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Actions boursières: le discrédit

Actions boursières: le discrédit

 

 

 

Pierre-Cyrille Hautcœur, directeur d’études à l’EHESS, constate, dans sa chronique au Monde , que l’envolée actuelle des indices ne convainc pas les épargnants. Et pour cause : l’histoire boursière est plus faite de stagnation que d’à-coups.

 

Chronique. 

 

A 6 613 points le 14 juin, le CAC 40, indice-phare des cours des actions à la Bourse de Paris (Euronext), est près d’atteindre un nouveau record historique. Est-ce le signe, comme le souhaitent le gouvernement et le patronat, qu’une large population d’épargnants a enfin trouvé le chemin de la Bourse ? Sans doute pas, non seulement parce que la hausse s’explique largement par une politique monétaire exceptionnelle (quoi qu’elle dure depuis une décennie) des deux côtés de l’Atlantique, mais aussi parce que le précédent record date de… septembre 2000. Pendant vingt ans, donc, nombre d’épargnants ont connu des moins-values ou la stagnation de leur capital…

Certes, l’épargne ne vit pas de records, mais de rendements de long terme, diront les boursiers, et à cela les actions pourvoient mieux que d’autres actifs. Aux Etats-Unis, le rendement des actions est plus élevé sur une longue période par rapport aux autres placements financiers. Mais en France, où il est beaucoup plus faible (de l’ordre de 1 % par an en moyenne), il n’est pas certain qu’il compense un risque plus élevé. La comparaison avec l’immobilier, très difficile méthodologiquement, est encore plus incertaine.

De la première grande bulle des années 1875-1881 à celle des dot.com (1998-2001), l’histoire boursière française connaît des engouements suivis d’effondrements, mais surtout de longues périodes de stagnation. On se souvient bien du krach de 1881, qui vit la faillite de l’Union générale (une des plus grandes banques françaises alors) et de la Bourse de Lyon (celle de Paris sera sauvée in extremis par la Banque de France sur requête de l’Etat). Mais on oublie qu’elle fut surtout le prélude d’un long marasme : le record de 1881 ne fut pas battu avant les années 1920 (et dans une monnaie dépréciée), grâce à une forte mais brève hausse, consécutive à la stabilisation monétaire de 1926.

Quant à la croissance des « trente glorieuses », durant laquelle la Bourse renaît sur un périmètre plus étroit du fait des nationalisations de 1945, elle ne débouche que sur une appréciation brève : dès 1963, les cours baissent, et ne retrouvent pas le niveau de leur maximum d’alors avant les années 1980 (et là encore sans tenir compte de l’inflation des années 1970).

Encore plus significatives que les gains sont les pertes possibles : ceux qui ont vendu en 1980 un portefeuille acquis après 1955 ont essuyé des pertes nominales. Il faut des durées de conservation bien longues pour obtenir un rendement positif ! Ce qui n’est pas de nature à attirer les investisseurs ordinaires, qui doivent entrer ou sortir du marché à l’occasion d’une transaction immobilière, d’un divorce, d’une succession…

Valeurs boursières : des risques sérieux d’éclatement de bulles

Valeurs boursières : des risques sérieux d’éclatement de bulles

 

Le co-fondateur de Tikehau Capital, la success story de la gestion d’actifs française, livre sa vision de la crise en cours. Un point de vue décapant sur les risques que fait peser l’écart croissant entre marchés financiers et économie réelle.

 

Tikehau Capital, que vous dirigez, finance de nombreuses entreprises. Quel regard portez-vous sur l’économie française après dix mois de pandémie ?

Il est encore trop tôt pour se prononcer. Ce qui est sûr c’est que le « quoi qu’il en coûte » a permis de sauver l’économie française. Tous les Etats ou presque s’y sont convertis d’ailleurs. Sur le principe, il n’y a donc pas de débat. Mais dans la forme, je pense qu’on aurait pu et surtout dû faire autrement. Pour les entreprises, en particulier. On a versé des dizaines de milliards d’euros d’aides aux sociétés de manière indifférenciée. Sans se soucier de leur situation actionnariale notamment. Or il y a une grosse différence entre un indépendant, une TPE ou une PME détenue par son fondateur et une ETI ou un grand groupe contrôlé par des actionnaires aux poches profondes qui ont pris un risque actionnarial et doivent l’assumer.

