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Des cerveaux de plus en plus gourmands en énergie

Des cerveaux de plus en plus gourmands en énergie


C’est l’un des grands paradoxes de l’évolution. L’humain a démontré que le fait d’avoir un gros cerveau est la clé de son succès dans l’évolution, et pourtant ce type de cerveau est extrêmement rare chez les autres animaux. La plupart d’entre eux se débrouillent avec de petits cerveaux et ne semblent pas avoir besoin de plus de neurones. Pourquoi ? La réponse sur laquelle la plupart des biologistes se sont accordés est de dire que les gros cerveaux sont coûteux en termes d’énergie nécessaire à leur fonctionnement. Et, compte tenu du mode de fonctionnement de la sélection naturelle, les avantages ne dépasseraient tout simplement pas les coûts. Mais s’agit-il seulement d’une question de taille ? La façon dont nos cerveaux sont organisés affecte-t-elle leur coût énergétique ? Une nouvelle étude, publiée dans Science Advances, apporte des réponses intéressantes.

par Mirazon Lahr
Professor of Human Evolutionary Biology & Director of the Duckworth Collection, University of Cambridge dans The Conversation

Tous nos organes ont des coûts énergétiques de fonctionnement, mais certains sont peu élevés et d’autres très chers. Les os, par exemple,demandent assez peu d’énergie. Bien qu’ils représentent environ 15 % de notre poids, ils n’utilisent que 5 % de notre métabolisme. Les cerveaux sont à l’autre extrémité du spectre, et avec environ 2 % du poids du corps humain typique, leur fonctionnement utilise environ 20 % de notre consommation d’énergie totale. Et ce, sans aucune réflexion particulièrement intense – cela se produit même lorsque nous dormons.

Sur The Conversation, retrouvez des analyses, pas des invectives.
Pour la plupart des animaux, les avantages qu’apporterait un cerveau si énergivore n’en vaudraient tout simplement pas la peine. Mais pour une raison encore inconnue – peut-être la plus grande énigme de l’évolution humaine – les humains ont trouvé des moyens de surmonter les coûts d’un cerveau plus gros et d’en récolter les bénéfices.

Il est certain que les humains doivent supporter les coûts les plus élevés de leur cerveau, mais ces derniers sont-ils différents en raison de la nature particulière de notre cognition ? Le fait de penser, de parler, d’être conscient de soi ou de faire des additions coûte-t-il plus cher que les activités quotidiennes typiques des animaux ?

Il n’est pas facile de répondre à cette question, mais l’équipe à l’origine de cette nouvelle étude, dirigée par Valentin Riedl de l’université technique de Munich, en Allemagne, a relevé le défi.

Les auteurs disposaient d’un certain nombre d’éléments connus pour commencer. La structure de base des neurones est à peu près la même dans tout le cerveau et chez toutes les espèces. La densité neuronale est également la même chez l’homme et les autres primates, de sorte qu’il est peu probable que les neurones soient le moteur de l’intelligence. Si c’était le cas, certains animaux dotés d’un gros cerveau, comme les orques et les éléphants, seraient probablement plus « intelligents » que les humains.

Les éléphants ont de plus gros cerveaux que les humains.

Ils savaient également qu’au cours de l’évolution humaine, le néocortex – la plus grande partie de la couche externe du cerveau, connue sous le nom de cortex cérébral – s’est développé plus rapidement que les autres parties. Cette région, qui comprend le cortex préfrontal, est responsable des tâches impliquant l’attention, la pensée, la planification, la perception et la mémoire épisodique, toutes nécessaires aux fonctions cognitives supérieures.

Ces deux observations ont amené les chercheurs à se demander si les coûts énergétiques de fonctionnement varient d’une région à l’autre du cerveau.

L’équipe a scanné le cerveau de 30 personnes à l’aide d’une technique permettant de mesurer simultanément le métabolisme du glucose (une mesure de la consommation d’énergie) et la quantité d’échanges entre neurones dans le cortex. Ils ont ensuite pu examiner la corrélation entre ces deux éléments et voir si les différentes parties du cerveau utilisaient des niveaux d’énergie différents.

Les neurobiologistes ne manqueront pas d’analyser et d’explorer les moindres détails de ces résultats, mais d’un point de vue évolutif, ils donnent déjà matière à réflexion. Les chercheurs ont constaté que la différence de consommation d’énergie entre les différentes zones du cerveau est importante. Toutes les parties du cerveau ne sont pas égales, énergétiquement parlant.

Les parties du cerveau humain qui se sont le plus développées ont des coûts plus élevés que prévu. Le néocortex demande environ 67 % d’énergie en plus que les réseaux qui contrôlent nos mouvements.

Cela signifie qu’au cours de l’évolution humaine, non seulement les coûts métaboliques de nos cerveaux ont augmenté au fur et à mesure qu’ils grossissaient, mais qu’ils l’ont fait à un rythme accéléré, le néocortex se développant plus rapidement que le reste du cerveau.

Pourquoi en est-il ainsi ? Un neurone est un neurone, après tout. Le néocortex est directement lié aux fonctions cognitives supérieures.

