croissance : Moscovici capitule ; ça ira mieux en 2015 !
Exit les prévisions de croissance optimistes pour Moscovici, ça ira mieux en 2015 déclare–il ; En fait, comme la commison européenne, il n’en sait strictement rien mais en reportant l’échéance de vraie reprise, il gagne du temps ; comme il y a longtemps qu’il ne sera plus ministre des finances à ce moment là, ça ne mange pas de pain. Pour certains ministres et députés de gauche, l’atterrissage risque d’être rapide et douloureux. Au vu du traumatisme « moral » engendré par l’affaire Cahuzac, Cécile Duflot et quelques députés plaident pour une inflexion de la politique économique : « Jérôme Cahuzac avait incarné la rigueur et l’austérité. On ne peut pas continuer de dire la même chose », estime la ministre du Logement. Cette petite musique en faveur d’une « autre politique » n’est pas nouvelle : Cécile Duflot et Delphine Batho (Ecologie) l’avaient déjà entonnée le mois dernier. Mais il n’est pas question de changement de cap en matière de finances publiques - « Je n’imagine pas une demi-seconde que François Hollande l’envisage », témoigne un conseiller gouvernemental. Et cela va très vite être gravé dans le marbre dans le cadre du programme de retour à l’équilibre des finances publiques, qui sera finalisé cette semaine avant d’être présenté le 17 avril au Parlement. Certes, la France entend obtenir de Bruxelles le décalage d’un an de l’objectif de retour du déficit à 3 % du PIB. Sans cela, « nous mettrions le pays en récession », plaide le ministre de l’Economie, Pierre Moscovici. Mais même décalé à 2014, cet objectif sera très difficile à tenir. Loin d’enterrer la rigueur, le programme de stabilité va durcir le plan de redressement prévu jusque-là pour 2014. « Il faudra muscler l’effort », reconnaît-on au sein du gouvernement. En cause, un dérapage du déficit en 2012 (à 4,8 % de PIB), mais, surtout, de maigres perspectives de croissance. Le gouvernement a calé ses nouveaux chiffres sur les projections de Bruxelles, a officialisé dimanche Pierre Moscovici sur Europe 1. Pour 2013, Paris table désormais sur 0,1 % de croissance (contre 0,8 % précédemment). La prévision pour 2014 est également identique à celle de Bruxelles (1,2 %). A partir de 2015, « je pense que la croissance va retrouver un rythme de croisière qui lui permettra de créer des emplois : 2 % de croissance », a poursuivi le ministre. Ces prévisions vont désormais être transmises au Haut conseil des finances publiques, qui donnera son avis sur le scénario macroéconomique. En conséquence, l’effort d’assainissement restera très important. Pour 2013, Paris aligne également sa nouvelle prévision de déficit sur celle de Bruxelles, à 3,7 % de PIB. Pour revenir en dessous de 3 % de déficit en 2014, cela va donc impliquer un effort de redressement d’environ 0,8 point de PIB. Et comme la croissance ne permettra pas de le réduire « naturellement », l’effort devra être entièrement structurel. En clair : il faudra entre 15 et 20 milliards d’euros de mesures de redressement en 2014. Alors que la loi de programmation ne prévoyait jusque-là « que » 0,5 point de PIB (10 milliards). Autre arbitrage clef en vue : les efforts en 2014 devraient porter aux deux tiers environ sur des économies (Etat, collectivité, retraites, prestations familiales, assurance-maladie, etc.), et pour un tiers sur des nouveaux prélèvements. François Hollande avait donné le cap en indiquant que la majorité des efforts porteraient sur les dépenses.