scientifique à la décision politique. Ce jour-là, le chef de l’État avait annoncé la fermeture des établissements scolaires, suivant les recommandations, précisément, dudit conseil.




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