Archive pour le Tag '« Colère'

Résultats Législatives: un vote de colère

Résultats Législatives: un vote de colère

 

« Le RN est le parti qui dispose de la base électorale la plus solide et la plus complète« . Selon Stéphane Zumsteeg d’IPSOS, le parti de Jordan Bardella est le « seul à ne pas avoir subi de désamour des Français« . Il le décrit comme « le parti le plus attrape-tout de la classe politique. Il n’y a plus de ligne de faiblesse par sexe, par classe d’âge et même par profession » au sein de cet électorat, assure le sondeur. Pour lui, le vote du RN est « un vote de colère, d’incompréhension de la classe politique, et en partie, peut-être, un vote d’aigreur.

 

C’est une France en colère, ce sont des gens qui ont l’impression de faire partie des classes sociales défavorisées, des gens qui ont du mal à boucler leurs fins de mois« , ajoute-t-il.

Hervé Le Bras estime lui qu’il y a « un côté démocratique » dans le vote pour le RN « qu’il ne faut pas négliger. C’est très difficile de dire quel est le ressort du vote RN. » On mettait souvent en avant la colère, mais là, « une des raisons profondes de ce vote est démocratique. Ce sont des Français, ils le disent souvent, qui ont le sentiment de ne pas être écoutés. »

Législatives: un vote de colère

Législatives: un vote de colère

 

« Le RN est le parti qui dispose de la base électorale la plus solide et la plus complète« . Selon Stéphane Zumsteeg d’IPSOS, le parti de Jordan Bardella est le « seul à ne pas avoir subi de désamour des Français« . Il le décrit comme « le parti le plus attrape-tout de la classe politique. Il n’y a plus de ligne de faiblesse par sexe, par classe d’âge et même par profession » au sein de cet électorat, assure le sondeur. Pour lui, le vote du RN est « un vote de colère, d’incompréhension de la classe politique, et en partie, peut-être, un vote d’aigreur.

 

C’est une France en colère, ce sont des gens qui ont l’impression de faire partie des classes sociales défavorisées, des gens qui ont du mal à boucler leurs fins de mois« , ajoute-t-il.

Hervé Le Bras estime lui qu’il y a « un côté démocratique » dans le vote pour le RN « qu’il ne faut pas négliger. C’est très difficile de dire quel est le ressort du vote RN. » On mettait souvent en avant la colère, mais là, « une des raisons profondes de ce vote est démocratique. Ce sont des Français, ils le disent souvent, qui ont le sentiment de ne pas être écoutés. »

Macron : En colère suite à son initiative « d’ampleur » ratée

Macron : En colère suite à son initiative « d’ampleur » ratée

par Par Cécile Cornudet dans « les Echos »

L’initiative politique d’ampleur annoncé par Macron qui doit se tenir à Saint-Denis finit en eau de boudin.Du coup lundi le chef de l’État a fait part de sa colère à la fois vis-à-vis du parti des « républicains » et du parti socialiste. La pseudo grande initiative annoncée par le chef de l’État va donc se réduire essentiellement à une confrontation entre les macronistes et le « front national ». Ce n’était pas vraiment l’objectif de départ !

Après LFI, ce sont le PS puis Les Républicains qui déclinent l’invitation de vendredi. Dire non à Macron pour paraître un opposant résolu. Je suis toujours à gauche, tente de signifier le parti d’Olivier Faure, malgré ses prises de distances avec Jean-Luc Mélenchon. Je suis toujours à droite, signifie en écho celui d’Eric Ciotti, alors que la droite sénatoriale vient d’approuver le projet de loi immigration. Qui est pris peut aussi prendre, tentent les deux anciens partis de gouvernement. Mais est-ce vraiment de leur intérêt ? Rien n’est moins sûr.

Outre l’échange promis sur l’actualité internationale, tout sauf mineure en ce moment, Emmanuel Macron veut mettre sur la table un élargissement du champ du référendum aux questions de société, soit une revendication de longue date des LR qui rêvent d’une consultation sur l’immigration. Si annonce il y a, ce sera donc sans eux.

Il se dit également ouvert à un accès facilité au référendum d’initiative partagée (RIP) comme le souhaite le Parti socialiste. Là encore, si la rencontre de vendredi progresse, les socialistes ne seront pas là pour dire « c’est grâce à nous ».

Qui reste-t-il dès lors à ces « rendez-vous » d’Emmanuel Macron ? Un cénacle rétréci à Jordan Bardella (RN), Fabien Roussel (PCF), Marine Tondelier (Les Ecologistes), Hervé Marseille (Union des démocrates et indépendants) et les têtes de la majorité Stéphane Séjourné, Edouard Philippe, François Bayrou, auxquels sont associés les présidents des deux assemblées. « L’initiative politique d’ampleur », comme l’avait appelée le chef de l’Etat, est devenue riquiqui.

« Les absents ont tort », balaye l’Elysée, en espérant qu’ils changeront d’avis d’ici à vendredi. Mais les absents jettent une lumière crue sur l’initiateur des agapes. Le moment est compliqué. Le « jus » de la fin août a disparu, s’inquiète une partie de la Macronie. Au début du premier quinquennat, le président inondait ses proches d’un SMS récurrent : « Comment tu sens les choses ? ». Désormais c’est entre eux qu’ils échangent cette question : « Tu comprends ce que fait Macron ? ».

Sur le conflit Israël-Hamas (Edouard Philippe), sur son absence dans la manifestation contre l’antisémitisme, sur la suite des réformes (Bruno Le Maire), sur le devenir de la loi fin de vie (l’aile gauche), sur sa ligne en matière d’immigration, une même interrogation : où va-t-il ?

