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SFR: Numericable ou Bouygues ; le consommateur ou l’emploi ?

SFR: Numericable ou  Bouygues ; le consommateur ou l’emploi ?

Chois cornélien, favoriser la concurrence donc le consommateur, don Numericable ou choisir la concentration et l’investissement (4G, 5G etc.) au détriment de l’emploi, donc Bouygues. L’offre dévoilée jeudi matin par le groupe de Martin Bouygues avait les faveurs de la Bourse de Paris et a mis en ébullition le marché des télécoms: à 14H35, Bouygues gagnait 4,85%, Iliad (Free) 4,55%, Orange 8,69% et Vivendi 0,73%, tandis que Numericable était en repli de 6,37%, dans un marché en légère hausse.  Mercredi soir, Vivendi, maison mère de SFR qui veut s’en séparer pour se recentrer sur les médias, avait fait état de deux offres engageantes « de prise de contrôle majoritaire » du deuxième opérateur télécoms français.  Dans les détails, le groupe de BTP propose à Vivendi 10,5 milliards d’euros en numéraire (garantis par la banque HSBC) et de conserver 46% du capital du nouvel ensemble. Son projet de fusion valorise SFR à 14,5 milliards d’euros avant la mise en place des synergies.  De son côté, Numericable (Altice) n’a pas rendu public son projet. Selon des informations concordantes, il offre 11 milliards d’euros en numéraire, pour une valorisation de SFR à 15 milliards d’euros (pré-synergies). Il a sécurisé son financement auprès de 9 banques et laisserait 32% du capital de la nouvelle entité à Vivendi.  Au-delà de ces données financières assez proches, « ce sont deux offres assez peu comparables car elles auraient un impact totalement différent sur le paysage des télécoms », résume à l’AFP Sylvain Chevallier, spécialiste des télécoms et associé chez BearingPoint.   »Le projet de Bouygues a une logique plus industrielle et ferait repasser le marché à trois acteurs, qui seraient du coup peut-être plus enclins à investir, même s’il y aurait probablement une remontée des prix et un risque sur l’emploi. Le projet de Numericable ne va quant à lui pas changer la pression concurrentielle sur le mobile, et va permettre au câblo-opérateur de devenir réellement convergent », selon lui.  Commentant ces deux « logiques différentes » dont celle plus « disruptive » de Bouygues, le patron d’Orange Stéphane Richard a souligné que l’opérateur historique serait « très attentif aux conditions de cette éventuelle opération, et au traitement qui sera fait pour que l’équité concurrentielle soit préservée » dans l’hypothèse d’un marché passant à trois acteurs.  Pour un autre analyste qui souhaite rester anonyme, « Bouygues se comporte comme si c’était fait, alors qu’il y a d’énormes doutes sur la faisabilité de son projet en termes de concurrence, du point de vue du régulateur ».  Depuis l’arrivée de Free sur le marché du mobile début 2012, les opérateurs se sont livrés à une sanglante guerre des prix qui a sapé leurs marges mais a fait baisser la facture des consommateurs.  Le président de l’Autorité de la concurrence Bruno Lasserre avait jugé en juillet que Free Mobile avait « dynamisé le secteur », et estimé que « plaider pour une consolidation en revenant à deux ou trois opérateurs par pays n’est pas une bonne solution. Je doute que plus de consolidation veuille dire plus d’investissement. On ne peut pas non plus prétendre que la consolidation soit favorable à l’emploi », avait-il souligné.  Car la bataille entre Numericable et Bouygues se joue aussi sur le social, la préservation de l’emploi devant être la priorité des prétendants à SFR, a prévenu mercredi le gouvernement en s’immisçant dans les grandes manoeuvres autour de l’opérateur à marier.   »A ce stade, notre projet ne prévoit aucun plan de départ contraint. Et l’histoire démontre que quand Bouygues prend un engagement, il le tient », a affirmé à l’AFP Philippe Marien, directeur financier de Bouygues Telecom.  Alors qu’une alliance Numericable/SFR verrait se rapprocher des activités plutôt complémentaires, une fusion entre Bouygues et SFR créerait beaucoup plus de synergies et donc plus de doublons en termes d’emplois.  Patrick Drahi, le patron d’Altice, s’est engagé dans Le Figaro mardi « à ne pas licencier, à conserver 8.500 emplois chez SFR et 2.400 chez Numericable, et même à recruter des commerciaux pour le marché des entreprises ».

 




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