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Politique- nouvelle guerre mondiale froide….. ou chaude ?

Politique- nouvelle guerre mondiale froide….. ou chaude ?

 

Deux années de guerre en Ukraine ont-elles ressuscité la vocation de l’OTAN, fondée le 4 avril 1949, il y a pratiquement 75 ans ? Privée depuis 1991 de son ennemi existentiel, l’URSS, la plus grande alliance militaire intégrée au monde avait traversé deux décennies de crise de vocation. Rompant avec le bloc soviétique, la nouvelle Fédération de Russie était devenue un partenaire stratégique au sein du Conseil OTAN-Russie créé en 2002. De plus, plusieurs anciens pays du « bloc de l’Est », y compris trois anciennes Républiques socialistes soviétiques (l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie) avaient même rejoint l’Organisation entre 1999 et 2020. De 19 membres à la fin de la guerre froide, elle était passée à 28 membres en 2009 (32 aujourd’hui). Sa raison d’être était de contenir le bloc communiste en Europe et de contrer le Pacte de Varsovie sur le terrain militaire.

par Par Cyrille Bret, Sciences Po dans La Tribune

 

L’annexion de la Crimée en 2014, la guerre dans le Donbass depuis lors et l’invasion à grande échelle de 2022 ont mis fin à cette introspection inquiète. Dans la Russie de 2022, elle retrouvait son « ennemi » théorisé par Carl Schmitt dans La notion de politique (1932) comme celui avec lequel l’affrontement est radical et inévitable, dans la mesure où aucun terrain commun ne peut être trouvé.

L’impression de « déjà-vu » géopolitique est aujourd’hui si puissante que l’idée s’est partout imposée : l’Occident serait entré dans une « nouvelle guerre froide » avec une Fédération russe héritière agressive de l’URSS. Seule la carte des blocs aurait évolué, avec l’intégration dans l’Alliance d’anciens États communistes et de deux pays anciennement neutres (Finlande et Suède).

Le « désir du même », si rassurant soit-il, ne doit pas offusquer « la recherche de l’autre ». Le retour de l’histoire ne devrait pas se faire au prix de l’oubli de la géopolitique. Si l’Europe se considère elle-même engagée dans cette nouvelle guerre froide, elle risque de négliger les risques nouveaux auxquels elle est exposée. Les déclarations (provocatrices) du candidat Trump sur l’OTAN, les annonces (isolées ou contestées) du président Macron sur l’envoi de troupes en Ukraine et l’entrée de la Finlande et celle (longtemps retardée par la Hongrie) du Royaume de Suède dans l’OTAN doivent nous alerter : le Vieux Continent fait aujourd’hui face à des risques géopolitiques de nature bien différente de ceux dont la guerre froide était porteuse. L’histoire bégaie rarement. Et, en tout cas, elle ne dit jamais la même chose. Et les dangers d’aujourd’hui ne gagnent pas à être réduits aux alertes d’hier.
En géopolitique comme ailleurs, les adorateurs des cycles sont nombreux. Combien de fois l’adage de Marx sur les coups d’État des Bonaparte n’est-il pas invoqué aujourd’hui ? Selon lui, tout événement se produirait deux fois : une première, sous une forme tragique et une deuxième, sous les dehors d’une farce – parfois sanglante. Il en irait ainsi de la guerre froide : sa première occurrence avait émergé du deuxième conflit mondial pour mettre aux prises les Alliés occidentaux et le bloc soviétique. Et nous serions entrés depuis 2022, ou même depuis 2013, dans la deuxième guerre froide.

Face à l’horreur de la guerre en Ukraine et à la crainte que suscite la Russie en Europe, il est tentant de retrouver une grille d’analyse éprouvée. La déstabilisation puis l’invasion de l’Ukraine au nom d’une « dénazification » fictive ne rappellent-elles pas les subversions politiques et les interventions militaires de l’URSS en Allemagne en 1953, en Hongrie en 1956, en Tchécoslovaquie en 1968 ou encore en Afghanistan en 1979 ? Comme lors de cette première guerre froide, on observe aujourd’hui une scission de l’Europe en deux blocs militaires, politiques, stratégiques et diplomatiques. Le Rideau de fer tomberait aujourd’hui sur la ligne de front en Ukraine plutôt que sur la frontière entre RFA et RDA, mais la même césure est en passe de s’installer, dans tous les domaines.

Sur le plan politique, les deux camps revendiquent des modèles radicalement opposés : la Russie critique ainsi le libéralisme décadent des sociétés ouvertes pour mieux affirmer son modèle politique ouvertement et explicitement autoritaire, conservateur et nationaliste.
Sur le plan stratégique, chacun des pôles de puissance se considère menacé par l’autre et contraint de développer à l’échelle continentale, puis à l’échelon mondial, une stratégie de refoulement de l’autre. Pour la Russie, les vagues d’élargissement de l’OTAN poursuivraient ainsi la « Pactomanie » des États-Unis dans les années 1940 et 1950 destinée à contenir et refouler le péril rouge. Pour l’Ouest, Moscou a multiplié les formats de coopération anti-occidentaux (OTSC, UEE, OCS, etc.) pour contrecarrer ces extensions otaniennes, de la même façon qu’elle avait à l’époque soviétique signé de nombreux accords, notamment militaires, avec des « États frères » aux quatre coins de la planète.

Sur le plan économique, les vagues de sanctions européennes et américaines se sont succédé et ont eu pour réponses des contre-sanctions russes ; si bien que les anciens partenaires essaient désormais de se passer des approvisionnements de l’autre.

Sur le plan militaire et industriel, la course aux armements et la (re)militarisation battent leur plein, comme au moment de la phase stalinienne de la guerre froide. L’effort de défense des États de l’OTAN s’est considérablement accentué : en 2024, 18 des 32 membres consacrent plus de 2 % de leur PIB aux dépenses militaires. Quant à la Russie elle affiche pour 2024 un budget de défense représentant 6 % du PIB, en hausse de +70 % par rapport à 2023, pourtant déjà année de guerre.

Dans cette polarisation, la guerre d’Ukraine aurait accéléré, accentué et catalysé la renaissance d’un clivage indépassable entre l’OTAN et son Autre radical, la Russie, nouvel avatar de l’URSS. Bien plus, l’Ukraine serait le théâtre d’une « guerre par procuration » typique de la guerre froide comparable à celles que les deux Corées, le Vietnam ou encore l’Angola et le Mozambique avaient connues durant la guerre froide. Dans le Donbass, en Crimée et ailleurs en Ukraine, l’OTAN et la Russie se combattraient à distance, à l’ombre d’une menace nucléaire globale.

Certains attendus de cette grille d’analyse sont parfaitement exacts. En particulier, tous les mécanismes de dialogue, de négociation et de vérification sont bloqués à l’OTAN, à l’ONU et à l’OSCE. Avec « l’ennemi » schmittien ou « l’Autre » radical, la communication est devenue impossible – a fortiori toute forme de coopération.
Si elle est suggestive, cette vision de la mission de l’OTAN et de la stratégie de la Russie est toutefois trompeuse. Outre qu’elle justifie la rhétorique obsidionale développée par le président russe depuis son fameux discours sur l’OTAN à la Conférence sur la sécurité de Munich en 2007, elle masque les dangers réels de la situation présente. Trois événements récents doivent nous en convaincre.

