Amendes Transporteurs de colis : l’Autorité de la concurrence n’a rien compris
De toute évidence l’autorité de la concurrence ne comprend pas grand-chose à l’économie du transport. En infligeant une très lourde amende aux transporteurs de colis, l’autorité de la concurrence a démontré s’il en était besoin que le fonctionnement de l’économie des transports est ignoré par nombre d’experts et par les régulateurs. Ce n’est pas la première fois que le secteur doit supporter une sanction de la part des autorités en charge de la concurrence. Lors de la précédente sanction le secteur était florissant et nombre d’entreprises françaises dominaient le marché. Depuis, leur environnement a beaucoup changé puisque la plupart des grands opérateurs français ont disparu ou ont été absorbés par des grands groupes étrangers. En cause, une concurrence exacerbée qui a fait chuter de manière dramatique le taux de rentabilité. Pour preuve des les entreprises comme le Sernam, Mory, d’autres qui ont disparu du paysage. Environ 20 000 emplois se sont volatilisés dans la messagerie express. Rares sont les secteurs économiques qui présentent un aussi faible taux de rentabilité. De ce point de vue la comparaison avec par exemple le secteur des télécoms est complètement ridicule. Le secteur des télécoms conjugue à la fois croissance des activités et un taux de rentabilité financière à deux chiffres tandis que le secteur du transport des colis dégage une rentabilité financière entre 1 et 3 %. Du coup les grands opérateurs du transport de colis non d’autres solutions que de sous-traiter la partie terminale à des artisans le plus souvent sous-payés. D’une certaine manière on peut dire que la concurrence exacerbée dans le secteur du transport visé où opère des milliers d’intervenants (aujourd’hui tout le monde fait de la messagerie et de l’express y compris les transporteurs classiques) à tué bon nombre d’entreprises françaises. Leur infliger une amende dans ces conditions relève de l’irresponsabilité totale de la part de régulateurs sans doute plus apte à comprendre le fonctionnement juridique d’un État qu’a appréhender les conditions d’exercice d’une profession économique largement fragilisée par la baisse des prix des prestations. L’Aurorité de la concurrence a donc annoncé mardi 15 décembre avoir infligé deux amendes pour entente sur les prix, d’une valeur totale de 672,3 millions d’euros, à 20 entreprises du secteur du transport de colis ainsi qu’au syndicat professionnel TLF. Il s’agit de la deuxième sanction la plus importante infligée par le gendarme de la concurrence depuis l’an 2000. Ces organisations du secteur de la messagerie ont été condamnées d’une part à 670,9 millions d’euros pour des « concertations répétées entre concurrents sur des hausses tarifaires annuelles » entre 2004 et 2010. Parmi les entreprises concernées figurent Geodis, la plus lourdement sanctionnée avec 196 millions d’euros d’amende, Chronopost (filiale de La Poste) avec 99 millions, DHL Express France (81 millions), TNT Express France (58 millions), et GLS (55 millions d’euros). Le syndicat professionnel TLF a pour sa part été condamné à 30.000 euros d’amende notamment pour avoir « participé activement tant à l’organisation des échanges illicites qu’à la protection de leur confidentialité ». »Longtemps, les grandes entreprises ont pensé qu’elles étaient intouchables. Et le profit lié à une entente sur les prix était supérieur aux amendes, décrypte Bruno Lasserre, président de l’Autorité de la Concurrence. La lourde condamnation du cartel des mobiles en 2005 [Orange, SFR et Bouygues pour 534 millions d’euros] et la plus grande sévérité des sanctions ont modifié les comportements.