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Inflation : l’hypocrisie des banques centrales

Inflation : l’hypocrisie des banques centrales

Politique monétaire et inflation : la fausse lutte des banquiers centraux !

Les banquiers centraux multiplient les effets de manche afin de justifier la lutte contre l’inflation. Sauf que les taux d’intérêt proposés ne collent pas au danger annoncé. Par Karl Eychenne, stratégiste et économiste.

En clair, les banquiers centraux communiquent beaucoup sur les perspectives de relèvement des taux d’intérêt pour réguler l’inflation mais en vérité utilisent  cette inflation pour amortir les dettes et les énormes générosités monétaires pendant la crise sanitaire. Ils ne souhaitent pas non plus casser la fragile croissance avec un arrêt brutal de la politique monétaire accommodante . Finalement la manière classique qui consiste à utiliser l’inflation pour amortir les excès de la planche à billets.Ou le transfert de l’amortissement de l’endettement sur le consommateur. Un consommateur qui va subir avec l’inflation une dévaluation de fait de son pouvoir d’achat de l’ordre de 5 % en 2022 en moyenne. NDLR 

« L’inflation risque de tout raser sur son passage, il faut agir vite et fort. »

Voilà un condensé de ce qui a pu être dit par les membres des banques centrales américaine (Fed) et européenne (BCE) au cours des dernières semaines. Agir vite et fort, mais pas trop vite quand même, précise Christine Lagarde dans son dernier discours. Globalement, on a quand même bien compris le message. Les banquiers centraux ourdissent des politiques monétaires plus restrictives.

Pourtant, quelque chose ne colle pas. Il y a un décalage étonnant entre les mots et les taux. Les mots employés pour parler du danger inflationniste ne se retrouvent pas dans les taux qui sont proposés pour juguler ce risque. En vérité, on est bien loin d’une politique monétaire qui deviendrait restrictive. Il conviendrait plutôt de parler de politique monétaire moins accommodante.

Le cas américain en est la plus parfaite illustration. Aujourd’hui, le taux d’intérêt directeur de la Fed s’établit dans une fourchette allant de 0,25 à 0,5%, alors que l’inflation est en orbite à 8,5%. Le coût de l’argent (taux) est donc bien inférieur au coût de la vie (inflation). On pourrait anticiper alors que la volonté de la Fed de lutter contre l’inflation se traduise par une remontée des taux significative. Oui, la hausse sera significative, de 0,5 à près de 2% fin 2022 si l’on en croit les anticipations. Mais ce coût de l’argent restera bien inférieur au coût de la vie qui devrait décélérer de 8,5% à près de 5%. Même à son acmé en 2023, le coût de l’argent ne parviendrait qu’à revenir au même niveau que l’inflation : 3%. Pas vraiment l’impression d’une politique qui se donne les moyens de lutter contre l’inflation galopante.

En vérité, la lecture devient plus troublante encore si l’on adopte une approche plus fine. En effet, les initiés ont pour habitude de consulter un éventail de règles de politiques monétaires proposées par la recherche académique. Ces règles leur permettent de calibrer un niveau adéquat de taux d’intérêt directeur en fonction des fondamentaux économiques, un niveau qu’ils confrontent alors au taux d’intérêt directeur en vigueur. Si le taux requis par la règle est supérieur au taux en vigueur, on dira alors que la politique monétaire est trop accommodante : la Fed devrait donc remonter ses taux. On peut même se projeter en comparant le taux prévu au taux requis en fonction de différents scénario économiques.

Le constat est sans appel. Sur 21 cas retenus (7 règles et 3 scénarios), 19 justifieraient un taux d’intérêt directeur supérieur aux niveaux actuels de 0,5% aujourd’hui même. A horizon 1 an, 17 cas sur 18 justifieraient un taux directeur supérieur au 2% qui sont prévus. Enfin à horizon 2 ans, 13 cas sur 14 justifieraient un taux directeur supérieur à 3%. Clairement, la politique monétaire n’est pas, ne deviendrait pas restrictive, si les taux prévus par les membres de la Fed ou les marchés sont ceux qui seront appliqués. La Fed restera très accommodante, certes un peu moins.

La BCE n’est pas en reste. Certes son niveau d’inflation est un peu en dessous de celui des Etats-Unis à 7,4%. Mais la BCE ne prévoit pas de remonter ses taux aussi fort et aussi vite que la Fed. Seule une hausse des taux de 0 à 0,25% serait envisagée par la majorité des membres d’ici la fin de l’année. On est bien loin des 2% de la Fed. On peut alors procéder au même type d’analyse que pour la Fed ci-dessus. Le résultat sera du même acabit : la BCE ne pratiquera pas de politique monétaire restrictive ni en 2022 ni en 2023, mais une politique légèrement moins accommodante.

Mais alors pourquoi une telle agressivité verbale des banquiers centraux, pour une politique monétaire tout juste moins accommodante ? La première explication qui vient à l’esprit, c’est qu’ils ne croient pas à ce qu’ils disent. Le risque inflationniste est survendu. Personne ne croit vraiment que cette inflation galopante, dopée par les confinements à répétition et le conflit Ukrainien, ne tisonne un jour les salaires. Personne ne croit vraiment aux effets de second tour sur l’ensemble des prix des biens et services. D’ailleurs, même les marchés obligataires n’y croient pas. Franchement, avec des taux d’intérêt à 10 ans à près de 3% aux Etats-Unis et 1% en Allemagne, alors que l’inflation est à 8,5 et 7,4%, peut – on parler de Krach obligataire ? La hausse des taux depuis le début de l’année est impressionnante, vive et rapide, sans nul doute. Mais on est plus proche de l’allegretto que de l’allegro. Certes, l’histoire n’est pas terminée.

