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Cryptomonnaie : vers la chute du bitcoin ?

Cryptomonnaie : vers la chute du bitcoin ?

« Achetez la rumeur, vendez la nouvelle », proclame un adage boursier. Maintenant que le bitcoin a atteint 109 000 dollars, peut-il encore monter ? Ou ne rappelle-t-il pas les grandes bulles de l’histoire financière, comme la tulipomanie ?

par Éric Pichet
Professeur et directeur du Mastère Spécialisé Patrimoine et Immobilier, Kedge Business School

Dans un article paru dans The Conversation, en novembre 2017, nous analysions les causes de l’envolée du bitcoin, passé au-dessus du seuil symbolique des 10 000 dollars. Sa divisibilité jusqu’à huit chiffres après la virgule, le rendant pratiquement accessible à tous les humains, expliquait largement un engouement mondial inédit pour un actif spéculatif sans aucune valeur intrinséque. Conçu par un algorithme plafonnant son nombre à 21 millions à terme, le bitcoin créé un gigantesque effet d’entonnoir – une demande potentielle extraordinairement supérieure à une offre strictement limitée.

Nous estimions alors qu’il ne fallait surtout pas vendre à découvert le bitcoin, car nul ne pouvait prédire ni la durée ni le sommet de la vague spéculative. Comme nous l’a enseigné Keynes : « Le marché peut rester plus longtemps irrationnel que vous ne pouvez rester solvable. »

Né sous X le 3 janvier 2009 et qualifié abusivement d’« or numérique », le bitcoin a connu une adolescence agitée. Les écologistes le blâment d’être extrêmement énergivore, le processus de minage, principalement au Kazakhstan et aux États-Unis, consommant en 2024 l’équivalent de la consommation électrique de la Pologne, ainsi qu’une très grande quantité d’eau.

Les États et les services fiscaux l’accusent également d’être un outil de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme, du fait de son intraçabilité. Les régulateurs lui reprochent de faciliter les escroqueries de haut vol comme celle de FTX en novembre 2022. Dernier exemple en date, en janvier 2025, Binance, la première plateforme de cryptos au monde avec 35 % de part de marché – et 50 % en France – fait l’objet, à Paris, d’une information judiciaire. Les accusations : blanchiment aggravé, blanchiment de fraude fiscale, blanchiment en lien avec un trafic de produit stupéfiant et exercice illégal de la profession de prestataire de services sur actifs numériques.

Pour couronner le tout, les investisseurs ne sont jamais à l’abri d’un détournement de leurs actifs numériques sur les plateformes de conservation, comme le note le rapport annuel 2025 de Chainalysis. Ce dernier relève 2,2 milliards de dollars de vol de cryptomonnaies en 2024, dont 60 % par des hackers affiliés à la Corée du Nord qui financerait ainsi 5 % de son PIB en toute impunité. Dernier casse spectaculaire, le plus important de l’histoire des cryptomonnaies, l’attaque de la plateforme Bybit le 16 février 2025. Montant total des dommages : 1,5 milliard de dollars d’Ethereum, la deuxième plus grosse cryptomonnaie.

Flambée des cours depuis l’élection de Trump

Malgré tous ces déboires, le bitcoin a connu une flambée spectaculaire depuis l’élection de M. Trump. Il est passé de 70 000 dollars, dès la publication des résultats le 6 novembre 2024, à 90 000 dollars pour culminer, le 20 janvier 2025, jour de l’investiture, à plus de 109 000 dollars ou 105 000 euros. Ce jour-là, le nouveau président annonçait une dérégulation des cryptomonnaies, la démission symbolique du président de la Securities and Exchange Commission (SEC) et sa détermination à faire des États-Unis la capitale crypto de la planète. Comment ? En facilitant les stables coins, tout en tuant dans l’œuf le projet de dollar numérique soutenu par l’administration Biden.

Cette folle hausse est purement états-unienne et de nature essentiellement politique. Rappelons que Trump est un ex-contempteur du bitcoin, cette pseudo monnaie étant « fondée sur du vent », selon ses dires au cours de son premier mandat, en juillet 2019. La volte-face s’explique bien sûr par son obsession anti-Biden, mais aussi par son intérêt bien compris. L’industrie des cryptos a financé à hauteur de 200 millions de dollars sa dernière campagne électorale et il détient un portefeuille important du jeton Maga qui a été multiplié par plus de cinquante grâce à ses déclarations, avant de s’effondrer.

La vague de hausse a également été facilitée par l’essor des trackers sur le bitcoin qui ont, selon Bloomberg, collecté 116 milliards de dollars en 2024. Il faut bien comprendre que les sociétés de gestion qui conçoivent ses produits, comme le leader BlackRock, qui représente environ la moitié des encours, ne prennent aucun risque. Mais les commissions récurrentes qu’elles touchent sur les encours en font des avocates intéressées des cryptomonnaies.

Le buzz sur les réseaux sociaux lancé par les ingénieurs du chaos, Elon Musk en tête, qui a versé à lui seul 250 millions de dollars supplémentaires à la campagne de M. Trump, a attiré d’innombrables spéculateurs. Ces néo-investisseurs sont très majoritairement des jeunes hommes, dont 57 % auraient entre 18 et 34 ans et 24 % moins de 25 ans. En réalité, ils achètent tout ce qui ressemble au bitcoin comme les meme coins qui représentaient environ 100 milliards de dollars, fin décembre 2024, mais désormais 60 milliards.

Leçon des précédentes bulles financières

Ce boom généralisé des cryptos et la forte décrue des cours du bitcoin autour des 80 000 dollars en février 2025, n’est pas sans rappeler les grandes bulles de l’histoire financière.

Nul doute que son évolution à court terme dépendra des déclarations du nouveau président états-unien. Ironie du sort, il vient d’annoncer, le 2 mars 2025, la création d’une réserve stratégique fédérale de cryptos qui a déclenché une brève reprise au moment même où le Salvador abandonne le bitcoin comme monnaie officielle pour pouvoir emprunter auprès du FMI. Il est dès lors utile de méditer les leçons du passé.

Plusieurs bulles spectaculaires ont en effet émaillé l’histoire financière des derniers siècles. La tulipomanie, bulle mythique ayant éclaté en Hollande le 6 février 1637, semble avoir été quelque peu exagérée par les historiens.

