Archive pour le Tag 'citoyen'

Consommateur de politique ou citoyen ?

Consommateur de politique  ou citoyen ?

 

« Donner à penser que la politique se consomme comme tout le reste, n’est-ce pas admettre que ne pas voter est une option tout aussi normale que l’autre ?, s’interroge dans le Monde.  Daniel Payot. [...] Ceux ne vont pas voter répètent, les jours de scrutin, l’attitude qu’ils ont quand ils passent devant un supermarché sans y entrer ».

 

 

 

Certains commentateurs, pour expliquer le phénomène d’une abstention qui bat régulièrement ses records à chaque nouveau scrutin, l’imputent à la faiblesse de « l’offre politique ». Cette explication revient à identifier le geste de voter à celui de parcourir les rayons d’un supermarché et, selon ses moyens et ses envies, de choisir l’un ou l’autre produit ou, aPolitique : consommateur ou citoyen l’interrogation contraire, de continuer son chemin sans rien déposer dans son caddie.

On se réjouit de la pluralité des marques proposées pour un même produit, des qualités et prix différents, des couleurs plus ou moins attrayantes des emballages, des indications plus ou moins lisibles relatives aux composants et aux modes de préparation ; en examinant toutes ces données, on affine ses propres options, on établit ses listes de courses et on les affine. Parler d’« offre politique » insatisfaisante, terne, insuffisamment renouvelée, manquant d’attrait, trop chichement emballée, c’est assimiler les positions et les programmes des candidats à des produits de consommation.

Et si cette assimilation était précisément l’une des raisons de l’abstention galopante ? Donner à penser que la politique se consomme comme tout le reste, n’est-ce pas admettre que ne pas voter est une option tout aussi normale que l’autre ? On fait ses courses en fonction de ses besoins ; si l’on n’a rien à acheter, on reste chez soi ou on va se promener, et qui pourrait s’en formaliser ?

Dans le contexte d’un consumérisme généralisé, où tous les gestes et toutes les données de l’existence sont interprétés sur le modèle de produits lancés sur le marché et offerts à une transaction financière, rendre compte en ces mêmes termes du déficit démocratique revient peut-être à l’aggraver, en tout cas à le conforter.

Les politiques qui « vendent » leur programme dans des termes qu’ils empruntent sans écart à ceux du marketing sont responsables de cet état de fait ; mais aussi ceux qui, quelles que soient leurs bonnes intentions, oublient d’expliquer que voter, ce n’est pas la même chose que choisir une marque de yaourt, que voter, dans un régime démocratique, c’est participer à la détermination collective d’une orientation qui engage tout le monde et chacun.

Ceux qui – au nom de l’indifférence, de la lassitude ou du refus du système – ne vont pas voter, répètent, les jours de scrutin, l’attitude qu’ils ont quand ils passent devant un supermarché sans y entrer : ils accomplissent le geste le plus néolibéral qui soit, celui de leur liberté individuelle de consommateur.

Si nous voulons retrouver le sens de la démocratie, la concevoir comme un geste collectif, d’intérêt général, constitutif d’un peuple (et non seulement addition mécanique d’individus consommateurs), si nous voulons la revendiquer comme une réalité qui protège la liberté de tous et celle de chacun et dont la confiscation, on le vérifie chaque jour, est un drame pour les peuples et pour les individus, commençons par dissocier politique et consommation et retrouvons, loin des slogans et des mots d’ordre du marketing, les mots et les phrases qui correspondent vraiment aux décisions collectives engageant des orientations communes.

Daniel Payot, Strasbourg

Zelensky, un président citoyen …à comparer à Macron !

Zelensky, un président citoyen …à comparer à Macron !

Le président ukrainien est devenu le « showrunner » du destin de l’Ukraine, accusant par contraste le caractère ridicule et narcissique des figures classiques du pouvoir, estime la philosophe Sandra Laugier, dans une tribune au « Monde ».

Un président ukrainien à comparer évidemment à Macron qui se vautre lui dans la posture du monarque condescendant NDLR

 

Tribune.

 

« Show me a hero and I’ll write you a tragedy » (« Montrez-moi un héros, et je vous écrirai une tragédie »). Ce mot de l’écrivain américain F. Scott Fitzgerald (1896-1940) a une étrange actualité avec l’émergence d’un acteur de série télévisée, Volodymyr Zelensky, héros de la série Serviteur du peuple (2025-2019) où il incarne un homme ordinaire, Vassili Goloborodko, professeur d’histoire-géo, accédant un peu par accident à la présidence de l’Ukraine, et qui en 2019, au moment où débute la 3e saison de sa série, « réalise » ce scénario. Porté par un parti politique qui porte le nom même de la série, il est alors effectivement élu président de son pays.

