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Budget- Réforme des retraites : chacun doit contribuer

Budget– Réforme des retraites : chacun doit contribuer

La dimension financière des retraites ne doit pas occulter une autre dimension pourtant essentielle : la philosophie du système. Pour assurer durablement son maintien, le principe de solidarité ne doit pas être occulté, mais au contraire revivifié. La non censure du gouvernement Bayrou a reposé et reposera sur la capacité des Français et de leurs représentants au parlement à gérer le plus puissant système de solidarité du pays : la retraite par répartition. Cette solidarité, résultant d’une volonté d’agir collectivement pour améliorer les conditions de vie de tous, est au cœur du « modèle social français ». Un constat s’impose. Malgré la dernière réforme, le système demeure déficitaire, aujourd’hui et le restera à l’avenir : cela signifie tout simplement que les prestations versées sont supérieures aux cotisations perçues. Ou, dit autrement, que la solidarité est trop généreuse et/ou que l’effort de solidarité est insuffisant. Ce « bien commun » qu’est le système de retraite doit donc s’adapter aux évolutions de notre société.

 

par François Langot
Professeur d’économie, Directeur adjoint de l’i-MIP (PSE-CEPREMAP), Le Mans Université dans The Conversation.

 
Pour ce faire, il faut baser l’argumentaire sur un discours cohérent avec la philosophie de solidarité propre à ce système, et ne pas basculer dans un discours individualiste basé sur les « droits acquis », selon lequel, en référence aux avantages obtenus à la suite de luttes sociales, ces droits seraient inaliénables et donc suffisants pour freiner, voire stopper, toute réforme d’un système pourtant plongé dans un environnement qui évolue.

Les sommes des pensions perçues par chaque génération (de celles ayant commencé à travailler dans les années 1940 jusqu’à celles ayant amorcé leurs carrières dans les années 1990) dépassent largement les sommes des cotisations versées. Ainsi, les euros cotisés pour la retraite ont un rendement annuel allant de 6,26 % pour la génération débutant en 1940 à 0,73 % pour la génération débutant en 1990. Ce rendement n’est pas un revenu financier, mais le dividende de la solidarité.

Cette solidarité peut être plus ou moins importante, en fonction de l’évolution des ressources des contributeurs. Ainsi, les individus qui ont commencé leurs carrières dans les années 1980 bénéficieront de retraites 1,49 fois plus élevées que leurs contributions au système de retraite. En effet, les générations suivantes, qui financent leurs retraites, ont une plus grande taille (être plus nombreux permet d’accroître la somme des contributions) et produisent davantage (des salaires plus élevés accroissent aussi les contributions).

Mais, depuis les années 1970, le nombre de travailleurs et la croissance de la production par travailleur ont baissé. En effet, dans les années 1970, il y avait 3,1 salariés pour 1 retraité, alors que dans les années 2020, il n’y a plus que 1,47 salarié pour un retraité. Enfin, un individu débutant en 1960 avait un revenu moyen sur sa carrière 90 % pour élevé que celui ayant débuté dans les années 1950, alors que celui débutant en 1990 ne gagnera que 30 % de plus que celui ayant débuté en 1980.

La pérennité du système de retraite passe par son adaptation continuelle à la démographie et à la productivité. Le  le taux de cotisation est passé de 7 % à 25 %, la durée de cotisation de 37,5 années à 43 années et la durée de retraite de 18 à 26 années, avec une pension ayant été multipliée par 2,5.

Pour préserver cette solidarité entre les générations, assurant aux retraités un accès aux mêmes biens de consommation que ceux qui travaillent, il est nécessaire de produire une richesse suffisante. Comme le nombre de cotisants se réduit et que les gains de productivité sont de plus en plus faibles, la pérennité du système de retraite ne pourra pas se passer d’un accroissement de l’effort de travail de chacun, qu’il faut donc interpréter comme la contribution individuelle de chaque citoyen à la solidarité nationale.

En France, avec un âge moyen de départ en retraite à 61 ans en 2019 et une espérance de vie de 25 années à 60 ans, un retraité bénéficiera de 4 années de plus que son homologue allemand (voir COR 2019). Bien entendu, comme toutes les carrières ne sont pas identiques, les allongements des durées d’activité de chacun devront tenir compte de ces spécificités.
Enfin, il doit aussi être envisagé de mettre à contribution les retraités : un effort budgétaire partagé par tous rendra la réforme plus acceptable par tous. Au niveau fiscal, l’abattement de 10 % sur l’impôt sur le revenu ainsi qu’une CSG réduite dont bénéficient les retraités doivent être discutés. Au niveau des pensions, s’il est indiscutable que les retraites doivent assurer un niveau de vie minimal, il est plus discutable qu’elles assurent un « niveau de vie » : les 10 % ayant les pensions les plus élevées perçoivent 23,6 % de toutes les pensions versées (26,6 % si l’on tient compte des carrières incomplètes

Ces résultats suggèrent qu’un plafonnement des pensions pourrait être introduit, sans nuire à l’esprit de solidarité du système. En effet, la solidarité ne peut se passer de personne et l’implication de chacun doit être perçue comme un devoir citoyen. Signalons qu’une réduction des retraites distribuées associé à une hausse de l’activité est l’une des seules mesures permettant de réduire l’endettement de l’État tout en préservant la croissance et en contenant les inégalités (voir Cepremap, 2024).

