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Russie : un pays faible

Russie : un pays faible 

Si l’on se réfère aux données du fonds monétaire international, la Russie, économiquement demeure un pays faible. Elle n’arrive en effet qu’en 50e position dans le classement du PIB( richesse nationale) par habitant. (En valeur absolue la Russie ne se situe même pas dans les 10 premiers)

 

Données du Fonds monétaire international, 2017

Rang

Pays ou territoire

PIB par habitant (en dollars internationaux)

1  Qatar 124 927
2  Macao 114 430
3  Luxembourg 109 192
4  Singapour 90 531
5  Brunei 76 743
6  Irlande 72 632
7  Norvège 70 590
8  Koweït 69 669
9  Émirats arabes unis 68 245
10  Suisse 61 360
11  Hong Kong 61 016
12  Saint-Marin 60 359
13  États-Unis 59 495
14  Arabie saoudite 55 263
15  Pays-Bas 53 582
16  Islande 52 150
17  Bahreïn 51 846
18  Suède 51 264
19  Allemagne 50 206
20  Australie 49 882
21  Taïwan 49 827
22  Danemark 49 613
23  Autriche 49 247
24  Canada 48 141
25  Belgique 46 301
26  Oman 45 464
27  Finlande 44 050
28  Royaume-Uni 43 620
29  France 43 551
30  Japon 42 659
31  Malte 42 532
-  Union européenne 40 8912
32  Corée du Sud 39 387
33  Nouvelle-Zélande 38 502
34  Espagne 38 171
35  Italie 37 970
36  Porto Rico 37 895
37  Chypre 36 557
38  Israël 36 250
39  République tchèque 35 223
40  Guinée équatoriale 34 865
41  Slovénie 34 064
42  Slovaquie 32 895
43  Lituanie 31 935
44  Estonie 31 473
45  Trinité-et-Tobago 31 154
46  Portugal 30 258
47  Pologne 29 251
48  Hongrie 28 910
49  Malaisie 28 871
50  Russie 28 712

Crise Ukraine-Russie : les scénarios (Anna Colin-Lebedev, experte)

Crise Ukraine-Russie : les scénarios (Anna Colin-Lebedev, experte)

Anna Colin-Lebedev, chercheuse à l’université Paris-Nanterre, spécialiste de la Russie post-soviétique explique les enjeux du conflit (sur France Info).

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Quels sont les intérêts de Poutine en Ukraine ?

 

Anna Colin-Lebedev : L’Ukraine est un voisin important pour la Russie, mais il y a une focalisation disproportionnée de Vladimir Poutine sur l’Ukraine. Poutine voit au-delà de la Russie et veut se placer au centre d’un « monde russe ». Un monde russe sans Ukraine ne fonctionne pas véritablement. Par ailleurs, il ressent un sentiment d’injustice de voir l’Ukraine, son voisin le plus important, se détourner de la Russie et se tourner vers l’Occident.

 

L’Ukraine est-elle une création des communistes à Moscou, comme l’affirme Vladimir Poutine ?

Vladimir Poutine construit un récit historique très particulier. Son objectif n’est pas d’être juste dans son analyse, mais de justifier son intervention en Ukraine. Les historiens sont presque désemparés devant ces déclarations, tant chaque phrase peut être contestée. Par exemple, il néglige complètement le sentiment d’appartenance à une nation ukrainienne, qui est présent chez les intellectuels et la population de ce pays dès le XIXe siècle.

Lors de sa déclaration sur la reconnaissance des républiques populaires, lundi, Vladimir Poutine a fait un cours d’histoire pendant une heure. Pour Poutine, l’Ukraine n’existe pas, c’est une nation artificielle.

 

Quelle légitimité a la Russie sur les territoires séparatistes ?

Lorsque les républiques séparatistes s’autodéclarent en 2014, les habitants souhaitent un rattachement à la Russie comparable à la Crimée. Ce rattachement ne viendra pas. L’autonomie des Républiques n’a été reconnue que huit ans après leur création par la Russie.

Les gouvernants de ces territoires se déclarent prorusses, mais il est impossible de savoir quelle est l’attitude des populations vis-à-vis de la Russie. Pour la plupart aujourd’hui, ce qui semble central, c’est éviter une guerre et assurer leur survie.

 

A-t-on la preuve formelle de l’entrée de l’armée russe en Ukraine ?

Pour l’instant, l’élément le plus solide que nous ayons, c’est la déclaration du président américain, Joe Biden. Nous avons aussi quelques images, mais rien de très tangible. Cependant, la décision de faire rentrer des forces russes sur le territoire ukrainien a été prise. On est quasiment certain que l’armée russe sera dans les territoires séparatistes. Ira-t-elle plus loin dans les territoires contrôlés par Kiev ? Telle est la question.