Plus vraisemblablement, les banquiers centraux ne reconnaissent toujours pas le risque inflationniste. En leur for intérieur, ils restent convaincus que l’inflation va retomber comme un soufflet, et qu’il faut éviter à tout prix de pratiquer une politique monétaire restrictive. L’activité économique n’y résisterait pas, et les marchés n’y survivraient pas. Depuis 15 ans les crises successives (Subprime, dette souveraine, Covid) ont rendu la performance économique et financière bien trop dépendante d’une politique monétaire qui devint ultra – accommodante sans jamais motiver de tensions indésirables sur les prix. Un constat que l’on peut faire dans toutes les économies dites développées.

Convaincus que cette période fut marquée par le sceau de l’excellence en matière de politique monétaire, les banquier centraux se refusent de croire qu’elle peut se terminer aussi bêtement. Ils tentent alors de donner le change avec des mots plutôt qu’avec des taux. Ils exagèrent le verbe plutôt que le geste. En art aussi on connût ce genre de pratique au XVIe siècle: on appela cela le maniérisme. L’expression d’un courant qui cherchait sa voix après que les artistes phares de l’époque (XVIe siècle) eurent tutoyé la perfection. Plutôt que de se risquer à quitter l’ivresse du génie, on préféra seulement s’en éloigner un peu, en exagérant les traits, les figures, les motifs. Bref, de l’exubérance plutôt que de l’errance diagnostique.

Les banques centrales vont-elles tuer la croissance ?

Les banques centrales vont-elles tuer la croissance ?

Ils n’ont rien appris, rien oublié. Les banquiers centraux risquent de commettre une erreur historique en resserrant leur politique monétaire trop tôt dans le cycle économique, fragilisant davantage l’occident dans une confrontation historique avec la Russie.

 

Tribune de Emmanuel Sales est président de la Financière de la Cité. dans « l’Opinion ».

 

L’inflation que nous connaissons est liée aux tensions sur les chaînes de production et à la hausse du prix des matières premières. Il n’y a chez nous aucun signe d’une boucle « prix-salaires » qui pourrait justifier un durcissement de la politique monétaire. La hausse des salaires négociés en zone euro s’élève à 1,6 % sur un an. L’inflation sous-jacente, qui mesure l’évolution des prix hors énergie, est à moins de 2 % hors effet rattrapage post Covid-19. Nous ne sommes plus dans la situation des années 1970. L’absence de mécanismes d’indexation limite le risque de spirale inflationniste. Remonter les taux d’intérêt dans ces conditions, c’est accentuer les difficultés des entreprises et des ménages alors que l’économie européenne est encore loin d’avoir rattrapé sa tendance d’avant crise.

Depuis une vingtaine d’années, l’Europe souffre d’un réglage monétaire trop étroit consécutif à la mise en place de l’euro, accentué par les politiques de contraction de la demande menées à la suite de la crise financière. Nous subissons aujourd’hui les conséquences de ces choix. L’Europe est plus dépendante de l’extérieur pour ses débouchés et pour ses approvisionnements. L’invasion de l’Ukraine a mis au jour les périls de cette stratégie mercantiliste. Le commerce n’adoucit pas les mœurs. Sans armée crédible, le système bismarckien caressé par les élites allemandes de réassurance avec la Russie ne mène nulle part.

La situation américaine est différente. Là-bas, les mesures de soutien à la demande ont créé une dynamique de croissance comparable à celle des années 1950. La Fed peut se permettre une erreur de politique monétaire, la BCE, non

Agenda de croissance. Face aux autocraties, l’Europe devrait donc adopter un agenda de croissance interne fondé sur des politiques monétaires et budgétaires ambitieuses. La situation américaine est différente. Là-bas, les mesures de soutien à la demande ont créé une dynamique de croissance comparable à celle des années 1950. La Fed peut se permettre une erreur de politique monétaire, la BCE, non.

Le moment semble favorable. Le résultat des élections présidentiellesdonne un nouvel élan aux idées françaises. L’Italie, l’Espagne, les pays au contact avec la Russie, l’Angleterre enfin, se retrouvent dans nos choix. La France a une capacité de frappe nucléaire tous azimuts, une armée digne de ce nom, une industrie agro-alimentaire puissante, un mix énergétique adapté, un fort potentiel de croissance. Tout ce dont nos voisins sont privés. Dans les prochaines années, sa population active devrait dépasser celle de l’Allemagne.

Dans cette logique, la question de la dette publique va passer au second plan. Le retour d’une croissance soutenue par la demande interne favorisera la réduction de l’endettement de façon plus sûre et durable que les « réformes structurelles ». La mise en place d’outils communs de financement à la suite de la crise du Covid-19 constitue un tournant stratégique majeur.

L’emprise idéologique que l’Allemagne continue d’exercer sur la BCE devra donc se desserrer. Dans la situation actuelle, la BCE ne peut plus gérer l’euro comme l’étalon-or, en faisant fi des méfaits économiques et sociaux des politiques déflationnistes. Le « modèle allemand », si cher aux élites françaises, a vécu. L’Europe n’est pas encore une puissance au sens classique du terme, mais elle n’a pas d’autre choix que de le devenir.

Emmanuel Sales est président de la Financière de la Cité.

