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Cancers : pour la révolution du diagnostic

Cancers :  pour la révolution du diagnostic 

3,8 millions de Français vivent quotidiennement avec un cancer. C’est aujourd’hui la 1ère cause de mortalité prématurée. Contre cet ennemi public n°1, une révolution du diagnostic permet de mieux caractériser la maladie et d’en améliorer la prise en charge. Malheureusement, des freins importants empêchent de la mettre au service de tous les patients, sur l’ensemble du territoire. Il est vital de les lever ! Par Yannick Neuder, Député de la 7e circonscription de l’Isère, Vice-président de la commission des affaires sociales ( dans la Tribune)

Ces dernières années, de multiples innovations thérapeutiques en oncologie ont permis d’améliorer significativement le pronostic des malades. Néanmoins, nous pouvons faire mieux. Nous devons faire mieux. Pour les patients, leurs familles et pour la société. Pour cela, il devient impératif de mettre en œuvre deux approches complémentaires.

La prévention, d’abord, puisque 41 % des cas de cancer survenant chez les plus de 30 ans, sont attribuables à des facteurs de risque qui peuvent être modifiés : le tabagisme, la consommation d’alcool, l’alimentation ou encore le surpoids et l’obésité. Plus qu’un message d’espoir, ce chiffre est une injonction à l’attention de tous les acteurs – des soignants aux patients en passant par les institutions – d’engager les démarches de protection nécessaires et de changer les comportements. Il devient donc impératif de rattraper notre retard en matière de dépistage et pour cause, notre pays fait figure de mauvais élève par rapport au reste des pays de l’OCDE s’agissant du dépistage du cancer colorectal, deuxième cancer le plus meurtrier dans notre pays.

En parallèle, le taux de vaccination contre le papillomavirus responsable du cancer du col de l’utérus dans l’hexagone est l’un des plus faibles de l’Union européenne.

La précision dans le diagnostic, ensuite. Car derrière l’épouvantail du terme « cancer » se cache, en réalité, un ensemble de pathologies dont la fréquence, le pronostic et l’évolution sont extrêmement variables. Chaque tumeur cancéreuse se développe de manière spécifique selon la cellule, l’organe et le patient.

Ainsi, avant de soigner un cancer, il faut savoir lequel traiter. C’est pour cette raison qu’ont été mis au point des diagnostics particulièrement innovants, à l’instar de celui rendu possible grâce au séquençage du génome.

Entamé dans les années 1970, le séquençage du génome est un test complet qui permet de détecter les éventuelles variations de l’ADN des chromosomes, c’est-à-dire de décrypter l’information biologique d’un individu. Dit autrement, le génome est une encyclopédie gigantesque rédigée en langue étrangère, dont le séquençage permet la traduction.

Alors qu’il aura fallu une dizaine d’année et plusieurs milliards d’euros pour réaliser le premier séquençage d’un génome humain complet, les nouvelles techniques de séquençage du cancer (next-generation sequencing « NGS ») le rendent aujourd’hui possible en quelques jours ou semaines, à un coût similaire à celui d’une hospitalisation de jour.

Dans le domaine de la santé et de la lutte contre les cancers, ces tests NGS constituent une véritable révolution. Ils permettent de caractériser, rapidement et avec précision, la tumeur et ainsi d’améliorer la prise en charge des patients.

Grâce à ces nouvelles techniques de diagnostic des cancers, les traitements les plus pertinents et adaptés peuvent être administrés plus précocement. Elles permettent également d’éviter les effets indésirables potentiellement induits par des traitements non nécessaires(1) et de diminuer les coûts de prise en charge, pour les patients comme pour la société(2).

Elles peuvent ainsi, concrètement et significativement, améliorer le pronostic et la vie des patients.

Certes disponibles, ces diagnostics ne le sont pas partout et pas pour tous. Cette inégalité dans l’accès des Français aux meilleurs pratiques a notamment été constatée lors d’une enquête conduite auprès d’une centaine d’acteurs et experts de l’oncologie par Tous pour la Santé. Pilotée par un comité réunissant des associations de patients et des professionnels du secteur, cette étude a permis d’identifier les principaux freins au déploiement des tests NGS dans tous les territoires.

L’absence de remboursement complet et systématique de ces tests par la sécurité sociale figure au premier rang de ces freins, puisqu’un répondeur sur deux indique renoncer à ceux- ci par manque de financement. L’enquête montre aussi que la connaissance parfois imparfaite de ces techniques innovantes par les professionnels de santé et l’absence de recommandations par les autorités nationales contribuent également à leur sous-utilisation. Enfin, il faut mettre autour de la table les acteurs de la prise en charge tels que les mutuelles et complémentaires santé qui auront un rôle majeur dans cette perspective.

Dès lors, parce que disposer des meilleures armes pour lutter contre la maladie est une nécessité d’intérêt général, l’ensemble des acteurs de la lutte contre le cancer appellent l’État à tout mettre en œuvre pour faciliter l’accès aux nouvelles techniques de diagnostic des cancers, partout et par pour tous.

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(1) 64 % des malades déclarent, plus de cinq ans après, souffrir de séquelles de la maladie ou de ses traitements. Sur la même période 1 personne sur 5 a perdu son travail. Données issues du Panorama des Cancers édition 2023 de l’Institut national des Cancers.

(2) En 2021, les dépenses hospitalières liées à la prise en charge des cancers s’élevaient à 6,3 milliards d’euros. Données issues du Panorama des Cancers édition 2023 de l’Institut national des Cancers.

l’IA : Pour détecter des cancers

l’IA : Pour détecter les cancers

Des chercheurs ont conçu un algorithme d’apprentissage capable de trouver l’origine de cellules cancéreuses qui se sont propagées dans le corps alors qu’on ne connaissait pas la tumeur de départ. De quoi mieux cibler les traitements pour les patients.

Dans le traitement anticancéreux, le choix des solutions thérapeutiques dépend en grande partie de l’origine de la première tumeur, c’est-à-dire de l’organe initialement atteint. Or, pour certains cancers détectés à un stade avancé, ce point de départ est parfois impossible à identifier étant donné que leurs cellules tumorales se sont déjà disséminées dans le corps et ont produit des métastases. Ces cancers dont l’origine reste un mystère, appelés cancers de primitif inconnu (CPI) par les spécialistes, touchent chaque année 7000 patients en France. Pour ces derniers, les options de traitement sont rarement optimales.

Tout l’enjeu actuel consiste à développer des outils capables d’identifier le cancer primitif afin que ces patients puissent bénéficier d’un traitement plus spécifique de leur maladie.

Les additifs alimentaires responsables de cancers ?

Les additifs alimentaires responsables de cancers ?

Selon une étude française dont il est rendu compte dans le Figaro, la consommation de certains émulsifiants très communs (E471, E407 et E407a) pourrait accroître de façon significative le risque de développer un cancer du sein ou de la prostate.Depuis que les aliments ultras transformés ont inondé les rayons de supermarchés, les quantités d’additifs ont progressivement explosé dans nos assiettes. Parmi eux, les émulsifiants qui améliorent la texture et la saveur des produits alimentaires tout en prolongeant leur durée de conservation. On les retrouve dans les biscuits, les desserts industriels, les graisses (crème fraîche, margarine, etc.) ou encore les plats préparés. Ils se cachent même dans certains produits en apparence « sains » tels que des yaourts et certains pains. Puisqu’ils sont approuvés pour un usage alimentaire, ces émulsifiants ont pendant longtemps imprégné notre alimentation sans que l’on soupçonne leurs possibles méfaits pour la santé.

Pourtant, ces dernières années, plusieurs suspicions ont commencé à émerger dans les études.
Certains émulsifiants seraient notamment impliqués dans l’inflammation chronique de l’intestin chez les animaux. Chez l’humain, ils sont soupçonnés de favoriser les maladies cardiovasculaires. Alors que les preuves de leur nocivité se multiplient, des chercheurs français regroupés au sein l’équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (Cress-Eren), suggèrent que leur consommation chronique pourrait favoriser le développement de cancers.

Les résultats publiés dans PLOS Medicine sont fondés sur l’analyse de données de santé de 92 000 adultes faisant partie de la cohorte NutriNet-santé. Entre 2009 et 2021, les participants ont régulièrement renseigné les produits alimentaires et les boissons qu’ils ont consommés à l’aide de questionnaires. À partir de dosages de ces produits en laboratoire, l’équipe a ainsi estimé la quantité moyenne d’émulsifiants ingérés quotidiennement par chaque participant. Grâce à des approches statistiques, les chercheurs ont ensuite évalué le lien entre ces apports (élevés, intermédiaires ou faibles) et la survenue de cancers.

Au total, 2 604 personnes ont été diagnostiquées avec un cancer au cours du suivi. Sur une trentaine d’additifs testés, trois sont ressortis comme de potentiels facteurs favorisants : les monoglycérides et diglycérides d’acides gras, nommés E471, et les carraghénanes (E407 et E407a). « Ces additifs sont très courants dans les sauces, les crèmes desserts, les yaourts aromatisés, les biscuits et gâteaux industriels ou encore certaines soupes. Ils servent d’agents de texture pour donner un aspect homogène aux produits», explique Mathilde Touvier, directrice de recherche à l’Inserm en épidémiologie nutritionnelle qui a conduit cette étude.

