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Campagne apprentissage

Campagne apprentissage

 

La ministre du travail veut casser les idées reçues pour favoriser l’apprentissage mais le réduit comme d’habitude au travail manuel. «L’intelligence de la main ça existe. Faire pour apprendre, c’est une autre forme pédagogique » a déclaré la ministre. . Le problème c’est que la filière apprentissage ne devrait pas être réduite aux seuls travaux manuels mais à l’ensemble des filières jusqu’à celle de l’ingénieur comme en Allemagne. Sinon la France va continuer de fabriquer des Bac+ dont on ne sait pas quoi faire sauf à les embaucher dans l’administration. Se centrer sur les seuls métiers manuels,  c’est contribuer à dévaloriser ce parcours apprentissage finalement destinés aux « nuls ». Certes il faut développer les formations manuelles mais les autres tout autant sinon ce sont les entreprises qui formeront elles- mêmes leurs nouveaux métiers. Certes des filières jusqu’à l’ingénieur existent mais elles sont complètement marginales.  L’enjeu est de taille: le chômage des jeunes reste très élevé et certains métiers manquent de bras. D’où la nécessité de relancer cette filière toujours à la peine, malgré les mesures de soutien prises par les gouvernements successifs. La ministre du Travail rappelle qu’il y a aujourd’hui environ 400.000 apprentis en France. C’est seulement 7% des jeunes de 16 à 25 ans, «alors qu’un million de jeunes sont sans formations, ne se projettent pas vers l’avenir» déplore-t-elle. Muriel Pénicaud ne se fixe «pas d’objectifs chiffrés». «On est plus ambitieux que ça.» «Ce qu’il faut c’est la mobilisation des jeunes, des entreprises, des régions, des partenaires sociaux» a-t-elle soutenu. La réforme prévoit aussi de repousser l’âge d’entrée possible dans une filière d’apprentissage jusqu’à 30 ans au lieu de 26 ans actuellement. Et dès l’école, «il va y avoir une découverte des métiers avec tous les collèges et tous les lycées, car la plupart des jeunes n’ont pas une idée réelle des métiers». La ministre veut aussi favoriser les «passerelles entre les lycées professionnels et les centres d’apprentissage (CFA)». . D’après le projet de réforme, tout contrat en alternance obtiendra en effet un financement, peu importe l’entreprise et son secteur d’activité. Les centres de formation des apprentis (CFA) verront ainsi leurs financements dépendre du nombre de contrats signés, ce qui devrait les inciter à accroître leurs capacités d’accueil des apprentis. En outre, une cotisation alternance unique remplacera l’actuelle taxe d’apprentissage et la cotisation destinée aux contrats de professionnalisation. La ministre a laissé aux partenaires sociaux le soin d’en définir le montant. «Aujourd’hui je fais appel à toutes les entreprises, c’est le moment d’y aller», a-t-elle martelé.

 

 

Macron en campagne européenne

Macron en campagne européenne

 

 

On peut se demander quel est l’objectif  de ces consultations citoyennes sur l’Europe lancées par Macron qui doivent se dérouler en France et dont il sera le principal animateur. En fait, il ne s’agit pas vraiment d’un débat mais  d’un exercice à la mode Macron avec exposé magistral et quelques questions. Bref, l’occasion pour le monarque républicain de se mettre en scène et de faire campagne, aussi d’éviter la première grosse défaite électorale d’en Marche. Car il s’agit surtout de faire campagne dans la mesure où la vainqueur des élections européennes sont surtout les abstentionniste (et le FN parvenu en tête aux dernières élections). Macron aura cependant du mal à persuader  que les réformes qu’il propose vont changer l’Europe. D’abord parce que le populisme montant dans la plupart des pays les refusent et tout autant parce que l’’Allemagne ne veut pas de cette solidarité dont le financement lui reviendrait.  . “Ces consultations doivent servir à ce que toutes les conceptions de l’Europe soient défendues”, a affirmé Emmanuel Macron en préambule, invitant “ceux qui ne veulent plus d’Europe” à s’exprimer. Alors qu’une centaine de “consultations” similaires doivent se tenir en France d’ici le mois d’octobre, Emmanuel Macron a invité tous ceux qui le souhaitent à en organiser d’autres. Les contributions seront reprises sur un site internet sous la bannière “Quelle est votre Europe”, a-t-il précisé. L’idée de débats citoyens destinés à recréer une adhésion au projet européen, une proposition formulée à la Sorbonne le 26 septembre 2017, a été reprise par les 26 partenaires de Paris au sein de l’Union européenne, le Royaume-Uni, en partance, n’étant pas concerné.

Campagne électorale présidentielle : curieuse tambouille financière

Campagne électorale présidentielle : curieuse tambouille financière 

Un drôle de tambouille d’une  part pour la vérification des comptes de campagne des présidentielles, d’autre part pour le remboursement. la Commission nationale des comptes de campagne a rendu son verdict avec des différences notables selon les candidats. En vérité uen drôle de tambouille, d’une  part parce que la commission n’a pas vraiment de vérifier les comptes de campagne (voir par exemple la polémique à propos de la campagne de Sarkozy aussi Balladur et de Le Pen dont pourtant les comptes avaient été certifiés). C’est le grand brouillard non seulement sur les ressources mais aussi sur les dépenses et par conséquent sur les remboursements par l’État. Si l’on voulait réellement contrôler les ressources et les dépenses il faudrait nommer un commissaire aux comptes désigné par l’État dans chaque parti et  non se fier sur des documents illusoires.  Les frais de campagne d’un candidat à l’élection présidentielle ne doivent pas dépasser un certain plafond, fixé et actualisé par décret, Tout dépassement est sanctionné par le versement au Trésor public du montant de ce dépassement. Quel que soit leur mode de financement, les frais de campagne tels qu’ils sont communiqués sont intégralement remboursés par l’Etat, mais dans la limite d’un plafond qui dépend du score obtenu (en pourcentage) :

  • 47 % des plafonds ci-dessus pour les candidats ayant obtenu au moins 5% des suffrages exprimés (soit environ 8 millions d’euros) ;
  • 4,7 % des plafonds ci-dessus pour les candidats ayant obtenu moins de 5% des suffrages exprimés (soit environ 800 000 euros).

 

Pour les deux candidats qui parviennent au second tour, le plafond est d’environ 10,7 millions d’euros (soit 47,5 % du plafond des dépenses pour les candidats du second tour).  En dehors des aides publiques, un candidat aux présidentielles peut naturellement se financer sur les cotisations et les dons. Mais la loi encadre également cette pratique.  Les montants des dons aux candidats sont plafonnés. La limite est fixée à 4600 euros par donateur.

Les dons aux partis politiques sont également plafonnés. Le montant limite est fixé à 7500 euros.  Selon les décisions publiées mardi 13 février, les commissaires ont validé les comptes des onze candidats qui briguaient l’Elysée. Dans certains cas, toutefois, l’écart sera conséquent entre les dépenses engagées et les sommes remboursées. Surtout dans le camp de François Fillon. Si le montant total de dépenses déclaré par le candidat des Républicains avoisine les 13,7 millions d’euros, le remboursement n’atteindra que 2,07 millions d’euros. En effet, 10 millions de recettes provenaient de la Haute autorité chargée d’organiser la primaire de la droite, remportée par François Fillon. Ce « don » n’a pas vocation à être remboursé, selon la Commission.

Les sommes qui vont être remboursées à chaque candidat :

• Marine Le Pen :  10,7 millions (sur un total de 11,5 millions d’euros dépensés)

• Emmanuel Macron : 10,6 millions (sur 16,6 millions)

• Benoît Hamon : 8 millions (sur 15 millions)

• Jean-Luc Mélenchon : 6 millions (sur 10,2 millions)

• François Fillon : 2,1 million (sur 13,8 millions)

• Nathalie Arthaud : 800 000 euros (sur 960 000 euros)

• Nicolas Dupont-Aignan : 800 000 euros (sur 1,8 million)

• François Asselineau : 760 000 euros (sur 1,2 million)

• Philippe Poutou : 770 000 euros (sur 770 000 euros)

• Jacques Cheminade : 340 000 euros (sur 410 000 euros)

• Jean Lassalle : 230 000 euros (sur 240 000 euros)

 

Campagne de Nutella pour vendre de sucre et des gras

Campagne de Nutella pour vendre  de sucre et des gras

Plus de 10 milliards de chiffres d’affaires pour les ventes mondiale d’un produit composé à 85% de gras et de sucre. Pourtant Nutella lance dimanche 11 février une campagne de publicité sur la « qualité ». La promo exceptionnelle qui a déclenché une guerre chez les consommateurs faute d’approvisionnement suffisant est d’autant plus surprenante que ce produit composé à 85 % de sucre et huile n’est pas fameux pour la santé des enfants.  C’est même un vrai cocktail explosif sur le plan nutritif.( et  potentiellement cancérigène pour l’Agence Européenne de la Sécurité Alimentaire (EFSA)   Dans un post publié le 2 novembre sur Facebook, un organisme allemand de défense des consommateurs, Verbraucherzentrale Hamburg, indiquait avoir constaté que la teinte de la célèbre pâte à tartiner a été modifiée. En effet, celle-ci est plus claire qu’auparavant.  Verbraucherzentrale Hamburg – L’association Verbraucherzentrale Hamburg a comparé les étiquettes de deux pots de Nutella, achetés à des dates différentes. Les valeurs nutritives du produit ont légèrement  évolué. Selon l’étiquette examinée, la teneur en sucre a augmenté pour atteindre 56,3%, contre 55,9% précédemment tandis que la teneur en graisse a légèrement chuté pour s’établir à 30,9% contre 31,8% avant le changement de recette. Conclusion Nutella c’est surtout du sucre et de l’huile de palme. Selon Reuters, Ferrero utilise 185.000 tonnes d’huile de palme chaque année pour fabriquer son Nutella. Remplacer cet ingrédient pourrait coûter entre 8 et 22 millions de dollars par an en plus aux prix actuels du marché. Effectivement ce produit est largement utilisé dans l’alimentation dans l’industrie alimentaire ;  il entre dans la composition de nombreux aliments industriels tels que chips, biscuits, mayonnaise, chocolat, glaces, etc. L’huile de palme, extraite de la pulpe des fruits du palmier à huile, est accusée d’avoir des effets nocifs sur la santé et d’être l’une des responsables de la déforestation. Le problème, c’est que ce produit est massivement utilisé par l’industrie agroalimentaire précisément en raison de son faible coût.  : La France en consomme 126.000 tonnes par an, soit deux kilos par habitant chaque année. Les palmeraies d’où est issue l’huile de palme utilisée dans les produits alimentaires se trouvent principalement en Indonésie et en Malaisie, producteurs de 80% des stocks, on en trouve également en Amérique latine et en Afrique de l’Ouest. La France est un petit importateur d’huile de palme (150.000 tonnes sur une production mondiale de 62 millions de tonnes), mais les pays producteurs craignent une contagion à d’autres pays consommateurs. Les écologistes voulaient  une  surtaxation par les «effets dévastateurs de la culture industrielle du palmier à huile sur la biodiversité», pointant notamment les d’huile de palme.