Nucléaire : 7 nouvelles centrales au Royaume-Uni

Nucléaire : 7 nouvelles centrales au Royaume-Uni

La guerre en Ukraine aura au moins convaincu d’accélérer la transition énergétique afin d’assurer une plus grande indépendance de l’Europe. Ainsi la France a déjà décidé de construire six nouvelles centrales nucléaires et d’en étudier la construction de huit autres.
Aujourd’hui disposer d’électricité d’origine nucléaire constitue un atout indispensable d’indépendance économique. A contrario, on peut voir que l’Allemagne est complètement engluée dans ses relations avec la Russie via le gaz.

Le Royaume-Uni pourrait construire jusqu’à sept centrales nucléaires d’ici 2050 tout en misant sur l’éolien en mer dans le cadre d’une nouvelle stratégie pour accroître son indépendance énergétique après l’invasion russe de l’Ukraine, a indiqué dimanche le ministre de l’Énergie.

«L’idée est que, vu ce que (le président russe Vladimir) Poutine est en train de faire, nous ne voulons pas vivre dans un monde où nous dépendons des hydrocarbures russes», a déclaré Kwasi Kwarteng dans le Sunday Telegraph, soulignant que «l’éolien en mer, et surtout le nucléaire» étaient «des moyens d’avoir des capacités de génération électrique au Royaume-Uni».

Selon le journal, après d’intenses discussions en son sein, le gouvernement du premier ministre conservateur Boris Johnson doit présenter jeudi sa stratégie pour réduire la dépendance énergétique du Royaume-Uni et atteindre l’objectif de zéro émission nette d’ici 2050. «

Finances- Dividendes mondiaux record à 2.000 milliards, merci les banques centrales !

Finances- Dividendes mondiaux record à 2.000 milliards, merci les banques centrales !

La crise est un concept sans doute relatif, dramatique pour certains mais très rentable pour d’autres. Pour preuve, la pandémie n’a pas du tout affecté le retour financier de ceux qui ont investi dans la bourse. Ainsi par exemple on connaîtra un records de dividendes  en 2022 : plus de 2.000 milliards de dollars au niveau mondial, à en croire l’étude du cabinet de recherche IHS Markit.

La crise est de toute évidence déjà loin. Alimentés par les profits records des grandes entreprises l’année dernière, les dividendes versés en 2022 devraient dépasser de 18 % leur niveau d’avant-crise à 2.094 milliards de dollars, après avoir déjà fortement rebondi en 2021 . Bref pour certains la crise n’a pas existé bien au contraire. Un résultat qui n’est pas sans rapport heureusement avec la performance des entreprises mais qui découle surtout des énormes liquidités déversées gratuitement par la banque centrale dans une très grande partie n’a pas été orientée vers l’économie réelle mais dans la spéculation. Pour preuve en dépit de la pandémie la très bonne santé des trésoreries. Beaucoup d’entreprises n’ont même pas utilisé à des fins d’investissement ou même de soutien à l’exploitation les prêts obtenus auprès des banques et des gouvernements.

Évidemment cette politique accommodante des banques centrales  a eu  des effets positifs en évitant que la fragilité de certains ne se traduise en dépôt de bilan. On a soutenu les entreprises en même temps que les emplois. Reste qu’une très grande partie des liquidités s’est trouvée orientée vers des placements financiers spéculatifs. À titre d’exemple il suffit de voir ce nombre de grandes entreprises en très bonne santé financière grâce à la crise et qui ont racheté inutilement leurs propres actions pour faire monter les cours. Or spéculation, la rentabilité des entreprises n’aurait jamais atteint une progression de 18 % en deux ans.

Le problème de cette politique accommodante dont certains aspects étaient nécessaires, c’est qui va falloir maintenant payer la facture. Et comme d’habitude cette facture sera sans doute payée par une inflation qui va à bas bruit (peut-être) amputer les revenus du travail et de l’épargne.

Les bénéfiicaires  peuvent dire merci aux banques centrales et aux futures victimes de l’inflation.

Dividendes mondiaux record à 2.000 milliards, merci les banques centrales

Dividendes mondiaux record à 2.000 milliards, merci les banques centrales

la crise est un concept sans doute relatif, dramatique pour certains mais très rentable pour d’autres. Pour preuve, la pandémie n’a pas du tout affecté le retour financier de ceux qui ont investi dans la bourse. Ainsi par exemple on connaîtra un records de dividendesr en 2022 : plus de 2.000 milliards de dollars au niveau mondial, à en croire l’étude du cabinet de recherche IHS Markit.

La crise est de toute évidence déjà loin. Alimentés par les profits records des grandes entreprises l’année dernière, les dividendes versés en 2022 devraient dépasser de 18 % leur niveau d’avant-crise à 2.094 milliards de dollars, après avoir déjà fortement rebondi en 2021 . Bref pour certains la crise n’a pas existé bien au contraire. Un résultat qui n’est pas sans rapport heureusement avec la performance des entreprises mais qui découle surtout des énormes liquidités déversées gratuitement par la banque centrale dans une très grande partie n’a pas été orientée vers l’économie réelle mais dans la spéculation. Pour preuve en dépit de la pandémie la très bonne santé des trésoreries. Beaucoup d’entreprises n’ont même pas utilisé à des fins d’investissement ou même de soutien à l’exploitation les prêts obtenus auprès des banques et des gouvernements.

