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L’histoire du changement d’heure

L’histoire du changement d’heure

Dans la nuit du dimanche 27 octobre 2024, à 3h00 du matin, il sera 2h00 : nous serons passés à l’heure d’hiver. Cette modification horaire relève de la responsabilité de l’Observatoire de Paris, lequel est en charge d’établir, de maintenir et de diffuser le temps légal français, plus précisément l’échelle de l’heure légale en France. Le passage à l’heure d’été et à l’heure d’hiver est en fait une idée bien ancienne, et son établissement sous la forme que nous connaissons, une petite histoire à elle seule.

par 

Directeur de recherche CNRS et Directeur du laboratoire Systèmes de Référence Temps-Espace de l’Observatoire de Paris dans The Conversation
En 1784, Benjamin Franklin évoque pour la première fois dans le quotidien français Le journal de Paris la possibilité de décaler les horaires afin d’économiser l’énergie. Cette idée n’est pourtant pas encore très populaire à une époque où la société est encore très largement agricole et où l’heure « utile » est celle du Soleil, qui varie de 50 minutes de l’est à l’ouest de la France.

Mais un siècle plus tard, le développement des transports ferroviaires va nécessiter une unification de l’heure sur l’ensemble du territoire français. Cela d’autant plus que le télégraphe électrique est quasi simultanément créé.

Cela va être décidé en 1891 : l’heure de Paris devient l’heure nationale. Le même processus se produit dans différents pays du monde, la différence des échelles de temps entre les pays correspondant à la différence de longitude de leur méridien de référence.

L’Allemagne est la première à instaurer ce changement d’heure le 30 avril 1916. Elle est rapidement suivie par le Royaume-Uni le 21 mai 1916. En France, l’introduction d’une heure d’été est proposée en 1916, votée en 1917, devançant de peu les États-Unis qui vont adopter le changement d’heure en 1918.

Ce régime va subsister en France jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. L’avancée des troupes allemandes dans le nord de la France va introduire ce qui est appelé « l’heure allemande » dans la partie occupée avec une heure différente de 60 minutes avec celle de la zone libre, au sud de la ligne de démarcation.

Au cours de la guerre des échanges ont lieu avec le haut commandement allemand à différentes reprises avant et après l’occupation totale de la France ; ils mettent en jeu, notamment, la SNCF, pour les écarts des heures et les dates de changement d’heure, ainsi que le secrétaire d’État aux Communications. Plus tard, ce sera le tour du Gouvernement provisoire de la République française, selon l’avance des armées alliées.

Au mois d’août 1945, un nouveau décret rétablit l’heure d’hiver traditionnelle en deux étapes : avec un retard d’une heure le 18 septembre 1945, puis d’une autre le 18 novembre 1945 ; mais un décret annule cette dernière décision. Ce qui fait que la France demeure à cette époque à l’heure d’hiver de l’Europe centrale qui est également l’heure d’été de l’Europe occidentale.

La dernière décision de changement d’heure en France remonte au 19 septembre 1975 : un décret introduit alors une heure d’été en France, pour application du 28 mars au 28 septembre 1976. Cette mesure, prise à la suite du choc pétrolier de 1973, avait pour but d’effectuer des économies d’énergie en réduisant les besoins d’éclairage en soirée. À l’origine, cette mesure devait être provisoire.

Jusqu’en 1995, le passage de retour à l’heure d’hiver a lieu le dernier dimanche de septembre à 3 heures du matin. Mais depuis 1996, il s’effectue le dernier dimanche d’octobre et prolonge la période d’heure d’été durant une partie de l’automne. Le décalage par rapport à l’heure solaire en France est d’une heure environ en hiver et de deux heures environ l’été.

Le changement d’heure estival a été introduit dans l’ensemble des pays de l’Union européenne au début des années 1980. Pour faciliter les transports, les communications et les échanges au sein de l’UE, il a été décidé d’harmoniser les dates de changement d’heure en 1998 par la directive 2000/84/CE du Parlement européen et du Conseil du 19 janvier 2001.

Dans la pratique, si chacun doit avancer sa montre d’une heure au printemps et la reculer en automne, l’heure légale réalisée à l’Observatoire de Paris est modifiée automatiquement, que ce soit la traditionnelle horloge parlante ou les méthodes plus modernes de synchronisation par protocole NTP pour les ordinateurs.

L’heure légale diffusée par l’horloge parlante ou protocole NTP est le Temps universel coordonné de l’Observatoire de Paris – UTC(OP) à laquelle on ajoute une heure ou deux selon la saison.

L’Observatoire de Paris réalise et diffuse le temps légal français. Le temps légal français est élaboré par des horloges atomiques du laboratoire national de métrologie LNE-SYRTE à l’Observatoire de Paris. En 2016, ce temps de référence a une exactitude de 0 000 000 001 seconde. Rappelons à ce propos que la seconde est définie depuis 1967 comme « la durée de 9 192 631 770 périodes de la radiation correspondant à la transition entre les deux niveaux hyperfins de l’état fondamental de l’atome de césium 133 ».

Société- Changement d’heure : toujours le même rituel idiot et dangereux

Changement d’heure : toujours le même rituel idiot et dangereux

 

 

Non seulement le changement d’heure ne permet pratiquement aucune économie d’énergie mais il est néfaste pour la santé. Il faut être un technocrate pour penser le contraire en matière d’énergie. Ce qui est économisé le matin est dépensé le soir et inversement. C’est un peu comme si on décidait de raccourcir les mois d’une journée pour réduire la consommation mensuelle !

 

Des études montrent que l’avancement de l’heure au printemps (qui retarde la sécrétion de la mélatonine – l’hormone du sommeil) peut réduire le temps de sommeil de façon transitoire, et ainsi augmenter le nombre et la gravité des accidents cardiaques pendant au moins 7 jours après le changement d’heure et augmenter la fréquence des accidents du travail et de la circulation. Selon le Dr Marc Schwob: « Changer d’heure provoque entre autres des troubles du sommeil et de l’attention. Les enfants et les personnes âgées sont particulièrement touchés et mettent environ une semaine pour s’adapter aux nouveaux horaires ». Au-delà de la phase transitoire d’adaptation au nouvel horaire, le coucher du soleil tardif en été peut rendre l’endormissement plus difficile.

54 % Selon un sondage OpinionWay , les Français seraient majoritairement contre cette pratique du changement d’heure (54 %), contre un peu moins d’un sur cinq favorables (19 %) et un peu plus d’un sur quatre indifférents (27 %). Ils ignorent notamment que cela leur permet des économies (59 %) et mettent en avant un impact négatif sur « le sommeil, l’alimentation ou l’humeur » (75 %). Ce dernier constat est régulièrement appuyé par des études sur l’impact du changement d’heure dont une réalisée par la Commission européenne, qui écrit que « la santé peut être affectée par le changement de biorythme du corps, avec de possibles troubles du sommeil et de l’humeur ».

En 2008, une étude suédoise publiée dans le New England Journal of Medicine, s’appuyant sur des statistiques du pays entre 1987 et 2006, constatait elle « une augmentation statistiquement significative du risque de crise cardiaque » dans la semaine suivant le changement d’heure, notamment celui d’été. La baisse de consommation d’éclairage pourrait être compensée par l’augmentation des besoins de chauffage le matin au début du printemps. Un rapport de l’École des Mines de 1992 concluait cependant à un effet minime (< 0,1 TWh pour la France). La généralisation des lampes plus économes en énergie (les lampes fluocompactes et plus récemment les lampes à LED) réduit l’économie d’énergie permise par le passage à l’heure d’été.

Une étude portant sur l’État de l’Indiana conclut que la faible économie d’énergie réalisée sur l’éclairage est très largement compensée par une utilisation accrue de la climatisation. Le supplément d’énergie consommée est estimé dans ce rapport d’environ 2 à 4 %. Un rapport remis au Sénat français en 1997 concluait déjà : « Il ressort de l’ensemble de cette étude que les avantages annoncés ou attendus du changement semestriel de l’heure ne sont pas suffisamment importants pour compenser les inconvénients ressentis par les populations », en particulier en ce qui concerne la santé publique, les conditions de travail et les modes de vie, l’agriculture, la protection de l’environnement et la sécurité routière.

Changement d’heure : toujours le même rituel idiot et dangereux

Changement d’heure : toujours le même rituel idiot et dangereux

 

 

Non seulement le changement d’heure ne permet pratiquement aucune économie d’énergie mais il est néfaste pour la santé. Il faut être un technocrate pour penser le contraire en matière d’énergie. Ce qui est économisé le matin est dépensé le soir et inversement. C’est un peu comme si on décidait de raccourcir les mois d’une journée pour réduire la consommation mensuelle !

 

Des études montrent que l’avancement de l’heure au printemps (qui retarde la sécrétion de la mélatonine – l’hormone du sommeil) peut réduire le temps de sommeil de façon transitoire, et ainsi augmenter le nombre et la gravité des accidents cardiaques pendant au moins 7 jours après le changement d’heure et augmenter la fréquence des accidents du travail et de la circulation. Selon le Dr Marc Schwob: « Changer d’heure provoque entre autres des troubles du sommeil et de l’attention. Les enfants et les personnes âgées sont particulièrement touchés et mettent environ une semaine pour s’adapter aux nouveaux horaires ». Au-delà de la phase transitoire d’adaptation au nouvel horaire, le coucher du soleil tardif en été peut rendre l’endormissement plus difficile.

