Nutella : cancérigène ?
Nouveau coup dur pour Nutella qui vient d’être désigné par l’Agence Européenne de la Sécurité Alimentaire (EFSA) comme potentiellement cancérigène. Selon l’EFSA, les éléments cancérigènes apparaissent dès lors que l’huile de palme est chauffée à 200 degrés, chose que Ferrero se défend de faire.Le groupe tente par ailleurs de relativiser son poids dans la filière de l’huile de palme qui représente 44 milliards de dollars: «Nous n’achetons que 0,3 % de la production mondiale», se défend t-il. Selon Reuters, Ferrero utilise 185.000 tonnes d’huile de palme chaque année pour fabriquer son Nutella. Remplacer cet ingrédient pourrait coûter entre 8 et 22 millions de dollars par an en plus aux prix actuels du marché. Effectivement ce produit est largement utilisé dans l’alimentation dans l’industrie alimentaire ; il entre dans la composition de nombreux aliments industriels tels que chips, biscuits, mayonnaise, chocolat, glaces, etc. L’huile de palme, extraite de la pulpe des fruits du palmier à huile, est accusée d’avoir des effets nocifs sur la santé et d’être l’une des responsables de la déforestation. Le problème, c’est que ce produit est massivement utilisé par l’industrie agroalimentaire précisément en raison de son faible coût. : La France en consomme 126.000 tonnes par an, soit deux kilos par habitant chaque année.Le Sénat, à l’initiative des écologistes, avait en première lecture créé une contribution additionnelle très élevée: 300 euros la tonne en 2017, 500 euros en 2018, 700 en 2019 et 900 à partir de 2020. L’Assemblée en mars 2016 a donc décidé d’en diviser le poids par 10, en deuxième lecture du projet de loi biodiversité. Son taux sera ainsi de 30 euros par tonne en 2017, 50 euros en 2018, 70 euros en 2019 et 90 euros en 2020. C’est la troisième fois depuis 2012 que les parlementaires débattent de la fameuse «taxe Nutella», en référence à l’utilisation de l’huile de palme dans la célèbre pâte à tartiner de Ferrero. Cette surtaxation avait entraîné après son vote au Sénat les protestations des deux principaux producteurs mondiaux, l’Indonésie et la Malaisie, ainsi que de l’industrie agroalimentaire. Et la ministre de l’Environnement, Ségolène Royal, avait suscité l’indignation en juin 2015 en Italie en appelant à cesser de manger du Nutella, avant de présenter ses excuses quelques jours plus tard. Tout en envoyant un «signal», «cette taxation est plus réaliste (…) Nous ne voulons ni d’un boycott de ces deux pays, ni même de l’huile de palme», a plaidé la secrétaire d’État à la Biodiversité, l’écologiste Barbara Pompili. Il s’agit «de ne pas déstabiliser brutalement les approvisionnements des entreprises installées en France, ainsi que les revenus des producteurs de ces huiles, qui se situent majoritairement dans des pays en développement», a renchéri le socialiste Jean-Louis Bricout. Si les palmeraies d’où est issue l’huile de palme utilisée dans les produits alimentaires se trouvent principalement en Indonésie et en Malaisie, producteurs de 80% des stocks, on en trouve également en Amérique latine et en Afrique de l’Ouest. La France est un petit importateur d’huile de palme (150.000 tonnes sur une production mondiale de 62 millions de tonnes), mais les pays producteurs craignent une contagion à d’autres pays consommateurs. Les écologistes au Sénat avaient justifié cette surtaxation par les «effets dévastateurs de la culture industrielle du palmier à huile sur la biodiversité», pointant notamment les d’huile de palme. Autre argument: l’huile de palme fait aujourd’hui partie des huiles végétales les moins taxées en France, des taxes qui varient du simple au double !
(Avec agences)