Archive pour le Tag 'Chercheurs'

Intelligence artificielle et chercheurs ?

Intelligence artificielle et  chercheurs  ?

Au début des années 2000, nos directeurs de thèse nous expliquaient la chance que nous avions de bénéficier, grâce à la révolution numérique, d’un accès instantané à l’intégralité des productions scientifiques via des bases de données.  Ils nous décrivaient « le monde d’avant », celui où se procurer un ouvrage supposait de se rendre jusqu’à une bibliothèque parfois éloignée et d’y passer de longues heures à faire des photocopies. Ces superviseurs voyaient ces tâches traditionnelles comme participant à la construction des jeunes chercheurs et se demandaient ce que deviendrait ce « tour de main » avec la révolution numérique.

 

Par Cylien Gibert et Audrey Rouzies (*) dans la Tribune

Le développement rapide de l’IA nous renvoie aujourd’hui à des questionnements similaires : les futurs chercheurs risquent-ils de ne plus avoir les compétences et les savoir-faire essentiels à l’exercice de leur métier ? Si les opportunités et menaces de l’IA sur les activités d’enseignement ont été immédiatement identifiées et mises au cœur des réflexions, cette avancée technologique pose également des défis significatifs pour la formation des futurs chercheurs qui n’ont pour leur part pas encore été pris en considération.

L’acquisition de méthodes de collecte et d’analyse de données complexes constitue aujourd’hui l’un des piliers de la formation des doctorants. Il s’agit par exemple de savoir coder une grande quantité de données narratives, de développer des designs d’expérimentation adaptés, ou d’utiliser des outils statistiques complexes. Or l’IA (par exemple ChatGPT et son module « data analyst ») automatise et accélère de façon drastique ce travail de traitement des données.

Les générations futures peuvent-elles se passer d’apprendre à réaliser ces collectes et à mener ces analyses en les sous-traitant à l’IA ? Cette dépendance technologique pourrait les rendre vulnérables dans des situations où l’IA s’avèrera inadaptée ou inaccessible. Plus grave encore, elle pourrait diminuer leurs capacités critiques avec une acceptation passive des résultats générés : le doctorant qui aurait systématiquement confié ses analyses à l’IA serait incapable d’en détecter les erreurs.

D’autre part, l’utilisation d’une IA formée sur des données existantes soulève des inquiétudes. Est-il possible que le recours à l’IA pousse à reproduire des erreurs et des biais déjà présents dans les données d’entraînement, créant ainsi un risque de récursivité ? En outre, l’utilisation généralisée de l’IA basée sur des données d’entraînement préexistantes pourrait-elle conduire à des résultats qui ne remettent pas en cause le statu quo, limitant ainsi la nouveauté des futures découvertes scientifiques?

Face à ces défis, une approche équilibrée s’impose. Il est nécessaire de valoriser les nouvelles compétences techniques permettant d’utiliser l’IA, en gardant une posture critique vis-à-vis du recours à cette technologie. Il s’agit par ailleurs de continuer à transmettre aux doctorants des compétences analytiques fondamentales afin qu’ils conservent leur autonomie intellectuelle.

Dans les écoles doctorales, le renforcement des cours dédiés au développement de la pensée critique, tels que l’épistémologie et les diverses approches méthodologiques, est une piste. L’intégration de modules d’éthique de la recherche et d’intégrité scientifique directement en lien avec l’utilisation de l’IA en est une autre. In fine, il s’agit d’inculquer aux futurs chercheurs la responsabilité de l’exactitude des résultats qu’ils produisent, y compris si ces derniers sont générés par l’IA.

L’objectif est de s’assurer que l’utilisation des outils d’IA ne détruise pas à terme ce qui fait la valeur de ce métier : rigueur de la démarche méthodologique, sens critique et réflexivité. Ouvrons le dialogue au sein des centres de recherche et des écoles doctorales afin de construire des solutions collectives qui permettront de faire perdurer la capacité à créer des connaissances nouvelles.

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(*) Audrey Rouzies est directrice de l’Ecole doctorale de gestion à l’Université Toulouse Capitole et Cylien Gibert est chercheur en sciences de gestion à Toulouse School of Management Research.

