PMA : en juillet pour les homosexuelles et célibataires mais pas pour les mariées !
Christophe Kastner, le président du groupe en marche à l’Assemblée nationale s’explique sur la future loi PMA qu’il souhaite voir mise en œuvre à partir de juillet. Pour l’essentiel, elle doit permettre d’assister la procréation pour les homosexuels et les célibataires. Un grand trou cependant dans la raquette celui concernant les femmes mariées qui pour une raison ou une autre ne peuvent procréer et dont on demande des conditions d’âge pour accéder à la PMA. Ou alorsfaudra-t-il que les femmes intéressées divorcent, deviennent homosexuelles et célibataires pour bénéficier elles aussi de la PMA ? La preuve que cette loi nécessaire a surtout été inspirée par des groupes de pressions minoritaires et qu’on a tout simplement oublié la normalité maritale en matière de procréation.
L’interview de Christophe Castaner
Le projet de loi bioéthique revient lundi en séance publique à l’Assemblée nationale. Enfin?
Le processus a été long, c’est vrai. Je comprends évidemment la frustration des femmes concernées. Mais ces débats méritent du temps. C’était un choix politique. Le Président avait souhaité une large consultation avant l’examen parlementaire. Et après la deuxième lecture au Sénat en janvier, le Parlement a été très occupé par la crise sanitaire.
C’est le seul projet de loi du quinquennat pour lequel le gouvernement n’a pas engagé de procédure accélérée, qui limite le nombre d’examens par les deux chambres…
Ayons le courage de prendre le temps de la nuance! Elle est trop souvent considérée comme passée de mode dans notre vie politique. La nuance permet l’acceptation des projets sensibles. Et c’est un excellent antidérapant sur la pente glissante du populisme. Par ailleurs, la procédure accélérée n’est jamais engagée sur des textes sociétaux.
N’était-ce pas un manque de courage politique de ne pas avancer plus vite?
Prendre en compte les oppositions, ce n’est jamais manquer de courage. Faudrait-il être brutal pour être courageux? Dès 2018, lorsque j’étais délégué général de LREM, nous avons réclamé l’ouverture de la PMA à toutes les femmes et son remboursement intégral par l’Assurance maladie, quand le sujet faisait débat, y compris au sein du gouvernement. Nous avons eu une position offensive, en assumant la pression que nous mettions à l’exécutif ; je ne le regrette pas.
Quand les femmes homosexuelles et célibataires pourront-elles, en France, s’engager dans un parcours PMA?
Ce sera possible avant la fin de l’été ; nous souhaitons que la loi soit promulguée en juillet.
La PMA sera-t-elle remboursée par la Sécurité sociale?
Oui, pour toutes les femmes, c’est dans le texte. Ce nouveau droit ne doit pas être réservé à quelques-unes.
Ce marqueur sociétal était-il indispensable, au moment des élections locales et à un an de la présidentielle? Ou au contraire risqué?
Seul l’aboutissement compte. La PMA pour toutes s’inscrit dans un quinquennat de progrès : nous avons allongé le congé paternité, combattu les violences intrafamiliales, assuré le versement par la CAF des pensions alimentaires impayées… Sur l’allongement de deux semaines du délai légal pour avoir recours à l’avortement, j’ai demandé au Premier ministre que nous puissions l’intégrer au projet de loi de finances de la Sécurité sociale, examiné cet automne.
Craignez-vous un débat tendu, d’autant plus à l’approche d’échéances électorales?
La surenchère est toujours un risque sur ces sujets d’une grande sensibilité. Mais elle appauvrit le débat démocratique, dévalorise toute la parole publique. J’invite ceux qui seraient tentés par l’obstruction parlementaire à rehausser leur niveau de jeu, à proposer autre chose.
Pourquoi ne pas avoir ce débat à l’occasion de la campagne présidentielle de 2022, comme le souhaitent certains élus et comme vous le préconisez en ce qui concerne la fin de vie?
Où étaient ces élus en 2017? Le candidat Macron s’était prononcé en faveur de la PMA. Nous mettons donc en œuvre la promesse présidentielle. Si nous écoutions les LR, ils proposeraient ensuite de renvoyer le débat à 2027, 2032… En revanche, Emmanuel Macron ne s’était pas prononcé sur une nouvelle loi sur la fin de vie.
La majorité pourrait-elle aller plus loin et autoriser la PMA post-mortem ou pour les personnes transgenres?
La position de mon groupe est de retrouver les équilibres du texte voté en deuxième lecture à l’Assemblée nationale. Nous ne porterons donc pas de nouveaux éléments.
Comment augmenter le nombre de donneurs de sperme, dans un contexte de levée partielle de l’anonymat?
D’autres pays ont connu une baisse des dons, mais seulement temporaire. Il faudra faire de la pédagogie, rassurer. Mais il n’y a aucune raison que nous n’y arrivions pas.