Les partenaires sociaux, cogestionnaires de ce système depuis sa création, ont à l’esprit ces principes assurant à long terme la solidarité entre les générations : depuis 2018, les retraites complémentaires qu’ils gèrent génèrent des excédents. Les élus, en particulier s’ils sont sensibles à la solidarité, doivent laisser au second plan leur préoccupation de court terme que représentent leurs réélections, afin d’œuvrer à la pérennité de long terme du système de retraite en se prononçant en faveur d’un effort partagé par tous et donc intégrant un allongement de la durée de cotisation et une contribution des actuels retraités.

Remarquons pour finir que l’allongement de la durée d’activité, entamé au milieu des années 1990, n’a pas conduit à augmenter l’inactivité entre 55 et 64 ans, contrairement à l’idée selon laquelle ceux qui étaient sans emploi entre 55-60 ans avant le recul de l’âge de retraite seraient alors obligés de continuer à l’être entre 60 et 64 ans à cause du recul de l’âge de retraite (voir Zemmour, 2024).

Les données indiquent (voir Insee 2023 et Langot 2024), au contraire, qu’une grande partie de l’inactivité entre 55 et 60 ans a diminué (le taux d’emploi des 55-59 est passé de 50 % en 1995 à 77 % aujourd’hui), permettant alors de reporter sur les 62-64 ans la baisse du taux d’emploi des seniors (le taux d’emploi des 55-59 est passé de 11 % en 2000 à 41 % aujourd’hui, sachant que 47 % de cette classe d’âge est déjà en retraite).

Les réformes des retraites à venir doivent donc intégrer la hausse de l’emploi des seniors qu’elles induisent, ce qui est socialement très bénéfique (augmentation de production et, donc, surcroît possible de solidarité), et ne pas en faire un préalable à la nécessaire hausse du nombre d’années de cotisation.

Réforme des retraites : chacun doit contribuer

Réforme des retraites : chacun doit contribuer

La dimension financière des retraites ne doit pas occulter une autre dimension pourtant essentielle : la philosophie du système. Pour assurer durablement son maintien, le principe de solidarité ne doit pas être occulté, mais au contraire revivifié. La non censure du gouvernement Bayrou a reposé et reposera sur la capacité des Français et de leurs représentants au parlement à gérer le plus puissant système de solidarité du pays : la retraite par répartition. Cette solidarité, résultant d’une volonté d’agir collectivement pour améliorer les conditions de vie de tous, est au cœur du « modèle social français ». Un constat s’impose. Malgré la dernière réforme, le système demeure déficitaire, aujourd’hui et le restera à l’avenir : cela signifie tout simplement que les prestations versées sont supérieures aux cotisations perçues. Ou, dit autrement, que la solidarité est trop généreuse et/ou que l’effort de solidarité est insuffisant. Ce « bien commun » qu’est le système de retraite doit donc s’adapter aux évolutions de notre société.

 

par François Langot
Professeur d’économie, Directeur adjoint de l’i-MIP (PSE-CEPREMAP), Le Mans Université dans The Conversation.
Pour ce faire, il faut baser l’argumentaire sur un discours cohérent avec la philosophie de solidarité propre à ce système, et ne pas basculer dans un discours individualiste basé sur les « droits acquis », selon lequel, en référence aux avantages obtenus à la suite de luttes sociales, ces droits seraient inaliénables et donc suffisants pour freiner, voire stopper, toute réforme d’un système pourtant plongé dans un environnement qui évolue.

Les sommes des pensions perçues par chaque génération (de celles ayant commencé à travailler dans les années 1940 jusqu’à celles ayant amorcé leurs carrières dans les années 1990) dépassent largement les sommes des cotisations versées. Ainsi, les euros cotisés pour la retraite ont un rendement annuel allant de 6,26 % pour la génération débutant en 1940 à 0,73 % pour la génération débutant en 1990. Ce rendement n’est pas un revenu financier, mais le dividende de la solidarité.