Travail« Du mépris à la colère » : Laurent Berger (CFDT)

Travail« Du mépris à la colère » : Laurent Berger (CFDT)

Dans un essai percutant, le secrétaire général de la CFDT – qui quittera ses fonctions le 21 juin – explique que le travail constitue un « impensé politique » pour les partis. Comme l’a illustré la mobilisation contre la réforme des retraites. (d’après un papier du Monde)

Avant de quitter le poste de secrétaire général de sa confédération, le 21 juin, Laurent Berger a préféré parler de ce qui est au fondement de son engagement : le travail. Il s’agit d’un sujet « extraordinairement maltraité », alors qu’il occupe une « place centrale » dans la vie de millions de femmes et d’hommes, écrit le responsable cédétiste dans son essai percutant, Du mépris à la colère, parsemé d’annotations personnelles sur ses expériences de militant et son milieu familial, qui lui a légué la « fierté ouvrière ».

Il estime que le long conflit déclenché par la réforme des retraites est une illustration éclatante de son propos. Si des centaines de milliers de personnes – parfois plus d’un million – ont manifesté contre le recul de l’âge légal de départ de 62 ans à 64 ans, c’est parce qu’elles se sont senties « humiliées ».

Beaucoup de salariés demandaient de la « reconnaissance », pas seulement sur leur fiche de paie, après l’épidémie de Covid-19, durant laquelle ils avaient porté l’économie à bout de bras, soigné les malades ou permis à la population de se nourrir. Mais leur « espoir s’est éteint » : pour eux, « rien n’a changé ou si peu », selon Laurent Berger. Pire même, le pouvoir en place leur a dit, « comme en guise de remerciement », qu’il faudrait rester en activité deux années de plus.

Sortir de cette situation de déni
Cette mesure ne pouvait que provoquer de « la colère », car elle frappe « très exactement la catégorie des travailleurs de première et deuxième lignes, qui se sent déjà invisibilisée et méprisée ». Laurent Berger dénonce Emmanuel Macron, dont « la logique libérale (…) s’est durcie », et « l’action » du gouvernement, qui « s’est droitisée ». Mais ce qui se révèle tout aussi grave à ses yeux, c’est l’impact électoral de l’obstination affichée par l’exécutif : en s’arc-boutant sur une loi impopulaire, « bricolée » et « confuse », celui-ci alimente « une défiance dangereuse vis-à-vis de notre système démocratique », avec le risque d’ouvrir à Marine Le Pen un boulevard vers l’Elysée en 2027.

Colère–Au-delà des retraites, une opposition aussi l’égard des institutions et du régime

Colère–Au-delà des retraites, une opposition aussi l’égard des institutions et du régime


L’adhésion des citoyens étant une condition nécessaire du bon fonctionnement de la démocratie, le juriste Mathieu Stoclet propose, dans une tribune au « Monde », la mise en place d’une convention citoyenne sur les institutions – une manière, selon lui, de refonder le pacte social.

Le processus législatif qui a conduit à l’adoption de la loi du 14 avril 2023 réformant les retraites a donné lieu à de très nombreuses et parfois violentes critiques. Toutefois, comme l’a jugé le Conseil constitutionnel, le texte a été adopté et promulgué dans le respect des conditions prévues par la Constitution. Si l’on peut s’interroger sur la parfaite conformité de ce processus à l’esprit des textes, il apparaît conforme à leur lettre.

A cet égard, les critiques adressées au Conseil constitutionnel sont infondées. Il faut rappeler qu’il n’avait, initialement, que des prérogatives limitées. Il a progressivement, grâce notamment à la qualité de ses décisions, assis son autorité. Mais il est louable qu’il n’ait pas voulu, en censurant la procédure législative, se reconnaître un pouvoir qui ne lui a pas été reconnu par le constituant. Il ne dispose pas, comme les Cours suprêmes des pays de common law, d’un pouvoir de création de la norme. Il a pour mission de contrôler la conformité de textes à une Constitution écrite. Il dispose bien évidemment, dans le cadre de cette mission, de la marge de manœuvre que lui confèrent des textes tels que la Déclaration de 1789. Mais son pouvoir demeure encadré par la Constitution.

On se bornera à relever que, à rebours de ce qui est parfois soutenu, le recours à la procédure prévue par l’article 49.3 de la Constitution interdit de considérer que le texte a été voté par l’Assemblée nationale : en raison de la motion de censure déposée, les députés ne se sont pas prononcés uniquement en fonction des effets et enjeux de la loi. Ils ont nécessairement considéré les résultats, difficiles à anticiper, que de nouvelles élections étaient susceptibles de produire sur la composition de l’Assemblée nationale.

Toutefois, le nombre et la violence des réactions qui se sont exprimées incitent à ne pas se contenter de ces conclusions. Les réactions à l’adoption de cette réforme portent, en effet, en germe une défiance à l’égard des institutions qui ont pris part à ce processus. Or, ce constat n’est pas neutre. On ne peut compter sur le fait que les citoyens oublieront leurs griefs. Bien souvent, la colère ne disparaît pas totalement et ressurgit à une autre occasion, d’autant plus violemment qu’elle n’aura pas été entendue. Elle peut, notamment, s’exprimer au travers d’un vote protestataire.

Colère retraites « La détermination va grandissant »

Colère retraites « La détermination va grandissant » (CGC)


Les grands médias au service des financiers insistent lourdement sur la légère baisse de participation de la journée de manifestations hier. Mais le leader de l’organisation des cadres CGC relativise et rectifie sur France Info. »Si l’on compare, on est sur des chiffres un peu en-dessous, mais sur la séquence des onze manifestations, on est dans la moyenne », a commenté François Hommeril, président confédéral de la CFE-CGC, après la 11ème journée de mobilisation contre la réforme des retraites.

