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Elon Musk : Des implants cérébraux pour lutter contre l’intelligence artificielle

Elon Musk : Des implants cérébraux pour lutter contre l’intelligence artificielle

Elon Musk sans doute un ingénieur brillant et un grand homme d’affaires mais on peut s’inquiéter de sa proposition d’implanter des implants soi-disant pour lutter contre l’intelligence artificielle. Par ailleurs ses fondements idéologiques proche de Trump ne manquent pas d’interroger sans parler de ses folies d’envoyer du monde sur Mars pour fuir la terres polluées !

Elon Musk a annoncé lundi 29 janvier que la start-up Neuralink, dont il est cofondateur, a posé dimanche son premier implant cérébral sur un patient, une opération qui a déjà été réalisée à plusieurs reprises par d’autres sociétés et chercheurs. Située à Fremont (Californie), dans la banlieue de San Francisco, Neuralink avait obtenu en mai le feu vert de l’Agence américaine de régulation des médicaments et appareils médicaux, la FDA. Son implant, de la taille d’une pièce de monnaie, a déjà été placé dans le cerveau d’un macaque, qui a réussi à jouer au jeu vidéo «Pong» sans manette ni clavier. «Les premiers résultats montrent une activité neuronale prometteuse», a écrit Elon Musk sur X (ex-Twitter), au sujet de l’implant sur un patient.

Fondé en 2016, Neuralink est loin d’être la première à installer un implant cérébral, aussi appelé interface cerveau-machine (ICM), sur un humain. En septembre, l’entreprise néerlandaise Onward avait annoncé qu’elle testait le couplage d’un implant cérébral à un autre stimulant la moelle épinière, dans le but de permettre à un patient tétraplégique de retrouver de la mobilité. Dès 2019, des chercheurs de l’institut grenoblois Clinatec avaient présenté un implant permettant, une fois posé, à une personne tétraplégique d’animer un exosquelette et de remuer les bras ou de se déplacer.

Elon Musk ambitionne aussi de proposer son implant à tous, afin de permettre de mieux communiquer avec les ordinateurs et de contenir, selon lui, le «risque pour notre civilisation» que fait peser l’intelligence artificielle.

Folie technologique : Implants cérébraux sur l’homme dès cette année

Folie technologique : Implants cérébraux sur l’homme dès cette année

Elon Musk ( avec sa société Neuralink ) dotera un premier être humain d’implants cérébraux dès cette année. Le milliardaire américain a donné cet objectif, vendredi 16 juin, lors d’une conférence organisée au salon VivaTech à Paris. Son but ? Tout simplement faire communiquer directement cerveaux et ordinateurs. Franceinfo évoque les questions éthiques de cette technologie questions éthiques.

1Neuralink, qu’est-ce que c’est ?
Neuralink est une entreprise cofondée par Elon Musk en 2016, qui conçoit des appareils à implanter dans le cerveau pour communiquer avec les ordinateurs directement par la pensée. A moyen terme, l’objectif est d’aider des personnes paralysées, atteintes de lésions de la moelle épinière ou souffrant de maladies neurologiques comme la maladie de Parkinson. A long terme, Elon Musk entend créer une relation symbiotique entre l’homme et l’intelligence artificielle, ce qui pourrait brouiller les frontières entre la pensée humaine et l’informatique.

Selon des données du cabinet Pitchbook, Neuralink, basée en Californie, emploie plus de 400 personnes et a levé au moins 363 millions de dollars.

2Comment fonctionne cette technologie ?

La technologie de Neuralink consiste en un implant placé dans le cerveau par une chirurgie effectuée par un robot. Une fois implanté, l’objet serait invisible de l’extérieur et serait alimenté par une petite batterie rechargeable à distance. L’implant, de la taille d’une pièce de monnaie, dispose d’électrodes capables d’enregistrer des signaux nerveux et de stimuler des régions spécifiques du cerveau.

Neuralink travaille aussi sur le développement d’implants à installer dans la moelle épinière ou les yeux, pour rendre la mobilité ou la vision. La start-up veut rendre ces implants suffisamment sûrs et fiables pour qu’ils relèvent de la chirurgie élective (de confort). Des personnes pourraient alors débourser quelques milliers de dollars pour doter leur cerveau d’une puissance informatique.

3Des tests ont-ils déjà été menés ?
Elon Musk, qui promet souvent l’avènement de nouvelles technologies développées par ses entreprises avant leur arrivée concrète, avait estimé en juillet 2019 que Neuralink pourrait réaliser ses premiers tests sur des individus dès 2020. Pour l’instant, les prototypes ont été implantés dans le crâne d’animaux, dont des singes. La start-up avait ainsi montré, en 2021, un singe pouvant jouer au jeu vidéo Pong grâce à la pensée ou d’autres pouvant écrire des mots sur des écrans en suivant des yeux le mouvement du curseur.