Ce n’est évidemment pas la première fois qu’une série TV rejoint le réel. Les séries TV ont désormais une telle place dans la vie des spectateurs qu’elles sont, non seulement selon l’expression consacrée « un miroir de la société », mais aussi agissent sur le monde, précisément par ce mode sériel de l’attachement au héros identifié à l’acteur.

On se souvient que l’acteur Martin Sheen, qui incarnait le mythique président Bartlet dans la classique The West Wing, était si populaire en 2000 qu’un sondage NBC le plaçait loin devant George W. Bush et Al Gore pour la présidentielle.

 

La série culte 24 Heures chrono, dont chaque épisode de la saison raconte une heure de la vie d’un agent antiterroriste, a démarré au lendemain du 11 septembre [2001], alors qu’elle avait été programmée et filmée bien avant. The Handmaid’s Tale anticipait les attaques redoutables de la présidence Trump contre les droits des femmes. La Casa de Papel a offert des mots d’ordre et des sons aux mobilisations de ces dernières années. Homeland, dans sa saison 5 écrite en 2014, mettait en scène des cellules djihadistes européennes et était diffusée en France pendant les attentats de novembre 2015.

Il faut revoir aujourd’hui Chernobyl, alors que les centrales nucléaires sont bombardées en Ukraine et ne répondent plus au téléphone ; et les splendides saisons 4 et 5 du Bureau des légendes, sous emprise russe.

Mais l’acteur Martin Sheen n’a jamais été président des Etats-Unis, ni l’excellent Dennis Haysbert, même s’il a habitué son public à un président noir en incarnant de façon prémonitoire David Palmer dans 24 Heures.

 

Zelensky, lui, est devenu le « showrunner » du destin de l’Ukraine. Jamais l’impact d’une série sur la vie réelle n’a été aussi direct. Il est d’ailleurs remarquable que Serviteur du peuple soit une production ukrainienne, mettant clairement en évidence la globalisation de la production des séries. C’est une série non américaine qui a offert au futur président ukrainien le rôle de sa vie et l’a vu passer du « soft power » au pouvoir, même si Serviteur du peuple est imbibée de culture démocratique américaine.

Zelensky, un président citoyen

 Zelensky, un président citoyen  

Le président ukrainien est devenu le « showrunner » du destin de l’Ukraine, accusant par contraste le caractère ridicule et narcissique des figures classiques du pouvoir, estime la philosophe Sandra Laugier, dans une tribune au « Monde ».

 

Tribune.

 

« Show me a hero and I’ll write you a tragedy » (« Montrez-moi un héros, et je vous écrirai une tragédie »). Ce mot de l’écrivain américain F. Scott Fitzgerald (1896-1940) a une étrange actualité avec l’émergence d’un acteur de série télévisée, Volodymyr Zelensky, héros de la série Serviteur du peuple (2025-2019) où il incarne un homme ordinaire, Vassili Goloborodko, professeur d’histoire-géo, accédant un peu par accident à la présidence de l’Ukraine, et qui en 2019, au moment où débute la 3e saison de sa série, « réalise » ce scénario. Porté par un parti politique qui porte le nom même de la série, il est alors effectivement élu président de son pays.

Ce n’est évidemment pas la première fois qu’une série TV rejoint le réel. Les séries TV ont désormais une telle place dans la vie des spectateurs qu’elles sont, non seulement selon l’expression consacrée « un miroir de la société », mais aussi agissent sur le monde, précisément par ce mode sériel de l’attachement au héros identifié à l’acteur.

On se souvient que l’acteur Martin Sheen, qui incarnait le mythique président Bartlet dans la classique The West Wing, était si populaire en 2000 qu’un sondage NBC le plaçait loin devant George W. Bush et Al Gore pour la présidentielle.

 

La série culte 24 Heures chrono, dont chaque épisode de la saison raconte une heure de la vie d’un agent antiterroriste, a démarré au lendemain du 11 septembre [2001], alors qu’elle avait été programmée et filmée bien avant. The Handmaid’s Tale anticipait les attaques redoutables de la présidence Trump contre les droits des femmes. La Casa de Papel a offert des mots d’ordre et des sons aux mobilisations de ces dernières années. Homeland, dans sa saison 5 écrite en 2014, mettait en scène des cellules djihadistes européennes et était diffusée en France pendant les attentats de novembre 2015.