 

Campagne électorale LR : Fillon garde un million !

Campagne électorale LR : Fillon garde un million !

Incroyable mais vrai, Fillon va garder 0.9 million sur 1.9 des fonds recueillis pour la campagne électorale LR. Comme  d’ habitude (une mauvaise habitude) ; Fillon et le parti Les Républicains avaient créé une structure bidon, le micro parti, pour recueillir des fonds afin d’éviter d’avoir à rendre des comptes sur d’éventuelles dépassements illégaux du parti lui-même dans la campagne électorale. Naturellement la campagne étant  terminée,  ces fonds auraient  dû retourner dans la caisse des Républicains dans les finances sont mal en point. Mais c’est connu Fillon aime les sous. Il a donc fallu d’âpres négociations pour que Fillon accepte de verser la moitié du pactole à son parti. On observera que cette pratique de micro parti constitue un scandale financier, il existe des centaines de micros partis qui n’ont d’autre objet que de détourner la loi de financement des campagnes et accessoirement d’enrichir les candidats. Un curieux  accord a donc été conclu entre Les Républicains et Force républicaine, le micro-parti créé par François Fillon pour recueillir des dons pendant la campagne présidentielle, a confirmé mercredi Daniel Fasquelle, le trésorier de LR. Cet accord a été conclu mercredi lors d’une réunion entre Bernard Accoyer, président des Républicains, Daniel Fasquelle et Bruno Retailleau, qui dirigeait la campagne de François Fillon. « Cette somme d’un million d’euros correspond à ce que nous aurions perçu en plus sans cette concurrence » de Force républicaine, a expliqué Daniel Fasquelle.

Fillon va-t-il rendre l’argent de la campagne aux républicains ?

Fillon va-t-il rendre l’argent de la campagne aux républicains

 

Il ne semble pas encore assuré que Fillon rendre l’argent qui reste de la campagne à son parti Les républicains. Plusieurs millions sont en jeu, ils découlent de la campagne des républicains et notamment des fonds qui avaient été recueillis à l’occasion des primaires. Fillon désigné candidat avait mis la main sur les sommes en question en les plaçant dans son micro parti. Depuis avec la défaite de Fillon,  la bataille fait rage entre l’appareil des Républicains et Fillon pour récupérer les bénéfices de la campagne. De toute évidence, cela traduit en tout cas les rapports toujours sulfureux entre Fillon et l’argent.  Le président des députés LR Christian Jacob. Ponc préconisé dimanche 2 juillet que « les financement liés à la primaire » reviennent dans les caisses du parti LR, en allusion à l’excédent du micro-parti de François Fillon, Force Républicaine.   »Je pense effectivement, les financements qui ont été liés à la campagne des présidentielles par une primaire qui a été portée par le parti LR doivent revenir au parti LR », a-t-il dit sur BFM-TV. « Je pense que cela serait sain », a expliqué Christian Jacob. « Mais tout cela relève d’une discussion qui doit être posée », a-t-il dit, et « c’est un sujet qui relève du parti ». Le micro-parti de François Fillon, Force Républicaine, possède plus de 3 millions dans ses caisses. La campagne du candidat de la droite a été financée par près de 10 millions d’euros de bénéfices issus du vote de la primaire - à raison de 2 euros de participation par tour – et aussi par des dons encaissés par Force Républicaine. Certains membres de LR, dont le trésorier Daniel Fasquelle, demandent depuis plusieurs semaines que l’argent restant à Force Républicaine soit reversé dans les caisses de LR.  Bernard Accoyer, secrétaire général de LR, a quant à lui chargé Gilles Carrez, député du Val-de-Marne et président sortant de la commission des Finances à l’Assemblée nationale, d’examiner la situation.

 

Une campagne législative pour faire éclater le PS, les Républicains et le FN

Une campagne législative pour faire éclater le PS, les Républicains et le FN

 

Avec les prévisions des sondages aux législatives Macron  pourrait bien faire éclater non seulement le parti socialiste et les Républicain mais aussi le Front national. Pour le parti socialiste, la division est consommée depuis longtemps. Pour les Républicains,  elle interviendra après les législatives avec le ralliement à Macron de nombre de progressistes. Enfin le Front National sera lui aussi très affecté par la division qui apparaît maintenant entre les partisans de l’abandon de l’euro comme Philippot  et ceux qui se résignent  à son maintien pour mieux coller à l’avis des Français majoritairement pour l’euro. Les différents sondages montrent en effet que la république en marche pourrait obtenir autour de 30 % des intentions de vote au niveau national, contre autour de 20 % pour la droite comme pour le FN, loin devant La France insoumise (14 %) et le PS (8 %). Le nouvel exécutif obtiendrait aujourd’hui 280 à 300 députés, Même dans l’hypothèse basse, il aurait une majorité absolue », souligne Bruno Jeanbart, le directeur général adjoint d’OpinionWay. La majorité absolue est à 289 sièges. la droite obtiendrait 150 à 170 sièges, soit moins que dans l’Assemblée sortante (199 en incluant les apparentés). L’extrême-droite, confronté à un plafond de verre dans les scrutins majoritaires à deux tours, est créditée de 10 à 15 élus,.  La gauche serait très minoritaire dans l’hémicycle. La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon n’en réalise pas moins une petite percée avec la perspective de 20 à 25 députés. Le Parti socialiste, lui, en obtiendrait aujourd’hui entre 40 et 50. Pas moins de 62 % des Français qui disent vouloir voter pour un candidat du PS lors des législatives souhaitent qu’Emmanuel Macron dispose au final d’une majorité. Un véritable big-bang politique se prépare avec l’éclatement des trois formations citées. Pour preuve au PS, au Front National et chez les Républicains on se prépare même à changer de nom mais aussi de ligne stratégique.

kits de campagne : le FN casse les prix !

kits de campagne : le FN  casse les prix !

D’après une information de la Tribune, suite à ses ennuis judicaires le Front national casse les prix des kits de campagne payés par ses candidats. DE plus de 16 000 euros, on  passe à 5000 euros avec possibilité d’un emprunt directement via le FN et non par le sulfureux micro parti micro-parti « Jeanne » de Marine Le Pen. Difficile de comprendre un telle différence de prix pour des prestations identiques, difficile aussi de comprendre qu’un parti aussi puissant que le FN ne puisse pas fiancer lui même le coût de la campagne et en reporte la charge sur des candidats dont les voix permettront le financement public  des partis. Les règles de financement des partis politiques ont été définies en 1988 avec la loi « relative à la transparence financière de la vie politique ». Elle instaure également une aide d’Etat, dépendante du nombre de parlementaires de chaque formation au Sénat et à l’Assemblée nationale. Depuis 1990, les partis non représentés au Parlement peuvent également bénéficier du financement public, proportionnellement au nombre de voix obtenues au premier tour des élections législatives, à condition qu’ils aient présenté des candidats dans au moins soixante-quinze circonscriptions (sur un total de 577). Avec le mode de financement des campagnes le FN joue sur les deux tableaux et se finance deux fois, une fois via la vente de kits aux candidats, une fois par les contributions publiques liées aux résultats des législatives. Le FN reprend donc pour les législatives 2017 son système de kits de campagne déjà employé pour de précédentes élections, notamment les législatives 2012, selon des documents consultés par l’AFP. Dans le kit de campagne « de base » à 5.500 euros figurent les documents de la campagne officielle (hors article R.39 du code électoral) pour 300 euros, la conception et l’impression d’un journal de 4 pages de campagne à 50.000 exemplaires pour 3.500 euros, un site-portail internet pour 400 euros et une expertise comptable pour 1.300 euros. Pour se procurer ce kit, les candidats du FN pourront obtenir un prêt « consenti par le Front national directement » à un taux de 5% sur 9 mois. En 2012, ce prêt se faisait via le micro-parti « Jeanne » de Marine Le Pen, avec un taux de 6,5% sur un an. 525 candidats frontistes sur 577 avaient eu recours au kit obligatoire aux yeux de nombre d’entre eux, dont les prestations étaient fournies par Riwal, société d’un proche de Marine Le Pen, Frédéric Chatillon, ex-dirigeant du GUD qui a encore œuvré dans la communication frontiste lors de la campagne 2017.En 2012, le montant moyen du kit était de 16.650 euros, dont 600 euros pour les documents de campagne officielle, 3.500 euros à 5.900 euros selon le format pour la conception et l’impression d’un journal 4 pages à 30.000 exemplaires, 1.800 euros pour le site-portail internet, 1.200 euros pour les frais d’expertise-comptable. S’y ajoutaient de nombreuses autres prestations. Le FN avait défendu ce système: offrir une campagne clé en mains à des candidats peu expérimentés. Les juges y ont vu une escroquerie au préjudice de l’Etat, avec pour « unique but de majorer les dépenses électorales remboursables » et ont renvoyé le FN en procès à une date encore inconnue. Des enquêtes judiciaires ont été ouvertes concernant les campagnes frontistes ultérieures.

Marine Le Pen : bon score relatif mais mauvaise campagne

Marine Le Pen : bon score relatif mais mauvaise campagne

Marine Le Pen fait un bon score avec près de 22 %, un succès toutefois relatif car son potentiel électoral lui promettait 30 % au regard des sondages d’il y a quelques mois mais surtout des derniers résultats électoraux. En cause, une mauvaise campagne de Marine Le Pen qui s’est enfermée dans des contradictions invraisemblables concernant notamment le domaine économique avec la sortie de l’Europe et l’abandon de l’euro. Dans les derniers jours de campagne,  elle a  complètement changé son orientation électorale en se recentrant sur ce qui fait le fonds de commerce du Front National : le repli identitaire. En cause également la personnalité de l’intéressé dont le profil manque sérieusement de compétences et qui ne parvient pas à convaincre réellement qu’elle peut être présidentiable. Le score mi-figue mi-raisin de Marine Le Pen vient donc sanctionner une campagne en demi-teinte, où elle a parfois péché par excès d’optimisme, et commis quelques erreurs. A plusieurs reprises, sa ligne est apparue brouillonne, sans colonne vertébrale, réagissant à l’actualité immédiate. « C’est comme s’il n’y avait pas de direction de campagne. Il n’y a pas de séquençage, elle n’impose jamais ses thèmes », estimait un ancien conseiller cité par RTL avant le premier tour. En interne, certains choix stratégiques sont critiqués, comme celui de défendre une sortie de l’euro, une perspective inquiétante pour de nombreux électeurs potentiels. « Moi, je m’en fous d’avoir l’euro ou pas, si on reste submergé par l’immigration », confiait ainsi à franceinfo Philippe Olivier, l’un des stratèges de la campagne de Marine Le Pen. « Elle navigue à vue, mais elle finit toujours par retomber sur ses deux pieds en revenant aux fondamentaux du FN », observe pour sa part l’historienne Valérie Igounet, spécialiste du parti frontiste. De fait, dans la dernière ligne droite, Marine Le Pen a d’ailleurs tenté de revenir à ses fondamentaux – insécurité et immigration – mais sans doute trop tard. Cette inflexion de ligne politique traduit en tout cas le débat qui traverse le Front national depuis quelques années, entre le discours souverainiste de Florian Philippot et les velléités identitaires de Marion Maréchal-Le Pen.

