Des substances cancérigènes présentes chez tous les Français
Alimentation, cosmétiques, environnement autant de facteurs responsables de substances polluantes, dont certaines sont cancérigènes ou classées parmi les perturbateurs endocriniens, sont présentes dans l’organisme de tous les Français, à des niveaux particulièrement élevés chez les enfants, selon une vaste enquête publiée mardi. Les Français en moyenne seraient porteurs au moins cinq perturbateurs endocrinien !
Dans son étude, une première de ce genre en France, Santé Publique France s’est intéressé à six familles de produits aux effets sanitaires encore mal connus – les bisphénols, les phtalates, les éthers de glycols, les retardateurs de flamme dits bromés et les composés perfluorés.
“Ces polluants sont présents dans l’organisme de l’ensemble des adultes et des enfants”, écrit dans un communiqué l’organisme public, rattaché au ministère de la Santé.
Les substances décelées sont pour certaines des perturbateurs endocriniens – c’est le cas du bisphénol A mais aussi des bisphénols F et S selon certaines études scientifiques – ou des cancérigènes avérés ou suspectés, souligne Santé Publique France, qui a mené son enquête sur un échantillon de 2.503 adultes et 1.104 enfants.
Ces derniers affichent des “niveaux d’imprégnation” plus élevés que la moyenne, peut-être en raison de leur tendance à porter des objets à la bouche ou de leur poids plus faible par rapport à leurs apports alimentaires quotidiens.
L’alimentation n’est pas la source unique d’exposition aux polluants du quotidien, toujours selon Santé Publique France, qui cite également l’utilisation de produits cosmétiques contenant des parabènes et des éthers de glycol.
L’aération des logements permet en outre de limiter l’exposition aux perfluorés et aux retardateurs de flamme bromés.
“L’idée n’est pas de faire peur à la population parce que, en réalité, on ne connaît pas la signification d’un certain nombre de ces toxiques aux seuils auxquels ils sont trouvés”, a déclaré à des journalistes la ministre de la Santé, Agnès Buzyn.
Selon elle, l’étude “marque en fait un vrai tournant dans les politiques publiques” puisqu’elle offre des données solides et permet de mesurer l’impact des mesures prises en la matière.
La publication de ces travaux coïncide avec la signature, mardi, de la deuxième stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens, qui remplace une première version rédigée en 2014.
Ce plan a pour but, entre autres, d’établir une liste de perturbateurs endocriniens, ces substances chimiques omniprésentes dans la vie de tous les jours, de mieux informer le grand public sur les risques potentiels, et d’accélérer la recherche sur ces sujets.
L’étude dévoilée mardi sera suivie, précise Santé Publique France, de deux autres volets, concernant cette fois l’exposition des Français au pesticides et aux métaux lourds.