Il faut revoir aujourd’hui Chernobyl, alors que les centrales nucléaires sont bombardées en Ukraine et ne répondent plus au téléphone ; et les splendides saisons 4 et 5 du Bureau des légendes, sous emprise russe.

Mais l’acteur Martin Sheen n’a jamais été président des Etats-Unis, ni l’excellent Dennis Haysbert, même s’il a habitué son public à un président noir en incarnant de façon prémonitoire David Palmer dans 24 Heures.

 

Zelensky, lui, est devenu le « showrunner » du destin de l’Ukraine. Jamais l’impact d’une série sur la vie réelle n’a été aussi direct. Il est d’ailleurs remarquable que Serviteur du peuple soit une production ukrainienne, mettant clairement en évidence la globalisation de la production des séries. C’est une série non américaine qui a offert au futur président ukrainien le rôle de sa vie et l’a vu passer du « soft power » au pouvoir, même si Serviteur du peuple est imbibée de culture démocratique américaine.

Vaccination : un choix citoyen et solidaire

Vaccination : un choix citoyen et solidaire

 

Les errements dans la gestion de la pandémie permettent de comprendre la défiance, mais nous avons la possibilité d’agir, chacun, en faisant de la vaccination de tous un projet commun renforçant notre pacte social, souligne dans une tribune au « Monde » un collectif de médecins et de citoyens.(extrait

 

Tribune.

 

L’obligation vaccinale pour les professionnels de santé et l’utilisation du passe sanitaire divisent les soignants, mais aussi les citoyens. A la liberté individuelle et à l’inquiétude face à des vaccins considérés comme trop récents sont opposées la nécessaire protection des plus fragiles et l’urgence de lutter contre une possible 4vague.

Ce débat traduit l’état de confusion de notre société dans son rapport à la liberté individuelle, aux autres, à la communauté, à notre protection sociale, au bien commun, en particulier chez les gens de gauche.

 

Certes, la confiance que nous accordons aux décideurs est légitimement abîmée. Nous avons tous à l’esprit les scandales sanitaires passés, les conflits d’intérêts entre des médecins et l’industrie pharmaceutique, les mensonges et l’incompétence du gouvernement depuis le début de la pandémie, le mépris puis la stigmatisation des soignants ainsi que les reniements du président de la République qui déclarait, le 1er mai 2020, que le vaccin devrait être « un bien mondial de l’humanité, et pas la propriété de l’un ou l’autre ».

Mais si on peut comprendre et partager la défiance envers nos gouvernants, refuser la vaccination ne peut être un acte d’opposition efficace à ce gouvernement. Ce serait une mauvaise réponse à une juste colère. Le risque individuel de survenue à long terme d’effets secondaires graves de la vaccination est très hypothétique : il ne repose sur aucune base théorique fiable, ni sur des observations faites avec les autres vaccins.

Sur cette question, on ne peut que conseiller la lecture de « A lire si vous ne savez pas quoi penser des vaccins Covid-19 ». Si se vacciner nous octroie une protection individuelle, c’est la vaccination du plus grand nombre qui permettra une protection collective. Décider de se faire vacciner n’est donc pas qu’une décision sanitaire ou médicale, c’est aussi un geste politique, car il concerne les affaires de la cité, les autres, le collectif.

La vaccination, comme chaque médicament, est associée à un risque individuel. La prescription ou la prise d’un médicament (ou d’un vaccin) nécessite d’évaluer le bénéfice attendu du traitement par rapport au risque spontané de la maladie et au risque de survenue d’effets secondaires liés au traitement.

Par exemple, malade d’un cancer, on accepte le plus souvent d’être traité par des chimiothérapies – qui ont beaucoup d’effets secondaires mais qui permettent de survivre à la maladie – car le bénéfice du traitement est supérieur au risque de ne pas le prendre et aux nuisances liées aux effets secondaires. Le rapport bénéfice/risque est ainsi jugé favorable.

« Dedans avec les miens, dehors en citoyen »: le slogan nul !

« Dedans avec les miens, dehors en citoyen »: le slogan nul !

 

Vraiment difficile de faire plus nul avec un tel slogan pour compenser le vide de Jean Castex qui a présenté lundi soir à ses ministres la nouvelle campagne de communication gouvernementale pour lutter contre l’épidémie de Covid. »

Vraiment difficile de faire plus nul avec le slogan : « dedans avec les miens, dehors en citoyen ». On suppose qu’ils se sont mis à plusieurs pour accoucher de cette sorte de message publicitaire à moins qu’il n’ait sollicité encore les deux bureaux d’études qui se gavent de la pandémie en faisant semblant d’éclairer le gouvernement sur la meilleure stratégie.