 

Après la Fusillade sur les Champs-Elysées, risque sur la campagne

Après la Fusillade sur les Champs-Elysées, risque sur la campagne

 

Trois candidats ont fort justement annulé leurs déplacements pour vendredi : Macron, Le Pen et Fillon  Il s’agit d’une attaque terroriste qui devrait interroger les Pouvoirs publics sur la poursuite de la campagne. Des menaces pèsent clairement et notamment lors des meetings dont les conditions de sécurité sont très approximatives. Pour preuve, les incidents concernant notamment Fillon et Le Pen où des opposants se sont approchés des candidats pour manifester leur mécontentement.  Il serait sans doute peu responsable d’autoriser les meetings dans les conditions dans lesquelles ils se déroulent actuellement. Ce serait prendre un grand risque que d’attendre un nouvel acte de terrorisme pour prendre des décisions assurant une réelle sécurité. Le caractère terroriste de l’acte commis sur les Champs-Élysées ne fait en effet plus aucun doute. L’assaillant faisait l’objet d’une « fiche S » des services de renseignements, selon une source policière, que ne confirme pas à ce stade le ministère de l’Intérieur, ni le parquet de Paris. L’organisation djihadiste EI a revendiqué dans la soirée cette attaque via son canal habituel de communication, l’agence Amaq. Un policier a été tué et deux autres ont été blessés, l’un sérieusement, l’autre plus légèrement. Cet événement est survenu à la fin d’une campagne présidentielle déjà marquée cette semaine par l’arrestation de deux hommes, à Marseille, soupçonnés d’avoir planifié des attentats imminents. Le 18 mars, un homme a été abattu dans l’aérogare d’Orly, au sud de Paris, en agressant des soldats de l’opération Sentinelle.

2017 : Pourquoi la campagne est décevante

2017 : Pourquoi la campagne est décevante

 

Comme le montre une étude d’Harris Interactive, 80 % des Français considèrent que la campagne électorale n’est pas satisfaisante. En cause, évidemment plusieurs facteurs expliquent qui d’ailleurs interagissent entre eux. Il y a d’abord la complexité de la période caractérisée notamment par une crise économique, sociale et sociétale. Concernant l’environnement économique, jamais sans doute les mutations ont été aussi importantes  et rapides depuis des dizaines d’années voir des siècles. La transformation de la nature des productions, de leur mode de production et de commercialisation, les élargissements du champ spatial des échanges bouleversent la donne économique, les qualifications et les emplois. Or c’est phénomène sont insuffisamment expliqués quand ils ne sont pas ignorés par certains candidats. La campagne électorale est évidemment trop franco française. On ne peut raisonner économiquement dans le seul espace national. La complexification des modes de production et d’échange rend d’ailleurs impossible à déterminer la nationalité d’un produit ou d’un service puisque nombreux acteurs nationaux et internationaux interviennent dans le processus de production. La France a évidemment des atouts mais  aussi de nombreuses faiblesses, l’analyse par les candidats reste à faire. Une problématique vient sans doute du mal à entrer dans les programmes électoraux sur des promesses. Des promesses d’ailleurs illusoires car faute notamment de croissance, les petits cadeaux seront récupérés via l’inflation, la fiscalité et la baisse de l’euro. Notons que la thématique européenne a été peu  traitée sauf de manière négative de la même manière que les grands équilibres financiers. La responsabilité de ses insuffisances incombe aux candidats aussi aux Français eux-mêmes. Des candidats trop nombreux et qui  n’ont pas de légitimité suffisante,  sans parler de leur manque de compétence sur le terrain socioéconomique voire sociétale. On se demande en particulier ce que viennent faire au moins la moitié des candidats pour cette échéance électorale. Nombre de petits prétendants à la magistrature suprême ne dépasseront pas 1 % des votes. Des candidatures marginales voire farfelues ou des candidatures de témoignage. Parmi les quatre principaux candidats, 2 sont issus de primaires mais  n’ont jamais réussi à rassembler leur propre camp du fait de leur positionnement extrême. Il y a aussi deux candidats attrape tout surtout là pour récupérer les mécontentements de tous ordres et dont les programmes ne peuvent conduire qu’à la ruine du pays. Dernière responsabilité, celle des Français eux-mêmes qui du fait de leurs contradictions frein  toute évolution structurelle pourtant indispensable à la fois pour moderniser l’économie mais aussi réduire les vraies inégalités. D’une certaine manière,  si les Français en dés raisons de n’être pas satisfaits, ils favorisent  aussi l’émergence de candidats incompétents. Dans une certaine mesure,  la France a les candidats qu’elle mérite sinon comment pourrait-on expliquer que les présidents de la république soient aussi inconséquents depuis De Gaulle et Pompidou.

 

2017 : La campagne électorale décevante pour 80%

2017 : La campagne électorale décevante pour 80%  

.Selon  une étude  d’Harris Interactive, 81% les Français jugent  «pas satisfaisante» la campagne (7 points de moins qu’il y a un mois).  70 % des sondés jugent que le débat électoral n’aborde pas «les solutions aux problèmes rencontrés par la France», 75%, qu’il ne permet pas aux candidats «de bien savoir ce qu’attendent les Français». En cause la thématique des affaires qui a phagocyté la campagne et els candidats. . 49 % jugent que si la présidentielle n’est «pas intéressante, c’est surtout à cause des candidats». Les électeurs potentiels de François Fillon se distinguent de cette opinion générale, puisque 71% d’entre eux, soit une écrasante majorité, rendent les médias responsables du manque d’intérêt de la campagne. 70% les accusent même de maltraiter leur candidat. Ce chiffre explique le climat agressif vis-à-vis des journalistes qui règne dans les meetings de François Fillon. Son discours antimédias rencontre une large adhésion chez  ses fidèles. En revanche, alors que Marine Le Pen accuse encore volontiers la presse de la «diaboliser», ses électeurs potentiels sont beaucoup plus partagés : 45 % lui donnent raison, mais 43 % estiment qu’elle est plutôt «bien traitée».

« Cabinet puant » : l’odeur de la campagne de Fillon

« Cabinet puant » : l’odeur de la campagne de Fillon

 

Coté Fillon, la campagne dégage de plus en plus un parfum de cabinet .  Maintenant il y aurait un complot  dirigé par l’Elysée pour atteindre l’ancien premeir ministre. L’Elysée qui seraiat alors responsable de l’emploi fictif de Pénélope, de celui de ses enfants, des relations trouble entre Axa et Fillon, des costumes offerts, des montres à 10 000 euros et de cet autre emploi fictif de Pénélope chez le milliardaire de la revue des deux mondes . En s’appuyant sur un livre livre Bienvenue place Beauvau , six responsables Républicains dénoncent  des infractions commises selon eux par le pouvoir socialiste. Ils en ont extrait 17 passages. Selon les auteurs du livre, par exemple, alors que le fils de Valérie Pécresse vient d’être interpellé avec quatre grammes de cannabis, l’information est très vite diffusée. « Un des collaborateurs de Claude Bartolone est en train de faire le tour de ses contacts journalistes pour les mettre au courant », est-il indiqué dans l’ouvrage. Ils affirment également que François Hollande a fait écouter Nicolas Sarkozy. Pour Luc Chatel, ce sont deux exemples parmi d’autres : « Les auteurs de ce livre décrivent un système de collusion entre des responsables policiers, des responsables de presse, des responsables politiques, ce qui est absolument ahurissant. » Des accusations réfutées sèchement par le garde des Sceaux, il nie toute intervention et y voit au mieux « de la pure spéculation, au pire, une volonté de manipulation de la réalité». Il faudrait sans doute être bien naïf pour penser que l’Elysée se tient totalement en dehors de la campagne et ou qu’il ne se tient informé de procédures judicaires. Il y a même sans doute des écoutes. Mais c’est le lot de la 5ème république depuis De Gaulle, la conséquence de la monarchie républicaine qui centralise tout. Sarkozy a écouté Hollande, Hollande Sarkozy, Chirac Sarkozy etc. mais en quoi cela change-t-il les faits ? Des faits qui initialement sont révélés en premier par la presse et ne font l’objet de procédure judicaire qu’ensuite. Les faits concernant Fillon sont indiscutables, ils sont même pour l’essentiel reconnu par l’intéressé. Il  a même piteusement rendu les costumes mais pas les montres et le reste.  Fillon rend responsable de sa pathétique campagne électorale un supposé cabinet noir. La vérité, c’est qu’avec Fillon se dégage effectivement une véritable odeur de cabinet. Avec Fillon, le débat est tombé dans le caniveau. Un débat qui déshonore le système politique et affecte même l’idée l’image de la France si l’on en juge notamment par les critiques sévères de la presse internationale qui ne comprend pas que 2 des principaux candidats englués dans les affaires puissent encore prétendre d’exercer la magistrature suprême. Si l’un des deux devait être élu,  on se demande de quelle crédibilité pourrait jouir la France pour négocier avec ses partenaires internationaux. Accablé par ses malversations et ses contradictions, en pleine déroute dans les sondages où il plafonne à 17-18 % loin derrière Macron et Le Pen, Fillon sort de son chapeau ce  cabinet noir qui serait responsable de ses dérives financières et politiques. Et pour cela,  il n’hésite pas à s’appuyer sur de faux propos de journalistes qui ont enquêté sur l’intervention politique du gouvernement dans la campagne. Malheureusement pour Fillon Didier Hassoux journaliste du Canard enchaîné qui a co-écrit « Bienvenue Place Beauvau », dément les propos du candidat Les Républicains sur l’existence d’un détournement des écoutes judiciaires par l’Élysée.  « La seule personne qui croit qu’il y a un cabinet noir à l’Élysée c’est François Fillon. Il y croit tellement que le 24 juin 2014 (…) il est allé voir Jean-Pierre Jouyet, qui est le numéro 2 de l’Élysée, pour lui demander d’activer ce cabinet noir. Ce cabinet noir n’existe pas », a poursuivi Didier Hassoux.  « Nicolas Sarkozy avait (…)  mis en place une police politique (…) alors que François Hollande, a simplement instrumentalisé la police à des fins politiques mais comme tous les présidents de la Ve République, c’est une maladie française », a-t-il poursuivi. Pour le journaliste, il y a une instrumentalisation de son livre du candidat Les Républicains, mis en examen. Un homme « aux abois », qui « essaye de faire un coup », selon lui. Fillon  se trompe adversaire, i attaque Hollande complètement hors jeu depuis longtemps alors que c’est Macron son concurrent. Une erreur de communication, une erreur stratégique qui maintient sa campagne dans le caniveau du faiat même de son entêtement à réfuter l’évidence de ses frasques certes instrumentalisés mais par sa faute à nourrir chaque jour une campagne irrespirable.