Évidemment cette politique accommodante des banques centrales  a eu  des effets positifs en évitant que la fragilité de certains ne se traduise en dépôt de bilan. On a soutenu les entreprises en même temps que les emplois. Reste qu’une très grande partie des liquidités s’est trouvée orientée vers des placements financiers spéculatifs. À titre d’exemple il suffit de voir ce nombre de grandes entreprises en très bonne santé financière grâce à la crise et qui ont racheté inutilement leurs propres actions pour faire monter les cours. Or spéculation, la rentabilité des entreprises n’aurait jamais atteint une progression de 18 % en deux ans.

Le problème de cette politique accommodante dont certains aspects étaient nécessaires, c’est qui va falloir maintenant payer la facture. Et comme d’habitude cette facture sera sans doute payée par une inflation qui va à bas bruit (peut-être) amputer les revenus du travail et de l’épargne.

Les épargnants peuvent dire merci aux banques centrales et aux futures victimes de l’inflation.

Remise en cause des objectifs d’ inflation par les banques centrales

Remise en cause des objectifs d’ inflation par les banques centrales

OPINION. L’épuisement de la capacité fiscale peut conduire à un scénario de « dominance budgétaire » dans lequel la politique monétaire ajuste ses objectifs d’inflation pour préserver la solvabilité des États. Par Éric Mengus, HEC Paris Business School et Guillaume Plantin, Sciences Po. Bref une certaine remise en cause des objectifs d’inflation

 

Depuis 2008, les gouvernements ont émis des quantités importantes de dette publique – l’encours de la dette est désormais égal à 125 % du PIB aux États-Unis et a dépassé cet été la barre des 100 % dans la zone euro. Une part importante de cette dette a été rachetée par les banques centrales qui ont émis en contrepartie des réserves – plus de 30 % du PIB à la Réserve fédérale américaine (Fed) et 60 % à la Banque centrale européenne (BCE).

Jusqu’à présent, les taux d’intérêt bas ont permis un refinancement aisé des dettes publiques. En outre, l’inflation basse justifiait des opérations de soutien monétaire des banques centrales.

Cependant, cette situation risque de prendre fin avec la récente remontée de l’inflation des deux côtés de l’Atlantique. Certains observateurs, en particulier aux États-Unis comme l’économiste John Cochrane, ou encore Larry Summers, ancien secrétaire au Trésor de Bill Clinton, s’inquiètent aujourd’hui de la capacité des banques centrales à augmenter les taux d’intérêt ou à réduire leurs réserves lorsque cela s’avèrera nécessaire pour atteindre leur objectif de stabilité des prix (un taux d’inflation proche de 2 % pour la Fed et la BCE).

Dans le contexte d’endettement actuel, les États pourraient en effet tirer profit d’une politique monétaire accommodante menant à un niveau élevé d’inflation. La hausse des prix éroderait la valeur réelle des dettes publiques et donc les rendrait plus supportables. Ils auraient ainsi intérêt à entraver tout resserrement entrepris par les banques centrales.

De telles inquiétudes mettent en évidence un risque de basculement de la « dominance monétaire », dans laquelle la banque centrale n’est confrontée à aucun obstacle budgétaire pour atteindre son objectif de stabilité des prix, à une « dominance budgétaire », dans laquelle la politique monétaire cherche d’abord à fixer l’inflation pour assurer la solvabilité de l’autorité fiscale.

Avec un tel passage à la dominance budgétaire, l’inflation, qui est actuellement considérée comme transitoire, pourrait bien devenir plus persistante et, surtout, plus difficile à combattre. Ce risque de dominance budgétaire est d’ailleurs l’objet de dissensions, notamment au sein de l’Eurosystème.

Habituellement, lorsque la banque centrale resserre sa politique monétaire, la hausse des taux d’intérêt augmente la charge de la dette du gouvernement, qui doit alors procéder à une consolidation budgétaire sous forme de hausses d’impôt ou de réduction des dépenses publiques. Étant donné leur endettement massif, les gouvernements pourraient au contraire être tentés de ne pas réduire leurs déficits, voire d’augmenter leur endettement, pour forcer la banque centrale à revenir sur son resserrement monétaire.

Faut-il croire aujourd’hui à un tel scénario ? Dans nos récents travaux de recherche, nous analysons les incitations d’un gouvernement à pousser à la dominance budgétaire ou, au contraire, à se conformer à la dominance monétaire.

Dans le premier cas, ce jeu a été décrit comme un « jeu de la poule mouillée » entre le gouvernement et la banque centrale par l’économiste américain Neil Wallace à la suite de ses travaux avec son Thomas Sargent, prix Nobel d’économie en 2011.

Ce jeu est celui où deux pilotes lancent leurs voitures l’une contre l’autre, le perdant étant le premier qui dévie de sa trajectoire pour éviter la collision : le gouvernement accumule ainsi les déficits alors que la banque centrale maintient sa politique monétaire restrictive jusqu’au moment où l’un cède, soit par consolidation fiscale du côté du gouvernement, soit par de l’inflation du côté de la banque centrale. Le scénario du crash dans lequel personne ne cède correspond ici au défaut souverain.

Ce que nous montrons, tout d’abord, est que la dominance budgétaire dans ce jeu de la poule mouillée nécessite que le gouvernement épuise sa capacité fiscale et rende un défaut crédible : il ne doit plus avoir de marges de financement, ni en termes de réduction de dépenses ni en termes de taxes supplémentaires. En effet, tant que le gouvernement dispose de marges d’ajustement, la politique monétaire peut le forcer à la consolidation fiscale afin d’éviter un défaut.

Comment un gouvernement peut-elle se retrouver dans une telle situation d’épuisement de sa capacité fiscale ? Des chocs comme des récessions ou des crises peuvent l’y mener via la baisse des recettes fiscales ou l’augmentation des dépenses pour le soutien à l’économie.

