Coronavirus : des mesures budgétaires exceptionnelles ? (Eurogroupe)
On voit bien que les espaces d’action des banques centrales sont forcément limités par la faiblesse des taux. Au mieux, on va sans doute encore diminuer ces taux à coups d’un quart de point comme aux États-Unis récemment par exemple. Sans doute également développer des politiques plus accommodantes en matière de rachat d’actifs. Cela ne suffira pas pour contenir les conséquences néfastes du Coronavirus. Du coup, on s’apprête en Europe et en zone euro en particulier à accompagner la politique monétaire par des mesures budgétaires exceptionnelles. En gros, on pourrait tirer un trait sur la perspective de maîtrise des dépenses et sur le mythique objectif de limitation des déficits à 3 % du PIB .
Notons que la trajectoire choisie par la France conduit déjà à prévoir le dépassement de ces 3 % en 2020. Pour être clair, on va donc faire tourner la planche à billets à nouveau pour soutenir l’économie en particulier les entreprises qui vont se trouver en difficulté financière du fait du ralentissement économique. Ce soutien sera d’autant plus nécessaire que les difficultés financières des entreprises pourraient aussi concerner le secteur financier lui-même et que d’autres bulles pourraient alors éclater. Les pays membres de la zone euro sont donc prêts à prendre des mesures de nature budgétaire pour protéger l’économie européenne de l’impact de l’épidémie provoquée par le nouveau coronavirus, a affirmé mercredi le président de l’Eurogroupe, Mario Centeno.
« Nous sommes prêts à prendre de nouvelles mesures. Ceci inclut des mesures budgétaires, où cela serait nécessaire, car elles pourraient être nécessaires pour soutenir la croissance », a déclaré le ministre portugais des Finances à Lisbonne, après une conférence téléphonique avec ses homologues européens. Les règles budgétaires européennes prévoient une clause qui « autorise une déviation temporaire de la trajectoire d’ajustement » à condition qu’il soit « prouvé que la dépense additionnelle est liée à l’évènement exceptionnel », a-t-il précisé.
« Nous n’épargnerons aucun effort (…) pour protéger nos économies contre des conséquences plus importantes » que celles déjà constatées, a ajouté M. Centeno, en reconnaissant la difficulté à prévoir avec précision l’impact que l’épidémie pourra avoir. « Toutes les analyses convergent et anticipent un impact temporaire suivi d’une certaine reprise », a-t-il toutefois ajouté.