 

La mobilisation des réservistes ukrainiens ne risque-t-elle pas d’exacerber les tensions ?

L’armée russe présente aux frontières de l’Ukraine est lourdement équipée et représente une force de combat considérable. Cependant, il ne s’agit pas juste d’occuper un territoire, mais d’installer le contrôle. L’armée russe sera confrontée non seulement aux forces armées ukrainiennes, mais aussi à des civils prêts à combattre.

Les réservistes sont des civils qui se sont entraînés et sont prêts à prendre la défense de leur pays. Ils ne disposent pas de la même puissance armée mais si Poutine envisageait une invasion massive de l’Ukraine, ils représenteraient un énorme problème pour lui.

 

Une invasion de l’Ukraine par la Russie peut-elle aboutir à une guerre générale en Europe ?

A ce jour, nous sommes loin de cette hypothèse. Une fois de plus parce qu’aucun Etat occidental n’a l’obligation de défendre l’Ukraine. Le projet européen notamment s’est construit autour d’une recherche de la paix et l’idée qu’une nouvelle guerre en Europe ne doit pas intervenir. Sauf engrenage vraiment très lourd, c’est surtout l’Ukraine qui va payer le prix d’une attaque russe.

 

Quelles pourraient être les conséquences de cette crise pour la France ?

Nous pouvons anticiper des répercussions économiques, notamment si l’approvisionnement en gaz russe est remis en question par des sanctions. Mais les conséquences seront aussi politiques. La France est membre de l’UE, si la Russie agresse militairement l’Ukraine, nous aurons une guerre aux frontières de l’Union européenne. Si la guerre s’étend à nos pays partenaires, dans le cadre de l’UE ou de l’Otan, la France devra intervenir.

 

Pourquoi est-ce si important pour les Etats-Unis de protéger l’Ukraine d’une invasion ?

En réalité, l’Ukraine était un sujet assez marginal de la politique extérieure américaine. Depuis le départ catastrophique des Américains d’Afghanistan, les Etats-Unis ne sont pas prêts à s’engager dans un nouveau conflit armé. La Russie est venue chercher les Etats-Unis sur le terrain de l’Ukraine. Ne pas y répondre, c’est nier les valeurs que les Etats-Unis affirment soutenir et montrer un signe de faiblesse.

 

 Pensez-vous que les sanctions financières vont vraiment intimider Vladimir Poutine ?

Les sanctions ont rarement un effet immédiat. En l’occurrence, le risque de nouvelles sanctions pèse sur la Russie depuis un moment. Le pouvoir a donc eu le temps d’en anticiper les conséquences. Pourquoi dans ce cas-là introduire des sanctions ? On pense que leur effet à moyen terme sur les sociétés pourrait décourager les actions les plus belliqueuses.

Par ailleurs, les sanctions financières ne sont pas des amendes, c’est plutôt des bâtons dans les roues de certains acteurs politiques et économiques russes. La Russie peut contourner un certain nombre de ces sanctions. Par exemple, si une personnalité proche du pouvoir voit sa fortune placée à l’étranger gelée, elle pourra passer par des sociétés écrans ou des prête-noms à l’étranger.

 

Quel est le ressenti de la population russe vis-à vis de la politique extérieure de Vladimir Poutine ?

Nous sommes loin aujourd’hui de l’euphorie de l’annexion de la Crimée en 2014. La population russe ne souhaite pas de guerre. Elle est davantage préoccupée par la baisse des revenus, le niveau des prix, par les autres problèmes intérieurs du pays. Le Kremlin devra mettre en scène quelque chose de vraiment frappant s’il souhaite avoir la population derrière lui.

Quelque chose de vraiment frappant comme une attaque choquante dont les victimes seraient civils. En 2014, le pouvoir avait réussi à convaincre la population russe que des néonazis étaient au pouvoir à Kiev et planifiaient des attaques de masse contre les russophones. A l’époque, cette propagande avait plutôt bien marché.

 

Peut-on prédire avec certitude les futures actions de la Russie ?

La Russie est un interlocuteur dont on a du mal à anticiper les futures actions, la stratégie. L’annexion de la Crimée en 2014 avait surpris tous les experts de la zone. Aujourd’hui, nous ne sommes pas à l’abri d’une nouvelle action surprenante. Cependant, la différence avec 2014, c’est que les partenaires de la Russie se préparent également au pire. Alors que nous pensions à l’époque qu’une annexion et une intervention armée dans un territoire voisin ne pouvaient pas arriver.

 




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