Hollande chef de guerre en Afrique ou président en France ?
Curieux cette précipitation de Hollande sur tout ce qui bouge en Afrique. Autant il affirme une posture de décideur vis-à-vis des conflits extérieurs autant en France il paraît paralysé par la crise ; de la à penser qu’il tente de se refaire une santé en matière de popularité, il n’y a qu’un pas. Il lui a fallu quelques heures seulement pour décider après le mandat de l’ONU de l’intervention en Centrafrique alors qu’il est incapable depuis des mois d’engager la moindre réforme de structure en France. Certes la situation dramatique en Centrafrique méritait une intervention mais pas nécessairement avec la seule France aux avant-postes. On aimerait évidemment que Hollande se montre aussi résolu pour relancer croissance et emploi dans un pays complètement plombé par la fiscalité et la bureaucratie. A peine le Conseil de sécurité avait-il donné son feu vert à une intervention de la France dans son ex-colonie, plongée dans le chaos, que, déjà, il réunissait autour de lui un conseil de défense à l’Elysée. Et dans la foulée, François Hollande a annoncé, martial, dans une brève et solennelle intervention télévisée depuis l’Elysée, le déploiement « dans les prochains jours » de 1.200 soldats français en Centrafrique. Au plus bas dans les sondages, avec seulement 24% des Français qui lui font confiance, selon un sondage CSA de jeudi, le chef de l’Etat sait pouvoir marquer des points sur la scène internationale et, singulièrement, sur le terrain militaire. Celui qui s’était révélé en chef de guerre après avoir déclenché une opération militaire française au Mali le 11 janvier avait été accueilli quelques semaines plus tard en « libérateur » lors d’une visite triomphale dans Tombouctou libérée et à Bamako. « Le combat n’est pas fini », reconnaissait le président Hollande. Il ne l’est toujours pas. Un an plus tard, la France est contrainte d’y maintenir des troupes en nombre (2.800 actuellement), tant la situation semble fragile. »Il peut paraître paradoxal de recevoir une récompense pour la recherche de la paix après avoir porté la responsabilité d’une guerre », avait reconnu le chef de l’Etat français. Son leitmotiv, sans cesse réaffirmé et qui le sera plus que jamais lors du Sommet de l’Elysée sur la paix et la sécurité vendredi et samedi : les Africains doivent assumer leur propre sécurité même si la France restera à leurs côtés. En attendant, Paris reste sur le pied de guerre même si le président Hollande s’était illustré d’emblée, à sa prise de fonction, par une autre décision : le retrait accéléré des troupes d’Afghanistan. Dès le début de son quinquennat, accusé d’être incapable de trancher sur les questions intérieures, il s’était ainsi montré capable de prendre des décisions difficiles dans le domaine de la défense, où il n’était pas particulièrement attendu.