Environnement : un appel de 1400 chercheurs

Environnement : un appel de 1400 chercheurs

 A quelques semaines de l’élection présidentielle, 1 400 scientifiques, climatologues, géographes, sociologues, philosophes, historiens, océanographes, astrophysciens, mathématiciens et économistes, venus de toute la France, s’inquiètent, dans cette tribune publiée mardi 1er février sur franceinfo, de « l’absence de débat démocratique (…) sur les graves bouleversements en cours et à venir ».

Si l’importance des questions climatiques et environnementales est aujourd’hui unanimement reconnue, le sujet est très peu abordé dans les grands-messes politiques, comme l’ont illustré les débats du congrès Les Républicains ou l’interview d’Emmanuel Macron sur TF1 fin décembre. Mi-janvier, une tribune de journalistes spécialistes de l’environnement et un collectif d’experts de l’énergie et du climat en faisaient déjà l’amer constat. Or, le prochain président ou la prochaine présidente de la République devra prendre des décisions importantes face à ces bouleversements. « Les électeurs et électrices ont besoin de connaître les propositions des candidats et des candidates à l’élection présidentielle, et leurs conditions de mise en œuvre », estiment les signataires de cette tribune. Ils s’expriment ici librement.


Scientifiques issus de différentes disciplines, nous observons, analysons et anticipons les changements environnementaux en fonction des choix socio-économiques, tentons de déterminer leurs conséquences et d’évaluer la pertinence des actions envisagées.

 

« Quels que soient nos opinions politiques et nos engagements personnels, nous constatons avec inquiétude l’absence de débat démocratique dans la campagne présidentielle sur les graves bouleversements en cours et à venir, qu’ils concernent le climat, l’océan, la biodiversité ou les pollutions. »

 

La technicité et la complexité des sujets, l’affirmation de leur caractère anxiogène, la conviction qu’ils dépassent les clivages politiques et n’ont qu’un faible intérêt pour le grand public – la promesse donc d’un audimat en berne –, sont souvent avancées pour justifier ce silence. Pourtant, selon la dernière enquête de l’Ademe (Agence de la transition écologique), l’environnement est une préoccupation majeure des Français, qui perçoivent de plus en plus les effets d’un climat qui change (+1,7 °C depuis 1900 en France). D’après l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (Onerc), deux tiers d’entre eux sont déjà directement exposés aux risques climatiques.

Le monde agricole prend conscience de sa grande vulnérabilité à l’intensification du cycle de l’eau et des extrêmes chauds. De grandes entreprises développent des politiques climatiques. Plusieurs collectivités se sont dotées de Giec locaux ou de conseils de citoyens, soulignant la forte capacité de mobilisation de nos compatriotes. Tous ont compris que les modèles de production et de consommation hérités du passé seront remis en cause, alors même que la crise sanitaire a révélé les fragilités multiples du pays.

Il est sans doute plus commode de réduire le débat sur les nécessaires transformations structurelles à un affrontement entre partisans du nucléaire et défenseurs des énergies renouvelables ; il est sans doute aussi plus confortable de confondre décarbonation de l’ensemble du secteur de l’énergie et production électrique bas-carbone, alertes sur l’état de l’environnement et militantisme radical, lucidité et catastrophisme.

« Ces simplifications finissent par créer une prison intellectuelle, qui empêche de mettre sur la table les choix qui s’offrent encore à nous, et d’en débattre de manière démocratique, c’est-à-dire publique, éclairée et contradictoire. »

 

Les défis qui nous attendent incluent la diminution des émissions de gaz à effet de serre et la préservation du vivant. Mais ils portent aussi sur la nature et le rythme de l’adaptation, la juste répartition des risques et des efforts, la solidarité entre générations ou entre territoires. De fait, ils concernent l’emploi, le transport et la mobilité, l’alimentation, le partage et l’accès aux ressources – notamment à l’eau potable –, le foncier, la santé, la fiscalité, l’éducation, la formation professionnelle, la recherche et l’innovation, la préservation du patrimoine historique et culturel, l’habitat, la réduction des inégalités et des fractures territoriales, le tournant numérique, la prévention et l’indemnisation des catastrophes, la sécurité intérieure, la souveraineté et la défense nationale, la politique européenne et internationale.