Interrogée par Le Parisien, la neurobiologiste Catherine Vidal, directrice de recherche honoraire à l’Institut Pasteur, assure que ces résultats préliminaires restent cependant « bien loin des objectifs affichés par Elon Musk pour pallier les handicaps chez les humains ».

4Quels problèmes éthiques cela pose-t-il ?

L’idée d’une symbiose entre l’humain et la machine enthousiasme depuis longtemps certains férus de technologies, tout en alimentant les cauchemars d’un futur dystopique dominé par les cyborgs, des êtres humains greffés avec de la mécanique ou de l’électronique, comme l’explique le musée de l’Homme. Dans un sondage réalisé par l’institut de recherche Pew l’an dernier, 78% des personnes adultes interrogées déclaraient qu’elles ne souhaitaient probablement pas ou certainement pas qu’une puce informatique soit implantée dans leur cerveau pour traiter les informations plus rapidement.

Selon l’agence de presse Reuters, le ministère de l’Agriculture américain a en outre ouvert en décembre une enquête sur de possibles infractions aux textes sur la protection des animaux par Neuralink. L’agence rapportait alors que l’entreprise avait tué environ 1 500 animaux, dont plus de 280 moutons, cochons et singes. Au sujet des expérimentations sur les singes, le site d’information Cnet rappelle que l’ONG américaine Physicians Committee for Responsible Medicine a, en décembre dernier, assuré que « des centaines de pages de documents publics ont révélé de véritables horreurs : crânes ouverts, dispositifs implantés, infections chroniques, paralysie, convulsions et mort ».

5Est-ce la seule entreprise à se positionner sur ce marché ?

Même si Neuralink attire l’attention des médias, la start-up est loin d’être la seule à travailler sur le contrôle des ordinateurs par la pensée. Synchron, une entreprise américano-australienne, a ainsi annoncé en juillet 2022 avoir implanté la première interface cerveau-machine sur un humain aux Etats-Unis. Selon des informations de presse, Elon Musk a contacté l’an dernier Synchron pour proposer un éventuel investissement.

La société Blackrock Neurotech a également reçu l’approbation de l’agence américaine supervisant les dispositifs médicaux (FDA) pour des essais sur l’être humain. Un cofondateur de Neuralink a aussi quitté l’entreprise et levé des sommes importantes pour sa propre start-up, baptisée Science Corp. Parmi les autres entreprises cherchant à s’établir dans le secteur figurent BrainCo, Kernel ou encore CTRL-Labs, une entité de la division « réalité virtuelle » de Meta.

Implants cérébraux sur l’homme dès cette année ?

Implants cérébraux sur l’homme dès cette année

Elon Musk ( avec sa société Neuralink ) dotera un premier être humain d’implants cérébraux dès cette année. Le milliardaire américain a donné cet objectif, vendredi 16 juin, lors d’une conférence organisée au salon VivaTech à Paris. Son but ? Tout simplement faire communiquer directement cerveaux et ordinateurs. Franceinfo évoque les questions éthiques de cette technologie questions éthiques.

1Neuralink, qu’est-ce que c’est ?
Neuralink est une entreprise cofondée par Elon Musk en 2016, qui conçoit des appareils à implanter dans le cerveau pour communiquer avec les ordinateurs directement par la pensée. A moyen terme, l’objectif est d’aider des personnes paralysées, atteintes de lésions de la moelle épinière ou souffrant de maladies neurologiques comme la maladie de Parkinson. A long terme, Elon Musk entend créer une relation symbiotique entre l’homme et l’intelligence artificielle, ce qui pourrait brouiller les frontières entre la pensée humaine et l’informatique.

Selon des données du cabinet Pitchbook, Neuralink, basée en Californie, emploie plus de 400 personnes et a levé au moins 363 millions de dollars.

2Comment fonctionne cette technologie ?

La technologie de Neuralink consiste en un implant placé dans le cerveau par une chirurgie effectuée par un robot. Une fois implanté, l’objet serait invisible de l’extérieur et serait alimenté par une petite batterie rechargeable à distance. L’implant, de la taille d’une pièce de monnaie, dispose d’électrodes capables d’enregistrer des signaux nerveux et de stimuler des régions spécifiques du cerveau.

Neuralink travaille aussi sur le développement d’implants à installer dans la moelle épinière ou les yeux, pour rendre la mobilité ou la vision. La start-up veut rendre ces implants suffisamment sûrs et fiables pour qu’ils relèvent de la chirurgie élective (de confort). Des personnes pourraient alors débourser quelques milliers de dollars pour doter leur cerveau d’une puissance informatique.