 

2017 : Pour 63% la campagne des affaires

2017 : Pour 63% la campagne des affaires

Certains observateurs protestent  contre le fait que les affaires  dominent la campagne électorale. Ce n’est pas l’avis  des Français si l’on en juge par les résultats d un sondage IFOP du JDD, 63% d’entre eux estiment qu’ »il est justifié que les affaires occupent une place très importante dans la campagne présidentielle », et ce, « car la question de l’honnêteté des dirigeants politiques constitue un critère majeur ». A l’inverse, ils sont 35% à estimer que ces sujets prennent trop de place dans le débat. . A l’inverse, les sondés proches des Républicains sont 68%… à estimer que « les affaires empêchent les débats sur les sujets de préoccupation des Français », ce qui peut se comprendre puisque leur champion est complètement englué dans les dérives politiques ou financières. Finalement les politologues mettent surtout l’accent sur l’intérêt des programmes. Pas sûr cependant que l’opinion attache autant d’importance que cela à  ces fameux programmes dont on sait bien qu’ils sont surtout élaborés pour plaire et non pour gérer forcément de manière efficace. Du coup,  il se pourrait bien que cette campagne soit caractérisée par des choix qui se fondent surtout sur la personnalité des candidats, leur honnêteté davantage que sur leur catalogue de promesses. Notons d’ailleurs que Macron aujourd’hui en tête et c’est pourtant celui qui a subi les plus fortes critiques pour insuffisance de programmes. . La critique la plus dure venait  du « rigoureux » Fillon : » macro, cas d’école de l’illusionnisme, cette nouvelle forme de populisme mondain qui a inventé la campagne présidentielle sans programme présidentiel ». La rigueur de Fillon est évidemment toute relative aussi bien concernant le détournement de fonds publics qu’en ce qui concerne sa gestion de premier ministre. Rappelons-nous, en 207Fillons avait déclaré qu’il était à la tête d’un État en faillite et qu’il entendait redresser la situation. Bilan de l’intéressé en 2012 : 600 000 chômeurs en plus (comme Hollande) et 600 milliards d’endettements supplémentaires. Ne parlons pas des promesses faites pour 2017 notamment de sa sulfureuse proposition de ne faire rembourser par la sécurité sociale que les maladies graves. Une proposition sans doute inspiré par le financement qu’il a reçu de l’assureur Axa. Autre proposition tout aussi hypothétique : la suppression de 500 000 fonctionnaires sans indiquer où et comment. Autre fumisterie celle de Benoît Hamon avec son fumeux revenu universel de 300 à 700 milliards par an dont on ne sait pas comment il serait financé. Dernier exemple les promesses de Marine Le Pen consistant à sortir de l’euro ou à engager 40 milliards de dépenses supplémentaires. Des dépenses supplémentaires financées par 60 milliards d’économies. Où,  comment ? On ne le saura jamais. Sans doute le programme le plus surréaliste qui s’il était appliqué conduirait le pays vers la catastrophe financière et l’appauvrissement généralisé. La seule sortie de l’euro coûterait immédiatement 20 % de pouvoir d’achat aux Français du fait du différentiel de taux de change. On se souvient de ce qu’il est advenu des promesses dans le passé de Sarkozy ou de François Hollande. Pour le bien de la démocratie il serait urgent d’interdire aux candidats d’élaborer des listes de promesses illusoires. Le premier objectif pour eux devrait être de définir les enjeux de la période actuelle, ensuite de donner une vision cohérente pour l’avenir du pays  et non de se répandre dans cinq programmes qui accumulent de façon précise les promesses d’augmentation du pouvoir d’achat de chacune des catégories socio professionnelles. La campagne électorale ce jour à vraisemblablement davantage sur cette vision est surtout sur la personnalité de l’homme qui sera chargé de présider le pays. Pour preuve le programme du front national est sans doute le plus beau puisqu’il promet tout à tout le monde pour autant il ne permettra pas à sa représentante de triompher. En cause le fait que Marine Le Pen ce caractérise par une personnalité au profil d’opposition davantage que par une personnalité de gouvernement. Sans parler aussi des les affaires qui la plombent.

Financement par la Libye de la campagne de Sarkozy

Financement par la Libye de la campagne de Sarkozy

Se fondant sur des informations parues dans de grands médias, deux juges parisiens, Serge Tournaire et Aude Buresi, sont chargés d’enquêter sur des soupçons de financement politique de la droite en 2007 par le régime de l’ancien guide libyen, Mouammar Kadhafi. Dans ce dossier, trois personnes, dont Claude Guéant, sont mises en examen. Les magistrats souhaiteraient entendre un intermédiaire au cœur de leurs investigations : Alexandre Djouhri. L’homme d’affaires de 58 ans, proche de Dominique de Villepin et de Nicolas Sarkozy, n’a pour l’instant pas répondu à leur convocation. Le parcours d’Alexandre Djouhri est étonnant : ancien petit caïd de banlieue parisienne, il a d’abord été repéré par les réseaux de Charles Pasqua dans les années 1980 avant de devenir un intermédiaire puissant de la sphère sarkozyste. Les écoutes judiciaires auxquelles nous avons eu accès montrent qu’il est à tu et à toi avec tout l’entourage de l’ancien président de la République. Et, lorsqu’il a besoin d’un petit coup de main, il n’hésite pas à le demander, comme dans cet échange avec Nicolas Sarkozy le 20 janvier 2015. Alexandre Djouhri se trouve ce jour-là à Moscou, avec Dominique de Villepin, pour affaires :

« Nicolas Sarkozy :Alexandre ?

Alexandre Djouhri :Ah, Nicolas, ben ça me fait plaisir de t’entendre !

Nicolas Sarkozy :Qu’est-ce que vous faites à Moscou ?

Alexandre Djouhri :Ah, faut qu’on essaye de gagner du pognon quand même, on travaille, à l’attaque ! Qu’est-ce tu crois?

Nicolas Sarkozy :Bon allez… je t’embrasse !

Alexandre Djouhri :Eh, Nicolas, tu peux nous passer un coup de fil, toi, pour qu’on voit Poutine un peu plus rapidement ? Au lieu qu’on poireaute ?

Nicolas Sarkozy : Parlons en demain, hein ?

Alexandre Djouhri :OK.

Nicolas Sarkozy :Je t’embrasse.

Alexandre Djouhri :Je t’embrasse, bye, à demain. »

Certains « services » demandés à ses amis politiques sont encore plus surprenants. Comme lors de cet appel passé par Alexandre Djouhri au député Les Républicains Alain Marsaud le 4 décembre 2013 :

« Alexandre Djouhri : Alain, est-ce que tu peux me filer tout de suite 10.000 euros en billets de 100 ?

Alain Marsaud : Nan, je peux pas te filer 10.000 euros en billets de 100 tout de suite, là, il faut que je passe à ma banque, tu crois pas que j’ai 10.000 euros sur moi, nan ?

Alexandre Djouhri : Bon, vas-y, là, si tu peux, maintenant…

Alain Marsaud : Mais je peux pas ! Mais enfin, non, mais je suis avec le ministre des Affaires étrangères, je peux pas le quitter pour aller à ma banque, pour chercher de l’argent !

Alexandre Djouhri :bah, appelle-les!

Alain Marsaud : C’est ça, oui (…) Ça peut attendre demain, non ?

Alexandre Djouhri : Demain matin alors ! Mais maintenant, ça serait mieux. »

Parfois, ce sont ses proches qui font part de leurs « bons tuyaux » à Alexandre Djouhri. L’ancien patron du renseignement intérieur, Bernard Squarcini, appelle ainsi son ami le 22 avril 2015 :

« Bernard Squarcini : Deux champs de pétrole au Kazakhstan à vendre. Ça t’intéresse ?

Alexandre Djouhri : Ouais, ben ok, bien sûr, ben, évidemment ! »

Les écoutes judiciaires révèlent qu’Alexandre Djouhri sert d’intermédiaire dans toutes sortes de transactions. En septembre 2014, il appelle par exemple Dominique de Villepin pour lui proposer un très beau tableau :

« Alexandre Djouhri : Qu’est-ce que tu penses de ce Soulages ?

Dominique De Villepin :Il est très bien, il est très beau (…) Qu’est-ce qu’ils en veulent ?

Alexandre Djouhri :Pour l’instant, c’est deux millions quatre.

Dominique De Villepin :(…) Fais le baisser un peu et prends-le…

Alexandre Djouhri :Tu peux foutre ça au coffre, tu le planques.

Dominique De Villepin :Ah ben oui, il est grand comment ?

Alexandre Djouhri :(…) 1 mètre 47 sur 1 mètre 14.

Dominique De Villepin : Oui, oui superbe. Non, non, il est très beau (…) Tu l’as vu où ?

Alexandre Djouhri : Je l’ai vu chez un pote à moi qui le vend parce qu’il a besoin de pognon.

Dominique De Villepin : En Suisse ?

Alexandre Djouhri : Ah oui ! Il est en Suisse, à 100 % ! »

Homme d’affaires et homme de l’ombre, Alexandre Djouhri mélange amitié, business et politique. Si les juges s’intéressent autant à lui, c’est qu’ils le soupçonnent d’avoir perçu des fonds libyens. Alexandre Djouhri aurait touché environ 10 millions d’euros en vendant, cinq fois son prix, à un proche de Mouammar Kadhafi, une villa qu’il avait achetée dans le sud de la France, sur la commune de Mougins. C’est sur ce point précis que les magistrats voudraient l’entendre. L’intermédiaire semble éviter le sol français depuis de longs mois. L’entourage de Nicolas Sarkozy ne serait pas pressé de le voir revenir en France. C’est ce qui ressort d’une écoute captée par les enquêteurs entre le député Alain Marsaud et Alexandre Djouhri :

« Alain Marsaud : Personne ne veut que tu rentres en France. Ils ont trop peur que tu parles.

Alexandre Djouhri : Ah non, mais, attends…

Alain Marsaud : Non, mais tu parles ! Vas demander à Sarkozy s’il est pressé que tu rentres !

Alexandre Djouhri : Mais attends, Nicolas, il en a rien à foutre !

Alain Marsaud : Il en a rien à foutre… Enfin il préfère que tu sois pas en France, que t’ailles pas voir le juge ! »

Alexandre Djouhri serait devenu gênant pour certains de ses amis politiques. La raison à cela est assez évidente selon le journaliste Pierre Péan qui a longuement enquêté sur l’homme de l’ombre (La République des mallettes, Fayard, 2011).

Pierre Péan © Radio France / Benoît Collombat

« Djouhri est devenu le seigneur de la zone grise. Et cette zone grise, il tient les hommes politiques. Il connaît tous leurs secrets, notamment les secrets financiers, mais pour d’autres ça peut être des secrets sur les filles. Des choses compromettantes. On le protège à cause de ça. »

Les juges parisiens, Serge Tournaire et Aude Buresi, enquêtent depuis plusieurs années sur les soupçons de financement de la campagne de 2007 par la Libye du colonel Kadhafi. Des extraits de ces écoutes judiciaires ont également été révélés par Le Monde et Mediapart. Extrait d’informations  révélées par France info en janvier 2017 :

«

« Avril 2012. Nous sommes entre les deux tours de la campagne présidentielle qui oppose le président sortant Nicolas Sarkozy et le candidat socialiste François Hollande. Le site d’information Mediapart publie un document attribué aux services secrets libyens, dans lequel est écrit que 50 millions d’euros auraient été remis par le colonel Kadhafi pour la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007.