 

En fait il s’agit d’une réponse au grand vide à nouveau laissé par la conférence de presse tenue par Castex à laquelle personne n’a rien compris. L’interrogation demeure : la France a-t-elle décidé un reconduit reconfinement  non ? Le pire c’est que l’Élysée a interdit à Matignon et au ministre de la santé d’employer le mot de reconfinement. Un mot détesté par un Macron branché en permanence sur les sondages et sur les états d’âme des Français vis-à-vis de sa popularité actuellement en berne.

 

Dedans avec les miens? C’est-à-dire «Je ne reçois pas chez moi», «Je ne me rends pas chez les autres», «Je télétravaille sauf impossibilité», «J’aère régulièrement mon logement» et «Je ne sors plus après 19h00, sauf pour mon travail ou une urgence, et avec une attestation», est-il énuméré dans ce premier pilier. Dehors en citoyen? Soit «Je peux sortir jusqu’à 19h00 pour des motifs autorisés: travailler, me promener, faire des courses, accompagner mes enfants à l’école, sortir mon animal de compagnie ou aller chez le médecin».

Mais, rappelle la campagne, «Au-delà de 10 km, je dois avoir une attestation justifiant le motif de mon déplacement» et «Je ne quitte pas la région ou mon département sauf motif impérieux ou professionnel, justifié par attestation». «Je porte le masque et je rappelle les distances» et si «Je peux retrouver des amis dehors», c’est «à six maximum en respectant les gestes barrière», met en garde le gouvernement. Et «si je ne suis pas seul ou si je ne suis pas avec les personnes de mon foyer», attention: «J’évite de manger ou de boire».

Loi de « sécurité globale » : la place du citoyen ?

Loi de « sécurité globale » : la place du citoyen ?

Que signifie un texte dans lequel pas même une ligne n’évoque le contrôle des forces de l’ordre par les citoyens ?, s’interroge le philosophe Yves Roucaute dans une tribune au « Monde ». Au-delà de l’article 24, qu’il fustige, il dénonce la tentation autocratique du gouvernement

Tribune. 

 

« Mon travail, c’est de protéger ceux qui nous protègent », proclame Gérald Darmanin, ministre de l’intérieur français. Diantre ! Sa première mission ne serait donc pas de protéger les citoyens ? Alors qu’une nouvelle bavure a conduit à tabasser un citoyen producteur de musique [Michel Zecler], la question posée, il y a deux mille ans, aux citoyens romains par le poète satirique romain Juvénal devient d’actualité.

Face aux forces de l’ordre de l’empereur Domitien (51-96) qui violentaient et tuaient les citoyens épris de liberté au nom de la sécurité de Rome, il demanda : « Qui nous protégera de ceux qui nous protègent ? » Certes, la tyrannie n’est pas notre horizon, mais que signifie cette loi de « sécurité globale » dans laquelle pas un article, pas un paragraphe, pas même une ligne n’évoque le contrôle des forces de l’ordre par les citoyens ? Et qui, par son article 24, menace d’un an de prison quiconque diffuserait l’image ou des moyens d’identification des policiers en intervention ? La République est indéniablement en marche… mais vers quoi ?

Etonnant texte qui prétend défendre les forces de l’ordre bien que menaces, insultes et violences contre elles soient depuis longtemps sévèrement punies par la loi. Dans un pays où il existe 84 619 articles législatifs et 233 048 articles réglementaires, est-elle destinée à pouvoir jouer avec le Rassemblement national à « plus sécuritaire que toi » ?

Et il faut beaucoup d’imagination pour appeler loi de « sécurité globale », cet invraisemblable bric-à-brac de 34 articles qui se réduit à la police municipale, aux entreprises de sécurité privée, à la vidéoprotection, aux forces de sécurité intérieure.

Bureaucrates sans talent

Hélas ! On rit moins devant cet article 24, qui a attiré les foudres de tous les amis de la liberté, de gauche à droite. Signe, peut-être, de la malédiction autocratique qui touche cette Ve République quand elle est dirigée par des bureaucrates sans talent.

Interdire de filmer la police ? Si elle agit selon le droit, qu’a-t-elle à craindre ? Pour des opérations sensibles, n’est-elle pas cagoulée ? Ou bien faut-il admettre que le policier muni d’une arme devrait être protégé de la dangerosité du citoyen armé d’un smartphone… ou d’une partition de musique ?

