Chine : colosse aux pieds d’argile ?
La résilience du Parti communiste chinois tient à sa capacité d’adaptation, constate la sinologue Chloé Froissart dans le Monde.
Le Parti communiste chinois (PCC) va fêter ses 100 ans le 1er juillet 2021. Il est au pouvoir depuis soixante-douze ans, moins que les soixante-quatorze ans durant lesquels le Parti communiste d’Union soviétique (PCUS) a dirigé l’URSS. Peut-on dire qu’il se porte bien ?
Les sondages d’opinion, avec le biais qu’ils comportent en Chine, montrent que le PCC jouit d’un fort soutien au sein de la population. Même la crise due au Covid-19 n’a pas eu l’« effet Tchernobyl » attendu. Depuis son accession au pouvoir en 2012, Xi Jinping n’a eu de cesse de renforcer l’autorité du Parti, son emprise sur l’Etat, la société et l’économie, à travers l’éradication de la société civile, l’emprisonnement des activistes, des avocats, et la création de cellules du Parti dans les entreprises, y compris les sociétés étrangères. Mais justement, cette volonté du PCC d’éradiquer tout ce qu’il ne peut pas absorber révèle plus de fragilité que de force. Son pouvoir repose sur la terreur, mais lui-même vit dans la terreur.
Quelles conséquences cela peut-il avoir pour son avenir ?
La sécurité nationale est une priorité de l’agenda politique, elle fait l’objet de cinq commissions centrales sur les onze qui existent. Toute critique est assimilée à de la dissidence, et le Parti est aujourd’hui dirigé comme une armée. Il n’y a plus aucun mécanisme de feed-back ni de procédure pour limiter les pratiques dictatoriales. La peur d’être accusé de déloyauté empêche les cadres de faire preuve d’initiative et d’innovation, voire de faire remonter des informations cruciales comme au début de la crise due au Covid-19, à Wuhan. Le Parti n’est donc pas en bonne position pour relever les défis à venir.