Le 10 février dernier, le candidat, ancien président et possible futur président des États-Unis Donald Trump a réitéré son souhait de prendre ses distances avec l’OTAN et de réduire ainsi l’exposition de son pays aux conflits européens. Cette déclaration ne doit être accueillie ni comme une foucade coutumière d’un provocateur compulsif ni comme un argument électoral d’un novice en politique étrangère. Elle donne le ton du Zeitgeist international car elle résume plusieurs tendances lourdes incompatibles avec la guerre froide.

L’engagement dans l’OTAN n’est plus l’instrument privilégié d’intervention de Washington dans le rapport de force avec son Autre. La bipolarisation américano-soviétique et la gigantomachie OTAN-Pacte de Varsovie ont disparu parce des puissances tierces ont émergé : la République Populaire de Chine, les BRICS et l’Union européenne au premier chef. Le duopole militaire mondial OTAN-Pacte de Varsovie, relativement stable et axé sur la dissuasion nucléaire mutuelle, n’existe plus. Les risques de dérapage s’en trouvent accrus. Les provocations de Donald Trump sur l’OTAN se multiplieront car les déséquilibres européens ne sont plus régulés par la tension maîtrisée entre deux blocs stables et disciplinés. Voilà un risque spécifique à nos temps qu’il ne faut pas négliger au nom de la théorie de la « nouvelle guerre froide ».
Facteur aggravant : tous les espaces de neutralité, de médiation ou de régulation sont en passe de disparaître entre l’OTAN et la Fédération de Russie appuyée sur son OTSC qui réunit plusieurs anciennes républiques soviétiques. La fin de la neutralité finlandaise en 2023 puis de la neutralité suédoise cette année atteste de cette tendance. La guerre froide avait laissé subsister des espaces ouvertement ou implicitement neutres : les deux États nordiques avaient ainsi échappé au système communiste tout en assurant des relations correctes avec leur voisin soviétique. Des glacis, des zones tampons et des aires grises réduisaient les contacts directs entre OTAN et Pacte de Varsovie.

Les risques de frictions et de dérapage (réels) s’en trouvaient réduits. Désormais, l’espace européen est devenu une vaste zone de confrontation directe (Ukraine) ou indirecte (Baltique, mer Noire). L’abandon des neutralités nordiques – et, à terme, peut-être de la neutralité moldave – fait de l’Autre russe le Voisin direct. Voilà un danger que la « nouvelle guerre froide » risque d’occulter. L’affrontement européen ne se fait plus à distance, par-delà des zones tampons.

Enfin, la déclaration si controversée d’Emmanuel Macron le 26 février au soir a souligné combien les dangers actuels sont distincts de ceux du deuxième XXe siècle. Pour l’OTAN, envoyer officiellement des troupes au sol dans un pays tiers, extérieur à l’Alliance, changerait la nature du conflit actuellement en cours. Pour le moment, celui-ci ne met aux prises que deux États, un agresseur et un envahi. Chacun mobilise ses propres réseaux d’alliances afin de soutenir son effort de guerre. Mais le conflit est bilatéral – et ce point n’est ni à minorer, ni à négliger, ni à récuser en fiction.

Même si l’OTAN comme tout, et ses États membres comme parties, soutiennent l’Ukraine de multiples façons, ils ne sont pas parties au conflit car la clause d’assistance mutuelle de l’article 5 ne peut être déclenchée pour l’Ukraine, non-partie au Traité de 1949. Le risque rappelé – à tort ou à raison – par le président français est qu’une confrontation armée OTAN-Russie est désormais possible. La régionalisation des hostilités, l’entrée en guerre d’autres États, la nucléarisation de certaines opérations, etc. : tels sont des risques actuels.

Une guerre déjà chaude
L’OTAN n’est aujourd’hui pas engagée dans une nouvelle guerre froide : la stratégie américaine ne repose plus principalement sur elle ; d’autres puissances militaires différentes de l’Organisation ont émergé ; son « ennemi » existentiel, le Pacte de Varsovie, discipliné, régulé et donc relativement prévisible, n’existe plus ; la guerre par procuration n’est plus la règle. Les risques sont ceux d’une guerre déjà chaude et même très chaude.

Géopolitique- De la guerre froide….. à la guerre chaude

Géopolitique- De la guerre froide….. à la guerre chaude

Deux années de guerre en Ukraine ont-elles ressuscité la vocation de l’OTAN, fondée le 4 avril 1949, il y a pratiquement 75 ans ? Privée depuis 1991 de son ennemi existentiel, l’URSS, la plus grande alliance militaire intégrée au monde avait traversé deux décennies de crise de vocation. Rompant avec le bloc soviétique, la nouvelle Fédération de Russie était devenue un partenaire stratégique au sein du Conseil OTAN-Russie créé en 2002. De plus, plusieurs anciens pays du « bloc de l’Est », y compris trois anciennes Républiques socialistes soviétiques (l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie) avaient même rejoint l’Organisation entre 1999 et 2020. De 19 membres à la fin de la guerre froide, elle était passée à 28 membres en 2009 (32 aujourd’hui). Sa raison d’être était de contenir le bloc communiste en Europe et de contrer le Pacte de Varsovie sur le terrain militaire. L’annexion de la Crimée en 2014, la guerre dans le Donbass depuis lors et l’invasion à grande échelle de 2022 ont mis fin à cette introspection inquiète. Dans la Russie de 2022, elle retrouvait son « ennemi » théorisé par Carl Schmitt dans La notion de politique (1932) comme celui avec lequel l’affrontement est radical et inévitable, dans la mesure où aucun terrain commun ne peut être trouvé. L’impression de « déjà-vu » géopolitique est aujourd’hui si puissante que l’idée s’est partout imposée : l’Occident serait entré dans une « nouvelle guerre froide » avec une Fédération russe héritière agressive de l’URSS. Seule la carte des blocs aurait évolué, avec l’intégration dans l’Alliance d’anciens États communistes et de deux pays anciennement neutres (Finlande et Suède).

 

par 

Géopoliticien, Sciences Po dans The Conversation 

Le « désir du même », si rassurant soit-il, ne doit pas offusquer « la recherche de l’autre ». Le retour de l’histoire ne devrait pas se faire au prix de l’oubli de la géopolitique. Si l’Europe se considère elle-même engagée dans cette nouvelle guerre froide, elle risque de négliger les risques nouveaux auxquels elle est exposée. Les déclarations (provocatrices) du candidat Trump sur l’OTAN, les annonces (isolées ou contestées) du président Macron sur l’envoi de troupes en Ukraine et l’entrée de la Finlande et celle (longtemps retardée par la Hongrie) du Royaume de Suède dans l’OTAN doivent nous alerter : le Vieux Continent fait aujourd’hui face à des risques géopolitiques de nature bien différente de ceux dont la guerre froide était porteuse. L’histoire bégaie rarement. Et, en tout cas, elle ne dit jamais la même chose. Et les dangers d’aujourd’hui ne gagnent pas à être réduits aux alertes d’hier.

En géopolitique comme ailleurs, les adorateurs des cycles sont nombreux. Combien de fois l’adage de Marx sur les coups d’État des Bonaparte n’est-il pas invoqué aujourd’hui ? Selon lui, tout événement se produirait deux fois : une première, sous une forme tragique et une deuxième, sous les dehors d’une farce – parfois sanglante. Il en irait ainsi de la guerre froide : sa première occurrence avait émergé du deuxième conflit mondial pour mettre aux prises les Alliés occidentaux et le bloc soviétique. Et nous serions entrés depuis 2022, ou même depuis 2013, dans la deuxième guerre froide.

