Archive pour le Tag 'Camus'

2022 : « équation compliquée pour Marine Le Pen mais pas impossible ( Jean-Yves Camus)

2022 :  » équation compliquée pour Marine Le Pen mais pas impossible ( Jean-Yves Camus)

Jean-Yves Camus, co-directeur de l’Observatoire des radicalités politiques, estime que Marine Le Pen devra « convaincre les électeurs qui sont restés chez eux » à voter pour l’élection présidentielle.(Interview France Info)

 

 

franceinfo : Marine Le Pen dit qu’elle ne reviendra pas au Front national. Mais y-a-t-il une véritable évolution alors qu’elle aborde toujours les mêmes thèmes ?

Jean-Yves Camus : On ne change pas une formule qui gagne. Il y a plusieurs manières de formuler ces thèmes et c’est vrai qu’il y a des différences notables entre la façon qu’utilisait Jean-Marie Le Pen et celle que, dès 2011, Marine Le Pen a entendu mettre en œuvre au sein de sa formation. Par exemple, ce refus des provocations répétées qui avaient rendu impossible tout élargissement du Front national, même si aux élections législatives de 1986, Jean-Marie Le Pen avait réussi à faire venir un certain nombre de transfuges de la droite d’alors qui se sont éloignés très très vite avec, en 1987, sa fameuse déclaration comparant la Shoah à un détail de l’Histoire. Toujours est-il que Marine Le Pen a reparlé d’immigration, dans des termes extrêmement clairs en annonçant ce référendum dont elle entend faire la priorité des débuts de son quinquennat, en rappelant aussi que « nous ne mettrons jamais un genou à terre » – référence aux manifestations qui ont suivi le mouvement Black Lives Matter, y compris en France – c’est l’expression du refus de toute repentance. Marine Le Pen, en mettant le sujet de l’immigration en avant, essaie de le faire sans outrance, de façon à ne pas dresser contre elle autant de monde que son père avait contre lui.

Le Rassemblement national poursuit donc sa dédiabolisation. Comment qualifier ce parti aujourd’hui ?

Il y a une chose qui est intéressante, c’est cette charte que le RN a signé vendredi avec le parti de Viktor Orbán, Premier ministre hongrois, et celui au pouvoir en Pologne représenté par Jaroslaw Kaczynski. Tous les deux se réclament de la démocratie libérale. Ces partis acceptent le jeu de la démocratie, ils entendent bien arriver au pouvoir par les urnes, pas par une forme de révolution violente ni par la pression de la rue. Mais pour autant cette démocratie n’est pas la démocratie libérale traditionnelle. Les conceptions du peuple, de la Nation, des libertés publiques, diffèrent de celles qui sont en vigueur actuellement en Europe. Je crois qu’on doit réfléchir à l’utilisation du terme « extrême droite » parce qu’il renvoie inévitablement à ce qu’étaient ces partis il y a 30 ou 40 ans, à l’extrême droite traditionnelle avec évidemment en point d’orgue le fascisme et le national-socialisme. A l’époque de Jean-Marie Le Pen, beaucoup de gens parmi les opposants au FN n’hésitaient pas à dire que ce parti était fasciste, voire nazi, or, c’est évidemment une ligne qui est intenable aujourd’hui. Cela n’empêche que sur un certain nombre de points, que ce soit la question du droit du sol versus le droit du sang, la question de l’immigration, les questions sur la société multiculturelle, il y a des oppositions qui sont frontales entre l’immense majorité du spectre politique, de gauche comme de droite et le Rassemblement national. C’est une autre sorte de clivage.

Comment le RN va-t-il séduire un nouvel électorat pour la présidentielle, tout en conservant sa base traditionnelle ?

Il va d’abord falloir qu’il retrouve sa base traditionnelle parce que le taux d’abstention aux élections régionales et départementales a gravement affecté les résultats du parti qui se retrouve avec 130 conseillers régionaux en moins et moitié moins de conseillers départementaux, ce qui aura évidemment une incidence dans beaucoup de domaines y compris financiers. Donc il va falloir convaincre les électeurs qui sont restés chez eux que l’élection présidentielle, c’est autre chose, que c’est là que tout se joue. Est-ce que ça va marcher ? Ça dépendra de beaucoup de choses. D’abord, on ne sait absolument pas dans quelles conditions se tiendra la présidentielle de 2022 du point de vue de la pandémie. Aussi, il y a une question de remobilisation. Malgré tout, ces régionales – même si Marine Le Pen aujourd’hui a donné l’impression de passer par-dessus l’obstacle – donnent quand même un coup au moral. Et puis, il y aura la question de la concurrence. Eric Zemmour ou pas Eric Zemmour ? Et un candidat Les Républicains qui devra de toute façon se couvrir sur son flanc droit, surtout si c’est Xavier Bertrand, et qui reviendra sur le régalien, sur l’identité, et donc qui naturellement pourra peut-être garder un petit mieux les voix LR qu’on pouvait le prévoir il y a quelques semaines ou quelques mois. C’est une équation très compliquée pour Marine Le Pen mais pas complètement perdue.