3Des tests ont-ils déjà été menés ?
Elon Musk, qui promet souvent l’avènement de nouvelles technologies développées par ses entreprises avant leur arrivée concrète, avait estimé en juillet 2019 que Neuralink pourrait réaliser ses premiers tests sur des individus dès 2020. Pour l’instant, les prototypes ont été implantés dans le crâne d’animaux, dont des singes. La start-up avait ainsi montré, en 2021, un singe pouvant jouer au jeu vidéo Pong grâce à la pensée ou d’autres pouvant écrire des mots sur des écrans en suivant des yeux le mouvement du curseur.

Interrogée par Le Parisien, la neurobiologiste Catherine Vidal, directrice de recherche honoraire à l’Institut Pasteur, assure que ces résultats préliminaires restent cependant « bien loin des objectifs affichés par Elon Musk pour pallier les handicaps chez les humains ».

4Quels problèmes éthiques cela pose-t-il ?

L’idée d’une symbiose entre l’humain et la machine enthousiasme depuis longtemps certains férus de technologies, tout en alimentant les cauchemars d’un futur dystopique dominé par les cyborgs, des êtres humains greffés avec de la mécanique ou de l’électronique, comme l’explique le musée de l’Homme. Dans un sondage réalisé par l’institut de recherche Pew l’an dernier, 78% des personnes adultes interrogées déclaraient qu’elles ne souhaitaient probablement pas ou certainement pas qu’une puce informatique soit implantée dans leur cerveau pour traiter les informations plus rapidement.

Selon l’agence de presse Reuters, le ministère de l’Agriculture américain a en outre ouvert en décembre une enquête sur de possibles infractions aux textes sur la protection des animaux par Neuralink. L’agence rapportait alors que l’entreprise avait tué environ 1 500 animaux, dont plus de 280 moutons, cochons et singes. Au sujet des expérimentations sur les singes, le site d’information Cnet rappelle que l’ONG américaine Physicians Committee for Responsible Medicine a, en décembre dernier, assuré que « des centaines de pages de documents publics ont révélé de véritables horreurs : crânes ouverts, dispositifs implantés, infections chroniques, paralysie, convulsions et mort ».

5Est-ce la seule entreprise à se positionner sur ce marché ?

Même si Neuralink attire l’attention des médias, la start-up est loin d’être la seule à travailler sur le contrôle des ordinateurs par la pensée. Synchron, une entreprise américano-australienne, a ainsi annoncé en juillet 2022 avoir implanté la première interface cerveau-machine sur un humain aux Etats-Unis. Selon des informations de presse, Elon Musk a contacté l’an dernier Synchron pour proposer un éventuel investissement.

La société Blackrock Neurotech a également reçu l’approbation de l’agence américaine supervisant les dispositifs médicaux (FDA) pour des essais sur l’être humain. Un cofondateur de Neuralink a aussi quitté l’entreprise et levé des sommes importantes pour sa propre start-up, baptisée Science Corp. Parmi les autres entreprises cherchant à s’établir dans le secteur figurent BrainCo, Kernel ou encore CTRL-Labs, une entité de la division « réalité virtuelle » de Meta.

Sciences et société : Des implants cérébraux sur les humains

Des implants cérébraux sur les humains

L’Agence américaine des médicaments, la FDA, a donné son autorisation à Neuralink pour mettre en place un essai clinique sur l’homme, a annoncé l’entreprise d’Elon Musk sur Twitter.

« C’est une première étape importante qui permettra un jour à notre technologie d’aider de nombreuses personnes », se félicite l’entreprise.
Implant cérébral

Le patron de SpaceX et Tesla l’a discrètement lancée en 2016, espérant fabriquer des implants cérébraux. En pratique, Neuralink doit concevoir des interfaces cerveau–ordinateur qui permettraient de contrôler des équipements à distance simplement par la pensée.

Les applications sont nombreuses. Il s’agirait, par exemple, de redonner de la mobilité aux personnes paralysées en leur permettant d’interagir avec leur environnement ou de manipuler facilement des bras mécaniques. Les implants pourraient aussi être une solution aux troubles neurologiques, promet Neuralink.

Les implants cérébraux peuvent être définis comme des dispositifs artificiels d’interface avec le cerveau. Ils permettent notamment de proposer des solutions de suppléance artificielle dans le cas de fonctions perdues, comme la parole.

Ces avancées technologiques se révèlent particulièrement intéressantes, par exemple, pour offrir des nouveaux modes de communication à des individus atteints de paralysie sévère.