Face à l’horreur de la guerre en Ukraine et à la crainte que suscite la Russie en Europe, il est tentant de retrouver une grille d’analyse éprouvée. La déstabilisation puis l’invasion de l’Ukraine au nom d’une « dénazification » fictive ne rappellent-elles pas les subversions politiques et les interventions militaires de l’URSS en Allemagne en 1953, en Hongrie en 1956, en Tchécoslovaquie en 1968 ou encore en Afghanistan en 1979 ? Comme lors de cette première guerre froide, on observe aujourd’hui une scission de l’Europe en deux blocs militaires, politiques, stratégiques et diplomatiques. Le Rideau de fer tomberait aujourd’hui sur la ligne de front en Ukraine plutôt que sur la frontière entre RFA et RDA, mais la même césure est en passe de s’installer, dans tous les domaines.

Sur le plan politique, les deux camps revendiquent des modèles radicalement opposés : la Russie critique ainsi le libéralisme décadent des sociétés ouvertes pour mieux affirmer son modèle politique ouvertement et explicitement autoritaire, conservateur et nationaliste.

Sur le plan stratégique, chacun des pôles de puissance se considère menacé par l’autre et contraint de développer à l’échelle continentale, puis à l’échelon mondial, une stratégie de refoulement de l’autre. Pour la Russie, les vagues d’élargissement de l’OTAN poursuivraient ainsi la « Pactomanie » des États-Unis dans les années 1940 et 1950 destinée à contenir et refouler le péril rouge. Pour l’Ouest, Moscou a multiplié les formats de coopération anti-occidentaux (OTSC, UEE, OCS, etc.) pour contrecarrer ces extensions otaniennes, de la même façon qu’elle avait à l’époque soviétique signé de nombreux accords, notamment militaires, avec des « États frères » aux quatre coins de la planète.

Sur le plan économique, les vagues de sanctions européennes et américaines se sont succédé et ont eu pour réponses des contre-sanctions russes ; si bien que les anciens partenaires essaient désormais de se passer des approvisionnements de l’autre.

Sur le plan militaire et industriel, la course aux armements et la (re)militarisation battent leur plein, comme au moment de la phase stalinienne de la guerre froide. L’effort de défense des États de l’OTAN s’est considérablement accentué : en 2024, 18 des 32 membres consacrent plus de 2 % de leur PIB aux dépenses militaires. Quant à la Russie elle affiche pour 2024 un budget de défense représentant 6 % du PIB, en hausse de +70 % par rapport à 2023, pourtant déjà année de guerre.

Dans cette polarisation, la guerre d’Ukraine aurait accéléré, accentué et catalysé la renaissance d’un clivage indépassable entre l’OTAN et son Autre radical, la Russie, nouvel avatar de l’URSS. Bien plus, l’Ukraine serait le théâtre d’une « guerre par procuration » typique de la guerre froide comparable à celles que les deux Corées, le Vietnam ou encore l’Angola et le Mozambique avaient connues durant la guerre froide. Dans le Donbass, en Crimée et ailleurs en Ukraine, l’OTAN et la Russie se combattraient à distance, à l’ombre d’une menace nucléaire globale.

Certains attendus de cette grille d’analyse sont parfaitement exacts. En particulier, tous les mécanismes de dialogue, de négociation et de vérification sont bloqués à l’OTAN, à l’ONU et à l’OSCE. Avec « l’ennemi » schmittien ou « l’Autre » radical, la communication est devenue impossible – a fortiori toute forme de coopération.

Si elle est suggestive, cette vision de la mission de l’OTAN et de la stratégie de la Russie est toutefois trompeuse. Outre qu’elle justifie la rhétorique obsidionale développée par le président russe depuis son fameux discours sur l’OTAN à la Conférence sur la sécurité de Munich en 2007, elle masque les dangers réels de la situation présente. Trois événements récents doivent nous en convaincre.

Le 10 février dernier, le candidat, ancien président et possible futur président des États-Unis Donald Trump a réitéré son souhait de prendre ses distances avec l’OTAN et de réduire ainsi l’exposition de son pays aux conflits européens. Cette déclaration ne doit être accueillie ni comme une foucade coutumière d’un provocateur compulsif ni comme un argument électoral d’un novice en politique étrangère. Elle donne le ton du Zeitgeist international car elle résume plusieurs tendances lourdes incompatibles avec la guerre froide.

L’engagement dans l’OTAN n’est plus l’instrument privilégié d’intervention de Washington dans le rapport de force avec son Autre. La bipolarisation américano-soviétique et la gigantomachie OTAN-Pacte de Varsovie ont disparu parce des puissances tierces ont émergé : la République Populaire de Chine, les BRICS et l’Union européenne au premier chef. Le duopole militaire mondial OTAN-Pacte de Varsovie, relativement stable et axé sur la dissuasion nucléaire mutuelle, n’existe plus. Les risques de dérapage s’en trouvent accrus. Les provocations de Donald Trump sur l’OTAN se multiplieront car les déséquilibres européens ne sont plus régulés par la tension maîtrisée entre deux blocs stables et disciplinés. Voilà un risque spécifique à nos temps qu’il ne faut pas négliger au nom de la théorie de la « nouvelle guerre froide ».

Facteur aggravant : tous les espaces de neutralité, de médiation ou de régulation sont en passe de disparaître entre l’OTAN et la Fédération de Russie appuyée sur son OTSC qui réunit plusieurs anciennes républiques soviétiques. La fin de la neutralité finlandaise en 2023 puis de la neutralité suédoise cette année atteste de cette tendance. La guerre froide avait laissé subsister des espaces ouvertement ou implicitement neutres : les deux États nordiques avaient ainsi échappé au système communiste tout en assurant des relations correctes avec leur voisin soviétique. Des glacis, des zones tampons et des aires grises réduisaient les contacts directs entre OTAN et Pacte de Varsovie.

Les risques de frictions et de dérapage (réels) s’en trouvaient réduits. Désormais, l’espace européen est devenu une vaste zone de confrontation directe (Ukraine) ou indirecte (Baltique, mer Noire). L’abandon des neutralités nordiques – et, à terme, peut-être de la neutralité moldave – fait de l’Autre russe le Voisin direct. Voilà un danger que la « nouvelle guerre froide » risque d’occulter. L’affrontement européen ne se fait plus à distance, par-delà des zones tampons.

Enfin, la déclaration si controversée d’Emmanuel Macron le 26 février au soir a souligné combien les dangers actuels sont distincts de ceux du deuxième XXe siècle. Pour l’OTAN, envoyer officiellement des troupes au sol dans un pays tiers, extérieur à l’Alliance, changerait la nature du conflit actuellement en cours. Pour le moment, celui-ci ne met aux prises que deux États, un agresseur et un envahi. Chacun mobilise ses propres réseaux d’alliances afin de soutenir son effort de guerre. Mais le conflit est bilatéral – et ce point n’est ni à minorer, ni à négliger, ni à récuser en fiction.

Même si l’OTAN comme tout, et ses États membres comme parties, soutiennent l’Ukraine de multiples façons, ils ne sont pas parties au conflit car la clause d’assistance mutuelle de l’article 5 ne peut être déclenchée pour l’Ukraine, non-partie au Traité de 1949. Le risque rappelé – à tort ou à raison – par le président français est qu’une confrontation armée OTAN-Russie est désormais possible. La régionalisation des hostilités, l’entrée en guerre d’autres États, la nucléarisation de certaines opérations, etc. : tels sont des risques actuels.

L’OTAN n’est aujourd’hui pas engagée dans une nouvelle guerre froide : la stratégie américaine ne repose plus principalement sur elle ; d’autres puissances militaires différentes de l’Organisation ont émergé ; son « ennemi » existentiel, le Pacte de Varsovie, discipliné, régulé et donc relativement prévisible, n’existe plus ; la guerre par procuration n’est plus la règle. Les risques sont ceux d’une guerre déjà chaude et même très chaude.