Les signaux envoyés à travers cette zone sont médiés par des substances chimiques cérébrales telles que la sérotonine, la dopamine et la noradrénaline (neuromodulateurs), qui créent des circuits dans le cerveau pour aider à maintenir un niveau général d’excitation (au sens neurologique du terme, c’est-à-dire d’éveil). Ces circuits, qui régulent certaines zones du cerveau plus que d’autres, contrôlent et modifient la capacité des neurones à communiquer entre eux.

En d’autres termes, ils maintiennent le cerveau actif pour le stockage de la mémoire et la réflexion – un niveau d’activité cognitive généralement plus élevé. Il n’est peut-être pas surprenant que le niveau d’activité plus élevé impliqué dans notre cognition avancée s’accompagne d’un coût énergétique plus élevé.

En fin de compte, il semble que le cerveau humain ait évolué vers des niveaux de cognition aussi avancés non seulement parce que nous avons de gros cerveaux, ni seulement parce que certaines zones de notre cerveau se sont développées de manière disproportionnée, mais aussi parce que la connectivité s’est améliorée.

De nombreux animaux dotés d’un gros cerveau, comme les éléphants et les orques, sont très intelligents. Mais il semble qu’il soit possible d’avoir un gros cerveau sans développer les « bons » circuits pour une cognition de niveau humain.

Ces résultats nous aident à comprendre pourquoi les gros cerveaux sont si rares. Un cerveau de grande taille peut permettre l’évolution d’une cognition plus complexe. Cependant, il ne s’agit pas simplement d’augmenter la taille des cerveaux et l’énergie au même rythme, mais d’assumer des coûts supplémentaires.

Cela ne répond pas vraiment à la question ultime : comment l’homme est-il parvenu à franchir le plafond de l’énergie cérébrale ? Comme souvent dans l’évolution, la réponse se trouve dans l’écologie, la source ultime d’énergie. La croissance et le maintien d’un cerveau de grande taille – quelles que soient les activités sociales, culturelles, technologiques ou autres auxquelles il est destiné – nécessitent un régime alimentaire fiable et de qualité.

Pour en savoir plus, nous devons explorer le dernier million d’années, la période où le cerveau de nos ancêtres s’est réellement développé, afin d’étudier cette interface entre la dépense énergétique et la cognition.

Société- Le projet fou d’Elon Musk de connecter les cerveaux

Société- Le projet fou d’Elon Musk de connecter les cerveaux

Elon Musk est sans doute un brillant ingénieur en même temps qu’un idéologue particulièrement dangereux. À la fois libertarien ( quand ça l’arrange), antisocial, soutien de Trump et promoteur du transhumanisme. Sa dernière idée consiste à remplacer les salariés par des robots et de connecter les cerveaux humain sans doute pour orienter et manipuler ce qui reste dans le champ de La liberté humaine. Officiellement, il s’agit d’organiser la synergie entre l’intelligence artificielle et l’homme. Officieusement il s’agirait plutôt de détruire tout espace de libre arbitre à l’espèce humaine.

À bien observer le milliardaire, on peut déceler dans son visage des formes d’anomalie mentale qui sont d’ailleurs confirmées par des propos de gourou manipulateur.

Le 30 novembre, Elon Musk a affirmé que sa start-up Neuralink serait en mesure d’implanter son premier appareil connecté dans le cerveau d’un humain d’ici à six mois. Une telle révolution soulève des questionnements éthiques vertigineux, argumente Murielle Popa-Fabre, docteur en neuro-imagerie du langage.

L’approbation de la Food and Drug Administration (FDA) tant attendue nous dira si Neuralink pourra enfin enregistrer les oscillations du cerveau humain avec l’ implant N1.Est de Musk . Son idée consiste à remplacer les salariés par des robots et de connecter les cerveaux sans doute pour orienter et manipuler ce qui reste dans le champ de l’indépendance humaine

Certains se rappelleront de la pédagogie prométhéenne du lancement de Neuralink, il y a trois ans. En tapant sur son micro, le patron de Tesla et SpaceX déclarait: «Vous pensez que c’est réel (ce toc, toc), mais ce ne sont que des potentiels électriques évoqués dans votre cerveau.» Elon Musk se lançait ainsi dans le projet de décoder et d’encoder des informations dans le cerveau en visant à long terme la symbiose entre l’homme et l’intelligence…

e projet fou d’Elon Musk de connecter les cerveaux

Le projet fou d’Elon Musk de connecter les cerveaux

Elon Musk est sans doute un brillante ingénieur en même temps qu’un idéologue particulièrement dangereux. À la fois libertarien ( quand ça l’arrange), antisocial, soutien de Trump et promoteur du transhumanisme. Sa dernière idée consiste à remplacer les salariés par des robots et de connecter les cerveaux humain sans doute pour orienter et manipuler ce qui reste dans le champ de La liberté humaine. Officiellement il s’agit d’organiser la synergie entre l’intelligence artificielle et l’homme. Officieusement il s’agirait plutôt de détruire tout espace de libre arbitre à l’espèce humaine.