« La volonté, l’engagement, l’enthousiasme des gens qui viennent manifester, non seulement est intact, mais » cela « va plutôt grandissant au fur et à mesure du développement des manifestations. Il faut le prendre en compte », a souligné jeudi 6 avril sur franceinfo François Hommeril, président confédéral de la CFE-CGC, après la 11ème journée de manifestations contre la réforme des retraites et alors que les syndicats ont déjà donné rendez-vous pour une nouvelle mobilisation le 13 avril. Près de deux millions de personnes ont manifesté jeudi partout en France, selon les syndicats, 570 000 selon le ministère de l’Intérieur, une mobilisation en baisse par rapport au 28 mars.

Il y a « assez peu » de résignation des Français, estime François Hommeril. « Si l’on compare, on est sur des chiffres un peu en-dessous, mais sur la séquence des onze manifestations, on est dans la moyenne. » Il rappelle que le 7 mars et le 23 mars, « il y a eu bien plus de personnes », c’était « juste après une intervention du chef de l’Etat ». Il s’interroge sur un « lien de cause à effet ». « Il faudrait peut-être, pour pouvoir vérifier ce point-là, demander à Emmanuel Macron d’intervenir le 12 avril. Peut-être que, du coup, le 13 avril, il y aura 3 millions de personnes dans la rue », ironise François Hommeril.

Sur la suite du mouvement et l’avenir de la réforme, le patron de la CFE-CGC assure vivre « d’espérance ». « J’ai eu l’espoir jusqu’au dernier moment que le gouvernement aurait la sagesse de retirer son projet, que le président de la République, tout d’un coup, serait d’une grandeur d’homme d’État et qu’il considèrerait, comme je pense beaucoup d’autres à sa place auraient fait, que la meilleure des solutions était de retirer le projet et de repartir sur des bonnes bases. » Cette espérance « a été un peu déçue », reconnaît le syndicaliste. Mais il met ses « mêmes espérances » dans la « sagesse » du Conseil constitutionnel qui doit rendre sa décision sur la réforme des retraites le 14 avril.

« Je pense que le Conseil constitutionnel va censurer la loi pour une partie importante. J’espère même qu’il le fera sur la totalité, même si c’est assez peu probable. »

« On a gagné la bataille de l’opinion, on a gagné la bataille de l’argumentation », ajoute François Hommeril. « Si sur le plan juridique le Conseil constitutionnel nous suivait, on pourrait considérer que c’est une victoire supplémentaire. Mais on n’a pas encore définitivement gagné, parce que la loi n’est pas encore retirée. Ce qu’on souhaite. »

Social une colère générale

Social: une colère générale

Rarement le climat social en France aura été aussi détestable. Témoin le sondage au Doxa qui montre qu’environ 80 % de la population condamnent la politique économique et sociale du gouvernement. Le géographe Achille Warnant et le sociologue Hugo Touzet tentent d’éclairer sur les facteurs explicatifs d’un climat social très détérioré partout (interview France Info).

Depuis la première mobilisation du 19 janvier dernier, les médias relèvent la forte mobilisation dans les « petites » et « moyennes » villes de France. Est-ce inédit ?

Achille Warnant : Les mobilisations sont extrêmement importantes dans les villes petites et moyennes, comme dans le reste de la France, mais ce n’est pas nouveau. En 1995, il y avait déjà eu de très grandes mobilisations, y compris dans ces territoires. On a une tradition de mobilisation sociale dans ces villes-là et la thématique des retraites rassemble assez largement.

Un exemple à Montluçon (Allier), ville avec une tradition de mobilisation sociale liée à son histoire politique : en moyenne 4 à 5 000 manifestants, c’est vraiment important par rapport à la taille de la ville (environ 35 000 habitants). En même temps, la mobilisation est certes plus importante qu’en 2019 ou 2010, mais moins qu’en 1995, où on comptait plutôt entre 5 et 10 000 manifestants, selon les estimations.

Hugo Touzet : Pour moi, on retrouve beaucoup de monde dans les petites et moyennes villes parce qu’il y a énormément de monde partout en général. Lors de la deuxième mobilisation, par exemple, on avait 14 500 personnes à Rodez (Aveyron) et 5 000 à Vierzon (Cher). Les syndicats ont joué sur ce symbole en faisant défiler leurs leaders à Albi lors de la cinquième journée, avec 55 000 manifestants [selon les syndicats, 10 000 selon la police], pour une ville qui compte 49 000 habitants. Leur objectif était de montrer qu’il ne s’agit pas d’un mouvement des grosses agglomérations.

Avec le collectif Quantité critique, on a mené un sondage avec un échantillon représentatif de 4 000 personnes. On a un taux d’opposition à la réforme de 63% en moyenne (69% chez les actifs), à peu près équivalent quelle que soit la taille des communes. Il y a deux exceptions : les communes rurales, où le taux d’opposition est un peu supérieur, et l’agglomération parisienne, où il est un peu inférieur.

Quelles sont les catégories de populations présentes dans les cortèges de cette « France des sous-préfectures » ?

Hugo Touzet : L’ensemble de la population est mobilisé, même s’il y a une surreprésentation des ouvriers et des employés, avec des taux d’opposition de plus de 70%, selon notre sondage. Chez les cadres, on est autour de 60%. Chez les chômeurs, c’est plutôt 75%. Or, les taux de chômage importants se retrouvent davantage dans les petites villes que dans les grandes agglomérations.

Pour la pénibilité, on a construit un indicateur en demandant aux sondés de qualifier leur travail, avec plusieurs facteurs (métier stressant, dangereux, répétitif, fatigant…). Les personnes qui cochent toutes les cases sont plus opposées à la réforme que les autres, à plus de 80%. Or ces boulots-là, on les retrouve notamment dans l’agriculture, davantage présente dans les petites villes. A l’inverse, dans l’agglomération parisienne, le taux de cadres est plus important qu’ailleurs.

Achille Warnant : Il serait aussi intéressant de regarder les effets régionaux. Quand on regarde les cartes, cela semble relativement homogène, mais il y a quand même des trous dans la raquette dans l’est de la France. Il y a de grosses inégalités entre les villes, liées à la composition sociale et à la sociologie.