Nous montrons de plus que l’autorité fiscale peut également épuiser sa capacité fiscale de manière délibérée. En lieu et place d’une consolidation, le gouvernement peut décider d’enregistrer d’importants déficits et d’inonder le marché obligataire.

L’important stock de dette qui en résulte forcera ainsi la banque centrale à augmenter l’inflation à l’avenir pour éroder la valeur de la dette et éviter le défaut souverain. Cela se produira d’autant plus que la dette publique est initialement élevée, que les taux d’intérêt sont bas et peu sensibles à l’émission de dette publique, ou encore que les marges futures d’ajustement fiscal sont faibles.

Le paradoxe de l’inflation préventive

La banque centrale a-t-elle alors le pouvoir de faire pencher la balance vers la dominance monétaire ou, au moins, de réduire le coût inflationniste imposé par la dominance fiscale ?

Paradoxalement, la banque centrale peut avoir intérêt à s’engager dans une inflation préventive. En augmentant l’inflation actuelle, la banque centrale diminue la valeur réelle des passifs passés et ainsi rend la dette à nouveau soutenable pour le gouvernement. Ainsi, cette inflation rend coûteux et inutile une stratégie de victoire à la Pyrrhus d’émission incontrôlée de dette publique.

Le choix pour les banques centrales est donc entre deux options : ou bien laisser un peu filer l’inflation pour desserrer l’étau budgétaire, ou bien l’orthodoxie monétaire au risque de voir les gouvernements réagir violemment en contrecarrant leur action par des émissions massives de dette publique servant à repayer la dette passée. Cette stratégie d’inflation préemptive n’est pas sans risques : en particulier, la banque centrale peut donner l’impression de renier son objectif de stabilité des prix.

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Par Éric Mengus, Professeur associé en économie et sciences de la décision, HEC Paris Business School et Guillaume Plantin, Professor, Research and Faculty Dean , Sciences Po

Politique monétaire banques centrales : la baisse du rachat d’actifs avant la baisse des taux

Politique monétaire banques centrales  : la baisse du rachat d’actifs avant la baisse des taux

 

 

La banque centrale américaine donne le ton des orientation des institutions monétaires. Il n’est pas question pour l’instant de rompre brutalement avec la politique accommodante. On commencera par réduire le programme de rachat d’actifs et ce n’est sans doute que vers le milieu ou la fin de 2022 que la question de l’augmentation des taux sera clairement posée. Une politique qui devrait être suivie par les autres banques centrales y comprit la banque centrale européenne. Cela d’autant plus que la croissance–réelle– en Europe est beaucoup moins dynamique qu’outre-Atlantique .

 Concernant la banque centrale européenne en outre la diminution des rachats d’actifs sera d’autant plus aisée que les critères budgétaires européens en vigueur jusque-là sont mis entre parenthèses. Une augmentation des taux prématurés aurait des effets très négatifs sur l’inflation et surtout la croissance :

 «Alors que le moment est proche de réduire nos achats d’actifs, il serait prématuré de resserrer la politique en augmentant les taux maintenant», car cela aurait pour effet «de ralentir la croissance de l’emploi», a déclaré Powell, lors d’une conférence virtuelle. «Nous sommes sur la bonne voie pour commencer à réduire progressivement nos achats d’actifs qui, si l’économie évolue globalement comme prévu, seront achevés d’ici le milieu de l’année prochaine», a-t-il de nouveau indiqué.

Les achats d’actifs, l’un des outils anti-crise de la Fed, s’élèvent à 120 milliards de dollars par mois. L’institution veut, maintenant que la reprise économique est lancée, les ramener progressivement à zéro.

Mini centrales nucléaires : Macron veut développer la technologie

Mini centrales nucléaires : Macron veut développer la technologie

Emmanuel Macron  a manifesté son attention d’accélérer le développement en France de la technologie des petits réacteurs modulaires, ou small modular reactors (SMR).

Le SMR devrait en effet figurer dans la rallonge de 30 milliards d’euros au plan de relance. Ce n’est pas une surprise – l’inverse l’aurait été. « Le soutien du président de la République au projet de SMR est connu, rappelle-t-on dans l’entourage du chef de l’État. Ce projet bénéficie de financements de France Relance (le plan de relance présenté en septembre 2020)».

Emmanuel Macron avait déjà mentionné le dossier du SMR lors de son discours du Creusot, en janvier dernier. «Avec une enveloppe de 50 millions d’euros, le plan de relance investi sur deux ans dans la réalisation d’un avant-projet sommaire et engage ainsi la France dans la compétition mondiale sur les SMR, avait-il déclaré devant la filière nucléaire réunie dans l’usine historique de Framatome. Il nous faut rapidement rattraper le retard, considérer aussi toutes les options de partenariat envisageables et nous positionner sur ce segment.» Un segment où la France est en retard et veut compléter son offre nucléaire globale ( centrales classiques, centrales EPR et mini centrales). Un enjeu de souveraineté nationale mais aussi un enjeu économique pour la France et ses exportations.

L’intérêt des mini centrales nucléaires

L’intérêt des mini centrales nucléaires

 

Comme déjà indiqué dans d’autres articles, l’intérêt des minis centrales nucléaires et de fournir à des conditions économiques et techniques intéressantes des outils de production d’électricité et d’assurer ainsi une partie de la souveraineté énergétique. Les principaux clients pour ces minis centrales devraient être des pays en développement qui importent  l’essentiel de l’électricité de l’étranger.