Mais si l’aide que promet cette technologie semble précieuse, elle suscite néanmoins un questionnement éthique qu’il est essentiel de saisir, alors même que la technologie se développe.

témoin cet article de : Éric Fourneret Philosophe, Braintech Lab (Inserm, U205), équipe « Neurotechnologies et Dynamique des Réseaux », Université Grenoble Alpes (UGA)

Blaise Yvert
Directeur de recherche à l’Inserm, responsable de l’équipe Neurotechnologies et Dynamique des Réseaux, Inserm

Clément Hébert
Chargé de recherche implants Neuronaux, neuroprothèses, Inserm U1216 Grenoble Institut des Neurosciences, Université Grenoble Alpes (UGA)


Deux approches

Comprendre le fonctionnement du cerveau et améliorer nos capacités d’intervention pour remédier à certains de ses dysfonctionnements font partie des défis majeurs relevés par les neurosciences de ces dix dernières années. Et deux approches différentes et de grande envergure se sont concrétisées.

Dans la première, avant tout théorique, il s’agit de modéliser de manière réaliste le fonctionnement du cerveau grâce à des réseaux de neurones artificiels (informatiques ou électroniques) : c’est l’objectif du projet européen Human Brain Project. Dans la seconde, pragmatique, on cherche à développer des implants cérébraux pour enregistrer et stimuler le plus grand nombre de neurones possibles : c’est le but du vaste projet américain Brain Initiative, ou encore du projet européen Braincom.

D’ici très peu de temps, arrivera donc logiquement le moment où l’on disposera d’une part de vastes réseaux artificiels neuromimétiques, et d’autre part d’interfaces à très haute résolution permettant un couplage bidirectionnel (enregistrement et stimulation) avec des millions de neurones du cerveau. Or la fusion de ces deux mondes technologiques, prévisible, conduirait à l’émergence de vastes réseaux hybrides couplant l’activité du cerveau avec celle de réseaux artificiels. Et ce n’est pas de la pure science-fiction : des preuves de concept ont déjà été fournies par des réseaux hybrides simples, à l’instar de la technique de « dynamic clamp ».

Née à la fin des années 1990, la technique de dynamic clamp permet de coupler un neurone artificiel à un neurone réel par le biais d’une électrode intracellulaire : l’activité de l’un modifie celle de l’autre de manière bidirectionnelle. Et à l’avenir, l’avènement d’implants intégrant un grand nombre de microélectrodes extracellulaires – et assurant chacune une liaison bidirectionnelle stable avec un neurone individuel – devrait permettre la construction de réseaux hybrides à grande échelle, y compris in vivo au niveau de vastes régions cérébrales.

Certes, ce n’est pas encore d’actualité. Mais force est de constater que la route n’est sans doute plus si longue. En effet, des réseaux neuromorphiques sont déjà capables d’apprendre automatiquement à reproduire l’activité d’ensembles de neurones réels enregistrés par un implant cérébral. Cela signifie que l’on dispose déjà de la technologie permettant à plusieurs neurones réels de contrôler des réseaux artificiels complexes. Et inversement, on sait aussi s’appuyer sur des réseaux artificiels pour stimuler, de manière plus ou moins précise, des neurones réels.

Le développement d’implants cérébraux permet ainsi d’entrevoir l’avènement d’un couplage hybride entre le cerveau et de vastes réseaux artificiels. L’optimisation de ces technologies autorisera la simulation des neurones artificiels grâce à des circuits neuromorphiques à très basse consommation énergétique, et rendra possible, à terme, l’implantation de ces technologies d’hybridation.

Audition d’Éric Fourneret lors de la consultation sur l’intelligence artificielle et le transhumanisme organisée par la MGEN et la Commission nationale Française pour l’UNESCO.
Dans ce contexte, et même si l’implantation de dispositifs artificiels dans le corps n’est pas quelque chose de nouveau, les frontières traditionnelles entre ce qui est naturel et artificiel, entre l’homme et la machine, entre le vivant et l’inanimé, deviennent plus ambiguës. Une des principales questions soulevées, si ce n’est la principale à partir de laquelle toutes les autres se posent, est alors la suivante : quelle « forme de vie » la technologie des implants cérébraux peut-elle produire ?

La nature humaine en question

Il n’est toutefois pas question de se laisser embarquer dans une ambition éthique réductrice ne s’attardant que sur les scénarios du pire (collapsologie), ou à l’inverse ne considérant que les scénarios du mieux (discours technoprophétique). On le sait, chaque nouvelle technologie est porteuse de bienfaits pour les êtres humains, tout en nécessitant souvent une transformation sociale (par exemple, pour ajuster le cadre normatif de l’action sociale). Mais elle suscite parfois de vives interrogations quant aux effets indésirables liés à son utilisation, qu’il faudrait gérer moralement, socialement et juridiquement.