A l’inverse, dans des villes moyennes qui vont mieux [grâce à un meilleur niveau de revenus], comme Colmar (Haut-Rhin), les mobilisations se limitent à quelques centaines de personnes, pour une ville d’environ 68 000 habitants. Il faut aussi considérer l’histoire politique. Le Grand-Est est une région plus marquée à droite, ce qui peut être un élément d’explication.

Hugo Touzet : Il y a aussi des enjeux par rapport à l’âge et le niveau de vie. Les 65 ans et plus sont par exemple favorables à 43% à la réforme et opposés à 44% (13% ne se prononcent pas), selon notre sondage. Chez les personnes qui gagnent plus de 4 000 euros par mois, c’est équilibré, avec 51% qui soutiennent la réforme et 42% qui sont opposés. On peut donc imaginer que certaines régions où le niveau de vie est supérieur se mobilisent moins. Dans notre étude, on voit une surreprésentation de l’opposition à la réforme en Nouvelle-Aquitaine et en Centre-Val-de-Loire. Mais, au bout du compte, il faut toujours rappeler qu’il y a quand même un large consensus d’opposition dans l’ensemble des catégories et des territoires.

Dans cette « France périphérique », l’importance du secteur public joue-t-il un rôle sur les niveaux de mobilisation ?

Achille Warnant : Effectivement, un certain nombre de villes préfectures, plus que de sous-préfectures, ont un taux d’emploi public très important par rapport à la moyenne. Je pense à Nevers ou Mende (Lozère), avec un vivier d’emplois publics très important. Dans la fonction publique, le taux d’encadrement syndical est un petit peu plus élevé, donc cela peut jouer, d’autant que tous les syndicats sont opposés à cette réforme. Il faut aussi rappeler que dans la fonction publique, il y a eu en janvier 2022 le passage aux 1607 heures. Les fonctionnaires doivent travailler plus longtemps dans l’année et plus longtemps dans leur carrière.

Hugo Touzet : Dans le public et le privé, l’opposition est à peu près équivalente. Mais il faut distinguer opposition à la réforme et mobilisation à travers une manifestation ou une grève. La stabilité du secteur public permet peut-être un engagement plus important, surtout pour les cadres ou les professions intermédiaires. Certains secteurs sont particulièrement concernés : l’éducation, la recherche, la culture, la santé. Dans une préfecture avec un hôpital ou un lycée, les populations sont plus à même de se mobiliser.

« Il faut avoir en tête que se mobiliser contre une loi représente aussi un coût économique, symbolique et de rapport à l’employeur. »

Iran- Abolition de la police des mœurs : Trop tard pour arrêter la colère

Iran- Abolition de la police des mœurs : Trop tard pour arrêter la colère

Après près de trois mois de contestation, l’Iran a annoncé l’abolition de la police des mœurs à l’origine de l’arrestation suivie de la mort de la jeune Mahsa Amini, l’accusant de ne pas respecter le code vestimentaire strict en République islamique, qui impose aux femmes le port du voile en public. « La police des mœurs (…) a été abolie par ceux qui l’ont créée », a indiqué samedi 3 décembre le procureur général Mohammad Jafar Montazeri, cité par l’agence de presse Isna dimanche. « Ce sont des gages que le régime tente de donner afin de calmer la colère populaire », estime dimanche sur franceinfo Azadeh Kian, sociologue spécialiste de l’Iran et directrice du département de sciences sociales et du Centre d’enseignement, de documentation et de recherche pour les études féministes (Cedref) à l’Université de Paris. Mais ce « geste » envers les manifestants arrive « trop tard », selon la sociologue.

Est-ce que cette annonce du procureur général iranien vous semble être un tournant dans la contestation ?
Azadeh Kian : Les discussions sur l’abolition de la police des mœurs ne datent pas d’aujourd’hui et c’était discuté depuis de nombreuses semaines. La police des mœurs dépend du ministère de l’Intérieur et donc, depuis plusieurs semaines, les policiers étaient là à regarder les femmes sans voile ou « mal voilées » qui passaient devant eux, sans intervenir. Ce sont des gages que le régime tente de donner aux manifestants et manifestantes afin de calmer la colère populaire. Mais d’une part, je pense que c’est déjà trop tard et d’autre part, n’oublions pas que le judiciaire qui a arrêté 18 000 manifestants est en train de donner des peines de mort. Plusieurs manifestants sont en effet condamnés à la peine capitale. Hier, quatre personnes ont été exécutées. Donc il n’y a pas de changement réel dans la politique du régime.

Vous dites que ce « geste » du pouvoir iranien a été fait dans l’espoir d’éteindre la contestation ?
Tout à fait, parce que, de toute façon, ils sont devant le fait accompli. Ne pas porter le voile pour les femmes, et notamment les jeunes femmes est un acquis. On sait que dans les grandes villes et dans certains quartiers de ces grandes villes, les femmes sortent désormais sans voile. Mais les revendications des contestataires vont bien au-delà du port du voile. Aujourd’hui, on constate que des pans entiers de catégories sociales, depuis les étudiants jusqu’aux camionneurs, en passant par les ouvriers et les commerçants de bazar, se sont joints à ce mouvement.

Est-ce que c’est le premier recul d’un pouvoir qui, d’après vous, est voué à reculer encore ?
C’est un aveu de faiblesse de ce régime qui se sait très impopulaire mais en même temps incapable de répondre positivement aux revendications de la rue. Le régime tente par tous les moyens de donner des gages. Sauf que je pense que c’est absolument trop tard. C’est une société qui est très moderne, qui est très laïcisée et les revendications des contestataires ne peuvent absolument pas être satisfaites par ce régime islamique et ses ultra-conservateurs au pouvoir.