Pour les pays développés,  la demande sera différente dans la mesure où ces pays disposent déjà d’outils de production d’électricité qui assurent  une grande partie de leur souveraineté énergétique. Ces mini centrales nucléaires pourraient aussi servir pour combler le caractère intermittent de certaines énergies alternatives comme les éoliennes et le solaire. ( Aujourd’hui cette intermittence est assurée le plus souvent par du charbon ou du pétrole ! ). Au-delà de la production d’électricité ces petits réacteurs peuvent être également utilisés dans d’autres objectifs par exemple :

- Dessalement de l’eau de mer et production d’eau douce : Les usines de dessalement utilisent actuellement des centrales thermiques pour générer de la chaleur. Les SMR, capables de produire de la chaleur et de l’électricité pourraient remplacer ces centrales thermiques pour le dessalement de l’eau de mer sans générer de gaz à effets de serre.

- Production d’hydrogène sans CO2 : L’hydrogène est considéré comme une source d’énergie du futur (par exemple pour les piles à combustible). Actuellement, la production d’hydrogène repose à 95 % sur le traitement d’hydrocarbures par des procédés fortement émetteurs de CO2. L’hydrogène pourrait être produit sans C02 à partir d’électricité, via l’électrolyse, ou de la chaleur par des processus catalytiques. Les SMR, sont à la fois sources d’électricité et de chaleur. Comme pour le dessalement de l’eau de mer, ils contribueraient au développement de la production d’un hydrogène propre.

- Chauffages urbains et industriels : La production de chaleur est l’un des principaux postes de consommation d’énergie. Obtenue généralement à partir des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) elle émet beaucoup de CO2. Les SMR, mini centrales nucléaires, sont des installations thermiques pouvant (aussi) produire de l’eau chaude ou de la vapeur. Ils pourraient alors être déployés en étant simplement branchés en remplacement des capacités existantes. pour alimenter les réseaux de chauffage urbain ou des sites industriels.

- Équilibrage et pilotage des réseaux électriques : Les énergies renouvelables non pilotables, tels le solaire ou l’éolien, sont intermittentes. Les SMR pourraient être un outil pour l’équilibrage d’un réseau électrique bas carbone durant les épisodes où les énergies renouvelables sont insuffisantes. En sens inverse, dans des périodes de faible demande d’électricité ou quand la production des renouvelables est élevée, ils seraient utilisés au chauffage urbain, à la désalinisation ou la production d’hydrogène.

Le développement de la filière française des minis centrales nucléaires

Le développement de la filière française des minis centrales nucléaires

 

 

La technologie n’est pas nouvelle et de nombreux projets et réalisations existent dans le monde notamment aux États-Unis et pas seulement.  (source Wikipédia)

 

Sur la base de concepts en réflexion préliminaire et étude depuis les années 2005/2010 chez TechnicAtome, les études d’ingénierie préliminaires ont été lancées en 2018 d’un projet de 150 à 170 mégawatts électriques, développé par EDF, TechnicAtome, Naval Group et le CEA. Ce petit réacteur modulaire dénommé « NUWARD », projet porté par un consortium réunissant EDF, le CEA, TechnicAtome et Naval Group, a été présenté le 17 septembre 2019 à la conférence générale annuelle de l’AIEA. La technologie/filière de base est celle (classique et éprouvée) des réacteurs REP, très compacts et modulaires. Cependant le concept comporte des innovations importantes en termes de sûreté passive (sans sources électriques) et de simplifications d’exploitation.

Le produit proposé à l’exportation est une petite centrale de 340 MWe composée de 2 réacteurs identiques de 170 MW. EDF et ses partenaires comptent soumettre en 2022 un premier dossier d’option de sûreté à l’Autorité de sûreté nucléaire et finaliser en 2026 l’ensemble du design et les spécificités techniques de cette nouvelle centrale, en vue d’une entrée sur le marché entre 2035 et 2040. Le projet vise avant tout le marché à l’export, mais EDF discute avec les pouvoirs publics pour installer au préalable un démonstrateur en France.

Inégalités: Nouveau sujet des banques centrales ?

Inégalités: Nouveau sujet des banques centrales ? 

 

La pandémie de Covid-19 a amplifié un peu plus encore la hausse des inégalités déjà à l’œuvre avant la crise. Si les banques centrales ne peuvent pas freiner cette tendance, elles peuvent néanmoins contribuer à l’atténuer, explique dans le Monde  Luiz Awazu Pereira da Silva, directeur général adjoint de la Banque des règlements internationaux. Mardi 29 juin, l’institution a publié son rapport annuel, dans lequel elle s’inquiète également de l’hétérogénéité de la reprise.

Quelles séquelles la récession engendrée par la pandémie de Covid-19 laissera-t-elle sur nos économies ?

Cette crise a été très grave, mais un peu moins qu’on aurait pu le craindre, grâce à l’action coordonnée des banques centrales et des politiques budgétaires visant à en limiter les effets. Elle laissera néanmoins de sérieuses séquelles en matière d’emploi, d’inégalités, et sur les secteurs les plus touchés.

Les incertitudes sont nombreuses : comment les ménages utiliseront-ils l’épargne accumulée ces derniers mois ? Dans quelles mesures certains services basculeront-ils vers le numérique, avec un contenu en emploi différent ? La reprise se fera-t-elle avec la même empreinte carbone ? Cette crise offre la possibilité de rebâtir une croissance plus verte, mais aussi de penser une réponse coordonnée au niveau mondial dans la lutte contre les pandémies.

Comment cette crise va-t-elle creuser les inégalités ?