Politique- De la guerre froide….. à la guerre chaude

Politique- De la guerre froide….. à la guerre chaude

Deux années de guerre en Ukraine ont-elles ressuscité la vocation de l’OTAN, fondée le 4 avril 1949, il y a pratiquement 75 ans ? Privée depuis 1991 de son ennemi existentiel, l’URSS, la plus grande alliance militaire intégrée au monde avait traversé deux décennies de crise de vocation. Rompant avec le bloc soviétique, la nouvelle Fédération de Russie était devenue un partenaire stratégique au sein du Conseil OTAN-Russie créé en 2002. De plus, plusieurs anciens pays du « bloc de l’Est », y compris trois anciennes Républiques socialistes soviétiques (l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie) avaient même rejoint l’Organisation entre 1999 et 2020. De 19 membres à la fin de la guerre froide, elle était passée à 28 membres en 2009 (32 aujourd’hui). Sa raison d’être était de contenir le bloc communiste en Europe et de contrer le Pacte de Varsovie sur le terrain militaire. L’annexion de la Crimée en 2014, la guerre dans le Donbass depuis lors et l’invasion à grande échelle de 2022 ont mis fin à cette introspection inquiète. Dans la Russie de 2022, elle retrouvait son « ennemi » théorisé par Carl Schmitt dans La notion de politique (1932) comme celui avec lequel l’affrontement est radical et inévitable, dans la mesure où aucun terrain commun ne peut être trouvé. L’impression de « déjà-vu » géopolitique est aujourd’hui si puissante que l’idée s’est partout imposée : l’Occident serait entré dans une « nouvelle guerre froide » avec une Fédération russe héritière agressive de l’URSS. Seule la carte des blocs aurait évolué, avec l’intégration dans l’Alliance d’anciens États communistes et de deux pays anciennement neutres (Finlande et Suède).

 

par 

Géopoliticien, Sciences Po dans The Conversation 

Le « désir du même », si rassurant soit-il, ne doit pas offusquer « la recherche de l’autre ». Le retour de l’histoire ne devrait pas se faire au prix de l’oubli de la géopolitique. Si l’Europe se considère elle-même engagée dans cette nouvelle guerre froide, elle risque de négliger les risques nouveaux auxquels elle est exposée. Les déclarations (provocatrices) du candidat Trump sur l’OTAN, les annonces (isolées ou contestées) du président Macron sur l’envoi de troupes en Ukraine et l’entrée de la Finlande et celle (longtemps retardée par la Hongrie) du Royaume de Suède dans l’OTAN doivent nous alerter : le Vieux Continent fait aujourd’hui face à des risques géopolitiques de nature bien différente de ceux dont la guerre froide était porteuse. L’histoire bégaie rarement. Et, en tout cas, elle ne dit jamais la même chose. Et les dangers d’aujourd’hui ne gagnent pas à être réduits aux alertes d’hier.

En géopolitique comme ailleurs, les adorateurs des cycles sont nombreux. Combien de fois l’adage de Marx sur les coups d’État des Bonaparte n’est-il pas invoqué aujourd’hui ? Selon lui, tout événement se produirait deux fois : une première, sous une forme tragique et une deuxième, sous les dehors d’une farce – parfois sanglante. Il en irait ainsi de la guerre froide : sa première occurrence avait émergé du deuxième conflit mondial pour mettre aux prises les Alliés occidentaux et le bloc soviétique. Et nous serions entrés depuis 2022, ou même depuis 2013, dans la deuxième guerre froide.

Face à l’horreur de la guerre en Ukraine et à la crainte que suscite la Russie en Europe, il est tentant de retrouver une grille d’analyse éprouvée. La déstabilisation puis l’invasion de l’Ukraine au nom d’une « dénazification » fictive ne rappellent-elles pas les subversions politiques et les interventions militaires de l’URSS en Allemagne en 1953, en Hongrie en 1956, en Tchécoslovaquie en 1968 ou encore en Afghanistan en 1979 ? Comme lors de cette première guerre froide, on observe aujourd’hui une scission de l’Europe en deux blocs militaires, politiques, stratégiques et diplomatiques. Le Rideau de fer tomberait aujourd’hui sur la ligne de front en Ukraine plutôt que sur la frontière entre RFA et RDA, mais la même césure est en passe de s’installer, dans tous les domaines.

Sur le plan politique, les deux camps revendiquent des modèles radicalement opposés : la Russie critique ainsi le libéralisme décadent des sociétés ouvertes pour mieux affirmer son modèle politique ouvertement et explicitement autoritaire, conservateur et nationaliste.

Sur le plan stratégique, chacun des pôles de puissance se considère menacé par l’autre et contraint de développer à l’échelle continentale, puis à l’échelon mondial, une stratégie de refoulement de l’autre. Pour la Russie, les vagues d’élargissement de l’OTAN poursuivraient ainsi la « Pactomanie » des États-Unis dans les années 1940 et 1950 destinée à contenir et refouler le péril rouge. Pour l’Ouest, Moscou a multiplié les formats de coopération anti-occidentaux (OTSC, UEE, OCS, etc.) pour contrecarrer ces extensions otaniennes, de la même façon qu’elle avait à l’époque soviétique signé de nombreux accords, notamment militaires, avec des « États frères » aux quatre coins de la planète.

Sur le plan économique, les vagues de sanctions européennes et américaines se sont succédé et ont eu pour réponses des contre-sanctions russes ; si bien que les anciens partenaires essaient désormais de se passer des approvisionnements de l’autre.

Sur le plan militaire et industriel, la course aux armements et la (re)militarisation battent leur plein, comme au moment de la phase stalinienne de la guerre froide. L’effort de défense des États de l’OTAN s’est considérablement accentué : en 2024, 18 des 32 membres consacrent plus de 2 % de leur PIB aux dépenses militaires. Quant à la Russie elle affiche pour 2024 un budget de défense représentant 6 % du PIB, en hausse de +70 % par rapport à 2023, pourtant déjà année de guerre.

Dans cette polarisation, la guerre d’Ukraine aurait accéléré, accentué et catalysé la renaissance d’un clivage indépassable entre l’OTAN et son Autre radical, la Russie, nouvel avatar de l’URSS. Bien plus, l’Ukraine serait le théâtre d’une « guerre par procuration » typique de la guerre froide comparable à celles que les deux Corées, le Vietnam ou encore l’Angola et le Mozambique avaient connues durant la guerre froide. Dans le Donbass, en Crimée et ailleurs en Ukraine, l’OTAN et la Russie se combattraient à distance, à l’ombre d’une menace nucléaire globale.

Certains attendus de cette grille d’analyse sont parfaitement exacts. En particulier, tous les mécanismes de dialogue, de négociation et de vérification sont bloqués à l’OTAN, à l’ONU et à l’OSCE. Avec « l’ennemi » schmittien ou « l’Autre » radical, la communication est devenue impossible – a fortiori toute forme de coopération.

Si elle est suggestive, cette vision de la mission de l’OTAN et de la stratégie de la Russie est toutefois trompeuse. Outre qu’elle justifie la rhétorique obsidionale développée par le président russe depuis son fameux discours sur l’OTAN à la Conférence sur la sécurité de Munich en 2007, elle masque les dangers réels de la situation présente. Trois événements récents doivent nous en convaincre.