« Si beaucoup d’objectifs de court et long termes sont connus et fixés par nos engagements nationaux et internationaux, différentes trajectoires sont possibles et doivent être discutées. Et si l’on choisit l’inaction, il est nécessaire d’en exposer et d’en assumer les conséquences. »

Encore faut-il que les citoyens puissent décider en leur âme et conscience. Pour cela, les candidats et candidates à l’élection présidentielle doivent pouvoir s’exprimer, et donc être interrogés, sur des questions de fond.

Elles sont nombreuses. Ainsi, comment fait-on pour :
- tripler le rythme des baisses des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2024, sans augmenter les inégalités sociales et territoriales ? Orienter les investissements de la France vers la neutralité carbone ? Agir sur les autres gaz à effet de serre, notamment le méthane ? Développer les puits de carbone, alors que nos forêts souffrent déjà du climat qui change ?
- réduire notre dépendance aux énergies fossiles, sans augmenter la précarité énergétique, en accompagnant la reconversion de certains emplois et en formant une main-d’œuvre qualifiée pour satisfaire les nouveaux besoins ?
- intégrer les enjeux environnementaux dans les accords commerciaux internationaux, pour diminuer notre empreinte carbone, la déforestation importée, la consommation d’eau ou de plastiques ?
- transformer les filières agricoles, industrielles, touristiques, pour répondre aux impacts du changement climatique, au renchérissement des matières premières, à l’adoption de nouvelles normes internationales, aux attentes des consommateurs ?
- adapter les villes pour réduire leur vulnérabilité aux extrêmes chauds, secs et humides, selon une logique bas-carbone, tout en luttant contre l’habitat insalubre et le mal-logement, sans augmenter l’artificialisation des sols ?
- se préparer à des événements climatiques extrêmes plus fréquents et plus intenses, renforcer les systèmes de gestion de crise et d’assurance et engager des moyens à la hauteur des enjeux d’adaptation et de résilience ? Anticiper les déplacements de populations, d’infrastructures et d’activités, notamment sur les littoraux, et considérer dès à présent le devenir des territoires les plus exposés ?
- peser sur la diplomatie mondiale du climat et de la protection de l’environnement, afin que les Etats respectent leurs engagements et que l’accord de Paris joue véritablement son rôle ?
- œuvrer pour que l’éradication de la pauvreté dans le monde soit combinée avec l’adoption de modèles de développement durable et l’émancipation des femmes ?

Le constat scientifique vis-à-vis de la responsabilité humaine dans le réchauffement climatique, l’érosion de la biodiversité et les pollutions est clair.

« Il n’existe pas de remède miracle, de panacée totalement indolore. L’innovation technologique ou les injonctions individuelles à la sobriété ne suffiront pas à elles seules. »

Mais si les évolutions que nous vivons ont une vitesse et une ampleur inédites à l’échelle de l’histoire humaine, nous pouvons encore atténuer les crises et nous préparer à surmonter leurs effets préjudiciables. Des éléments factuels existent sur le potentiel, les coûts, les bénéfices et les limites des multiples leviers d’action à notre disposition. L’année 2022 sera d’ailleurs marquée par la publication, le 28 février et le 4 avril, des rapports des groupes II et III du Giec sur l’adaptation et sur l’atténuation.

C’est pourquoi, alors que se multiplient les discours de l’inaction, il est plus que jamais essentiel de pouvoir délibérer sereinement sur les alternatives, les opportunités et les contraintes des différentes options envisagées, en cessant de déconnecter les choix techniques et les dimensions économiques, sociales, territoriales. Pour cette raison, les électeurs et électrices ont besoin de connaître les propositions des candidats et des candidates à l’élection présidentielle, et leurs conditions de mise en œuvre.