Les plus instructives sont celles, concomitantes, de la South Sea Company et de la compagnie du Mississippi de John Law. Entre 1715 et 1720, de part et d’autre de la Manche, à Londres et Paris, alors deux grands centres de la richesse mondiale, elles ruinèrent des milliers d’épargnants. À l’époque de l’apogée du système de Law en 1720, la spéculation se déchaînait rue Quincampoix à Paris. À Londres, comme le rappelle Burton Malkiel dans une savoureuse anecdote tirée de son best-seller, Une marche au hasard à travers la Bourse, (traduit par nos soins en 2005), d’innombrables sociétés avaient été créées ex nihilo pour satisfaire la voracité des agioteurs dont « une compagnie d’un grand intérêt, mais dont l’objet devait rester secret ». Sans doute un lointain ancêtre des meme coins de l’ère Trump…

Le legs du bitcoin : blockchain et euro numérique
Si la chute du bitcoin depuis son pic du 20 janvier nous rappelle la pertinence de l’adage boursier « Achetez la rumeur, vendez la nouvelle », un éventuel effondrement du bitcoin ne mettrait pas en péril l’économie mondiale. Sa capitalisation, au cours actuel de 85 000 dollars, de 1 700 milliards de dollars ne représente qu’un dixième de la valeur du stock d’or mondial et reste très inférieure à chacune des plus grandes sociétés cotées comme Apple, Microsoft ou Nvidia.

En réalité, seuls les nombreux spéculateurs et le petit écosystème qui s’est constitué autour des cryptos souffriraient. Quoi qu’il advienne du destin du bitcoin, l’outil de la blockchain restera une formidable innovation qui servira notamment de support à l’euro numérique. Du fait de l’abandon du dollar numérique par M. Trump, la monnaie européenne numérique conférera même, à l’horizon 2026, une longueur d’avance aux Européens dans la compétition des monnaies mondiales de réserve.

Bitcoins : une chute de 25 %

Bitcoins : une chute de 25 %

Face aux incertitudes économiques provoquées notamment par les nombreuses initiatives du président américain, les investisseurs tendent à se débarrasser de leurs actifs spéculatifs comme les bitcoins qui ont chuté de 25 % en six semaines. Les bouleversements voulus par Trump pourraient en effet affecter gravement l’inflation et par conséquence le pouvoir d’achat et d’investissement des ménages et des entreprises. Bref le risque est d’affecter aussi la croissance et le résultat financier des entreprises .

 

 

Mais le risque d’emballement d’une guerre commerciale tous azimuts a assombri ces dernières semaines l’humeur des investisseurs, les incitant à se débarrasser de leurs actifs spéculatifs ou à risque – comme le bitcoin – pour se réfugier vers des placements jugés plus sûrs et obtenir des liquidités pour couvrir leurs pertes sur les marchés boursiers et le marché des changes. . Les investisseurs avaient par ailleurs été refroidis la semaine dernière par l’annonce d’un vol historique de 1,5 milliard de dollars en cryptomonnaies sur la plateforme Bybit.

Economie-Chute des marchés financiers : pourquoi ?

Economie-Chute des marchés financiers : pourquoi ?

 

Début août, de Tokyo à Paris, en passant par Francfort et Londres, les principales places financières mondiales ont subi une forte correction. Pour certaines, ce fut un «lundi noir» : l’indice Nikkei de la Bourse de Tokyo a perdu 12,4% – sa pire journée depuis 37 ans –, le CAC 40 (Paris) 1,42%, le FTSE (Londres) 2,04%, le Dax (Francfort) 1,82%. Outre-Atlantique, les trois principaux indicateurs de Wall Street ont, eux aussi, conclu sur une chute brutale : 3,43% pour le Nasdaq – son plus fort repli en une journée depuis septembre 2022 –, 3% pour le S&P 500 et 2,60% pour le Dow Jones. La nervosité a même touché le marché des cryptoactifs : le cours du Bitcoin a perdu près de 17%Face à de telles secousses, une question s’impose : Pourquoi maintenant ? Les réponses apportées ont été principalement de deux ordres. D’une part, les opérations de «yen carry trade». Cette stratégie de portage consiste à s’endetter, à un bas taux d’intérêt, pour investir, dans le reste du monde, sur des produits ayant des rendements plus élevés que le taux d’emprunt et profiter ainsi du différentiel de taux. Depuis plusieurs mois, les positions se sont multipliées sur la devise nippone, dont le cours par rapport au dollar américain ou à l’euro était resté faible. Le relèvement inattendu, le 31 juillet, des taux d’intérêt par la Bank of Japan afin de soutenir la monnaie nationale, qui s’était fortement dépréciée (10%) par rapport au dollar américain, a débouché sur une réduction de l’écart de taux et sur une appréciation du yen par rapport aux principales devises internationales, provoquant les premières pertes pour «les carry-traders». D’autre part, la dégradation mondiale du climat des affaires, en particulier, le ralentissement de l’économie américaine, même si la situation est encore plus préoccupante en Europe, en Chine, au Japon… Dans un contexte où les marchés ont pris connaissance de toute une batterie d’indicateurs extrêmement mauvais (indicateur d’activité manufacturière ISM, commandes de biens durables…), les craintes d’une récession aux États-Unis se sont amplifiées à la suite de la publication de statistiques sur l’emploi, plus mauvaises qu’anticipées.

 

par Michel Ruimy
Professeur affilié, ESCP Business School dans The Conversation 
L’économie américaine a créé, en juillet, 114 000 emplois soit environ 30% de moins qu’attendu tandis que le taux de chômage s’établissait, en légère hausse, à 4,3% de la population active, son plus haut niveau depuis 2021. Ces chiffres ont provoqué un changement brutal de narratif. Les marchés sont passés d’une surveillance quasi exclusive du taux d’inflation à celles du taux de croissance et du marché du travail. Aujourd’hui, toute mauvaise nouvelle fait vendre les marchés alors qu’il y a quelque temps encore, une situation similaire aurait été anticipée comme le signe d’une future baisse de taux d’intérêt.

La réaction des marchés à ces nouvelles a été exagérée. En effet, la hausse du principal taux d’intérêt directeur de la Bank of Japan (passage de 0,10% à 0,25%) positionne le nouveau niveau, loin de l’objectif de celui des «Fed funds» de la banque centrale américaine (5,50%). Il n’y a donc pas péril en la demeure ! De même, les craintes de récession aux États-Unis apparaissent exagérées en dépit du ralentissement de l’activité et de ses perspectives pour le second semestre de l’année. Même à 4,3%, le taux de chômage américain reste en phase avec une situation de plein-emploi.