Dans cette nouvelle République, il appartiendrait aux seules forces de l’ordre de décider si la personne qui les filme par « quelque moyen que ce soit » est « manifestement malveillante ». Comment le savoir avant l’acte ? Le premier ministre donne la clef : l’« intention » de nuire compte. Voilà les forces du ministère de l’intérieur expertes en for intérieur. Défiant cartomanciens et astrologues, avec leur art divinatoire, elles plongent dans la conscience du quidam qui sort son smartphone pour y découvrir son intention de potentielle « malveillance ». Voilà le crime de virtuelle lèse-majesté policière.

 

 

Urgence climatique : les contradictions du citoyen

Urgence climatique : les contradictions du citoyen

Le politologue Brice Teinturier constate, dans une tribune au « Monde », que les citoyens n’ont pas encore mis totalement en accord leurs comportements individuels avec leurs convictions écologiques.

 

Tribune. Vu de loin, il peut sembler paradoxal que les Français n’aient pas adopté plus de comportements vertueux en matière de protection de l’environnement, alors que cette préoccupation fait maintenant partie des trois ou quatre sujets qu’ils jugent majeurs, ce qui n’était absolument pas le cas il y a quelques années.

Vu de près, le paradoxe s’éclaire.

Tout d’abord, la prise de conscience des enjeux environnementaux et climatiques n’est, malgré tout, pas sans effet sur les comportements : les enquêtes montrent bien que ceux que l’on peut qualifier de vertueux ont incontestablement progressé chez les citoyens et consommateurs français, que ce soit dans l’alimentation, le tri des déchets, la gestion de l’eau, etc. La question est donc celle de l’ampleur du changement, non sa réalité.

Quatre grands freins à un véritable basculement des comportements subsistent néanmoins.

Vouloir, ou le poids des habitudes. Changer de comportement a un coût – psychologique, organisationnel, économique –, a fortiori quand il s’agit de s’imposer des contraintes supplémentaires là où le confort et la facilité peuvent prévaloir. Il ne faut pas non plus négliger l’incivisme d’une partie de la population, qui continue à jeter sans vergogne mégots ou plastiques dans la nature, à prendre la voiture ou l’avion pour de petits déplacements et ne se préoccupe absolument pas du reste de la population.

On touche là une tendance profonde, l’hyper-individualisme, qui concerne 17 % environ de la population, ceux qui, dans nos enquêtes, déclarent : « Dans la vie, ce qui compte, c’est moi d’abord, les autres viennent toujours après. » Le premier obstacle à l’orientation massive des comportements en faveur de l’environnement est donc la tension entre l’individu et le collectif, le consommateur et le citoyen. Le premier veut des cerises en hiver et des mandarines en été. Le second est sensible aux conséquences : aberration écologique, impact énergétique, destruction des ressources, etc.

Savoir, ou l’intensité de la menace perçue. Certes, la dégradation de l’environnement, le changement climatique, la pollution inquiètent de plus en plus. Mais les études montrent aussi que ces questions restent très abstraites pour une grande partie de la population. En revanche, plus la menace est visible, comme le réchauffement climatique ou la multiplication des épisodes de pollution, plus ce savoir abstrait s’enrichit d’une expérience directe du sujet. C’est bien ce qui s’est produit ces dernières années, mais le chemin de la connaissance est encore long à parcourir et peut conduire à une forme de relativisation de la menace – ce qui est différent de la contestation de sa réalité –, nuisant au basculement des comportements.

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Un Pacte pour un service public citoyen

Un Pacte pour un service public citoyen

 

. Par Paul Duan, président-fondateur de l’ONG Bayes Impact, ONG fondée aux Etats-Unis pour mettre les données et les algorithmes au service du « bien commun » veut redéfinir le concept de service public, article dans la Tribune.

« En ces temps de tension sociale continue, la narrative dominante est celle de l’effritement du service public et de la victoire de l’individualisme. Il n’y aurait plus que la Coupe du monde de football qui vient de débuter pour nous faire croire à la notion de collectif. Tous les éléments existent pourtant pour faire émerger une nouvelle génération de solutions citoyennes prêtes à être mises au service de l’intérêt général. Et s’il ne manquait qu’une chose pour les réunir ?