54 % Selon un sondage OpinionWay , les Français seraient majoritairement contre cette pratique du changement d’heure (54 %), contre un peu moins d’un sur cinq favorables (19 %) et un peu plus d’un sur quatre indifférents (27 %). Ils ignorent notamment que cela leur permet des économies (59 %) et mettent en avant un impact négatif sur « le sommeil, l’alimentation ou l’humeur » (75 %). Ce dernier constat est régulièrement appuyé par des études sur l’impact du changement d’heure dont une réalisée par la Commission européenne, qui écrit que « la santé peut être affectée par le changement de biorythme du corps, avec de possibles troubles du sommeil et de l’humeur ».

En 2008, une étude suédoise publiée dans le New England Journal of Medicine, s’appuyant sur des statistiques du pays entre 1987 et 2006, constatait elle « une augmentation statistiquement significative du risque de crise cardiaque » dans la semaine suivant le changement d’heure, notamment celui d’été. La baisse de consommation d’éclairage pourrait être compensée par l’augmentation des besoins de chauffage le matin au début du printemps. Un rapport de l’École des Mines de 1992 concluait cependant à un effet minime (< 0,1 TWh pour la France). La généralisation des lampes plus économes en énergie (les lampes fluocompactes et plus récemment les lampes à LED) réduit l’économie d’énergie permise par le passage à l’heure d’été.

Une étude portant sur l’État de l’Indiana conclut que la faible économie d’énergie réalisée sur l’éclairage est très largement compensée par une utilisation accrue de la climatisation. Le supplément d’énergie consommée est estimé dans ce rapport d’environ 2 à 4 %. Un rapport remis au Sénat français en 1997 concluait déjà : « Il ressort de l’ensemble de cette étude que les avantages annoncés ou attendus du changement semestriel de l’heure ne sont pas suffisamment importants pour compenser les inconvénients ressentis par les populations », en particulier en ce qui concerne la santé publique, les conditions de travail et les modes de vie, l’agriculture, la protection de l’environnement et la sécurité routière.

Provence-Alpes-Côte d’Azur : le changement climatique et la question de l’eau

Provence-Alpes-Côte d’Azur : le changement climatique et la question de l’eau

Et si le scénario de 2022 se répétait ? Dans les Bouches-du-Rhône, plusieurs dizaines communes étaient placées en alerte renforcée sécheresse – et donc à des restrictions d’eau – à la fin juillet 2024. Il faut dire que la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) est particulièrement vulnérable au risque de sécheresse. Elle l’est à cause du climat méditerranéen qui y règne, mais aussi du fait d’une répartition inégale de la ressource en eau sur le territoire. Celle-ci peut conduire à une dépendance aux aménagements hydrauliques réalisés pour transférer l’eau abondante des zones alpines vers les zones plus déficitaires et densément peuplées du littoral.

par Isabelle Duhamel-Achin
Direction Régionale Provence-Alpes-Côte d’Azur, BRGM

Marc Moulin
Hydrogéologue, BRGM
dans The Conversation

Depuis plusieurs années, le BRGM multiplie les projets de recherche avec des partenaires locaux en PACA pour améliorer les connaissances du sous-sol et de ses ressources en eau.
De quoi améliorer la gestion collective de la ressource ? La sécheresse hors norme de 2022 a en tout cas entrainé une réflexion des collectivités sur la gestion partagée de la ressource.

La ressource en eau est plutôt abondante en PACA, mais elle est inégalement répartie dans l’espace et dans le temps, en fonction des saisons. Elle est parcourue par près de 46 000 kilomètres de cours d’eau, dont deux axes majeurs : le Rhône, qui traverse d’abord la région Auvergne-Rhône-Alpes, et la Durance, affluent du Rhône qui trouve sa source dans les Hautes-Alpes.

Le grand barrage de Serre-Ponçon, par exemple, conçu à l’origine comme un ouvrage destiné à la production d’hydro-électricité, joue un rôle de réservoir et de régulateur. Il permet de soutenir le manque d’eau pendant la période estivale, par un relargage progressif des réserves constituées en fonction des besoins du territoire.

Il alimente tout un réseau de canaux d’irrigation et d’alimentation en eau dans plusieurs départements de la région grâce à une concession régionale gérée par la Société du Canal de Provence. Le canal de Marseille alimente la deuxième plus grande ville de France en nombre d’habitants à partir de la Durance. Les deux tiers de l’eau de surface de la région proviennent d’ailleurs de ce cours d’eau et de son affluent le Verdon. Le dernier tiers dépend du partage de l’eau du Rhône depuis la région Auvergne-Rhône-Alpes.

Il existe aussi des projets de partage de l’eau (non aboutis pour l’instant) interrégionaux. Citons, parmi d’autres, celui vers la région Occitanie à partir du Rhône (projet Aqua Domitia). Les réflexions de gestion unifiée dépassent d’ailleurs les frontières : le fleuve Roya, qui prend sa source en France et termine sa course dans la plaine alluviale de Vintimille, en fournit un bon exemple. Un protocole international de gestion et d’étude de la nappe alluviale de la Roya existe et des projets d’étude et d’exploitation en commun sont à l’œuvre.

Outre les eaux de surface, 14 % des prélèvements pour l’alimentation en eau, tous usages confondus, proviennent des nappes d’eau souterraine. Pour l’eau potable, cette part se monte à 50 %. Les eaux souterraines représentent donc un enjeu crucial pour l’avenir : les débits des eaux de surface risquent de diminuer dans les décennies à venir sous l’effet du changement climatique.

Les masses d’eau souterraine en région PACA. BRGM, Marc Moulin, 2024, Fourni par l’auteur
Les eaux souterraines se retrouvent principalement au sein des nappes alluviales (en général peu profondes) ou des réservoirs karstiques (superficiels ou plus profonds). Dans la région, coexistent en effet divers types de formations rocheuses, aux propriétés hydrogéologiques variées :

Les domaines cristallins de socle (roches fracturées de type magmatique ou métamorphique des massifs des Maures-Estérel-Tanneron, du Mercantour ou du sud des Alpes). Ils sont réputés peu productifs en eaux souterraines.

les alluvions, anciennes ou récentes (limons, sables, graviers…) localisées principalement sur la bande côtière et dans les domaines de grandes plaines provençales, recélant des nappes superficielles qui bordent les principaux cours d’eau (la Durance, la Crau, le Gapeau, la Siagne, le Var…), qui sont les plus exploitées (environ 60 % des prélèvements d’eau),

Les grands massifs dits karstiques (constitués de calcaires et dolomies, des roches carbonatées), accueillant des aquifères complexes encore assez peu exploités. Le fonctionnement de ces écoulements souterrains est souvent complexe et les réseaux qu’ils dessinent sous la surface ne sont pas encore entièrement connus. Leurs affleurements représentent le quart de la surface de la région.

Les ressources qu’ils accueillent sont souvent très réactives aux conditions hydroclimatiques. L’eau circule dans les cavités (karsts) créées par la dissolution naturelle de la roche, rendue semblable à un gruyère par l’écoulement de l’eau.

Photo du même lieu prise en mars 2024, niveau d’eau haut après de fortes pluies, la cavité n’est plus visible. BRGM, Mélissande Ibba, Fourni par l’auteur
Ils peuvent constituer de vastes réservoirs. Ils sont à l’origine de sources remarquables qui contribuent localement à l’alimentation des rivières, comme le montrent les photographies ci-dessus, prises à la Fontaine de Vaucluse.

La disponibilité de la ressource en eau souterraine dépend des cycles hydroclimatiques, très contrastés en région méditerranéenne. Sur la façade maritime, un changement semble d’ores et déjà s’esquisser, avec une augmentation notable ces dernières années des températures moyennes et des vagues de chaleur prolongées pendant l’été.

Au-delà des seules températures, la fréquence d’autres événements météorologiques extrêmes, comme les fortes pluies, augmente également. Celles-ci peuvent entraîner des crues éclair dans les vallées encaissées des hauts reliefs sur les domaines alpins, des inondations et des dommages sur les infrastructures (par exemple la tempête Alex en 2020).

A l’inverse, les périodes prolongées sans pluie peuvent provoquer des sécheresses importantes, comme celle de 2022, d’autant plus impactantes qu’elles interviennent après des automnes avec faible pluviométrie et des hivers secs.

Des restrictions sur les usages de l’eau avaient été imposées en 2022 et 2023 par arrêtés préfectoraux pour limiter les volumes prélevés sur les nappes insuffisamment rechargées. De nombreuses collectivités du Var et des Alpes Maritimes avaient dû alors s’orienter vers des solutions alternatives transitoires : achat d’eau potable en citernes ou en bouteilles, arrêt de l’arrosage des espaces verts ou de l’alimentation des fontaines d’agrément et des piscines…

Le changement climatique pourrait également entraîner à terme une salinisation des aquifères côtiers dans les secteurs les plus densément peuplés sur la frange littorale.

En effet, avec la remontée du niveau marin, l’interface entre eau douce et eau salée dans le sous-sol sera amenée à se déplacer vers l’intérieur des terres. Cela va accentuer la vulnérabilité des captages d’alimentation en bord de mer, mais également dans les plaines (souvent agricoles) et dans les zones humides de basse altitude, en Camargue notamment.