La publication provoque une réaction très vive de Nicolas Sarkozy le 29 avril 2012 sur le plateau de Canal+ : « C’est une infamie. Quand je pense qu’il y a des journalistes qui osent donner du crédit aux services secrets de monsieur Kadhafi. 50 millions d’euros… Pourquoi pas 100 ? Pour une campagne qui en vaut 20 ? Alors il faut se mettre d’accord. Ma campagne a été financée par les sous-marins pakistanais, par monsieur Kadhafi, ou par madame Bettencourt ? »

Au même moment pourtant, une scène stupéfiante se déroule en plein Paris avec l’un des anciens bras droits de Mouammar Kadhafi : Béchir Saleh. Cet homme a trouvé refuge en France après la chute du régime en 2011 grâce à des proches du pouvoir sarkozyste. Béchir Saleh est un homme important. Il était à la tête d’un fonds libyen estimé à plusieurs milliards d’euros. Mais début 2012, le vent commence à tourner pour lui. Le nouveau pouvoir de Tripoli le soupçonne d’avoir quitté son pays avec une partie de la « cagnotte » de Mouammar Kadhafi et demande son arrestation. Un mandat d’arrêt, diffusé par Interpol, est émis contre lui. Ce détenteur des secrets de l’ancien Guide libyen risque en outre de ne plus être protégé si François Hollande remporte l’élection présidentielle. « Il subissait des pressions pour partir de la bande à Sarkozy, raconte l’un de ses amis aux enquêteurs. Je l’ai prévenu que ces gens-là seraient prêts à l’abandonner en cas de coup dur. »

 

Le 3 mai 2012, trois jours avant le second tour de l’élection présidentielle, un homme lui fait donc passer un message très clair : Béchir Saleh doit immédiatement quitter la France. La scène se passe vers 18 heures, sous la Tour Eiffel, au pied du pilier-est, en face du jardin du Champ de Mars, au beau milieu de la foule. Le porteur du message s’appelle Alexandre Djouhri, un homme de l’ombre influent de la droite française. Cet épisode rocambolesque avait été révélé en 2012 dans le magazine Les Inrocks, par les journalistes Michel Despratx et Geoffrey Le Guilcher.

 

« Alexandre Djouhri explique à Béchir Saleh que ses amis au pouvoir ne peuvent plus le soutenir, raconte Michel Despratx au micro de Secrets d’info. Au bout d’un moment arrive un homme vêtu d’un costume gris, au visage un peu rond, qui reste à vingt ou trente mètres, à distance d’eux. Il ne veut pas être vu en présence de Béchir Saleh. Il s’agit de Bernard Squarcini, le directeur de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI). Le patron du renseignement, un grand policier, vient donc à la rencontre d’un homme officiellement recherché par la police. Un grand flic qui exfiltre en cachette un homme recherché par son administration… « 

Accompagné par Alexandre Djouhri, l’argentier de Kadhafi monte ensuite dans une voiture qui le conduit à l’aéroport du Bourget, où l’attend un jet privé. Direction : le continent africain. Selon les journalistes des Inrocks qui avaient révélé cet épisode, l’ancien patron des services secrets français aurait donc supervisé cette opération d’exfiltration.

Bernard Squarcini avait-il le feu vert de son ministre, Claude Guéant, l’un des plus proches lieutenants de Nicolas Sarkozy ? Officiellement, Claude Guéant, interrogé le 4 mai sur RFI, ne sait rien du départ de Béchir Saleh : « Monsieur Saleh, moi, je ne sais pas ce qu’il fait en France (…) Il a une autorisation de séjour provisoire en France, puisque son épouse est française. Et par ailleurs, comme il est l’objet d’un mandat de recherche, dès qu’il sera découvert, il sera interpellé.

 

À cela, le journaliste lui rétorque qu’« il ne doit pas être trop dur à trouver puisqu’hier il était dans une brasserie parisienne » : « Il a répondu à des journalistes de Paris Match« . Claude Guéant rétorque alors qu’il n’est « pas au courant ».

Les enquêteurs ont pourtant reconstitué tous les appels téléphoniques passés, le 3 mai 2012, dans le secteur de la Tour Eiffel. Leurs investigations montrent que le premier réflexe d’Alexandre Djouhri, après sa rencontre avec l’argentier de Kadhafi, a été d’appeler Bernard Squarcini qui lui-même a téléphoné dans la foulée au cabinet de Claude Guéant. Une fois Béchir Saleh dans un jet privé au Bourget, Alexandre Djouhri appelle une nouvelle fois Bernard Squarcini. Ce dernier passe ensuite un coup de fil au conseiller du ministre de l’Intérieur. Les enquêteurs en semblent convaincus : l’exfiltration de Béchir Saleh, l’homme des secrets de Kadhafi, aurait été suivie au plus haut sommet de l’État. Il faut dire que Béchir Saleh est une vieille connaissance des réseaux Sarkozy. Saleh était le seul francophone de l’entourage de l’ancien dictateur. Il était systématiquement présent lorsque des politiques français se déplaçaient en Libye. Selon les juges, Béchir Saleh sait donc probablement si des valises de billets ont été ou non remises à des Français au cours de leurs rencontres avec Mouammar Kadhafi. Mais encore faudrait-il pouvoir lui poser la question. Depuis 2012, Béchir Saleh est réfugié en Afrique du Sud, où il a trouvé la protection du président Jacob Zuma. Il n’aurait pas l’intention, pour l’instant en tout cas, de revenir à Paris pour répondre aux questions des juges français. Pour avancer dans leur enquête, les magistrats ont mis sur écoute toute la galaxie Sarkozy. Ils se sont également intéressés au train de vie des différents protagonistes. Ils ont notamment repéré une transaction douteuse, opérée par Claude Guéant. En 2008, alors qu’il était le secrétaire général de l’Élysée, Claude Guéant aurait ainsi vendu deux petits tableaux représentant des bateaux du peintre flamand Andries van Eetrvelt. Montant de la vente : 500 000 euros. Elle a permis à ce fidèle de Nicolas Sarkozy d’acquérir un appartement dans les beaux quartiers parisiens.  Une transaction que les enquêteurs jugent donc louche. D’abord parce que le prix de vente des tableaux leur semble excessif. Ensuite parce qu’ils n’ont pas la certitude que l’ancien ministre ait réellement détenu un jour ces marines flamandes.

Pour en avoir le cœur net, les policiers ont même interrogé l’ancienne femme de ménage de Claude Guéant. Lors de son audition, elle a indiqué ne pas se souvenir d’avoir déjà vu les deux fameux tableaux chez les Guéant : « Je me souviens qu’il y avait des photographies, mais je n’ai pas le souvenir de peintures hormis celle de madame Guéant. Madame Guéant peignait des tableaux, elle faisait des petites peintures par exemple des fleurs, des éléphants. Elle peignait aussi des tasses. »

Les enquêteurs, qui soupçonnent un blanchiment d’argent, ont cherché à remonter le fil de la transaction. Voici comment, selon eux, l’argent aurait circulé : l’acheteur officiel des tableaux, un avocat malaisien, aurait versé 500 000 euros à Claude Guéant. Cet avocat aurait reçu deux jours plus tôt une somme identique provenant d’un compte bancaire appartenant à un richissime homme d’affaires, Khaled Bugshan, présenté comme la huitième fortune d’Arabie Saoudite. En remontant le fil de l’argent, les enquêteurs tombent sur un fonds d’investissement libyen géré par… Béchir Saleh, l’argentier de Kadhafi exfiltré de France par les réseaux sarkozystes. Une partie de la cagnotte de Mouammar Kadhafi a-t-elle atterri dans les poches de Claude Guéant ? Les juges de l’affaire libyenne, ont décidé de mettre en examen l’ancien ministre en mars 2015 pour « faux » et « blanchiment de fraude fiscale en bande organisée ».  L’intérêt des juges pour cette vente de tableaux inquiète les différents protagonistes mis sur écoute. Et notamment l’avocat malaisien qui affirme avoir acheté les tableaux de Claude Guéant. La police française cherche à l’entendre depuis le début de cette affaire. Il n’est pas vraiment rassuré, comme en témoigne l’échange entre l’avocat malaisien, Siva Rajendram, et un avocat djiboutien, Mohamed Aref. « Il y a une heure, j’ai reçu un autre mail très agressif disant qu’ils veulent me parler parce qu’ils ont de nouvelles preuves », explique Siva Rajendram.  »Ils n’ont rien, répond Mohamed Aref. Ils n’ont rien découvert du tout ! Tu n’as pas à dire qui est l’acheteur ! C’est pas criminel d’acheter. D’acheter un tableau. Ils cherchaient un transfert d’argent en provenance de Libye ! » Siva Rajendram insiste : « Donc ils ont trouvé le lien avec Khadafi ? » Mohamed Aref répond alors qu’« ils cherchent un lien avec Khadafi, mais ils ne cherchent pas au bon endroit ». « J’espère que Sarkozy va revenir au pouvoir et remettra tous ces gens à leur place », lâche Siva Rajendram. Mohamed Aref acquiesce : « Absolument. Il le fera ». L’avocat djiboutien qui semble si bien informé de l’enquête en cours n’est pas n’importe qui : les policiers se sont aperçus qu’il avait financé l’exfiltration en Afrique du Sud de Béchir Saleh…  Si l’enquête sur un possible financement libyen de la droite française semble inquiéter ses différents acteurs, c’est aussi parce que cette affaire s’accompagne de plusieurs cadavres. Et notamment celui d’un Libyen très haut placé : Mohamed Albichari. Après la chute du régime de Kadhafi, cet homme a raconté que le guide libyen avait pour habitude d’enregistrer les conversations avec ses visiteurs étrangers, lorsqu’il les recevait sous sa tente à Tripoli. Dans certains de ces enregistrements, Mohamed Albichari affirme même qu’il y aurait les preuves de remise d’argent à des Français. Il a également affirmé à certains de ses proches qu’il détenait ces enregistrements explosifs. Officiellement, Mohamed Albichari est mort d’une crise de diabète en avril 2012 alors qu’il se trouvait à Tunis. Mais la soudaineté de sa disparition intrigue ses proches qui se demandent s’il n’y a pas un lien entre sa mort et ces fameux enregistrements. L’un des amis français d’Albichari, l’ancien député européen Michel Scarbonchi, a été auditionné par les enquêteurs. Selon lui, 70 cartons de cassettes retrouvées dans une villa auraient été conservées par les « équipes » d’Albichari en Libye. Scarbonchi raconte qu’il a cherché à savoir si ces enregistrements potentiellement compromettants pour des politiques français n’étaient pas des montages. Il aurait alors demandé de l’aide à son petit-cousin qui n’est autre que… Bernard Squarcini, l’ancien patron de la DCRI. La suite, Michel Scarbonchi la raconte ainsi sur procès-verbal : « Je voulais faire authentifier la voix. C’était une voix française. Pour savoir si la bande était bidon ou pas, j’ai eu un rendez-vous avec un gars des services de renseignement. Squarcini était présent. L’échantillon a été remis au gars des services. J’ignore ce que sont devenues ces bandes. J’ai demandé plus tard à Squarcini quelles voix françaises étaient authentifiées. Il m’a répondu qu’il ne savait pas. Mais je pense qu’il n’a pas voulu me le dire… »

En même temps que Mohamed Albichari, un autre proche de Kadhafi disparaît. Lui aussi dans des circonstances étranges. Il s’agit de l’ancien ministre libyen du pétrole, Choukri Ghanem, qui s’était réfugié en Autriche. Le 29 avril 2012, au moment où le scandale libyen s’invite dans l’élection présidentielle française, son corps est repêché dans le Danube. Là encore, ses proches ne croient pas une mort accidentelle. Il y a quelques mois, les juges parisiens ont réussi à mettre la main sur le carnet de bord, le journal intime de Choukri Ghanem. Un document qui fait clairement référence à un financement politique. Ainsi, à la date du 29 avril 2007, l’ancien ministre de Mouammar Kadhafi écrit noir sur blanc que le régime libyen a versé 4,5 millions d’euros à Nicolas Sarkozy pour sa campagne présidentielle. À côté de cette somme, Choukri Ghanem rédige le commentaire suivant : « J’ignore s’ils croient vraiment qu’ils peuvent changer la politique de la France moyennant cet argent. D’abord, les montants qu’ils engagent sont dérisoires à l’échelle de l’Europe. Et puis d’autres pays paient bien plus ». 