De manière générale, les participants ayant consommé la plus grande quantité d’additif E471 avaient un risque 15% plus élevé de cancer comparé aux plus faibles consommateurs. Ce risque était accru de 24% pour le cancer du sein et de 46% pour celui de la prostate. Les deux autres additifs (E407 et E407a) étaient quant à eux associés à un risque plus élevé de cancer du sein de 32%. « Un point fort est qu’ils ont tenu compte de la plupart des facteurs de risque « classiques » qui auraient pu interférer avec les résultats comme l’âge, le sexe, le tabagisme, l’activité physique ou encore les antécédents familiaux », souligne Mathilde His, chercheuse au département Prévention Cancer Environnement au Centre Léon Bérard de Lyon. De quoi soulever des inquiétudes car l’incidence des cancers du sein et de la prostate, les plus fréquents en population générale, n’a cessé de progresser depuis le milieu du XXe siècle. Et ce de façon concomitante avec l’avènement des aliments transformés.

La piste du microbiote intestinal
Pour l’heure, les scientifiques ne savent pas comment ces additifs pourraient agir, ni pourquoi ils seraient davantage associés à certains cancers. « Ils pourraient présenter différents modes d’action selon leurs propriétés mais aussi le type de cancer», suggère Benoît Chassaing, spécialiste des maladies inflammatoires chroniques et coauteur de l’étude. « Nous ne savons pas non plus si les additifs agissent seuls ou en association par un effet cocktail plus complexe à étudier », ajoute-t-il.

Chez des animaux, une étude avait déjà pointé un risque accru de cancer colorectal lié à la consommation de polysorbate 80 (E433) et de carboxyméthylcellulose (E466). Les auteurs avaient alors suggéré que ces émulsifiants pouvaient altérer la composition des bactéries du système digestif, ce qui favoriserait l’inflammation chronique des tissus. Selon les travaux conduits par l’équipe du Dr Chassaing, cette piste en faveur d’un déséquilibre du « microbiote intestinal » pourrait également s’appliquer à l’humain. « Dans un essai chez l’humain, nous avons montré que des doses bien plus élevées que la moyenne de l’additif E466 modifient la composition du microbiote en lien avec une capacité accrue à induire l’inflammation de l’intestin», explique le Pr Chassaing. « Or ce terrain inflammatoire est propice à l’installation de cancers. » Pour les scientifiques, il est donc probable que ce mécanisme local observé dans l’intestin s’étende plus globalement à d’autres organes.

Vers une réflexion sur l’utilisation des additifs
Devrions-nous alors totalement supprimer les émulsifiants? Les auteurs restent prudents car ces travaux reflètent au mieux une association entre le développement du cancer et la consommation d’additifs, sans pour autant démontrer un lien clair de cause à effet. « C’est la première étude qui quantifie l’exposition aux additifs et son association avec les cancers. Nous sommes donc à un stade précoce de la recherche et d’autres travaux sont nécessaires », insiste Mathilde Touvier.

Cela donne néanmoins à réfléchir, d’autant plus que les mêmes auteurs avaient déjà établi en lien entre la consommation de ces additifs et un surrisque cardiovasculaire. Depuis 2019, le programme national Nutrition Santé recommande d’ailleurs de privilégier l’utilisation de « produits bruts, pas ou peu transformés », limitant la consommation d’additifs non essentiels. « C’est un volet important en prévention car on sait que les aliments ultratransformés riches en graisses ou en sucres favorisent l’obésité, elle-même associée à une augmentation du risque de nombreux cancers par différents mécanismes connus ou suspectés, comme l’inflammation chronique», ajoute Mathilde His. Une réactualisation de l’évaluation de la sécurité de certains additifs pourrait donc être entamée dans les prochaines années.

Santé: Pourquoi les cancersen hausse chez les moins de 50 ans ?

Santé: Pourquoi les cancersen hausse chez les moins de 50 ans ?

On pense souvent que le cancer est une maladie qui affecte les personnes les plus âgées. Mais de nouvelles recherches préoccupantes montrent que le cancer chez les sujets les plus jeunes est un problème croissant. Selon une étude récente, ces trente dernières années, le nombre de personnes de moins de 50 ans chez qui un cancer a été diagnostiqué a augmenté d’environ 80 %. Le type de cancers détectés chez les adultes plus jeunes est aussi un sujet d’inquiétude. En effet, si l’on en croit cette étude mais aussi des travaux de recherche plus anciens, on observe chez les sujets plus jeunes une recrudescence de cancers que l’on considérait jusqu’alors comme spécifique des groupes les plus âgés. Il s’agit notamment des cancers de l’intestin, de l’estomac, du sein, de l’utérus et du pancréas.

par Ashleigh Hamilton
Academic Clinical Lecturer, Centre for Public Health, Queen’s University Belfast dans The Conversation

Ces données sont préoccupantes car certains de ces cancers, en particulier les cancers du pancréas et de l’estomac, se caractérisent par un faible taux de survie. Cela s’explique par le fait que ces cancers sont souvent diagnostiqués à un stade tardif. Des travaux de recherche ont également montré que le cancer de l’intestin (il s’agit du cancer du gros intestin appelé aussi cancer du côlon ou colorectal, ndlr) tend à être diagnostiqué à un stade plus avancé chez les adultes jeunes, par rapport aux sujets plus âgés.

S’il ressort clairement de cette étude que le cancer est de plus en plus fréquent chez les adultes de moins de 50 ans, les experts manquent de certitudes quant aux causes de cette augmentation.

L’étude a porté sur les cas de cancers chez des personnes âgées de moins de 50 ans (on peut utiliser l’expression « cancers d’apparition précoce ») dans 204 pays et régions du monde. Les données analysées ont été collectées entre 1990 et 2019. Les chercheurs souhaitaient connaître, non seulement l’incidence des cancers d’apparition précoce, mais aussi les types de cancers les plus répandus chez les moins de 50 ans.

Ils ont constaté qu’en 2019, 3,26 millions de cas de cancers d’apparition précoce ont été diagnostiqués dans le monde, soit une augmentation de 79 % depuis 1990. Les auteurs ont également prédit que d’ici 2030, le nombre de personnes de moins de 50 ans diagnostiquées avec un cancer augmenterait encore de 31 %.

Le cancer du sein était le cancer d’apparition précoce le plus fréquent en 2019. Mais c’est l’incidence des cancers de la prostate et de la gorge qui a augmenté le plus rapidement depuis 1990. Le cancer du foie est, quant à lui, celui qui a diminué le plus rapidement au cours de la même période.

Le nombre de décès dus aux cancers d’apparition précoce a également augmenté entre 1990 et 2019, mais moins rapidement que le taux de diagnostic. Le nombre de décès a néanmoins atteint 1,06 million dans le monde en 2019, soit une augmentation de 28 %. Les cancers ayant entraîné le plus grand nombre de décès en 2019 sont les cancers du sein, du poumon, de l’intestin et de l’estomac. Le groupe d’âge le plus exposé au risque de cancer précoce est celui des quadragénaires.

C’est à la quarantaine que le risque de survenue d’un cancer dit d’apparition précoce est le plus élevé.
En 2019, le cancer du sein d’apparition précoce était celui qui a pesé le plus lourd pour les femmes, tandis que le cancer du poumon d’apparition précoce était celui a qui a eu le plus lourd impact pour les hommes. Les femmes ont été touchées de manière disproportionnée par les cancers d’apparition précoce, en termes de décès et de dégradation de leur santé, dans les pays à revenus faibles et intermédiaires.

L’étude montre également que si les pays développés tels que l’Europe occidentale, l’Amérique du Nord et l’Australasie comptent le plus grand nombre de cas de cancers d’apparition précoce, de nombreux cas ont également été observés dans les pays à revenus faibles ou intermédiaires. Les taux de mortalité étaient également plus élevés dans les pays à revenus faibles ou intermédiaires.

La principale limite de cette publication est la variabilité des données collectées dans les différents pays, ce qui rend difficile leur évaluation de manière exhaustive. Cet article scientifique n’en reste pas moins utile pour établir une photographie de la santé des populations au niveau mondial.

Il n’existe pas d’explication unique à l’augmentation du nombre de cancers chez les moins de 50 ans. Certains cancers qui surviennent chez des adultes jeunes ont une origine génétique. Mais cela ne représente qu’un petit nombre de cas (environ 20 %).

Les facteurs liés au mode de vie, comme les aliments que nous mangeons, la consommation d’alcool ou de tabac et le surpoids, sont tous associés à un risque accru de survenue de nombreux types de cancers. Selon des données issues de la recherche, ces facteurs peuvent contribuer à l’augmentation du nombre de cancers colorectaux précoces, par exemple. On ne sait pas si c’est également le cas pour d’autres types de cancers d’apparition précoce.

Certaines personnes atteintes d’un cancer d’apparition précoce peuvent avoir un mode de vie sain. Cela suggère qu’il existe probablement d’autres causes, qui n’ont pas encore été mises en évidence, pour expliquer l’augmentation des cancers chez les adultes de moins de 50 ans.