Elle a accentué les tendances déjà à l’œuvre ces dernières années. A savoir l’augmentation des inégalités de revenus et de patrimoine, dans le sillage de la révolution technologique et de la mondialisation, qui ont toutes deux fragilisé les moins qualifiés. Réduire ces inégalités passera par des politiques structurelles complexes, notamment en matière de formation et de qualification.

Les politiques monétaires expansionnistes ont-elles contribué à creuser ces inégalités ?

Comme nous l’indiquons dans le rapport, ces dernières années, les inégalités sont devenues un sujet de préoccupation qui retient de plus en plus l’attention de la communauté des banques centrales. Ces dernières reconnaissent qu’il est important de les étudier afin de mieux comprendre comment elles peuvent influer sur l’efficacité de leurs mesures.

Nucléaire : le débat relancé par le Sénat sur la fermeture des centrales

Nucléaire : le débat relancé par le Sénat sur la fermeture des centrales

 

 

Les sénateurs ont relancé le débat sur le nucléaire à l’occasion de la loi  Climat en exigeant qu’aucune fermeture de centrales nucléaires ne soit réalisée sans que parallèlement les pertes de production d’électricité ne soient compensées par d’autres modes alternatifs. D’une certaine manière les sénateurs prennent auquel le gouvernement de son idéologie. Les élus de la Chambre haute ont en effet inséré un nouvel article visant à conditionner la fermeture des centrales « à la production d’énergies renouvelables et bas carbone équivalentes ». Déposé par Stéphane Piednoir (LR, Maine-et-Loire), l’amendement vise à s’assurer qu’aucune fermeture ne puisse intervenir « sans que les marges nécessaires à l’équilibre entre la production et la consommation d’électricité n’aient été prises en compte ».

« Il n’y a pas ceux qui veulent du tout nucléaire, ceux qui veulent du tout renouvelable, il y a simplement dans cet hémicycle des élus de la République qui souhaitent que nous ne soyons pas en black-out », a fait valoir la présidente LR de la commission des Affaires économiques, Sophie Primas.

Une disposition qui permettra aussi de « conforter l’objectif de décarbonisation du texte », tout en assurant la fiabilité de la fourniture d’énergie électrique, a assuré le rapporteur Daniel Gremillet (LR) – l’énergie nucléaire étant peu productrice de gaz à effet de serre.

À noter la nullité de la réponse de la ministre de l’écologie Barbara Pompidou « J’aimerais tellement que ce soit si simple. On ferme une centrale et hop, on met à la place des énergies renouvelables. [...] La politique énergétique est beaucoup plus complexe que ça ! [...] « 

Une complexité que visiblement la ministre de l’écologie a du mal à prendre en compte elle-même

Car l’atome reste la principale source d’électricité de l’Hexagone : il représente aujourd’hui plus de 70% du mix énergétique français total – contre moins de 20% pour le solaire et l’éolien. Un constat qui a conduit le sénateur Stéphane Piednoir à se questionner, dans l’Hémicycle, sur la manière de parvenir à l’objectif de 50% d’ici à 2025. « On décrète qu’on va fermer un tiers de nos réacteurs comme ça, sans réfléchir aux capacités de production qu’on peut mettre en compensation », s’est-il étonné face à Barbara Pompili.

« Il y a un certain nombre de réacteurs qui vont s’arrêter et c’est normal. C’est le cycle de vie des centrales nucléaires, comme il y a un cycle de vie des éoliennes, comme pour tout », s’est défendu la ministre de la Transition écologique. Qui sans doute se croyait dans une cour d’école primaire!

L’argent des banques centrales profite-t-il à l’économie ?

L’argent des banques centrales profite-t-il à l’économie ? 

 

 

L’économiste,Jézabel Couppey-Soubeyran doute, dans sa chronique au « Monde », des vertus écologiques et économiques des achats massifs de titres par les banques centrales, qui bénéficient essentiellement à la sphère financière.

 

Chronique.

 

 Les banques centrales du monde entier ont répondu à la pandémie en amplifiant leurs programmes d’achats de titres mis en place depuis la crise financière de 2007-2008. Ces opérations ont pris une place prépondérante dans la politique monétaire. Pour l’Eurosystème – c’est-à-dire la Banque centrale européenne (BCE) et les banques centrales nationales de la zone euro –, les titres détenus à des fins de politique monétaire représentent désormais plus de la moitié du bilan consolidé (53 % à fin avril 2020) contre… rien vingt ans plus tôt ! Les 4 000 milliards d’euros environ correspondants constituent un portefeuille de titres plus épais que celui du plus important fonds de pension du monde, le fonds japonais GPIF.


La BCE peut-elle au moins se targuer, comme le font aujourd’hui de plus en plus de fonds d’investissement, d’appliquer les critères de gestion responsable à la mode, les critères ESG (E pour environnement, S pour social, G pour gouvernance) ? Toujours pas, et les ONG comme Reclaim Finance ou Oxfam et Les Amis de la Terre dénoncent régulièrement le problème : tant que la BCE ne tiendra pas compte du bilan carbone des émetteurs de titres qu’elle achète, elle contribuera au réchauffement de la planète et entravera la transition écologique. En avril, la Banque centrale de Belgique a ainsi été attaquée en justice par l’ONG ClientEarth pour atteinte au climat.