La nature de criminalités boursières

La  nature  de criminalités boursières  

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Trois principales infractions boursières ont été décelées par l’autorité des marchés boursiers (AMF) le délit d’initié, la manipulation de cours et la diffusion de fausse information d’après  Jean-Jacques Quisquater, Université de Louvain, et Charles Cuvelliez, Université de Bruxelles.( Dans la Tribune)

 

 

  »On pourrait dire, à lire une étude de l’AMF, que le délit d’initié est de moins en moins réservé aux initiés : lors d’un fusion-acquisition, toute une chaîne d’acteurs se met en place pour la réaliser. Chaque acteur, banque-conseil, cabinet d’avocats ou cabinet comptable, consultants, le régulateur, les diffuseurs d’informations financières, les agences de relations publiques et même des bureaux de traductions sont autant de portes d’entrée supplémentaire, pendant l’opération, pour un hacker qui peut se procurer des informations privilégiées sur la fusion/acquisition. Plusieurs cas concrets sont cités par l’étude où chaque fois un acteur différent a pu être pénétré avec succès. Le phishing reste la manière la plus simple et la plus efficace de pénétrer le maillon faible car il y en a souvent un dans cette longue chaîne. Les diffuseurs d’informations sont par exemple vulnérables puisque on peut y placer des annonces à l’avance avec une date d’embargo. L’AMF mentionne que des fuites de données antérieures, même des années avant, peuvent être exploitées plus tard pour du spearphising (phishing personnalisé) particulièrement efficace : le mail mentionne des informations si « historiques » qu’on a de la peine à croire qu’elles ne sont pas légitimes. Ce phishing peut aussi prendre la forme d’un mail venant d’un des acteurs impliqués dans l’opération de fusion-acquisition à un autre acteur dont on a toutes les raisons de croire qu’ils sont légitimes car qui d’autre est au courant, se dira-t-on. L’AMF met aussi en garde contre les nouveaux comportements numériques des entreprises, comme l’utilisation d’Office 365, l’usage du cloud ou l’utilisation d’objets connectés liés au laptop sur lequel on travaille. Sans familiarité avec ces nouveaux usages, des comportements dangereux, involontaires et exploitables se développeront.

Les manipulations de cours ont, elles, lieu par la prise de contrôle de comptes de traders de particuliers, même en petit nombre, pour donner des tendances au marché via un comportement coordonné de ces comptes piratés, comprend-t-on, sur des actions peu liquides ou des penny stocks dont les cours peuvent varier rapidement avec quelques dizaines d’acheteurs. C’est la technique du pump & dump. En Asie, les autorités ont même peur des activités de trading qui vont se faire de plus en plus sur des interfaces non dédiées comme les messageries instantanées ou les réseaux sociaux. L’AMF met en avant le problème de la sécurisation, plus vaste qu’imaginé, des applications de comptes de trading des acteurs non bancaires. Ce sont surtout les applications de trading mobile qui sont peu sécurisées (certaines données envoyées au serveur ne sont même pas chiffrées a repéré une étude).

 

Enfin, il y a aussi le risque futur de manipulation des cours via un piratage des algorithmes de trading qui occupent déjà 50 % à 80 % des échanges quotidiens sur certaines classes d’actifs. Il y a aussi le risque de manipulations d’algorithmes d’intelligence artificielle via des données volontairement erronées et orientées au profit de certains.