Recherche et politiques locales, deux façons d’agir sur le risque de pénurie
La sécheresse extrême de 2022 a entraîné une réflexion collective sur la gestion partagée de la ressource en eau pour la planification territoriale. Dans ce contexte, le BRGM développe des modèles numériques pour mieux évaluer les impacts futurs du changement climatique sur la ressource et la recharge des nappes. Cela implique de simuler l’évolution des flux de masses d’eau et les interactions entre les eaux de surface et le niveau des nappes d’eau souterraine.

Les objectifs sont multiples : cibler des secteurs à fort potentiel où aller explorer de nouvelles ressources de substitution, mieux comprendre comment transitent ces flux sur notre territoire pour mieux les utiliser, reconstituer les stocks, voire même identifier les secteurs qui seront le plus en tension à l’avenir.

Ces éléments produits par le BRGM permettent de nourrir la réflexion politique au niveau local : choix de nouveaux aménagements, arbitrages dans les prises de décision… Citons plusieurs exemples de projets de recherche récents où le BRGM travaille en collaboration avec les partenaires locaux de la région PACA :

plusieurs études sur l’apport des eaux karstiques souterraines de la région ainsi qu’aux crues des différents cours d’eau,

la prospection de réservoirs potentiels plus profonds avec la collaboration franco-italienne, dans le cadre du projet Interreg Concert’eaux Opera piloté par la communauté d’agglomération de la Riviera française,

ou encore les potentiels forages exploratoires sous la plaine de la Crau.

L’adaptation passe également par la mise en place d’actions concrètes ou d’expérimentations sur le territoire, par exemple :

la rénovation des réseaux des collectivités pour en réduire les fuites,

la désimperméabilisation des sols en milieu urbain. De quoi faciliter le transfert des pluies vers le sous-sol pour recharger les nappes.

la valorisation des eaux usées traitées pour lutter contre la sécheresse,

la mise en place de système d’irrigation agricole plus sobres, comme du goutte-à-goutte automatisé déclenché suivant les conditions météo ou des capteurs d’humidité des sols connectés,

des changements de pratiques avec des cultures adaptées à un climat plus chaud.

L’urgence à préserver l’eau en PACA

Rappelons enfin que le maintien d’une quantité d’eau suffisante dans les cours d’eau et les nappes est indispensable à leur bon fonctionnement et l’équilibre des écosystèmes. Selon les derniers chiffres de 2023, publiés sur le site EauFrance, seuls 48 % des milieux aquatiques en surface sont considérés en bon état écologique, 88 % sont en bon état quantitatif et 85 % en bon état chimique (c’est-à-dire, dont les niveaux de pollution sont conformes aux exigences réglementaires).

Il y a urgence : selon l’Agence de l’Eau, 40 % des territoires du bassin Rhône-Méditerranée seraient en tension car les besoins actuels et les prélèvements dépassent la capacité des ressources disponibles.

Un enjeu important pour la région PACA, par ailleurs soumise à de fortes pressions démographiques liées notamment au tourisme.

Pour un changement du mode de scrutin

 

Pour un changement du mode de scrutin

Le mode de scrutin majoritaire fonctionnait lorsque l’espace politique était organisé autour de deux grands blocs, de gauche et de droite, mais il est obsolète depuis la tripartition de l’espace politique, analyse dans une tribune au « Monde » l’économiste, qui propose d’y adjoindre plus de proportionnalité.

 

Vincent Pons

Professeur d’économie à Harvard (Massachusetts) et Prix du meilleur jeune économiste 2023

 

Dimanche 7 juillet, le pire a été évité : qu’une minorité d’électeurs d’extrême droite permette au Rassemblement national (RN) de gouverner la France. Au contraire, le front républicain a accouché d’une Assemblée divisée en trois blocs. Le Nouveau Front populaire (NFP) remporte 32 % des sièges, soit un peu plus que son total de voix au premier tour (28 %), Ensemble est fortement surreprésenté (29 % des sièges, contre environ 20 % des voix), et le RN avec ses alliés ciottistes est sous-représenté (25 % des sièges, contre 33 % des voix).

Aucun camp n’ayant de majorité absolue, les négociations du troisième tour ont débuté : un gouvernement de coalition peut-il émerger, et quel serait son centre de gravité ? Si pressantes ces questions soient-elles, les élections que nous venons de vivre devraient également nous pousser à réformer notre mode de scrutin. Elles ont en effet confirmé deux faiblesses structurelles du scrutin uninominal à deux tours.

La première est la disproportionnalité entre nombre de voix et nombre de sièges. Comme chaque circonscription élit un seul député, un parti peut en théorie rafler tous les sièges en réunissant la moitié seulement des suffrages. Or le Parlement est d’autant moins représentatif et légitime que l’écart entre sièges et voix est important. Par le passé, la disproportionnalité a parfois été encore plus forte qu’aujourd’hui. En 2017, En marche ! et ses alliés avaient ainsi transformé 32 % des voix en 61 % des sièges.

 

Environnement-Sécheresses et pluies extrêmes, les deux faces du changement climatique en France

Environnement-Sécheresses et pluies extrêmes, les deux faces du changement climatique en France

Sécheresse extrême dans les Pyrénées-Orientales, crues rapides dans le Gard ou encore inondations records dans le Pas-de-Calais… Avec le changement climatique, l’eau pose problème, que cela soit par son manque ou par son excès. Deux types de catastrophes climatiques qui sont en réalité les deux faces d’une même pièce, rendus plus fréquents et/ou plus intenses à l’échelle de la France, et parfois tout à la fois, avec une alternance de sécheresse et d’inondations sur les mêmes territoires. C’est un nouveau cycle de l’eau, parfois contrarié, auquel les territoires doivent s’adapter. L’occasion pour le paléoclimatologue et ancien vice-président du groupe 1 du GIEC (groupe chargé de l’évaluation des aspects scientifiques du système climatique et de l’évolution du climat) Jean Jouzel de rappeler quelques enjeux clés liés à l’eau dans le contexte du changement climatique.

 

par ,Directeur émérite de Recherche au Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement (CEA-CNRS-UVSQ)/Institut Pierre Simon Laplace, Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA)

Cela peut sembler contre-intuitif, mais les inondations récentes dans le nord de la France et la sécheresse persistante dans les Pyrénées-Orientales relèvent de la même mécanique à l’échelle planétaire. Pour comprendre ce qui se joue, il faut revenir au cycle de l’eau et partir du point de départ, à savoir les précipitations.

Car le changement climatique a des effets contrastés, et cela a été documenté par de nombreuses études scientifiques et récemment par le GIEC dans son rapport de 2022. À l’échelle planétaire, les températures augmentent, mais comme les températures de l’océan aussi, les niveaux de précipitations sont plus importants. Pour chaque degré Celsius en plus, on observera 7 % d’évaporation supplémentaires, ce qui se traduit par une augmentation des précipitations au niveau mondial.

Globalement, ce qui se passe en France ces derniers mois, entre sécheresses et pluies extrêmes, est en phase avec ce à quoi on s’attendait au niveau de réchauffement actuel. Mais le changement climatique fait mal les choses : il y a à la fois une augmentation des précipitations là où il y en a déjà suffisamment – voire déjà en excès – et une baisse là où il y en avait déjà peu ou trop peu. Ce sont des mécanismes de circulation atmosphériques de l’air chaud chargé d’humidité qui sont en cause.

Parmi les régions les plus vulnérables à la sécheresse, on retrouve le pourtour méditerranéen. Ce n’est pas la seule : l’ouest de l’Amérique du Nord, le sud de l’Australie ou encore l’est de l’Asie le sont également.

En regard des projections du GIEC, les sécheresses récurrentes dans le sud-ouest de la France ou en PACA sont donc appelées à se répéter. Dans le même temps, les épisodes méditerranéens exposent les habitants de PACA à des épisodes de pluie extrêmes. Les deux phénomènes, la sécheresse en lame de fond, et des épisodes de pluie intenses, peuvent s’alterner.

Les projections ne montrent pas de changement significatif dans le niveau de précipitation annuel dans la moitié nord de la France. Ce qui est intéressant, c’est que les projections dans cette région – notamment celles réalisées par le projet Explore — indiquent des débits d’étiage qui vont diminuer jusqu’à 50 % en août et septembre sur la majeure partie des fleuves et des rivières, ceci à cause d’une augmentation de l’évaporation liée au réchauffement. Cela montre bien que le niveau de précipitation annuel n’est pas un indicateur pertinent pour raisonner à l’échelle du territoire.

Une fois que la pluie est tombée et que les réservoirs naturels que sont les nappes phréatiques, les lacs ou les rivières ont été rechargés, il faut voir ce qu’on fait de l’eau. Mais même si les précipitations sont le point de départ, il ne faut pas se méprendre sur la quantité d’eau à disposition :

  • Les pluies torrentielles des dernières semaines, vu la saison où elles interviennent, sont utilisées en priorité par la végétation de surface, avant de pouvoir recharger les nappes.
  • Dans le bilan hydrique global, on élude trop souvent l’enjeu de l’évaporation de l’eau, soit par les sols, soit par l’évapotranspiration des végétaux.