Le 10 février dernier, le candidat, ancien président et possible futur président des États-Unis Donald Trump a réitéré son souhait de prendre ses distances avec l’OTAN et de réduire ainsi l’exposition de son pays aux conflits européens. Cette déclaration ne doit être accueillie ni comme une foucade coutumière d’un provocateur compulsif ni comme un argument électoral d’un novice en politique étrangère. Elle donne le ton du Zeitgeist international car elle résume plusieurs tendances lourdes incompatibles avec la guerre froide.

L’engagement dans l’OTAN n’est plus l’instrument privilégié d’intervention de Washington dans le rapport de force avec son Autre. La bipolarisation américano-soviétique et la gigantomachie OTAN-Pacte de Varsovie ont disparu parce des puissances tierces ont émergé : la République Populaire de Chine, les BRICS et l’Union européenne au premier chef. Le duopole militaire mondial OTAN-Pacte de Varsovie, relativement stable et axé sur la dissuasion nucléaire mutuelle, n’existe plus. Les risques de dérapage s’en trouvent accrus. Les provocations de Donald Trump sur l’OTAN se multiplieront car les déséquilibres européens ne sont plus régulés par la tension maîtrisée entre deux blocs stables et disciplinés. Voilà un risque spécifique à nos temps qu’il ne faut pas négliger au nom de la théorie de la « nouvelle guerre froide ».

Facteur aggravant : tous les espaces de neutralité, de médiation ou de régulation sont en passe de disparaître entre l’OTAN et la Fédération de Russie appuyée sur son OTSC qui réunit plusieurs anciennes républiques soviétiques. La fin de la neutralité finlandaise en 2023 puis de la neutralité suédoise cette année atteste de cette tendance. La guerre froide avait laissé subsister des espaces ouvertement ou implicitement neutres : les deux États nordiques avaient ainsi échappé au système communiste tout en assurant des relations correctes avec leur voisin soviétique. Des glacis, des zones tampons et des aires grises réduisaient les contacts directs entre OTAN et Pacte de Varsovie.

Les risques de frictions et de dérapage (réels) s’en trouvaient réduits. Désormais, l’espace européen est devenu une vaste zone de confrontation directe (Ukraine) ou indirecte (Baltique, mer Noire). L’abandon des neutralités nordiques – et, à terme, peut-être de la neutralité moldave – fait de l’Autre russe le Voisin direct. Voilà un danger que la « nouvelle guerre froide » risque d’occulter. L’affrontement européen ne se fait plus à distance, par-delà des zones tampons.

Enfin, la déclaration si controversée d’Emmanuel Macron le 26 février au soir a souligné combien les dangers actuels sont distincts de ceux du deuxième XXe siècle. Pour l’OTAN, envoyer officiellement des troupes au sol dans un pays tiers, extérieur à l’Alliance, changerait la nature du conflit actuellement en cours. Pour le moment, celui-ci ne met aux prises que deux États, un agresseur et un envahi. Chacun mobilise ses propres réseaux d’alliances afin de soutenir son effort de guerre. Mais le conflit est bilatéral – et ce point n’est ni à minorer, ni à négliger, ni à récuser en fiction.

Même si l’OTAN comme tout, et ses États membres comme parties, soutiennent l’Ukraine de multiples façons, ils ne sont pas parties au conflit car la clause d’assistance mutuelle de l’article 5 ne peut être déclenchée pour l’Ukraine, non-partie au Traité de 1949. Le risque rappelé – à tort ou à raison – par le président français est qu’une confrontation armée OTAN-Russie est désormais possible. La régionalisation des hostilités, l’entrée en guerre d’autres États, la nucléarisation de certaines opérations, etc. : tels sont des risques actuels.

L’OTAN n’est aujourd’hui pas engagée dans une nouvelle guerre froide : la stratégie américaine ne repose plus principalement sur elle ; d’autres puissances militaires différentes de l’Organisation ont émergé ; son « ennemi » existentiel, le Pacte de Varsovie, discipliné, régulé et donc relativement prévisible, n’existe plus ; la guerre par procuration n’est plus la règle. Les risques sont ceux d’une guerre déjà chaude et même très chaude.

De la guerre froide….. à la guerre chaude

De la guerre froide….. à la guerre chaude

Deux années de guerre en Ukraine ont-elles ressuscité la vocation de l’OTAN, fondée le 4 avril 1949, il y a pratiquement 75 ans ? Privée depuis 1991 de son ennemi existentiel, l’URSS, la plus grande alliance militaire intégrée au monde avait traversé deux décennies de crise de vocation. Rompant avec le bloc soviétique, la nouvelle Fédération de Russie était devenue un partenaire stratégique au sein du Conseil OTAN-Russie créé en 2002. De plus, plusieurs anciens pays du « bloc de l’Est », y compris trois anciennes Républiques socialistes soviétiques (l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie) avaient même rejoint l’Organisation entre 1999 et 2020. De 19 membres à la fin de la guerre froide, elle était passée à 28 membres en 2009 (32 aujourd’hui). Sa raison d’être était de contenir le bloc communiste en Europe et de contrer le Pacte de Varsovie sur le terrain militaire. L’annexion de la Crimée en 2014, la guerre dans le Donbass depuis lors et l’invasion à grande échelle de 2022 ont mis fin à cette introspection inquiète. Dans la Russie de 2022, elle retrouvait son « ennemi » théorisé par Carl Schmitt dans La notion de politique (1932) comme celui avec lequel l’affrontement est radical et inévitable, dans la mesure où aucun terrain commun ne peut être trouvé. L’impression de « déjà-vu » géopolitique est aujourd’hui si puissante que l’idée s’est partout imposée : l’Occident serait entré dans une « nouvelle guerre froide » avec une Fédération russe héritière agressive de l’URSS. Seule la carte des blocs aurait évolué, avec l’intégration dans l’Alliance d’anciens États communistes et de deux pays anciennement neutres (Finlande et Suède).

 

par 

Géopoliticien, Sciences Po dans The Conversation 

Le « désir du même », si rassurant soit-il, ne doit pas offusquer « la recherche de l’autre ». Le retour de l’histoire ne devrait pas se faire au prix de l’oubli de la géopolitique. Si l’Europe se considère elle-même engagée dans cette nouvelle guerre froide, elle risque de négliger les risques nouveaux auxquels elle est exposée. Les déclarations (provocatrices) du candidat Trump sur l’OTAN, les annonces (isolées ou contestées) du président Macron sur l’envoi de troupes en Ukraine et l’entrée de la Finlande et celle (longtemps retardée par la Hongrie) du Royaume de Suède dans l’OTAN doivent nous alerter : le Vieux Continent fait aujourd’hui face à des risques géopolitiques de nature bien différente de ceux dont la guerre froide était porteuse. L’histoire bégaie rarement. Et, en tout cas, elle ne dit jamais la même chose. Et les dangers d’aujourd’hui ne gagnent pas à être réduits aux alertes d’hier.

En géopolitique comme ailleurs, les adorateurs des cycles sont nombreux. Combien de fois l’adage de Marx sur les coups d’État des Bonaparte n’est-il pas invoqué aujourd’hui ? Selon lui, tout événement se produirait deux fois : une première, sous une forme tragique et une deuxième, sous les dehors d’une farce – parfois sanglante. Il en irait ainsi de la guerre froide : sa première occurrence avait émergé du deuxième conflit mondial pour mettre aux prises les Alliés occidentaux et le bloc soviétique. Et nous serions entrés depuis 2022, ou même depuis 2013, dans la deuxième guerre froide.

