Chine : La monnaie chinoise s’écoule
En raison de la faiblesse de son économie mais aussi de la crise financière qui affecte notamment le secteur immobilier la monnaie chinoise ne cesse de reculer en particulier par rapport au dollar.
La plupart des monnaies asiatiques souffrent par rapport au dollar notamment la monnaie chinoise.
Le soutien monétaire à l’économie chinoise est entravé , alors qu’elle est confrontée à un ralentissement de la reprise économique post-COVID. Compte tenu du manque de soutien monétaire, les investisseurs appellent maintenant le gouvernement à mettre en place des mesures fiscales plus ciblées.
Mais les analystes s’attendent à ce que Pékin s’abstienne de prendre de telles mesures, en invoquant le niveau élevé de la dette publique.
Néanmoins, toute nouvelle détérioration de l’économie chinoise est de mauvais augure pour le yuan, qui est déjà confronté à l’écart croissant entre les taux d’intérêt locaux et américains.
Les inquiétudes concernant la Chine ont affaibli la plupart des monnaies asiatiques. Le dollar australien et le yen japonais se sont légèrement affaiblis et s’échangeaient tous deux près de leurs plus bas niveaux en neuf et dix mois.Le yuan a atteint son plus faible cours face au dollar, cotant jusqu’à 7,3503 yuans pour un dollar pour la première fois depuis décembre 2007. Ce mardi, il se reprenait à 7,1986 pour un dollar, mais a perdu près de 6% de sa valeur depuis le début de l’année.
La semaine dernière, le yen a touché un plus bas de 43 ans face au dollar. « L’Asie-Pacifique se trouve au milieu d’une série de hausses rapides des taux d’intérêt en provenance des États-Unis. Les pressions macroéconomiques s’exerceront sur les taux de change régionaux, comme en témoigne le creusement des déficits des comptes courants dans de nombreux pays.
D’autres secteurs pourraient à leur tour subir les conséquences de ces dépréciations. « La baisse des devises asiatiques, yen et yuan par exemple, a plusieurs inconvénients. Les effets amplifient l’inflation importée, pèsent sur le sentiment des investisseurs et limitent le financement. Bien que les entreprises de la région Asie-Pacifique aient largement géré les effets de l’asymétrie des devises jusqu’à présent, ces tensions pèsent sur les entités dont la dette en dollars est importante et arrive à échéance dans les 12 à 18 mois à venir », explique John Plassard.
Un yuan faible peut aider à soutenir la réduction des surcapacités chinoises dans le secteur manufacturier, mais un yuan trop fort pourrait accroître les craintes du G7 de voir la Chine se lancer dans une sorte de guerre des devises. Nous pensons donc que les autorités voudront maintenir le yuan « suffisamment bas » pour éviter une crise immobilière plus profonde, notamment dans le contexte des problèmes du marché immobilier, mais « suffisamment élevé » pour empêcher l’intensification de la rivalité entre les États-Unis et la Chine et l’augmentation des mesures protectionnistes », prévoient dans un note de recherche les experts d’Allianz Trade.
L’appréciation du dollar reflète sa large domination aujourd’hui sur la scène internationale. La Banque populaire de Chine soulignait d’ailleurs lundi que « bien que le yuan se soit récemment quelque peu déprécié par rapport au dollar américain, il reste fondamentalement stable par rapport à un panier de devises ».
Le rôle international du yuan reste marginal
Surtout, la prépondérance du billet vert montre qu’il est loin de pouvoir être détrôné. Car malgré la volonté du gouvernement chinois d’internationaliser le yuan, une mesure inscrite dans le plan quinquennal de 2021, le rôle de la devise chinoise reste encore largement marginal, même s’il va croissant. Ainsi, selon le dernier pointage du système de transaction SWIFT, la part du yuan dans le commerce international était de 2,77% contre 1,81% il y a un an.
De même, à la fin du premier trimestre de cette année, la part de la devise chinoise dans les réserves mondiales de change s’élevait à 2,58%, sans commune mesure avec celle du dollar (59,02%), de l’euro (19,77%), et même du yen (5,47%), ou de la livre sterling (4,85%), selon les données du Fonds monétaire international (FMI)