Ces recherches montrent clairement que le paysage du cancer est en train de changer. Si l’incidence des cancers d’apparition précoce augmente, le cancer dans ce groupe d’âge reste toutefois beaucoup moins fréquent que chez les plus de 50 ans. Les cancers d’apparition précoce ne représentent qu’un dixième environ des nouveaux cas au Royaume-Uni. Mais même si ces chiffres sont encore relativement faibles, cela ne signifie pas pour autant que la tendance observée n’est pas préoccupante.

(Pour la France, l’agence Santé publique France a fait le point sur l’incidence des principaux cancers en France métropolitaine en 2023 et les tendances depuis 1990. Chez la femme, le taux d’incidence « tous cancers » augmente de façon continue depuis 1990. C’est le cas, en particulier, des cancers du poumon et du sein. Chez l’homme, en revanche, après une augmentation entre 1990 et 2006 et une baisse entre 2006 et 2012, ce taux semble se stabiliser depuis 2012. Mais l’agence ne fait pas de focus sur les cancers qui surviennent chez les adultes de moins de 50 ans, ndlr).

Il est désormais essentiel de veiller à ce que les cancers d’apparition précoce fassent l’objet d’une plus grande prise de conscience. La plupart des adultes encore jeunes, et même les professionnels de la santé, ne pense pas en priorité au cancer lorsque des symptômes apparaissent. Il est important de consulter son médecin généraliste quand des symptômes surviennent, car la détection d’un cancer à un stade précoce permet d’obtenir un meilleur pronostic.

Il est également nécessaire de mener, en urgence, des recherches sur les cancers d’apparition précoce au niveau national et international. Les causes sous-jacentes sont probablement différentes selon le sexe, l’origine ethnique et le lieu de résidence.

Au niveau individuel, il y a beaucoup de choses que vous pouvez faire pour réduire votre risque de développer un cancer. Il est important d’adopter une bonne hygiène de vie. Cela inclut une alimentation saine, l’arrêt du tabac, la pratique d’une activité physique régulière, la réduction de la consommation d’alcool, la protection contre le soleil et le maintien d’un poids correct. Si vous ne vous sentez pas bien dans votre corps ou si des symptômes surviennent, il est important de consulter un médecin dès que possible.

L’ADN circulant : nouvel outil pour le diagnostic des cancers

L’ADN circulant : nouvel outil pour le diagnostic des cancers

L’ADN est, normalement, confortablement niché dans un noyau au cœur de nos cellules. Par contre, quand celles-ci viennent à mourir, toute cette organisation se désagrège peu à peu. Notre matériel génétique n’échappe pas à cette débandade cellulaire. Alors que le noyau se dégrade, l’ADN se fragmente et ses morceaux se retrouvent libres. L’ADN peut ainsi se retrouver dans la circulation sanguine : ces fragments constituent ce qu’on appelle l’« ADN circulant », ou ADNc. Longtemps ignoré ou sous-estimé, il est désormais de plus en plus scruté par les spécialistes qui lui découvrent de nombreux intérêts. Une simple prise de sang (« biopsie liquide ») suffit en effet aux médecins pour le recueillir et l’étudier – un millilitre de plasma permet de le récolter par milliers voire par millions !

par Audrey Rousseau
Professeur en Anatomie Pathologique – Médecin enseignant-chercheur au CHU d’Angers, Université d’Angers

dans The Conversation

Et après ? Chez les sujets sains, l’ADNc est surtout relargué par les cellules du sang (les globules blancs, par exemple) qui arrivent en fin de vie. Par contre, chez les sujets atteints de cancer, il va en partie être d’origine tumorale. Or, comme la molécule d’ADN entière, il code des informations génétiques : certes très parcellaires, mais néanmoins précieuses pour le diagnostic.

Depuis le développement de techniques particulièrement sensibles pour le détecter, l’ADNc est devenu un allié précieux des chercheurs et des oncologues !

Infographie schématisant la récupération d’ADNc : prise de sang, composition du sang et présence d’ADN cancéreux
Une simple prise de sang peut permettre de détecter de l’ADN circulant provenant de cellules cancéreuses. Meletios Verras/Shutterstock
Un marqueur du cancer facile à détecter
Le plus souvent, un diagnostic de cancer est posé suite à l’apparition de symptômes ou à la découverte d’une masse au scanner. Une biopsie (ou exérèse) de la tumeur n’est pas toujours possible, et c’est là que ce type d’analyse entre en scène.

Les biologistes peuvent séquencer le texte génétique (lire les lettres) porté par ce fragment d’ADN : cela leur permet de repérer les mutations présentes et, parfois, d’identifier le cancer dont il est issu. Ils peuvent ainsi caractériser plus précisément la tumeur et déterminer le pronostic de la maladie.

Parfois également, le cancer associé à cet ADNc n’est pas connu (chez un patient jusqu’alors en bonne santé) ou est bien caché (cancer dit « occulte ») : cette caractérisation peut aider les médecins à trouver la tumeur d’origine.

Ces informations sont aussi utiles pour choisir les traitements les plus adaptés. Chaque type de cancer présente en effet des vulnérabilités spécifiques, qui le rendent sensible à certains médicaments plutôt qu’à d’autres.
Mais ce n’est pas tout. Chez les patients ayant un antécédent de cancer ou particulièrement à risque d’en développer un, l’analyse de l’ADNc peut aider à dépister la maladie avant l’apparition de symptômes.

De plus, son étude au cours du suivi d’un cancer chez un patient déjà diagnostiqué est utile à plusieurs niveaux. Avec une simple prise de sang, rapide et aisée à réaliser lors d’une consultation, l’oncologue peut :

Évaluer l’efficacité des traitements : la quantité d’ADNc associé à la tumeur diminue dans le sang quand celle-ci régresse ; si son taux reste stable, c’est que le traitement ne marche pas. S’il devient indétectable, c’est que le patient est en rémission.

Assurer un suivi plus simple des patients, sans avoir à répéter les scanners (qui délivrent des rayons X toxiques sur le long cours) et les biopsies de la tumeur ou de ses métastases. Les biopsies tissulaires sont invasives et présentent un risque d’hémorragie, d’infection… notamment en cas de tumeur des organes profonds. L’oncologue peut suivre l’évolution de la maladie de façon plus régulière tout en étant moins invasif. Point important, surtout chez l’enfant.

Guetter une éventuelle rechute. La réapparition de l’ADNc est synonyme de récidive, qu’il est ainsi possible de diagnostiquer précocement, avant même l’apparition d’une tumeur détectable cliniquement ou par imagerie – le scanner n’est pas très performant pour détecter des micrométastases (< 3 mm).

Détecter toutes les anomalies génétiques de la tumeur. Contrairement à l’ADN obtenu via une biopsie, qui ne va concerner qu’un petit fragment de la tumeur, ici c’est l’ADN issu de toutes les cellules cancéreuses, où qu’elles soient, qui peut être analysé. L’ADNc porte de ce fait les anomalies génétiques du cancer et de toutes ses métastases.

Suivre l’évolution des mutations. Ce point est particulièrement crucial car, sous la pression des traitements (chimiothérapie, radiothérapie), qui créent un environnement toxique pour la tumeur, les anomalies présentes dans l’ADN des cellules cancéreuses évoluent : de nouvelles mutations apparaissent qui leur permettent parfois d’acquérir de nouvelles capacités et de résister. Identifier ces mutations de résistance est nécessaire pour adapter les chimiothérapies.

Mieux comprendre la maladie sur le plan génétique. Ce qui est important pour faire avancer la recherche et contribuer au développement de traitements innovants, plus efficaces.

Les scientifiques analysent aussi – grâce à des techniques qui sont encore du domaine de la recherche – des modifications à la surface de l’ADNc qui servent à réguler l’expression des gènes présents, dont certains sont des accélérateurs de la croissance tumorale.

L’ADNc peut également être recueilli dans des liquides autres que le plasma, tels que les urines où il est efficace pour le diagnostic de cancers de la vessie, du rein ou de la prostate mais aussi de cancers non urologiques. Et le recueil des urines est encore plus aisé que celui du plasma !

Chez les patients présentant une tumeur du cerveau, il peut être détecté dans le liquide céphalo-rachidien – liquide baignant le cerveau et la moelle épinière. Il y est présent en plus grandes quantités que dans le sang, mais le prélèvement y est complexe et nécessite une ponction dans le dos (entre deux vertèbres).

Enfin, ces précieuses molécules ne sont pas utiles uniquement dans les cancers. Elles ont également prouvé leur efficacité dans le dépistage de la trisomie 21 au cours de la grossesse. L’ADNc du fœtus peut être recueilli dans le sang maternel, sans besoin donc de pratiquer une amniocentèse – cette ponction de liquide amniotique qui est à la fois invasive pour le fœtus et redoutée par les futures mamans…

Des usages, donc, en plein développement et qui vont encore se multiplier ! Au grand intérêt des chercheurs, et au bénéfice des patients.