Coronavirus: pour la recherche d’un vaccin universel ( chercheurs)

Coronavirus: pour la recherche d’un vaccin universel  ( chercheurs)

Des chercheurs demandent que la mise en place d’un plan mondial de recherche pour trouver un vaccin qui puisse ouvrir la Covid 19,ses variants actuels et même les futurs . Ils justifient l’effort qui doit être entrepris par le coût social et sanitaire mais aussi économique de la pandémie actuelle. Un cout qui serait de l’ordre de 10 000 à 15 000 milliards de $ selon eux.

 

 «Créer les outils pour empêcher la prochaine pandémie de coronavirus est à notre portée et devrait être considéré comme une priorité de santé mondiale», ont écrit les épidémiologistes Wayne Koff et Seth Berkley dans un éditorial publié par la revue Science. Tous deux sont à la tête d’organisations promouvant les vaccins. Les coronavirus sont une grande famille de virus, et celui causant la maladie Covid-19 s’appelle SARS-CoV-2. Des variants sont progressivement apparus, dont les experts craignent que l’un d’eux puisse un jour être totalement résistant aux vaccins actuellement développés spécifiquement contre le virus souche découvert en 2019. Le variant sud-africain a déjà montré qu’il pouvait en réduire l’efficacité.

 

. Il existe «des milliers» de ces virus «capables d’infecter un grand nombre d’animaux», depuis lesquels ils pourraient être transmis aux humains, expliquent les deux experts. «Il y a une possibilité croissante pour que d’autres coronavirus sautent d’une espèce à une autre», ajoutent-ils. En cause notamment: l’appropriation de nouveaux territoires par une population croissante, qui peut provoquer des contacts avec certains animaux «auparavant isolés», et le développement des voyages internationaux, qui rendent possible une diffusion rapide d’une maladie à l’échelle mondiale.

« L’indépendance enseignant-chercheur mise en cause »

« L’indépendance enseignant-chercheur mise en cause »

En validant des dispositions contestées de la loi de programmation de la recherche, le Conseil constitutionnel rend possible d’accéder au corps des professeurs d’université sans qualification par une instance nationale, regrettent, dans une tribune au « Monde », les professeurs de droit Dominique Rousseau, Pierre-Yves Gahdoun et Julien Bonnet.

Tribune. 

 

En 1984, le Conseil constitutionnel consacrait un principe fondamental, reconnu par les lois de la République : celui de l’indépendance des professeurs d’université. Cette décision laissait présager, pour les années à venir, un contrôle serré des mesures législatives susceptibles de heurter cette indépendance.

Le Conseil, trente-sept ans après, semble le regretter. Dans sa décision du 21 décembre 2020, sans revenir officiellement en arrière, il s’applique à vider complètement de sa substance ce principe constitutionnel en validant des dispositions de la loi de programmation de la recherche dénoncées – chose rare – par la quasi-totalité du monde académique.

On pourra dire, bien entendu, que les auteurs de la présente tribune étant eux-mêmes des universitaires, et l’un d’entre eux siégeant au Conseil national des universités (CNU), l’appréciation ne saurait être totalement objective. Et l’argument serait valable. On pourra également soutenir que le travail de commentaire étant par définition plus ou moins critique, on trouvera toujours, ici ou là, une plume grincheuse pour voir dans la jurisprudence du Conseil matière à s’insurger.

Une protection bien illusoire

Tout cela est encore vrai. Mais tout de même : le Conseil rend, sur cette loi de programmation de la recherche pour les années 2021 à 2030, une décision vite rédigée, mal argumentée, et qui ne répond absolument pas aux différents griefs invoqués. Les requérants voyaient ainsi dans la nouvelle procédure de « tenure track », permettant aux établissements de recruter « en qualité d’agent contractuel de droit public une personne en vue de sa titularisation dans le corps des professeurs de l’enseignement supérieur », une porte ouverte au localisme le plus complet.

Mais le Conseil se contente à ce sujet de rappeler par une réserve d’interprétation que « le principe d’indépendance des enseignants-chercheurs s’oppose à ce que le chef d’établissement puisse refuser, pour des motifs étrangers à l’administration de l’université et, en particulier, des motifs liés à la qualification scientifique de l’intéressé, de proposer à la titularisation un candidat ayant reçu un avis favorable de la commission de titularisation ». Le Conseil ajoute que « le chef d’établissement ne saurait, non plus, quel qu’en soit le motif, proposer à la titularisation un candidat ayant fait l’objet d’un avis défavorable de cette commission ».

