Budget 2014 : surtout de impôts pour les ménages et les consommateurs
Ce qui caractérise ce budget ce sont surtout des impôts en plus car les économies seront surtout dues à la fiscalisation type cotisations mutuelles santé ou forfait 5 euros chez le médecin. Cela en attendant d’autres décisions sur le carburant diesel et autres taxes concernant la transition énergétique. Avant même sa présentation en Conseil des ministres le 25 septembre, le projet de loi de finances a été jugé « illisible et pas votable en l’état » par le co-président du groupe des Verts à l’Assemblée nationale, François de Rugy. Les écologistes réclament une taxation plus lourde du diesel. Mais alors qu’une polémique a éclaté mercredi après-midi sur cette question, le ministre de l’Economie Pierre Moscovici a joué l’apaisement le soir sur Canal+. »A l’issue de la conférence environnement », la semaine prochaine, « il y aura un arbitrage de tous ces sujets-là », a-t-il promis, en s’engageant sur une « contribution énergie-climat », visant à « verdir » des impôts déjà existants. A propos des grands équilibres budgétaires annoncés mercredi par le gouvernement, le président de la Commission des Finances à l’Assemblée nationale, Gilles Carrez (UMP) a de son côté dénoncé une « ponction déraisonnable » sur les ménages en 2014. Invité au journal de TF1, le ministre délégué au Budget Bernard Cazeneuve a confirmé qu’au delà de la réindexation du barème de l’impôt sur le revenu sur l’inflation (700 millions redistribués), de nouvelles mesures favorisant le pouvoir d’achat sont actuellement en discussion avec les parlementaires. »Nous sommes dans la volonté de prendre des mesures visibles (…), nous souhaitons conforter (le pouvoir d’achat) et le faire avec le parlement », a-t-il déclaré. Le projet de budget 2014 promet un effort total de redressement des comptes publics réduit à 18 milliards d’euros, alors que le gouvernement s’était engagé au printemps sur un effort de 20 milliards. Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault s’est réservé mercredi la primeur de l’annoncer: des économies « sans précédent » de 15 milliards dans la dépense publique seront faites, soit un milliard de plus que prévu et 80% de l’effort total. A Bercy, M. Cazeneuve a annoncé que les recettes augmenteraient de 3 milliards d’euros en 2014, soit moitié moins que ce qui était prévu avant l’été. »Ce ne sera pas 0,3 point de PIB, mais 0,15 et cela inclut les mesures de lutte contre la fraude fiscale », a-t-il précisé. Le ministre espère récupérer 2 milliards d’euros par ce seul biais. Le gouvernement prévoit aussi de supprimer des niches fiscales bénéficiant aux familles d’enfants scolarisés dans le secondaire et le supérieur mais aussi à certains salariés via leurs cotisations pour une mutuelle. Selon le ministre de l’Economie, la pression fiscale n’augmentera pas sur les ménages en dehors de la hausse de TVA (taux intermédiaire passant de 7 à 10% et taux normal de 19,6% à 20%), déjà votée fin 2012. Mais si cette augmentation doit rapporter plus de 6 milliards d’euros, ceux-ci ne seront pas utiliser à redresser les comptes publics: ils sont dédiés au financement du crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE), une baisse du coût du travail de 4% pour toutes les entreprises. Pour le gouvernement, cette mesure est favorable à l’emploi donc au pouvoir d’achat. Les 15 milliards d’économies de dépenses constituent par ailleurs un « effort totalement inédit », a rappelé Pierre Moscovici. Les coupes se répartiront en 9 milliards de dépenses de l’Etat et ses opérateurs, collectivités territoriales et 6 pris sur le champ social, a précisé de son côté M. Cazeneuve. L’effort portera donc à 80% sur la réduction des dépenses et 20% sur l’augmentation des prélèvements obligatoires, au lieu des deux tiers/un tiers annoncés, une manière d’adoucir l’idée d’une pression fiscale qui deviendrait trop importante en période de crise. Concernant les entreprises, M. Moscovici a par ailleurs promis que les prélèvements obligatoires seraient « stables » en 2014 par rapport à 2013. Cela signifierait que les quelque 6 milliards de mesures fiscales décidées l’année dernière et qui n’auront plus d’effet en 2014 seront compensées par de nouvelles mesures sans augmenter la pression fiscale. »Hors CICE, il y aura une stabilité des prélèvements sur les entreprises en 2013 et 2014. L’effet du CICE sera intégralement préservé, le coût du travail ne sera pas augmenté et l’impact de la réformes des retraites sera compensé », a-t-il insisté. Après avoir été un temps envisagée, la baisse de l’impôt sur les sociétés a en outre été abandonnée. S’il a maintenu le pronostic d’une croissance atone (+0,1%) en 2013, le gouvernement a par ailleurs confirmé que les timides signaux de reprise ne suffiraient pas à tenir l’objectif initial de progression de 1,2% du PIB en 2014. Le chiffre retenu est donc désormais 0,9%, « un choix de confiance et de prudence », a estimé M. Moscovici. Il a parallèlement confirmé que le déficit public de la France dépasserait fin 2013 les prévisions. D’abord annoncé à 3,7% du PIB, il est maintenant attendu à 4,1%. Pour 2014, il sera de 3,6% du PIB, en conformité avec la demande de Bruxelles, a assuré M. Moscovici, en maintenant l’objectif d’un retour sous les 3% du PIB fin 2015. »Le rythme de réduction des déficits ne va pas aussi vite que nous le voulons », a reconnu le ministre délégué au Budget Bernard Cazeneuve, estimant que c’était le fait « essentiellement » de « la conjoncture européenne et internationale ». Ces prévisions doivent désormais être adressées au Haut conseil pour les Finances publiques pour un avis consultatif.