Cette solidarité peut être plus ou moins importante, en fonction de l’évolution des ressources des contributeurs. Ainsi, les individus qui ont commencé leurs carrières dans les années 1980 bénéficieront de retraites 1,49 fois plus élevées que leurs contributions au système de retraite. En effet, les générations suivantes, qui financent leurs retraites, ont une plus grande taille (être plus nombreux permet d’accroître la somme des contributions) et produisent davantage (des salaires plus élevés accroissent aussi les contributions).

Mais, depuis les années 1970, le nombre de travailleurs et la croissance de la production par travailleur ont baissé. En effet, dans les années 1970, il y avait 3,1 salariés pour 1 retraité, alors que dans les années 2020, il n’y a plus que 1,47 salarié pour un retraité. Enfin, un individu débutant en 1960 avait un revenu moyen sur sa carrière 90 % pour élevé que celui ayant débuté dans les années 1950, alors que celui débutant en 1990 ne gagnera que 30 % de plus que celui ayant débuté en 1980.

La pérennité du système de retraite passe par son adaptation continuelle à la démographie et à la productivité. Le  le taux de cotisation est passé de 7 % à 25 %, la durée de cotisation de 37,5 années à 43 années et la durée de retraite de 18 à 26 années, avec une pension ayant été multipliée par 2,5.

Pour préserver cette solidarité entre les générations, assurant aux retraités un accès aux mêmes biens de consommation que ceux qui travaillent, il est nécessaire de produire une richesse suffisante. Comme le nombre de cotisants se réduit et que les gains de productivité sont de plus en plus faibles, la pérennité du système de retraite ne pourra pas se passer d’un accroissement de l’effort de travail de chacun, qu’il faut donc interpréter comme la contribution individuelle de chaque citoyen à la solidarité nationale.

En France, avec un âge moyen de départ en retraite à 61 ans en 2019 et une espérance de vie de 25 années à 60 ans, un retraité bénéficiera de 4 années de plus que son homologue allemand (voir COR 2019). Bien entendu, comme toutes les carrières ne sont pas identiques, les allongements des durées d’activité de chacun devront tenir compte de ces spécificités.
Enfin, il doit aussi être envisagé de mettre à contribution les retraités : un effort budgétaire partagé par tous rendra la réforme plus acceptable par tous. Au niveau fiscal, l’abattement de 10 % sur l’impôt sur le revenu ainsi qu’une CSG réduite dont bénéficient les retraités doivent être discutés. Au niveau des pensions, s’il est indiscutable que les retraites doivent assurer un niveau de vie minimal, il est plus discutable qu’elles assurent un « niveau de vie » : les 10 % ayant les pensions les plus élevées perçoivent 23,6 % de toutes les pensions versées (26,6 % si l’on tient compte des carrières incomplètes

Ces résultats suggèrent qu’un plafonnement des pensions pourrait être introduit, sans nuire à l’esprit de solidarité du système. En effet, la solidarité ne peut se passer de personne et l’implication de chacun doit être perçue comme un devoir citoyen. Signalons qu’une réduction des retraites distribuées associé à une hausse de l’activité est l’une des seules mesures permettant de réduire l’endettement de l’État tout en préservant la croissance et en contenant les inégalités (voir Cepremap, 2024).

Les partenaires sociaux, cogestionnaires de ce système depuis sa création, ont à l’esprit ces principes assurant à long terme la solidarité entre les générations : depuis 2018, les retraites complémentaires qu’ils gèrent génèrent des excédents. Les élus, en particulier s’ils sont sensibles à la solidarité, doivent laisser au second plan leur préoccupation de court terme que représentent leurs réélections, afin d’œuvrer à la pérennité de long terme du système de retraite en se prononçant en faveur d’un effort partagé par tous et donc intégrant un allongement de la durée de cotisation et une contribution des actuels retraités.

Remarquons pour finir que l’allongement de la durée d’activité, entamé au milieu des années 1990, n’a pas conduit à augmenter l’inactivité entre 55 et 64 ans, contrairement à l’idée selon laquelle ceux qui étaient sans emploi entre 55-60 ans avant le recul de l’âge de retraite seraient alors obligés de continuer à l’être entre 60 et 64 ans à cause du recul de l’âge de retraite (voir Zemmour, 2024).

Les données indiquent (voir Insee 2023 et Langot 2024), au contraire, qu’une grande partie de l’inactivité entre 55 et 60 ans a diminué (le taux d’emploi des 55-59 est passé de 50 % en 1995 à 77 % aujourd’hui), permettant alors de reporter sur les 62-64 ans la baisse du taux d’emploi des seniors (le taux d’emploi des 55-59 est passé de 11 % en 2000 à 41 % aujourd’hui, sachant que 47 % de cette classe d’âge est déjà en retraite).