Protection bien illusoire puisque, dans les faits, la commission de titularisation de l’université reste toujours plus ou moins liée à la présidence, si bien que la décision de cette commission ne sera jamais officiellement désavouée. Mais le Conseil fait mine de ne rien voir et s’en remet aux modestes contraintes légales pour valider le mécanisme dans son ensemble.

 

Veolia : le scandale des intimidations de la direction sur les chercheurs

Veolia : le scandale des intimidations de la direction sur les chercheurs

 

Nombre de chercheurs et d’économistes ont protesté avec vigueur contre les intimidations des experts par Veolia qui n’a pas hésité à arroser les opposants à la fusion avec une vague d’huissiers. Le principal critique de cette opération, Elie Cohen, Expert économique très reconnu, en a été victime mais d’autres aussi vendredi 4 décembre.

L’économiste, chercheur au CNRS, a reçu à son domicile parisien la visite d’un huissier. Ce dernier lui a remis une sommation interpellative l’engageant à révéler ses liens éventuels avec Suez. L’initiateur de la démarche: Veolia, ulcéré des prises de position d’Elie Cohen contre son projet d’OPA sur Suez.

L’économiste n’a pas ménagé sa peine depuis l’annonce publique de ce plan, fin août. Hostile à un tel mariage, il a signé une tribune dans Les Échos, évoquant « une fusion inutile et dangereuse » et est intervenu à plusieurs reprises dans l’émission C dans l’air. De quoi exaspérer Veolia.

 

Avec une méthode que ne renieraient pas les ONG les plus activistes, l’entreprise présidée par Antoine Frérot a envoyé des huissiers pour forcer l’économiste à révéler d’éventuels conflits d’intérêts. Ce qu’Elie Cohen a fermement démenti, dans une lettre ouverte publiée par l’Obs. Une tribune est également parue dans le monde pour condamner les manœuvres de Veolia.

Non à l’intimidation des chercheurs par Veolia

Non à l’intimidation des chercheurs par Veolia

 

Valérie Mignon, présidente de l’Association française de sciences économiques, s’élève dans une tribune au « Monde » contre les tentatives de Veolia d’intimider les chercheurs, mais rappelle l’obligation de transparence sur les conflits d’intérêts

Tribune.

 

La profession des économistes s’est, une nouvelle fois, trouvée mise en cause au sujet de potentiels conflits d’intérêts auprès de grands groupes industriels. L’illustration la plus récente est fournie par la sommation interpellative par huissier subie par un chercheur en économie le 4 décembre. Elie Cohen, spécialiste des opérations industrielles, telles les offres publiques d’achat dont il était ici question, s’était exprimé au sujet de l’absorption de Suez par Veolia.

Cette « affaire » ne constitue pas un cas isolé. En 2012, quasiment jour pour jour, un autre économiste, Bruno Deffains, spécialiste des questions de concurrence, a aussi eu la déconvenue d’une « visite » à son domicile de la part d’huissiers et de policiers. Free, était alors en cause, avec une étude que Bruno Deffains avait réalisée sur l’impact de l’arrivée d’un nouvel opérateur sur le marché de la téléphonie mobile.

Si ces deux cas ont été largement relayés auprès des médias, de nombreux autres exemples existent, notamment dans le domaine de la finance où les économistes ont à maintes reprises été accusés de connivences avec des banques ou autres groupes financiers privés. Si les méthodes employées sont à l’évidence choquantes et condamnables, la question de fond, celle de la transparence et de l’indépendance, doit être clairement posée.

