2017:une cinquantaine de candidats, la soupe est bonne !
D’une certaine manière le nombre de candidats est inversement proportionnel à la confiance qu’accordent Français au système politique. Un système largement discrédité puisque dans un autre sondage une majorité de Français (60 %) souhaitent un candidat ni à gauche, ni à droite et n’appartenant pas au système. Pourtant une cinquantaine de candidats plus ou moins officiellement déclarés (incluant donc par exemple ceux qui n’ont pas manifesté officiellement leur intention de se présenter) aspire à la magistrature suprême ; un nombre qui pourrait témoigner du dynamisme démocratique du pays mais qui rend surtout compte d’ambitions personnelles à l’intérieur de l’oligarchie. Un nombre en tout cas proche de celui des élections présidentielles de certains pays en développement tant sur le plan économique que démocratique. Ou l’anarchie démocratique comme substitut au concept de monarchie républicaine. Avec au moins 47 candidats déclarés ou officieux à l’élection présidentielle, la France se distingue des autres pays avec une multitude de personnalités qui veulent concourir en 2017. Bien sûr, un grand nombre d’entre eux abandonneront d’ici là, défaits à des primaires, faute de parrainages ou parce qu’ils auront rallié un autre candidat. Mais le nombre actuel est-il un record mondial? Pas vraiment. Au jeu du pluralisme poussé à l’extrême, c’est Haïti qui détient la palme. En octobre 2015, ils n’étaient pas moins de 54 à vouloir prendre la présidence du pays, parmi lesquels des industriels, des chômeurs… Conséquence logique de ce nombre pléthorique de candidats : la volatilité de l’électorat n’a jamais été aussi forte. Désir Luckner a ainsi obtenu 591 voix sur un total de 1,5 million de votes, soit 0,04%. A titre d’exemple, Jacques Cheminade, dixième et bon dernier de la présidentielle française en 2012, avait récolté près de 90.000 suffrages au premier tour (0,25%). Haïti possède aussi le record du plus petit ratio de candidats rapportés au nombre d’électeurs. Avec 54 concurrents pour 1,5 million de suffrages exprimés au premier tour (le second tour a lieu ce dimanche après de multiples reports), un candidat a théoriquement représenté 28.500 électeurs. Là encore, la France fait pâle figure, avec un candidat pour 1,8 million de personnes qui se sont déplacés dans les bureaux de vote le 21 avril 2002. Pour trouver un autre pays où les candidatures fleurissent à l’approche de l’élection suprême, il faut se pencher sur le cas du Bénin. En janvier, 48 dossiers ont été déposés pour le scrutin présidentiel et 33 ont finalement franchi l’étape de la Commission électorale nationale, pour se présenter le dimanche 6 mars dernier. Citons également les cas significatifs du Mali (27 candidats en 2013) ou des Comores (25 prétendants cette année).
(JDD)