De la même manière, le développement d’implants cérébraux nous place sur cette ligne de crête, entre bienfaits et dérives potentielles. En effet, il ne s’agit pas d’intervenir sur un organe quelconque. C’est du cerveau qu’émerge notre sentiment de présence au monde, c’est-à-dire notre conscience. Et d’elle dépend notre capacité à saisir le monde et soi-même au moyen d’un même acte : de penser la frontière entre l’être humain et le monde et, simultanément, de penser l’articulation entre les deux. Or l’hybridation du cerveau avec des dispositifs électroniques possède d’autre part un potentiel d’impact sans précédent dans notre façon de nous représenter l’Homme. Et pour cause…

Il n’existe pas, de façon naturelle, d’êtres humains dont le fonctionnement neurophysiologique du cerveau s’organise sous l’influence de composants électroniques implantés, voire à terme, de réseaux de neurones artificiels. Aussi, cette séparation conceptuelle entre l’inné à l’Homme et les artifices acquis pourrait-elle rendre difficile la catégorisation sociale de l’individu équipé d’un implant cérébral. Ni totalement humain, ni totalement machine, il est un mélange de deux réalités différentes dont le caractère hybride pourrait produire une nouvelle unité humaine dans le corps biologique.

L’implant cérébral, une prothèse parmi d’autres

On pourrait objecter qu’il existe d’ores et déjà des prothèses de hanche et des pacemakers. L’implant cérébral est-il si différent de ces dispositifs artificiels qui, socialement, ne posent pas de difficulté particulière ?

On pourrait répondre par la négative. Si l’implant cérébral est socialement perçu comme le prolongement électronique du cerveau d’un individu, de la même manière qu’une jambe prothétique prolonge le corps, alors il n’est pas différent d’une prothèse traditionnelle – la conscientisation de la frontière entre l’Homme et le monde étant maintenue dans son fonctionnement originel. Dans ce cas, l’implant constitue une sorte de projection organique, dans l’acceptation qu’en a faite Canguilhem : ce dispositif artificiel possède un sens biologique, sa fonction consistant à compenser la défaillance d’un organe naturel.

Cela pourrait néanmoins poser problème. Si cette forme d’hybridation se révélait être une instance de régulation et d’organisation du rapport au monde étrangère à celle, originelle, laissant penser à une forme d’hétéronomie (telle l’expérience du cerveau dans une cuve imaginée par le philosophe Hilary Putnam en 1981), elle pourrait être considérée par la société comme une nouvelle corporéité humaine, où la conscience de quelque chose est médiée par le dispositif artificiel. En effet, si le substrat de la pensée s’anime en synergie avec des réseaux de neurones artificiels, la conscientisation de la frontière entre l’Homme et le monde s’artificialise. Or dans ce cas, l’hybridation est susceptible d’être vécue, à tort ou à raison, comme dénaturante. Et cela pourrait conduire à transformer les systèmes de normes et de règles qui encadrent les conduites au sein d’une collectivité composée d’êtres humains hybrides, et d’autres qui ne le sont pas.

Certes, notre contact avec le monde est de plus en plus médié par des artifices, sans aucune référence faite aux implants cérébraux – comme en témoignent les téléphones portables, ordinateurs et autres écrans à travers lesquels on entre en contact avec le réel. Mais comme nous l’avons déjà souligné, avec ces implants, la recherche s’oriente vers une technologie d’hybridation directe entre le cerveau et des réseaux de neurones artificiels. Et dans ces conditions, il importe de se pencher sérieusement sur la façon dont cette technologie peut affecter notre représentation de la « nature humaine ».

L’une des plus importantes caractéristiques de l’Homme est d’avoir inventé et créé des techniques et des technologies pour satisfaire ses besoins et compenser ses vulnérabilités, selon ses facultés et son intelligence, selon sa volonté et ses désirs. Il suffit qu’une chose soit, d’une certaine manière, pour être déterminée dans son développement et dans sa destination. Aussi, que l’être humain soit une espèce technicienne – particularité qu’il partage à des degrés différents, on le sait aujourd’hui, avec d’autres animaux – détermine-t-il sa destination sous la forme d’un effacement de la frontière entre nature et artifice.

Considérant que le monde lui offre des possibilités pour répondre à ses besoins et innover pour s’opposer aux misères de la vie, l’humanité est un entrelacement, de plus en plus serré, de la nature et de la technique. Bien qu’étant autre que la technique, elle habite le monde par et dans la technique. Et son évolution révèle une frontière entre le naturel et l’artifice beaucoup moins catégorique qu’on ne le croit : au cours du temps, elle est devenue de plus en plus poreuse. On ne peut donc pas définir la nature humaine en faisant abstraction des technologies par lesquelles l’humanité habite le monde. Voilà pourquoi, penser les implications éthiques du développement des implants cérébraux consiste à penser ces liens étroits entre l’Homme et la technique.

