Budget: Les économies de bouts de chandelle de Bruno Lemaire
Finalement une nouvelle fois le gouvernement a renoncé à envisager une réforme de l’État qui aspire pourtant l’essentiel des dépenses inutiles du budget. Au total, le ministre de l’économie aurait trouvé une dizaine de milliards qu’il compte surtout ponctionner sur un moindre remboursement des médicaments. Il y aurait également des réductions de dépenses sur le logement, l’emploi et sur les aides au carburant.
Déjà assez théoriques ces économies sont loin de couvrir les déficits prévisibles. Pour l’année en cours le déficit pourra atteindre encore 5 % du PIB soit près de 150 milliards. On est loin des 10 à 15 milliards hypothétiques trouvés par Bruno Lemaire.
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A l’occasion des assises des finances publiques, organisées à Paris après une revue des dépenses de l’Etat, des collectivités et des administrations sociales, le ministre a évoqué des « dépenses inutiles » qui « ne donnent pas les résultats attendus ou qui sont contradictoires avec nos objectifs climatiques ». Ces pistes d’économies, qui seront précisées dès septembre dans le projet de budget pour 2024, portent sur les dépenses de santé, de logement, d’emploi ou encore sur la politique fiscale.
Bruno Le Maire veut lutter contre les « dérives » liées à la forte augmentation du nombre d’arrêts maladie prescrits, passés de 6,4 millions à 8,8 millions en dix ans selon lui. « C’est une hausse de plus de 30%, qui nous a conduits en 2022 à dépenser au total 16 milliards d’euros », a-t-il souligné, sans chiffrer les économies attendues.
Le gouvernement veut aussi s’attaquer aux dépenses de médicaments, dont « la gratuité ou la quasi-gratuité peuvent conduire à déresponsabiliser le patient ». « Chaque médecin généraliste prescrit en moyenne l’équivalent de 730 000 euros par an, c’est-à-dire 450 euros par patient », avance Bruno Le Maire, évoquant, là encore, des « dérives ». L’exécutif appelle à « définir des règles plus efficaces » et « une meilleure répartition des charges », qui pourraient être davantage supportées par les patients et leurs mutuelles.
Des reculs aussi sur les aides à l’emploi et le logement. La baisse du taux de chômage en France ouvre la voie, selon Bercy, à des économies en matière d’incitations à l’embauche. « Nous continuons à soutenir massivement l’emploi, observe Bruno Le Maire. C’était légitime quand il fallait faciliter le retour à l’emploi. Mais quand le taux de chômage diminue, le coût des aides à l’emploi doit diminuer. » Le gouvernement juge « possible » de réduire l’implication de l’Etat dans le financement de l’apprentissage et entend « responsabiliser » les salariés en leur faisant payer en partie leurs formations quand ils utilisent leur compte personnel de formation (CPF). Le montant des gains espérés n’a pas été détaillé.
Dans une logique de « verdissement de la fiscalité », le ministre de l’Economie a annoncé la fin progressive d’avantages fiscaux pour les énergies fossiles. « Nous devons réduire les dépenses fiscales sur les carburants, a-t-il détaillé. Cela concerne les tarifs réduits d’accises sur les transports routiers, sur le gazole non routier non agricole et sur le gazole non routier agricole.