En cas de dégradation de la situation, la Federal Reserve a annoncé, à cet égard, dès le 31 juillet, qu’elle n’hésiterait pas à assouplir sa politique monétaire en septembre prochain, ce qui aurait dû rassurer la Bourse. Si ces évolutions ont contribué à la tourmente du 5 août, elles paraissent cependant insuffisantes pour justifier l’ampleur de la chute et de son processus viral.

Ces derniers mois et semaines, il y a eu beaucoup d’excès sur les marchés et, avec eux, une nécessité de purger un certain nombre d’entre eux. Cette correction résulte de la conjonction de plusieurs facteurs de nervosité. Tout d’abord, la chute des cours boursiers nous indique que nous sommes davantage sur une « crise de compte de résultats » que sur une «crise bilantaire». En effet, aucun acteur financier n’a rencontré de difficultés financières. Les établissements de crédit sont moins endettés et le système financier moins exposé à une crise de liquidités qu’auparavant, les prêteurs privés assumant désormais une grande partie des risques qui, antérieurement, reposaient sur les banques.

En fait, les diverses anticipations optimistes sur l’essor des nouvelles technologies, notamment sur celui de l’intelligence artificielle (IA), ont poussé fortement à la hausse les cours boursiers des entreprises du secteur. Par leur forte croissance et leur forte rentabilité, ces sociétés ont déjà enrichi les investisseurs. Mais, si le potentiel de l’IA ne fait pas débat, en revanche, la valorisation élevée de ces acteurs inquiétait les opérateurs. Dans un contexte de ralentissement économique et après l’annonce par Berkshire Hathaway, le fonds d’investissement de Warren Buffett, de la vente de la moitié de ses actions Apple, leur crainte a été de voir les entreprises technologiques – les «Magnificent Seven» – réaliser de lourds investissements dans l’intelligence artificielle pour des résultats jugés peu convaincants. Cette chute pourrait être ainsi le début du dégonflement de la bulle financière, liée au boom de l’intelligence artificielle, annoncée depuis plusieurs mois.
Ensuite, la publication des chiffres de l’emploi américain a interpellé les marchés. La croissance marginale du taux de chômage a suffi à activer une règle heuristique de mesure du cycle économique : la règle de Sahm. Celle-ci établit un lien entre taux de chômage et risque de récession aux États-Unis : historiquement, si la moyenne des trois derniers mois du taux de chômage surpasse de 0,5 point de pourcentage son niveau le plus bas des douze derniers mois, l’économie américaine vient de rentrer en récession. Cette règle a daté, avec succès, la plupart des récessions américaines passées. La crainte que cette règle ne se vérifie de nouveau est, en partie, responsable du fléchissement des bourses mondiales.

Pour autant, cette règle est-elle vraiment fiable ? Car le caractère «heuristique» de cet indicateur signifie qu’une régularité statistique est observée mais qu’aucune loi économique n’est sous-tendue par une modélisation de la réalité. Il n’en demeure pas moins que cette règle permet d’affirmer, avec une certaine confiance, que l’économie américaine connaît une détérioration du marché de l’emploi qui devrait préoccuper les autorités monétaires même si des indicateurs clés de l’économie semblent toujours bons. C’est, pour le moment, le seul indicateur économique porteur de ce message. Les tensions du marché du travail américain agitent les marchés pour de bonnes raisons, mais l’heure du «hard landing» n’a probablement pas encore sonné.

Par ailleurs, le stress observé le 5 août est un signal envoyé aux autorités monétaires. En effet, le marché est un indicateur avancé du cycle économique. Les bourses anticipent et réagissent à l’évolution des principaux indicateurs économiques dans le monde, aux «faits et gestes» des acteurs économiques… Les dernières statistiques relatives au marché du travail ont interpellé les opérateurs de marché. L’écart entre les prévisions et les résultats est tel qu’il interroge sur le bon pilotage de l’économie américaine, facteur clef à quelques semaines de l’élection présidentielle. Les banques centrales sont donc dans l’obligation de gérer la situation économique correctement afin d’éviter une récession au risque de poser un grave problème aux États, incapables de faire face à une potentielle crise du fait de la dégradation de leurs finances publiques.

Enfin, la chute des indices boursiers peut également être expliquée par des raisons techniques, comme le trading de haute fréquence (THF). Le THF est une méthode automatisée s’appuyant sur des algorithmes complexes et sur des ordinateurs puissants pour exécuter des ordres à très grande vitesse – de l’ordre de la nanoseconde – en tirant profit d’écarts de prix, même minimes, sur les valeurs. Optimiser la vitesse d’accès au marché et le volume quotidien d’ordres passés est donc essentiel.

Aujourd’hui, près des deux tiers des transactions effectuées sur les marchés «actions» sont réalisées selon ce processus. La maximisation opérationnelle a donc un réel impact sur les marchés financiers à l’échelle mondiale en accentuant les variations, tant à la hausse qu’à la baisse, des cours boursiers en un court laps de temps. Ceci s’est déjà fait sentir par le passé (Cf. «Flash crash» du 6 mai 2010, 1er août 2012 : Quasi-faillite de Knight Capital, 5 février 2018 : forte baisse du Dow Jones…). Il est donc vraisemblable que le THF ait joué un rôle non négligeable sur les performances boursières enregistrées.

Le risque d’une crise systémique ?
Prédire l’orientation du marché en fonction des performances précédentes n’est pas nouveau. À ce jour, il n’y a pas de déséquilibres macro-économiques ou financiers pouvant mener à une crise globale. Les marchés ont besoin de souffler après les incertitudes géopolitiques et les tensions économiques de ces dernières années. De surcroît, la Federal Reserve devrait commencer prochainement à baisser ses taux directeurs et apporter de l’oxygène à l’économie.

Pour l’instant, la seule raison valable de la chute de la Bourse réside dans la correction de la flambée excessive des actions de ces derniers mois. Quant aux autres raisons profondes, elles tiennent à «autre chose», en particulier aux rumeurs qui ont fait paniquer temporairement les investisseurs (Troisième guerre mondiale, risque d’une crise politico-sociale majeure en France et dans l’ensemble de la zone euro, risque d’une faillite bancaire de grande envergure…). La rapidité avec laquelle les bourses mondiales ont rebondi les jours suivants semble montrer que ces dangers ont pour l’instant été mis de côté. Jusqu’à quand ? L’avenir le dira. Il est trop tôt pour être inquiet, pas pour être vigilant.