De l’utilité de l’expertise des économistes

Quelle doit être la position des économistes lorsqu’ils sont sollicités par les médias ? Doivent-ils se garder d’intervenir et nous priver de leur expertise, pourtant cruciale, sur leurs sujets de spécialité sous peine d’être accusés de connivence et de conflits d’intérêts ? Les économistes, et notamment les universitaires, doivent-ils rester dans leur « tour d’ivoire » – qui n’a d’ivoire que le nom ! – et ne pas intervenir dans le débat public ? Doivent-ils eux-mêmes se mettre à l’écart et s’autobâillonner de peur d’être l’objet de manœuvres d’intimidation ?

Bien entendu, il convient de répondre par la négative à ces questions, tant l’expertise des économistes peut être utile au milieu industriel, au monde politique et, plus largement, pour le « grand public ». La liberté académique et, plus généralement, la liberté d’expression ne doivent en aucun cas être bafouées à partir du moment où le principe fondamental de totale transparence est respecté.

Les économistes ne doivent pas être l’objet de telles intrusions domiciliaires, inacceptables, dès lors qu’ils font pleinement la lumière quant à leurs conflits d’intérêts et aux liens – notamment financiers – qu’ils entretiennent avec le secteur privé et qu’ils déclarent toute activité susceptible de remettre en cause leur subjectivité.

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Darwinisme social : le dangereux retour ! (collectif chercheurs)

Darwinisme social : le dangereux retour ! (collectif chercheurs)

La politique de la science est de plus en plus conduite par la compétition « au détriment de la coopération », s’indigne un collectif de 16 chercheurs qui protestent dans une tribune au Monde contre les propos du patron du   CNRS qui préconise un retour du darwinisme social, un retour approuvé par Macron. Jamais depuis Alexis Carrel un intellectuel n’avait osé reprendre ces thèses eugénistes; Alexis Carrel avait une excuse en quelque sorte, il appartenait au parti français pro nazi et soutenait ses idées. Pour preuve cette citation de Carrel:

« En Allemagne, le gouvernement a pris des mesures énergiques contre l’augmentation des minorités, des aliénés, des criminels. La situation idéale serait que chaque individu de cette sorte soit éliminé quand il s’est montré dangereux »

La référence au darwinisme social s’appuie peut-être sur une conviction mais découle aussi d’  une volonté assez lamentable de certaines élites de plaire au prince pour un maintien en poste voire une promotion. Bref une attitude de courtisan. Le darwinisme social est bien entendu une théorie particulièrement fumeuse dans le domaine de la recherche car  les champs et les compétences se complètent au lieu de se concurrencer et ont peu à voir avec les évolutions aléatoires. Lors de la cérémonie des 80 ans du CNRS en présence de Macron, le patron du CNRS, Antoine Petit, résumait ainsi l’idéologie qui sous-tend la future loi de programmation de la recherche, dont la présentation est prévue pour février 2020 : « Il faut une loi ambitieuse, inégalitaire – oui, inégalitaire, une loi vertueuse et darwinienne, qui encourage les scientifiques, équipes, laboratoires, établissements les plus performants à l’échelle internationale, une loi qui mobilise les énergies. »

 

De son coté Macron a assuré  que les innombrables évaluations auxquelles sont soumis les chercheurs (annuelle, biennale, quinquennale, et lors de chaque publication et projet évalué par les pairs) pourraient diminuer à condition qu’elles permettent une « différenciation » et que les « mauvais » en « assument les conséquences ». Emmanuel Macron a également cité, parmi les « chantiers » de la future loi, la création, à côté des modes de travail statutaires de plus en plus rares, de « CDI de projets », nouvel oxymore désignant des contrats voués à durer le temps d’un projet. Une sorte d’ubérisation de la recherche qui pourrait faire école dans toute l’économie pour éliminer les « mauvais ».

« La dévalorisation des « mauvais » chercheurs fait ainsi écho à l’éloge des « plus performants » par le PDG du CNRS. Une « loi inégalitaire » ? Mesurons la charge : on propose ici de poser comme principe légal la négation d’un des piliers de notre devise républicaine. Mais, au-delà, un « darwinisme » dans la recherche, qu’est-ce à dire ?