Prévenir les cancers en favorisant les comportements vertueux par la réglementation

Prévenir les cancers en favorisant les comportements vertueux par la réglementation


Arrêter de fumer, réduire sa consommation d’alcool, manger plus équilibré… Pour prévenir les cancers, l’incitation à changer les comportements ne suffit pas. Elle doit s’accompagner d’une réglementation stricte et de la suppression des produits industriels cancérigènes, affirment, dans une tribune au « Monde », quatre spécialistes universitaires.

A l’heure où Santé publique France et l’Institut national du cancer (INCa) révèlent que l’incidence des cancers a doublé en trente ans, la question se pose de savoir si ce gouvernement et ceux qui l’ont précédé ont conduit une politique préventive à la hauteur de ce problème majeur de santé publique.

Parmi ces cancers, quatre sur dix sont évitables, autrement dit n’apparaîtraient pas si l’exposition aux facteurs de risque connus était prévenue, aux premiers rangs desquels le tabac, l’alcool et l’obésité, soit 153 000 nouveaux cas par an en France. L’exemple de la lutte antitabac illustre deux grandes stratégies préventives mises en œuvre : l’une visant à informer le public, et l’autre s’attaquant à l’agent cancérigène.

Lutte contre le tabagisme, et lutte contre le tabac : quand les deux stratégies sont associées, des résultats tangibles sont observés. Les campagnes d’information, la loi Evin et les mesures qui ont suivi ont permis une réduction significative du tabagisme, même si aujourd’hui 12 millions de Français fument encore quotidiennement.

Force est de constater qu’en matière de cancers évitables c’est surtout la première stratégie qui est le plus largement mobilisée par les pouvoirs publics. Arrêter de fumer, réduire sa consommation d’alcool, manger plus équilibré sont les messages les plus diffusés pour diminuer les trois principaux facteurs de risque identifiés à ce jour.

On connaît pourtant les limites de cette approche. Quelle est la portée du message « bien manger, bien bouger » du ministère de la santé et de la prévention quand il s’inscrit en petites lettres au pied d’images publicitaires vantant les qualités gustatives d’aliments ultratransformés dont on sait qu’ils augmentent les risques d’obésité et de cancer ?

Est-il vraiment surprenant de constater un doublement du nombre de personnes obèses en vingt-cinq ans quand les gouvernements successifs ont été aussi peu enclins à réglementer l’offre industrielle en aliments obésogènes ? Les consommateurs sont avertis, mais cela exonère-t-il les pouvoirs publics de leurs responsabilités ? On peut le craindre en entendant les propos tenus par le président de la République, déclarant le 4 février 2021 que « 40 % des cancers pourraient être évités par des comportements plus vertueux ».

L’ADN pour le suivi des cancers

L’ADN pour le suivi des cancers

L’ADN est, normalement, confortablement niché dans un noyau au cœur de nos cellules. Par contre, quand celles-ci viennent à mourir, toute cette organisation se désagrège peu à peu. Notre matériel génétique n’échappe pas à cette débandade cellulaire. Alors que le noyau se dégrade, l’ADN se fragmente et ses morceaux se retrouvent libres. L’ADN peut ainsi se retrouver dans la circulation sanguine : ces fragments constituent ce qu’on appelle l’« ADN circulant », ou ADNc. Longtemps ignoré ou sous-estimé, il est désormais de plus en plus scruté par les spécialistes qui lui découvrent de nombreux intérêts.par Professeur en Anatomie Pathologique – Médecin enseignant-chercheur au CHU d’Angers, Université d’Angers dans the Conversation

Une simple prise de sang (« biopsie liquide ») suffit en effet aux médecins pour le recueillir et l’étudier – un millilitre de plasma permet de le récolter par milliers voire par millions !

Et après ? Chez les sujets sains, l’ADNc est surtout relargué par les cellules du sang (les globules blancs, par exemple) qui arrivent en fin de vie. Par contre, chez les sujets atteints de cancer, il va en partie être d’origine tumorale. Or, comme la molécule d’ADN entière, il code des informations génétiques : certes très parcellaires, mais néanmoins précieuses pour le diagnostic.

Depuis le développement de techniques particulièrement sensibles pour le détecter, l’ADNc est devenu un allié précieux des chercheurs et des oncologues !

Une simple prise de sang peut permettre de détecter de l’ADN circulant provenant de cellules cancéreuses. Meletios Verras/Shutterstock

Le plus souvent, un diagnostic de cancer est posé suite à l’apparition de symptômes ou à la découverte d’une masse au scanner. Une biopsie (ou exérèse) de la tumeur n’est pas toujours possible, et c’est là que ce type d’analyse entre en scène.

Les biologistes peuvent séquencer le texte génétique (lire les lettres) porté par ce fragment d’ADN : cela leur permet de repérer les mutations présentes et, parfois, d’identifier le cancer dont il est issu. Ils peuvent ainsi caractériser plus précisément la tumeur et déterminer le pronostic de la maladie.

Parfois également, le cancer associé à cet ADNc n’est pas connu (chez un patient jusqu’alors en bonne santé) ou est bien caché (cancer dit « occulte ») : cette caractérisation peut aider les médecins à trouver la tumeur d’origine.

Ces informations sont aussi utiles pour choisir les traitements les plus adaptés. Chaque type de cancer présente en effet des vulnérabilités spécifiques, qui le rendent sensible à certains médicaments plutôt qu’à d’autres.

Mais ce n’est pas tout. Chez les patients ayant un antécédent de cancer ou particulièrement à risque d’en développer un, l’analyse de l’ADNc peut aider à dépister la maladie avant l’apparition de symptômes.

De plus, son étude au cours du suivi d’un cancer chez un patient déjà diagnostiqué est utile à plusieurs niveaux. Avec une simple prise de sang, rapide et aisée à réaliser lors d’une consultation, l’oncologue peut :

Évaluer l’efficacité des traitements : la quantité d’ADNc associé à la tumeur diminue dans le sang quand celle-ci régresse ; si son taux reste stable, c’est que le traitement ne marche pas. S’il devient indétectable, c’est que le patient est en rémission.

Assurer un suivi plus simple des patients, sans avoir à répéter les scanners (qui délivrent des rayons X toxiques sur le long cours) et les biopsies de la tumeur ou de ses métastases. Les biopsies tissulaires sont invasives et présentent un risque d’hémorragie, d’infection… notamment en cas de tumeur des organes profonds. L’oncologue peut suivre l’évolution de la maladie de façon plus régulière tout en étant moins invasif. Point important, surtout chez l’enfant.

Guetter une éventuelle rechute. La réapparition de l’ADNc est synonyme de récidive, qu’il est ainsi possible de diagnostiquer précocement, avant même l’apparition d’une tumeur détectable cliniquement ou par imagerie – le scanner n’est pas très performant pour détecter des micrométastases (< 3 mm).

Détecter toutes les anomalies génétiques de la tumeur. Contrairement à l’ADN obtenu via une biopsie, qui ne va concerner qu’un petit fragment de la tumeur, ici c’est l’ADN issu de toutes les cellules cancéreuses, où qu’elles soient, qui peut être analysé. L’ADNc porte de ce fait les anomalies génétiques du cancer et de toutes ses métastases.

Suivre l’évolution des mutations. Ce point est particulièrement crucial car, sous la pression des traitements (chimiothérapie, radiothérapie), qui créent un environnement toxique pour la tumeur, les anomalies présentes dans l’ADN des cellules cancéreuses évoluent : de nouvelles mutations apparaissent qui leur permettent parfois d’acquérir de nouvelles capacités et de résister. Identifier ces mutations de résistance est nécessaire pour adapter les chimiothérapies.

Mieux comprendre la maladie sur le plan génétique. Ce qui est important pour faire avancer la recherche et contribuer au développement de traitements innovants, plus efficaces.

Les scientifiques analysent aussi – grâce à des techniques qui sont encore du domaine de la recherche – des modifications à la surface de l’ADNc qui servent à réguler l’expression des gènes présents, dont certains sont des accélérateurs de la croissance tumorale.

L’ADNc peut également être recueilli dans des liquides autres que le plasma, tels que les urines où il est efficace pour le diagnostic de cancers de la vessie, du rein ou de la prostate mais aussi de cancers non urologiques. Et le recueil des urines est encore plus aisé que celui du plasma !

Chez les patients présentant une tumeur du cerveau, il peut être détecté dans le liquide céphalo-rachidien – liquide baignant le cerveau et la moelle épinière. Il y est présent en plus grandes quantités que dans le sang, mais le prélèvement y est complexe et nécessite une ponction dans le dos (entre deux vertèbres).

Enfin, ces précieuses molécules ne sont pas utiles uniquement dans les cancers. Elles ont également prouvé leur efficacité dans le dépistage de la trisomie 21 au cours de la grossesse. L’ADNc du fœtus peut être recueilli dans le sang maternel, sans besoin donc de pratiquer une amniocentèse – cette ponction de liquide amniotique qui est à la fois invasive pour le fœtus et redoutée par les futures mamans…

Des usages, donc, en plein développement et qui vont encore se multiplier ! Au grand intérêt des chercheurs, et au bénéfice des patients.