Cette réflexion, bien entendu, ne s’inscrit pas dans une démarche dogmatique qui prendrait la forme d’une collapsologie ou, à l’inverse, d’une prophétie technologique. Il est en effet du rôle de la philosophie et de l’éthique d’interroger par la seule raison les implications des nouvelles neuro-technologies, en s’en tenant aux faits et non à des scénarios de science-fiction sans fondements dans le réel. Ces faits sont fournis par les neuroscientifiques et par leurs résultats. Voilà pourquoi la séparation, encore trop marquée, entre la réflexion philosophique et les recherches technoscientifiques en cours, est embarrassante et inadéquate dans l’examen des implications éthiques des implants cérébraux.

Pour les étudier, il faudrait bien au contraire une interaction forte et étroite entre, d’une part, les acteurs des sciences humaines et sociales, et d’autre part, les neuro et techno-scientifiques, ingénieurs, informaticiens, biologistes et médecins. C’est ensemble qu’ils devraient poursuivre ce vieux débat à la croisée de tous les savoirs : « Qu’est-ce qu’être humain ? ». Ensemble qu’ils devraient examiner ce qui engage notre condition en tant qu’être humain, et réfléchir aux critères d’évaluation du processus technologique que représentent les implants cérébraux. On peut alors dire que c’est vers l’altérité Homme-Technologie, et non vers une dualité indépassable, qu’il faut se tourner pour mieux connaître et comprendre quels sont les enjeux du développement des implants cérébraux concernant nos représentations de la nature humaine.

Cet article s’inscrit dans la continuité de la consultation publique sur l’intelligence artificielle et le transhumanisme organisée en 2020 par la MGEN et la Commission nationale Française pour l’Unesco. Une partie des auditions menées dans le cadre de cette consultation sont visionnables en ligne.

Des implants cérébraux sur les humains

Des implants cérébraux sur les humains

L’Agence américaine des médicaments, la FDA, a donné son autorisation à Neuralink pour mettre en place un essai clinique sur l’homme, a annoncé l’entreprise d’Elon Musk sur Twitter.

« C’est une première étape importante qui permettra un jour à notre technologie d’aider de nombreuses personnes », se félicite l’entreprise.
Implant cérébral

Le patron de SpaceX et Tesla l’a discrètement lancée en 2016, espérant fabriquer des implants cérébraux. En pratique, Neuralink doit concevoir des interfaces cerveau–ordinateur qui permettraient de contrôler des équipements à distance simplement par la pensée.

Les applications sont nombreuses. Il s’agirait, par exemple, de redonner de la mobilité aux personnes paralysées en leur permettant d’interagir avec leur environnement ou de manipuler facilement des bras mécaniques. Les implants pourraient aussi être une solution aux troubles neurologiques, promet Neuralink.

Les implants cérébraux peuvent être définis comme des dispositifs artificiels d’interface avec le cerveau. Ils permettent notamment de proposer des solutions de suppléance artificielle dans le cas de fonctions perdues, comme la parole.

Ces avancées technologiques se révèlent particulièrement intéressantes, par exemple, pour offrir des nouveaux modes de communication à des individus atteints de paralysie sévère.

Mais si l’aide que promet cette technologie semble précieuse, elle suscite néanmoins un questionnement éthique qu’il est essentiel de saisir, alors même que la technologie se développe.

témoin cet article de : Éric Fourneret Philosophe, Braintech Lab (Inserm, U205), équipe « Neurotechnologies et Dynamique des Réseaux », Université Grenoble Alpes (UGA)

Blaise Yvert
Directeur de recherche à l’Inserm, responsable de l’équipe Neurotechnologies et Dynamique des Réseaux, Inserm

Clément Hébert
Chargé de recherche implants Neuronaux, neuroprothèses, Inserm U1216 Grenoble Institut des Neurosciences, Université Grenoble Alpes (UGA)


Deux approches

Comprendre le fonctionnement du cerveau et améliorer nos capacités d’intervention pour remédier à certains de ses dysfonctionnements font partie des défis majeurs relevés par les neurosciences de ces dix dernières années. Et deux approches différentes et de grande envergure se sont concrétisées.

Dans la première, avant tout théorique, il s’agit de modéliser de manière réaliste le fonctionnement du cerveau grâce à des réseaux de neurones artificiels (informatiques ou électroniques) : c’est l’objectif du projet européen Human Brain Project. Dans la seconde, pragmatique, on cherche à développer des implants cérébraux pour enregistrer et stimuler le plus grand nombre de neurones possibles : c’est le but du vaste projet américain Brain Initiative, ou encore du projet européen Braincom.

D’ici très peu de temps, arrivera donc logiquement le moment où l’on disposera d’une part de vastes réseaux artificiels neuromimétiques, et d’autre part d’interfaces à très haute résolution permettant un couplage bidirectionnel (enregistrement et stimulation) avec des millions de neurones du cerveau. Or la fusion de ces deux mondes technologiques, prévisible, conduirait à l’émergence de vastes réseaux hybrides couplant l’activité du cerveau avec celle de réseaux artificiels. Et ce n’est pas de la pure science-fiction : des preuves de concept ont déjà été fournies par des réseaux hybrides simples, à l’instar de la technique de « dynamic clamp ».