Preuve en tout cas que ces morts brutales impressionnent : plusieurs Libyens qui ont accepté de témoigner devant les juges parisiens l’ont fait « sous X », c’est-à-dire de manière anonyme, comme la loi le permet dans certaines conditions.  Les écoutes téléphoniques réalisées par les juges révèlent également que le camp Sarkozy suit avec fébrilité et inquiétude l’avancée des investigations. En juin 2013, par exemple, Michel Gaudin, le directeur de cabinet de l’ancien président Sarkozy, appelle le nouveau patron du renseignement intérieur, Patrick Calvar, parce qu’un Libyen, l’ancien interprète de Kadhafi, vient de se confier à des journalistes. Michel Gaudin se demande si ce témoin ne s’est pas aussi confié aux services secrets : « Oui, bonjour monsieur Calvar, je vous ai rappelé dans l’après-midi à l’initiative du président, enfin l’ancien président, monsieur Sarkozy, parce qu’il était assez embêté… Il a appris que vos services auraient reçu le garçon, là, qui était donc l’interprète de Kadhafi et qui hier a déclaré que Kadhafi avait donné de l’argent à Monsieur Sarkozy… »

Réponse de Patrick Calvar :  »On n’a reçu personne, nous… Je vais faire une vérification parce qu’il faut toujours effectivement regarder, mais les instructions sont très claires : on n’a pas reçu de Libyens venant faire des déclarations relatives à des faits de cette nature ». Trois mois après cette conversation, l’interprète de Mouammar Kadhafi est finalement auditionné par les juges : il confirme sur procès-verbal l’hypothèse d’un financement politique. Pour les juges de l’affaire libyenne, un témoin central manque cependant à l’appel : Alexandre Djouhri, l’homme de l’ombre qui a organisé l’exfiltration de l’argentier de Mouammar Kadhafi. Convoqué pour être entendu au mois de septembre, Alexandre Djouhri ne s’est pas présenté devant les magistrats.

Depuis la mise en examen de son ami Claude Guéant, il semble éviter de mettre les pieds en France, par crainte d’être arrêté et interrogé. Extrait d’une conversation téléphonique du 4 mai 2015 entre Alexandre Djouhri et son ami député Les Républicains, l’ancien magistrat Alain Marsaud :

Alain Marsaud : « Je sais pas si on te voit un de ces jours à Paris, mais si c’est le cas, ça nous fera plaisir. »

Alexandre Djouhri : « Ah, je peux venir vendredi soir. Repartir le dimanche. Parce que s’ils me font une gardave (garde-à-vue, ndlr), ils la feront pas le week-end, parce que… » 

Alain Marsaud : (rires)

Alexandre Djouhri :  »Ils ne bossent pas »…

Alain Marsaud :  »Mais pourquoi veux-tu qu’on te foute en garde à vue ? Un mec innocent comme toi ! »

À travers les écoutes judiciaires auxquelles Secrets d’info a eu accès, on comprend bien que l’entourage de Nicolas Sarkozy craint une éventuelle déposition devant les juges d’Alexandre Djouhri. Extrait d’une autre conversation entre Alexandre Djouhri et le député Alain Marsaud :

 Alain Marsaud :  »Personne ne veut que tu rentres en France. Ils ont trop peur que tu parles. »

Alexandre Djouhri :  »Ah non mais, attends… »

Alain Marsaud :  »Non, mais attends ! Va demander à Sarkozy s’il est pressé que tu rentres ! »

Alexandre Djouhri : « Mais attends, Nicolas, il en a rien à foutre ! »

Alain Marsaud :  »Il en a rien à foutre… Enfin il préfère que tu sois pas en France, que t’ailles pas voir le juge ! »

… Où l’on découvre l’ascension fulgurante d’un petit caïd de banlieue devenu « seigneur de la zone grise » des affaires de la droite française.

Ces écoutes révèlent qu’Alexandre Djouhri est un personnage influent au sein de la droite française. Il est à tu et à toi avec l’ancien président Nicolas Sarkozy. Écoute judiciaire du 2 janvier 2015 entre Alexandre Djouhri et Nicolas Sarkozy :

Alexandre Djouhri : « Bonne année, Nicolas ».

Nicolas Sarkozy : « Ah ben Alexandre, je voulais te souhaiter une bonne année à toi ».

Alexandre Djouhri : « Bah tu verras, tout se passera bien et le courage guidera nos raisons, tu verras ».

Nicolas Sarkozy :  »Tu es où, là ? »

Alexandre Djouhri :  »Là, je suis à Courchevel ».

Nicolas Sarkozy :  »Ah ! Et bien écoutes, je t’embrasse mon Alexandre ».

 

A priori, rien ne prédestinait pourtant Alexandre Djouhri à faire partie du premier cercle du pouvoir. Né il y a 58 ans en Seine-Saint-Denis, dans une famille algérienne, Ahmed Djouhri (« Ahmed » est son prénom de naissance) a grandi à Sarcelles. À l’adolescence, il fréquente le grand banditisme. Entendu dans des affaires de règlements de compte entre bandes de voyous, Alexandre Djouhri a, lui-même, été victime d’une fusillade en plein Paris. Au début des années 80, c’est un habitué des commissariats, comme en témoigne cet extrait d’un rapport de police que nous avons pu consulter :

« Ahmed Djouhri était interpellé le 25 septembre 1981 et la perquisition effectuée à son domicile amenait la découverte de deux révolvers chargés, de menottes et d’une cagoule. Ahmed Djouhri était de nouveau interpellé, le 27 octobre, pour son implication dans cinq agressions à main armée commises dans des bijouteries de la région parisienne ».

 

Les années suivantes, Alexandre Djouhri écume les boîtes de nuit de la capitale, où il côtoie la jet-set, et se lie d’amitié avec le fils d’Alain Delon, Anthony. Des figures de la police proches de Charles Pasqua, alors ministre de l’Intérieur, l’introduisent ensuite dans les réseaux de la Françafrique. Il rencontre certains personnages clé de l’ « affaire Elf ». Il devient aussi proche des « grands » patrons français comme Serge Dassault, Henri Proglio ou Jean-Charles Naouri. C’est à partir de ce moment-là que l’ancien gamin de Sarcelles intègre le cercle très fermé des intermédiaires des gros contrats industriels et d’armement. Une ascension fulgurante qui ne l’a pas amené tout de suite à tutoyer Nicolas Sarkozy. Car l’amitié entre les deux hommes n’allait pas de soi. Alexandre Djouhri a d’abord « servi » le clan Chirac. Dans les années 2000, la guerre fait rage entre chiraquiens et sarkozystes. Une guerre sur fond d’affaire Clearstream, cette falsification de listings bancaires où s’est notamment retrouvé le nom de Nicolas Sarkozy. Ce dernier avait même promis de suspendre à un croc de boucher les responsables de cette manipulation. Pour Nicolas Sarkozy, l’affaire était un complot ourdi par les chiraquiens, Dominique de Villepin en tête.

Malgré l’affaire Clearstream, Alexandre Djouhri est devenu tellement incontournable au sein de la droite que le camp Sarkozy se met en tête de le « récupérer ». C’est ce que raconte le journaliste Pierre Péan qui a longuement enquêté sur le sujet dans son livre La République des Mallettes :

« Début 2006, Djouhri sent qu’il n’a plus le choix s’il veut exister, c’est-à-dire s’il veut continuer à être un des rois de la zone grise, un facilitateur du système, il doit se trouver dans le bon camp. Il va donc faire un retournement d’alliance. Sarkozy devant témoin va dire : ‘S’il n’était pas venu à Canossa, autrement dit s’il n’était pas venu dans mon camp, il aurait eu une balle entre les deux yeux » ! »

Pierre Péan, auteur de La République des Mallettes. (Benoît Collombat / Radio France)

« Tu sens cette lumière qui l’amène vraiment à la victoire ! »

Alexandre Djouhri passe donc dans le camp sarkozyste pour rester en cours, mais il joue en fait sur les deux tableaux. Il continue de fréquenter son grand ami Dominique de Villepin, qu’il aime surnommer « le poète ».

L’intermédiaire va également réussir un tour de force : réconcilier les ennemis jurés Villepin et Sarkozy. Les écoutes judiciaires de l’affaire libyenne montrent à plusieurs reprises qu’Alexandre Djouhri sert d’entremetteur entre les deux hommes. Écoute judicaire entre Alexandre Djouhri et Nicolas Sarkozy du 16 janvier 2015 :

Alexandre Djouhri : « Il m’a dit Dominique que t’étais excellent hein, il m’a fait que des compliments sur toi… »

Nicolas Sarkozy :  »T’es gentil. T’es gentil ».

Alexandre Djouhri :  »Il m’a dit : « Il est d’une intelligence quand même, il compartimente, c’est une éponge’, il me dit : ‘Et, là, de plus en plus, j’y crois. Il est bon, il est bon là !’, je te jure, il m’a dit ça ce matin… »

Nicolas Sarkozy : « Ah ouais, t’es gentil, t’es gentil, t’es gentil… »

Alexandre Djouhri : « Il m’a dit : ‘Il est vraiment bien ! Il s’est transformé, il se projette bien intellectuellement et tu sens maintenant cette lumière qui l’amène vraiment à la victoire’. Il m’a dit ça, tout à l’heure. Il m’a dit : ‘Là, je le sens bien maintenant notre Nicolas, je le sens super bien’… »

Nicolas Sarkozy :  »Ah ben, écoute, t’es adorable, hein ! »

 

Celui qui se fait appeler « monsieur Alexandre » semble également avoir bénéficié de protections au sein de la police et des services secrets. Dans le dossier des juges qui enquêtent sur l’affaire libyenne, une note laisse entendre que le passé de délinquant d’Alexandre Djouhri aurait mystérieusement disparu des archives de la police. Par ailleurs, les juges ont aussi découvert que Bernard Squarcini, lorsqu’il était préfet, à Marseille, a pris sa plume pour « blanchir » son ami Alexandre Djouhri. L’attestation signée Bernard Squarcini a été rédigée en 2005, au moment où des journalistes commençaient à vouloir explorer le passé de l’homme de l’ombre.