Face à l’horreur de la guerre en Ukraine et à la crainte que suscite la Russie en Europe, il est tentant de retrouver une grille d’analyse éprouvée. La déstabilisation puis l’invasion de l’Ukraine au nom d’une « dénazification » fictive ne rappellent-elles pas les subversions politiques et les interventions militaires de l’URSS en Allemagne en 1953, en Hongrie en 1956, en Tchécoslovaquie en 1968 ou encore en Afghanistan en 1979 ? Comme lors de cette première guerre froide, on observe aujourd’hui une scission de l’Europe en deux blocs militaires, politiques, stratégiques et diplomatiques. Le Rideau de fer tomberait aujourd’hui sur la ligne de front en Ukraine plutôt que sur la frontière entre RFA et RDA, mais la même césure est en passe de s’installer, dans tous les domaines.

Sur le plan politique, les deux camps revendiquent des modèles radicalement opposés : la Russie critique ainsi le libéralisme décadent des sociétés ouvertes pour mieux affirmer son modèle politique ouvertement et explicitement autoritaire, conservateur et nationaliste.

Sur le plan stratégique, chacun des pôles de puissance se considère menacé par l’autre et contraint de développer à l’échelle continentale, puis à l’échelon mondial, une stratégie de refoulement de l’autre. Pour la Russie, les vagues d’élargissement de l’OTAN poursuivraient ainsi la « Pactomanie » des États-Unis dans les années 1940 et 1950 destinée à contenir et refouler le péril rouge. Pour l’Ouest, Moscou a multiplié les formats de coopération anti-occidentaux (OTSC, UEE, OCS, etc.) pour contrecarrer ces extensions otaniennes, de la même façon qu’elle avait à l’époque soviétique signé de nombreux accords, notamment militaires, avec des « États frères » aux quatre coins de la planète.

Sur le plan économique, les vagues de sanctions européennes et américaines se sont succédé et ont eu pour réponses des contre-sanctions russes ; si bien que les anciens partenaires essaient désormais de se passer des approvisionnements de l’autre.

Sur le plan militaire et industriel, la course aux armements et la (re)militarisation battent leur plein, comme au moment de la phase stalinienne de la guerre froide. L’effort de défense des États de l’OTAN s’est considérablement accentué : en 2024, 18 des 32 membres consacrent plus de 2 % de leur PIB aux dépenses militaires. Quant à la Russie elle affiche pour 2024 un budget de défense représentant 6 % du PIB, en hausse de +70 % par rapport à 2023, pourtant déjà année de guerre.

Dans cette polarisation, la guerre d’Ukraine aurait accéléré, accentué et catalysé la renaissance d’un clivage indépassable entre l’OTAN et son Autre radical, la Russie, nouvel avatar de l’URSS. Bien plus, l’Ukraine serait le théâtre d’une « guerre par procuration » typique de la guerre froide comparable à celles que les deux Corées, le Vietnam ou encore l’Angola et le Mozambique avaient connues durant la guerre froide. Dans le Donbass, en Crimée et ailleurs en Ukraine, l’OTAN et la Russie se combattraient à distance, à l’ombre d’une menace nucléaire globale.

Certains attendus de cette grille d’analyse sont parfaitement exacts. En particulier, tous les mécanismes de dialogue, de négociation et de vérification sont bloqués à l’OTAN, à l’ONU et à l’OSCE. Avec « l’ennemi » schmittien ou « l’Autre » radical, la communication est devenue impossible – a fortiori toute forme de coopération.

Si elle est suggestive, cette vision de la mission de l’OTAN et de la stratégie de la Russie est toutefois trompeuse. Outre qu’elle justifie la rhétorique obsidionale développée par le président russe depuis son fameux discours sur l’OTAN à la Conférence sur la sécurité de Munich en 2007, elle masque les dangers réels de la situation présente. Trois événements récents doivent nous en convaincre.

Le 10 février dernier, le candidat, ancien président et possible futur président des États-Unis Donald Trump a réitéré son souhait de prendre ses distances avec l’OTAN et de réduire ainsi l’exposition de son pays aux conflits européens. Cette déclaration ne doit être accueillie ni comme une foucade coutumière d’un provocateur compulsif ni comme un argument électoral d’un novice en politique étrangère. Elle donne le ton du Zeitgeist international car elle résume plusieurs tendances lourdes incompatibles avec la guerre froide.

L’engagement dans l’OTAN n’est plus l’instrument privilégié d’intervention de Washington dans le rapport de force avec son Autre. La bipolarisation américano-soviétique et la gigantomachie OTAN-Pacte de Varsovie ont disparu parce des puissances tierces ont émergé : la République Populaire de Chine, les BRICS et l’Union européenne au premier chef. Le duopole militaire mondial OTAN-Pacte de Varsovie, relativement stable et axé sur la dissuasion nucléaire mutuelle, n’existe plus. Les risques de dérapage s’en trouvent accrus. Les provocations de Donald Trump sur l’OTAN se multiplieront car les déséquilibres européens ne sont plus régulés par la tension maîtrisée entre deux blocs stables et disciplinés. Voilà un risque spécifique à nos temps qu’il ne faut pas négliger au nom de la théorie de la « nouvelle guerre froide ».

Facteur aggravant : tous les espaces de neutralité, de médiation ou de régulation sont en passe de disparaître entre l’OTAN et la Fédération de Russie appuyée sur son OTSC qui réunit plusieurs anciennes républiques soviétiques. La fin de la neutralité finlandaise en 2023 puis de la neutralité suédoise cette année atteste de cette tendance. La guerre froide avait laissé subsister des espaces ouvertement ou implicitement neutres : les deux États nordiques avaient ainsi échappé au système communiste tout en assurant des relations correctes avec leur voisin soviétique. Des glacis, des zones tampons et des aires grises réduisaient les contacts directs entre OTAN et Pacte de Varsovie.

Les risques de frictions et de dérapage (réels) s’en trouvaient réduits. Désormais, l’espace européen est devenu une vaste zone de confrontation directe (Ukraine) ou indirecte (Baltique, mer Noire). L’abandon des neutralités nordiques – et, à terme, peut-être de la neutralité moldave – fait de l’Autre russe le Voisin direct. Voilà un danger que la « nouvelle guerre froide » risque d’occulter. L’affrontement européen ne se fait plus à distance, par-delà des zones tampons.

Enfin, la déclaration si controversée d’Emmanuel Macron le 26 février au soir a souligné combien les dangers actuels sont distincts de ceux du deuxième XXe siècle. Pour l’OTAN, envoyer officiellement des troupes au sol dans un pays tiers, extérieur à l’Alliance, changerait la nature du conflit actuellement en cours. Pour le moment, celui-ci ne met aux prises que deux États, un agresseur et un envahi. Chacun mobilise ses propres réseaux d’alliances afin de soutenir son effort de guerre. Mais le conflit est bilatéral – et ce point n’est ni à minorer, ni à négliger, ni à récuser en fiction.

Même si l’OTAN comme tout, et ses États membres comme parties, soutiennent l’Ukraine de multiples façons, ils ne sont pas parties au conflit car la clause d’assistance mutuelle de l’article 5 ne peut être déclenchée pour l’Ukraine, non-partie au Traité de 1949. Le risque rappelé – à tort ou à raison – par le président français est qu’une confrontation armée OTAN-Russie est désormais possible. La régionalisation des hostilités, l’entrée en guerre d’autres États, la nucléarisation de certaines opérations, etc. : tels sont des risques actuels.