Peut-on imaginer l’abolition de la loi de 1983 sur le port du voile obligatoire ?
Pour l’instant, ils n’ont pas aboli la loi qui oblige les femmes à se voiler. Mais dans cette loi, la peine prévue est soit l’emprisonnement, soit une amende. Et c’est possible qu’il ne renforce pas la peine d’emprisonnement et qu’ils optent plutôt pour les amendes prévues dans cette loi. Mais ils sont dans l’impasse, c’est-à-dire que le port obligatoire du voile fait partie de l’idéologie politique de ce régime. Dès le départ, le voile a été rendu obligatoire. Si l’on l’enlève, c’est comme si le régime se tirait une balle dans les pieds. Et d’un autre côté, ils savent pertinemment que les Iraniennes ne vont pas continuer à respecter le voile et qu’ils ne peuvent pas continuer à les réprimer. Ils sont dans une impasse grâce à la résistance des femmes iraniennes. Et donc on va voir dans les semaines à venir quelles sont les solutions prévues par ce régime à propos du port du voile obligatoire.

Politique: colère contre les dictatures en Chine, en Iran et en Russie

Politique: colère contre les dictatures en Chine, en Iran et en Russie

Trois pays importants à régime de dictature enregistrent aujourd’hui un vent de révolte. En Iran, la contestation a commencé après que la police ait tué une femme au motif qu’elle portait mal le voile. La protestation dure depuis des semaines et s’amplifie. Il s’agit aussi indirectement de mettre en cause le régime des mollahs. Comme d’habitude, les mollahs ont choisi la violence répressive pour mettre fin au revendications et aux manifestations. On compterait environ 300 morts. En cause dans ce pays non seulement la question de la liberté mais désormais aussi la légitimité d’un régime mafieux des religieux.

En Chine, la révolte concernait au départ la question de la gestion de la pandémie Covid à la fois inefficace sur le plan sanitaire mais qui réduit encore les libertés individuelles et collectives. Du coup, c’est clairement le président chinois et le parti communiste qui sont mis en cause. En Chine c’est le parti communiste qui est tout-puissant et qui se substitue au peuple. Malheureusement les échecs du pouvoir succèdent aux échecs sur le plan de la crédibilité démocratique évidemment mais désormais aussi sur le plan sanitaire et sociétal. C’est clairement la dictature qui est en cause.

En Russie, ce sont les manifestations des mères de soldats qui contestent le pouvoir de Poutine. La protestation met en cause la légitimité et la pertinence du conflit avec l’Ukraine. Un conflit particulièrement meurtrier surtout pour la Russie qui expédie au front des jeunes à peine formés. Pour la Russie il n’y a même pas l’alibi d’un pseudo parti communiste. C’est une véritable mafia dirigée par des anciens du KGB comme Poutine qui s’est appropriée pouvoir et richesse et qui n’hésite pas à tuer, à empoisonner et à torturer les opposants. La révolte des mères de soldats résonne comme une condamnation d’un régime caractérisé par une corruption généralisée et une gestion calamiteuse du pays. Là aussi c’est le système qui est en cause.

C’est sans doute la première fois que la dictature dans ces pays est mise en cause en même temps. Il faut dire que ces régimes autoritaires sans vrai légitimité démocratique font peu de cas de la vie humaine pour protéger le système politique et la mafia des dirigeants qui en profitent.

Aujourd’hui la cocotte-minute est prête à exploser même s’il est vraisemblable que les différents pouvoirs n’hésiteront pas à utiliser la répression y compris sanglante pour faire taire les protestations.

Certes la rue n’imposera sans doute pas un renversement de régime dans chacun des pays mais on pourrait assister à des révolutions de palais avec des dirigeants qui intègrent davantage les besoins et les aspirations du peuple.

Chine: les motifs de la colère

Chine: les motifs de la colère

Par Claude Leblanc et Jérémy Bouillard dans l’Opinion

Avait-on vu venir ces manifestations ? Qu’est-ce qui a mis le feu aux poudres ?

Les manifestations telles qu’elles se déroulent aujourd’hui sont évidemment d’ampleur un peu différente de celles qu’on a déjà connues. Ce n’est pas nouveau, les Chinois manifestent régulièrement. Concernant la Covid, il y a déjà eu des manifestations, parfois violentes ces dernières semaines et ces derniers mois contre les différentes mesures de confinement très strictes qui sont mises en place par les autorités.

Ce qui change cette fois, c’est qu’il y a quinze jours maintenant, les autorités chinoises ont annoncé un assouplissement des mesures concernant la Covid. Et parmi ces mesures annoncées, il y avait l’idée qu’on ne confinerait plus que les personnes qui avaient été directement en contact avec des personnes contaminées alors que ce qu’il se passait jusqu’à présent, c’était que l’on enfermait tout le monde à partir du moment où il y a un cas qui apparaît quelque part, dans un certain périmètre.

Et donc ça a donné lieu à des situations de confinement pour des populations assez nombreuses. Et donc du coup, le fait d’avoir annoncé ces mesures d’assouplissement, et en même temps voir que des mesures de confinement toujours aussi strictes étaient menées, ça a évidemment créé une colère.

Et parallèlement à ça, aussi, Xi Jinping a été jusqu’au début du mois de septembre un homme tout à fait strict dans sa manière d’aborder la pandémie. Il y a à peu près quinze jours, quand il y a eu cette séquence diplomatique à Bali, au moment du sommet du G20 puis de l’APEC à Bangkok, la presse chinoise, le Quotidien du peuple en premier, a publié en première page et dans toutes les pages intérieures des photos de Xi Jinping sans masque, serrant la main à tout le monde, souriant, etc.

Et évidemment, je pense que pour la population chinoise, ce changement d’attitude n’est pas non plus quelque chose de tout à fait acceptable dans la mesure où eux sont obligés de subir tout un tas de mesures contraignantes et je pense que c’est ça aussi qui a alimenté les critiques et ces manifestations qui, aujourd’hui, sont très importantes et se propagent.