Les réformes des retraites à venir doivent donc intégrer la hausse de l’emploi des seniors qu’elles induisent, ce qui est socialement très bénéfique (augmentation de production et, donc, surcroît possible de solidarité), et ne pas en faire un préalable à la nécessaire hausse du nombre d’années de cotisation.

Gauche : l’union mais chacun de son côté

Gauche : l’union mais chacun de son côté

 

La réunion de samedi n’a évidemment pas débouché sur une perspective très claire de stratégie et encore moins de désignation d’un candidat unique pour l’élection de 2022. Une ambiance cependant détendue mais où on aura noté la possibilité peut-être d’une union de ce qui restent des socialistes avec les écolos. Parallèlement, les insoumis affichent leur volonté de continuer leur chemin politique de manière indépendante.

Les propos du député insoumis Eric Coquerel sont significatifs « S’ils veulent créer un espace commun du centre gauche, ça les regarde », dit-il à propos de ses camarades du jour. L’air de rien, il met les points sur les « i » : « À nous seuls, nous représentons l’équivalent de tous les autres. » Il a tout de même un motif de satisfaction. Comme il le souhaitait, les participants se sont mis d’accord sur plusieurs points : « un socle commun de résistance face aux agressions des macronistes, de la droite et de l’extrême droite », dixit Faure ; enfin des débats publics autour des programmes ; et un « cessez-le-feu » entre eux. Ils ont un mois, d’ici à leur prochain rendez-vous, pour s’assurer qu’il est respecté.

 

De toute façon même unie la gauche a peu de chances de ce qualifier pour le second tour tellement elle est discréditée auprès de l’opinion publique qui considère à 80 % dans un récent sondage qu’elle est très malade.

Coopération économique franco allemande : chacun pour soi !

Coopération économique franco allemande : chacun pour soi !

 

En dépit de la signature d’un traité de convergence franco-allemand, à Aix-la-Chapelle, la coopération entre la France et l’Allemagne sur le plan économique n’a jamais été aussi mauvaise. En cause peut-être, d’abord la situation particulièrement fragile de Merkel mais aussi de Macron qui leur interdit de prendre des initiatives significatives. La seconde raison est liée à la divergence qu’il y a en matière de politiques macro-économique dans chacun des pays. L’Allemagne a choisi depuis longtemps et de manière délibérée de soutenir son industrie tandis que la France a confiée l’avenir industriel au marché. Résultat l’industrie française s’est complètement écroulée. La différence la plus fondamentale tient à la compétitivité de l’Allemagne qui se vérifie avec l’État de la balance commerciale. Le solde des échanges commerciaux rapporte bon an mal an 250 milliards à l’Allemagne tandis que la France enregistre un bilan négatif avec de leur de 50 milliards par un. Autre point fondamental la gestion budgétaire ; l’Allemagne parvient pratiquement à l’équilibre tandis que les finances de la France ne cessent de dériver faisant gonfler la dette jusqu’à presque 100 % du PIB. Dernière différence, l’attachement des Allemands à la défense de leurs propres intérêts par aux autres pays de l’Europe. Un seul exemple, la  réticence allemande pour taxer les GAFA pro  crainte de représailles américaines concernant les exportations d’automobiles. Macron au début de son mandat entendait engager une réforme assez fondamentale de l’union européenne et surtout de la zone euro avec un budget, un ministre de ce budget, une enveloppe significative d’investissement aussi un processus de mutualisation des dettes. Autant de mesures totalement rejetées par l’Allemagne qui considère que la France parle beaucoup mais agit peut. Macron en est réduit à espérer une amélioration des relations peu probable pour le court terme surtout avec le ralentissement économique international qui touche aussi l’Allemagne. “On doit réussir à mieux articuler nos politiques macroéconomiques. Ça, ça va être très difficile, mais c’est un vrai débat qu’on doit avoir parce que nos politiques macroéconomiques ont en fait été très divergentes”, a dit le président français au côté de la chancelière, Angela Merkel, lors d’un débat avec des citoyens, à Aix-la-Chapelle.“Il va nous falloir construire le consensus entre nos deux pays dans le rapport à ce qu’est la dépense publique, le bon niveau de dépense publique et la bonne stratégie macroéconomique”, a-t-il ajouté. En schématisant les choses, a poursuivi Emmanuel Macron, “sans doute la France a-t-elle eu un goût immodéré pour l’augmentation de la dépense publique et une très faible sensibilité à la notion de déficit public”. “De l’autre côté, l’Allemagne a un goût immodéré pour la consolidation budgétaire et une faible sensibilité à la relance par la dépense.”

“Si on se coordonne mieux, on peut beaucoup plus lisser nos cycles économiques et faire des choses qui sont intelligentes pour nous deux (…). C’est absolument pertinent au sein d’une zone monétaire et ça fait partie de ce qu’on veut mettre en place”, a encore déclaré Emmanuel Macron.