L’OTAN n’est aujourd’hui pas engagée dans une nouvelle guerre froide : la stratégie américaine ne repose plus principalement sur elle ; d’autres puissances militaires différentes de l’Organisation ont émergé ; son « ennemi » existentiel, le Pacte de Varsovie, discipliné, régulé et donc relativement prévisible, n’existe plus ; la guerre par procuration n’est plus la règle. Les risques sont ceux d’une guerre déjà chaude et même très chaude.

Climat: 2023, année la plus chaude depuis 100 000 ans

Climat: 2023, année la plus chaude depuis 100 000 ans

2023 a bel et bien été l’année la plus chaude jamais enregistrée depuis au moins 1850. Elle dépasse même « largement » 2016, le précédent record, a confirmé mardi le programme européen Copernicus sur le changement climatique (C3S).

Non seulement 2023 est l’année la plus chaude jamais enregistrée, mais c’est aussi la première année où tous les jours dépassent de plus de 1 °C la température de la période préindustrielle. » Les températures de 2023 « dépassent probablement celles de n’importe quelle période au cours des 100 000 dernières années au moins. »

Le réchauffement climatique actuel est directement lié à l’augmentation de la concentration des gaz à effet de serre dans l’atmosphère : celle de dioxyde de carbone a, par exemple, atteint 419 parties par million (ppm) en 2023, soit 2,4 ppm de plus qu’en 2022. Il a aussi été renforcé l’an dernier par les variations naturelles du climat tel que le phénomène El Niño, une anomalie chaude au niveau des eaux équatoriales du Pacifique qui tend à augmenter la température mondiale.

En France, comme en Europe, 2023 s’est classée au deuxième rang des années les plus chaudes, selon Météo-France. « Avec une température moyenne de 14,4 °C », elle talonne de très près le record de 2022, affichant seulement 0,1 °C de moins.

par ailleurs, es températures moyennes de surface de la mer « sont restées durablement et exceptionnellement élevées, atteignant des niveaux records pour la période de l’année allant d’avril à décembre ».

Au niveau des pôles, qui se réchauffent bien plus vite que le reste du globe, même constat : au sud, la glace de mer de l’Antarctique a atteint des minima records sur huit mois et son étendue a atteint son niveau le plus bas (quotidien et mensuel) en février 2023. Au nord, l’été dernier a été le plus chaud jamais enregistré dans l’Arctique, avec une température moyenne de 6,4 °C, selon les récentes données de l’Agence atmosphérique et océanique américaine (NOAA).

Confinements locaux : le gouvernement passe la patate chaude aux collectivités locales

Confinements locaux : le gouvernement passe la patate chaude aux collectivités locales

Pas grand-chose de nouveau n’est ressorti du nouveau show de Jean Castex toujours aussi peu convaincant en dépit du dynamisme qu’il développe. Il faut dire qu’il est coincé entre Macron qui décide tout et Véran  en qui inonde l’opinion publique de son bavardage permanent. Même pendant la conférence de presse de jeudi Véran  n’a cessé de délayer son propos pour minimiser celui du Premier ministre. Sur le fond, la principale mesure consiste à envisager désormais de passer la patate chaude du confinement aux collectivités locales.

Il y a bien sûr les chiffres qui montrent la montée de la pandémie suite à la progression des variants qui aujourd’hui atteingnent  à peu près 50 % des contaminés. Après les confinements locaux de la région de Nice et de celle de Dunkerque, le Premier ministre a déclaré en situation d’observation d’urgence une vingtaine de départements.

 

L’objectif sera ensuite de faire avaler des confinements locaux dont la responsabilité sera aussi imputable à ces élus. En effet au-delà du risque sanitaire, le gouvernement craint surtout le risque politique avec la montée du mécontentement d’un certain nombre d’acteurs économiques et sociaux et plus généralement de l’opinion publique.

Les nouvelles surveillances renforcées concerneront • dès le 6 mars dans 20 départements : savoir Paris, les Yvelines, l’Essonne, le Val-d’Oise, le Val-de-Marne, les Hauts-de-Seine, la Seine-et-Marne, la Seine-Saint-Denis, le Nord, le Pas-de-Calais, l’Oise, la Somme, les Bouches-du-Rhône, le Var, les Alpes-Maritimes, le Rhône, la Drôme, la Moselle, la Meurthe-et-Moselle et l’Eure-et-Loir. Il faudra donner un contenu à ce concept encore très vague de surveillance renforcée. Pour devancer le gouvernement, la mairie Paris a demandé un confinement assez strict pendant trois semaines et pas seulement le week-end.

Tradition : la patate chaude de la dette SNCF pour le futur gouvernement

Tradition : la patate chaude de la dette SNCF pour le futur gouvernement

 

Après la réforme bâclée de la SNCF, il ne fallait pas s’attendre à des miracles. Réforme bâclée car on a simplement oublié de traiter la question financière notamment la dette, pas plus d’ailleurs que l’environnement économique ou la politique des transports. Bref une réforme comme d’habitude essentiellement institutionnelle. Du coup le gouvernement ne sait  pas quoi faire de cette dette qui atteint aujourd’hui plus de 40 milliards. Ou plutôt si, il va repasser la patate chaude au gouvernement suivant en 2017. Une vieille tradition française transmettre au successeur les problèmes non réglés. Paradoxal car dans le même temps le gouvernement claironne qu’il faut sauver Alstom en imposant à la SNCF de commander du matériel dont elle  n’a pas besoin ;  et pour cause, les parts de  marché  régressent partout, y compris souvent le trafic. Le sauvetage d’Alstom est bien entendu une nécessité mais comment faire quand la vitrine ferroviaire française devient obsolète. On a en effet décidé de ne plus construire de lignes TGV. Pour l’essentiel le déficit de la SNCF revient du fait qu’elle finance elle-même ses infrastructures depuis des décennies et des décennies. Une singularité par rapport à tous les autres modes de transport et qui plombe les comptes de l’entreprise surtout lorsque la construction de ces infrastructures est imposée par l’État. Bref c’est le chien qui se mord la queue. Il faut ajouter à cela la dérive financière liée à une gestion calamiteuse caractérisée par un manque de compétitivité. Le gouvernement français s’est donc une nouvelle fois prononcé contre une reprise, même partielle, de la dette abyssale de SNCF Réseau, au nom de la réduction des déficits publics, selon un rapport transmis au Parlement lundi et dont l’AFP a obtenu copie. La dette de la société qui gère le réseau ferré français a beau dérailler depuis 2010, l’Etat ne la reprendra pas à son compte. « Pas opportun », a tranché l’exécutif, à une semaine de la présentation du dernier budget du quinquennat de François Hollande. Et tant pis si, sur les 44 milliards d’euros cumulés à fin juin, une bonne partie de la dette de SNCF Réseau est liée à la construction des nouvelles lignes à grande vitesse commandées par l’Etat vers Bordeaux, Rennes, Strasbourg et Montpellier. Tant pis aussi pour l’Insee, qui a reclassé une partie de cette somme en dette publique, à hauteur de 10,9 milliards fin 2014, à cause des subventions versées par l’Etat à Réseau pour financer ses investissements. Une simple « décision comptable », qui « n’implique nullement une reprise effective de tout ou partie de cette dette par l’État », seul apte à réaliser un tel « choix délibéré », affirme le gouvernement. A l’heure des choix budgétaires, la dette ferroviaire pèse moins lourd que le déficit public. Une reprise « aurait des conséquences très lourdes », prévient le gouvernement, avec cette précision: 10 milliards d’euros de dette feraient augmenter le déficit public de 0,5 point de PIB (Produit intérieur brut). Autres options écartées: la création d’une structure ad hoc pour cantonner une partie de la dette de Réseau, ou la prise en charge d’une partie des intérêts par l’Etat, car au bout du compte le déficit public se creuserait. Sans proposer de solution nouvelle, le gouvernement vante sa réforme ferroviaire, votée en août 2014 et censée « permettre de tendre vers le redressement financier » de la SNCF. Une réforme déjà obsolète deux ans après son adoption. Comme en témoigne le rapport remis le gouvernement ; rapport, attendu depuis deux ans, est loin des espoirs encore permis en juin, quand le secrétaire d’Etat aux Transports, Alain Vidalies évoquait « les conditions dans lesquelles une partie de la dette sera reprise » et que son prédécesseur, Frédéric Cuvillier, jugeait ce scénario « inéluctable ». « On refile la patate chaude aux successeurs », a déclaré à l’AFP le sénateur (UDI) Hervé Maurey, président de la commission de l’aménagement du territoire à la chambre haute. « On voudrait la mort de la SNCF qu’on ne s’y prendrait pas autrement », a-t-il ajouté, regrettant au passage l’accord d’entreprise signé en juin sous la pression du gouvernement, désireux de mettre fin aux grèves des cheminots avant l’Euro de football. « Je n’étais pas favorable à un allègement de la dette » de SNCF Réseau, mais « dès lors que cet accord était passé, il était souhaitable que l’Etat reprenne une partie de cette dette », a-t-il expliqué à l’AFP. « Plus on avance, plus le gouvernement refuse de trouver des solutions au problème de la dette », a réagi un porte-parole de la CGT-Cheminots (premier syndicat à la SNCF). « On a le sentiment que le gouvernement lâche le ferroviaire à six mois de la présidentielle et laisse le bébé au suivant », a renchéri Roger Dillenseger, secrétaire général de l’Unsa-ferroviaire (deuxième syndicat), pour qui « les engagements de l’Etat stratège ne sont pas respectés ». D’autres éléments clés de la réforme de 2014 n’ont toujours pas été mis en oeuvre, notamment le décret sur la « règle d’or », qui fixera un plafond à la dette de SNCF Réseau. La loi Macron d’août 2015 avait précisé que ce seuil ne pourrait pas dépasser 18 fois le résultat opérationnel de l’entreprise. Un niveau allègrement pulvérisé selon l’ancien gendarme du rail, Pierre Cardo, qui signalait avant son départ en juillet que ce ratio s’établissait déjà à 22 fin 2015. 