Née à la fin des années 1990, la technique de dynamic clamp permet de coupler un neurone artificiel à un neurone réel par le biais d’une électrode intracellulaire : l’activité de l’un modifie celle de l’autre de manière bidirectionnelle. Et à l’avenir, l’avènement d’implants intégrant un grand nombre de microélectrodes extracellulaires – et assurant chacune une liaison bidirectionnelle stable avec un neurone individuel – devrait permettre la construction de réseaux hybrides à grande échelle, y compris in vivo au niveau de vastes régions cérébrales.

Certes, ce n’est pas encore d’actualité. Mais force est de constater que la route n’est sans doute plus si longue. En effet, des réseaux neuromorphiques sont déjà capables d’apprendre automatiquement à reproduire l’activité d’ensembles de neurones réels enregistrés par un implant cérébral. Cela signifie que l’on dispose déjà de la technologie permettant à plusieurs neurones réels de contrôler des réseaux artificiels complexes. Et inversement, on sait aussi s’appuyer sur des réseaux artificiels pour stimuler, de manière plus ou moins précise, des neurones réels.

Le développement d’implants cérébraux permet ainsi d’entrevoir l’avènement d’un couplage hybride entre le cerveau et de vastes réseaux artificiels. L’optimisation de ces technologies autorisera la simulation des neurones artificiels grâce à des circuits neuromorphiques à très basse consommation énergétique, et rendra possible, à terme, l’implantation de ces technologies d’hybridation.

Audition d’Éric Fourneret lors de la consultation sur l’intelligence artificielle et le transhumanisme organisée par la MGEN et la Commission nationale Française pour l’UNESCO.
Dans ce contexte, et même si l’implantation de dispositifs artificiels dans le corps n’est pas quelque chose de nouveau, les frontières traditionnelles entre ce qui est naturel et artificiel, entre l’homme et la machine, entre le vivant et l’inanimé, deviennent plus ambiguës. Une des principales questions soulevées, si ce n’est la principale à partir de laquelle toutes les autres se posent, est alors la suivante : quelle « forme de vie » la technologie des implants cérébraux peut-elle produire ?

La nature humaine en question

Il n’est toutefois pas question de se laisser embarquer dans une ambition éthique réductrice ne s’attardant que sur les scénarios du pire (collapsologie), ou à l’inverse ne considérant que les scénarios du mieux (discours technoprophétique). On le sait, chaque nouvelle technologie est porteuse de bienfaits pour les êtres humains, tout en nécessitant souvent une transformation sociale (par exemple, pour ajuster le cadre normatif de l’action sociale). Mais elle suscite parfois de vives interrogations quant aux effets indésirables liés à son utilisation, qu’il faudrait gérer moralement, socialement et juridiquement.

De la même manière, le développement d’implants cérébraux nous place sur cette ligne de crête, entre bienfaits et dérives potentielles. En effet, il ne s’agit pas d’intervenir sur un organe quelconque. C’est du cerveau qu’émerge notre sentiment de présence au monde, c’est-à-dire notre conscience. Et d’elle dépend notre capacité à saisir le monde et soi-même au moyen d’un même acte : de penser la frontière entre l’être humain et le monde et, simultanément, de penser l’articulation entre les deux. Or l’hybridation du cerveau avec des dispositifs électroniques possède d’autre part un potentiel d’impact sans précédent dans notre façon de nous représenter l’Homme. Et pour cause…

Il n’existe pas, de façon naturelle, d’êtres humains dont le fonctionnement neurophysiologique du cerveau s’organise sous l’influence de composants électroniques implantés, voire à terme, de réseaux de neurones artificiels. Aussi, cette séparation conceptuelle entre l’inné à l’Homme et les artifices acquis pourrait-elle rendre difficile la catégorisation sociale de l’individu équipé d’un implant cérébral. Ni totalement humain, ni totalement machine, il est un mélange de deux réalités différentes dont le caractère hybride pourrait produire une nouvelle unité humaine dans le corps biologique.

L’implant cérébral, une prothèse parmi d’autres

On pourrait objecter qu’il existe d’ores et déjà des prothèses de hanche et des pacemakers. L’implant cérébral est-il si différent de ces dispositifs artificiels qui, socialement, ne posent pas de difficulté particulière ?

On pourrait répondre par la négative. Si l’implant cérébral est socialement perçu comme le prolongement électronique du cerveau d’un individu, de la même manière qu’une jambe prothétique prolonge le corps, alors il n’est pas différent d’une prothèse traditionnelle – la conscientisation de la frontière entre l’Homme et le monde étant maintenue dans son fonctionnement originel. Dans ce cas, l’implant constitue une sorte de projection organique, dans l’acceptation qu’en a faite Canguilhem : ce dispositif artificiel possède un sens biologique, sa fonction consistant à compenser la défaillance d’un organe naturel.