Les nouvelles technologies offrent, de manière inédite, les moyens à tout citoyen d’agir à grande échelle et dans un laps de temps réduit. Elles rendent possible pour chacun d’innover au service de l’intérêt général, et de construire ensemble un monde de demain profitable à tous. Cependant, l’innovation technologique profite aujourd’hui majoritairement aux intérêts privés, et les innovations sociales – aussi prometteuses soient-elles peinent à atteindre une envergure à la hauteur des enjeux de société. Deux voies qui se connaissent mal : l’innovation privée et la conception traditionnelle du service public. Les géants du numérique exploitent avec succès ces opportunités pour répondre aux nouveaux besoins de la société. Ils font de l’innovation de rupture leur fonds de commerce. Le numérique transforme fondamentalement la société et ses équilibres, et les ramifications s’étendent à des domaines que l’on pensait réservés au domaine du service public. Pourtant, les récents scandales autour de l’utilisation faite par Facebook de nos données, ou l’exemple d’Intuit – l’éditeur de TurboTax, le principal service de déclaration fiscale américain – qui fait un important lobbying aux États-Unis pour éviter une simplification de l’impôt, montrent que, dans ces nouveaux équilibres, il reste important de garantir le respect des principes du service public.

Dans le même temps, le service public tel qu’on le connaît reste construit comme si l’État avait le monopole de l’intérêt général. Les réponses qu’il formule en s’ouvrant petit à petit à l’innovation sont une première étape nécessaire. C’est le cas en particulier du concept d’État-plateforme. Mais elles relèvent surtout de mesures techniques visant des gains d’efficience, plutôt que d’une vision nouvelle du rôle du service public dans la société d’aujourd’hui. En l’absence de cette vision, il perd toujours plus d’influence face aux intérêts privés.

Il est urgent de réagir, de proposer une réponse à la hauteur des enjeux. Bien que de nouveaux modèles et dispositifs encourageants se développent – comme les contrats à impact social ou les modèles économiques hybrides -, l’innovation sociale reste trop souvent l’affaire de compromis, soit en termes d’échelle, soit en termes d’impact. Car en s’efforçant d’inscrire leur action dans le respect des valeurs du service public, les innovateurs d’intérêt général se limitent volontairement en matière de modèle économique. Ils sont ainsi désavantagés dans le rapport de force avec l’innovation privée. Pour rééquilibrer le jeu, ils doivent pouvoir bénéficier d’une alliance avec l’État ou la collectivité. Le service public citoyen est une vision sociétale pour combiner les forces de l’innovation et celles du service public.

Toutefois, cela ne pourra se produire que si l’on fait évoluer la vision actuelle du service public et du rôle de l’État. Il est aujourd’hui mal équipé. Le cadre actuel est trop étroit et centré sur une vision verticale et descendante de son rôle. Il doit faire évoluer sa conception des services publics : d’unique créateur, il doit devenir le garant de ses valeurs.

En l’absence d’une vision sociétale de ce que doit être le service public dans le monde d’aujourd’hui, il est de plus en plus remis en cause par la concurrence des services proposés par les acteurs du numérique, car plus agiles, plus innovants, et souvent gratuits en apparence. Pourquoi se préoccuper de l’existence de Pôle emploi, lorsque l’on a LinkedIn, Indeed ou Leboncoin ? Parce que les intérêts privés ne permettent pas toujours de garantir l’intérêt général. Et parce qu’il existe une différence entre servir les besoins du plus grand nombre et ceux de tous. Le service public citoyen est une nouvelle voie qui combine les forces de l’innovation et celles de l’État dans le cadre d’une alliance inédite. Cette alliance doit lever les blocages qui empêchent l’intérêt général de profiter aussi facilement que les intérêts privés de l’innovation technologique. En d’autres termes, cette voie offre aux citoyens le moyen de répondre aux besoins de la société tout en garantissant le respect des valeurs et des principes – adaptés au monde numérique – du service public.

Wikipédia est une illustration de ce à quoi peut ressembler une innovation partie d’une initiative citoyenne pour servir ensuite à grande échelle. En mettant à profit les forces de la multitude pour créer des contenus de manière collaborative, tout en refusant de monétiser leurs contenus par la publicité afin de ne pas les biaiser, Wikipédia a créé de facto une nouvelle forme – certes perfectible – de service public de l’information. Demain, à travers le service public citoyen, nous, citoyens, pourrons tous contribuer à l’essor d’une nouvelle génération de services publics.

Le service public citoyen doit se réaliser dans le cadre d’un Pacte service public citoyen qui vient non pas en remplacement du cadre existant mais en complément. Ce Pacte doit permettre au service public de trouver un nouveau souffle. Les citoyens souhaitant innover au service de l’intérêt général peuvent ainsi s’allier à l’État en contrepartie d’engagements réciproques.

Les premiers offrent les garanties du respect des principes du service public. Le second met en retour à disposition ses infrastructures, ses données, son savoir-faire, ainsi que sa force de distribution et de financement.