Ensuite, oui, l’eau est indispensable pour l’agriculture, l’alimentation humaine, celle des animaux, pour la biodiversité également, et notamment pour ces écosystèmes que l’on appelle zones humides, qui peuvent d’ailleurs agir comme des « zones tampons » naturelles pour absorber l’excédent d’eau lors des épisodes pluvieux extrêmes. On parle beaucoup de sécheresse, mais il faut aussi considérer que l’excédent momentané de précipitations doit aller quelque part, dans un contexte qui est celui d’une élévation du niveau de la mer. C’est tout le cycle de l’eau qui est affecté.

Il y a de nombreux axes socio-économiques à prendre en compte lors des sécheresses. L’un d’entre eux est le rendement des cultures. Le rendement du blé tendre a ainsi augmenté régulièrement entre 1955 et 1995, selon les travaux de chercheurs de l’INRA (depuis devenue INRAE).

Mais désormais, il stagne, ce que les spécialistes attribuent au changement climatique, ce qui pousse à sélectionner de nouvelles variétés. L’excès d’eau a aussi des effets négatifs au plan économique, et peut nuire, là aussi, aux rendements des cultures des céréales.

Il n’y a pas que les zones humides ou les cultures humaines qui pâtissent du manque d’eau, les forêts aussi. La sécheresse contribue d’ailleurs à réduire l’effet « puits de carbone » (capacité à stocker le CO2 présent dans l’atmosphère sous forme de végétation) des forêts, et cela alors qu’on tablait au contraire sur une augmentation de cet effet à travers la reforestation et l’afforestation…

Ce sont en réalité trois dangers qui menacent les forêts :

  • Avec la sécheresse elle-même, les arbres poussent moins bien,
  • Les ravageurs (maladies, insectes…) voient leur aire de répartition s’élargir sous l’effet du changement climatique,
  • La combinaison entre sécheresses, canicules et orages (vents violents) est propice aux feux de forêt.

 

Pour le monde forestier, l’enjeu d’adaptation est important. Cela peut passer par le recours à différentes essences d’arbres mieux adaptées au climat, par exemple.

. De nombreux fleuves et rivières, en France, sont utilisés à des fins d’irrigation dans le secteur agricole. Les lacs et rivières sont aussi le lieu d’usage de loisirs, comme la pêche. Et dans le même temps, la ressource en eau est importante aussi dans le domaine de l’énergie, puisqu’elle permet le refroidissement de certaines centrales nucléaires, par exemple, et assure le bon fonctionnement des barrages hydro-électriques.

Dans le passé, des épisodes de sécheresse ont pu contraindre à baisser la puissance des centrales, le débit de la rivière n’étant plus suffisant et la température des eaux trop élevées pour assurer leur refroidissement. Les sécheresses peuvent ainsi nous faire toucher à certaines limites industrielles.

Les Pyrénées-Orientales, par exemple, sont confrontées à une situation extrêmement tendue depuis 2022. Le département entame sa troisième année de restriction des usages en eau, avec des nappes phréatiques encore majoritairement dans le rouge, selon une plateforme développée avec le BRGM qui permet de suivre l’état des différents aquifères du bassin. Cet outil doit aider les différents acteurs du territoire à mieux prioriser les usages de l’eau.

Le transport fluvial de marchandises constitue un autre aspect économique notable de l’eau. En août 2022, la sécheresse frappant le Rhin avait contraint les entreprises de transport allemandes à ne charger les barges qu’au quart de leur capacité habituelle. Si cela devait toucher par exemple la Seine, cela pourrait avoir des impacts importants en France.

Actuellement, le monde politique a tendance à mettre le monde agricole au-dessus des autres pour l’affectation de la ressource en eau, ce qui peut poser question. Je pense que l’eau est un bien commun, et que la façon de gérer la ressource en France, par grands bassins hydrographiques, a du sens.

Je souhaiterais que davantage de concertation soit menée avec tous les acteurs. Certes, l’irrigation est un enjeu important pour l’agriculture, mais la sélection de cultures adaptées au changement climatique aussi.

Une chose est sûre : comparé à d’autres pays, l’eau dont dispose la France représente une richesse au plan économique. Et cela va continuer, même avec le changement climatique, si l’on se donne les moyens de s’adapter. Cela passe aussi par la sobriété des usages, ce qui est un enjeu d’éducation et de solidarité.

Climat-Aider les plus pauvres du monde à s’adapter au changement climatique

Climat-Aider les plus pauvres du monde à s’adapter au changement climatique

Les douze derniers mois ont été les plus chauds jamais enregistrés sur la planète. Cette réalité fait du changement climatique, non pas seulement une menace pour l’avenir, mais une part de plus en plus importante de notre présent. Mais il ne s’agit pas d’un présent, ni d’un futur, partagé de manière équitable.

par

Esther Duflo, Prix Nobel d’économie dans « Le Monde »

Les pays pauvres sont souvent dans des climats déjà chauds. A mesure que la planète se réchauffe, ils subissent donc davantage un plus grand nombre de jours où les températures sont difficilement compatibles avec la vie humaine (au-delà de 35 degrés). De plus, la pauvreté est un obstacle de taille à l’adaptation : quand il fait 35 degrés au Texas, un employé de bureau peut passer de l’air frais de sa maison à l’air frais de son bureau en voyageant dans sa voiture fraîche ; quand il fait 35 degrés au Pakistan, les habitants des régions rurales ont chaud chez eux, où il n’y a pas l’air conditionné, et doivent souvent réaliser des travaux physiques à l’extérieur.

Le résultat de la combinaison de ces deux forces ne pourrait pas être plus dangereux : les chercheurs du Global Impact Lab prédisent que, d’ici à 2100, si la trajectoire d’émission n’est pas modifiée, l’élévation des températures causera six millions de morts en plus par an, ce qui représente davantage que toutes les morts dues aux maladies infectieuses combinées aujourd’hui. Or cette augmentation de la mortalité aura lieu exclusivement dans les pays les plus pauvres.

La responsabilité de cet état de choses est tout aussi inéquitable. Plus une personne est riche, plus elle consomme, et plus elle consomme, plus elle contribue aux émissions de CO2. Le carbone peut avoir été émis dans une usine en Chine ou sur une autoroute en France, mais le résultat est le même. D’après les calculs de Lucas Chancel, économiste français enseignant à Sciences Po, si nous considérons l’empreinte carbone totale de chaque personne, les 10 % des émetteurs les plus gros sont responsables de 50 % des émissions.

L’empreinte carbone d’un habitant relativement riche des Etats-Unis est 120 fois plus importante que celle d’un habitant pauvre de l’Afrique.

Pour cette raison, à l’invitation du Brésil, je présente, mercredi 17 avril, à la réunion des ministres des finances du G20, une proposition pour mobiliser, de manière pérenne, des fonds afin de dédommager les citoyens les plus pauvres du monde et les aider à s’adapter au changement climatique.

Aider les plus pauvres du monde à s’adapter au changement climatique

Aider les plus pauvres du monde à s’adapter au changement climatique 

Les douze derniers mois ont été les plus chauds jamais enregistrés sur la planète. Cette réalité fait du changement climatique, non pas seulement une menace pour l’avenir, mais une part de plus en plus importante de notre présent. Mais il ne s’agit pas d’un présent, ni d’un futur, partagé de manière équitable.

par

Esther Duflo, Prix Nobel d’économie dans « Le Monde »

Les pays pauvres sont souvent dans des climats déjà chauds. A mesure que la planète se réchauffe, ils subissent donc davantage un plus grand nombre de jours où les températures sont difficilement compatibles avec la vie humaine (au-delà de 35 degrés). De plus, la pauvreté est un obstacle de taille à l’adaptation : quand il fait 35 degrés au Texas, un employé de bureau peut passer de l’air frais de sa maison à l’air frais de son bureau en voyageant dans sa voiture fraîche ; quand il fait 35 degrés au Pakistan, les habitants des régions rurales ont chaud chez eux, où il n’y a pas l’air conditionné, et doivent souvent réaliser des travaux physiques à l’extérieur.

Le résultat de la combinaison de ces deux forces ne pourrait pas être plus dangereux : les chercheurs du Global Impact Lab prédisent que, d’ici à 2100, si la trajectoire d’émission n’est pas modifiée, l’élévation des températures causera six millions de morts en plus par an, ce qui représente davantage que toutes les morts dues aux maladies infectieuses combinées aujourd’hui. Or cette augmentation de la mortalité aura lieu exclusivement dans les pays les plus pauvres.

La responsabilité de cet état de choses est tout aussi inéquitable. Plus une personne est riche, plus elle consomme, et plus elle consomme, plus elle contribue aux émissions de CO2. Le carbone peut avoir été émis dans une usine en Chine ou sur une autoroute en France, mais le résultat est le même. D’après les calculs de Lucas Chancel, économiste français enseignant à Sciences Po, si nous considérons l’empreinte carbone totale de chaque personne, les 10 % des émetteurs les plus gros sont responsables de 50 % des émissions.

L’empreinte carbone d’un habitant relativement riche des Etats-Unis est 120 fois plus importante que celle d’un habitant pauvre de l’Afrique.