Cela pourrait changer. Dans un rapport récent, le Network for Greening the Financial System (NGFS), réseau de huit banques centrales et de superviseurs créé en 2017 pour travailler au verdissement du secteur financier, le laisse entendre (« Adapting central bank operations to a hotter world. Reviewing some options », mars 2021). Ce sera sans doute le cas pour les banques centrales de l’Eurosystème à l’issue de la révision stratégique de la BCE, dont les résultats devraient être connus d’ici à l’été. C’est bien engagé aussi du côté de la Banque d’Angleterre, la première à avoir communiqué, en 2020, ses expositions au risque climatique. De quoi donner le « la » aux marchés financiers.


Cela étant, on rappellera qu’une banque centrale n’est pas un fonds d’investissement, mais une institution au service du bien commun. Et il ne lui suffira pas de trier les actifs qu’elle achète pour contribuer à la transition écologique. D’une part, la logique de la « responsabilité sociale » et du « développement durable » n’a, pour le moment, pas fait des miracles pour verdir la finance – faute d’adeptes et question de temps, diront les optimistes. D’autre part, les titres privés ne sont qu’une petite fraction du portefeuille des banques centrales, l’essentiel étant des titres publics, et c’est plutôt par ce biais-là qu’elles devraient agir. Mais c’est une autre paire de manches, et le rapport du NGFS ne s’y aventure pas, comme le relève l’Institut Veblen. Faudrait-il en effet que la banque centrale disqualifie les titres des Etats les moins vertueux sur le plan écologique ? C’est peu envisageable, et potentiellement contre-productif pour les pays concernés, qui auraient encore plus de mal à engager leur transition une fois sanctionnés par les marchés. Ou devrait-elle se coordonner en amont avec les Etats pour que les titres de leurs emprunts éligibles aux rachats d’actifs servent à financer un volet suffisant de dépenses écologiques ? Mais de tels accords entailleraient la sacro-sainte indépendance des banques centrales…

Climat : suppression des subventions pour les centrales à charbon (G 7)

Climat : suppression des subventions pour les centrales à charbon (G 7)

Les ministres de l’Environnement de l’Allemagne, du Canada, des Etats-Unis, de la France, de l’Italie, du Japon et du Royaume-Uni ont promis « des efforts ambitieux et accélérés » pour réduire leurs émissions de CO2.

Pour réduire les émissions de CO2, les pays du G7 veulent des mesures concrètes vers la fin absolue de nouvelles aides publiques directes à la génération d’électricité à partir du charbon d’ici à la fin 2021″.

Le président de la COP26, Alok Sharma, s’est également félicité d’un « signal clair pour la planète que le charbon est en voie de disparition », le présentant comme un « pas majeur vers une économie à zéro émission ».

Initialement prévu pour novembre 2020, ce sommet qui réunira des dirigeants issus de 196 pays, ainsi que des entreprises et des experts, avait été repoussé l’an dernier en raison du Covid-19.

Au delà du charbon, les pays du G7 se sont mis d’accord pour « accélérer de manière significative » leurs efforts pour se défaire des hydrocarbures pour les transports dans la décennie à venir.

Ils ont promis d’agir en « champions » de la diversité en préservant ou protégeant au moins 30% des terres et 30% des océans de la planète pour enrayer les pertes en manière de diversité.

Cette semaine, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a estimé que le monde devait renoncer « maintenant » à tout nouveau projet pétrolier ou gazier, au-delà de ceux déjà approuvés, pour atteindre d’ici 2050 la neutralité carbone et avoir une chance de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C.

 

Ces bulles alimentées par les milliards de liquidités des banques centrales

Ces bulles alimentées par les milliards de liquidités des banques centrales

 

 

Les milliards de liquidités déversées généreusement par les banques centrales de la plupart des zones économiques ont surtout pour objet évidemment de soutenir l’économie et particulièrement la croissance. Ceci étant,  cet argent gratuit est également de façon assez massive pour soutenir de manière artificielle les cours de la bourse. En effet les fondamentaux des entreprises à savoir notamment les chiffres d’affaires et la rentabilité ne justifient pas l’envolée des cours. Une partie de l’argent disponible va donc se placer dans les produits financiers boursiers et participe à la création de bulles.

 

La vérité c’est qu’une partie des facilités monétaires accordés aux banques servent à la spéculation mondiale. On voit mal par exemple en France qui pourrait justifier de la hausse du CAC  40 de plus de 60 % en un an. De la même manière, on voit mal aussi comment expliquer l’envolée extraordinaire et irresponsable de certaines cryptomonnaies  comme le bitcoin. Il y a aussi les bulles obligataires et les bulles immobilières. Cette dernière en particulier qui exclut désormais compte tenu de la folie des prix tost les ménages moyens. À Paris par exemple il faut un minimum de revenus de 7 à 8000 € pour prétendre acheter un logement de taille modeste.

 

autant dire que dans certaines grandes villes, l’immobilier est devenu un objet de spéculation qui n’a plus rien à voir avec le logement De l’Europe à l’Asie en passant par les États-Unis, les indices boursiers semblent immunisés contre ces mauvaises nouvelles. Les plans de soutien massifs déployés par les gouvernements et les banques centrales pour contrer les effets néfastes de la crise sanitaire ont galvanisé les investisseurs. adobe stock

«La déconnexion entre Wall Street et Main Street (l’économie réelle) ne pose pas de problème tant que les banques centrales interviennent», expliquaient récemment les spécialistes de l’agence de notation Fitch. «Les valorisations sont élevées» sur les marchés, mais «cela fait partie des effets secondaires du traitement de choc de la crise» abondaient les analystes d’Axa IM.  Des analystes qui toutefois oublient l’éventualité d’une remontée des taux d’intérêt et de l’inflation qui ne sont pas le seul produit de l’action des banques centrales.

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