À bien observer le milliardaire, on peut déceler dans son visage des formes d’anomalie mentale qui sont d’ailleurs confirmées par des propos de gourou manipulateur.

Le 30 novembre, Elon Musk a affirmé que sa start-up Neuralink serait en mesure d’implanter son premier appareil connecté dans le cerveau d’un humain d’ici à six mois. Une telle révolution soulève des questionnements éthiques vertigineux, argumente Murielle Popa-Fabre, docteur en neuro-imagerie du langage.

L’approbation de la Food and Drug Administration (FDA) tant attendue nous dira si Neuralink pourra enfin enregistrer les oscillations du cerveau humain avec l’ implant N1.Est de Musk . Son idée consiste à remplacer les salariés par des robots et de connecter les cerveaux sans doute pour orienter et manipuler ce qui reste dans le champ de l’indépendance humaine

Certains se rappelleront de la pédagogie prométhéenne du lancement de Neuralink, il y a trois ans. En tapant sur son micro, le patron de Tesla et SpaceX déclarait: «Vous pensez que c’est réel (ce toc, toc), mais ce ne sont que des potentiels électriques évoqués dans votre cerveau.» Elon Musk se lançait ainsi dans le projet de décoder et d’encoder des informations dans le cerveau en visant à long terme la symbiose entre l’homme et l’intelligence…

Société: Protéger les cerveaux des nouvelles technologies

 

Société: Protéger les cerveaux des nouvelles technologies

Pour la première fois, la Constitution d’un pays, le Chili, instaure des « neurodroits », destinés à protéger les cerveaux humains des dérives de la technologie. Par Philippe Boyer, directeur relations institutionnelles et innovation à Covivio.( la « Tribune »)

Pas sûr qu’Elon Musk soit le bienvenu à Santiago. L’emblématique patron de Tesla, et depuis peu de Twitter, est également le créateur de la société Neuralink(1) qui a pour objet d’élaborer une connexion directe entre le cerveau de l’Homme et des ordinateurs, et cela, grâce à des implants placés dans le cortex. D’abord à usage médical, pour soigner des troubles neurologiques graves, Elon Musk ne cache pas qu’il a également pour ambition d’implanter des puces dans des cerveaux humains afin de doter l’organisme d’un supplément de capacités digne d’un ordinateur.

Pour l’heure, seule la truie Gertrude(2) eut « l’honneur » d’expérimenter cette interface cerveau-machine (ICM), digne d’un passable ouvrage de science-fiction. Grâce à la puce de 8 millimètres insérée dans son cerveau, les scientifiques ont pu observer l’activité neuronale de l’animal selon que Gertrude se nourrissait, se déplaçait ou encore dormait. Fort de ces premiers essais pratiqués sur des cobayes animaux, le fondateur de Neuralink rêve déjà à l’étape suivante : obtenir les autorisations pour implanter des puces dans les cerveaux d’humains volontaires. Une fois ceci réalisé, ceux-ci pourraient alors « utiliser un smartphone avec leur esprit plus rapidement qu’avec leurs pouces(3) ». Nul besoin de préciser que les conséquences de cette idée de connexion « Hommes-machines » percutent nos convictions éthiques, philosophiques et morales les plus profondes, à commencer par le simple énoncé de ces quelques questions de bon sens : à qui appartiendront les données issues de nos cerveaux, de nos pensées, voire de nos rêves ? A quelles fins pourraient-être utilisées ces technologies ? Et puis, quelles nouvelles inégalités pourraient-elles créer ? Abyssales interrogations…

Modification de l’article 19 de la Constitution du Chili

C’est dans ce contexte, où la techno-réalité dépasse la science-fiction, que l’ex-président de la République chilienne, Sebastian Piñera (les récentes élections de mars 2022 l’ont, depuis, démis de ses fonctions) prit l’initiative de proposer et faire voter une loi, puis de modifier la Constitution de son pays en légiférant sur les «neurodroits» (neuroderechos) ou droits du cerveau. La modification constitutionnelle fut promulguée le 14 octobre dernier et l’ajout d’un nouvel alinéa de quelques lignes à l’article 19(4) suffit à faire du Chili le pionnier dans la protection des « droits du cerveau » en inscrivant que « le développement scientifique et technologique est au service des personnes et doit se faire dans le respect de la vie et de l’intégrité physique et mentale. La loi réglemente les exigences, les conditions et les restrictions de son utilisation chez les personnes, et doit notamment protéger l’activité cérébrale, ainsi que les informations qui en proviennent(5)».

Se prémunir contre le « brain hacking »

Dans ses travaux préparatoires, le Sénat chilien détailla ce qu’il faut entendre par « neurodroits inaliénables ». En l’occurrence, il s’est employé à établir et détailler trois conditions de préservation des individus qui auraient été soumis à un éventuel « piratage de cerveau » (brain hacking) dès lors qu’une machine aurait été connectée, consciemment ou pas, à leurs cerveaux : 1/ affirmer la préservation des données de l’esprit humain afin d’éviter leur trafic, 2/ encadrer le rôle des « neuroalgorithmes » et 3/ limiter les capacités d’écriture dans le cerveau(6). On croirait lire le script du film du réalisateur Christopher Nolan, « Inception », qui met en scène la capacité à lire dans les rêves et à graver des idées dans le cerveau de personnes.