Alors seulement, les services publics citoyens nés de cette alliance entre le citoyen et l’État pourront prendre une envergure à la hauteur de nos enjeux de société. Et faire que l’idée d’un monde numérique profitable à tous ne reste pas une image.

Le service public citoyen est une invitation à construire une nouvelle forme de service de l’intérêt général. Un service propre à répondre aux grands enjeux des transitions – numérique, écologique et sociale – d’aujourd’hui. Nous sommes partis de l’existant pour identifier les besoins, les opportunités, et apporter une proposition de réponse. La suite, nous vous invitons à l’écrire ensemble.

La Fondation Digital New Deal, think tank du numérique, s’attache à éclairer la société et à proposer aux décideurs des pistes concrètes pour faire face à la nouvelle donne technologique. À l’heure où Emmanuel Macron va accélérer la réforme de l’État avec la remise des propositions de la mission « Action publique 2022″, la Fondation publie un nouveau rapport sur « le service public citoyen ». Confié à Paul Duan, qui s’est fait remarquer il y a quelques années en proposant d’utiliser les technologies pour vaincre le chômage, ce qui a donné naissance à une expérimentation inédite, « Bob emploi », en partenariat avec Pôle emploi, ce document propose une approche nouvelle, de coopération entre l’État-plateforme et les citoyens utilisant la force apportée par le numérique. »

Un «parcours citoyen» gnangnan pour remplacer «le service militaire» !!!

Un «parcours citoyen»  gnangnan pour remplacer «le service militaire» !!!

 

 

 

Finalement on a d’abord promis le retour du service militaire puis sa transformation en un mini service national pour finalement sans doute aboutir à un ersatz de parcours citoyen qui n’a plus grand-chose à voir avec l’intention de départ. Le service militaire n’était sans doute pas le moyen idéal pour régler certains aspects de la crise sociétale française mais s’il avait au moins le mérite de permettre l’appropriation de certaines valeurs citoyennes, de permettre le brassage social et accessoirement de permettre de se confronter à l’ordre et la discipline. Au lieu de cela on intégrera quelques enseignements citoyens dans le parcours scolaire. Encore une fois le service militaire ne pourrait être ne peut être considéré comme la solution miracle pour résoudre certains problèmes sociétaux pour autant son existence témoignait de la  nécessité de consacrer temps et disponibilité au service de l’intérêt général et en particulier de la défense. Pas étonnant qu’on abandonne  aussi facilement une proposition pourtant tellement indispensable. En effet la génération qui vient au pouvoir, à commencer  par le président de la république, n’a jamais effectué le moindre service militaire. Dès lors il ne faudra pas s’étonner  de la dégradation des valeurs citoyennes et républicaines chez certains jeunes qui par ailleurs ne bénéficient  pas d’un véritable cadre familial et ont quitté l’école de manière prématurée. C’était pourtant une promesse d’Emmanuel Macron lors de sa campagne électorale. Le « service national » obligatoire d’un mois pour tous les jeunes pourrait finalement ne jamais voir le jour, rapporte ce jeudi France info. Cette proposition pourrait être très largement remaniée et se transformer en un simple « parcours citoyen » obligatoire d’une semaine par an. Il s’agit d’une des pistes étudiées par les députés en charge d’établir un rapport qui sera rendu public à la fin du mois de janvier. Ce « parcours citoyen » s’adresserait aux jeunes de 10 à 16 ans et se déroulerait au sein même des établissements scolaires. Il serait encadré par des enseignants et des volontaires du service civique et se déroulerait en trois étapes. Ce système aurait l’avantage d’être beaucoup moins coûteux pour l’Etat, note France info.

Première étape. Chaque année au collège, une semaine serait consacrée à la défense, à la sécurité, mais aussi aux gestes qui sauvent (comme lors de la Journée d’appel de préparation à la défense), aux droits et devoirs, ou à la mémoire.

Deuxième étape. En classe de seconde au lycée, les élèves participeraient à une immersion « pour favoriser la mixité sociale et les valeurs fraternelles ». Cette immersion s’apparenterait au stage qu’effectuent les élèves en 3e​, mais serait réalisée dans une association.

Troisième étape. La dernière étape, en fin de seconde, serait la délivrance d’un « passeport citoyen » qui permettrait aux jeunes de poursuivre leur engagement après l’âge de 16 ans, mais aussi d’avoir un accès simplifié et moins cher au permis de conduire.