Politique : le règne du chacun pour soi ! (Costa-Gavras)

Politique : le règne du chacun pour soi ! (Costa-Gavras)

Réflexion sur la crise de la démocratie du célèbre cinéaste qui a mis en scène le réalisme politique dans une  interview au JDD.

 

 

Quel regard portez-vous sur la nouvelle génération de cinéastes qui s’emparent de sujets politiques?
Elle tourne des films formidables, mais tous les cinéastes sont engagés, même ceux qui racontent des histoires éloignées des questions politiques. A partir du moment où on s’adresse à des milliers ou des millions de gens, c’est un engagement. La politique ne concerne pas seulement le pouvoir, mais aussi la vie quotidienne. Il faut être sincère avec soi-même et ce en quoi on croit. Je trouve qu’il y a quand même un changement radical par rapport à l’époque de Z. Quand on parlait de longs métrages engagés ou sociaux, ça irritait un certain nombre de gens. Il fallait soit du divertissement, soit une écriture esthétique. Aujourd’hui, la politique n’est plus bannie : elle est présente partout. Il y a eu une libération.

Quand Z est sorti, il y avait davantage d’espoir chez la jeunesse.
A l’époque l’avenir était ouvert. Comme il y avait des dictatures un peu partout, c’était plus simple de mener un combat. Aujourd’hui, il y a moins d’ouverture sur le futur, même si l’ouverture, on se la créée : il ne faut pas attendre que d’autres le fassent à notre place. Les dictatures d’aujourd’hui sont celles de l’économie, des banques, des groupes financiers. Quand on voit que huit personnes dans le monde possèdent autant d’argent que la moitié de la population, c’est effarant. Peut-être que la France ne répond pas entièrement aux besoins de la jeunesse. Le chômage, c’est épouvantable pour quelqu’un. Regardez les banlieues, je ne suis pas étonné que ça explose. Avant, il y avait de l’espoir, on se révoltait pour quelque chose ; aujourd’hui, on casse une vitrine pour avoir une satisfaction momentanée et puis plus rien. Il y a du désespoir mais pas d’idées. C’est la chose la plus dangereuse au monde.

Il y a un désenchantement, mais on a vu certaines initiatives émergées, comme Nuit debout en France.
Ça montre qu’on cherche d’autres voies. Je suis allé plusieurs fois sur la place de la République. C’était intéressant, mais ça n’aboutissait à rien. Ça allait dans tous les sens, chacun témoignant de son angoisse ou de ses problèmes. Il y a une nécessité d’union pour pouvoir affronter les difficultés, mais la société se tribalise de plus en plus. On ne peut pas agir en étant divisé en petits groupes.

Comprenez-vous la défiance du peuple à l’égard des élites?
Elles ne jouent plus le même rôle qu’à une certaine époque. Après la guerre, elles donnaient une impulsion vers l’avenir, ouvraient des chemins, qu’ils soient bons ou mauvais. Désormais, c’est le règne du chacun pour soi : le moi à la télévision, à la radio… On ne fait plus confiance aux hommes politiques qui mentent ou sont impuissants face à la finance. Mais il ne faut pas oublier qu’il y a beaucoup de gens bien parmi les élites : des philosophes, des profs, des cinéastes qu’on ne voit pas beaucoup dans les médias.

Il y a une montée inquiétante du populisme en Europe.
Ça fait peur. On se demande comment il est possible qu’un quart des Français veuille voter pour Marine Le Pen, qui a vécu dans une famille de racistes. Ils disent vouloir sortir de l’Europe. On serait alors un tout petit pays entouré de colosses. Aucun régime d’extrême droite n’a jamais réussi quoi que ce soit. Le problème, c’est qu’on n’a plus confiance en les institutions. Des gens comme Barroso ont fait des choix épouvantables. Quand il a quitté la présidence de la Commission européenne, madame Merkel a dit qu’il y avait eu une erreur de casting. Dix après sa prise de fonction, c’est un peu tard. Peut-être que face à Trump, les pays de l’union vont finir par bâtir une Europe que nous aimerons tous. J’étais en Allemagne il y quelques jours. Les Allemands sont terrorisés : ils sentent qu’il va tout casser économiquement, et le marché américain est essentiel pour eux.

Beaucoup d’anciens communistes votent aujourd’hui pour le FN.
Ils cherchent un pouvoir autoritaire. C’était un peu pareil avec le communisme malgré des idées, dans sa philosophie, très intéressantes pour la société. Mais on en a fait une sorte de militarisme politique pour imposer ce qu’il fallait penser sur tel ou tel sujet.

