Trop de conseillers dans les cabinets ministériels, pourquoi ?
Encore trop de conseillers dans les cabinets ministériels, pourquoi ? Tout simplement pour tenter de concurrencer l’administration sur les dossiers. Mauvais calcul car les cabinets même avec 10 ou 15 personnes ne peuvent rivaliser avec les centaines de hauts fonctionnaires dans chaque administration. Les cabinets devraient de comporter en animateur de l’administration et non en concurrent. . Publiée jeudi, l’enquête sur les 39 cabinets ministériels du gouvernement de Jean-Marc Ayrault (qui figure en annexe au projet de loi de finances 2013) détaille, pour la première fois, leur composition et la rémunération de leurs collaborateurs. « Transparence » et « maîtrise des dépenses publiques », se félicite Matignon. Pourtant, des zones d’ombre demeurent sur le fonctionnement de ces équipes qui travaillent au quotidien pour les ministres. Dès sa nomination, en mai dernier, Ayrault avait fixé un plafond : 15 collaborateurs pour les ministres et 10 pour les ministres délégués. Pari réussi? En partie seulement… Selon ce document, les effectifs ont baissé de « 12% par rapport à la moyenne de la période 2007-2011 ». La plupart des membres du gouvernement se sont donc pliés à la règle. Restent quelques « mauvais élèves », notamment au ministère de l’Economie… censé pourtant donner l’exemple. A Pierre Moscovici et Jérôme Cahuzac s’ajoutent Frédéric Cuvillier (Transports) et Jean Yves Le Drian (Défense), qui dépassent eux aussi le quota. Depuis le 1er août, date à laquelle l’enquête a été arrêtée, de nouveaux conseillers ont été nommés et huit autres ministres ont franchi la limite : Sapin, Taubira, Touraine, Lebranchu, Montebourg, Valls, Repentin et Hamon. « Le dossier consommation a été rajouté au périmètre de Benoît Hamon, il était donc normal qu’il recrute de nouveaux spécialistes », plaide-t-on au ministère de l’Economie sociale et solidaire. Chez Moscovici, on se défend également de tout dérapage, en invoquant ses prédécesseurs à Bercy : « Christine Lagarde avait un cabinet de 30 personnes, François Baroin 29, et nous nous ne sommes que 22. » Le message est clair : à l’heure des hausses d’impôts, personne n’échappe aux efforts. Côté rémunérations, le gouvernement affiche le même satisfecit. Longtemps considérée comme un « système opaque », l’enveloppe des « primes de cabinet » (qui s’ajoutent aux salaires) a été réduite de 11% par rapport à 2007-2011. Au 1er août 2011, la dotation annuelle pour ces primes était de 28,4 M€ pour l’année. Un an plus tard, elle a légèrement fondu, à 25,8 M€. Cependant, toutes les rémunérations annuelles des personnels n’apparaissent pas dans l’enquête. Et pour cause : certains collaborateurs sont mis à disposition par leurs administrations d’origine, qui continuent de les payer. « On ne peut donc pas chiffrer dans le détail la masse salariale exacte des cabinets », pointe un spécialiste de droit public. Les ministères n’ont donc pas encore tout à fait livré leurs secrets…