Chute des marchés financiers : pourquoi ?

Chute des marchés financiers : pourquoi ?

 

Début août, de Tokyo à Paris, en passant par Francfort et Londres, les principales places financières mondiales ont subi une forte correction. Pour certaines, ce fut un «lundi noir» : l’indice Nikkei de la Bourse de Tokyo a perdu 12,4% – sa pire journée depuis 37 ans –, le CAC 40 (Paris) 1,42%, le FTSE (Londres) 2,04%, le Dax (Francfort) 1,82%. Outre-Atlantique, les trois principaux indicateurs de Wall Street ont, eux aussi, conclu sur une chute brutale : 3,43% pour le Nasdaq – son plus fort repli en une journée depuis septembre 2022 –, 3% pour le S&P 500 et 2,60% pour le Dow Jones. La nervosité a même touché le marché des cryptoactifs : le cours du Bitcoin a perdu près de 17%Face à de telles secousses, une question s’impose : Pourquoi maintenant ? Les réponses apportées ont été principalement de deux ordres. D’une part, les opérations de «yen carry trade». Cette stratégie de portage consiste à s’endetter, à un bas taux d’intérêt, pour investir, dans le reste du monde, sur des produits ayant des rendements plus élevés que le taux d’emprunt et profiter ainsi du différentiel de taux. Depuis plusieurs mois, les positions se sont multipliées sur la devise nippone, dont le cours par rapport au dollar américain ou à l’euro était resté faible. Le relèvement inattendu, le 31 juillet, des taux d’intérêt par la Bank of Japan afin de soutenir la monnaie nationale, qui s’était fortement dépréciée (10%) par rapport au dollar américain, a débouché sur une réduction de l’écart de taux et sur une appréciation du yen par rapport aux principales devises internationales, provoquant les premières pertes pour «les carry-traders». D’autre part, la dégradation mondiale du climat des affaires, en particulier, le ralentissement de l’économie américaine, même si la situation est encore plus préoccupante en Europe, en Chine, au Japon… Dans un contexte où les marchés ont pris connaissance de toute une batterie d’indicateurs extrêmement mauvais (indicateur d’activité manufacturière ISM, commandes de biens durables…), les craintes d’une récession aux États-Unis se sont amplifiées à la suite de la publication de statistiques sur l’emploi, plus mauvaises qu’anticipées.

 

par Michel Ruimy
Professeur affilié, ESCP Business School dans The Conversation 

 
L’économie américaine a créé, en juillet, 114 000 emplois soit environ 30% de moins qu’attendu tandis que le taux de chômage s’établissait, en légère hausse, à 4,3% de la population active, son plus haut niveau depuis 2021. Ces chiffres ont provoqué un changement brutal de narratif. Les marchés sont passés d’une surveillance quasi exclusive du taux d’inflation à celles du taux de croissance et du marché du travail. Aujourd’hui, toute mauvaise nouvelle fait vendre les marchés alors qu’il y a quelque temps encore, une situation similaire aurait été anticipée comme le signe d’une future baisse de taux d’intérêt.

La réaction des marchés à ces nouvelles a été exagérée. En effet, la hausse du principal taux d’intérêt directeur de la Bank of Japan (passage de 0,10% à 0,25%) positionne le nouveau niveau, loin de l’objectif de celui des «Fed funds» de la banque centrale américaine (5,50%). Il n’y a donc pas péril en la demeure ! De même, les craintes de récession aux États-Unis apparaissent exagérées en dépit du ralentissement de l’activité et de ses perspectives pour le second semestre de l’année. Même à 4,3%, le taux de chômage américain reste en phase avec une situation de plein-emploi.

En cas de dégradation de la situation, la Federal Reserve a annoncé, à cet égard, dès le 31 juillet, qu’elle n’hésiterait pas à assouplir sa politique monétaire en septembre prochain, ce qui aurait dû rassurer la Bourse. Si ces évolutions ont contribué à la tourmente du 5 août, elles paraissent cependant insuffisantes pour justifier l’ampleur de la chute et de son processus viral.

Ces derniers mois et semaines, il y a eu beaucoup d’excès sur les marchés et, avec eux, une nécessité de purger un certain nombre d’entre eux. Cette correction résulte de la conjonction de plusieurs facteurs de nervosité. Tout d’abord, la chute des cours boursiers nous indique que nous sommes davantage sur une « crise de compte de résultats » que sur une «crise bilantaire». En effet, aucun acteur financier n’a rencontré de difficultés financières. Les établissements de crédit sont moins endettés et le système financier moins exposé à une crise de liquidités qu’auparavant, les prêteurs privés assumant désormais une grande partie des risques qui, antérieurement, reposaient sur les banques.

En fait, les diverses anticipations optimistes sur l’essor des nouvelles technologies, notamment sur celui de l’intelligence artificielle (IA), ont poussé fortement à la hausse les cours boursiers des entreprises du secteur. Par leur forte croissance et leur forte rentabilité, ces sociétés ont déjà enrichi les investisseurs. Mais, si le potentiel de l’IA ne fait pas débat, en revanche, la valorisation élevée de ces acteurs inquiétait les opérateurs. Dans un contexte de ralentissement économique et après l’annonce par Berkshire Hathaway, le fonds d’investissement de Warren Buffett, de la vente de la moitié de ses actions Apple, leur crainte a été de voir les entreprises technologiques – les «Magnificent Seven» – réaliser de lourds investissements dans l’intelligence artificielle pour des résultats jugés peu convaincants. Cette chute pourrait être ainsi le début du dégonflement de la bulle financière, liée au boom de l’intelligence artificielle, annoncée depuis plusieurs mois.
Ensuite, la publication des chiffres de l’emploi américain a interpellé les marchés. La croissance marginale du taux de chômage a suffi à activer une règle heuristique de mesure du cycle économique : la règle de Sahm. Celle-ci établit un lien entre taux de chômage et risque de récession aux États-Unis : historiquement, si la moyenne des trois derniers mois du taux de chômage surpasse de 0,5 point de pourcentage son niveau le plus bas des douze derniers mois, l’économie américaine vient de rentrer en récession. Cette règle a daté, avec succès, la plupart des récessions américaines passées. La crainte que cette règle ne se vérifie de nouveau est, en partie, responsable du fléchissement des bourses mondiales.

