Santé-Eaux en bouteille: contrôle de qualité critiqué par Bruxelles
Le système mis en place par la France pour contrôler les eaux en bouteille est entaché de «sérieuses lacunes» et ne permet pas de garantir l’absence de produits frauduleux dans les rayons, a estimé la Commission européenne dans un audit publié mercredi. Bruxelles avait engagé cette procédure après des informations de presse évoquant en janvier de possibles infractions dans le secteur des eaux minérales naturelles, et a organisé une mission d’une dizaine de jours en mars.
Selon ses conclusions, il existe bien en France un système de contrôle des eaux minérales naturelles et des eaux de source doté de procédures et de capacités de tests en laboratoire adéquates. Mais «dans son ensemble, le système de contrôle officiel ne vérifie pas efficacement que les eaux minérales naturelles mises sur le marché satisfont aux exigences légales en vigueur», estime l’audit. Le système «n’est pas conçu pour détecter ou atténuer les fraudes dans le secteur des eaux minérales naturelles et des eaux de source et n’est pas non plus correctement mis en œuvre, ce qui rend possible la présence sur le marché de produits non conformes et potentiellement frauduleux», est-il ajouté.
Une filiale française du géant suisse de l’agroalimentaire Nestlé- qui puise en France l’eau des marques Perrier, Vittel, Hépar et Contrex – avait reconnu fin janvier avoir eu recours à des traitements de désinfection interdits (lampe UV, charbon actif) sur les eaux minérales pour maintenir leur «sécurité alimentaire». Une enquête préliminaire pour tromperie a été ouverte par le parquet d’Epinal à l’encontre de Nestlé Waters.
Le groupe Alma, qui produit une trentaine de marques d’eaux en bouteilles en France dont Cristaline, Saint-Yorre et Vichy Célestins, fait aussi l’objet d’une procédure judiciaire pour des raisons similaires. L’association de consommateurs Foodwatch, qui a porté plainte contre Nestlé, Sources Alma mais aussi le gouvernement qu’elle accuse de «complaisance», a estimé dans un communiqué mercredi que l’audit «confirme ce qu’elle dénonce à chaque scandale: opacité pour les consommateurs et consommatrices, manque de contrôles des autorités et impunité pour les multinationales».