Cerveau connecté : mythe ou réalité ?

Face à Elon Musk qui n’hésite pas à surenchérir en proclamant que nous serions proches d’une sorte de singularité couplant Hommes et machines, il faut se méfier des annonces tonitruantes promptes, d’une part, à faire naître des attentes démesurées chez des patients atteints de pathologies neurologiques et, d’autre part, d’entretenir le mythe d’une machine connectée à notre cerveau capable de sonder notre tréfonds cérébral. La lecture de la littérature scientifique sur ce sujet remet quelque peu les pendules à l’heure(7).

En 2014, des scientifiques européens publièrent une lettre ouverte(8) à l’Union européenne demandant une réorientation urgente du projet « Human Brain Project(9) » qui vise, d’ici à 2024, à simuler le fonctionnement du cerveau humain grâce à un superordinateur qui fournirait des informations capables d’aider à développer de nouvelles thérapies médicales pour soigner les maladies neurologiques. Pour ces scientifiques, il faudra bien plus qu’une machine, aussi puissante soit elle, pour simuler le comportement d’un cerveau entier. Rien que pour le cortex (la partie supérieure du cerveau), ce sont des milliards de neurones, pouvant chacun se connecter à 10.000 autres par le biais de quatre à dix messages chimiques différents. Et, en plus du cortex, il faut ajouter les autres zones du cerveau (cervelet, système limbique…) qui, elles aussi, interagissent les unes avec les autres. Cette lettre ouverte des scientifiques porta ses fruits puisque le projet « Human Brain Project » fut remodelé et l’utopie d’un futur humain connecté passa au second plan au profit de la recherche neurologique.

Éthique des neurotechnologies

En Europe, aux Etats-Unis ou en Asie, de nombreux programmes de recherche en neurosciences sont en cours et drainent des budgets très importants. Du fait de leurs objets qui, parfois, frisent avec la manipulation mentale et la prise de contrôle du cerveau, la seule limite à se fixer est celle de l’éthique.

Pour l’heure, il n’existe pas (encore) de charte mondiale que les Etats s’engageraient à respecter, à l’instar de nombreux traités internationaux sur la non-prolifération d’armes nucléaires.

Les futures grandes règles éthiques à respecter sont néanmoins connues : d’abord, la confidentialité et le consentement des données collectées. Ensuite, la préservation de l’identité et, en cela, la non-altération de notre capacité à choisir nos actions (ce principe renvoi à l’idée que des implants neuronaux pourraient influencer nos effets cognitifs, émotionnels, voire notre personnalité même).

Et enfin, la maîtrise du domaine problématique de l’augmentation cognitive. Ici, il s’agirait de borner ce que les neurotechnologies pourraient apporter en matière d’amélioration des performances cognitives afin d’aboutir à cet humain artificiellement « augmenté ».

Autant de garde-fous éminemment éthiques destinés à éviter qu’un docteur Folamour n’ouvre un jour la boîte de Pandore et qu’un « neuro-charlatanisme » ne devienne la norme. Si tel était le cas, il ne nous resterait alors qu’à traverser l’Atlantique, direction Santiago.

 

 

___
NOTES

1 https://neuralink.com/

2 https://siecledigital.fr/2020/09/02/neuralink-teste-son-implant-neuronal-sur-des-porcs/

3 https://medium.com/geekculture/how-elon-musks-neuralink-could-disrupt-the-smartphone-industry-1b18d4a583d2

4 https://www.senado.cl/proteccion-de-los-neuroderechos-a-un-paso-de-pasar-a-segundo-tramite

5https://www.bcn.cl/leychile/navegar?idNorma=1166983&idParte=10278855&idVersion=2021-10-25

6 Bruno Patino Tempête dans le bocal, Ed Grasset 2022

7 A lire : Les nouvelles frontières du cerveau, Hors Série Le Point

8 https://www.science.org/content/article/updated-european-neuroscientists-revolt-against-eus-human-brain-project

9 https://www.humanbrainproject.eu/en/

Protéger nos cerveaux des nouvelles technologies

Protéger nos cerveaux des nouvelles technologies

Pour la première fois, la Constitution d’un pays, le Chili, instaure des « neurodroits », destinés à protéger les cerveaux humains des dérives de la technologie. Par Philippe Boyer, directeur relations institutionnelles et innovation à Covivio.( la « Tribune »)

Pas sûr qu’Elon Musk soit le bienvenu à Santiago. L’emblématique patron de Tesla, et depuis peu de Twitter, est également le créateur de la société Neuralink(1) qui a pour objet d’élaborer une connexion directe entre le cerveau de l’Homme et des ordinateurs, et cela, grâce à des implants placés dans le cortex. D’abord à usage médical, pour soigner des troubles neurologiques graves, Elon Musk ne cache pas qu’il a également pour ambition d’implanter des puces dans des cerveaux humains afin de doter l’organisme d’un supplément de capacités digne d’un ordinateur.

