Bretagne : agroalimentaire et écotaxe, cocktail explosif
Toute la filière agroalimentaire bretonne est menacée ; en cause la crise bien sûr qui contraint les consommateurs à réduire leurs achats de certains produits viande, poisson etc.), la hausse des matières premières (aliments bétail), la concurrence étrangère anarchique (ouvriers polonais qui travaillent en Allemagne pour 3 à 5 euros de l’heure dans la filière), désintérêt des élus locaux et nationaux pour l’économie, erreurs stratégiques des industriels) etc. S’ajoute à ce cocktail explosif la grogne suscitée, en Bretagne, par l’écotaxe poids lourds . Voté sous le précédent quinquennat, repoussé à plusieurs reprises, le dispositif doit entrer en vigueur le 1er janvier prochain. Jean-Marc Ayrault, élu de l’Ouest, a pu mesurer la colère de la région lorsqu’il a été accueilli sous les sifflets, le 12 septembre, au salon international de l’élevage de Rennes. Le chef de l’Etat, lui, avait reçu à déjeuner une délégation de patrons bretons à la fin du mois d’août. Bernard Poignant, maire PS de Quimper et conseiller à l’Elysée, a aussi alerté François Hollande. Il n’est pas le seul : « Hollandais historiques », le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, a des origines bretonnes et celui de la Défense, Jean-Yves Le Drian, présidait jusqu’en juin 2012 le Conseil régional de Bretagne. Les craintes de l’exécutif sont également d’ordre politique. Car cette région modérée est une terre de gauche, qui a voté à 52,6 % pour Ségolène Royal au second tour de la présidentielle de 2007 et à plus de 56 % pour François Hollande en 2012. « Ce sont les voix à l’ouest d’une ligne Le Havre-Perpignan qui lui ont fait franchir la barre », rappelle Bernard Poignant. Dans le contexte actuel, les municipales sont à hauts risques. Sous pression sur le terrain, Jean-Yves Le Drian est d’ailleurs l’un de ceux qui pousse le plus en faveur d’un plan Bretagne ambitieux. Reste à savoir ce qu’il pourrait contenir, dans un contexte budgétaire serré. Le gouvernement se montrait ce mardi très flou, tout en appelant à la patience : la réunion de mercredi « n’est pas une fin mais le début » d’un processus. « La priorité, c’est plus d’investissement, plus d’innovation, plus d’exportation, plus de formations », a affirmé le ministre délégué à l’Agroalimentaire, Guillaume Garot. « On se bat pour limiter les plans sociaux mais l’avenir de la Bretagne, ce ne sont pas seulement les abattoirs. Ce sont aussi les hydroliennes », glisse un proche du président. « Si une région peut s’en sortir, c’est celle-là », Tout es dit !