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Catholicisme: Une réforme de type protestante ?

 Catholicisme: Une réforme de type protestante ? 

Selon la sociologue Danièle Hervieu-Léger, pour survivre, l’Eglise doit sortir de son système d’autorité centralisatrice et remettre en cause la sacralité du prêtre. Elle « n’échappera sans doute pas à cette leçon de la Réforme protestante », assure-t-elle dans un entretien au « Monde ».

Depuis cinquante ans, Danièle Hervieu-Léger scrute l’évolution du catholicisme, notamment occidental. Directrice d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), elle publie avec le sociologue Jean-Louis Schlegel Vers l’implosion ? Entretiens sur le présent et l’avenir du catholicisme (Seuil, 400 pages, 23,50 euros) ainsi qu’un ouvrage plus personnel sur son parcours, Religion, utopie et mémoire (Editions de l’EHESS, 168 pages, 9,80 euros), sous la forme d’un entretien avec l’historien Pierre-Antoine Fabre. Alors que le catholicisme français connaît une actualité mouvementée (consultation des fidèles en vue du synode sur la synodalitésuspension des ordinations dans le Var, etc.), elle délivre un diagnostic sans concession sur l’état de l’Eglise.

Il y a quelques mois, le rapport Sauvé a révélé l’ampleur des agressions sexuelles au sein de l’Eglise catholique française. Selon vous, que signifie cette crise ?

Cette crise est gravissime pour l’Eglise. Elle ne témoigne pas de l’existence de problèmes temporaires que l’on pourrait résoudre : elle révèle une faillite générale du système romain. La spécificité de cette crise est en effet qu’elle met au jour la dérive d’un système de pouvoir dans l’Eglise. C’est pour cela que l’on a souligné le caractère « systémique » des abus, qui ne peuvent être réduits aux errances de quelques individus.

 

L’Eglise catholique, au moins depuis le concile de Trente (1545-1563), s’est construite sur la sacralisation de la figure du prêtre. Celui-ci a un statut distinct des fidèles, il appartient à un état supérieur. Cette séparation d’avec le commun des baptisés implique le corps du prêtre, à travers le célibat, auquel il est astreint depuis la réforme grégorienne (1073-1085), et qui fait de lui un être à part.

 

La fonction sacerdotale, dans l’Eglise catholique, n’est donc pas fondée d’abord sur la capacité d’un homme à répondre aux besoins spirituels d’une communauté de croyants. Elle manifeste l’élection divine du prêtre, ce qui le place au-dessus de cette communauté et lui donne un pouvoir gigantesque. Le prêtre est le médiateur privilégié, sinon unique, de la relation des fidèles catholiques au divin : le Christ est présent dans les gestes sacramentaires que pose le prêtre.

Il faut comprendre que cette sacralisation du prêtre limite considérablement la possibilité de s’opposer à un abus qu’il commet. Comment peut-on se révolter contre un tel acte, comment même peut-on se percevoir comme une victime quand l’agresseur se prévaut d’une relation à la puissance divine ? Les abus sexuels, dans ce contexte, sont donc toujours aussi des abus spirituels et des abus de pouvoir.

« L’avenir du catholicisme en France ? »

« L’avenir du catholicisme France ? »

 

 

« Le catholicisme a-t-il encore de l’avenir en France ? », de Guillaume Cuchet, Seuil, « La couleur des idées », 250 p., 21 €, numérique 15 €.

 

Chronique du Monde

Les années qui viennent seront marquées, en France, par une accumulation de morts inédite en temps de paix. En cause, les fameux baby-boomers, et le spectaculaire allongement de l’espérance de vie dont ils ont bénéficié. Ainsi que l’écrit Guillaume Cuchet au début de son nouvel essai, Le catholicisme a-t-il encore de l’avenir en France ?, « tout le monde va devoir disparaître en vingt ou trente ans faute d’avoir étalé les départs ».

La tâche se révèle d’autant plus ardue qu’un acteur de ce théâtre tragique est en passe de faire défaut : la religion, et d’abord le catholicisme, pourvoyeur longtemps majoritaire de sens et de consolation, que, précisément, la génération du baby-boom a contribué à balayer à la faveur d’un immense « décrochage religieux ». Quelles ressources lui reste-t-il donc pour affronter l’issue fatale ? se demande l’historien, auteur de Comment notre monde a cessé d’être chrétien (Seuil, 2018), dont ce livre peut être lu comme une suite.

Il creuse en effet, au-delà des inquiétudes mortuaires sur lesquelles il s’ouvre, un enjeu peu traité : savoir ce qui subsiste et pourra subsister d’une religion en train de s’effacer, du moins comme norme morale et ensemble de rituels sociaux massivement partagés. Recueil d’articles en partie remaniés – ils auraient pu l’être davantage, pour éviter certaines redites –, Le catholicisme a-t-il encore de l’avenir en France ? ouvre un vaste et stimulant chantier autour de cette question, en balayant large à travers les champs d’investigation qu’elle peut impliquer.

Guillaume Cuchet traque en tous sens les phénomènes significatifs pour deviner les pentes sur lesquelles nous nous apprêterions à glisser, et les remontées possibles.

Il insiste en particulier sur « cette révolution silencieuse » que représentent ceux que la sociologie anglo-saxonne désigne comme « nones » (« sans-religion ») – les « désaffiliés » de tout culte institué. Une étude de 2018 en comptait 64 % parmi les Français de 16 à 29 ans. Leur « radicale nouveauté » tient au fait que, pour la plupart, ils ne sont pas nés dans le catholicisme, ce qui fait d’eux non des « décrocheurs », mais des « décrochés de deuxième, voire de troisième génération ».




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