Un homme politique français trouve-t-il grâce à vos yeux?
Il y en a un, mais nous sommes dans une période pré-électorale, donc je ne dirai pas de nom. Et puis je veux voir et écouter tout le monde. Reste qu’il se passe des choses très bizarres en politique aujourd’hui.

En quoi la fiction est-elle un bon moyen de comprendre le réel?
Plutôt que de le comprendre, c’est un moyen de faire sentir le réel, ce qui nous échappe. Quand on voit des gens qui passent dans la rue, on ne les regarde pas. Dans un film, oui. Le cinéma apporte un autre regard. On parle beaucoup d’objectivité, notamment concernant les journalistes, mais tout le monde est subjectif. Nos réactions sont subjectives parce qu’on agit avec notre culture, ce que nous sommes, d’où nous venons. Cet ensemble de choses qui constitue le moi.

Si votre cinéma est engagé, c’est aussi un spectacle.
Le cinéma est un spectacle qui raconte la vie. Le mot est banni, mais les anciens grecs, Shakespeare ou Molière ont tous fait du spectacle. On ne va pas dans les salles obscures pour assister à un cours académique. J’essaye de tourner des films comme je les aime. Il faut trouver une forme, un style, un rythme qui emportent le spectateur. On raconte des histoires, comme lorsqu’on est entre amis autour d’une table, sauf qu’on a la chance de s’adresser à des milliers ou des millions de personnes.

UE-Migrants : toujours chacun pour sa gueule

UE-Migrants : toujours chacun pour sa gueule

 

En faiat qu’on propose 10 000 ou 20 000 migrants c’est toujours la même réponse «  on ne veut pas de migrants chez nous » ! la preuve que l’union européenne se caractérise surtout par une belle hypocrisie et un égoïsme pitoyable. Il est vrai que la solution européenne n’est pas adaptée à l’enjeu ( 500 000 migrants attendu !) mais il est tout aussi vrai que l’Europe démontre en la circonstance l’inconsistance totale de sa politique en matière d’immigration plus généralement dans sa politique étrangère, son inefficacité aussi.  La Commission européenne a proposé mercredi de répartir entre les Etats membres de l’Union 40.000 migrants aujourd’hui accueillis par l’Italie et la Grèce mais son projet suscite le scepticisme, voire une franche hostilité, dans bon nombre des pays concernés. L’exécutif communautaire propose d’accepter l’entrée sur le sol de l’UE de 20.000 réfugiés supplémentaires et de les répartir entre les différents pays membres. Ce dispositif bénéficierait principalement aux réfugiés venant de Syrie et d’Erythrée. Rome et Athènes demandent depuis des mois l’aide de l’UE pour tenter de mieux faire face à l’afflux de migrants sur leurs côtes en provenance notamment des pays africains et du Moyen-Orient touchés par des conflits. L’Italie et la Grèce sont les deux principaux points d’entrée en Europe des migrants, dont 600.000 environ ont cherché refuge dans l’UE l’an dernier et dont plusieurs milliers ont péri en tentant de traverser la Méditerranée. Mais un certain nombre de gouvernements ont exprimé, sans même attendre les propositions détaillées de la CE, leur opposition ou au moins leurs fortes réserves face à l’hypothèse d’une répartition de 24.000 demandeurs d’asile actuellement en Italie et de 16.000 en provenance de Grèce. Rien n’assure donc que ces propositions recevront un soutien suffisant des gouvernements de l’UE pour assurer leur adoption. « Il semble bien que certains Etats membres soient réticents, mais il faut qu’ils acceptent le fait qu’il ne s’agit pas seulement de mots mais d’action », a dit le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, lors d’une conférence de presse. La clé de répartition élaborée par la Commission est fondée sur la population, la situation économique et le taux de chômage de chaque pays. L’Allemagne devrait ainsi accueillir 22% des migrants pris en compte, soit environ 8.700, et la France 16,88%, soit 6.752 au total (4.051 venant d’Italie et 2.701 venant de Grèce). Pour Paris, ces chiffres ne constituent qu’une base de discussion.   »On va examiner la proposition de la Commission. C’est une discussion sur une base ordonnée maintenant », a déclaré à Reuters un diplomate français.   »La France est prête à prendre une part. Elle a toujours accueilli un certain nombre de demandeurs d’asile. Mais il faut que d’autres en prennent plus », a-t-il expliqué. L’Allemagne, elle, a exprimé son soutien aux propositions de la Commission. « On peut négocier la répartition. Ce ne sera pas facile, mais la méthode est juste », a déclaré son ministre de l’Intérieur, Thomas de Maizière. En Grande-Bretagne, le gouvernement de David Cameron a déjà annoncé qu’il ne s’associerait à aucun dispositif, ce que lui permettent les exemptions accordées au Royaume-Uni.  L’opposition est vive aussi en Europe centrale et orientale. « Les quotas obligatoires et la distribution de réfugiés sans prendre en compte leur volonté n’est pas une solution viable à la crise actuelle des migrants », a dit le Premier ministre tchèque, Bohuslav Sobotka. Son homologue hongrois, Viktor Orban, a quant à lui estimé que le projet de Bruxelles était « à la limite de la démence ».