Connecteriez-vous votre cerveau ?

Pour l’heure, seule la truie Gertrude(2) eut « l’honneur » d’expérimenter cette interface cerveau-machine (ICM), digne d’un passable ouvrage de science-fiction. Grâce à la puce de 8 millimètres insérée dans son cerveau, les scientifiques ont pu observer l’activité neuronale de l’animal selon que Gertrude se nourrissait, se déplaçait ou encore dormait. Fort de ces premiers essais pratiqués sur des cobayes animaux, le fondateur de Neuralink rêve déjà à l’étape suivante : obtenir les autorisations pour implanter des puces dans les cerveaux d’humains volontaires. Une fois ceci réalisé, ceux-ci pourraient alors « utiliser un smartphone avec leur esprit plus rapidement qu’avec leurs pouces(3) ». Nul besoin de préciser que les conséquences de cette idée de connexion « Hommes-machines » percutent nos convictions éthiques, philosophiques et morales les plus profondes, à commencer par le simple énoncé de ces quelques questions de bon sens : à qui appartiendront les données issues de nos cerveaux, de nos pensées, voire de nos rêves ? A quelles fins pourraient-être utilisées ces technologies ? Et puis, quelles nouvelles inégalités pourraient-elles créer ? Abyssales interrogations…

Modification de l’article 19 de la Constitution du Chili

C’est dans ce contexte, où la techno-réalité dépasse la science-fiction, que l’ex-président de la République chilienne, Sebastian Piñera (les récentes élections de mars 2022 l’ont, depuis, démis de ses fonctions) prit l’initiative de proposer et faire voter une loi, puis de modifier la Constitution de son pays en légiférant sur les «neurodroits» (neuroderechos) ou droits du cerveau. La modification constitutionnelle fut promulguée le 14 octobre dernier et l’ajout d’un nouvel alinéa de quelques lignes à l’article 19(4) suffit à faire du Chili le pionnier dans la protection des « droits du cerveau » en inscrivant que « le développement scientifique et technologique est au service des personnes et doit se faire dans le respect de la vie et de l’intégrité physique et mentale. La loi réglemente les exigences, les conditions et les restrictions de son utilisation chez les personnes, et doit notamment protéger l’activité cérébrale, ainsi que les informations qui en proviennent(5)».

Se prémunir contre le « brain hacking »

Dans ses travaux préparatoires, le Sénat chilien détailla ce qu’il faut entendre par « neurodroits inaliénables ». En l’occurrence, il s’est employé à établir et détailler trois conditions de préservation des individus qui auraient été soumis à un éventuel « piratage de cerveau » (brain hacking) dès lors qu’une machine aurait été connectée, consciemment ou pas, à leurs cerveaux : 1/ affirmer la préservation des données de l’esprit humain afin d’éviter leur trafic, 2/ encadrer le rôle des « neuroalgorithmes » et 3/ limiter les capacités d’écriture dans le cerveau(6). On croirait lire le script du film du réalisateur Christopher Nolan, « Inception », qui met en scène la capacité à lire dans les rêves et à graver des idées dans le cerveau de personnes.

Cerveau connecté : mythe ou réalité ?

Face à Elon Musk qui n’hésite pas à surenchérir en proclamant que nous serions proches d’une sorte de singularité couplant Hommes et machines, il faut se méfier des annonces tonitruantes promptes, d’une part, à faire naître des attentes démesurées chez des patients atteints de pathologies neurologiques et, d’autre part, d’entretenir le mythe d’une machine connectée à notre cerveau capable de sonder notre tréfonds cérébral. La lecture de la littérature scientifique sur ce sujet remet quelque peu les pendules à l’heure(7).

En 2014, des scientifiques européens publièrent une lettre ouverte(8) à l’Union européenne demandant une réorientation urgente du projet « Human Brain Project(9) » qui vise, d’ici à 2024, à simuler le fonctionnement du cerveau humain grâce à un superordinateur qui fournirait des informations capables d’aider à développer de nouvelles thérapies médicales pour soigner les maladies neurologiques. Pour ces scientifiques, il faudra bien plus qu’une machine, aussi puissante soit elle, pour simuler le comportement d’un cerveau entier. Rien que pour le cortex (la partie supérieure du cerveau), ce sont des milliards de neurones, pouvant chacun se connecter à 10.000 autres par le biais de quatre à dix messages chimiques différents. Et, en plus du cortex, il faut ajouter les autres zones du cerveau (cervelet, système limbique…) qui, elles aussi, interagissent les unes avec les autres. Cette lettre ouverte des scientifiques porta ses fruits puisque le projet « Human Brain Project » fut remodelé et l’utopie d’un futur humain connecté passa au second plan au profit de la recherche neurologique.

Éthique des neurotechnologies

En Europe, aux Etats-Unis ou en Asie, de nombreux programmes de recherche en neurosciences sont en cours et drainent des budgets très importants. Du fait de leurs objets qui, parfois, frisent avec la manipulation mentale et la prise de contrôle du cerveau, la seule limite à se fixer est celle de l’éthique.