Santé- »anticorps conjugués » : Nouvelle méthode de traitement de cancers

Santé-anticorps conjugués : Nouvelle méthode de traitement de cancers

. Le principe de cette thérapeutique consiste à utiliser de la chimiothérapie, mais plutôt que de la faire passer par le sang dans tout le corps, la chimio est envoyée pile sur la tumeur. ( d’après franceinfo)

« On colle la chimiothérapie sur une fléchette, qui est en général un anticorps, qui va aller reconnaître une cible sur la cellule tumorale. »

Professeur Benjamin Besse, directeur de la recherche clinique à l’institut anticancer Gustave Roussy de Villejuif à franceinfo
« Sur un anticorps, on peut coller plusieurs molécules de chimiothérapie, donc on va dire que la fléchette peut être assez chargée en molécules de chimiothérapie » , ajoute le professeur Besse. La fléchette est alors avalée par la tumeur et la chimio explose à l’intérieur, comme des mini-bombes.

En visant uniquement la tumeur, cette technique permet de ressortir d’anciennes chimio rangées au placard. « Ce sont des molécules de chimiothérapie qui avaient été découvertes il y a longtemps mais beaucoup trop toxiques quand on les injectait directement dans le sang et qui avait été un peu oublié. Avec cette nouvelle structure de médicaments, on a pu ressortir ces médicaments très toxiques et en les ciblant directement sur les cellules tumorales, on limite au maximum les effets secondaires. »

Des effets secondaires, il y en a quand même malgré tout, car des résidus de chimiothérapie s’échappent de la tumeur, reconnaît le professeur Sara Hurvitz, de l’Université de Californie. Elle a mené un essai avec des anticorps conjugués dans le cancer du sein. « Cela a provoqué des nausées, des vomissements aux patientes qui les ont testés, des pertes de cheveux aussi et plus rarement, dans 10 à 12% des cas, des problèmes pulmonaires ».

Une session du Congrès du cancer de Chicago sera d’ailleurs dédiée dimanche 4 juin aux effets secondaires des anticorps conjugués et à la façon de les réduire. Car il y a des améliorations à trouver, on en est seulement à la première génération de cette thérapeutique, admettent les cancérologues. Ils s’enthousiasment sur cet énorme champ des possibles, avec peut-être, très rapidement, des applications dans les cancers du poumon et des ovaires.

Anticorps : Nouvelle méthode de traitement de cancers

anticorps conjugués : Nouvelle méthode de traitement de cancers

. Le principe de cette thérapeutique consiste à utiliser de la chimiothérapie, mais plutôt que de la faire passer par le sang dans tout le corps, la chimio est envoyée pile sur la tumeur. ( d’après franceinfo)

« On colle la chimiothérapie sur une fléchette, qui est en général un anticorps, qui va aller reconnaître une cible sur la cellule tumorale. »

Professeur Benjamin Besse, directeur de la recherche clinique à l’institut anticancer Gustave Roussy de Villejuif à franceinfo
« Sur un anticorps, on peut coller plusieurs molécules de chimiothérapie, donc on va dire que la fléchette peut être assez chargée en molécules de chimiothérapie » , ajoute le professeur Besse. La fléchette est alors avalée par la tumeur et la chimio explose à l’intérieur, comme des mini-bombes.

En visant uniquement la tumeur, cette technique permet de ressortir d’anciennes chimio rangées au placard. « Ce sont des molécules de chimiothérapie qui avaient été découvertes il y a longtemps mais beaucoup trop toxiques quand on les injectait directement dans le sang et qui avait été un peu oublié. Avec cette nouvelle structure de médicaments, on a pu ressortir ces médicaments très toxiques et en les ciblant directement sur les cellules tumorales, on limite au maximum les effets secondaires. »

Des effets secondaires, il y en a quand même malgré tout, car des résidus de chimiothérapie s’échappent de la tumeur, reconnaît le professeur Sara Hurvitz, de l’Université de Californie. Elle a mené un essai avec des anticorps conjugués dans le cancer du sein. « Cela a provoqué des nausées, des vomissements aux patientes qui les ont testés, des pertes de cheveux aussi et plus rarement, dans 10 à 12% des cas, des problèmes pulmonaires ».

Une session du Congrès du cancer de Chicago sera d’ailleurs dédiée dimanche 4 juin aux effets secondaires des anticorps conjugués et à la façon de les réduire. Car il y a des améliorations à trouver, on en est seulement à la première génération de cette thérapeutique, admettent les cancérologues. Ils s’enthousiasment sur cet énorme champ des possibles, avec peut-être, très rapidement, des applications dans les cancers du poumon et des ovaires.

Cancers: Une carte d’identité génétique ?<

Cancers: Une carte d’identité génétique ?

par Audrey Rousseau, Professeur en Anatomie Pathologique – Médecin enseignant-chercheur au CHU d’Angers, Université d’Angers dans the Conversation


Mieux comprendre et traiter le cancer nécessite de décrypter les rouages de cette maladie – ou plutôt de ces maladies, tant il peut prendre des formes multiples.
Un moyen en plein développement est de se pencher sur l’ADN. Toutes nos cellules (y compris les cellules tumorales) ont, dans leur noyau, une molécule d’ADN : sorte de long texte où s’enchaînent notamment les gènes et toute l’information génétique qui contribue à nous définir.

Les cancers résultent de modifications de ce texte génétique (on parle de mutations de sa « séquence ») survenant dans une cellule, qui peuvent être particulièrement massives et entraîner sa multiplication incontrôlée. Se développe alors une tumeur qui, alors qu’elle grandit et évolue, peut envahir l’organisme.

Les progrès récents des techniques de séquençage « à haut débit » (permettant la lecture rapide du texte génétique) ont permis d’identifier les modifications se cachant derrière de nombreux cancers. Désormais, il est possible de répertorier le « catalogue » de mutations d’une tumeur afin d’établir sa carte d’identité : un atout considérable pour mieux appréhender la nature du cancer en question, ses origines, ses rouages internes et son pronostic. Or une meilleure compréhension de la maladie contribue au développement de traitements plus efficaces.

Mais l’information génétique ne se situe pas que dans le texte inscrit dans notre ADN… Un second niveau de codage, dit « épigénétique », a été identifié. Son étude s’est développée ces dernières décennies. L’épigénétique est à la génétique ce que la ponctuation est à une phrase : son sens sera différent selon la présence et la localisation de virgules, tirets ou parenthèses…
Les modifications épigénétiques (la ponctuation) de l’ADN (les phrases) sont ainsi capables d’influer le message codé dans l’ADN, et sur la façon dont il est exprimé.

D’un point de vue chimique, nos « virgules génétiques » peuvent prendre la forme d’ajout (ou de retrait) de groupements d’atomes spécifiques – en l’occurrence des méthyls (CH3). La lecture de ce « code » épigénétique permet d’établir un autre type de carte d’identité : le méthylome.

Là encore, son étude fine et sa comparaison avec des méthylomes de cellules saines et tumorales sont riches en informations : si la lecture de la séquence (du texte) génétique renseigne sur les mécanismes de croissance exubérante de la cellule cancéreuse, celle du méthylome précise la nature du cancer et son origine. In fine, le décryptage de ces deux niveaux de données complémentaires contribue à mieux caractériser le cancer et à choisir les traitements anticancéreux les plus adaptés.

Si les techniques de séquençage à haut débit ont pris leur envol à la fin du XXe siècle, l’étude du méthylome appartient clairement au XXIe siècle.
Du fait de son coût et du matériel nécessaire pour cartographier la ponctuation de l’ADN, cette technique n’est pour l’heure mise en place que dans certains centres d’oncologie médicale spécialisés. En clinique, c’est surtout en neuro-oncologie (tumeurs du cerveau et de la moelle), pionnière dans le domaine, que son utilisation est la plus aboutie – notamment dans les cas de diagnostic difficile. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande d’ailleurs son étude dans le diagnostic de nombreuses tumeurs cérébrales depuis 2021.

Si d’autres types de cancer (sarcomes, développés à partir des os, des muscles, de la graisse…) commencent à être étudiés par leur méthylome, les résultats sont encore préliminaires.
L’analyse des données de méthylome repose sur la bio-informatique et nécessite le développement d’algorithmes (formules de calcul) d’intelligence artificielle (IA). L’idée de base est simple : il faut classer ensemble les tumeurs qui ont la même ponctuation (donc les mêmes variations au niveau épigénétique), à l’instar d’un jeu de 7 familles où le joueur cherche à rassembler les individus d’une même famille.

Une large base de données développée par une équipe de l’université d’Heidelberg rassemble déjà les profils de méthylation de presque 100 000 tumeurs cérébrales, classées en 80 familles ou sous-familles.

En libre accès, elle permet l’envoi de nouvelles données qui sont analysées en ligne gratuitement. L’avantage est double puisque d’une part le logiciel propose au médecin pathologiste un classement de la tumeur envoyée, et l’équipe d’Heidelberg enrichit sa base de données, rendant les algorithmes d’IA plus performants – de façon générale, plus un algorithme analyse de tumeurs, plus les classements qu’il propose seront fiables. Cette forme de projet collaboratif international bénéficie ainsi au plus grand nombre : patients, médecins et chercheurs.

