Ce sera forcément rabelaisien tellement il y a de motifs à entretenir la confusion désuète . En fait nos régions ne seront pas de vraies régions à l’échelle de l’Europe, en plus et surtout on maintient les départements. Enfin on va se battre pour désigner les capitales. Tout cela finira dans le ridicule avec une capitale politique et une capitale administrative. Avec évidemment des sureffectifs partout. Caen ou Rouen, Dijon ou Besançon, Toulouse ou Montpellier etc. ? La réunification de la Normandie, séparée en deux en 1956, semble logique d’un point de vue historique et territorial. C’est d’ailleurs la moins contestée des unions décidées par l’Elysée, même si le maire PS de Rouen avait évoqué son envie de fusionner les deux Normandie avec la Picardie, qui aurait eu le mérite de placer sa ville au milieu de la nouvelle entité… Si cette réunification semble bien accueillie, le choix de la capitale n’en est donc pas simplifié pour autant. La trop grande proximité de Rouen avec Paris peut jouer contre elle. A l’inverse, la position de Caen, à 110 kilomètres de Rouen, est plus centrale, au cœur de la Normandie réunifiée. Dans un sondage réalisé par Tendance Ouest , 65% des internautes la choisissent pour capitale régionale. Le grand port marchand est parfois présenté comme l’outsider qui permettrait de ne pas avoir à départager les deux sœurs ennemies que sont Caen et Rouen. Mais la petite taille du Havre et sa position excentrée lui laisse peu de chances. Sans doute conscient que la bataille entre les élus normands sera rude, Joël Bruneau, nouveau maire UMP de Caen, a évoqué sur France 3 une solution alternative, « une capitale à trois », avec Rouen et Le Havre. Quelle capitale pour cette nouvelle entité territoriale, qui s’étendra sur plus de 81 900 km2, devenant ainsi la plus grande région de France? Le député-maire PS de Poitiers, Alain Claeys, semble avoir déjà accepté que sa ville ne décrocherait pas le titre, comme il l’a déclaré à 7 à Poitiers: « Tant que le CHU et l’université (de Poitiers) se développent et que Poitiers reste au coeur des flux de déplacement, notre territoire bénéficiera de cette fusion ». Orléans, capitale de l’actuelle région Centre, risque de pâtir de sa situation géographique, trop proche de Paris. A l’inverse, Limoges, capitale du Limousin, sera sans doute perçue comme trop excentrée par rapport aux autres départements de la nouvelle région. Dans un sondage réalisé par Sud-Ouest auprès des ses internautes, 46% des plus de 2000 votants choisissent la ville de La Rochelle comme capitale régionale, en dépit de sa position complètement excentrée à l’ouest du nouvel ensemble. Un choix qui ne laissera sans doute pas de marbre Ségolène Royal, présidente de la région Poitou-Charentes, et candidate malheureuse aux élections législatives de La Rochelle, face à un certain Olivier Falorni. La bataille s’annonce très féroce entre les deux métropoles du Sud. Si Toulouse, quatrième ville de France, semble s’imposer comme future capitale, Montpellier et la région Languedoc-Roussillon semble bien décidés à ne pas se laisser annexer par leur puissant voisin. « L’efficacité d’un territoire n’augmente pas forcément s’il devient plus grand. Ce n’est pas mécanique. Je ne lâcherai rien! », a prévenu dans Les Echos le président PS Christian Bourquin. On comprend pourquoi la lutte entre Toulouse et Montpellier ne laisse pas la place au moindre outsider. La partie semble jouée d’avance, tant Clermont-Ferrand fait figure de poids coq face au Lyon, troisième ville de France, véritable poids super-welter économique. Il n’y aurait même pas la place pour une solution alternative. Sauf que la situation reste quand même délicate, comme le souligne René Souchon, président de la région Auvergne, auprès de France Bleu: « Vous ne pouvez pas gérer un lycée à 500 kilomètres, c’est impossible. Il faut bien des antennes de la grande région déconcentrée. On ne va pas dire aux 400 agents que j’ai dans la région: ‘c’est terminé, on fusionne avec Rhône-Alpes, vous, vous partez à Lyon’ à cause de l’étendue du territoire ». De plus, la région Auvergne doit prochainement inaugurer son nouvel hôtel de région. A Clermont-Ferrand, évidemment. C’est ballot. Devins ou très bien informés, les élus du conseil municipal d’Amiens avaient adopté dès le 14 avril un voeu réaffirmant solennellement leur « attachement à la Picardie et à Amiens comme sa capitale régionale ». La Picardie a finalement échappé à un démentelement complet qui aurait conduit à un partage entre l’Ile de France, la Normandie et le Nord pas de Calais. Son intégrité préservée, la lutte entre la Picardie et sa capitale et Chalons en Champagne, la capitale de Champagne-Ardenne, pourrait donc être longue et compliquée. D’après le site Internet Reflets Actuels, la ville de Reims, en Champagne-Ardenne, serait la favorite pour décrocher le titre de la nouvelle capitale régionale. « Je ne peux accepter que Strasbourg, avec son statut européen, appartienne à une région dont elle ne serait pas la capitale », a déclaré Roland Ries, maire PS de Strasbourg, aux Dernières Nouvelles d’Alsace. Voilà qui a le mérite d’être clair. Du côté des Lorrains, aucune réaction officielle -une explication à cette absence de réaction est peut-être à chercher du côté de l’affrontement qui oppose de longue date Metz, siège du conseil régional de Lorraine, et Nancy, de taille comparable en nombre d’habitants, et située au beau milieu de la région. Régions aux terroirs souvent célébrés, Bourgogne et Franche Comté étaient faites pour s’entendre. Elles ont été les premières à annoncer leur intention de convoler, avant même l’annonce de l’Elysée. Reste à choisir une maison commune. Dijon, ville dont le maire, François Rebsamen, est aussi ministre du travail, tiendrait la corde. Même si Marie-Guite Dufay, présidente de Franche-Comté, a affirmé au Journal du Centre que, « dans ce nouvel ensemble Bourgogne-Franche-Comté, il n’y aura pas une capitale qui sera Besançon ou Dijon, il y aura une métropole entre Dijon et Besançon ». !