Pour cette raison, à l’invitation du Brésil, je présente, mercredi 17 avril, à la réunion des ministres des finances du G20, une proposition pour mobiliser, de manière pérenne, des fonds afin de dédommager les citoyens les plus pauvres du monde et les aider à s’adapter au changement climatique.

Société-Changement d’heure : un rituel idiot et nuisible à la santé

Société-Changement d’heure  : un  rituel idiot et nuisible à la santé

 

Non seulement le changement d’heure ne permet pratiquement aucune économie d’énergie mais il est néfaste pour la santé. Il faut être un technocrate pour penser le contraire en matière d’énergie. Ce qui est économisé  le matin est dépensé le soir et inversement. C’est un peu comme si on décidait de raccourcir les mois d’une journée pour réduire la consommation mensuelle ! Des études récentes montrent que l’avancement de l’heure au printemps (qui retarde la sécrétion de la mélatonine – l’hormone du sommeil) peut réduire le temps de sommeil de façon transitoire, et ainsi augmenter le nombre et la gravité des accidents cardiaques pendant au moins 7 jours après le changement d’heure et augmenter la fréquence des accidents du travail et de la circulation.

 

Selon le Dr Marc Schwob: « Changer d’heure provoque entre autres des troubles du sommeil et de l’attention. Les enfants et les personnes âgées sont particulièrement touchés et mettent environ une semaine pour s’adapter aux nouveaux horaires ». Au-delà de la phase transitoire d’adaptation au nouvel horaire, le coucher du soleil tardif en été peut rendre l’endormissement plus difficile.  54 % Selon un sondage OpinionWay pour Comprendre Choisir, les Français seraient majoritairement contre cette pratique du changement d’heure (54 %), contre un peu moins d’un sur cinq favorables (19 %) et un peu plus d’un sur quatre indifférents (27 %).

 

Ils ignorent notamment que cela leur permet des économies (59 %) et mettent en avant un impact négatif sur « le sommeil, l’alimentation ou l’humeur » (75 %). Ce dernier constat est régulièrement appuyé par des études sur l’impact du changement d’heure dont une  réalisée par la Commission européenne, qui écrit que « la santé peut être affectée par le changement de biorythme du corps, avec de possibles troubles du sommeil et de l’humeur ».

En 2008, une étude suédoise publiée dans le New England Journal of Medicine, s’appuyant sur des statistiques du pays entre 1987 et 2006, constatait elle « une augmentation statistiquement significative du risque de crise cardiaque » dans la semaine suivant le changement d’heure, notamment celui d’été. La baisse de consommation d’éclairage pourrait être compensée par l’augmentation des besoins de chauffage le matin au début du printemps. Un rapport de l’École des Mines de 1992 concluait cependant à un effet minime (< 0,1 TWh pour la France).

La généralisation des lampes plus économes en énergie (les lampes fluocompactes et plus récemment les lampes à LED) réduit l’économie d’énergie permise par le passage à l’heure d’été. Une étude portant sur l’État de l’Indiana conclut que la faible économie d’énergie réalisée sur l’éclairage est très largement compensée par une utilisation accrue de la climatisation. Le supplément d’énergie consommée est estimé dans ce rapport d’environ 2 à 4 %.

Un rapport remis au Sénat français en 1997concluait : « Il ressort de l’ensemble de cette étude que les avantages annoncés ou attendus du changement semestriel de l’heure ne sont pas suffisamment importants pour compenser les inconvénients ressentis par les populations », en particulier en ce qui concerne la santé publique, les conditions de travail et les modes de vie, l’agriculture, la protection de l’environnement et la sécurité routière.

 

Menaces pour les grandes villes face au changement climatique

Menaces pour les grandes villes face au changement climatique

La COP 28 a montré que le monde ne prend pas toute la mesure de l’impact futur du changement climatique, notamment sur les villes. À noter par exemple que les différences de température peuvent varier jusqu’à 5° entre la ville ( (Effet radiateur) et son environnement rural immédiat.Rien d’étonnant à cela puisque sur des hectares et des hectares le sol est recouvert de béton et de bitume  qui amplifient le changement climatique.

Par Yves Bamberger, Christian Deutsch, Laurent Gouzenes, Pierre Haren, Laurent Philonenko dans » La Tribune »(*)

Les villes concentrent progressivement une majorité croissante de la population mondiale, tandis que leur complexité et leur dépendance vis-à-vis de leur environnement les rendent plus particulièrement sensibles aux perturbations engendrées par le changement climatique. Notamment, la résilience face aux événements extrêmes exige une planification à plusieurs dizaines d’années de solutions d’ensemble.

L’impact sur les villes encore plus puissant que sur les campagnes

Quelle que soit la hausse des températures moyennes en 2100, elle engendrera la fonte des glaciers, une hausse du niveau de la mer et des perturbations climatiques nouvelles. Bien pire, la violence des phénomènes extrêmes, comme les très fortes canicules, les sécheresses sévères, les rivières atmosphériques et les inondations, est déjà observable et leur fréquence augmente.

Ces phénomènes impactent directement les écosystèmes naturels et les campagnes agricoles. Mais les villes qui concentrent 80% de la population des pays développés et largement plus de 50% dans les autres pays seront les plus touchées, directement et indirectement.

Quelques exemples
La ville de New York nous donne un exemple du danger. New York a subi en octobre 2012 une tempête extrême (Sandy), causant la mort de 43 personnes, et plus de 19 milliards de dollars de dégâts en seulement 3 jours. La hausse du niveau de la mer (4 m) fut bien au-delà des quelques centimètres attendus pour 2100, et la montée des eaux qui a suivi a inondé les réseaux souterrains (métro, électricité, etc.) et rendus inopérants les égouts et trop-pleins. Neuf ans plus tard, en 2021, les précipitations de l’ouragan Ida y firent 44 morts en paralysant la ville (transports, électricité, eaux, etc.). Un plan de protection de la ville de plus de 50 milliards de $ est toujours en cours de discussion.

Récemment, Acapulco a été quasi détruite en trois heures par l’ouragan Otis et ses vents atteignant 315km/h. Sa reconstruction prendra des années et coûtera plus de 16 milliards de dollars.

En Inde, la perturbation du régime des moussons engendre des séries de vagues de chaleur qui perturbent d’une part les récoltes, mais aussi rend les villes invivables (17.000 morts en 2023) par le niveau très élevé des températures de jour et de nuit. La climatisation ne fait que renforcer la pollution et le manque d’eau, du fait de la génération d’électricité par des centrales au charbon.

Bien d’autres villes comme Jakarta, Lagos, New Orleans, Haïti, Lagos, Oulan-Bator, Marrakech, sont toutes à des degrés divers impactées par la conjonction de phénomènes naturels et humains et voient dès aujourd’hui leur existence même fragilisée.

La France n’est pas épargnée. En 2023, les records de chaleur ont été battus partout, notamment à Carcassonne où la température a atteint 43°C à l’ombre. Les plans ‘canicule’ ont permis de sauver de nombreuses vies, alors qu’en 2003 plus de 15.000 décès ont été imputés aux chaleurs excessives. A l’opposé, des inondations répétées dans le Nord de la France ont récemment conduit les habitants de certaines agglomérations à les déserter.

Les villes : des systèmes hyperorganisés, mais vulnérables

La ville est l’innovation sociale la plus marquante du XXe siècle : le nombre de citadins est passé de moins de 1 milliard en 1950 à plus de 4 milliards aujourd’hui, et devrait atteindre 80% de la population en 2100. L’expansion des villes tient à leur capacité de créer une richesse toujours plus importante, en démultipliant l’efficacité des individus et de leurs échanges, mais aussi au mode de vie qu’elles soutiennent.

Leur fonctionnement repose sur plusieurs piliers vitaux :

L’interaction avec le territoire élargi, pour les échanges de nourriture et d’eau et l’évacuation des déchets non transformables localement
La disponibilité de l’énergie et, de plus en plus, de l’électricité, produite pour l’essentiel en dehors
Les transports des biens et des personnes
La sécurité, qui garantit la confiance et le commerce paisible des habitants
L’activité commerciale et industrielle
La ville est ainsi un système dynamique à la recherche permanente d’équilibre entre les innombrables flux de personnes, de matières et d’informations, afin d’assurer en permanence l’approvisionnement et le bien-être des habitants.

Les logiques d’optimisation budgétaire conduisent à la mutualisation des ressources au détriment de l’autonomie et de la résilience, par exemple pour les réseaux de télécommunications et réseaux électriques.

Nous tenons tous pour acquis l’ensemble des conditions et systèmes qui permettent la vie urbaine alors que son fonctionnement est un exploit quotidien des organisations privées et publiques.

Malgré leur succès, les villes n’ont jamais été aussi fragiles et dépendantes de conditions qui doivent persister pour que la conjoncture leur reste favorable. La montée des contraintes globales évoquées plus haut induit des déséquilibres qui se renforcent mutuellement et en cascade.

Par exemple un déséquilibre, même limité de quelques heures, sur l’un des systèmes, peut avoir des conséquences sur un ou plusieurs autres et créer une boucle d’amplification très sensible à la durée de la perturbation: une panne ou une grève des transports publics de métro a un effet direct immédiat sur le trafic automobile; une pluie majeure impacte le système d’égouts et de retraitement, qui se propage en amont (débordements) et en aval (pollution) ; une coupure d’électricité engendre perte de communications, pannes d’ascenseurs, de réfrigérateurs, etc.