Dans certains cas, la machine peut se révéler meilleure que le médecin pathologiste qui, de façon traditionnelle, examine les cellules cancéreuses au microscope.
Mais si la machine peut parfois dépasser l’humain, elle peut aussi être prise en défaut face à des tumeurs très rares qu’elle n’aurait pas (ou peu) rencontrées : le risque est alors qu’elle ne réussisse pas à classer la tumeur ou, plus grave, la classe dans une mauvaise famille. C’est pourquoi tout diagnostic est vérifié par un médecin pathologiste, qui réalise une synthèse de son diagnostic microscopique, des résultats du méthylome et des mutations détectées à la lecture du texte génétique.

Tout diagnostic final est ainsi dit « intégré » car il prend en compte les données microscopiques, génétiques et épigénétiques. Plus fiable, il permet à l’oncologue de choisir au mieux les traitements.

Malgré les limites de l’IA, l’analyse du méthylome représente un progrès considérable dans le diagnostic des tumeurs cérébrales, notamment de l’enfant – chez qui elles sont beaucoup plus variées que chez l’adulte. En France, les Centres hospitalo-universitaires (CHU) référents en neuro-oncologie s’équipent progressivement afin que, dans les années à venir, une carte d’identité épigénétique puisse être établie pour chaque tumeur (en plus de la carte d’identité génétique déjà réalisée).

Contrairement au texte génétique qui est fixé littéralement dans l’œuf, dès notre conception, et est très complexe à modifier, l’information épigénétique est plus « modulable ». Certains traitements appelés « épidrogues » peuvent ainsi changer la ponctuation de l’ADN et contribuent à freiner l’évolution du cancer. Si la recherche à leur sujet est toujours en cours pour comprendre leur impact global sur le corps, ils pourraient être administrés en complément des traitements conventionnels (radiothérapie et chimiothérapie).

En oncologie, la notion de « médecine personnalisée » ou « médecine de précision » (traitements sur mesure adaptés à la personne et spécifiques du type de cancer) est sur toutes les lèvres. En effet, les chimiothérapies très générales ne sont pas efficaces chez tous les patients et touchent aussi les tissus sains, y provoquant de nombreux effets indésirables. Choisir des médicaments à partir des caractéristiques génétiques et épigénétiques du cancer donne l’espoir de voir apparaître un meilleur contrôle de la maladie et d’épargner, dans une certaine mesure, les tissus sains (avec des « thérapies ciblées »).

Ainsi, le méthylome semble avoir de beaux jours devant lui. Même si la ponctuation n’apparaît pas, au premier abord, essentielle à une phrase, elle est indispensable à la lecture d’un texte et à sa bonne compréhension. On sait aujourd’hui que le cancer est une maladie génétique et épigénétique et que les virgules comptent autant que les consonnes et les voyelles.

Pollution : 10% des cancers

Pollution : 10% des  cancers 

 

Selon les données de l’agence européenne , la pollution de l’air est responsable de 1% des cas et d’environ 2% des décès – une part qui monte à 9% pour les cancers du poumon. Des études récentes ont également détecté «une corrélation entre l’exposition à long terme aux particules, un polluant atmosphérique majeur, et la leucémie chez les adultes et les enfants», souligne l’organisation européenne. Le radon, un gaz radioactif naturel susceptible d’être inhalé notamment dans les logements peu aérés, est lui considéré comme responsable de 2% des cas de cancers sur le continent.

Les  ultraviolets – d’origine principalement solaire mais aussi artificielle – sont responsables de près de 4% de tous les cas de cancer, en particulier du mélanome, une forme grave de cancer de la peau qui a fortement augmenté en Europe au cours des dernières décennies. Certaines substances chimiques utilisées sur les lieux de travail et libérées dans l’environnement sont également cancérigènes. Plomb, arsenic, chrome, pesticides, bisphénol A et les substances alkylées per- et polyfluorées (PFAS) comptent parmi les plus dangereuses pour la santé des Européens, au même titre que l’amiante, interdite depuis 2005 dans l’UE mais toujours présente dans certains bâtiments.

 

Santé: médecine du futur et cancers ?

Santé: médecine du futur et  cancers ?

Les  recherches actuelles dessinent une cancérologie d’avenir en mode 3.0, adaptée aux tumeurs comme au patient, pour améliorer les chances de guérir en réduisant les séquelles. Cette semaine, le leader de la cancérologie Gustave Roussy publie les premiers résultats d’une étude européenne pour comprendre les rechutes des cancers pédiatriques. Comment la cancérologie prendra-t-elle les malades en charge dans dix ans ? ( (Un papier de Florence Pinaud de la Tribune)

 

La cancérologie va-t-elle devenir une véritable médecine de précision ? Le leader de la cancérologie Gustave Roussy vient d’annoncer les résultats d’une étude européenne Mappyacts sur le cancer pédiatrique. Alors que de nombreux jeunes patients rechutent, cette étude séquence le génome des tumeurs pour mieux comprendre leur évolution afin d’adapter les traitements. Un premier pas vers la cancérologie du futur hyper personnalisée, une cancérologie 3.0.

Depuis vingt ans, la lutte contre le cancer a progressé. Si le nombre de nouveaux cas ne recule pas, la médecine soigne mieux cette maladie encore trop souvent mortelle. Aujourd’hui, 60% des cas traités donnent lieu à une guérison, d’autant plus que la maladie a été détectée tôt. Mais la prise en charge reste un exercice difficile. Si les immunothérapies et les nouveaux traitements ciblés fonctionnent très bien sur certains patients, ils échouent sur d’autres sans que l’on comprenne exactement pourquoi. De plus, les rechutes restent nombreuses et demandent des traitements plus élaborés. Les spécialistes sont clairs : on a encore beaucoup à apprendre sur le cancer. Et les nouvelles technologies nous aident à découvrir toutes les stratégies avec lesquelles il attaque et résiste aux médicaments. Détection plus précoce, traitements personnalisés et réduction des séquelles, que peut-on attendre de la cancérologie de demain ?

Diagnostiquer plus vite

Un des principaux enjeux est le diagnostic précoce. Plus tôt le cancer est identifié, meilleures sont les chances de guérison. « Aujourd’hui, nous intervenons le plus souvent tard, sur des cancers déjà métastasés, regrette Éric Solary, oncologue à Gustave Roussy et président du Conseil scientifique de la fondation ARC. Avec le progrès de l’imagerie médicale associée à l’intelligence artificielle, nous détecterons des tumeurs bien plus petites de manière très précoce. Nous parviendrons même à repérer les lésions dites pré néoplasiques, qui ne sont pas encore cancéreuses, mais risquent de le devenir. » Premier centre européen de cancérologie, Gustave Roussy développe actuellement une clinique pilote de prévention personnalisée des cancers. Une pratique appelée « Interception » pour évaluer les risques cancéreux des Français et suivre leur évolution, « La définition de ces risques pourra être affinée en fonction de l’exposition du patient à différents agents toxiques, poursuit Éric Solary. Mieux les connaître permettrait d’envisager des traitements préventifs pour maîtriser la maladie avant même qu’elle ne se déclare. » Pour définir quels facteurs induisent exactement quels risques, la recherche devra utiliser le big data pour parfaire sa connaissance des différents facteurs cancérogènes, qu’ils soient chimiques, biologiques ou génétiques. À terme, l’institut envisage de créer un centre de diagnostic rapide des risques cancéreux ouvert à tous les patients inquiets.

Mieux comprendre la maladie

Après des années d’études médicales, l’oncologie sollicite aujourd’hui d’autres sciences et techniques pour affiner sa compréhension des mécanismes de la maladie. Car au-delà d’une cellule qui se développe anormalement, cette pathologie est très complexe. « Le cancer implique des milliers de mécanismes biologiques encore mal connus, précise le Professeur Fabrice Barlesi, Directeur général de Gustave Roussy. Différentes disciplines scientifiques nous aideront à identifier ces mécanismes pour améliorer sa prise en charge. La recherche transdisciplinaire permet de mettre progressivement à jour le caractère inattendu de ces cellules cancéreuses ; comme leur capacité à devenir dormantes pour échapper à la vigilance des traitements avant de se réveiller et de déclencher des rechutes. » Avec le projet du Paris Saclay Cancer Cluster (voir Tribune du 04 février), l’institut mise sur le développement des équipes pluridisciplinaires associant des chercheurs de l’université Paris-Saclay, de l’Institut Polytechnique de Paris, de l’Inserm et de partenaires privés pour améliorer l’approche et la définition de tous les mécanismes secrets du cancer.