En 1859, Charles Darwin a montré que les espèces biologiques descendent d’espèces antérieures, et sont soumises à la « sélection naturelle » : génération après génération, l’effet cumulé de la reproduction différentielle des individus les plus ajustés à leur environnement grâce à certains traits héritables entraîne la généralisation de ces propriétés dans la population. Pour Darwin, c’est dans la concurrence générée par la rareté des ressources que ces traits prouvent qu’ils sont adaptatifs, en entraînant un taux de reproduction plus élevé pour leur porteur. » répliquent les chercheurs.

 

Darwinisme social : le retour ! (collectif chercheurs)

 Darwinisme social : le retour ! (collectif chercheurs)

La politique de la science est de plus en plus conduite par la compétition « au détriment de la coopération », s’indigne un collectif de 16 chercheurs qui protestent dans une tribune au Monde contre les propos du patron du   CNRS qui préconise un retour du darwinisme social, un retour approuvé par Macron. Jamais depuis Alexis Carrel un intellectuel n’avait osé reprendre les thèses eugénistes; Alexis Carrel avait une excuse en quelque sorte, il appartenait au parti français pro nazi et soutenait ses idées. Pour preuve cette citation de Carrel:

« En Allemagne, le gouvernement a pris des mesures énergiques contre l’augmentation des minorités, des aliénés, des criminels. La situation idéale serait que chaque individu de cette sorte soit éliminé quand il s’est montré dangereux »

La référence au darwinisme social s’appuie peut-être sur une conviction mais découle aussi d’  une volonté assez lamentable de certaines élites de plaire au prince pour un maintien en poste voire une promotion. Bref une attitude de courtisan. Le darwinisme social est bien entendu une théorie particulièrement fumeuse dans le domaine de la recherche car  les champs et les compétences se complètent au lieu de se concurrencer et ont peu à voir avec les évolutions aléatoires. Lors de la cérémonie des 80 ans du CNRS en présence de Macron, le patron du CNRS, Antoine Petit, résumait ainsi l’idéologie qui sous-tend la future loi de programmation de la recherche, dont la présentation est prévue pour février 2020 : « Il faut une loi ambitieuse, inégalitaire – oui, inégalitaire, une loi vertueuse et darwinienne, qui encourage les scientifiques, équipes, laboratoires, établissements les plus performants à l’échelle internationale, une loi qui mobilise les énergies. »

De son coté Macron a assuré  que les innombrables évaluations auxquelles sont soumis les chercheurs (annuelle, biennale, quinquennale, et lors de chaque publication et projet évalué par les pairs) pourraient diminuer à condition qu’elles permettent une « différenciation » et que les « mauvais » en « assument les conséquences ». Emmanuel Macron a également cité, parmi les « chantiers » de la future loi, la création, à côté des modes de travail statutaires de plus en plus rares, de « CDI de projets », nouvel oxymore désignant des contrats voués à durer le temps d’un projet

« La dévalorisation des « mauvais » chercheurs fait ainsi écho à l’éloge des « plus performants » par le PDG du CNRS. Une « loi inégalitaire » ? Mesurons la charge : on propose ici de poser comme principe légal la négation d’un des piliers de notre devise républicaine. Mais, au-delà, un « darwinisme » dans la recherche, qu’est-ce à dire ?

En 1859, Charles Darwin a montré que les espèces biologiques descendent d’espèces antérieures, et sont soumises à la « sélection naturelle » : génération après génération, l’effet cumulé de la reproduction différentielle des individus les plus ajustés à leur environnement grâce à certains traits héritables entraîne la généralisation de ces propriétés dans la population. Pour Darwin, c’est dans la concurrence générée par la rareté des ressources que ces traits prouvent qu’ils sont adaptatifs, en entraînant un taux de reproduction plus élevé pour leur porteur. »

 

« Le retour du darwinisme social ….dans la recherche » (collectif chercheurs)

« Le retour du darwinisme social ….dans la recherche » (collectif chercheurs)

La politique de la science est de plus en plus conduite par la compétition « au détriment de la coopération », s’indigne un collectif de 16 chercheurs qui protestent dans une tribune au Monde contre les propos du patron du   CNRS qui préconise un retour du darwinisme social, un retour approuvé par Macron. Jamais depuis Alexis Carrel un intellectuel n’avait osé reprendre les thèses eugénistes; Alexis Carrel avait une excuse en quelque sorte, il appartenait au parti français pro nazi et soutenait ses idées. Pour preuve cette citation de Carrel:

« En Allemagne, le gouvernement a pris des mesures énergiques contre l’augmentation des minorités, des aliénés, des criminels. La situation idéale serait que chaque individu de cette sorte soit éliminé quand il s’est montré dangereux »

La référence au darwinisme social s’appuie peut-être sur une conviction mais découle aussi d’  une volonté assez lamentable de certaines élites de plaire au prince pour un maintien en poste voire une promotion. Bref une attitude de courtisan. Le darwinisme social est bien entendu une théorie particulièrement fumeuse dans le domaine de la recherche car  les champs et les compétences se complètent au lieu de se concurrencer et ont peu à voir avec les évolutions aléatoires. Lors de la cérémonie des 80 ans du CNRS en présence de Macron, le patron du CNRS, Antoine Petit, résumait ainsi l’idéologie qui sous-tend la future loi de programmation de la recherche, dont la présentation est prévue pour février 2020 : « Il faut une loi ambitieuse, inégalitaire – oui, inégalitaire, une loi vertueuse et darwinienne, qui encourage les scientifiques, équipes, laboratoires, établissements les plus performants à l’échelle internationale, une loi qui mobilise les énergies. »

De son coté Macron a assuré  que les innombrables évaluations auxquelles sont soumis les chercheurs (annuelle, biennale, quinquennale, et lors de chaque publication et projet évalué par les pairs) pourraient diminuer à condition qu’elles permettent une « différenciation » et que les « mauvais » en « assument les conséquences ». Emmanuel Macron a également cité, parmi les « chantiers » de la future loi, la création, à côté des modes de travail statutaires de plus en plus rares, de « CDI de projets », nouvel oxymore désignant des contrats voués à durer le temps d’un projet

« La dévalorisation des « mauvais » chercheurs fait ainsi écho à l’éloge des « plus performants » par le PDG du CNRS. Une « loi inégalitaire » ? Mesurons la charge : on propose ici de poser comme principe légal la négation d’un des piliers de notre devise républicaine. Mais, au-delà, un « darwinisme » dans la recherche, qu’est-ce à dire ?

En 1859, Charles Darwin a montré que les espèces biologiques descendent d’espèces antérieures, et sont soumises à la « sélection naturelle » : génération après génération, l’effet cumulé de la reproduction différentielle des individus les plus ajustés à leur environnement grâce à certains traits héritables entraîne la généralisation de ces propriétés dans la population. Pour Darwin, c’est dans la concurrence générée par la rareté des ressources que ces traits prouvent qu’ils sont adaptatifs, en entraînant un taux de reproduction plus élevé pour leur porteur. »

 

Chercheurs et sociétés opposés à Trump invités en France par Macron

 

Chercheurs et sociétés opposés  à Trump invités en France par Macron

 

 

L’ancien ministre de l’Economie Emmanuel Macron a invité les entreprises innovantes et les chercheurs américains en butte à l’administration de Donald Trump à venir en France s’il est élu à la présidence de la République en mai. Lors d’une réunion publique qui a rassemblé près de 15.000 personnes à Lyon, il a promis à la fois protection pour les individus et liberté pour la création et l’innovation. « C’est ce que nous ferons », a-t-il déclaré dans un Palais des sports surchauffé. « A ce titre, je veux ce soir lancer un appel solennel à tous les chercheurs, à tous les universitaires, à toutes les entreprises qui, aux Etats-Unis, se battent contre l’obscurantisme. » « Que toutes celles et tous ceux qui font aujourd’hui l’innovation, l’excellence aux Etats-Unis nous entendent et nous voient », a-t-il ajouté. « Vous avez aujourd’hui, et vous l’aurez à partir du mois de mai prochain, une terre patrie, ce sera la France. » Il s’est adressé plus particulièrement aux entreprises, chercheurs et universitaires américains qui luttent contre le réchauffement climatique et la pollution, travaillent sur les énergies renouvelables ou les perturbateurs endocriniens.




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