Pour autant, cette règle est-elle vraiment fiable ? Car le caractère «heuristique» de cet indicateur signifie qu’une régularité statistique est observée mais qu’aucune loi économique n’est sous-tendue par une modélisation de la réalité. Il n’en demeure pas moins que cette règle permet d’affirmer, avec une certaine confiance, que l’économie américaine connaît une détérioration du marché de l’emploi qui devrait préoccuper les autorités monétaires même si des indicateurs clés de l’économie semblent toujours bons. C’est, pour le moment, le seul indicateur économique porteur de ce message. Les tensions du marché du travail américain agitent les marchés pour de bonnes raisons, mais l’heure du «hard landing» n’a probablement pas encore sonné.

Par ailleurs, le stress observé le 5 août est un signal envoyé aux autorités monétaires. En effet, le marché est un indicateur avancé du cycle économique. Les bourses anticipent et réagissent à l’évolution des principaux indicateurs économiques dans le monde, aux «faits et gestes» des acteurs économiques… Les dernières statistiques relatives au marché du travail ont interpellé les opérateurs de marché. L’écart entre les prévisions et les résultats est tel qu’il interroge sur le bon pilotage de l’économie américaine, facteur clef à quelques semaines de l’élection présidentielle. Les banques centrales sont donc dans l’obligation de gérer la situation économique correctement afin d’éviter une récession au risque de poser un grave problème aux États, incapables de faire face à une potentielle crise du fait de la dégradation de leurs finances publiques.

Enfin, la chute des indices boursiers peut également être expliquée par des raisons techniques, comme le trading de haute fréquence (THF). Le THF est une méthode automatisée s’appuyant sur des algorithmes complexes et sur des ordinateurs puissants pour exécuter des ordres à très grande vitesse – de l’ordre de la nanoseconde – en tirant profit d’écarts de prix, même minimes, sur les valeurs. Optimiser la vitesse d’accès au marché et le volume quotidien d’ordres passés est donc essentiel.

Aujourd’hui, près des deux tiers des transactions effectuées sur les marchés «actions» sont réalisées selon ce processus. La maximisation opérationnelle a donc un réel impact sur les marchés financiers à l’échelle mondiale en accentuant les variations, tant à la hausse qu’à la baisse, des cours boursiers en un court laps de temps. Ceci s’est déjà fait sentir par le passé (Cf. «Flash crash» du 6 mai 2010, 1er août 2012 : Quasi-faillite de Knight Capital, 5 février 2018 : forte baisse du Dow Jones…). Il est donc vraisemblable que le THF ait joué un rôle non négligeable sur les performances boursières enregistrées.

Le risque d’une crise systémique ?
Prédire l’orientation du marché en fonction des performances précédentes n’est pas nouveau. À ce jour, il n’y a pas de déséquilibres macro-économiques ou financiers pouvant mener à une crise globale. Les marchés ont besoin de souffler après les incertitudes géopolitiques et les tensions économiques de ces dernières années. De surcroît, la Federal Reserve devrait commencer prochainement à baisser ses taux directeurs et apporter de l’oxygène à l’économie.

Pour l’instant, la seule raison valable de la chute de la Bourse réside dans la correction de la flambée excessive des actions de ces derniers mois. Quant aux autres raisons profondes, elles tiennent à «autre chose», en particulier aux rumeurs qui ont fait paniquer temporairement les investisseurs (Troisième guerre mondiale, risque d’une crise politico-sociale majeure en France et dans l’ensemble de la zone euro, risque d’une faillite bancaire de grande envergure…). La rapidité avec laquelle les bourses mondiales ont rebondi les jours suivants semble montrer que ces dangers ont pour l’instant été mis de côté. Jusqu’à quand ? L’avenir le dira. Il est trop tôt pour être inquiet, pas pour être vigilant.

Popularité : la chute des leaders de la gauche

 

Malgré la nomination d’un candidat unique pour le poste de Premier ministre, tous les leaders de la gauche enregistrent une très forte baisse de popularité. La candidature de Lucie Castets a tendance à faire plouf. D’autant que l’intéressée s’est surtout signalé par sa volonté d’augmenter la fiscalité des expatriés et d’ouvrir la page de sa vie intime donc en vérité tout le monde se moque. Résultat 15 % d’image positive , une image plutôt psychorigide et bobo de gauche.

À noter que la baisse affecte tous les autres leaders de la gauche. Rien d’étonnant à cela sans doute quand ils promettent 15 milliards de dépenses supplémentaires par an alors qu’il faudrait faire 15 milliards d’économies !

D’après une enquête d’Elabe, la popularité des leaders du nouveau Front populaire s’écroule même au sein des électeurs de la gauche. Fabien Roussel, tête d’affiche avec le plus d’« image positive » dans cet électorat, chute de 8 points sur un mois, à 51 % d’image positive. Raphaël Glucksmann, deuxième, est en recul de 10 points d’un mois sur l’autre, à 49 %. François Ruffin, lui, chute de 11 points, à 45 %, et l’ancien président François Hollande de 14 points, à 43 %. Derrière eux, le socialiste Olivier Faure (-8 points), l’écologiste Marine Tondelier (-9 points) et l’Insoumis Manuel Bompard (-13 points) subissent tous le même sort.

La dynamique positive observée le mois dernier, et l’espoir né avec la formation du Nouveau Front populaire et l’accord programmatique entre les formations de l’alliance, « est quasiment effacée », observe Vincent Thibault, directeur d’études chez Elabe.

 

Economie- Chute de la productivité et appauvrissement du pays

Economie- Chute de la productivité et appauvrissement du pays

 

 La productivité c’est le rapport entre la richesse produite et le nombre d’emplois. Or cette productivité a diminué de 5 à 8 % par rapport à la période pré-Covid. Autrement dit le fromage s’est  rétréci et explique en partie l’appauvrissement du pays et la montée de l’endettement. Depuis 2019, la productivité du travail en France a baissé de 8,5 % par rapport à sa tendance pré Covid : les créations d’emplois ont été en effet plus dynamiques que le PIB. L’analyse présentée dans cet article explique un peu plus de la moitié de cette perte. Les principaux facteurs durables seraient le recours massif à l’apprentissage (1,2 point de pourcentage [pp]) ainsi qu’un effet de composition de la main d’œuvre (augmentation proportionnellement plus forte de l’emploi moins qualifié, pour 1,4 pp). Ces facteurs sont cependant en partie positifs : ils traduisent davantage une orientation des politiques publiques en faveur de l’emploi – avec une très bonne résilience de celui ci – plutôt qu’une diminution du potentiel de création de richesse de la France. En revanche, la crise Covid aurait pesé sur ce potentiel en réduisant la productivité à hauteur de 0,4 pp. Enfin, des facteurs transitoires, principalement des rétentions de main-d’œuvre dans certains secteurs, expliqueraient 1,8 pp du décrochage.