Pour l’heure, il n’existe pas (encore) de charte mondiale que les Etats s’engageraient à respecter, à l’instar de nombreux traités internationaux sur la non-prolifération d’armes nucléaires.

Les futures grandes règles éthiques à respecter sont néanmoins connues : d’abord, la confidentialité et le consentement des données collectées. Ensuite, la préservation de l’identité et, en cela, la non-altération de notre capacité à choisir nos actions (ce principe renvoi à l’idée que des implants neuronaux pourraient influencer nos effets cognitifs, émotionnels, voire notre personnalité même).

Et enfin, la maîtrise du domaine problématique de l’augmentation cognitive. Ici, il s’agirait de borner ce que les neurotechnologies pourraient apporter en matière d’amélioration des performances cognitives afin d’aboutir à cet humain artificiellement « augmenté ».

Autant de garde-fous éminemment éthiques destinés à éviter qu’un docteur Folamour n’ouvre un jour la boîte de Pandore et qu’un « neuro-charlatanisme » ne devienne la norme. Si tel était le cas, il ne nous resterait alors qu’à traverser l’Atlantique, direction Santiago.

 

 

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NOTES

1 https://neuralink.com/

2 https://siecledigital.fr/2020/09/02/neuralink-teste-son-implant-neuronal-sur-des-porcs/

3 https://medium.com/geekculture/how-elon-musks-neuralink-could-disrupt-the-smartphone-industry-1b18d4a583d2

4 https://www.senado.cl/proteccion-de-los-neuroderechos-a-un-paso-de-pasar-a-segundo-tramite

5https://www.bcn.cl/leychile/navegar?idNorma=1166983&idParte=10278855&idVersion=2021-10-25

6 Bruno Patino Tempête dans le bocal, Ed Grasset 2022

7 A lire : Les nouvelles frontières du cerveau, Hors Série Le Point

8 https://www.science.org/content/article/updated-european-neuroscientists-revolt-against-eus-human-brain-project

9 https://www.humanbrainproject.eu/en/

Stellantis : L’indécence sociale de la rémunération du patron

Stellantis : L’indécence sociale de la rémunération du patron

 

Le dirigeant du constructeur automobile pourrait toucher plusieurs dizaines de millions d’euros d’ici à 2028. Si les compétences de Carlos Tavares ne sont pas en cause, une entreprise ne peut pas être déconnectée du contexte dans lequel elle évolue.

 

Editorial du « Monde ».

 

Les actionnaires font parfois preuve de davantage de bon sens que les conseils d’administration. Celui de Stellantis a décidé d’appliquer à son PDG, Carlos Tavares, un mécanisme de rémunération qui défie la pesanteur. Le dirigeant du constructeur automobile issu de la fusion entre PSA et Fiat-Chrysler pourrait toucher plusieurs dizaines de millions d’euros en fonction de l’atteinte d’objectifs qui lui ont été fixés d’ici à 2028.

Sur la seule année 2021, la rémunération de Carlos Tavares s’élève à 19 millions d’euros. Les actionnaires réunis en assemblée générale, mercredi 13 avril, ont, à la surprise générale, voté contre ce dispositif, au moment où il est demandé aux salariés de redoubler d’efforts pour accomplir la transition vers le véhicule électrique.

Les compétences du dirigeant ne sont pas en cause. Sous sa direction, le groupe a su mener à bien une fusion compliquée dans un contexte chahuté en raison de la crise sanitaire. En 2021, l’entreprise a ainsi dégagé 13 milliards d’euros de profits, faisant de Stellantis l’un des constructeurs les plus rentables au monde.

Mais, quand l’évolution de la rémunération de M. Tavares atteint des niveaux stratosphériques, celle des salariés reste strictement encadrée. Alors que le rythme d’inflation atteint déjà 4,5 % en France, les ouvriers se sont vu attribuer une hausse de 2,8 % ainsi qu’une prime d’intéressement et de participation d’environ 4 000 euros.

Qu’un dirigeant soit généreusement payé peut paraître légitime, lorsque les résultats sont au rendez-vous. Ce qui l’est moins, ce sont les politiques de rémunération qui donnent le sentiment qu’il n’y a pas de limites à la valeur du mérite. Il s’agirait de récompenser des compétences exceptionnelles dans un marché très étroit du recrutement des dirigeants. Mais la loi de l’offre et de la demande n’autorise pas tous les excès. La preuve : au titre de 2021, le patron de Toyota touche six fois moins que M. Tavares et celui de Volkswagen deux fois moins. Stellantis a préféré s’aligner sur les niveaux en vigueur aux Etats-Unis, où presque tout est permis.

