Politique-Hamas–Israël : la chimère de deux Etats ?
Soudain sous l’éclairage du terrible conflit qui se déroule entre les terroristes du Hamas et Israël, responsables politiques des différents pays, experts et médias redécouvrent la solution magique de la création de deux Etats en Palestine. Une solution miracle en quelque sorte pourtant mise sous le boisseau pendant plus de 50 ans. Cette solution consiste de façon simpliste à donner une indépendance complète à un nouvel Etat composé de Gaza et de la Cisjordanie. Et évidemment à confirmer l’indépendance d’Israël.
Certes cette vision n’est pas sans fondement mais elle oublie l’essentiel à savoir : est-ce que ces deux Etats seraient viables sur le plan politique et économique. La vérité c’est que cette zone déjà minuscule serait donc coupée en deux. On voit mal comment pour exister un État palestinien regroupant la microscopique parcelle de Gaza avec une Cisjordanie réduite du fait des implantations israéliennes.
En vérité, personne n’a le courage de dire que ces deux Etats ne seraient pas viables et que cela n’apporterait pas de garantie contre les violences et la paix.
Sur le plan économique et géographique il faudrait sans doute rattacher Gaza à Israël et compenser la perte de de ce territoire par un autre territoire israélien proche de la Cisjordanie. Et cela passe également par le retrait des implantations israéliennes.
Pour les palestiniens même indépendants se posent la question de la fiabilité économique et politique. Sur le territoire envisagé traditionnellement, les richesses sont particulièrement rares et la zone serait condamnée sans doute à une autre pauvreté. On objectera que Israël en 48 a bien réussi son développement économique sur des régions en grande partie désertique mais les Israéliens ne sont pas les palestiniens. Ce n’est pas le même niveau technologique, le même niveau culturel. Pas non plus évidemment le même niveau démocratique qui garantit le dynamisme d’une société.
La solution la plus crédible serait de mettre en tutelle le nouveau pays redécoupé de façon fiable en tout cas davantage. Une double tutelle à la fois économique grâce notamment à l’appui des pays arabes mais aussi une tutelle politique pour empêcher la dictature et la violence. Et cela pour une longue période au minimum de 20 ans car le traumatisme de la guerre actuelle va demeurer sans doute pour au moins 50 ans.
Bref responsables politiques, ONU et experts doivent sortir du slogan simpliste de deux Etats surtout quand l’un des objectifs central de l’un est de détruire l’autre et ses habitants. Surtout quand la zone sert d’expérimentation et de conflit d’influence des différents courants politiques musulmans mais aussi occidentaux.