Pour mieux adapter les traitements

Dans les labos, différentes découvertes permettront de déterminer des marqueurs influençant la manière dont patient et cancer vont réagir au traitement. Jean-Philippe Girard est Directeur de Recherche Inserm à l’Institut de pharmacologie et de biologie structurale IPBS de Toulouse. Il vient de comprendre une des raisons pour lesquelles les traitements d’immunothérapie ne marchaient pas toujours chez les patients. « Il existe un mécanisme qui permet aux cellules immunitaires lymphocytes T de pénétrer dans les tumeurs pour éliminer les cellules cancéreuses, explique-t-il. Ce sont des vaisseaux sanguins spécifiques dits HEV qui jouent le rôle de porte d’entrée pour ces lymphocytes dopés par l’immunothérapie et capables d’éliminer les cellules cancéreuses. Suivant les patients et les cancers, on trouve plus ou moins de ces vaisseaux HEV qui favorisent clairement l’efficacité de l’immunothérapie. Il s’agit d’un marqueur qui prédit la réponse à ce type de traitement. » Autre grand mystère du cancer, les rechutes sont aussi des mécanismes complexes. Jean-Emmanuel Sarry est responsable de l’équipe « Métabolisme et résistance thérapeutique dans les leucémies aiguës myéloïdes » au Centre de Recherches en Cancérologie de Toulouse. Son équipe travaille à comprendre les mécanismes qui sous-tendent les résistances thérapeutiques responsables des rechutes.. « Nous avons identifié un biomarqueur prédictif des réponses à certains traitements administrés pour soigner ce type de leucémies. Ce biomarqueur « Mitoscore » est associé à une forte activité mitochondriale et énergétique des cellules leucémiques. Il pourrait nous permettre de proposer des thérapies plus personnalisées pour réduire les rechutes. Elles pourraient y associer un inhibiteur des mitochondries pour les patients à mitoscore élevé. »

Autre piste d’adaptation des traitements, une étude de Gustave Roussy a montré que les patients possédant la bactérie intestinale Akkermansia Muciniphila (AKK) présentent une meilleure réponse aux traitements par immunothérapie. Une clinique du microbiote a été créée et des essais cliniques ont démarré sur le cancer du poumon et le cancer du rein.

Vers une cancérologie de précision

En comprenant mieux comment le cancer évolue et résiste, la cancérologie de demain saura quel traitement sera le plus efficace sur quelle tumeur suivant la nature du patient. « La compréhension des mécanismes biologiques et génétiques permettra d’identifier les marqueurs pour adapter au mieux le traitement à la maladie, mais aussi au patient, explique Fabrice Barlesi. Avec ces découvertes, nous irons vers une médecine de précision ultra personnalisée. La prise en compte des multiples marqueurs améliorera clairement les chances de guérison. »

Pour cette cancérologie 3.0, Gustave Roussy développe un programme qui élaborera un avatar numérique et biologique de chaque patient. Une sorte de cancer virtuel modélisant tous les mécanismes qui favorisent la progression de la maladie, pour proposer des traitements personnalisés dès le diagnostic. Actuellement, l’institut teste l’efficacité de 25 médicaments différents sur des morceaux de la tumeur d’un patient, cultivée en laboratoire. Cela permettra de déterminer ce qui fonctionnera le mieux sur ce cancer précis. À terme, cette procédure menée dès le diagnostic permettra de savoir exactement quoi prescrire pour mieux guérir.

« À chaque fois qu’une technologie progresse, elle permet d’améliorer la compréhension puis le traitement du cancer, souligne Éric Solary. La prochaine étape viendra sans doute du machine learning qui va déclencher des avancées de ruptures. » Pour réunir les données nécessaires à une bonne intelligence artificielle Cancer, les oncologues lancent un mouvement de partage des données. Déjà, différentes bases d’oncologie se développent. Ainsi, la biotech de Montpellier SeqOne Genomics s’est impliquée dans la base Celia (Comprehensive Genomic profiling impact) aux côtés du géant américain Illumina). Ce projet vise à évaluer l’utilité clinique du profilage génomique complet dans la prise en charge thérapeutique de patients atteints d’un cancer à un stade avancé. La recherche contre le cancer a aussi pris une dimension européenne avec le Plan cancer européen qui espère réduire la mortalité de 3 millions d’ici 2030.

Pour ce plan, la France pilote le projet de plateforme européenne de recherche UNCAN.eu (UNderstand CANcer) avec une base européenne des données de recherche en cancérologie. Enfin, le dernier enjeu de la cancérologie 3.0 consiste à améliorer la vie des patients guéris. À cause des effets secondaires, les traitements sous forme de chimio ou d’immuno-thérapie qui les sauvent fatiguent aussi beaucoup les patients et les vieillissent prématurément. Il est essentiel de trouver le moyen d’améliorer leur qualité de vie après le cancer.

Florence Pinaud

La médecine du futur et les cancers ?

La médecine du futur et  les cancers ?

Les  recherches actuelles dessinent une cancérologie d’avenir en mode 3.0, adaptée aux tumeurs comme au patient, pour améliorer les chances de guérir en réduisant les séquelles. Cette semaine, le leader de la cancérologie Gustave Roussy publie les premiers résultats d’une étude européenne pour comprendre les rechutes des cancers pédiatriques. Comment la cancérologie prendra-t-elle les malades en charge dans dix ans ? ( (Un papier de Florence Pinaud de la Tribune)

 

La cancérologie va-t-elle devenir une véritable médecine de précision ? Le leader de la cancérologie Gustave Roussy vient d’annoncer les résultats d’une étude européenne Mappyacts sur le cancer pédiatrique. Alors que de nombreux jeunes patients rechutent, cette étude séquence le génome des tumeurs pour mieux comprendre leur évolution afin d’adapter les traitements. Un premier pas vers la cancérologie du futur hyper personnalisée, une cancérologie 3.0.

Depuis vingt ans, la lutte contre le cancer a progressé. Si le nombre de nouveaux cas ne recule pas, la médecine soigne mieux cette maladie encore trop souvent mortelle. Aujourd’hui, 60% des cas traités donnent lieu à une guérison, d’autant plus que la maladie a été détectée tôt. Mais la prise en charge reste un exercice difficile. Si les immunothérapies et les nouveaux traitements ciblés fonctionnent très bien sur certains patients, ils échouent sur d’autres sans que l’on comprenne exactement pourquoi. De plus, les rechutes restent nombreuses et demandent des traitements plus élaborés. Les spécialistes sont clairs : on a encore beaucoup à apprendre sur le cancer. Et les nouvelles technologies nous aident à découvrir toutes les stratégies avec lesquelles il attaque et résiste aux médicaments. Détection plus précoce, traitements personnalisés et réduction des séquelles, que peut-on attendre de la cancérologie de demain ?

Diagnostiquer plus vite

Un des principaux enjeux est le diagnostic précoce. Plus tôt le cancer est identifié, meilleures sont les chances de guérison. « Aujourd’hui, nous intervenons le plus souvent tard, sur des cancers déjà métastasés, regrette Éric Solary, oncologue à Gustave Roussy et président du Conseil scientifique de la fondation ARC. Avec le progrès de l’imagerie médicale associée à l’intelligence artificielle, nous détecterons des tumeurs bien plus petites de manière très précoce. Nous parviendrons même à repérer les lésions dites pré néoplasiques, qui ne sont pas encore cancéreuses, mais risquent de le devenir. » Premier centre européen de cancérologie, Gustave Roussy développe actuellement une clinique pilote de prévention personnalisée des cancers. Une pratique appelée « Interception » pour évaluer les risques cancéreux des Français et suivre leur évolution, « La définition de ces risques pourra être affinée en fonction de l’exposition du patient à différents agents toxiques, poursuit Éric Solary. Mieux les connaître permettrait d’envisager des traitements préventifs pour maîtriser la maladie avant même qu’elle ne se déclare. » Pour définir quels facteurs induisent exactement quels risques, la recherche devra utiliser le big data pour parfaire sa connaissance des différents facteurs cancérogènes, qu’ils soient chimiques, biologiques ou génétiques. À terme, l’institut envisage de créer un centre de diagnostic rapide des risques cancéreux ouvert à tous les patients inquiets.

Mieux comprendre la maladie

Après des années d’études médicales, l’oncologie sollicite aujourd’hui d’autres sciences et techniques pour affiner sa compréhension des mécanismes de la maladie. Car au-delà d’une cellule qui se développe anormalement, cette pathologie est très complexe. « Le cancer implique des milliers de mécanismes biologiques encore mal connus, précise le Professeur Fabrice Barlesi, Directeur général de Gustave Roussy. Différentes disciplines scientifiques nous aideront à identifier ces mécanismes pour améliorer sa prise en charge. La recherche transdisciplinaire permet de mettre progressivement à jour le caractère inattendu de ces cellules cancéreuses ; comme leur capacité à devenir dormantes pour échapper à la vigilance des traitements avant de se réveiller et de déclencher des rechutes. » Avec le projet du Paris Saclay Cancer Cluster (voir Tribune du 04 février), l’institut mise sur le développement des équipes pluridisciplinaires associant des chercheurs de l’université Paris-Saclay, de l’Institut Polytechnique de Paris, de l’Inserm et de partenaires privés pour améliorer l’approche et la définition de tous les mécanismes secrets du cancer.

