Emeutes des quartiers: « L’intégration, ce n’est pas seulement le travail ou la sécurité, c’est aussi et d’abord la langue et les principes communs »
Parce que les échecs de l’intégration alimentent le vote xénophobe, les partis de gauche doivent avoir un discours clair et convaincant sur la question migratoire, notamment conditionner le permis de séjour long à l’apprentissage du français, affirme le premier adjoint de la maire socialiste de Nantes, Bassem Asseh, dans une tribune au « Monde ».
Le 27 juin, Nahel M. est tué par le tir d’un policier. Des violences urbaines éclatent. Les grilles d’analyse culturalistes, parfois racialistes, s’activent. Le Rassemblement national (RN) voit dans ces émeutes une confirmation de sa position anti-immigration. Des figures du parti Les Républicains réagissent en radicalisant leur discours sur la question migratoire. Les uns et les autres profitent de la situation en confondant à dessein casseurs et immigrés – immigrés étant, au passage, amalgamés avec descendants d’immigrés. Ils cherchent ainsi à consolider le poids de la question migratoire dans le débat public.
Dans un tel contexte, il est nécessaire que la gauche ait un discours clair et convaincant sur la question migratoire. Or, à de rares exceptions près, la gauche est mal à l’aise avec celle-ci. Au point que, même quand elle veut en dire du bien, elle se prend les pieds dans le tapis. Carole Delga [Parti socialiste] en a fait les frais, débuts juin, lorsqu’elle a illustré, par le cas de Kylian Mbappé, fils d’immigré, le fameux adage selon lequel « l’immigration est une chance pour la France ».
Et, pourtant, l’immigration n’est ni un bien en soi ni un mal en soi. C’est un fait humain et politique avec des difficultés et des solutions, des succès et des échecs. Et face à un tel phénomène, les partis de gauche doivent être capables de tenir un discours articulé et de proposer des politiques publiques sur l’immigration, mais aussi sur l’intégration. Sauver les migrants qui risquent la noyade en Méditerranée est une étape cruciale que personne ne peut esquiver. Accueillir ici selon des règles de droit claires et dignes. Renvoyer quiconque doit être renvoyé selon, là aussi, des règles claires et dignes démocratiquement validées. Mais aussi, surtout, intégrer ceux qui sont amenés à rester ici.
Et l’intégration, ce n’est pas seulement le travail ou la sécurité ou je ne sais quel autre thème d’actualité. L’intégration, c’est aussi, d’abord même, la langue commune et les principes communs (liberté de conscience, de pensée et d’expression, égalité entre citoyens et plus particulièrement entre femmes et hommes, respect de la loi, etc.). La langue et les principes communs sont la base de tout le reste de l’édifice social (emploi, accès au droit, cohésion sociale, participation à la solidarité nationale, etc.).
Nous sommes nombreux à avoir immigré et à nous être intégrés. Ce n’est pas facile tous les jours. C’est plus difficile pour certains .