 

La diffusion de fausses informations est sans doute l’attaque le plus facile à mettre en œuvre : elle nécessite peu de moyens et est facilement anonyme (utilisation d’un wifi public, du réseau TOR…) et ce d’autant plus que l’enregistrement de noms de domaine et l’hébergement de sites inernet qui servent à diffuser l’information ne brillent pas, rappelle l’AMF, par leurs précautions quant à celui qui les ouvre (sans compter la durée de conservation de ces informations qui est faible). Quand il y a une enquête, elle aboutit le plus souvent en regardant plutôt les transactions boursières que laissent les criminels qui ont diffusé les fausses informations et qui veulent en tirer bénéfice (quid alors quand ce sont des activistes qui ont lancé les rumeurs, sans appât du gain). Les enquêtes sont internationales par nature, ce qui les complique puisque, selon le pays, les pouvoirs d’investigation des autorités ou des régulateurs sont différents. Seuls les coupe-circuit des Bourses permettent de limiter les mouvements trop importants en capitalisation boursière qui en résultent.

 

Pour l’AMF, la chaîne de diffusion des informations financières doit être sérieusement revue et contrôlée (au sens, comprend-t-on, de l’assurance-qualité) : il y a tellement d’intervenants qu’on n’en arrive à ne plus savoir qui est habilité à diffuser une information correcte et quand. Il faudrait clarifier le canal officiel de diffusion de l’information financière et renforcer la sensibilisation des agences de presse pour éviter le piratage en amont (réception d’un faux communiqué de presse considéré à tort comme vrai) ou en aval (diffusion d’un faux communiqué injecté dans les systèmes d’information même de l’agence de presse). De ce point de vue, Twitter tient le pompon. L’AMF relève à juste titre combien les gens sur des réseaux comme Twitter ont tendance à plus vite relayer du faux sensationnaliste que du vrai. Il y a, en plus, dit l’AMF, des algorithmes spécifiques qui collectent le contenu circulant sur les médias sociaux pour pouvoir réagir très vite en cas d’information cruciale. Ces algorithmes de lecture automatisée sont sensibles aux fausses informations plus que les humains, le filtrage par ces derniers reste essentiel.

L’AMF remarque enfin qu’il existe, au-delà de la diffusion de fausses informations directement liées à une société pour en influencer le cours de Bourse, quantité d’autres voies pour arriver à ces mêmes fins. Et de citer tous les indicateurs qui influencent la Bourse comme les indices de matières premières, la confiance des ménages MCSI (calculé par l’université de Michigan puis transmis à Thomson Reuters), les conditions météorologiques… Enfin, les deepfakes représentent le défi le plus aigu : comment distinguer un deepfake du président de la FED qui fait une annonce sur les taux.

 

L’AMF se penche aussi sur les coûts de la cybercriminalité boursière. Le FMI, explique-t-elle, estime que 90 % des coûts d’une cyberattaque sont de nature indirecte dont 75 % liés au départ de clients suite à la perte de réputation. La perte d’information stratégique et la reconstruction d’un nouveau système de production sont les deux autres composantes principales des coûts indirects. Les coûts directs, comme ceux liés à l’investigation forensique, à l’aide juridique, à la remédiation et l’amélioration des systèmes touchés, à l’assistance aux clients, à la perte éventuelle de revenu court terme sont peut-être facilement quantifiables mais ils ne représentent pas la majeure proportion des coûts.

Autre facteur tangible : la chute du cours en Bourse des sociétés cotées. Elle oscille entre 1% et 5% dès la divulgation de l’attaque. Les sociétés qui annoncent elles-mêmes une cyberattaque subissent une chute de leur cours plus petite par rapport à une divulgation qui ne vient pas d’elle. Etre pris sur le fait n’est pas une bonne chose, la morale est presque sauve (vive le RGPD !). Enfin, il faut attendre 45 jours pour que le cours récupère son niveau initial.

 

Si on a très peu de recul en termes de données historiques, l’obligation de rapporter des attaques avec toute une série de réglementations qui arrive, sanctions financières à la clé, la souscription aux cyber-assurances va permettre d’avoir des données fiables dans les années à venir et mettre fin à l’à peu près dans les estimations de l’impact des cyberattaques.

Comme le mentionne l’AMF, une autre étude plus générale devra être réalisée dans le contexte des ICO et des cryptomonnaies. On pourrait aussi y ajouter le sujet du blanchiment d’argent qui n’a pas été examiné. »




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