Le retour à l’équilibre initial peut s’avérer laborieux en raison de la complexité des interactions, des conséquences imprévues, et de la disparité des systèmes de pilotage. Quand le retour à la normale est impossible, il s’agit alors de s’adapter, de parvenir à des équilibres nouveaux, acceptables en termes de qualité de vie, d’économie et de durabilité.

Or les évènements extrêmes dus au changement climatique et au dépassement probable des points de bascule créent un risque croissant d’instabilité voire d’effondrement des systèmes vitaux assurant le fonctionnement des villes.

Un défi immense
La probabilité croissante de ces évènements et surtout leurs possibles cascades d’interactions doivent nous interpeller : le défi de la résilience des villes doit être relevé dans sa globalité systémique.

La mise en place des solutions d’adaptation nécessaires va certainement demander de mobiliser de très importants moyens humains, technologiques et financiers. Il faudra gérer plusieurs échelles, spatiales, temporelles, organisationnelles et financières simultanément. En outre, il faudra coordonner les efforts publics et privés, et surmonter les silos décisionnels et les cycles électifs habituels pour construire des politiques stables.

Le défi est immense, d’autant plus que l’échelle de temps se raccourcit. Le long terme n’est plus 2050, mais 2035.

_____

(*) Signataires :
Pierre Haren, PDG de Causality Link et membre de l’Académie des Technologies.
Laurent Gouzenes, Docteur Ingénieur, expert en Gestion des Connaissances.
Laurent Philonenko, PDG Servion Global Solutions, et Conseiller du Commerce extérieur de la France.
Yves Bamberger, Vice-Président et membre fondateur de l’Académie des Technologies.
Christian Deutsch, Président de l’association Citoyennes, Citoyens Paris14.

Danger plus important pour les villes face au changement climatique

Danger plus important pour les villes face au changement climatique

La COP 28 a montré que le monde ne prend pas toute la mesure de l’impact futur du changement climatique, notamment sur les villes. À noter par exemple que les différences de température peuvent varier jusqu’à 5° entre la ville ( (Effet radiateur) et son environnement rural immédiat.

Par Yves Bamberger, Christian Deutsch, Laurent Gouzenes, Pierre Haren, Laurent Philonenko dans » La Tribune »(*)

Les villes concentrent progressivement une majorité croissante de la population mondiale, tandis que leur complexité et leur dépendance vis-à-vis de leur environnement les rendent plus particulièrement sensibles aux perturbations engendrées par le changement climatique. Notamment, la résilience face aux événements extrêmes exige une planification à plusieurs dizaines d’années de solutions d’ensemble.

L’impact sur les villes encore plus puissant que sur les campagnes

Quelle que soit la hausse des températures moyennes en 2100, elle engendrera la fonte des glaciers, une hausse du niveau de la mer et des perturbations climatiques nouvelles. Bien pire, la violence des phénomènes extrêmes, comme les très fortes canicules, les sécheresses sévères, les rivières atmosphériques et les inondations, est déjà observable et leur fréquence augmente.

Ces phénomènes impactent directement les écosystèmes naturels et les campagnes agricoles. Mais les villes qui concentrent 80% de la population des pays développés et largement plus de 50% dans les autres pays seront les plus touchées, directement et indirectement.

Quelques exemples
La ville de New York nous donne un exemple du danger. New York a subi en octobre 2012 une tempête extrême (Sandy), causant la mort de 43 personnes, et plus de 19 milliards de dollars de dégâts en seulement 3 jours. La hausse du niveau de la mer (4 m) fut bien au-delà des quelques centimètres attendus pour 2100, et la montée des eaux qui a suivi a inondé les réseaux souterrains (métro, électricité, etc.) et rendus inopérants les égouts et trop-pleins. Neuf ans plus tard, en 2021, les précipitations de l’ouragan Ida y firent 44 morts en paralysant la ville (transports, électricité, eaux, etc.). Un plan de protection de la ville de plus de 50 milliards de $ est toujours en cours de discussion.

Récemment, Acapulco a été quasi détruite en trois heures par l’ouragan Otis et ses vents atteignant 315km/h. Sa reconstruction prendra des années et coûtera plus de 16 milliards de dollars.

En Inde, la perturbation du régime des moussons engendre des séries de vagues de chaleur qui perturbent d’une part les récoltes, mais aussi rend les villes invivables (17.000 morts en 2023) par le niveau très élevé des températures de jour et de nuit. La climatisation ne fait que renforcer la pollution et le manque d’eau, du fait de la génération d’électricité par des centrales au charbon.

Bien d’autres villes comme Jakarta, Lagos, New Orleans, Haïti, Lagos, Oulan-Bator, Marrakech, sont toutes à des degrés divers impactées par la conjonction de phénomènes naturels et humains et voient dès aujourd’hui leur existence même fragilisée.

La France n’est pas épargnée. En 2023, les records de chaleur ont été battus partout, notamment à Carcassonne où la température a atteint 43°C à l’ombre. Les plans ‘canicule’ ont permis de sauver de nombreuses vies, alors qu’en 2003 plus de 15.000 décès ont été imputés aux chaleurs excessives. A l’opposé, des inondations répétées dans le Nord de la France ont récemment conduit les habitants de certaines agglomérations à les déserter.

Les villes : des systèmes hyperorganisés, mais vulnérables

La ville est l’innovation sociale la plus marquante du XXe siècle : le nombre de citadins est passé de moins de 1 milliard en 1950 à plus de 4 milliards aujourd’hui, et devrait atteindre 80% de la population en 2100. L’expansion des villes tient à leur capacité de créer une richesse toujours plus importante, en démultipliant l’efficacité des individus et de leurs échanges, mais aussi au mode de vie qu’elles soutiennent.

Leur fonctionnement repose sur plusieurs piliers vitaux :

L’interaction avec le territoire élargi, pour les échanges de nourriture et d’eau et l’évacuation des déchets non transformables localement
La disponibilité de l’énergie et, de plus en plus, de l’électricité, produite pour l’essentiel en dehors
Les transports des biens et des personnes
La sécurité, qui garantit la confiance et le commerce paisible des habitants
L’activité commerciale et industrielle
La ville est ainsi un système dynamique à la recherche permanente d’équilibre entre les innombrables flux de personnes, de matières et d’informations, afin d’assurer en permanence l’approvisionnement et le bien-être des habitants.

Les logiques d’optimisation budgétaire conduisent à la mutualisation des ressources au détriment de l’autonomie et de la résilience, par exemple pour les réseaux de télécommunications et réseaux électriques.

Nous tenons tous pour acquis l’ensemble des conditions et systèmes qui permettent la vie urbaine alors que son fonctionnement est un exploit quotidien des organisations privées et publiques.

Malgré leur succès, les villes n’ont jamais été aussi fragiles et dépendantes de conditions qui doivent persister pour que la conjoncture leur reste favorable. La montée des contraintes globales évoquées plus haut induit des déséquilibres qui se renforcent mutuellement et en cascade.

Par exemple un déséquilibre, même limité de quelques heures, sur l’un des systèmes, peut avoir des conséquences sur un ou plusieurs autres et créer une boucle d’amplification très sensible à la durée de la perturbation: une panne ou une grève des transports publics de métro a un effet direct immédiat sur le trafic automobile; une pluie majeure impacte le système d’égouts et de retraitement, qui se propage en amont (débordements) et en aval (pollution) ; une coupure d’électricité engendre perte de communications, pannes d’ascenseurs, de réfrigérateurs, etc.

Le retour à l’équilibre initial peut s’avérer laborieux en raison de la complexité des interactions, des conséquences imprévues, et de la disparité des systèmes de pilotage. Quand le retour à la normale est impossible, il s’agit alors de s’adapter, de parvenir à des équilibres nouveaux, acceptables en termes de qualité de vie, d’économie et de durabilité.

Or les évènements extrêmes dus au changement climatique et au dépassement probable des points de bascule créent un risque croissant d’instabilité voire d’effondrement des systèmes vitaux assurant le fonctionnement des villes.

Un défi immense
La probabilité croissante de ces évènements et surtout leurs possibles cascades d’interactions doivent nous interpeller : le défi de la résilience des villes doit être relevé dans sa globalité systémique.

La mise en place des solutions d’adaptation nécessaires va certainement demander de mobiliser de très importants moyens humains, technologiques et financiers. Il faudra gérer plusieurs échelles, spatiales, temporelles, organisationnelles et financières simultanément. En outre, il faudra coordonner les efforts publics et privés, et surmonter les silos décisionnels et les cycles électifs habituels pour construire des politiques stables.

Le défi est immense, d’autant plus que l’échelle de temps se raccourcit. Le long terme n’est plus 2050, mais 2035.

_____

(*) Signataires :
Pierre Haren, PDG de Causality Link et membre de l’Académie des Technologies.
Laurent Gouzenes, Docteur Ingénieur, expert en Gestion des Connaissances.
Laurent Philonenko, PDG Servion Global Solutions, et Conseiller du Commerce extérieur de la France.
Yves Bamberger, Vice-Président et membre fondateur de l’Académie des Technologies.
Christian Deutsch, Président de l’association Citoyennes, Citoyens Paris14.