par Auteurs : Antoine Devulder, Bruno Ducoudré, Matthieu Lemoine, Thomas Zuber dala Bnaque de France

La France connaît depuis 2019 un net décrochage de la productivité apparente du travail. Cette dernière, définie ici comme le rapport entre la valeur ajoutée produite et le nombre de personnes employées, se situait, au deuxième trimestre 2023, 5,2 % en dessous de son niveau pré-Covid (dernier trimestre 2019) dans les branches marchandes. Cette perte s’élève même à 8,5 % lorsque l’on compare le niveau de productivité effectivement constaté au niveau qui aurait dû être observé si la productivité par tête avait continué à croître depuis début 2020 à un rythme comparable à celui de la période 2010-2019 (cf. graphique 1). Elle reflète un rythme de créations d’emplois bien plus dynamique que celui de la création de richesse par l’économie. Dans d’autres pays de la zone euro, un décrochage de la productivité a également pu être observé, mais il surprend en France par son ampleur et sa persistance. En Espagne, si le décrochage est d’abord apparu comparable à celui de la France, il s’est considérablement réduit à partir du deuxième trimestre 2022. En Allemagne, il est resté d’ampleur limitée depuis fin 2020. En moyenne dans la zone euro, l’écart de la productivité par tête dans les branches marchandes à sa tendance pré-Covid ne s’élevait qu’à – 2,4 % au deuxième trimestre 2023.

Comment comprendre ce phénomène ? Cet article propose un exercice de quantification partiel permettant de rapporter le décrochage observé de la productivité à des causes soit temporaires soit permanentes . Parmi les causes dont les effets seront amenés à perdurer, cette étude retient la croissance de l’emploi des apprentis, les changements de composition de la main-d’œuvre et les effets permanents liés aux confinements successifs. L’ensemble de ces facteurs explique 3,1 points de pourcentage (pp) du décrochage de la productivité par tête. Parmi les facteurs temporaires, à l’origine de 1,8 pp de perte, les rétentions de main-d’œuvre dans les secteurs confrontés à une baisse transitoire de leur activité contribuent de façon prépondérante, pour 1,7 pp. Au total, ces facteurs permettent d’expliquer un peu plus de la moitié du décrochage observé de la productivité du travail. Après avoir joué un rôle important au plus fort de la crise sanitaire, en pesant sur la durée du travail et donc sur la productivité par tête à productivité horaire inchangée, d’autres facteurs comme les arrêts maladie et l’activité partielle ne contribuent plus, ou seulement de manière marginale, au décrochage de la productivité.

LVMH: chute du bénéfice

 LVMH:  chute du bénéfice 

Signe du tassement mondial et notamment de la croissance en Chine le bénéfice de LVMH chute sérieusement au premier trimestre. La valorisation de l’entreprise pourrait être compliquée en outre par les incertitudes politiques et économiques de la France. La bourse de Paris sera forcément affectée par cette évolution. 
 LVMH a annoncé, ce mardi une baisse de 14% de son bénéfice net au premier semestre. Celui-ci recule à 7,26 milliards d’euros. Le repli est également palpable pour la performance opérationnelle. Le taux de marge opérationnelle courante s’établit à 25,5% sur le semestre, contre 27,4% au premier semestre 2023.

Les ventes du groupe de Bernard Arnault ont elles aussi reculé de 1% à 41,68 milliards d’euros, « dans un climat d’incertitudes économiques et géopolitiques ». Le chiffre d’affaires est ainsi inférieur aux prévisions établies par les analystes de Bloomberg et Factset, qui tablaient respectivement sur 42,13 et 42,3 milliards d’euros.

 

Chute de la productivité et appauvrissement du pays

Chute de la productivité et appauvrissement du pays

 

 La productivité c’est le rapport entre la richesse produite et le nombre d’emplois. Or cette productivité a diminué de 5 à 8 % par rapport à la période pré-Covid. Autrement dit le fromage s’est  rétréci et explique en partie l’appauvrissement du pays et la montée de l’endettement. Depuis 2019, la productivité du travail en France a baissé de 8,5 % par rapport à sa tendance pré Covid : les créations d’emplois ont été en effet plus dynamiques que le PIB. L’analyse présentée dans cet article explique un peu plus de la moitié de cette perte. Les principaux facteurs durables seraient le recours massif à l’apprentissage (1,2 point de pourcentage [pp]) ainsi qu’un effet de composition de la main d’œuvre (augmentation proportionnellement plus forte de l’emploi moins qualifié, pour 1,4 pp). Ces facteurs sont cependant en partie positifs : ils traduisent davantage une orientation des politiques publiques en faveur de l’emploi – avec une très bonne résilience de celui ci – plutôt qu’une diminution du potentiel de création de richesse de la France. En revanche, la crise Covid aurait pesé sur ce potentiel en réduisant la productivité à hauteur de 0,4 pp. Enfin, des facteurs transitoires, principalement des rétentions de main-d’œuvre dans certains secteurs, expliqueraient 1,8 pp du décrochage.

par Auteurs : Antoine Devulder, Bruno Ducoudré, Matthieu Lemoine, Thomas Zuber dala Bnaque de France

La France connaît depuis 2019 un net décrochage de la productivité apparente du travail. Cette dernière, définie ici comme le rapport entre la valeur ajoutée produite et le nombre de personnes employées, se situait, au deuxième trimestre 2023, 5,2 % en dessous de son niveau pré-Covid (dernier trimestre 2019) dans les branches marchandes. Cette perte s’élève même à 8,5 % lorsque l’on compare le niveau de productivité effectivement constaté au niveau qui aurait dû être observé si la productivité par tête avait continué à croître depuis début 2020 à un rythme comparable à celui de la période 2010-2019 (cf. graphique 1). Elle reflète un rythme de créations d’emplois bien plus dynamique que celui de la création de richesse par l’économie. Dans d’autres pays de la zone euro, un décrochage de la productivité a également pu être observé, mais il surprend en France par son ampleur et sa persistance. En Espagne, si le décrochage est d’abord apparu comparable à celui de la France, il s’est considérablement réduit à partir du deuxième trimestre 2022. En Allemagne, il est resté d’ampleur limitée depuis fin 2020. En moyenne dans la zone euro, l’écart de la productivité par tête dans les branches marchandes à sa tendance pré-Covid ne s’élevait qu’à – 2,4 % au deuxième trimestre 2023.