Parrainage citoyen : enterré

 

Parrainage citoyen : enterré

Pendant la campagne électorale, on promet ensuite on gère ; enfin on essaye ! Du coup les unes après les autres les promesses sont enterrées comme le parrainage citoyen. Le constat n’est pas nouveau. Depuis des années, des politiques pestent contre le système des 500 parrainages d’élus, nécessaires pour se lancer dans la course à la présidentielle. En 2007, déjà, Jean-Marie Le Pen disait à qui voulait l’entendre ses difficultés à récupérer les précieuses signatures. Des reportages le montraient, lui et ses conseillers, arpentant les campagnes françaises à la recherche du soutien des maires. « Ce parrainage, qui était défini comme une simple formalité administrative, a évolué dans l’esprit des gens de telle sorte qu’il est réputé aujourd’hui être un soutien politique. Les maires ont peur de se faire critiquer [s'ils donnent leur soutien au FN, NDLR]« , explique le fondateur et président d’honneur du Front national.  Mardi matin sur France Info, Nathalie Kosciusko-Morizet (UMP) s’en exaspérait : « Toutes les élections présidentielles, on a le candidat du Front national qui nous fait un cinéma, en disant qu’il n’a pas ses parrainages et qui finalement a ses parrainages ». Lorsque Nicolas Sarkozy est élu président de la République en 2008, il confie à Édouard Balladur une mission de modernisation et de rééquilibrage des institutions. Celle-ci avait notamment pour objet de se pencher sur cette question épineuse. Le comité Balladur a ainsi proposé que « la sélection des candidats soit le fait d’un collège de quelques cent mille élus qui (…) seraient appelés à désigner, à bulletin secret, le candidat qu’ils souhaitent voir concourir à la présidence de la République ». La suggestion n’a finalement pas été retenue par Nicolas Sarkozy, car elle lui apparaissait déjà, à l’époque, difficile à mettre en œuvre.  En mai 2012, François Hollande arrive à l’Élysée. Le scénario n’a guère varié. Pendant sa campagne, il avait manifesté son souhait de réformer le système des parrainages. Il confie donc à Lionel Jospin une commission pour la rénovation de la vie publique et lui demande d’étudier la question. Fin novembre, la commission Jospin rend son rapport. Elle affirme que « les citoyens devraient désormais pouvoir habiliter directement les candidats à l’élection majeure de la vie politique du pays ». Dans cette optique, chaque candidat devrait recueillir au moins 150 000 signatures. Une proposition qui ne satisfait pas plus les petits candidats, qui y voient, d’après le JDD, « un verrouillage du système politique », sous couvert d’une plus grande ouverture.  Cette proposition ne verra finalement jamais le jour. François Hollande ayant annoncé devant le Conseil constitutionnel, lundi soir, qu’il y renonçait. La « difficulté de sa mise en œuvre » l’aurait dissuadé, affirme-t-il. Sur RMC, Roselyne Bachelot (UMP), membre de la commission Jospin, ne croit pas à cet argument. « Je suis surprise qu’on soulève cet argument alors que le parrainage citoyen existe sans difficulté dans de nombreux pays européens », remarque-t-elle. Contacté par Le Point.fr, Dominique Rousseau, professeur de droit, et lui aussi membre de la commission, la rejoint : « Je ne crois pas du tout à l’argument technique. Qu’on ne fasse pas supporter au droit des choses qui relèvent du courage et des affaires politiques », s’agace-t-il.  Il est en effet étonnant que la commission Jospin, composée de six professeurs de droit et de presque autant de praticiens chevronnés, n’ait pas considéré cet obstacle. « Si politiquement, il semble opportun de donner aux citoyens le droit de choisir les candidats, je ne vois pas ce qui pourrait empêcher de le faire. Les problèmes techniques ne nous ont pas paru insurmontables », explique le professeur Rousseau. La commission Jospin avait soulevé l’hypothèse de mettre en place un système électronique de signature en ligne, avec la mise à disposition par les communes de « points d’accès à Internet ». « Les parrainages citoyens impliquent un coût et une trop grosse lourdeur administrative », argue-t-on dans l’entourage de François Hollande. « Il y a une autre raison. Si le président décède ou démissionne, la Constitution impose un délai maximum de 35 jours pour élire un nouveau chef de l’État. Si on instaure un parrainage citoyen, le délai serait dans ce cas trop juste », poursuit la source présidentielle. Louis Alliot (FN) a une autre solution. « Le problème, ce n’est pas le filtre des parrainages en lui-même, c’est les pressions qu’exercent les grands partis sur les élus locaux », explique-t-il au Point.fr. « Il faut l’anonymat des parrainages », conclut-il. Une proposition rejetée illico par l’entourage présidentiel : « On ne peut pas vouloir la transparence sur tout, sauf sur ça. »




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