 

Lagardère : 1 million d’euros à chacun de ses quatre adjoints.

Lagardère : 1 million d’euros à chacun de ses quatre adjoints.

C’est la crise mais pas pour tout le monde; chez Lagardère on octroie une  petite prime de plus de 1 millions aux dirigeants.. Le patron du groupe Lagardère a décidé de récompenser généreusement ses fidèles. Chacun de ses bras droit a reçu une prime exceptionnelle de 1,1 million d’euros. Soit, au total, la coquette somme de 4,4 millions d’euros.  Les heureux élus sont le directeur financier Dominique d’Hinnin, le DRH Thierry Funck-Brentano, le secrétaire général Pierre Leroy et le porte-parole Ramzi Khiroun. Ces primes s’ajoutent à de plantureuses rémunérations. Précisément, le salaire fixe de Pierre Leroy s’élève à 1,47 million d’euros par an. Il atteint 840.000 euros pour Ramzi Khiroun, et 1,2 million pour les deux autres. A cela s’ajoute un bonus variable, qui s’élevait en 2014 à 380.600 euros pour Ramzi Khiroun, et 570.900 euros pour les trois autres. A noter que Ramzi Khiroun, contrairement aux trois autres, ne fait pas partie de la gérance du groupe, ce qui explique sa rémunération légèrement inférieure. Arnaud Lagardère n’a, lui, pas touché de prime exceptionnelle. Il se contente de son salaire de 2,4 millions d’euros (bonus inclus), en léger recul (-14%). Toutefois, il faut préciser qu’Arnaud Lagardère est le principal actionnaire du groupe, avec 8% du capital. A ce titre, il touche donc des dividendes. Il a en particulier profité des dividendes exceptionnels versés ces deux dernières années, qui lui ont rapporté au total 200 millions d’euros. A cette source importante de revenus s’est ajoutée l’an dernier la cession de 1,1% du capital du groupe, pour 38 millions d’euros. C’est la première fois depuis 2012 que le fils de Jean-Luc Lagardère vend des actions du groupe. Tout cet argent a probablement servi à rembourser la dette personnelle d’Arnaud Lagardère, qui s’élevait à 434 millions d’euros fin 2009 (dernier chiffre connu).  Interrogé sur ces primes exceptionnelles, le groupe renvoie vers la justification donnée dans ses comptes: ces primes ont été versées « pour saluer l’efficacité et la persévérance de la participation des membres du comité exécutif aux deux opérations capitales et complexes de désinvestissements menées en 2013 (EADS et Canal+ France). S’inscrivant pleinement dans la stratégie annoncée de recentrage du groupe, la première a dégagé une très importante plus-value nette, et la seconde a permis d’éviter de lourds contentieux à venir. Le montant total des cessions correspondantes s’est élevé à plus de 3,3 milliards d’euros ».

 » Chacun pour soi  » l’Europe de Macron !

  »Chacun pour soi  » l’Europe de Macron !

Après l’échec de sa visite à Berlin, Macron en tire les conséquences et définit la nouvelle sa nouvelle philosophie ‘ « chacun pour soit » ! « Nous devons réformer pour nous-mêmes, l’Allemagne peut investir pour elle-même. C’est l’esprit de la nouvelle donne européenne que je porte ».En fait c’set l’aveu de l’impuissance totale de la France à impose quoi que ce soit en Europe. D’une certaine manière Macron rejoint le libéral Premier ministre britannique Cameron qui considère que chacun doit poursuivre  ses intérêts propres et l’Europe avancera. La somme des intérêts particuliers assurera donc le bonheur commun. C’est la nouvelle donne de l’Europe d’après Macron qui ne fait qu’acter la paralysie des institutions de Bruxelles et la domination de l’Allemagne. On ne peut donc plus compter que sur les efforts de compétitivité interne et le  soutien intérieur aux investissements. Or les réformes en engagées, si elles réussissent, ce qui n’est pas certain car tout dépendra aussi du contexte international, ne pourront  pas donner d’effets significatifs avant 5 ans d’après les estimations de Goldman-Sachs.  Par ailleurs ces reformes sont pas à la hauteur de l’enjeu car l’écart de compétitivité avec d’autres pays concurrents est trop important comme en témoigne le tragique déséquilibre de la balance commerciale. Il faudrait une révolution fiscale, une révolution impossible tant qu’on ne s’attaque pas à la réforme de l’Etat qui plombe les prélèvements obligataires. Bref on tourne en rond. Macron dit à peu près le contraire de Hollande. Le président voulait bousculer l’Europe, Macron, lui, propose l’immobilisme.