Comment comprendre ce phénomène ? Cet article propose un exercice de quantification partiel permettant de rapporter le décrochage observé de la productivité à des causes soit temporaires soit permanentes . Parmi les causes dont les effets seront amenés à perdurer, cette étude retient la croissance de l’emploi des apprentis, les changements de composition de la main-d’œuvre et les effets permanents liés aux confinements successifs. L’ensemble de ces facteurs explique 3,1 points de pourcentage (pp) du décrochage de la productivité par tête. Parmi les facteurs temporaires, à l’origine de 1,8 pp de perte, les rétentions de main-d’œuvre dans les secteurs confrontés à une baisse transitoire de leur activité contribuent de façon prépondérante, pour 1,7 pp. Au total, ces facteurs permettent d’expliquer un peu plus de la moitié du décrochage observé de la productivité du travail. Après avoir joué un rôle important au plus fort de la crise sanitaire, en pesant sur la durée du travail et donc sur la productivité par tête à productivité horaire inchangée, d’autres facteurs comme les arrêts maladie et l’activité partielle ne contribuent plus, ou seulement de manière marginale, au décrochage de la productivité.

La chute de la productivité explique l’appauvrissement du pays

La chute de la productivité explique l’appauvrissement du pays

 

 La productivité c’est le rapport entre la richesse produite et le nombre d’emplois. Or cette productivité a diminué de 5 à 8 % par rapport à la période pré-Covid. Autrement dit le fromage s’est  rétréci et explique en partie l’appauvrissement du pays et la montée de l’endettement. Depuis 2019, la productivité du travail en France a baissé de 8,5 % par rapport à sa tendance pré Covid : les créations d’emplois ont été en effet plus dynamiques que le PIB. L’analyse présentée dans cet article explique un peu plus de la moitié de cette perte. Les principaux facteurs durables seraient le recours massif à l’apprentissage (1,2 point de pourcentage [pp]) ainsi qu’un effet de composition de la main d’œuvre (augmentation proportionnellement plus forte de l’emploi moins qualifié, pour 1,4 pp). Ces facteurs sont cependant en partie positifs : ils traduisent davantage une orientation des politiques publiques en faveur de l’emploi – avec une très bonne résilience de celui ci – plutôt qu’une diminution du potentiel de création de richesse de la France. En revanche, la crise Covid aurait pesé sur ce potentiel en réduisant la productivité à hauteur de 0,4 pp. Enfin, des facteurs transitoires, principalement des rétentions de main-d’œuvre dans certains secteurs, expliqueraient 1,8 pp du décrochage.

par Auteurs : Antoine Devulder, Bruno Ducoudré, Matthieu Lemoine, Thomas Zuber dala Bnaque de France

La France connaît depuis 2019 un net décrochage de la productivité apparente du travail. Cette dernière, définie ici comme le rapport entre la valeur ajoutée produite et le nombre de personnes employées, se situait, au deuxième trimestre 2023, 5,2 % en dessous de son niveau pré-Covid (dernier trimestre 2019) dans les branches marchandes. Cette perte s’élève même à 8,5 % lorsque l’on compare le niveau de productivité effectivement constaté au niveau qui aurait dû être observé si la productivité par tête avait continué à croître depuis début 2020 à un rythme comparable à celui de la période 2010-2019 (cf. graphique 1). Elle reflète un rythme de créations d’emplois bien plus dynamique que celui de la création de richesse par l’économie. Dans d’autres pays de la zone euro, un décrochage de la productivité a également pu être observé, mais il surprend en France par son ampleur et sa persistance. En Espagne, si le décrochage est d’abord apparu comparable à celui de la France, il s’est considérablement réduit à partir du deuxième trimestre 2022. En Allemagne, il est resté d’ampleur limitée depuis fin 2020. En moyenne dans la zone euro, l’écart de la productivité par tête dans les branches marchandes à sa tendance pré-Covid ne s’élevait qu’à – 2,4 % au deuxième trimestre 2023.

Comment comprendre ce phénomène ? Cet article propose un exercice de quantification partiel permettant de rapporter le décrochage observé de la productivité à des causes soit temporaires soit permanentes . Parmi les causes dont les effets seront amenés à perdurer, cette étude retient la croissance de l’emploi des apprentis, les changements de composition de la main-d’œuvre et les effets permanents liés aux confinements successifs. L’ensemble de ces facteurs explique 3,1 points de pourcentage (pp) du décrochage de la productivité par tête. Parmi les facteurs temporaires, à l’origine de 1,8 pp de perte, les rétentions de main-d’œuvre dans les secteurs confrontés à une baisse transitoire de leur activité contribuent de façon prépondérante, pour 1,7 pp. Au total, ces facteurs permettent d’expliquer un peu plus de la moitié du décrochage observé de la productivité du travail. Après avoir joué un rôle important au plus fort de la crise sanitaire, en pesant sur la durée du travail et donc sur la productivité par tête à productivité horaire inchangée, d’autres facteurs comme les arrêts maladie et l’activité partielle ne contribuent plus, ou seulement de manière marginale, au décrochage de la productivité.

Moral des entreprises toujours en chute

Moral des entreprises toujours en chute

Dans une vaste enquête dévoilée ce jeudi par Bpifrance, le moral des PME et TPE continue de flancher. Le solde d’opinion des chefs d’entreprises sur le chiffre d’affaires demeure positif (+16), mais bien inférieur à sa moyenne de 2000-2023 (+23).

« Les PME anticipent une poursuite du ralentissement en 2024 et 2025 », a déclaré Thomas Laboureau, économiste lors d’un point presse.

«Aujourd’hui, il y a un net ralentissement vécu par les TPE et les PME sur l’investissement. L’environnement macroéconomique est contraint par un taux d’intérêt assez fort. »

Interrogés avant la dissolution et les législatives, les dirigeants avaient déjà exprimé des craintes sur leur activité. L’annonce tonitruante de la dissolution de l’Assemblée nationale et l’instabilité politique risquent de peser sur la confiance des chefs d’entreprises.