Les villes plus fragiles face au changement climatique

Les villes plus fragiles face au changement climatique

La COP 28 a montré que le monde ne prend pas toute la mesure de l’impact futur du changement climatique, notamment sur les villes. À noter par exemple que les différences de température peuvent varier jusqu’à 5° entre la ville ( (Effet radiateur) et son environnement rural immédiat.

Par Yves Bamberger, Christian Deutsch, Laurent Gouzenes, Pierre Haren, Laurent Philonenko dans » La Tribune »(*)

Les villes concentrent progressivement une majorité croissante de la population mondiale, tandis que leur complexité et leur dépendance vis-à-vis de leur environnement les rendent plus particulièrement sensibles aux perturbations engendrées par le changement climatique. Notamment, la résilience face aux événements extrêmes exige une planification à plusieurs dizaines d’années de solutions d’ensemble.

L’impact sur les villes encore plus puissant que sur les campagnes

Quelle que soit la hausse des températures moyennes en 2100, elle engendrera la fonte des glaciers, une hausse du niveau de la mer et des perturbations climatiques nouvelles. Bien pire, la violence des phénomènes extrêmes, comme les très fortes canicules, les sécheresses sévères, les rivières atmosphériques et les inondations, est déjà observable et leur fréquence augmente.

Ces phénomènes impactent directement les écosystèmes naturels et les campagnes agricoles. Mais les villes qui concentrent 80% de la population des pays développés et largement plus de 50% dans les autres pays seront les plus touchées, directement et indirectement.

Quelques exemples
La ville de New York nous donne un exemple du danger. New York a subi en octobre 2012 une tempête extrême (Sandy), causant la mort de 43 personnes, et plus de 19 milliards de dollars de dégâts en seulement 3 jours. La hausse du niveau de la mer (4 m) fut bien au-delà des quelques centimètres attendus pour 2100, et la montée des eaux qui a suivi a inondé les réseaux souterrains (métro, électricité, etc.) et rendus inopérants les égouts et trop-pleins. Neuf ans plus tard, en 2021, les précipitations de l’ouragan Ida y firent 44 morts en paralysant la ville (transports, électricité, eaux, etc.). Un plan de protection de la ville de plus de 50 milliards de $ est toujours en cours de discussion.

Récemment, Acapulco a été quasi détruite en trois heures par l’ouragan Otis et ses vents atteignant 315km/h. Sa reconstruction prendra des années et coûtera plus de 16 milliards de dollars.

En Inde, la perturbation du régime des moussons engendre des séries de vagues de chaleur qui perturbent d’une part les récoltes, mais aussi rend les villes invivables (17.000 morts en 2023) par le niveau très élevé des températures de jour et de nuit. La climatisation ne fait que renforcer la pollution et le manque d’eau, du fait de la génération d’électricité par des centrales au charbon.

Bien d’autres villes comme Jakarta, Lagos, New Orleans, Haïti, Lagos, Oulan-Bator, Marrakech, sont toutes à des degrés divers impactées par la conjonction de phénomènes naturels et humains et voient dès aujourd’hui leur existence même fragilisée.

La France n’est pas épargnée. En 2023, les records de chaleur ont été battus partout, notamment à Carcassonne où la température a atteint 43°C à l’ombre. Les plans ‘canicule’ ont permis de sauver de nombreuses vies, alors qu’en 2003 plus de 15.000 décès ont été imputés aux chaleurs excessives. A l’opposé, des inondations répétées dans le Nord de la France ont récemment conduit les habitants de certaines agglomérations à les déserter.

Les villes : des systèmes hyperorganisés, mais vulnérables

La ville est l’innovation sociale la plus marquante du XXe siècle : le nombre de citadins est passé de moins de 1 milliard en 1950 à plus de 4 milliards aujourd’hui, et devrait atteindre 80% de la population en 2100. L’expansion des villes tient à leur capacité de créer une richesse toujours plus importante, en démultipliant l’efficacité des individus et de leurs échanges, mais aussi au mode de vie qu’elles soutiennent.

Leur fonctionnement repose sur plusieurs piliers vitaux :

L’interaction avec le territoire élargi, pour les échanges de nourriture et d’eau et l’évacuation des déchets non transformables localement
La disponibilité de l’énergie et, de plus en plus, de l’électricité, produite pour l’essentiel en dehors
Les transports des biens et des personnes
La sécurité, qui garantit la confiance et le commerce paisible des habitants
L’activité commerciale et industrielle
La ville est ainsi un système dynamique à la recherche permanente d’équilibre entre les innombrables flux de personnes, de matières et d’informations, afin d’assurer en permanence l’approvisionnement et le bien-être des habitants.

Les logiques d’optimisation budgétaire conduisent à la mutualisation des ressources au détriment de l’autonomie et de la résilience, par exemple pour les réseaux de télécommunications et réseaux électriques.

Nous tenons tous pour acquis l’ensemble des conditions et systèmes qui permettent la vie urbaine alors que son fonctionnement est un exploit quotidien des organisations privées et publiques.

Malgré leur succès, les villes n’ont jamais été aussi fragiles et dépendantes de conditions qui doivent persister pour que la conjoncture leur reste favorable. La montée des contraintes globales évoquées plus haut induit des déséquilibres qui se renforcent mutuellement et en cascade.

Par exemple un déséquilibre, même limité de quelques heures, sur l’un des systèmes, peut avoir des conséquences sur un ou plusieurs autres et créer une boucle d’amplification très sensible à la durée de la perturbation: une panne ou une grève des transports publics de métro a un effet direct immédiat sur le trafic automobile; une pluie majeure impacte le système d’égouts et de retraitement, qui se propage en amont (débordements) et en aval (pollution) ; une coupure d’électricité engendre perte de communications, pannes d’ascenseurs, de réfrigérateurs, etc.

Le retour à l’équilibre initial peut s’avérer laborieux en raison de la complexité des interactions, des conséquences imprévues, et de la disparité des systèmes de pilotage. Quand le retour à la normale est impossible, il s’agit alors de s’adapter, de parvenir à des équilibres nouveaux, acceptables en termes de qualité de vie, d’économie et de durabilité.

Or les évènements extrêmes dus au changement climatique et au dépassement probable des points de bascule créent un risque croissant d’instabilité voire d’effondrement des systèmes vitaux assurant le fonctionnement des villes.

Un défi immense
La probabilité croissante de ces évènements et surtout leurs possibles cascades d’interactions doivent nous interpeller : le défi de la résilience des villes doit être relevé dans sa globalité systémique.

La mise en place des solutions d’adaptation nécessaires va certainement demander de mobiliser de très importants moyens humains, technologiques et financiers. Il faudra gérer plusieurs échelles, spatiales, temporelles, organisationnelles et financières simultanément. En outre, il faudra coordonner les efforts publics et privés, et surmonter les silos décisionnels et les cycles électifs habituels pour construire des politiques stables.

Le défi est immense, d’autant plus que l’échelle de temps se raccourcit. Le long terme n’est plus 2050, mais 2035.

_____

(*) Signataires :
Pierre Haren, PDG de Causality Link et membre de l’Académie des Technologies.
Laurent Gouzenes, Docteur Ingénieur, expert en Gestion des Connaissances.
Laurent Philonenko, PDG Servion Global Solutions, et Conseiller du Commerce extérieur de la France.
Yves Bamberger, Vice-Président et membre fondateur de l’Académie des Technologies.
Christian Deutsch, Président de l’association Citoyennes, Citoyens Paris14.

Les villes plus fragiles face au changement climatique

Les villes plus fragiles face au changement climatique

La COP 28 a montré que le monde ne prend pas toute la mesure de l’impact futur du changement climatique, notamment sur les villes. Par Yves Bamberger, Christian Deutsch, Laurent Gouzenes, Pierre Haren, Laurent Philonenko dans » La Tribune »(*)

Les villes concentrent progressivement une majorité croissante de la population mondiale, tandis que leur complexité et leur dépendance vis-à-vis de leur environnement les rendent plus particulièrement sensibles aux perturbations engendrées par le changement climatique. Notamment, la résilience face aux événements extrêmes exige une planification à plusieurs dizaines d’années de solutions d’ensemble.

L’impact sur les villes encore plus puissant que sur les campagnes

Quelle que soit la hausse des températures moyennes en 2100, elle engendrera la fonte des glaciers, une hausse du niveau de la mer et des perturbations climatiques nouvelles. Bien pire, la violence des phénomènes extrêmes, comme les très fortes canicules, les sécheresses sévères, les rivières atmosphériques et les inondations, est déjà observable et leur fréquence augmente.

Ces phénomènes impactent directement les écosystèmes naturels et les campagnes agricoles. Mais les villes qui concentrent 80% de la population des pays développés et largement plus de 50% dans les autres pays seront les plus touchées, directement et indirectement.

Quelques exemples
La ville de New York nous donne un exemple du danger. New York a subi en octobre 2012 une tempête extrême (Sandy), causant la mort de 43 personnes, et plus de 19 milliards de dollars de dégâts en seulement 3 jours. La hausse du niveau de la mer (4 m) fut bien au-delà des quelques centimètres attendus pour 2100, et la montée des eaux qui a suivi a inondé les réseaux souterrains (métro, électricité, etc.) et rendus inopérants les égouts et trop-pleins. Neuf ans plus tard, en 2021, les précipitations de l’ouragan Ida y firent 44 morts en paralysant la ville (transports, électricité, eaux, etc.). Un plan de protection de la ville de plus de 50 milliards de $ est toujours en cours de discussion.