Une entreprise ne peut pas être déconnectée du contexte social dans lequel elle évolue. Si certaines ont été capables d’afficher de solides performances en sortie de crise sanitaire, elles ne le doivent pas seulement à leur direction mais aussi au soutien massif à l’économie, grâce à l’argent public.Cette polémique tombe mal. Les milieux économiques s’inquiètent à raison des conséquences d’une victoire de Marine Le Pen à l’élection présidentielle le 24 avril. Cette perspective devrait inciter les administrateurs à ne pas nourrir davantage le populisme ambiant en faisant preuve de modération dans les politiques de rémunération des dirigeants.

Les actionnaires de Stellantis ont eu cet éclair de lucidité. Mais leur avis n’est que consultatif, selon le droit néerlandais, la société étant enregistrée aux Pays-Bas. Il y a six ans, ceux de Renault s’étaient déjà prononcés contre la rémunération de Carlos Ghosn proposée par le conseil d’administration, qui avait passé outre ce refus. Ce simulacre de démocratie actionnariale est d’autant plus choquant que l’Etat est présent au capital des deux constructeurs. Malgré son opposition à ces rémunérations, il est réduit à l’impuissance.

Dans un contexte de montée des inégalités et de hausse des prix qui rend la question du pouvoir d’achat inflammable, les sommes proposées par le conseil de Stellantis ne sont pas seulement indécentes, elles sapent notre contrat social. Le capitalisme voudrait scier la branche sur laquelle il est assis qu’il ne s’y prendrait pas autrement.

Le Monde

 

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Russie: l’exode des cerveaux

Russie: l’exode des cerveaux

Parallèlement aux 3 millions de réfugiés ukrainiens, des Russes quittent leur pays. Issus des classes moyennes et intellectuelles, ils constatent qu’ils ne peuvent plus travailler dans les conditions actuelles, relève, dans sa chronique, Sylvie Kauffmann, éditorialiste au « Monde ».

 

 

Chronique.

 

En 1979, au plus fort de la guerre froide, Mikhaïl et Evguennia Brin ont réussi à quitter l’Union soviétique, avec leurs deux petits garçons, pour fuir l’antisémitisme institutionnel ; ils étaient parmi les derniers juifs à pouvoir partir avant la vague suivante de départs, à la fin des années 1980, sous Gorbatchev. Arrivé aux Etats-Unis, M. Brin a été embauché par l’université de Maryland comme professeur de mathématiques et sa femme a rejoint le département de la recherche de la NASA.

L’un de leurs fils, Sergueï, avait alors 6 ans. Devenu grand, il a été admis à l’université Stanford, où il a rencontré un certain Larry Page. A eux deux, en 1998, ils ont créé Google, moins de vingt ans après l’immigration de la famille Brin.

 

L’histoire est emblématique de l’une des vagues d’émigration qu’a connues la Russie au XXsiècle : intellectuels juifs et dissidents ont constitué un précieux réservoir de matière grise pour la science et la technologie américaines et, accessoirement, israéliennes. Après la chute de l’URSS, en décembre 1991, le flux s’est accéléré. Ayant enfin la possibilité de voyager librement et soucieux de fuir le chaos économique de la transition post-soviétique, les diplômés russes et leurs enfants sont partis par centaines de milliers. Pour toujours.

Trente ans plus tard, un autre exode a commencé. Il y a celui, désespéré, des Ukrainiens, dont 3 millions ont déjà fui leur pays sous les bombes russes. Pour eux, c’est une question de survie. Et, parallèlement, il y a la fuite, plus discrète, des classes moyennes et des élites intellectuelles qui quittent la Russie. Il ne s’agit pas des fameux oligarques, bloqués en Russie par les sanctions occidentales. Ces Russes-là sont artistes, journalistes, chercheurs, et aussi, pour beaucoup, entrepreneurs, informaticiens, employés du secteur high-tech qui avait fini par se constituer en Russie. Ils ne fuient pas les bombes. Leur vie n’est pas menacée, mais leur avenir est mort. « La guerre de Poutine pousse les meilleurs cerveaux du high-tech russe à l’exil », écrivaient, lundi 14 mars dans le Washington Post, Andrei Soldatov et Irina Borogan, deux très bons spécialistes de la dimension politique du Web russe. Eux-mêmes ont déjà choisi l’exil et vivent à Londres.

 

Ceux qui partent depuis trois semaines, relève Tatiana Kastoueva-Jean, spécialiste de la Russie à l’Institut français des relations internationales (IFRI), représentent « la classe créative » de la société russe. Ceux qui ont compris qu’ils ne peuvent plus travailler dans les conditions actuelles – artistes et journalistes –, ceux qui craignent d’être enfermés derrière « un nouveau rideau de fer » et ceux qui redoutent le spectre des purges staliniennes. Peu d’entre eux gagnent l’Union européenne (UE) : les vols sont suspendus, les visas sont rares, le vaccin Spoutnik n’y est pas reconnu. Les mieux organisés ont quand même pu rejoindre la Finlande ou l’Estonie par le train. Les autres partent pour la Turquie, le Montenegro et les ex-républiques soviétiques : Bakou, Tbilissi, Erevan, voire l’Asie centrale. La Géorgie dit avoir vu arriver 25 000 de ces « réfugiés » russes ; ils seraient 80 000 en Arménie. L’économiste Konstantin Sorin, de l’université de Chicago, estime à 200 000 le nombre de ceux qui ont déjà quitté la Russie depuis le début de la guerre en Ukraine.