Cela pourrait néanmoins poser problème. Si cette forme d’hybridation se révélait être une instance de régulation et d’organisation du rapport au monde étrangère à celle, originelle, laissant penser à une forme d’hétéronomie (telle l’expérience du cerveau dans une cuve imaginée par le philosophe Hilary Putnam en 1981), elle pourrait être considérée par la société comme une nouvelle corporéité humaine, où la conscience de quelque chose est médiée par le dispositif artificiel. En effet, si le substrat de la pensée s’anime en synergie avec des réseaux de neurones artificiels, la conscientisation de la frontière entre l’Homme et le monde s’artificialise. Or dans ce cas, l’hybridation est susceptible d’être vécue, à tort ou à raison, comme dénaturante. Et cela pourrait conduire à transformer les systèmes de normes et de règles qui encadrent les conduites au sein d’une collectivité composée d’êtres humains hybrides, et d’autres qui ne le sont pas.

Certes, notre contact avec le monde est de plus en plus médié par des artifices, sans aucune référence faite aux implants cérébraux – comme en témoignent les téléphones portables, ordinateurs et autres écrans à travers lesquels on entre en contact avec le réel. Mais comme nous l’avons déjà souligné, avec ces implants, la recherche s’oriente vers une technologie d’hybridation directe entre le cerveau et des réseaux de neurones artificiels. Et dans ces conditions, il importe de se pencher sérieusement sur la façon dont cette technologie peut affecter notre représentation de la « nature humaine ».

L’une des plus importantes caractéristiques de l’Homme est d’avoir inventé et créé des techniques et des technologies pour satisfaire ses besoins et compenser ses vulnérabilités, selon ses facultés et son intelligence, selon sa volonté et ses désirs. Il suffit qu’une chose soit, d’une certaine manière, pour être déterminée dans son développement et dans sa destination. Aussi, que l’être humain soit une espèce technicienne – particularité qu’il partage à des degrés différents, on le sait aujourd’hui, avec d’autres animaux – détermine-t-il sa destination sous la forme d’un effacement de la frontière entre nature et artifice.

Considérant que le monde lui offre des possibilités pour répondre à ses besoins et innover pour s’opposer aux misères de la vie, l’humanité est un entrelacement, de plus en plus serré, de la nature et de la technique. Bien qu’étant autre que la technique, elle habite le monde par et dans la technique. Et son évolution révèle une frontière entre le naturel et l’artifice beaucoup moins catégorique qu’on ne le croit : au cours du temps, elle est devenue de plus en plus poreuse. On ne peut donc pas définir la nature humaine en faisant abstraction des technologies par lesquelles l’humanité habite le monde. Voilà pourquoi, penser les implications éthiques du développement des implants cérébraux consiste à penser ces liens étroits entre l’Homme et la technique.

Cette réflexion, bien entendu, ne s’inscrit pas dans une démarche dogmatique qui prendrait la forme d’une collapsologie ou, à l’inverse, d’une prophétie technologique. Il est en effet du rôle de la philosophie et de l’éthique d’interroger par la seule raison les implications des nouvelles neuro-technologies, en s’en tenant aux faits et non à des scénarios de science-fiction sans fondements dans le réel. Ces faits sont fournis par les neuroscientifiques et par leurs résultats. Voilà pourquoi la séparation, encore trop marquée, entre la réflexion philosophique et les recherches technoscientifiques en cours, est embarrassante et inadéquate dans l’examen des implications éthiques des implants cérébraux.

Pour les étudier, il faudrait bien au contraire une interaction forte et étroite entre, d’une part, les acteurs des sciences humaines et sociales, et d’autre part, les neuro et techno-scientifiques, ingénieurs, informaticiens, biologistes et médecins. C’est ensemble qu’ils devraient poursuivre ce vieux débat à la croisée de tous les savoirs : « Qu’est-ce qu’être humain ? ». Ensemble qu’ils devraient examiner ce qui engage notre condition en tant qu’être humain, et réfléchir aux critères d’évaluation du processus technologique que représentent les implants cérébraux. On peut alors dire que c’est vers l’altérité Homme-Technologie, et non vers une dualité indépassable, qu’il faut se tourner pour mieux connaître et comprendre quels sont les enjeux du développement des implants cérébraux concernant nos représentations de la nature humaine.

Cet article s’inscrit dans la continuité de la consultation publique sur l’intelligence artificielle et le transhumanisme organisée en 2020 par la MGEN et la Commission nationale Française pour l’Unesco. Une partie des auditions menées dans le cadre de cette consultation sont visionnables en ligne.




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