(Avec AFP et la Tribune)

 

Perpétuité réelle : NKM invente l’eau chaude

Perpétuité réelle : NKM invente l’eau chaude

En recherche de singularité en vue des primaires de la droite, NKM invente la perpétuité qui est déjà prévue. . Le député de l’Yonne Guillaume Larrivé, auteur de l’amendement sur la réforme de la procédure pénale, s’est ainsi étranglé sur Twitter: «Certains proposent la perpétuité incompressible pour les criminels terroristes. Oui. Je l’ai déjà fait voter».

Ce jeudi, le porte-parole du gouvernement a donc rappelé que «dans le débat sur la procédure pénale, un amendement des Républicains, qui visait à porter à trente ans les peines de sûreté existant déjà dans la loi de 2011 (…) a donné lieu à un débat à l’Assemblée nationale et à un avis favorable du gouvernement». Dans le droit actuel, la perpétuité réelle existe déjà: le code pénal prévoit, dans des cas très précis, soit d’étendre la période de sûreté qui accompagne la peine – c’est-à-dire le laps de temps pendant lequel aucun aménagement de peine n’est possible – à 30 ans au lieu de 22, soit d’annuler la possibilité d’un aménagement de peine. L’amendement des Républicains (article 4 ter), adopté par l’Assemblée le 8 mars et qui sera examiné par le Sénat à partir du 24 mars, vise à étendre cette perpétuité dite «incompressible» aux auteurs d’actes terroristes. Comme Stéphane Le Foll l’a rappelé, la perpétuité doit cependant laisser au condamné un espoir – plus théorique que réel – de libération, pour être conforme à la décision de la cour européenne des droits de l’Homme, qui considère une condamnation à perpétuité «définitive» comme «un traitement inhumain»: «Je rappelle que le gouvernement français, dans le même temps, respectera les règles européennes dans ce domaine, c’est-à-dire qu’il y a toujours possibilité de faire en sorte qu’on ne finisse pas de manière automatique sa vie en prison. C’est une règle européenne. (…) Au bout de trente ans, cette possibilité pourrait être ouverte mais elle ne sera effective que si le juge considère qu’il n’y a pas de danger pour la société», a expliqué le ministre.

2015 : la plus chaude depuis plus de 100 ans

2015 : la plus chaude depuis plus de 100 ans

C’est la plus chaude année depuis l’existence des statistiques sur le climat. Un réchauffement encore plus important qu’en 2014 et qui augure mal de l’évolution de la température pour le XXIe siècle. À moins de stopper très rapidement l’utilisation des énergies fossiles, ce qui paraît peu probable. Les objectifs de la COP 21 de limiter le réchauffement à moins de 2°C sera  donc « extrêmement difficile à atteindre. 2015 a été de loin l’année la plus chaude jamais enregistrée au plan mondial, ont annoncé mercredi deux agences gouvernementales américaines, la Nasa et la NOAA (Agence nationale océanique et atmosphérique). Selon leurs données, la température moyenne mondiale a été de 0,90° Celsius supérieure à la moyenne du XXe siècle, et elle a battu le précédent record, établi par l’année 2014, de 0,16° C. C’est la quatrième fois qu’un record est battu pour la température moyenne mondiale depuis le début du XXIe siècle, indiquent ces deux agences dans un résumé de leur rapport annuel. « 2015 a été remarquable, même dans le contexte d’une tendance plus large au réchauffement sur le long terme », a déclaré Gavin Schmidt, directeur de l’institut d’études spatiales Goddard de la Nasa. Selon les scientifiques, les activités humaines, notamment les combustibles fossiles, ont été le principal facteur à l’origine de cette poussée du mercure.

(Avec AFP)

2014 : l’année la plus chaude depuis 1880

2014 : l’année la plus chaude depuis 1880

Que ce soit à la surface de la terre ou des océans, en Afrique ou en Alaska, les températures relevées l’an dernier sur le globe n’ont jamais été aussi élevées, a indiqué ce vendredi  l’Agence américaine océanique et atmosphérique (NOAA). En 2014, la température moyenne globale était en hausse de 0,69°C par rapport à la moyenne du XXe siècle. Les derniers records dataient de 2005 et 2010 avec + 0,04 degré. Ce coup de chaud a été particulièrement ressenti sur la zone équatoriale de l’océan Pacifique où la température moyenne globale à la surface des terres s’est située  1°C au-dessus de la moyenne du XXe siècle. C’est la quatrième plus élevée depuis 1880, année des premières mesures et des premiers relevés.  L’impact des gaz à effet de serre dans ce réchauffement climatique est par ailleurs avéré  puisque la température moyenne de la basse stratosphère, c’est à dire entre 15 et 20 km d’altitude, a baissé, alors que celles dans la troposphère, ce sont les couches plus basses de l’atmosphère, ont augmenté, explique la NOAA dans son étude. En avril dernier, le Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat (Giec) sonnait une nouvelle fois l’alarme. Si rien n’est fait rapidement pour limiter la pollution de l’atmosphère, la hausse de la température sur le globe sera de 3,7 à 4,8°C à l’horizon 2100. Or, selon eux, au-delà de deux degrés, le changement climatique pourrait avoir des conséquences désastreuses, voire cataclysmiques.




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