Biais cognitifs: la relation machine et cerveaux

 

Le sociologue poursuit ses travaux sur les biais intellectuels et les croyances. Mais il leur donne une ampleur nouvelle dans « Apocalypse cognitive », réflexion sur les risques cruciaux que nous font courir nos intuitions erronées.( Analyse dans le Monde, extraits )

Contraintes sanitaires obligent, la rencontre s’est faite sur écran, en « distanciel » comme dit la novlangue. Situation banale qui, avec Gérald Bronner, cesse de l’être. Elle se révèle, en réalité, particulièrement pertinente. Car l’entretien à distance crée une combinaison curieuse de proximité et d’éloignement, or ces éléments se tiennent, de plusieurs manières, au cœur de sa réflexion.

En effet, Apocalypse cognitive, son treizième ouvrage, accorde une place centrale aux écrans, à l’attraction des images et de l’immédiat. Le sociologue en scrute méfaits et bienfaits, cherche ce qu’ils révèlent de notre humanité, de notre fonctionnement cérébral, pour le pire comme le meilleur, aussi lucidement que possible. Soucieux de rendre ce constat utile, même par sa face sombre, il examine également les moyens de mettre au point, pour l’avenir, un bon usage de nos machines et de nos neurones, afin de voir advenir, plutôt qu’une régression, un nouvel essor de la civilisation.

La proximité de l’apparence, la distance de l’arrière-plan concernent aussi le parcours personnel de ce chercheur, professeur de sociologie à l’université de Paris (anciennement Denis-Diderot), de plus en plus présent, d’année en année, dans les médias, les librairies et les débats publics, depuis que La Démocratie des crédules (PUF, 2013), couronné par cinq prix, l’a fait connaître bien au-delà des cercles universitaires.

Un « transclasse »

A l’écran, donc, l’image d’un quinquagénaire souriant, presque juvénile. Sa simplicité fait vite oublier qu’il est couvert de titres et de fonctions académiques et que la liste de ses contributions savantes dans les revues de recherche occupe des pages. Et pourtant, ce n’est pas un « héritier ». Rien, à distance, ne le prédisposait à devenir ce qu’il est aujourd’hui.

Né dans une famille modeste de la banlieue de Nancy, le sociologue remarque aujourd’hui qu’il « coche toutes les cases » de ce qui définit un « transclasse ». Toutes, sauf celles, pourtant habituelles, du dolorisme et de la honte. Avoir vécu d’abord sans livres, sans musique, sans église, sans syndicat ne lui inspire aucune gêne. Il y voit au contraire une forme de chance, la clé d’un « nomadisme social » qui lui donne aujourd’hui le sentiment, en n’étant jamais nulle part tout à fait à sa place, de pouvoir observer partout le jeu social avec « une distance amusée ».

Difficile de savoir dans quelle mesure cette trajectoire personnelle a conduit Gérald Bronner à se défier du déterminisme social, façon Bourdieu, et à privilégier la marge de décision et de responsabilité des acteurs, dans le sillage de son maître, le philosophe et sociologue Raymond Boudon (1934-2013). En tout cas, il reconnaît volontiers un lien direct entre sa biographie et son champ de recherche, délimité par nos erreurs dues aux biais cognitifs, et nos croyances déraisonnables, dues à notre difficulté à endurer l’incertitude. « J’ai été mon premier laboratoire », confie-t-il.

 

Déconfinement d’abord des cerveaux des décideurs

Déconfinement d’abord des cerveaux des décideurs 

 

 

La problématique du   confinement a soudain jailli dans les médias alors que le confinement n’est même pas encore totalement réalisé et qu’ en fait on  trouve trop de français qui  se baladent un peu comme ils veulent. -Les 20 % de parisiens qui ont fui la capitale , ceux qui  possèdent des résidences secondaires parisiens ou non. Le danger est évidemment que cette mobilité favorise la contamination dans des régions qui ne sont pas équipées sanitairement pour traiter les malades. C’est le cas notamment pour les localités maritimes  située en Loire-Atlantique et en Vendée.

Alors qu’on ne sait rien encore ou pas grand-chose du virus concernant notamment son mode de propagation, son traitement et encore moins sa prévention par vaccin, on parle déjà de déconfinement. Un discours totalement contre-productif et irresponsable. En effet une deuxième vague de contamination n’est pas impossible notamment du fait que le virus comme souvent peut évoluer et prendre d’autres formes.

Enfin surtout du fait que l’Afrique est atteinte quatre à six mois après les autres zones. Et que la seconde vague de contamination pourrait venir fin 2020 et début 2021 de ce continent incapable évidemment de contenir une pandémie. Une contamination facilité par la grande mobilité entre l’Europe et l’Afrique. Du coup les spéculations sur le D confinement apparaisse assez surréaliste. D’autant qu’on ne dit rien sinon que ce n’est pas pour demain et qui pourrait être progressif .




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