Or, les récentes enquêtes menées par la Banque de France ont montré que l’incertitude était un aléa qui pouvait peser sur l’activité. « Les remontées de terrain qui nous arrivent expriment des inquiétudes », a déclaré Philippe Mutricy, directeur des études. « Cette inquiétude va dépendre du gouvernement qui va se constituer, de l’équilibre à l’intérieur de l’exécutif et du programme qui sera appliqué. Les programmes ont été réalisés en 48 heures, a-t-il rappelé. L’impact sur l’investissement et l’emploi va dépendre de l’impact des mesures sur le coût du travail ».

 

Politique- Dernier sondage européennes : la chute de la majorité

Politique- Dernier sondage européennes : la chute de la majorité

 

D’après un sondage IFOP pour LCI, Jordan Bardella (Rassemblement national) arrive toujours en tête des intentions de vote, avec 33% des suffrages (=), suivi de Valérie Hayer (Renaissance), créditée de 14,5% (-0,5). Toujours derrière, Raphaël Glucksmann (PS-Place publique) n’aura pas réussi à rattraper la tête de liste de la majorité. Il pointe à 13% d’intentions de vote. Manon Aubry (La France insoumise) gagne 0,5 point et atteint les 9%, terminant la campagne en réalisant son plus haut score depuis le début de ces sondages quotidiens. François-Xavier Bellamy (Les Républicains) est toujours à 7% (=), Marion Maréchal (Reconquête), à 6% (=) et Marie Tousssaint (Écologistes), à 5,5% (+0,5).

Immobilier-Crise du logement : Chute de 20 % des permis de construire

 

Immobilier-Crise du logement : Chute de 20 % des permis de construire 

La situation catastrophique du secteur immobilier se confirme.  Entre mai 2023 et avril 2024, le nombre de permis de construire délivrés par les pouvoirs publics a chuté de près de 18% dans l’Hexagone, selon le ministère de la Transition écologique. 

En cause notamment des taux d’intérêt particulièrement élevés, mais aussi des coups de construction qui ne sont pas compatibles avec la solvabilité des candidats à l’accession. De plus en plus de couches moyennes sont écartés du projet d’achat d’un logement neuf ou ancien surtout après la hausse continue depuis une vingtaine d’années.

D’après les chiffres publiés jeudi par le ministère de la Transition écologique, le nombre de permis de construire délivrés par les pouvoirs publics continue de baisser dans l’Hexagone. Entre mai 2023 et avril 2024, 358.200 logements ont été autorisés à la construction, soit 17,7% de moins que lors des douze mois précédents.

Dans le détail, les maisons individuelles ont fait l’objet de 129.200 autorisations (-19,7%) entre mai 2023 et avril 2024, tandis que les logements collectifs en ont obtenu 229.000 (-16,6%). Au sein des logements collectifs, les résidences (étudiantes, seniors…) ont réussi à sensiblement limiter leur recul, qui s’établit à -11,1%.

Crise du logement : Chute de 20 % des permis de construire

 

Crise du logement : Chute de 20 % des permis de construire 

La situation catastrophique du secteur immobilier se confirme.  Entre mai 2023 et avril 2024, le nombre de permis de construire délivrés par les pouvoirs publics a chuté de près de 18% dans l’Hexagone, selon le ministère de la Transition écologique. 

En cause notamment des taux d’intérêt particulièrement élevés, mais aussi des coups de construction qui ne sont pas compatibles avec la solvabilité des candidats à l’accession. De plus en plus de couches moyennes sont écartés du projet d’achat d’un logement neuf ou ancien surtout après la hausse continue depuis une vingtaine d’années.

D’après les chiffres publiés jeudi par le ministère de la Transition écologique, le nombre de permis de construire délivrés par les pouvoirs publics continue de baisser dans l’Hexagone. Entre mai 2023 et avril 2024, 358.200 logements ont été autorisés à la construction, soit 17,7% de moins que lors des douze mois précédents.

Dans le détail, les maisons individuelles ont fait l’objet de 129.200 autorisations (-19,7%) entre mai 2023 et avril 2024, tandis que les logements collectifs en ont obtenu 229.000 (-16,6%). Au sein des logements collectifs, les résidences (étudiantes, seniors…) ont réussi à sensiblement limiter leur recul, qui s’établit à -11,1%.

Emission gaz à effet de serre, chute de 5,8%

Emission  gaz à effet de serre, chute de 5,8%

Le  Premier ministre a annoncé, mercredi 22 mai, en personne, les chiffres en baisse  fournis par le Citepa, l’organisme qui établit chaque année un inventaire national des émissions de gaz à effet de serre et polluants atmosphériques. 

« Nous avons eu (…) les chiffres définitifs des émissions de CO2 en 2023. Elles ont en réalité baissé en France de 5,8% », s’est félicité le Premier ministre. Ce recul survient après un repli de 2,7% sur l’ensemble de l’année 2022. Le Citepa avait évalué en mars la baisse en 2023 à 4,8% sur la base de données préliminaires. « Nous n’avons de leçons à recevoir de personne en matière d’efficacité écologique et environnementale », a ajouté Gabriel Attal, alors que la liste de la majorité est talonnée par celle du Parti socialiste menée par Raphaël Glucksmann.

Cette baisse reste en deçà des objectifs fixés par Paris. La France ambitionne de réduire ses émissions de 50% (-55% en net) d’ici à 2030 pour se conformer aux engagements du plan climat de l’Union européenne et d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050.

Sondage Européennes : La liste de Macron chute encore

Sondage Européennes : La liste de macron chute  encore

 Valérie Hayer. La présidente du groupe Renew ne sort en effet pas de sa mauvaise passe sondagière. Selon la dernière vague du «rolling» Ifop-Fiducial pour Le Figaro, LCI, et Sud Radio, publiée lundi, la Mayennaise chute encore à 17% (-0,5) d’intentions de vote. Depuis le lancement de ces études glissantes, elle n’a pas repris la main. Et a même perdu deux points en l’espace de deux semaines. Très loin de Jordan Bardella, qui crante dans les esprits sa position d’ultra-favori à 31,5% (=), Valérie Hayer voit le danger venir d’en-dessous. Du troisième homme.Si Raphaël Glucksmann n’est pas revenu à son record de 12,5% des votants, il s’en rapproche de nouveau avec 12% (+0,5). Une petite poussée qui réduit, comme jamais auparavant, son écart avec la macroniste.
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