Covid : circulez il n’y a plus rien à voir !
Un article intéressant d’autant plus qu’il y avait encore 68 000 contaminations encore hier –certes moins graves–mais dont personne ne parle !
Dans une tribune au « Monde », le philosophe Abdennour Bidar s’étonne de l’amnésie qui s’est rapidement installée alors que nous « sortons » à peine de deux ans de crise sanitaire. Après ces événements, un grand débat démocratique doit, selon lui, être mené sur ce qui s’est passé.
De la « guerre » contre le virus à l’amnésie, de la psychose collective à l’oubli total : mais comment se fait-il que nous soyons passés aussi vite à autre chose au sortir d’une crise sanitaire qui a pourtant ébranlé à ce point tout notre vivre ensemble et provoqué, outre le nombre des morts, de si gros dommages psychologiques, sociaux et politiques ? Bien que nous venions de vivre deux années d’une épreuve collective particulièrement éprouvante à tant de niveaux, plus personne n’en parle, comme s’il ne s’était rien passé ! C’est tout simplement ahurissant.
Faut-il donc trouver matière à se réjouir ou à s’inquiéter du fait que la pandémie, sa gestion politique et ses c–Certes moins gravesonséquences, ait été à ce point absente hier de la campagne présidentielle, et aujourd’hui des débats de la campagne législative ? Notre classe politique dans son ensemble, manifestement incapable de se saisir de ce qui a autant affecté nos vies, ne prouve-t-elle pas hélas, et une fois de plus, à quel point elle est hors-sol ? Ainsi la bataille pour le pouvoir a-t-elle repris son existence séparée, déconnectée… Ainsi également l’actualité a-t-elle repris sa course folle, sans queue ni tête, et nous voilà à nouveau, comme toujours, emportés sans prendre jamais le temps de nous poser pour réfléchir…
Je veux bien admettre qu’on ait besoin d’oublier, et certains verront sans doute dans cette disparition pure et simple du sujet de la crise sanitaire un signe formidable de la résilience de notre société. Ce qui me semble toutefois le plus formidable, c’est le silence assourdissant qui, soudain, a remplacé le vacarme effroyable et continu d’une communication politique et médiatique exclusivement vouée à parler des « vagues » terribles et de la succession indéfinie des « variants » du virus. Si donc cette crise était si gravissime, comme nous l’ont martelé nos médias et nos chefs, comment se fait-il alors que nous ayons pu nous en affranchir tout d’un coup, nous en sauver sans que soient menés à la sortie de cette crise aucun travail de fond, aucune réflexion collective, aucun bilan critique ? Qui avec moi pour s’étonner de cela ? Et je devrais dire plutôt pour être absolument éberlué et indigné, comme je le suis, de ce passage du catastrophique à l’inexistant, du catastrophisme au « circulez, il n’y a plus rien à voir » ?