Suez: Bertrand Camus débarqué

Suez: Bertrand Camus débarqué

 

Officiellement le président actuel de Suez a décidé lui-même de partir : « J’ai beaucoup réfléchi et j’ai décidé de ne pas faire partie de l’aventure du nouveau Suez », a déclaré dans un entretien au quotidien « Le Figaro » publié mardi soir l’actuel directeur général du groupe, Bertrand Camus.

 

En fait il a été débarqué puisque le président de Veolia qui a fait éclater chaises ne souhaitait pas que Bertrand Camus demeure à son poste.  Suez faite de l’action de Veolia est désormais cantonnée pratiquement à l’Hexagone.

le groupe pèsera 7 milliards d’euros de chiffre d’affaires – contre 17,2 milliards en 2020 -, après l’acquisition par son assaillant de la plupart des activités internationales.

 

Bertrand Camus restera cependant jusqu’à la fin des deux opérations en cours que sont l’OPA de Veolia et le rachat d’actifs de Suez par le consortium Meridiam-GIP-CDC. « Celles-ci doivent se finaliser entre mi-novembre et mi-décembre, afin que leur mise en oeuvre se fasse dans le respect de toutes les parties prenantes », a-t-il précisé. Reste aussi à connaître la position définitive de Bruxelles qui pourrait bien mettre son grain de sel pour excès de position dominante de Veolia. Dans ce cas, il conviendrait de ce débarrasser de certaines activités y comprises en les cédant à des entreprises étrangères.

« L’opération proposée par Veolia sur Suez : funeste « (Bertrand Camus )

 «L’opération proposée par Veolia sur Suez : funeste « (Bertrand Camus )

Une interview sans concession de Bertrand Camus dirigeant de Suez sur la tentative d’OPA de Veolia.

 

 

Vous avez été surpris par l’offre de Veolia. Pourtant, vous n’ignoriez ni le projet d’Engie de céder sa part dans Suez, ni la volonté de Veolia de prendre le contrôle du groupe.

Bertrand CAMUS. - Quand vous lancez un raid hostile comme c’est le cas, vous ne prévenez pas la planète entière. Les éléments de l’équation étaient posés, et nous nous préparions à la sortie d’Engie. Ce qui est le plus surprenant, c’est le moment choisi par Veolia: l’activité de traitement des eaux et des déchets est un secteur essentiel, et la France est encore dans la crise sanitaire, avec des enjeux prioritaires d’emplois et de relance économique. Au-delà de ces circonstances, l’opération proposée par Veolia est aberrante pour Suez et funeste pour la France. Il s’agit d’une tentative de déstabilisation majeure d’une entreprise phare de notre pays. C’est une opération financière opportuniste, avec une démarche baroque. Elle sous-valorise les actifs de Suez: Les cours de Bourse sont affectés .

« Gilets jaunes » : pour Jean-Yves Camus, « le rejet des élites est inquiétant » !

« Gilets jaunes » : pour Jean-Yves Camus, « le rejet des élites est inquiétant » !

Jean-Yves Camus, directeur de l’observatoire des radicalités à la fondation Jean Jaurès (proche du PS), s’inquiète de voir la légitimité des élus de plus en plus remise en cause. (Interview JDD). Un avis qui témoigne de la fébrilité de certains institutionnels qui n’ont rien compris de la nature de la crise. Intéressant à lire de ce point de vue !

Certains députés ont été menacés. Peut-on parler d’une fracture entre le peuple et les élites ?

Cela témoigne d’une exacerbation du rejet des élites que l’on a vu dans d’autres pays. Aux Etats-Unis, il y a eu des quantités d’incidents, de cas ou un individu s’en prend physiquement à un élu, soit parce qu’il déteste les élites en général, soit parce que cet élu, particulièrement, lui semble responsable de sa situation personnelle. Il y a une très grande violence à l’égard des élus dans nombre de pays.

Selon vous, le pouvoir a-t-il pris conscience de l’ampleur du rejet exprimé ?

Je trouve que le rejet est considérable. Il est considérable à un point que les élus ne l’appréhendent que dès lors qu’on vient devant leur résidence privée, et qu’il se fond dénoncer sur les réseaux sociaux. C’est un climat auquel on pouvait s’attendre. L’exaspération tient les élus en bloc, c’est ce qui est grave, alors que l’immense majorité d’entre eux propose des solutions innovantes et fait son travail. Par ailleurs, ils sont élus, c’est-à-dire dépositaires d’une partie de la souveraineté nationale. C’est ce concept qui n’est plus compris. »

Et encore moins la posture d’élus notamment PS qui transforment la politique en oligarchie (NDLR). Cette prise de position de nature corporatiste explique en grand partie la perte d’audience du PS ((NDLR).)




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