Quel est le profil de ces manifestants ?
Il y a un peu de tout. Je ne suis pas en Chine proprement dit donc je vois certaines vidéos qui circulent. On a vu beaucoup de manifestations avec des jeunes, notamment à Pékin. On a vu que dans certains campus universitaires, il y avait eu des mobilisations d’étudiants. Et donc ces gens-là ont beaucoup manifesté mais en même temps, il y aussi d’autres types de vidéos qui circulent en Chine et qui sont souvent effacées par la suite, où on voit des gens beaucoup plus âgés qui manifestent autrement.C’est-à-dire qu’ils ne sont pas forcément dans la rue même si on peut en voir de temps en temps mais ils manifestent. J’ai vu notamment une vidéo réalisée à Shanghai il y a quelques jours d’un vieux monsieur dans un salon de coiffure qui était sans masque, qui s’adressait à des policiers qui, sans doute, venaient vérifier justement le fait qu’il n’y avait pas de respect du masque ou d’autre chose, leur dire tout à fait tranquillement et calmement qu’il fallait maintenant qu’ils arrêtent, qu’ils rentrent chez eux et qu’ils laissent tranquille la population. Et ce type de vidéos circulent pas mal en Chine.


Un mouvement plus important pourrait-il venir de la jeunesse ?

Tout est toujours possible. A l’instant où on parle je pense que non, même s’il y a, effectivement, de temps en temps, des slogans anti-Xi Jinping où on lui demande de démissionner, etc. Mais je ne pense pas que ce soit forcément un mouvement politique, ça peut le devenir, comme toujours. Mais ce n’est pas, à la base, un mouvement politique, c’est un mouvement social.
C’est un mouvement qui fait sans doute plus peur aux autorités chinoises même si, pour l’instant, elles ont choisi de réprimer plutôt que de chercher à nouer le dialogue ou à réagir autrement bien que des mesures d’assouplissement ont été annoncées à Pékin et à Canton par exemple. Et là, ce qui change vraiment dans cette séquence, c’est que les manifestations que l’on voit surgir un peu partout sont autour de la même problématique et elles ont lieu un peu partout en Chine.

Et c’est ça le vrai risque à vrai dire, c’est qu’il y ait une connexion qui se fasse entre les différentes villes et les différents manifestants qui peuvent éventuellement trouver des moyens de s’organiser, etc. Donc on voit notamment que les réseaux sociaux, les moyens de communication mobiles, même s’ils sont surveillés, sont utiles pour ce genre de manifestations. Et c’est là où les autorités chinoises prennent un risque, où elles peuvent, effectivement, si elles ont une réaction trop violente et qu’elles n’arrivent pas à juguler la contestation, voir les manifestations se multiplier, prendre de l’ampleur et effectivement devenir incontrôlables pour le pouvoir.

C’est un risque possible, c’est un grand pays, ce n’est pas un pays facile à gérer même si vous avez une police importante, même si vous avez des systèmes de surveillance qui sont aussi importants avec les caméras vidéo et autres, ce n’est pas facile.

Crise carburant- Les Français en colère mais partagés

SONDAGE Crise carburant- Les Français en colère mais partagés

D’après le sondage Elabe les Français mécontents du gouvernement concernant la crise du carburant à hauteur de près de 80 % des sondés. Cependant ils sont assez partagés quant aux responsabilités réciproques des salariés du secteur pétrolier et des responsables patronaux.

Les Français comprennent évidemment les réactions des salariés qui souhaitent voir évoluer leur pouvoir d’achat face à une inflation qui affecte tout le monde. Dans le même temps, ils sont aussi assez mécontent des difficultés de ravitaillement en carburant . Face à cette situation, 79% des sondés considèrent qu’Emmanuel Macron et le gouvernement ne sont pas à la hauteur.

21% des Français interrogés déclarent qu’il leur est impossible de trouver de l’essence et 43% qu’ils ont du mal mais arrivent à en trouver. Sur le territoire, ce sont les habitants du quart nord-est (80% sont dans l’impossibilité ou ont des difficultés pour trouver de l’essence) et du Sud-Est (70%) qui sont les plus touchés.

Quant au conflit qui oppose actuellement les salariés des groupes pétroliers et leur direction sur la question des salaires, la mobilisation n’est que moyennement soutenue au niveau national. En effet, 42% des Français approuvent le mouvement de grève, tandis que 40% désapprouvent.

Ce taux de soutien est inférieur à la plupart des autres mobilisations catégorielles mesurées ces dernières années. Par exemple, le mouvement de protestation du personnel des urgences était soutenu à 88% en 2019.

Par conséquent, face aux pénuries dans un certain nombre de stations-essence, 51% des Français estiment que le gouvernement doit réquisitionner les salariés en grève pour assurer l’approvisionnement des stations-essence. À l’inverse, 48% des personnes interrogées considèrent qu’il ne doit pas réquisitionner les salariés en grève, et qu’il faut respecter le droit de grève.
Sondagé réalisé à partir d’un échantillon de 1000 personnes représentatif des résidents de France métropolitaine âgés de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée selon la méthode des quotas appliquée aux variables suivantes : sexe, âge et profession de l’interviewé après stratification par région et catégorie d’agglomération. Interrogation par Internet du 11 au 12 octobre 2022.

Iran : colère contre la dictature et la situation économique

Iran :  colère contre la dictature et la situation économique

 

 

Afin de mieux comprendre la portée de cette nouvelle explosion de colère, franceinfo a interrogé l’historien Jonathan Piron, spécialiste de l’Iran et chercheur associé au Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (Grips).

 De grandes manifestations ont déjà secoué l’Iran fin 2017 et plus récemment en 2020, avec des motifs principalement économiques. La mort de Mahsa Amini ( Provoquée par la police parce que l’intéressé portait mal le voile !) peut-elle pousser davantage les Iraniens dans les rues ?