Extrait de cette attestation saisie par les juges : « Je soussigné Bernard Squarcini déclare établir la présente attestation en faveur de Monsieur Alexandre Djouhri inconnu au service de traitement des infractions constatées (STIC), et ne faisant objet d’aucune inscription au casier judiciaire. Sur le fond, rien de défavorable n’a pu être démontré concernant l’intéressé et aucun élément lié au terrorisme, au grand banditisme ou au blanchiment n’a pu être mis en exergue. »

 

Dès lors, Alexandre Djouhri se sait protégé. Le personnage fascine les uns, ses méthodes effraient les autres. L’ancien caïd de Sarcelles s’invite désormais dans l’univers plutôt aseptisé des entreprises du CAC 40. C’est ce qu’a raconté aux enquêteurs Marwan Lahoud, l’ancien responsable du groupe aéronautique EADS. En 2008, Alexandre Djouhri vient le voir pour lui réclamer 12 millions de commissions pour un contrat en Libye.

Audition de Marwan Lahoud le 25 février 2016 : « Il a commencé à s’agiter, à dire que ça n’allait pas se passer comme ça. Il commence à me balancer des noms censés m’impressionner, il me parle de Jacques et Nicolas en faisant clairement référence à messieurs Chirac et Sarkozy. Alexandre Djouhri s’est alors montré particulièrement menaçant. Monsieur Djouhri avance plein de noms pour vous impressionner, ensuite il tente de m’amadouer en me parlant de devenir patron de Thales ou autre, puis il peut être dans une menace assez froide, évoquant des violences physiques dont il aurait été auteur, puis finit par me dire que je lui dois de l’argent, et que je devais le payer. »

Toujours selon ce témoin, Claude Guéant, alors secrétaire général de l’Elysée, lui demande de faire un geste en faveur de son ami Alexandre Djouhri. Marwan Lahoud assure qu’il n’a pas donné suite, faute de contrat en bonne et due forme.

Alexandre Djouhri n’a peur de rien et se permet tout. C’est ce que révèlent encore les écoutes judiciaires de l’affaire libyenne. Le 4 décembre 2013, par exemple, il appelle le député Alain Marsaud et lui fait une demande stupéfiante :

Alexandre Djouhri :  »Alain ? Est-ce que tu peux me filer tout de suite 10000 euros en billets de 100 ? »

Alain Marsaud :  »Nan, je peux pas te filer 10 000 euros en billets de 100 tout de suite, là, nan… »

Alexandre Djouhri : « OK, bon, OK ».

Alain Marsaud :  »Il faut que je passe à ma banque, tu crois pas que j’ai 10 000 euros sur moi, nan ? »

Alexandre Djouhri :  »Bon, vas-y, là, si tu peux, maintenant… »

Alain Marsaud :  »Mais je peux pas! Mais enfin, non, mais je suis avec le ministre des Affaires étrangères, je peux pas le quitter pour aller à ma banque, pour chercher de l’argent ! »

Alexandre Djouhri :  »Bah, appelle-les ! »

Alain Marsaud : « C’est ça, oui, d’accord, mais bien sûr ! N’importe quoi, toi ! Ça peut attendre demain, non ? »

Alexandre Djouhri :  »Demain matin alors ! Mais maintenant, ça serait mieux ».

Alain Marsaud :  »Maintenant, la question se pose pas, c’est non ! Je sais pas faire, là. Parce que tu crois que j’ai 10 000 euros comme çà moi ? Il faut même que je les commande à ma banque ! »

Alexandre Djouhri :  »OK, bon, allez, je t’embrasse, à l’attaque alors ! A tout à l’heure, bye, tu m’appelles… »

Alexandre Djouhri ne semble avoir aucun complexe avec ses interlocuteurs, il ne met pas les formes. Dans une autre écoute judiciaire, il se vante par exemple d’avoir « mis une torchée à l’ambassadeur du Qatar ».

« Je n’ai pas envie de donner mon avis sur tous les cons de la planète ! »

Alexandre Djouhri est tout aussi direct quand il veut demander un service plutôt inattendu à son ami Dominique de Villepin. Écoute judiciaire entre Alexandre Djouhri et Dominique de Villepin du 30 septembre 2014 :

Alexandre Djouhri :  »Dis-moi, tu serais d’accord pour dire du bien de Christine Lagarde ? »

Dominique de Villepin :  »Moi, pourquoi ? »

Alexandre Djouhri : « Parce que il y a Hervé Gattegno, il fait un super papier sur elle, mais un beau papier, hein, c’est dans Vanity Fair, et il me dit : ‘Demande à Dominique si je peux l’appeler pour juste qu’il me dise ce qu’il pense d’elle’. Mais il me dit : ‘Attention, il y a zéro coup de Trafalgar’ ! »

Dominique de Villepin :  »Ecoute, c’est moi qui l’ai fait rentrer en politique et qui l’ai nommée, mais elle s’est toujours comportée comme une garce avec moi. J’ai rien à dire ! »

Alexandre Djouhri :  »T’as rien à dire ? »

Dominique de Villepin :  »Non, je ne préfère pas m’exprimer, je n’ai pas envie de donner mon avis sur tous les cons de la planète ! »

 

Ce que révèlent aussi ces écoutes judiciaires, c’est qu’Alexandre Djouhri est proche d’influents journalistes, de grands manitous de la communication et de patrons de presse. Il fréquente le conseiller spécial d’Arnaud Lagardère, Ramzi Khiroun ou encore le conseiller médias du groupe Dassault, Rudi Roussillon.

Parfois, Alexandre Djouhri n’hésite pas à utiliser ces contacts pour allumer des contre-feux dans l’affaire libyenne. Il suggère par exemple au Figaro, propriété de Dassault, d’écrire un édito pour défendre Claude Guéant. Il se démène aussi pour tenter de discréditer la piste du politique dans l’affaire libyenne. Il demande par exemple à son ami libyen Béchir Saleh, réfugié en Afrique du Sud, de signer une lettre dans laquelle il dément tout financement de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007 par le régime de Mouammar Kadhafi.

 

Les écoutes judiciaires permettent de comprendre de quelle manière Alexandre Djouhri tente d’associer à ses affaires ses réseaux politiques. On le voit, par exemple, dans cet appel passé à Claude Guéant, devenu avocat d’affaires, en 2013 :

Alexandre Djouhri : « Et ben quand  je rentre là. On va voir les Popov ensemble, hein ? Les russes ! »

Claude Guéant :  »Ah ben volontiers. Oui. Volontiers, oui, oui. »

Alexandre Djouhri :  »Dès qu’ils arrivent, ils vont me tenir au courant. Dans le week-end. »

Claude Guéant :  »D’accord, OK. D’accord. »

Alexandre Djouhri :  »Allez, à l’attaque ! »

 

Parfois, cela fonctionne dans l’autre sens. Ce sont les membres du premier cercle de la sarkozie qui jouent les apporteurs d’affaires. C’est le cas de Bernard Squaricni, l’ancien patron du renseignement. Ce dernier a montré sa propre société d’intelligence économique, après la défaite de Nicolas Sarkozy, en 2012. Bernard Squarcini travaille notamment pour le géant du luxe LVMH, il fait aussi beaucoup d’affaires en Afrique. Voilà ce que propose Bernard Squarcini, à son ami Alexandre Djouhri, le 22 avril 2015 :

Bernard Squarcini :  »Deux champs de pétrole au Kazakhstan, à vendre. Ça t’intéresse? »

Alexandre Djouhri :  »Ouais, ben OK, ben ouais bien sûr, ben évidemment ».

Bernard Squarcini :  »L’ami de Londres, il va me balancer de la « doc » et je vais te la rebalancer ».

Alexandre Djouhri :  »Ouais, ben impec’, top ! »

Bernard Squarcini :  »C’est pour ça que moi quand il m’a dit ‘est-ce que vous connaissez quelqu’un’, j’ai dit : ‘y’en a qu’un qui peut gérer cette affaire c’est lui’, il me dit : ‘ok il prend sa com’ et nous on prend la nôtre et voilà’, ok ? »

Alexandre Djouhri :  »OK ben ouais, à l’attaque ! »

Bernard Squarcini :  »Je te tiens au courant Papy ! »

Alexandre Djouhri :  »Ouais, allez bye, je t’embrasse ».

Bernard Squarcini : « Allez, va à la pêche hein, ciao ». 

 

Les écoutes judiciaires font également apparaître certains personnages plutôt inattendus. C’est le cas de Jean-Louis Bruguière, ancien juge antiterroriste qui a fait un passage en politique sous la bannière de l’UMP. L’homme a instruit de nombreuses affaires sensibles, comme l’attentat de Karachi ou l’affaire de l’attentat contre le DC 10 d’UTA, qui impliquait le régime de Mouammar Kadhafi. Les enquêteurs de l’affaire libyenne se sont aperçus qu’en février 2014, Jean-Louis Bruguière sollicitait les conseils avisés d’Alexandre Djouhri.

Jean-Louis Bruguière :  »Allô ? J’voulais te parler… J’ai une très très grosse opération sur un pays du Golfe… Bon, voilà c’est tout, point, je peux pas en dire plus au téléphone ».

Alexandre Djouhri : « Hummm… ouais, j’ai compris… »

Jean-Louis Bruguière :  »Y’a pas une urgence folle, m’enfin, bon… »

Alexandre Djouhri : « Ouais ».

Jean-Louis Bruguière :  »Il faut quand même que je puisse gérer ça ! »

 

Alexandre Djouhri semble donc être une « porte d’entrée » dans le monde des affaires pour une partie de la Sarkozie. Mais il y en un avec qui les relations sont particulièrement poussées, c’est Dominique de Villepin, l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac devenu avocat d’affaires.

Dominique de Villepin et Alexandre Djouhri passent beaucoup de temps ensemble dans les meilleurs restaurants à Paris, en Russie ou dans les pays du Golfe. Et quand ils ne se voient pas, ils sont régulièrement en contact, ne se privant pas commenter les derniers rebondissements dans l’enquête libyenne. En septembre 2014, par exemple, Alexandre Djouhri a repéré un tableau de maître qui pourrait plaire à son ami. Il l’appelle après lui avoir envoyé la photo de la toile.

Alexandre Djouhri :  »Qu’est-ce que tu penses de ce Soulages ? »

Dominique de Villepin :  »Il est très bien, il est très beau ».

Alexandre Djouhri :  »T’es d’accord ? »

Dominique de Villepin :  »Ouais ».