Pour mieux adapter les traitements

Dans les labos, différentes découvertes permettront de déterminer des marqueurs influençant la manière dont patient et cancer vont réagir au traitement. Jean-Philippe Girard est Directeur de Recherche Inserm à l’Institut de pharmacologie et de biologie structurale IPBS de Toulouse. Il vient de comprendre une des raisons pour lesquelles les traitements d’immunothérapie ne marchaient pas toujours chez les patients. « Il existe un mécanisme qui permet aux cellules immunitaires lymphocytes T de pénétrer dans les tumeurs pour éliminer les cellules cancéreuses, explique-t-il. Ce sont des vaisseaux sanguins spécifiques dits HEV qui jouent le rôle de porte d’entrée pour ces lymphocytes dopés par l’immunothérapie et capables d’éliminer les cellules cancéreuses. Suivant les patients et les cancers, on trouve plus ou moins de ces vaisseaux HEV qui favorisent clairement l’efficacité de l’immunothérapie. Il s’agit d’un marqueur qui prédit la réponse à ce type de traitement. » Autre grand mystère du cancer, les rechutes sont aussi des mécanismes complexes. Jean-Emmanuel Sarry est responsable de l’équipe « Métabolisme et résistance thérapeutique dans les leucémies aiguës myéloïdes » au Centre de Recherches en Cancérologie de Toulouse. Son équipe travaille à comprendre les mécanismes qui sous-tendent les résistances thérapeutiques responsables des rechutes.. « Nous avons identifié un biomarqueur prédictif des réponses à certains traitements administrés pour soigner ce type de leucémies. Ce biomarqueur « Mitoscore » est associé à une forte activité mitochondriale et énergétique des cellules leucémiques. Il pourrait nous permettre de proposer des thérapies plus personnalisées pour réduire les rechutes. Elles pourraient y associer un inhibiteur des mitochondries pour les patients à mitoscore élevé. »

Autre piste d’adaptation des traitements, une étude de Gustave Roussy a montré que les patients possédant la bactérie intestinale Akkermansia Muciniphila (AKK) présentent une meilleure réponse aux traitements par immunothérapie. Une clinique du microbiote a été créée et des essais cliniques ont démarré sur le cancer du poumon et le cancer du rein.

Vers une cancérologie de précision

En comprenant mieux comment le cancer évolue et résiste, la cancérologie de demain saura quel traitement sera le plus efficace sur quelle tumeur suivant la nature du patient. « La compréhension des mécanismes biologiques et génétiques permettra d’identifier les marqueurs pour adapter au mieux le traitement à la maladie, mais aussi au patient, explique Fabrice Barlesi. Avec ces découvertes, nous irons vers une médecine de précision ultra personnalisée. La prise en compte des multiples marqueurs améliorera clairement les chances de guérison. »

Pour cette cancérologie 3.0, Gustave Roussy développe un programme qui élaborera un avatar numérique et biologique de chaque patient. Une sorte de cancer virtuel modélisant tous les mécanismes qui favorisent la progression de la maladie, pour proposer des traitements personnalisés dès le diagnostic. Actuellement, l’institut teste l’efficacité de 25 médicaments différents sur des morceaux de la tumeur d’un patient, cultivée en laboratoire. Cela permettra de déterminer ce qui fonctionnera le mieux sur ce cancer précis. À terme, cette procédure menée dès le diagnostic permettra de savoir exactement quoi prescrire pour mieux guérir.

« À chaque fois qu’une technologie progresse, elle permet d’améliorer la compréhension puis le traitement du cancer, souligne Éric Solary. La prochaine étape viendra sans doute du machine learning qui va déclencher des avancées de ruptures. » Pour réunir les données nécessaires à une bonne intelligence artificielle Cancer, les oncologues lancent un mouvement de partage des données. Déjà, différentes bases d’oncologie se développent. Ainsi, la biotech de Montpellier SeqOne Genomics s’est impliquée dans la base Celia (Comprehensive Genomic profiling impact) aux côtés du géant américain Illumina). Ce projet vise à évaluer l’utilité clinique du profilage génomique complet dans la prise en charge thérapeutique de patients atteints d’un cancer à un stade avancé. La recherche contre le cancer a aussi pris une dimension européenne avec le Plan cancer européen qui espère réduire la mortalité de 3 millions d’ici 2030.

Pour ce plan, la France pilote le projet de plateforme européenne de recherche UNCAN.eu (UNderstand CANcer) avec une base européenne des données de recherche en cancérologie. Enfin, le dernier enjeu de la cancérologie 3.0 consiste à améliorer la vie des patients guéris. À cause des effets secondaires, les traitements sous forme de chimio ou d’immuno-thérapie qui les sauvent fatiguent aussi beaucoup les patients et les vieillissent prématurément. Il est essentiel de trouver le moyen d’améliorer leur qualité de vie après le cancer.

Florence Pinaud

Un foyer de cancers pédiatriques en Loire-Atlantique

Un foyer de cancers pédiatriques en Loire-Atlantique

Evoquant le cas d’un foyer de cancers pédiatriques dans son département,Sandrine Josso,Députée (MoDem) de Loire Atlantique,déplore, dans une tribune au « Monde », qu’aucune analyse des données environnementales n’ait été menée.

 

Tribune.

 

Depuis 2015, vingt-cinq enfants ont déclaré un cancer dans un périmètre de 15 kilomètres autour de la commune de Sainte-Pazanne (Loire-Atlantique). Il ne se passe donc pas six mois sans qu’un nouvel enfant soit atteint. Une jeune fille est décédée il y a quelques semaines, portant à six le nombre de morts liées à un cancer pédiatrique dans la zone. Un enfant mort, c’est un de trop. Six, c’est intolérable.

Ce n’est pas faute d’alerter depuis plusieurs années. Dès 2017, l’agence régionale de santé (ARS) des Pays de la Loire se saisit de l’affaire à la suite du signalement d’une lanceuse d’alerte. Aucun lien direct n’est établi entre les polluants et les cancers, et aucune enquête complémentaire n’est diligentée. Bis repetita en février 2019, lorsque l’ARS saisit Santé publique France (SPF). Cette dernière conclut bien à la présence d’un foyer de cancers pédiatriques, mais ne préconise pas la poursuite d’analyse de données environnementales pour déterminer la cause des cancers. La démission des responsables publics doit nous interroger.

 

Comment est-il possible qu’aucune analyse ne soit menée sur le lien potentiel entre cumul de substances nocives dans l’environnement et surreprésentation des cancers pédiatriques sur le territoire ? C’est négliger le bon sens et fermer les yeux sur l’effet cocktail qui découle de l’addition de substances chimiques dans l’environnement. Le cancer est une maladie multifactorielle : refuser d’investiguer toutes ses potentielles origines, c’est laisser les métastases se propager dans le corps social.

L’exposition aux facteurs nocifs n’est pas un problème localisé, mais touche le pays entier, et la santé des Français doit être une priorité nationale. Pour mettre fin à ce fléau invisible, il n’est pas nécessaire de déployer l’artillerie lourde : nous avons déjà les outils.

Passons du principe de précaution au principe de prévention. En croisant les données de SPF avec les données environnementales et de biodiversité, nous pourrions mieux saisir l’ampleur de l’effet cocktail. Ces informations en main, le passage à l’action sera plus efficace. Ensuite, la création de moratoires relatifs aux installations dans les agglomérations où une surmortalité est observée est nécessaire et urgente.

Mettons également un terme aux dérogations préfectorales permettant une poursuite des activités industrielles sans prise en compte du danger. Au lendemain d’élections régionales et départementales, rappelons l’impact environnemental des décisions d’aménagement du territoire qui reposent sur ces collectivités.

Un vaccin contre certains cancers ?

Un vaccin contre certains cancers ?

 

Il faut évidemment toujours être très prudent avec les annonces de traitement qui permettrait d’éradiquer le cancer. Mais plusieurs annonces allant dans ce sens se sont multipliées au cours de l’année 2020. De son côté avec la collaboration de l’Institut Curie de Paris, l’IUCT, Oncopole de Toulouse a mis au point un vaccin permettant d’immuniser les patients de certains cancers. Pour y parvenir, cette immunothérapie, conçue au cas par cas par la biotech Transgene, s’appuie sur une approche individualisée et une analyse fine des cellules cancéreuses par de l’intelligence artificielle. Pour La Tribune, le Professeur Jean-Pierre Delord explique les contours de ce traitement innovant administré à un premier patient le 15 janvier.

« Une prouesse technologique incroyable« , « une avancée significative« , « un pas gigantesque« . Les mots ne manquent pas au Professeur Jean-Pierre Delord pour décrire une première en France, voire en Europe et même au niveau mondial. L’Institut Universitaire du Cancer de Toulouse (IUCT) – Oncopole, dont il est le directeur général, a annoncé jeudi 21 janvier la mise au point d’un vaccin individualisé contre le cancer.

Concrètement, un premier patient français atteint d’un cancer ORL a pu bénéficier du vaccin individualisé TG4050, le 15 janvier, dans le cadre d’un essai de phase 1 mené à l’établissement toulousain spécialisé dans la recherche contre le cancer. Conçue par la biotech Transgene, basée dans l’Alsace, l’immunothérapie TG4050 utilise un principe de vaccination thérapeutique individualisée. Pour mémoire, en cancérologie, les immunothérapies consistent à modifier le fonctionnement du système immunitaire .

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