Jonathan Piron : Les événements étant en cours, il est encore très difficile de savoir si cela va s’apparenter à un véritable soulèvement dans l’ensemble du pays. Mais il y a du neuf par rapport aux précédents mouvements protestataires. Cette mobilisation semble vraiment toucher différentes catégories de la population, dans une expression de rage et de colère qui n’est pas seulement dirigée contre une politique qui est mise en place par le régime iranien, par exemple la hausse des prix des carburants…

Ici, c’est vraiment l’expression d’un manque, d’une vraie colère contre les symboles même du régime de la République islamique, que sont notamment la question du port du voile et les instruments de répression et de contrôle. Ces derniers existent évidemment depuis les origines de la République islamique, mais ils ont été vraiment réactivés depuis l’accession au pouvoir du président Ebrahim Raïssi, en août 2021.

Quels milieux manifestent d’habitude en Iran ? Retrouve-t-on les mêmes profils que lors des derniers mouvements populaires ?

Tout dépend des logiques protestataires. En 2020, à Téhéran, c’étaient tous ceux qui dépendaient de l’économie informelle, sans protection face à la montée des prix de l’essence. En 2021, dans le sud du pays, c’étaient surtout les agriculteurs qui se mobilisaient pour réclamer un meilleur partage de l’eau. Souvent, le régime essaye de mettre un couvercle sur les protestations, en aidant certains groupes et pas d’autres. Cette fois-ci, ce n’est pas le cas.

Les Iraniens sont épuisés par des années de sanctions, par la pandémie, et par la crise économique qui s’aggrave depuis le retrait américain [de l'accord sur le nucléaire iranien en 2018] et les nouvelles sanctions. La classe moyenne se rapproche de la classe précaire, et ça va être difficile pour le régime de les opposer l’une à l’autre.

La colère populaire est très visible sur les réseaux sociaux en Iran, malgré la censure. Comment cela fonctionne-t-il ?

A part Instagram, qui reste menacé, la plupart des réseaux sociaux comme Facebook, YouTube, Twitter sont interdits en Iran. Ce qui relève d’une grande hypocrisie quand on sait que les grands responsables du régime, dont l’ayatollah Ali Khamenei, communiquent régulièrement sur Twitter. Mais la population y a tout de même accès en utilisant des moyens de contournement, comme des VPN [un logiciel qui permet de naviguer sur internet de manière anonyme]. Le partage d’information se fait principalement sur WhatsApp et Telegram, où les vidéos des manifestations se propagent pour l’instant.

Pour moi, ces images ont une certaine force parce qu’elles ont un impact dans les mentalités. Elles montrent justement des personnes se rassembler, brûler leur voile en public, se couper les cheveux… Ça entraîne la mise en place d’un nouveau répertoire de contestation, ça montre qu’on peut le faire. Il y a une espèce de chape de plomb qui se brise avec la transmission de ces images.

Quel schéma le régime pourrait-il suivre face à cette contestation populaire ?

Pour le moment, il y a une forme d’attentisme, même si la répression a déjà été très violente par endroits. Ce sont d’abord les villes, les centres urbains et les campus universitaires qui sont en train de bouger. Surtout dans le Kurdistan, qui est la région d’origine de Mahsa Amini.

« Habituellement, le régime coupe internet afin d’étouffer la mobilisation. Cela peut durer un ou plusieurs jours, le temps que le pouvoir agisse sans que les images des violences ne circulent et ne nourrissent la colère de la population. »

 

Il s’agit vraiment de tirer le rideau sur la manière dont le régime va réprimer les Iraniens et finalement éteindre toute velléité de protestation.

Iran : La colère contre la dictature

 Iran : La colère contre la dictature

 

 

Afin de mieux comprendre la portée de cette nouvelle explosion de colère, franceinfo a interrogé l’historien Jonathan Piron, spécialiste de l’Iran et chercheur associé au Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (Grips).

 De grandes manifestations ont déjà secoué l’Iran fin 2017 et plus récemment en 2020, avec des motifs principalement économiques. La mort de Mahsa Amini ( Provoquée par la police parce que l’intéressé portait mal le voile !) peut-elle pousser davantage les Iraniens dans les rues ?

Jonathan Piron : Les événements étant en cours, il est encore très difficile de savoir si cela va s’apparenter à un véritable soulèvement dans l’ensemble du pays. Mais il y a du neuf par rapport aux précédents mouvements protestataires. Cette mobilisation semble vraiment toucher différentes catégories de la population, dans une expression de rage et de colère qui n’est pas seulement dirigée contre une politique qui est mise en place par le régime iranien, par exemple la hausse des prix des carburants…

Ici, c’est vraiment l’expression d’un manque, d’une vraie colère contre les symboles même du régime de la République islamique, que sont notamment la question du port du voile et les instruments de répression et de contrôle. Ces derniers existent évidemment depuis les origines de la République islamique, mais ils ont été vraiment réactivés depuis l’accession au pouvoir du président Ebrahim Raïssi, en août 2021.

Quels milieux manifestent d’habitude en Iran ? Retrouve-t-on les mêmes profils que lors des derniers mouvements populaires ?

Tout dépend des logiques protestataires. En 2020, à Téhéran, c’étaient tous ceux qui dépendaient de l’économie informelle, sans protection face à la montée des prix de l’essence. En 2021, dans le sud du pays, c’étaient surtout les agriculteurs qui se mobilisaient pour réclamer un meilleur partage de l’eau. Souvent, le régime essaye de mettre un couvercle sur les protestations, en aidant certains groupes et pas d’autres. Cette fois-ci, ce n’est pas le cas.

Les Iraniens sont épuisés par des années de sanctions, par la pandémie, et par la crise économique qui s’aggrave depuis le retrait américain [de l'accord sur le nucléaire iranien en 2018] et les nouvelles sanctions. La classe moyenne se rapproche de la classe précaire, et ça va être difficile pour le régime de les opposer l’une à l’autre.