Alexandre Djouhri :  »1954″.

Dominique de Villepin : « Magnifique, un an après ma naissance, magnifique. Il est très beau. Qu’est-ce qu’ils en veulent ?

Alexandre Djouhri : « Pour l’instant c’est 2,4 millions « .

Dominique de Villepin :  »Ah ouais, il faut que tu le fasses baisser un peu ».

Alexandre Djouhri : « Mais c’est négociable ».

Dominique de Villepin :  »Ouais, ouais, fais le baisser un peu et prends-le… »

Alexandre Djouhri :  »Tu peux foutre ça au coffre, tu le planques ».

Dominique de Villepin :  »Ah ben oui… il est grand comment ? »

Alexandre Djouhri : « Bah je t’ai envoyé. 1,47 mètres sur 1,14 mètres ».

Dominique de Villepin : « Oui, oui superbe. Non, non, il est très très beau ».

Alexandre Djouhri : « Je savais qu’il allait te plaire celui-là… »

Dominique de Villepin :  »Y’a un peu de rouge… Magnifique, t’as bon goût là. Tu l’as vu où? » 

Alexandre Djouhri :  »Je l’ai vu chez un pote à moi qui le vend parce qu’il a besoin de pognon ».

Dominique de Villepin : « En Suisse ? »

Alexandre Djouhri :  »Ah oui, il est en Suisse… Ah ben à 100% ».

Dominique de Villepin :  »Hmm, il est très beau. Très, très beau mon vieux. Putain t’as de la chance. Tu peux foutre ça dans ton salon sans problème ».

Alexandre Djouhri : « Ouais parce qu’en plus, moi je trouve qu’il fait simple… Il fait pas genre… »

Dominique de Villepin :  »Voilà il est magnifique. Il est très, très sobre, t’as raison. C’est un beau Soulage, très beau Soulages. C’est pas un truc… « bavasseux »… »

Alexandre Djouhri :  »Voilà, exactement ».

Dominique de Villepin : « Ouais. Bon, mais mon gars donc t’arrives demain ? »

Alexandre Djouhri : « Ouais j’arrive demain. Il est reposant ».

Dominique de Villepin : « Ouais, il est reposant ». 

 

Alexandre Djouhri ne se contente pas de proposer des tableaux à Dominique de Villepin. Il lui achète aussi ses vieilles bandes dessinées. Ainsi, dans la bibliothèque personnelle de Dominique de Villepin figure un album rare de Tintin aux pays des Soviets. Lorsqu’il la met aux enchères, cette pièce de collection trouve preneur à prix d’or : 43 000 euros.

Les enquêteurs ont découvert que l’acheteur de ce Tintin était en fait Alexandre Djouhri. Et dans cette conversation avec Dominique de Villepin, on comprend qu’Alexandre Djouhri ne veut surtout pas que son nom apparaisse sur la facture :

Alexandre Djouhri :  »J’vais pas payer avec mon nom… j’paie par l’étranger moi… »

Dominique de Villepin :  »Mais non, mais tu paies par où tu veux, mais il faut payer avec ton nom ! Il faut qu’on sache qui a payé… Tu mets la référence de la facture du Tintin, tout ça… »

Alexandre Djouhri :  »Mais évidemment ! Mais j’mets pas de nom ».

Dominique de Villepin :  »Bon… Et tu me dis après qu’on puisse te donner le machin là… »

Alexandre Djouhri :  »Ça je m’en fous, c’est pas urgent, putain ! Qu’il le garde ! Je paie et il le garde ».

On l’a compris, dans cette écoute, Alexandre Djouhri n’a pas l’air pressé de récupérer « le machin », ce Tintin qu’il a pourtant payé rubis sur l’ongle aux enchères.

Djouhri cherche à rester dans l’ombre. Il semble tout faire pour éviter qu’on puisse tracer son argent. C’est ce que révèlent les investigations des enquêteurs financiers. Les juges ont pourtant apparemment découvert un lien entre l’intermédiaire et « la cagnotte » de Kadhafi. Ce lien, c’est une villa, située à Mougins dans le sud de la France. Djouhri l’aurait achetée à la fin des années 1990 à Nabila Kashoggi, la fille d’Adnan Kashoggi, célèbre marchand d’armes saoudien.

Cette luxueuse maison, baptisée « Villa Nabila », Djouhri l’aurait revendue – à travers une cascade de sociétés écran, dont certaines basées dans les paradis fiscaux – cinq fois son prix… au fond libyen de Béchir Saleh, l’argentier de Kadhafi. C’est ainsi que l’argent du « régime » aurait pu se retrouver sur les comptes de l’intermédiaire proche de la Sarkozie.

Les juges en charge de l’affaire libyenne s’intéressent désormais aussi à l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin.

Ils le soupçonnent d’avoir touché de l’argent via un circuit financier similaire à celui de la villa. Ils ont découvert que de 2008 à 2010, Villepin avait été payé 800 000 euros par an pour rédiger des notes pour le Saoudien Khaled Bugshan… Le même homme que l’on retrouverait derrière « l’achat » des tableaux de Claude Guéant. Villepin aurait été chargé de prodiguer des conseils et de rédiger diverses notes pour ce Saoudien que les juges pensent liés à Djouhri. Une opération d’autant plus intrigante que les enquêteurs se demandent s’il ne s’agit pas de prestations fictives. Et si Dominique de Villepin n’a pas tout simplement recyclé de vieux discours.

Le 6 septembre 2016, la police l’a interrogé sur ce point. Question du policier :  »Nous avons constaté qu’une note intitulée ‘Considérations sur les adaptations possibles au défi urbain asiatique à la lumière des évolutions et des prises de conscience récentes’ de janvier 2009, correspondait mot pour mot au texte d’une de vos interventions lors d’une conférence qui se tenait l’année précédente. Comment expliquez-vous ce réemploi ? »

Réponse de Dominique de Villepin : « Je n’ai pas le souvenir précis du contexte de la transmission de cette note basée sur une conférence passée. J’ai parfaitement pu réutiliser des réflexions menées dans des conférences que j’ai données. »

Devant les mêmes enquêteurs, Dominique de Villepin affirme n’avoir aucune relation d’affaires avec Djouhri. Il prétend également ne pas connaître « son domaine d’activité ».

Dominique de Villepin, Claude Guéant… Devant les policiers, les politiques n’ont guère envie de s’épancher sur les liens qui les unissent à Alexandre Djouhri. Pour une raison évidente, selon le journaliste Pierre Péan : l’homme d’affaires sait trop de choses à leur sujet.

« A la fin des années 80, Djouhri était encore un instrument au service des politiques. Après, il est devenu le seigneur de la zone grise. Dans cette zone grise, il tient les hommes politiques. Il connaît tous leurs secrets, notamment les secrets financiers. Pour d’autres, ça peut être des secrets sur les filles. Des choses compromettantes. On le protège à cause de ça. »

 

Au fil des auditions, l’enquête des juges fait apparaître un faisceau d’éléments accréditant la thèse d’argent libyen remis à des politiques, ou à des intermédiaires, même si les sommes varient beaucoup d’un témoignage à l’autre : de 4,5 millions à 300 millions.

Ziad Takieddine, autre intermédiaire de la droite française, a récemment reconnu devant les juges avoir remis de l’argent de Kadhafi à Claude Guéant et Nicolas Sarkozy. Une version démentie par les deux hommes. En tous cas, argent libyen ou pas, ce qui semble tout de même se dessiner, c’est que des espèces auraient bien circulé pendant la présidentielle de 2007. C’est ce que laisse entendre, Jérôme Lavrilleux, mis en examen dans l’affaire Bygmalion. En 2012, il était le directeur adjoint de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy.

Jérôme Lavrilleux nous a confié qu’à sa grande surprise, à la fin de cette campagne, des cadres du parti, qui étaient déjà là en 2007, seraient venu lui réclamer de l’argent liquide.

Jérôme Lavrilleux, le directeur adjoint de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012. (Benoît Collombat / Radio France)

Jérôme Lavrilleux : « On me dit : ‘En 2007, nous avons tous reçu une prime en liquide’. Je réponds : ‘Mais en 2007, je n’y étais pas. Je n’ai pas d’argent liquide. Je n’ai même pas de coffre-fort dans mon bureau !’ Sur le moment, j’ai quasiment pris ça pour une blague. Puis, j’ai compris qu’en fait on nous suspectait de ne pas avoir redistribué l’argent ! »

Secrets d’info : « D’avoir gardé l’argent pour vous ? »

Jérôme Lavrilleux : « Oui. Je me suis dit : ‘Mais dans quel monde vit-on ?’ C’est une pratique qui, pour ce que j’en ai compris, semblait être habituelle ».

Jérôme Lavrilleux a confirmé son témoignage devant les juges de l’affaire libyenne, comme l’a révélé le site Mediapart. Du côté de l’ancien président, Nicolas Sarkozy, on dément des accusations qualifiées de « provocation ».

 

D’autres indices laissent cependant penser que du liquide aurait bien pu circuler à l’UMP en 2007, comme, par exemple, ce SMS de Rachida Dati envoyé le 9 septembre 2013 à Brice Hortefeux.

L’ancienne Garde des sceaux pense alors que ce fidèle de Nicolas Sarkozy cherche à lui nuire. Elle est furieuse, et menace Brice Hortefeux en ces termes :

« Salut le facho (…) Je vais dénoncer l’argent liquide que tu as perçu pour organiser des rendez-vous auprès de Sarko lorsqu’il était président. Des relations tout aussi liquides que tu as eues avec Takieddine (…) et je peux continuer avec les avantages que tu as eu et as encore à l’UMP à l’insu de ceux qui paient. Alors maintenant, je te préviens très fermement : tu me fous la paix ! Je ne te lâcherai pas, espèce de voyou ! »

 

Un autre élément matériel intrigue enfin les enquêteurs de l’affaire libyenne. Il s’agit d’un très grand coffre-fort loué par Claude Guéant à la BNP pendant quatre mois, le temps de la campagne présidentielle de 2007. Interrogé par les policiers sur ce point, Claude Guéant assure qu’il ne s’agissait que de stocker… des archives.

Claude Guéant :  »Il s’agissait de stocker, en sécurité, des archives personnelles appartenant à monsieur Sarkozy et moi-même ».

Policier :  »Si ce coffre-fort ne vous a servi que pour entreposer vos archives personnelles, pour quelle raison vous y êtes-vous rendu à sept reprises entre mars et juillet 2007 ? »

Claude Guéant :  »Pour consulter des documents. Je pense aux discours que monsieur Sarkozy avait pu faire… J’avais demandé un petit coffre et faute de disponibilité j’en ai obtenu un grand ! »

 

Trois personnes ont jusqu’ici été mises en examen dans ce tentaculaire dossier libyen : Claude Guéant, l’homme d’affaire Saoudien Khaled Bughsan et l’intermédiaire Ziad Takieddine. Quant à Alexandre Djourhi, qui ne s’est pas rendu à la convocation des juges, il a toujours nié avoir joué le moindre rôle dans cette affaire libyenne.

 

 

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