Vote de confiance : Aubry pas pour l’unité mais pour l’indépendance de chacun

Vote de confiance : Aubry pas pour l’unité mais pour l’indépendance de chacun

Un sérieux avertissement pour Valls (qui n’exclut pas un accident lors du vote)  de la part d’Aubry ; « L’unité ne veut rien dire, j’ai été premier secrétaire du PS », a-t-elle rappelé. Et de marteler qu »‘on fait l’unité en parlant du fond, on ne fait pas l’unité en disant ‘unité, unité, unité’. On fait l’unité sur un projet, on fait l’unité sur des valeurs, sur un sens et sur des réponses ». Elle a aussi réaffirmé son souhait de « contribuer à ce que nous nous mettions tous d’accord effectivement sur des propositions qui permettent des résultats en matière de croissance, en matière d’emploi tout en réduisant les déficits ». Dimanche dernier, sur Europe 1, quand on lui demandait  si elle voterait la question de confiance à Manuel Valls, elle avait botté en touche, répondant simplement : « Je ne suis pas député. » Depuis le week end dernier, la maire de Lille et Manuel Valls s’affrontent par médias interposés. Lundi, Martine Aubry avait appelé le chef du gouvernement à ne « pas se crisper », et avait tenté de calmer le jeu. La veille, l’ancienne première secrétaire du PS avait déclaré qu’elle allait faire des propositions pour infléchir la politique économique « dans les semaines qui viennent », afin que « la croissance revienne ». « Il faut faire des réformes, mais nous ne faisons pas d’austérité », lui avait rétorqué dans la foulée Manuel Valls depuis l’Italie. « Martine Aubry, comme chacun le sait parfaitement, a bénéficié d’enseignants en plus, de policiers en plus à Lille. C’est ça l’austérité? C’est quoi un infléchissement?, avait-il insisté. Ce que j’attends des socialistes (…) c’est de faire corps, nos divisions, elles minent. » Il y a quinze jours, Manuel Valls et Martine Aubry s’étaient déjà opposés sur l’encadrement des loyers. Le Premier ministre souhaitait limiter l’encadrement des loyers qu’à la capitale. La maire de Lille avait, elle, demandé que cette mesure emblématique de la loi Alur (la loi Duflot) soit appliquée dans la ville qu’elle administre. Ce que le chef du gouvernement avait fini par accepter.

 

« Chacun pour sa gueule » la nouvelle philosophie du déclin

« Chacun pour sa gueule » ou la nouvelle philosophie qui annonce le déclin

Les civilisations ne s’étiolent pas seulement pour des motifs économiques, même si cela y contribue, mais en amont souvent par la dégénérescence des valeurs qui fondaient leur existence. Quand des élites (grands patrons, banquiers, artistes) osent affirmer que c’est désormais chacun pour sa gueule c’est que le déclin n’est pas loin ; Il  ne s’agit pas d’une révolte contre la fiscalité qui handicape la compétitivité, encore moins contre la pauvreté non mais contre la fiscalité qui atteint le patrimoine accumulé ; protéger le patrimoine, voilà l’ambition de cette génération de sexagénaires qui ne croit plus en rien sinon qu’en la religion de l’argent. Ils sont même  soutenus par certains politiques  éboueurs de voix putrides. Ils n’ont pas honte, non au contraire, ils s’affichent le plus souvent, parlent, philosophent même. exemple Tapie et Michel Edouard Leclerc : «  ce ne sont pas les riches qui sont responsables de la pauvreté, ce sont les pauvres qui ne sont pas assez riches » De quoi méditer sur la profondeur de la réflexion ; cela de la part de beaucoup qui sont en fait des parvenus grâce à leurs liens avec le pouvoir ou parce qu’ils ont hérité de la fortune familiale ou parce qu’ils  ont bénéficié de l’injuste répartition des richesses  ( ce qui vaut aussi dans le milieu artistique) ; ceux qui ont réussi par leur seul travail ne peuvent cependant se parer des vertus de la justice et donner de leçons en politique ; une société qui repose sur le principe du chacun pour sa gueule ne peut résister longtemps, elle éclate nécessairement ou jour ou l’autre sous le poids de ses contradictions. Les médias complaisants, au service le plus souvent de ces nantis qui se font la courte échelle,  ne font qu’approfondir cette crise des valeurs qui ont nom solidarité, justice, fraternité mais qui paraissent bien désuètes aujourd’hui dans un mode de requins et de   stupides.

 




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