La colère populaire est très visible sur les réseaux sociaux en Iran, malgré la censure. Comment cela fonctionne-t-il ?

A part Instagram, qui reste menacé, la plupart des réseaux sociaux comme Facebook, YouTube, Twitter sont interdits en Iran. Ce qui relève d’une grande hypocrisie quand on sait que les grands responsables du régime, dont l’ayatollah Ali Khamenei, communiquent régulièrement sur Twitter. Mais la population y a tout de même accès en utilisant des moyens de contournement, comme des VPN [un logiciel qui permet de naviguer sur internet de manière anonyme]. Le partage d’information se fait principalement sur WhatsApp et Telegram, où les vidéos des manifestations se propagent pour l’instant.

Pour moi, ces images ont une certaine force parce qu’elles ont un impact dans les mentalités. Elles montrent justement des personnes se rassembler, brûler leur voile en public, se couper les cheveux… Ça entraîne la mise en place d’un nouveau répertoire de contestation, ça montre qu’on peut le faire. Il y a une espèce de chape de plomb qui se brise avec la transmission de ces images.

Quel schéma le régime pourrait-il suivre face à cette contestation populaire ?

Pour le moment, il y a une forme d’attentisme, même si la répression a déjà été très violente par endroits. Ce sont d’abord les villes, les centres urbains et les campus universitaires qui sont en train de bouger. Surtout dans le Kurdistan, qui est la région d’origine de Mahsa Amini.

« Habituellement, le régime coupe internet afin d’étouffer la mobilisation. Cela peut durer un ou plusieurs jours, le temps que le pouvoir agisse sans que les images des violences ne circulent et ne nourrissent la colère de la population. »

 

Il s’agit vraiment de tirer le rideau sur la manière dont le régime va réprimer les Iraniens et finalement éteindre toute velléité de protestation.

Propos écolos de Macron : colère de streamers !

Propos écolos de Macron : colère de streamers !

 

Plusieurs streamers ont critiqué ce dimanche une vidéo du président de la République les remerciant pour leur mobilisation en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique.(D’après BFM)

« J’en ai ras le cul. » Antoine Daniel et plusieurs streamers étaient en colère ce dimanche soir à la fin du ZEvent, marathon de streaming caritatif qui a déjà récolté plus de 9 millions d’euros pour quatre associations qui œuvrent pour l’environnement. Et ce à cause d’une vidéo d’Emmanuel Macron publiée sur Twitter en fin de journée.

Dans cette vidéo postée en format selfie, le président de la République félicite les streamers pour leur mobilisation « pour limiter les émissions » de CO2 et « répondre aux dérèglements climatiques qui sont déjà-là. »

Macron annonce également l’organisation prochaine en France du BLAST TV Major Counter Strike, l’un des plus grands rendez-vous du calendrier esport mondial.

Mais la vidéo n’a pas fait l’unanimité auprès de certains streamers, qui n’ont pas apprécié voir le chef de l’Etat se réjouir du succès du ZEvent. Car déjà en 2021, Emmanuel Macron avait fait une vidéo sur Twitter pour féliciter les streamers.

« Tous les ans son putain de tweet de merde à ce b**ard. Tous les ans j’en ai ras le cul », lance donc Antoine Daniel, connu pour avoir créé l’émission What the Cut. « J’en ai ras le cul qu’il fasse sa promo sur notre putain de dos (…) ça me casse les c**illes! » dit-il devant sa caméra.

« La promo? Le mot c’est plus propagande… Mais ça me casse les c**illes, on n’a pas demandé ça! » déplore-t-il. « Je veux qu’on sache que depuis le ZEvent, il y a quelques personnes qui le détestent », continue Antoine Daniel. « Et c’est à cause de gens comme lui, entre autres, qu’on fait ces événements-là. » La streameuse AngleDroit a elle aussi été très vindicative. « Bah oui tu comptes sur nous c****d, parce que tu ne br*nles rien! Si seulement tu avais les moyens de faire quelque chose! Merde! » lance-t-elle, rappellant que l’ancien Premier ministre Jean Castex a utilisé un avion pour faire l’aller-retour Paris-Prades en avril 2022 afin d’aller voter lors de l’élection présidentielle.

 

Sous-marins australiens: les États-Unis se moquent totalement de la colère des Français

 

Sous-marins australiens: les États-Unis se moquent totalement de la colère des Français

 

L’émotion et la colère du gouvernement à propos des sous-marins australiens a fait là une des médias français mais suscitent peu d’intérêt aux États-Unis. Les Américains prennent avec une certaine distance les récriminations françaises. Ils savent en effet que les mesures de rétorsion éventuelle se retourneraient contre la France.

Pour les États-Unis, la conception d’un allié et celle d’un allié soumis. La France de ce point de vue ne pèse guère face à la puissance américaine qui a toujours privilégié ses intérêts géostratégiques et économiques avec tous les présidents qui se sont succédés: Obama, Clinton, trame ou Biden.

Le rappel de l’ambassadeur de France aux États-Unis ne suscite guère d’émotion aussi bien dans l’opinion qu’auprès du gouvernement américain. Le gouvernement américain est d’autant plus serein qu’il sait que la France ne parviendra pas à unifier autour d’elle l’ensemble des pays européens et notamment à obtenir un vrai soutien de l’Allemagne.

Face à la contestation française, le gouvernement américain s’est quand même pendu du minimum syndical diplomatique.: «Nous avons été en contact étroit avec nos partenaires français concernant leur décision de rappeler l’ambassadeur Étienne à Paris pour consultation. Nous comprenons leur position et nous continuerons à œuvrer dans les prochains a indiqué de secrétaire d’État à la défense. Le président américain, lui, n’a fait aucun commentaire

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