Récemment, Acapulco a été quasi détruite en trois heures par l’ouragan Otis et ses vents atteignant 315km/h. Sa reconstruction prendra des années et coûtera plus de 16 milliards de dollars.

En Inde, la perturbation du régime des moussons engendre des séries de vagues de chaleur qui perturbent d’une part les récoltes, mais aussi rend les villes invivables (17.000 morts en 2023) par le niveau très élevé des températures de jour et de nuit. La climatisation ne fait que renforcer la pollution et le manque d’eau, du fait de la génération d’électricité par des centrales au charbon.

Bien d’autres villes comme Jakarta, Lagos, New Orleans, Haïti, Lagos, Oulan-Bator, Marrakech, sont toutes à des degrés divers impactées par la conjonction de phénomènes naturels et humains et voient dès aujourd’hui leur existence même fragilisée.

La France n’est pas épargnée. En 2023, les records de chaleur ont été battus partout, notamment à Carcassonne où la température a atteint 43°C à l’ombre. Les plans ‘canicule’ ont permis de sauver de nombreuses vies, alors qu’en 2003 plus de 15.000 décès ont été imputés aux chaleurs excessives. A l’opposé, des inondations répétées dans le Nord de la France ont récemment conduit les habitants de certaines agglomérations à les déserter.

Les villes : des systèmes hyperorganisés, mais vulnérables

La ville est l’innovation sociale la plus marquante du XXe siècle : le nombre de citadins est passé de moins de 1 milliard en 1950 à plus de 4 milliards aujourd’hui, et devrait atteindre 80% de la population en 2100. L’expansion des villes tient à leur capacité de créer une richesse toujours plus importante, en démultipliant l’efficacité des individus et de leurs échanges, mais aussi au mode de vie qu’elles soutiennent.

Leur fonctionnement repose sur plusieurs piliers vitaux :

L’interaction avec le territoire élargi, pour les échanges de nourriture et d’eau et l’évacuation des déchets non transformables localement
La disponibilité de l’énergie et, de plus en plus, de l’électricité, produite pour l’essentiel en dehors
Les transports des biens et des personnes
La sécurité, qui garantit la confiance et le commerce paisible des habitants
L’activité commerciale et industrielle
La ville est ainsi un système dynamique à la recherche permanente d’équilibre entre les innombrables flux de personnes, de matières et d’informations, afin d’assurer en permanence l’approvisionnement et le bien-être des habitants.

Les logiques d’optimisation budgétaire conduisent à la mutualisation des ressources au détriment de l’autonomie et de la résilience, par exemple pour les réseaux de télécommunications et réseaux électriques.

Nous tenons tous pour acquis l’ensemble des conditions et systèmes qui permettent la vie urbaine alors que son fonctionnement est un exploit quotidien des organisations privées et publiques.

Malgré leur succès, les villes n’ont jamais été aussi fragiles et dépendantes de conditions qui doivent persister pour que la conjoncture leur reste favorable. La montée des contraintes globales évoquées plus haut induit des déséquilibres qui se renforcent mutuellement et en cascade.

Par exemple un déséquilibre, même limité de quelques heures, sur l’un des systèmes, peut avoir des conséquences sur un ou plusieurs autres et créer une boucle d’amplification très sensible à la durée de la perturbation: une panne ou une grève des transports publics de métro a un effet direct immédiat sur le trafic automobile; une pluie majeure impacte le système d’égouts et de retraitement, qui se propage en amont (débordements) et en aval (pollution) ; une coupure d’électricité engendre perte de communications, pannes d’ascenseurs, de réfrigérateurs, etc.

Le retour à l’équilibre initial peut s’avérer laborieux en raison de la complexité des interactions, des conséquences imprévues, et de la disparité des systèmes de pilotage. Quand le retour à la normale est impossible, il s’agit alors de s’adapter, de parvenir à des équilibres nouveaux, acceptables en termes de qualité de vie, d’économie et de durabilité.

Or les évènements extrêmes dus au changement climatique et au dépassement probable des points de bascule créent un risque croissant d’instabilité voire d’effondrement des systèmes vitaux assurant le fonctionnement des villes.

Un défi immense
La probabilité croissante de ces évènements et surtout leurs possibles cascades d’interactions doivent nous interpeller : le défi de la résilience des villes doit être relevé dans sa globalité systémique.

La mise en place des solutions d’adaptation nécessaires va certainement demander de mobiliser de très importants moyens humains, technologiques et financiers. Il faudra gérer plusieurs échelles, spatiales, temporelles, organisationnelles et financières simultanément. En outre, il faudra coordonner les efforts publics et privés, et surmonter les silos décisionnels et les cycles électifs habituels pour construire des politiques stables.

Le défi est immense, d’autant plus que l’échelle de temps se raccourcit. Le long terme n’est plus 2050, mais 2035.

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(*) Signataires :
Pierre Haren, PDG de Causality Link et membre de l’Académie des Technologies.
Laurent Gouzenes, Docteur Ingénieur, expert en Gestion des Connaissances.
Laurent Philonenko, PDG Servion Global Solutions, et Conseiller du Commerce extérieur de la France.
Yves Bamberger, Vice-Président et membre fondateur de l’Académie des Technologies.
Christian Deutsch, Président de l’association Citoyennes, Citoyens Paris14.

Changement climatique Bruno Le Maire se met au vert « bidon »

Changement climatique Bruno Le Maire se met au vert » bidon »

Le ministre de l’économie a clairement fermé la porte à toute mesure financière concernant le changement climatique:
« la porte du ministère des Finances, elle est fermée », a averti Bruno Le Maire, ce jeudi . Pour compenser il fait semblant d’inciter les grandes entreprises à donner un coup de peinture verte sur leur politique. On voit mal ce que pourrait faire en supplément des entreprises comme EDF ou la SNCF d’autant que leur avenir dépend largement des questions de financement des investissements et des conditions d’exploitation décidées par le gouvernement.

Ce jeudi, les ministres Bruno Le Maire et l’inutile Christophe Béchu ont tenu une conférence de presse au terme d’une réunion avec « les représentants des filières économiques ainsi que des organisations syndicales pour lancer les travaux sur l’adaptation des entreprises au changement climatique ».

Bref Bruno le maire repeint aussi en vert son discours avec sans doute la préoccupation d’un bilan un peu plus présentable pour sa candidature aux présidentielles de 2027. Un discours d’ailleurs assez pathétique histoire discrètement de contrer le discours du Premier ministre.

« Le changement climatique est déjà là, a acté le locataire de Bercy. (…) [Les catastrophes climatiques] créent des souffrances pour nos compatriotes. (…) Nous ne pouvons pas attendre, et il ne suffit pas de fixer des grands plans : il faut prendre des décisions immédiates (…) afin d’anticiper pour protéger et faciliter la vie de nos compatriotes. »

Bruno Le Maire a mis l’accent sur trois mesures. Il a notamment mis en exergue la nécessité pour les transports publics et les entreprises énergétiques « d’être résistants au changement climatique ». « Je demande donc que toutes les grandes entreprises publiques, je pense à la SNCF, EDF, RTE, nous fournissent d’ici fin 2024 un plan détaillé d’adaptation au changement climatique », a-t-il exigé.
Bref la nullité, la démagogie qui le dispute à l’impuissance. Et la manifestation très nette que le ministre de l’économie se prend en fait pour le premier ministre.

Ski et changement climatique : Des stations en danger

Ski et changement climatique : Des stations en danger

Pour la Cour des comptes, : le modèle des stations de ski françaises, héritées des années 1960 et 1970, s’essouffle. Pire : il ne serait pas à la hauteur des enjeux.

Ce rapport de la Cour des comptes émet, entre autres, l’idée d’une « conditionnalité écologique » des aides publiques versées aux stations de ski.

L’objectif de la Cour des comptes, épaulée par ses cinq chambres régionales (CRC Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie et Provence-Alpes-Côte d’Azur), était donc de « préciser les conséquences du changement climatique sur le tourisme hivernal en montagne et d’examiner comment les stations s’y sont adaptées ».

Le premier constat de la juridiction financière est sans appel : selon elle, le modèle des stations de ski françaises s’essouffle.

« Alors qu’il pouvait compter à la fin du XXe siècle sur une dynamique alimentée par une croissance du tourisme de ski entraînant celle des infrastructures immobilières et des remontées mécaniques (…), à compter de la fin des années 2000, la diminution de l’activité ski et l’inadaptation croissante du patrimoine immobilier des stations ont commencé à fragiliser l’équilibre financier des remontées mécaniques et l’économie locale qui en découle », observe-t-elle.

Tous les massifs seront touchés à horizon 2050
Un phénomène accentué davantage par le changement climatique, dont les effets et notamment la hausse des températures sont devenus encore plus manifestes qu’en plaine. « Toutes les stations de ski seront plus ou moins touchées à horizon 2050 »

De quoi justifier, pour la Cour des comptes, la nécessité de mettre en place dès à présent « un fonds d’adaptation au changement climatique destiné à financer les actions de diversification et de déconstruction des installations obsolètes, alimenté par la taxe locale sur les remontées mécaniques ».

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